--Perline
[Parce que tout ne se passe pas forcément comme on l'entend]
La voix de sa jeune maîtresse ne ressemblait pas exactement à ce qu'elle avait l'habitude d'entendre. 
Laissant là ses tâches ordinaires, Perline s'était hâtée d'aller constater la raison de ce changement de ton.
Après un bref échange avec la jeune von Frayner mais surtout une fois qu'elle comprit ce qui était pour bientôt, la servante fila le plus vite possible. 
Trouver comment se rendre au Château mais surtout comment obéir à deux ordres contraires, voilà qui la mettait bien dans l'embarras. 
C'est donc la tête pleine de ses questions que Perline dévala les escaliers puis sortit de la maisonnée sans prendre la peine de faire attention. Et ce qui arriva devait arriver. 
Combien de fois nous répète-t-on qu'il faut regarder où l'on va ? Sûrement jamais assez souvent. 
Après avoir marché pendant de longues minutes, sans trouver réponses à ses interrogations, Perline heurta de plein fouet un passant. 
Le dit passant, heureux de se voir bousculé de la sorte et sûrement féru de bonnes manières, repoussa la pauvrette de toutes ses forces. 
Nouveau drame en ce "bon" jour.
Perline perdit l'équilibre et, en voulant se rattraper, fit une mauvaise chute sur la cheville. 
Pour des raisons évidentes, l'échange verbal qui s'en suivit ne sera pas retranscrit. 
Inutile d'écrire les noms d'oiseaux qui furent prononcés avec verve entre le passant dont l'ego fut touché et la jeune servante déboussolée par les évènements. 
Le temps de se remettre de ses émotions et surtout debout, Perline ne put retenir une grimace en sentant la cheville la lancer. 
Les larmes aux yeux, elle poursuivit néanmoins son chemin. Son projet était simple.
Trouver quelqu'un pour se rendre à sa place au Château Ducal et retourner prestement -enfin, un peu moins maintenant- auprès de sa maîtresse. 
La jeune domestique avait pour habitude de suivre Blanche dans toutes ses  visites chez les divers tisserands. C'est ainsi qu'elle avait appris à connaitre certains jeunes apprentis. 
L'idée lui vint donc d'en dépêcher un à sa place ainsi elle pourrait retourner au plus vite auprès de sa jeune maîtresse. Celle-ci aurait plus besoin de sa présence que de son absence. 
Perline se hâta donc comme elle pu pour regagner la demeure et rassurer la jeune von Frayner sur la venue prochaine et du Dragon et de l'enfant. 
En l'absence du vieux Roger, elle se mit en devoir de faire chauffer de l'eau et de préparer les linges propres pour le moment venu.
 
Blanche_von_frayner 
 
[Quand le travail n'a pas l'air de vouloir commencer... Ou comment faire tourner en bourrique une peste blonde]
A peine la pauvre Perline partie, Blanche retourna dans le lit douillet qu'elle avait quitté peu de temps 
auparavant. Le seul lieu où elle le sentait près d'elle, où elle se sentait en sécurité malgré ses peurs. 
Même si, par fierté, Blanche n'aurait jamais admis qu'elle se trouvait perdue. C'était encore là qu'elle se 
sentait la plus proche de Lui. En dehors de la perte des eaux, le travail n'avait pas commencé et la 
langueur qui l'envahissait peu à peu avait eu raison des yeux que la jeune femme se voulait garder 
ouvert. Le sommeil était là et les allées et venues des domestiques la berçaient dans un demi songe. 
Roger était revenu du marché peu de temps après le départ de Perline et c'est Rubie qui le mit au 
courant de la situation. En un rien de temps, le vieux Roger avait repris les rênes de la maisonnée et 
Rubie fut envoyée pour trouver mais surtout ramener la matrone qui se chargerait d'aider Blanche. 
C'est le retour de Perline qui réveilla Blanche. La jeune servante, bien qu'entrée discrètement pour rester 
auprès de sa maîtresse, avait le bagout facile. Et malheureusement, la langue bien pendue ne va pas 
parfois de paire avec les yeux à l'affût de tout.
- Que Ma Damoiselle ne se fasse pas de souci. Monsieur son frère a été prévenu, pas par moi parce que 
j'ai eu un accrochage avec un butor de passant. La jeune femme rougit légèrement. Mais par un apprenti 
de confiance. Vous sav... Le sursaut de la future mère lui coupa le sifflet. Oh... Je vous ai réveillée ? 
Pardonnez-moi, je vais...
- Non, laisse Perline. Ce n'est pas grave, je ne dormais pas vraiment. Blanche se redressa légèrement 
dans la couche pour être un peu plus à son aise. Roger est rentré ? La matrone a été prévenu ? Lud sera 
bientôt là ? La voix, bien que calme, laissait transparaître une légère inquiétude. 
- Oui. Tout se passera bien. J'en suis sûre. Vous avez besoin de quelque chose ? 
- Donne-moi juste de quoi écrire. Et veille bien à ce que le pli que je te confierai soit remis à mon frère 
dès qu'il arrivera. 
Une fois que Blanche eu de quoi écrire, elle ferma un instant les yeux en grimaçant. Une douleur sourde 
lui vrilla le ventre. La lèvre inférieure se vit maltraitée comme jamais auparavant afin de contrôler le cri 
de douleur qui voulait franchir la barrière de velours. La profonde respiration prise à la suite lui permit 
de garder son calme et de retenir les larmes qui lui venait. Un bref regard vers Perline et celle-ci partit 
prestement se tenir au courant de l'arrivée prochaine de la matrone. Pendant ce temps, Blanche 
s'empressa d'écrire la courte missive qu'elle voulait Lui adresser. 
Citation:Mon doux Seigneur,
Je suis bien gênée de vous avoir fait déranger en ce jour. J'aurai aimé, mon époux, que ce moment 
survienne quand vous fûtes près de moi et non quelques heures à peine après votre départ. Si vous 
pouviez imaginer les émotions qui m'ont traversé quand j'ai compris que le fruit de notre amour est sur le 
point de venir au monde. Inutile de vous dire que la joie me transporte mais que malgré celle-ci la peur 
et l'angoisse de ne pas vous savoir auprès de moi en cet instant ou pire, que vous n'arriviez pas avant la 
délivrance... Mon bien aimé, il va vous falloir attendre et je sais que vous n'aimez pas cela. Aussi, je ne 
vous en voudrai pas si vous décidiez de repartir à votre devoir. L'idée de vous savoir là sans pour autant 
pouvoir vous voir m'est insupportable. J'ai besoin de votre douceur, de votre chaleur mais surtout de 
votre force. Les heures à venir seront sûrement les plus pénibles... Pour vous comme pour moi. Mais 
sachez que je vous aime de toute mon âme et que toutes mes pensées seront tournées vers vous, mon 
aimé. 
Je vous embrasse tendrement,
Votre bien aimée épouse. 
 
Le pli fut cacheté et posé à côté d'elle au moment même où une seconde contraction lui vrilla le ventre. 
La douleur, plus intense, lui arracha un cri avant de la laisser pantelante. Cela faisait des heures qu'elle 
était là à attendre le coeur serré par l'angoisse. La matrone n'allait certainement plus tarder à venir. Des 
pas dans le couloir lui arrachèrent un soupir de soulagement. L'attente solitaire prenait fin. Il ne restait 
plus que l'attente de la délivrance et cela ne clamait pas les nerfs de la future mère. Une voix qui se 
voulait apaisante et rassurante précéda l'apparition de la dite matrone. Une Blanche qui ne portait jamais 
mieux son nom qu'en ce jour en était soulagée. Au moins, elle était entre de bonnes mains. La bonne 
Clothilde, mère de six enfants, avait aidé plus d'une jeune mère lors de ce moment si particulier. Le 
visage avenant, elle respirait la force tranquille de la paysannerie. 
- J'ai eu peur de ne jamais vous voir arriver à temps, Clothilde.
- Faut pas vous en faire ma p'tite dame ! Z'aviez tout juste commencé l'travail. C'est vot' premier, ça 
s'voit. Toute la maisonnée est sur le pied d'guerre. Le sourire de la matrone se voulait rassurant et 
après tout, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter pour le moment.
- Lud ? Est-il arrivé ? 
- Non, pas encor'. Va pas tarder à v'nir. Pensez à vous d'abord, pis au p'tiot. 
Tout en discutant, Clothilde s'était déplacée jusqu'à la couche et d'un oeil expert, elle avait regardé où en 
était le travail. Un imperceptible hochement de tête et un sourire encourageant fut adressé à une Blanche 
qui ne pouvait cacher son anxiété. 
- Allez, allez... Pas la peine d'vous montrer si mal. Tout ira bien. Z'allez juste devoir être patiente. Pis le 
moment v'nu, faudra se montrer courageuse. 
Le temps défilait, les contractions revenaient à un rythme que Blanche allait maudire longtemps. Et à 
chaque contraction, une grimace et un cri lui tenaient compagnie. L'envie d'en finir rapidement tant la 
douleur était insoutenable lui traversait l'esprit plus que régulièrement. Comment diable était-il possible 
que les femmes acceptent de subir ces douleurs à chaque enfantement ?Elle n'en savait rien. Mais une 
chose était sûre, jamais au grand jamais elle n'accepterait de subir de nouveau cette torture. Même avec 
tout l'amour qu'elle Lui vouait. Et ce temps qui n'en finissait plus de s'étirer à l'infini. Temps qui ne 
voyait pas arriver celui qu'elle appelait de tout son être. Le seul qu'elle avait envie de voir en ce moment. 
Le seul qui savait trouver les mots pour l'apaiser en pleine tourmente. Et quand l'attente se fait ainsi 
interminable, quand on ne l'attend plus, c'est justement là qu'il vient... Du moins, c'est ce moment précis 
entre soulagement et frustration qu'une voix se fait entendre. Sa voix. Et il ne venait pas. Sûrement 
parce que l'un des domestiques avait jugé bon qu'il ne vienne pas. A moins que ce soit les consignes de la 
matrone. Les cris se faisaient de plus en plus sonore à mesure que les douleurs devenaient atrocement 
insupportable. Le regard apeuré de la future mère cherchait désespérément à quoi se raccrocher. Perline 
n'était pas revenue avec la matrone et donc, la missive n'avait pas quitté sa place. Tout à l'instant présent, 
la jeune femme l'oublia complètement et la matrone, postée près d'elle, lui tendit une main secourable. 
Main qui se trouva plus souvent qu'à son tour maltraitée. Blanche n'avait eu aucun scrupule à s'en saisir 
et à la serrer aussi fort que possible quand les douleurs devenaient trop intenses._________________
 
 
 
 
--Perline
Et d'une Perline qui va et qui vient dans la maisonnée, vacant à toutes sortes d'occupations relatives à 
l'arrivée d'un "heureux" évènement. D'une Perline qui ignora royalement le maître de maison à l'arrivée 
de celui-ci. Pour sûr qu'il n'allait pas laisser passer ça. Mais il fallait qu'il comprenne que ce jour, ce 
n'était pas lui le principal mais plutôt la masse blonde et hurlante de douleur à l'étage. Au fur et à mesure 
que le temps passait, les cris de la jeune maîtresse de maison allaient en se rapprochant. Quand donc 
allait cesser cette torture auditive qui mettait les nerfs de tout le monde à vif ? Et bien... Quand 
l'enfançon serait enfin là. Le passage devant Ludwig se fit rapide et Perline repassa une seconde fois sans 
plus s'en préoccuper. Le pauvre, pourtant. A tourner et virer ainsi, il gênait plus qu'autre chose. En 
même temps, c'était assez compréhensible de le voir dans un tel état de nerfs. Et après on dit des 
femmes... 
Munie des linges propres et d'une bassine, accompagnée de près par une Rubie qui apportait les seaux 
d'eau bouillante, Perline reprit le chemin de la chambrée. Une légère hésitation au moment où un cri bien 
plus puissant et sonore retentit et voilà les deux servantes qui pénétrèrent dans la salle de torture sans 
frapper avant. Discrètement, les jeunes servantes déposèrent le tout au plus près du lit sans gêner la 
Clothilde. Rubie sortit bien vite de la pièce, préférant suivre de loin la suite des évènements. Quant à la 
petite Perline, loin d'avoir oublié un certain ordre, elle s'approcha précautionneusement de sa maîtresse 
et prit la missive avant de s'en retourner prestement. Le tout désormais était de donner la dite missive au 
maître sans en essuyer les foudres. La grimace qui se dessina sur le visage de la pauvrette était plus 
qu'éloquent. Et c'est la vue du vieux Roger qui lui sauva la mise. Il faut dire que depuis le temps qu'il 
était à leur service, Roger pouvait se permettre d'édicter quelques conseils sans sourciller de l'humeur du 
Seigneur de cette maisonnée. 
- Roger ! Damoiselle Blanche veut que ce soit remis à son frère... Et je préfèrerai éviter d'essuyer des 
questions auxquelles je ne peux apporter réponse. 
Perline, bien que courageuse n'était pas le moins suicidaire et sans même attendre la réponse du vieux 
Roger, elle lui colla le pli dans les mains et disparut sans demander son reste dans d'autres parties de la 
maison.
 
Blanche_von_frayner 
 
[Tu enfanteras dans la douleur, parait-il...]
A peine la porte refermée derrière Perline et Rubie que Blanche hurla de douleur. Encore plus fortement 
que jusqu'à présent. La bonne Clothilde, à ce cri perçant, lâcha la main de Blanche pour aller voir où en 
était le travail. D'un regarde expert, elle se redressa puis sourit franchement à la future mère.
- Et bin, c'est le moment de vous montrer courageuse. Vous aurez bientôt vot' marmot dans vos bras. 
Loin d'être rassurée par les propos de la matrone, Blanche qui était de plus en plus rouge et haletante 
paniqua complètement. Elle n'en croyait pas ses oreilles. Comment se pouvait-il qu'elle sache si c'était 
LE moment ou non ? Apeurée, elle se mit à regarder partout cherchant des yeux le seul qui a toujours 
été capable de calmer les peurs qui pouvaient l'étreindre. La peur de ne plus le voir, de ne pas être à la 
hauteur, de l'inconnu aussi. Cet enfant, il était voulu... Désiré malgré les risques. Malgré tout le qu'en-
dira-t-on qui pourra suivre. Alors que les contractions lui vrillaient le ventre de leurs douleurs, les cris 
qui lui échappèrent la laissaient de plus en plus pantelante. Clothilde s'affairait activement pour tout 
mettre en place. C'était la dernière ligne droite avant l'arrivée du fruit de leurs amours. L'envie de 
pousser irrésistiblement pour faire sortir ce petit être la prit au dépourvu. Ajouté à la panique et c'est un 
cri de désespoir qui franchit les lèvres purpurines de la blonde peste.
- Luuuuuuuuuuuuuuuuuuuudwiiiiiiiiiiiiiig !
Presque maternelle, Clothilde vint passer un linge sur les tempes de la future mère.
- Allons, allons mon p'tit. Faut être plus courageuse que ça et serrer les dents. Le moment est proche. 
Quand vous sentirez la douleur être de plus en plus forte, faudra pousser pour l'faire sortir. 
Un bref regard de la matrone pour vérifier que tout était à portée de main puis un hochement de tête 
plus tard, celle-ci resta au pied du lit, lieu de l'acte à venir. Elle n'avait plus rien à faire. C'était à Blanche 
de faire tout le travail -ingrat- avant de songer à prendre un peu de repos. Les instants, trop brefs, où les 
douleurs ne se faisaient plus sentir, Blanche soufflait comme elle pouvait. La jeune femme au teint 
habituellement blanc était rouge sans compter la sueur qui perlait à son front. Si cela ne tenait qu'à elle, 
elle serait à mille lieues de cet endroit. Autant dire qu'elle songe plus que sérieusement à maudire la 
cause de son état pendant un long moment. Enfin la cause... Plutôt les causes. 
Il lui fallait pousser fort, de plus en plus fort malgré la douleur. Malgré l'épuisement qui la vidait de ses 
forces. Penser à celui qui devait tourner en rond comme un lion en cage dans le hall l'aidait. Ces pensées 
pleines d'amour pour Lui arrivaient à percer le nuage de douleurs. Se montrer courageuse... 
Instinctivement les femmes savaient le faire dans certains moments. Curieux comme elles peuvent se 
montrer plus fortes qu'elles n'en n'ont l'air. Le temps semblait s'être arrêté ou plutôt se rythmait au son 
des "poussez, maintenant".  Dans un dernier effort, Blanche laissait toute son émotion percer. Sans 
fanfare ni tambour, l'enfançon daignait enfin sortir dans ce monde qui était leur pour faire ses premiers 
pas. Son premier cri... Qui étrangement ne venait pas. Clothilde prit un air soucieux que Blanche ne 
remarqua pas tout de suite. Elle se sentait vidée, épuisée par cet effort presque surhumain et ô combien 
ancestral. La matrone prit le nouveau-né et l'entoura de linge avant de le poser sur la couche, en dehors 
de la vue maternelle, et de s'adresser à la nouvelle mère.
- Faut vous montrer encore courageuse un instant. La secondine doit être retirée.
Et sans plus d'explication, Blanche sentit une douleur sourdre en elle. Douleur insoutenable qui lui 
arracha un long cri avant de la voir s'effondrer complètement contre la couche. Cette fois-ci tout était 
fini. La délivrance avait eu lieu et petit à petit le souffle se fit plus serein. D'une voix encore faible, la 
jeune peste réclama son enfant.