Drannoc
Il sait évidemment que ce gamin n'y est pour rien, récupère le pli qu'il défait immédiatement. En parcourant les mots il gagne peu à peu le sourire.
Fourmi a écrit:Sieur Drannoc,
J'espère que ce nouveau présent vous aura plu. Et que vous aurez apprécié la qualité de mes lettres enflammées.
De grâce, ne veuillez pas à l'enfant qui servit de messager à cette farce, il est exempt de toute faute et n'a songé qu'à bien me servir.
Si d'aventure vous bougez enfin votre carcasse de Millau, vous aurez le plaisir de me trouver en capitale rouergate.
J'établirai sans aucun doute mon campement à l'écart de mes congénères, en forêt.
Aurais-je l'honneur de vous croiser avant que ne vienne le temps de croiser le fer mon ami ?
Moi qui suis languissante à l'idée d'enfin vous revoir.. Ou dois-je vous envoyer nouvelle professionnelle afin de vous plaire ?
Voyez... Je suis toujours cette hypothétique et fuyante maîtresse, prompte à vous satisfaire sans en avoir l'air.
Fourmi...
Lettres enflammées, mouais...il pensera à préciser explicitement, la prochaine fois.
Il replie soigneusement la lettre et d'un signe de main prend congé du rouquin.
Elle est à Rodez et il doit de toute façon s'y rendre avec les quelques derniers hydreux oisifs de Millau. Excellente occasion. Il se dirige vers la roulotte et rentre, assailli du parfum de sa blanche et blonde qu'il compte bien honorer. Pas mauvais, ce début de journée.
Ils se mettront bientôt en route, et sa première nuit là bas sera faite de remparts...à Rodez, Rouergue, posession hydrique éphémère._________________
Cymoril
Satané volatile de screugneugneu de $%£#...
Vrai quoi ! Elle lui a dit cent fois. Il bouffe le messager s'il veut mais après.. Là, il l'oblige à aller farfouiller dans un amalgame peu ragoûtant de duvet, plumes et entrailles. Ca ressemble à la façon de cuisiner d'Eilith... Sa fameuse recette de lièvre mitonné à la hache.
Elle se tient là, ruisselante, la chemise collée à la peau, les cheveux encore pleins de mousse. D'ailleurs ça commence à piquer les noeuils cette histoire. Ca va la mettre de bonne humeur pour la suite c'est clair.
Le rouleau récupéré et précautionneusement déposé à l'écart, elle retourne à la flotte rincer rapidement sa tignasse et le sang sur ses mains. Jetant un regard furibard au faucon, du genre "Tu perds rien pour attendre" auquel il répond d'un battement d'ailes offusqué et avec un air de se foutre de sa trogne.
Mais passons.
Lecture du courrier, l'écriture soignée d'une comtesse, et une moue très embêtée qui se profile sur le minois de la brunette. Ou la missive qui tombe fort mal à propos et réclame réponse. Nouvelle moue encore plus ennuyée et grommellement en direction de l'accusé :
Voilà... Et je fais comment pour répondre maintenant que t'as zigouillé le zozio...
Autant parler à un arbre. Encore que, ce dernier n'aurait pas cet air clairement affiché de s'en ficher comme de sa première souris.
Lui vient en plus à l'idée qu'elle ferait peut-être bien de se reconcentrer sur LA raison de sa présence hors de la capitale. Avec tout ce bruit les risques de le voir débarquer ne sont pas moindre, même s'il est supposé pioncer, enfin elle l'espère.
Comme une tension qui remonte d'un cran, alors qu'elle ronchonne à tout va, pestant contre les courriers qui arrivent avec trois jours de retard, l'affamé de service qui fait dans l'extinction d'espèce, et l'hydreux qui doit rôder alentour et prendre ses repères pour la suite des évènements.
Braies renfilées à la va vite sans séchage préalable, autant dire que ce n'est pas agréable, que ça colle et que ça continue de faire monter une certaine mauvaise humeur ; Bottes en main, elle retourne vers le campement de fortune maugréant contre le monde entier. Une vraie vision de rêve... Ce qui ne s'arrange guère en découvrant que le Dran a pris la tangente...
Un regard à gauche, à droite, inspection rapide des alentours et un haussement d'épaules plus tard, elle appuie son séant sur le tonneau réfléchissant à la façon de répondre à la comtesse tout en remettant ses bottes. Elle s'assure ensuite d'avoir ses armes à portée en cas d'attaque inopinée et extrait son nécessaire d'écriture de sa besace.
Citation:Comtessa Harpège,
Vous me trouvez fort contrite.
N'ayant eu aucune nouvelle et supposant que vous aviez la reprise bien en main, j'ai pris la route pour un petit coin de nature pas très loin, afin d'y régler une affaire, disons, personnelle.
Un genre de cul à botter, du moins je l'espère.
Ce sera chose faite sous peu, avant de prendre la route pour rentrer chez moi, ayant de nombreuses tâches restées trop longtemps en attente.
Quel dommage vraiment. Si vous saviez le plaisir non dissimulé, l'exaltation que j'aurais eu à vous aider à faire sauter quelques dents restantes en bouche usurpatrice. Ou à faire ravaler la morgue d'éloquent persifleur enfonceur de porte ouverte...
Si cela peu vous aider, il me semble avoir aperçu cette nuit quelques têtes insurgées qui prenaient la poudre d'escampette de façon peu glorieuse. Si d'aventure il s'avérait qu'une armée ennemie se monte en vos murs, elle serait sans doute amoindrie. Voir destinée à n'être qu'un leurre et à vous détourner peut-être d'une autre cible. Du moins, c'est sans doute ce que je ferais si j'étais à leur place. Mais comme vos mairies ont appelé à la défense active, nul doute non plus qu'ils s'y casseraient les dents...
Je vous laisse Comtessa, je dois me mettre en quête d'un porteur pour ce pli, le vôtre ayant eu un malencontreux accident. J'espère que vous n'étiez pas proches...
Je reste votre débitrice, votre grâce et vous souhaite un avenir plus serein sous votre ciel occitan.
Fourmi.
Hum.. bien avancée...
Elle doute qu'un lièvre trouverait la destinataire si elle parvenait à en choper un. Jusqu'à l'idée lumineuse qui lui traverse l'esprit.
Messire Drann ??? Où êtes vous ??? J'ai un tonnelet d'armagnac... Vous en voulez ?
Et de tapoter le tonneau de la main. On appâte pas les mouches avec du vinaigre...Avec un peu de chance il aura un vieux ramier desséché dans ses affaires.^^
Si d'aventure il y avait des victimes collatérales à cette petite rencontre entre amis, remboursement garanti by me!
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Kartouche
Quand le chat dort, les souris dansent. Et là, elles dansaient joyeusement
Cela fait trois jours qu'il aurait dû être à Limoges, mais des braves amis montalbanais, une prévôté périgourdine zélée, deux vilains aux portes de Cahors et une comtesse défaite lui auront fait perdre respectivement trois, un, deux et zéro jours. Le compte précis est important, c'est pour les indemnités journalières. La veille, il quittait Villefranche à une heure où les honnêtes gens ne se risquent plus dehors. C'est qu'il avait été retenu par quelques braves cavaliers chez Lafouine.
N'allez pas croire ce que je n'ai pas écrit. Il est journaliste, il est obligé de recueillir tous les points de vue.
Bref, dans la matinée, sous un soleil déjà écrasant, le chapeau blanc se promenait dans les prairies rouergates. Sifflotant, les mains dans les poches, il ne se doute pas qu'une souris va lui tomber sur le chef. Et pourtant...
Crac ! Boum !
Le légendaire Kartouche n'a pas démérité ; il est sorti vainqueur de tous ses combats singuliers, et celui-ci ne fera pas exception à la règle. Tous ? Oui, tous ! Sauf quand la greluche toulousaine lui a sauté dessus, mais bon, ça compte pas ; on frappe pas une donzelle sans défense.
Pour faire bon genre grand seigneur, il sort son épée et se relève.
«Dis voir, jeune homme, pour qui se prend-on ?»
«...»
«Tu mériterais d'être traîné par les oreilles qui te sont trop grandes jusqu'à Rodez, pendard. Tout se perd dans ces contrées occidentales... chez nous, on sait que le primus, ça se touche pas.»
Petit moulinet, sourire affable. Celui-là était plus facile que les deux baltringues en Guyenne, définitivement.
«Allez, excuse-toi à genoux devant moi, qu'il te laisse repartir en boitillant.»
Cymoril
De l'art de La poisse...
Où comment ces foutus passants qui passent arrivent à plomber un petit plan bien huilé. Nan mais c'est vrai quoi.. Peuvent pas voyager en groupe ces andouilles ? Par les temps qui courent en plus... Déjà qu'il faut compter avec une suicidaire qui squatte les environs...
Si de tout le jour elle n'a réussi à trouvé sa proie du regard, supputant d'ailleurs qu'il avait du se mettre en quête de quelque malheureuse brebis égarée, une fois le crépuscule arrivé elle l'avait bien vu la Fourmi, le Drannoc. Et pas qu'une fois. Mais chaque fois quelqu'un se mettait en travers de son chemin au dernier moment... A croire que le Ciel lui même s'est ligué contre elle. Pif en l'air, elle maugrée, un truc à sa mère, d'ordinaire si bienveillante. Les étoiles ricanent alors qu'elle s'était élancée, ayant chopé un truc en main en apercevant l'hydreux.
Et, inévitablement, THE passant, trop occupé à passer pour se rendre compte qu'il se trouve dans sa ligne de mire. Elle, dans l'élan, une demi carcasse de chèvre en main, qui se glisse devant lui en se marrant. Je sais, c'est pas classe, mais c'était pile poil l'heure de grailler et le pain ça va bien deux minutes surtout quand on a de la viande grand luxe plein les fouilles. Et le passant qui hurle, en dépit de ses protestations, que non, c'est pas les bretons qui attaquent, qu'il n'a rien à craindre, et qui se barre en laissant tomber sa maigre bourse. Et la demoiselle de soupirer... Lassitude quand tu nous tiens...
Citation:08-07-: Vous avez racketté M***** qui possédait 20,82 écus.
Fait chier... Manquerait plus que ça m'attire des problèmes... Drann !!! Si j'vous chope... j'vous tanne le cuir...
Si l'Ananke se fout de nous en un jet de dé, il faut bien que quelqu'un paye non ?^^
Et à la nuit avait succédé nouvelle journée. D'un soleil accablant dardant l'alentour de ses traîtres rayons. Et l'immuable rituel de la demoiselle, usant du savon toujours plus, et d'une journée à rythme lent d'un silence assourdissant du chant des cigalons. L'écrasante chaleur interdisant tout mouvement diurne, n'en déplaise au faucon qui s'amusait non loin à titiller les poissons au fil de l'eau, elle s'était résignée à un étrange concours avec elle même au lancer de pépins de pastèque. On s'occupe comme on peut hein... Et pas de Drannoc à l'horizon; A se demander s'il n'aurait pas un peu la trouille d'une greluche de4 pieds 9 norteils de haut, taillée comme une brindille. Surtout depuis qu'il l'avait vu débarrassée de sa bure, réalisant combien elle était menue.
Inlassablement Hélios avait poursuivi sa course, chassant quelques rares nuages dentelés, jusqu'à ce qu'enfin l'infernale fournaise cède la place à Sélène et que vienne l'heure de se remettre en chasse. Ou elle tente d'affiner sa recherche :
Elle le voit encore, une fois... deux fois... Et à nouveau la même déveine du passant inopportun... Une demoiselle ce coup-ci, qui elle aussi abandonne son sac en dépit des protestations de la Fourmi... Agacée... Et c'est rien de le dire...
Citation:09-07 : Vous avez racketté V****** qui possédait 7,44 écus et deux miches rassies.^^
Arghh !!! Mais c'est pas vrai ! Peuvent pas rester chez eux défendre leurs villages ces pignoufs !
Vrai que ça commence à lui chatouiller grave les antennes. Qui frémissent soudainement. Un bruit d'impact, d'éclats de voix qui transpercent le silence retombé...
Citation:Aujourd'hui, vous avez été témoin du combat entre Drannoc et Kartouche
A croire qu'il le fait exprès le Drann... et par un réfo en plus... D'accord, il lui semblait l'avoir vu à l'oeuvre au Grand Tournoi l'année précédente... Mais c'est pas une raison... Et d'arriver en place et de constater le résultat... Pas à dire, l'est vernis l'hydreux.
Quelques mots marmonnés en direction du journaleux :
Merci bien... mais je l'aurais fait moi-même !
Avant de lâcher un dernier soupir franchement agacé. Tout ça pour ça... Bon, il l'a privé d'un petit plaisir, ne gâchons pas le reste. Un saut de Fourmi au campement, et retour auprès du compagnon de Morphée. Un noeud marin savamment exécuté et la corde est fixée aux chevilles bottées. Là, elle réalise qu'il a encore enlevé ses braies. Tant pis... pour lui. Les cailloux sur la courte distance exciteront la chair mise à nue. Elle l'avait prévenu de mettre ses braies d'abord. Heureusement que l'obscurité est de son côté... il eut été malheureux qu'elle se mit à rougir pour le coup.^^
Sur place, un tonneau et une planche font office de plan incliné et le gaillard, lourd pour la frêle constitution de la demoiselle, est hissé dans la chariotte, entre deux chargements d'huile et de viande de brebis. Un coup d'oeil à la victime, et dans sa grande mansuétude elle passe sur son visage un linge mouillé. Pas vache quand même... Même si les liens elle n'enlève... Et qu'elle en rajoute d'autres.
Ou comment un hydreux disparait du paysage sous l'effet d'une minuscule fourmi... Sourire aux lèvres, avant de faire claquer du fouet au dessus de l'attelage.
Courriers envoyés aux deux malencontreuses victimes, qui soit dit en passant ne se sont pas défendues. Remboursement proposé comme promis...
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