Otto_kar

[Arles - Auberge Impériale de Provence]
[Ambiance de roleplay]
Il n'est pas rare que parfois apparaissent des hommes au destin étrange. Nés pour servir, ils servent avec une loyauté exemplaire et une confiance absolue dans les idées et les destins de leurs maîtres. Sans doute sont-ils parfois amoraux, car nulle morale n'a de valeur si elle nuit aux grands projets et aux vastes idéologies appelées à réformer et agrandir tout ce qui les adopte, mais au moins servent-ils au lieu de se servir, protègent-ils au lieu de se faire protéger, au contraire de bien des autres qui pensent pouvoir commander quand ils n'en ont pas les capacités. Au rang de ces étranges serviteurs ayant foy et loy bien sélectives car tournées vers un seul et unique idéal, Otto von Karolinger, taciturne "Chien" au visage à moitié brûlée et à la tonsure capillaire, né impérial et revenant dans l'empire de ses ancêtres après plusieurs mois dans le royaume de France - mille fois maudit soit-il - où plus rien de grand ni de beau n'existe.
Quoi de plus naturel que d'être franc quant à ses convictions ?
Assis nonchalamment sur une chaise récemment rempaillée dans l'arrière-salle de son auberge, les actualités provinciales font éclater une nouvelle fois, aux yeux de tous, et une première fois particulièrement aux yeux d'Otto, qu'il ne peut exister aucun salut pour les peuples du saint empire sans la nécessité d'excellence que demande le service d'un aussi grand prince que Sa Majesté Impériale. En dehors de la fidélité au Kaiser, il n'y a que la médiocrité et l'incompétence, ainsi qu'à leur suite un cortège de malheurs et de misère pour les peuples coupés du lien temporel plusieurs fois centenaire qui les unissent malgré eux au prestige séculaire de la couronne impériale.
"Nous sommes en 1454. Les temps sont durs pour l'Empire, car l'empereur a accordé sa confiance aux Provençaux pour gérer le cercle francophone. Von Wittelsbach est archichancelier, von Valendras est maréchal des armées impériales." Otto relit à haute voix ses fiches, cherchant à comprendre le mécanisme sans nom qui a jeté la Provence aux abîmes de l'Histoire et l'a entrainé dans un cercle vicieux de basses considérations et de projets sans portée n'ayant pour seuls résultats que la longue litanie des guerres armées et des répressions judiciaires qui étouffent l'imagination des peuples et empêchent l'avènement d'une ère de prospérité. "Soudain, le 22 novembre, prétextant un problème frontalier entre la Savoie et la Franche-Comté, les Provençaux démissionnent de leurs charges impériales et proclament l'Indépendance. D'aucuns oublient qu'ils étaient chargés du gouvernement de l'empire et invoquent la nécessité de quitter un "joug". D'autres, au contraire, disent qu'ils ont proclamé leur indépendance pour protester contre l'autonomie totale qui leur était laissée par Sa Majesté Impériale. Et encore d'autres, ne craignant pas d'additionner sans fin les incohérences déjà manifestes, défendent les deux thèses à la fois. Puis les principaux dignitaires félons érigent autour d'eux un système, le marquisat rebelle, qui leur permet de faire main basse sur la justice, sur la gestion des terres du comté de Provence, et même sur la diplomatie : sous couvert de stabilité alors qu'ils sont les chantres de l'instabilité, ils contestent au peuple provençal le droit de faire par les urnes des choix politiques importants pour l'avenir de chacun." Sur les lèvres brûlées du germain, un rictus se dessine qui se voulait être un sourire. Ces notes, écrites rapidement lors de ses multiples discussions avec des impériaux, sont devenues sa principale lecture depuis plusieurs semaines déjà aussi bien qu'une inépuisable source d'imagination et d'inspiration. "Enfin, le Codex de Provence lui-même signe et ratifie la fin de la dernière des libertés. Dans ce qui est nommé "Provence Libre" comme s'il était nécessaire d'ajouter un tel adjectif pour se persuader qu'il est de vigueur, il est désormais interdire d'être partisan de Sa Majesté légitime l'Empereur, sous peine d'être considéré comme voulant déstabiliser la Provence. A l'exemple du nom, c'est donc la loy qui est invoquée pour se rassurer. Comme un nouveau rempart derrière lequel se terrent les marquisaux qui non contents d'être rebelles vont jusqu'à interdire le droit d'être opposé à leur folie criminelle."
Veulent-ils faire croire qu'être impérial c'est être l'ennemi de la Provence, quand il s'agit d'être partisan de sa salvation et de son retour sur le devant de la scène des affaires, des pensées et des innovations ? Ces gens-là se rendent seulement compte qu'ils n'ont ni les épaules ni les compétences pour assurer seuls le destin d'un peuple ? Y-a-t-il parmi eux un seul tribun digne des antiques et capable de les mener vers la grandeur ?... :pour la centième fois en quelques jours, Otto von Karolinger tourne et retourne les multiples questions qui se bousculent dans son esprit. Mais qu'y'a-t-il de libre, au juste, dans cette province ? Depuis l'opinion personnelle jusqu'au commerce, en passant par la circulation et même la production, toute liberté y est confisquée au profit de quelques dignitaires restreints dans des conseils privés et des salles closes.
Crrrouiiic.
La porte grince, et Otto cesse toute lecture en s'empressant de cacher ses notes pour la gamelle qu'il a pris parti d'installer sur le comptoir, pour mieux se souvenir des grandes heures canines d'autrefois. Un coup d'il rapide au tonnelet de bière et au tonneau de vin d'Anjou le rassurent, et, oubliant momentanément sa position et ses idéaux, il rentre dans la salle pour aller rencontrer le voyageur de passage dans son auberge.
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L'Impéri-Provençal, la Gazette, enfin en vente !
[Ambiance de roleplay]
Il n'est pas rare que parfois apparaissent des hommes au destin étrange. Nés pour servir, ils servent avec une loyauté exemplaire et une confiance absolue dans les idées et les destins de leurs maîtres. Sans doute sont-ils parfois amoraux, car nulle morale n'a de valeur si elle nuit aux grands projets et aux vastes idéologies appelées à réformer et agrandir tout ce qui les adopte, mais au moins servent-ils au lieu de se servir, protègent-ils au lieu de se faire protéger, au contraire de bien des autres qui pensent pouvoir commander quand ils n'en ont pas les capacités. Au rang de ces étranges serviteurs ayant foy et loy bien sélectives car tournées vers un seul et unique idéal, Otto von Karolinger, taciturne "Chien" au visage à moitié brûlée et à la tonsure capillaire, né impérial et revenant dans l'empire de ses ancêtres après plusieurs mois dans le royaume de France - mille fois maudit soit-il - où plus rien de grand ni de beau n'existe.
Quoi de plus naturel que d'être franc quant à ses convictions ?
Assis nonchalamment sur une chaise récemment rempaillée dans l'arrière-salle de son auberge, les actualités provinciales font éclater une nouvelle fois, aux yeux de tous, et une première fois particulièrement aux yeux d'Otto, qu'il ne peut exister aucun salut pour les peuples du saint empire sans la nécessité d'excellence que demande le service d'un aussi grand prince que Sa Majesté Impériale. En dehors de la fidélité au Kaiser, il n'y a que la médiocrité et l'incompétence, ainsi qu'à leur suite un cortège de malheurs et de misère pour les peuples coupés du lien temporel plusieurs fois centenaire qui les unissent malgré eux au prestige séculaire de la couronne impériale.
"Nous sommes en 1454. Les temps sont durs pour l'Empire, car l'empereur a accordé sa confiance aux Provençaux pour gérer le cercle francophone. Von Wittelsbach est archichancelier, von Valendras est maréchal des armées impériales." Otto relit à haute voix ses fiches, cherchant à comprendre le mécanisme sans nom qui a jeté la Provence aux abîmes de l'Histoire et l'a entrainé dans un cercle vicieux de basses considérations et de projets sans portée n'ayant pour seuls résultats que la longue litanie des guerres armées et des répressions judiciaires qui étouffent l'imagination des peuples et empêchent l'avènement d'une ère de prospérité. "Soudain, le 22 novembre, prétextant un problème frontalier entre la Savoie et la Franche-Comté, les Provençaux démissionnent de leurs charges impériales et proclament l'Indépendance. D'aucuns oublient qu'ils étaient chargés du gouvernement de l'empire et invoquent la nécessité de quitter un "joug". D'autres, au contraire, disent qu'ils ont proclamé leur indépendance pour protester contre l'autonomie totale qui leur était laissée par Sa Majesté Impériale. Et encore d'autres, ne craignant pas d'additionner sans fin les incohérences déjà manifestes, défendent les deux thèses à la fois. Puis les principaux dignitaires félons érigent autour d'eux un système, le marquisat rebelle, qui leur permet de faire main basse sur la justice, sur la gestion des terres du comté de Provence, et même sur la diplomatie : sous couvert de stabilité alors qu'ils sont les chantres de l'instabilité, ils contestent au peuple provençal le droit de faire par les urnes des choix politiques importants pour l'avenir de chacun." Sur les lèvres brûlées du germain, un rictus se dessine qui se voulait être un sourire. Ces notes, écrites rapidement lors de ses multiples discussions avec des impériaux, sont devenues sa principale lecture depuis plusieurs semaines déjà aussi bien qu'une inépuisable source d'imagination et d'inspiration. "Enfin, le Codex de Provence lui-même signe et ratifie la fin de la dernière des libertés. Dans ce qui est nommé "Provence Libre" comme s'il était nécessaire d'ajouter un tel adjectif pour se persuader qu'il est de vigueur, il est désormais interdire d'être partisan de Sa Majesté légitime l'Empereur, sous peine d'être considéré comme voulant déstabiliser la Provence. A l'exemple du nom, c'est donc la loy qui est invoquée pour se rassurer. Comme un nouveau rempart derrière lequel se terrent les marquisaux qui non contents d'être rebelles vont jusqu'à interdire le droit d'être opposé à leur folie criminelle."
Veulent-ils faire croire qu'être impérial c'est être l'ennemi de la Provence, quand il s'agit d'être partisan de sa salvation et de son retour sur le devant de la scène des affaires, des pensées et des innovations ? Ces gens-là se rendent seulement compte qu'ils n'ont ni les épaules ni les compétences pour assurer seuls le destin d'un peuple ? Y-a-t-il parmi eux un seul tribun digne des antiques et capable de les mener vers la grandeur ?... :pour la centième fois en quelques jours, Otto von Karolinger tourne et retourne les multiples questions qui se bousculent dans son esprit. Mais qu'y'a-t-il de libre, au juste, dans cette province ? Depuis l'opinion personnelle jusqu'au commerce, en passant par la circulation et même la production, toute liberté y est confisquée au profit de quelques dignitaires restreints dans des conseils privés et des salles closes.
Crrrouiiic.
La porte grince, et Otto cesse toute lecture en s'empressant de cacher ses notes pour la gamelle qu'il a pris parti d'installer sur le comptoir, pour mieux se souvenir des grandes heures canines d'autrefois. Un coup d'il rapide au tonnelet de bière et au tonneau de vin d'Anjou le rassurent, et, oubliant momentanément sa position et ses idéaux, il rentre dans la salle pour aller rencontrer le voyageur de passage dans son auberge.
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L'Impéri-Provençal, la Gazette, enfin en vente !
