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[RP] Domaine de la Belletière-Belleville {bis}

Hyacinthe
[A mi-ch'min entre Cosne et Sémur.]



Laissons le petit matin poindre pour commencer l'histoire de la famille bourgeoise des Castello de la Belletière-Belleville.

Tout (re)commence au domaine de la Belletière-Belleville, autrefois cette gentilhommière était ce que l'on peut appeler une demeure opulente. D'un premier regard, le visiteur , attentif, aurait remarqué que la demeure reste fort simple et classique. En briques, avec quelques "Italianades", comme des colonnes et des des terrasses . Si le visiteur attentif s'approchait de plus près, il se serait aperçu alors de la grandeur et la parfaite organisation du manoir. Sur trois étages, la Belletière-Belleville comptait environ une trentaine de pièces différentes, sans compter les dépendances, habitations des gardes et des serviteurs, cellier, poulaillers, remises, pigeonniers, étables et grange. Des terrasses assombries par l'ombre des arbres et les colonnes semblant sortir tout droit de la Grèce Antique font face aux écuries aux pierres claires. Et une chapelle en construction rappelait à quel point la foi était chose sérieuse pour feu Marco Ignazio Castello de la Belletière-Belleville, dit Mimmome. Foule se pressait dans ce domaine, servants, gardes et paysans, pour cette famille italienne fort aisée aux moyens insolents. En effet, les affaires de feu Mimmome , et donc de la famille, reposaient sur la laine et sa transformation en toiles, draps et vêtements. Ce commerce lucratif , associé à la teinture de vêtements, avait contribué à la richesse de la famille, qui pouvait se dire la plus riche en Europe d'un point de vue monétaire. Elle n'avait pas le pouvoir des nobles de par ses origines, ni celle des citadins de par sa localisation , mais avait un pouvoir qui les valait tous : l'argent . Ah, l'argent, quel bel outil. Utile en tout contexte, aurait di le père de Mimmome, le vieux Marco Ignazio senior.




Aujourd'hui, Mimmome mort, tout comme son père Emmomi, et Erasmino parti à l'ouest, c'est la jeune Hyacinthe qui revient au domaine familial, avec la ferme intention de remettre la Belletière-Belleville et les affaires familiales à flot.
Comme promis, à sa mort, Mimmome ayant fait de sa nièce son héritière universelle, la jouvencelle hérite de quatre millions de livres tournois, en plus des innombrales proprietés et manufactures.

Avec cet héritage, Hyacinthe décide de réembaucher les gens qu'autrefois entretenaient le domaine, les jardins et les champs des alentours.
C'est donc au petit matin, du premier jour de février de cette année, que la Belletière-Belleville connait ses premières palpitations qui lui avaient tant manquées depuis la mort du chef de famille.
L'on retape le toit, qui s'effrondrait. L'on répare les vitres brisées et les portes défoncées par d'éventuels brigands qui auraient cédé à la tentation de dévaliser une demeure... Vide. L'on remet bestiaux aux étables et aux poulaillers, et chevaux aux nobles écuries, défriche les jardins et taille les haies, retire mauvaises herbes qui avaient envahi la cour du manoir et les moults escaliers en-dehors. L'on dépoussière et s'active dans les métairies, cellier et remises du domaine. L'ont fait apporter des meubles d'une finesse rare et d'un modèle classique, au matériau précieux et aux couleurs tantôt sombres, tantôt pastels. La moitié de l'héritage y passe, mais qu'importe : l'oncle Erasmino, alors chef de famille à présent, revient dans quelques semaines, si ce n'est quelques jours. Il faut bien se dépêcher. Et pour cela, Hyacinthe n'a aucune pitié pour ses gens de la Belletière-Belleville : elle reste intransigeante, exigeante et intolérante sur les délais. Une semaine, pas plus, pour restaurer le faste d'antan et montrer à Erasmino que la famille Castello reste toujours sur pied quoi qu'il arrive.



A la fin de la semaine, la gentilhommière est enfin habitable. La Blondeur, qui a élu domicile à Sémur depuis peu, monte dans son fiacre, accompagnée de sa gouvernante qui fait plus office de suivante qu'autre chose à dire vrai. Elles partent de Sémur à l'aurore, voyagent à travers la campagne bourguignonne, avant d'arriver aux abords de la Belletière-Belleville. Traversant le long chemin d'entrée qui mène vers le domaine, bordé de cèdres, le fiacre passe la première garde et pénètre enfin dans la cour du châtelet. Un page s'empresse d'ouvrir la porte du fiacre et d'aider mademoiselle Castello à descendre en lui proposant sa main. La jeune fille lève les yeux vers la magnifique demeure, les yeux captivés. Un fin sourire se peint sur ses lèvres, la satisfaction du travail accompli. Elle descend lentement du fiacre, et scrute autour d'elle les gens de maison qui lui font l'honneur de l'accueillir ce matin-là, droits comme des piquets.
La gouvernante descend à sa suite, et affiche un large sourire à la vue d'une Belletière-Belleville revenue à sa gloire passée.

Le page précède la pucelle Castello pour lui ouvrir les portes du manoir et la laisser entrer pour une collation, suivie de la gouvernante polonaise Katarzyna.



Toute la journée se passe comme une longue promenade de courtoisie de la part de Hyacinthe. Elle salue les garçons d'écurie, les jardiniers, les apiculteurs, les servantes et servants, les pages, les coursiers, les métayers et la petite garnison du domaine. Histoire de se faire connaître de ces gens, et de marquer les lieux de son empreinte. Elle commence déjà à prendre goût à cette gestion passionnante du domaine : avec fermeté et froideur, elle mène rondement ses affaires.
A la fin de l'après-midi, elle revient à son bureau, écrivant moult courriers. A son oncle Erasmino, d'abord. Puis à quelques Sémurois. Et enfin, à des maîtres compétents afin de les envoyer aux manufactures de feu son oncle Mimmome dans le but de ne pas laisser la bride trop longue auxdites manufactures et contrôler ce qu'il s'y passe. Elle donne ses lettres au jeune garçon chargé du pigeonnier du manoir, et part souper dans la vaste salle à manger où on l'attend déjà. C'est seule qu'elle dîne, et c'est seule qu'elle part dans la bibliothèque, lire ce livre de Saint Augustin qu'elle avait commencé avant sa longue maladie, pour quelques heures au coin du feu. Demain arrivent les gens pour finir la construction de la chapelle sainte Louise. Il lui faut être fraîche et disposée à leur dicter ses directives. Une bonne et première nuit de sommeil depuis longtemps, à la Belletière-Belleville, et Hyacinthe reprendra l'intendance du domaine.
--Katarzyna...



Le coq chante, le soleil se lève : la gouvernante Katarzyna ouvre un oeil, puis l'autre, et grimace. Elle s'étire, enfin, se redresse, et frotte de ses mains marquées de veines épaisses, de tâches brûnes et de ridules ses yeux encore mal éveillés. Elle inspire peu, expire longuement, et soupire avant de retirer le drap qui la recouvre et sortir un peton, puis l'autre. Assise, elle marque un temps d'arrêt. Plus aucun mouvement, juste le regard dans le vague, à songer. Elles étaient revenues à la Belletière-Belleville. Hyacinthe et elle. Depuis le temps...

Katarzyna s'extirpe de sa léthargie, et de son lit, puis se prépare avant d'aller réveiller la jeune Castello en ouvrant les rideaux de sa chambre.


Quelques instants plus tard, elle ouvre la porte de la chambre Hyacinthesque... Dans la pénombre, elle marche lentement vers les fenêtres de la pièce dont elle séparera les rideaux pour laisser place au ... soleil !

- Panienka, czas sie obudzic! Slonce swieci!

La gouvernante esquissa un large sourire, allant d'une commode au lit de "panienka" Hyacinthe pour la revêtir de ses habits quotidiens. La jouvencelle lui rend le sourire, se laissant faire aux mains expertes de Katarzyna.

- Pani guwernantko, répond Hyacinthe, moze swiecic slonce, to jeszcze zimno.

Elles s'échangent un regard plein de tendresse, puis Hyacinthe se lève, se laisse apprêter et défait sa tresse blonde, allant par la suite s'asseoir afin de permettre à Katarzyna de la coiffer. La gouvernante prend délicatement un côté des cheveux de la petite demoiselle, et brosse lentement tout en continuant de parler avec du soleil brillant au milieu de l'hiver. Lui rappelant les hivers de sa chère Varsovie. Et elles s'imaginèrent partir en long voyage, vers l'est, lorsque tout sera fini ici.


La Castello prête, elles sortent de la chambre, et s'engagent dans le long couloir afin de rejoindre, au-dehors, les ouvriers de la chapelle Sainte Louise...
Erasmino
De nombreuses pensée agitaient l'admirable tête d'Erasmino alors qu'il quittait la route principale pour s'engager sur le sentier qui conduisait au domaine de La Belletière-Belleville. Il se remémorait sa première visite, lorsque le jeune coureur de jupons qu'il était avait courageusement résolu de venir seconder son frère aîné dans la très sérieuse gestion des nombreuses affaires familiales... Noble pensée ! Il avait imaginé passer des années à se familiariser avec les tractations subtiles et les négociations délicates qu'imposaient le commerce, et voilà que quelques mois à peine après son arrivée, il se retrouvait bien malgré lui chef de famille, croulant sous des responsabilités dont il n'avait même pas la plus petite idée.

Hum... famille bien réduite depuis la tragique disparition de son frère, à vrai dire, puisque d'après ses calculs, le domaine ne devait plus abriter que la petite Hyacinthe, sa nièce, jeune tête blonde qu'il avait à peine aperçue et à laquelle il n'avait prêté aucune attention. Il regrettait fort à présent son manque d'intérêt pour cette pucelle dont il allait devoir partager le quotidien, et qui se retrouvait à la tête de l'immense fortune familiale. Cette pensée le fit grincer des dents : puîné, il avait toujours vu l'essentiel du magot lui filer sous le nez, comme c'était de coutume... Il n'avait jamais été question de diviser le gigantesque patrimoine des Castello entre plusieurs rejetons, et son frère célibataire et sans enfants s'était entiché de la donzelle et lui avait tout légué. Mimmome ne pensait pas s'éteindre aussi tôt, il avait voulu, sans doute, évaluer la fiabilité et surtout la fidélité de son frère prodigue avant de le coucher en bonne place sur le vélin...

Hyacinthe, donc. Oie blanche qu'il pourrait manipuler à sa guise ou dévote rigoriste dont il ne tirerait rien ? Petite renarde rusée qui comploterait à ses côtés ou louve aux dents longues qui s'arrangerait pour le laisser sur la paille ? Il tentait vainement de trouver la réponse à ses questions sur le rond visage dont il n'avait qu'un très vague souvenir. Il allait falloir au plus vite contacter banquiers et hommes de loi pour savoir au juste à quoi s'en tenir concernant l'héritage familial. En théorie, la donzelle étant femme et pucelle, il devait logiquement être son tuteur, et gérer la fortune jusqu'à son mariage. Maaais... son frère avait toujours eu un talent inégalable pour écrire ses propres règles et tourner les lois à son avantage - et profit - personnels, ce qui avait causé sa perte, d'ailleurs. Il ne pouvait être sûr de rien.

Très soucieux, il repoussa d'un geste nerveux la mèche de cheveux blond vénitien qui tombait sur ses yeux dorés aux reflets verts. Il aurait besoin de tout son charme pour amadouer la jeune blonde.

Enfin, il franchit les grilles du domaine au galop fatigué de son cheval, et parcourut le panorama qui s'offrait à lui. Un sourire narquois et vaguement admiratif passa sur son visage : là où il avait pensé trouver une bâtisse à l'abandon se dressait une demeure dont l'état d'entretien parfait laissait aisément imaginer l'opulence des propriétaires... Une chose était sûre, Hyacinthe avait trouvé les cordons de la bourse, et savait mener une maison. Restait à juger de l'état du négoce.

Il mit pied à terre sous l'oeil inquiet de quelques domestiques et lança à la cantonade :


- Faites savoir à Hyacinthe que son oncle est de retour !

Laissant sa monture à un palefrenier, il entra sans attendre dans l'imposante demeure.

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***bannière en cours***
Hyacinthe
A cette annonce faite par le jeune page, devant le chantier de la chapelle Sainte Louise, Hyacinthe tourne trèèèès lentement la trombine, parce qu'c'est pas tous les jours qu'on a l'tonton de retour au bercail. En plus un tonton du genre, j'te raconte pas la belle gueule quoi! Du moins, ce que feu (folet) Mimmome lui a raconté... En gros... Sans entrer dans les détails, hum... Piquants!
Pis quoi encore, faudrait pas débloquer! Les oreilles d'une jeune et prude pucelle, quand même... Pffeu! Jamais qu'il aurait osé, feu oncle Mimmome.

Hmmmm...

Sussure-t-elle d'un air sagace (comme Sam, mais en plus glam').

Fort bien.

Elle esquisse un grâcieux et ample mouvement de sa blanche main vers un pan (t'es mort) de sa sombre robe, et attrape le tissu, puis tire avec la délicatesse du papillon dessus et... difficilement... ah mais... ah! ça vient pas, gnarf... tire un chouilla plus... bordel, mais c'est que ça s'coince, pas pratique, arf!

Bon, bon, va lui dire de m'attendre dans la salle de réception bleue, je vais y aller... Euhm... A mon rythme.

La pucelle brasse l'air frénétiquement avec sa (toujours aussi) blanche main sous le nez du jeune page, paraît que c'est un bon moyen de faire bouger les *biiiip*. Sa robe a décidé d'être son rayon d'soleil aujourd'hui en lui emmêlant les gambettes au-dedans, et de la faire se déplacer comme un automate presque tout rouillé. Serait-ce le stress? La tension? La nervosité? Sans déc'? Bien la première fois que sa robe lui fait des misères... Aristote, est-ce toi qui envoie un signe?! La Blondeur garde le front haut, sans le poing levé, et le regard pénétrant.

Elle marche alors escargotement vers la demeure, tachant de sauvegarder durant son parcours cette classe innée dont elle se fait le réceptacle, et qui jamais ne s'acquiert. Jamais.
--Lucette
[Dans l'imposante demeure]


- Ohlala, de la poussière ici, pffffiouw... C'est du ménage, ce vestibule, ça alors. Pffiouw!

La bêêêêêêêlle Lucette soupire précieusement, roulant des mirettes qu'elle a d'un clair pas trop foncé malgré tout, et formant une bouche en coeur.

Il faut encooore que je passe mon plumeau tout doux sur cet endroit, ohlala, pffffiouw...!

Lucette amorce un mouvement de tête-désolidarisée-de-la-nuque-qu'un-jour-des-femmes-d'un-très-lointain-continent-apprivoiseront-avec-le-phrasé-subtil-qui-l'accompagne "ain't no shame, all my bitches". Elle n'affectionne pas particulièrement l'époussetage de la demeure, elle préfère aller conter fleurette aux crottés garçons d'écuries ou aux virils paysans... Faut dire, Lucette, c'est pas d'la paupiette : un p'tit canon, que ça ne serait même pas étonnant qu'elle soit l'ancêtre d'Angélina Jolie (ben... l'a bien des origines françaises, nan? Sûre qu'elles sont bourguignones.), la même paire d'yeux bicheux, les mêmes cheveux soyeux, le même goulot voluptueux. Lucette, pour faire ça dans le straight to the point, elle ne laisse personne indifférent.

Mais qu'est-ce que j'en ai marre de ce meuble qu'il sent le vioque et qu'il est tout moche d'abord... Huuuum comme j'aimerais être ail...

Les portes d'entrée s'ouvrent d'un coup, soudainement, et Lucette n'a pas le temps de finir de dire ses conneries lorsqu'elle bascule sa tête, qu'on dirait désarticulée, vers l'Apollon qui pénètre... hum... hi! hi! hi!... la demeure.


Et là, un russe aurait balancé du gros son de loveur, au moment précis où les frémissantes mirettes de Lucette se déposent sur le bel Erasmino, telles des gouttes d'eau fragiles se recueillant au creux d'une feuille en rosée du matin-que-c'est-bouleversant-d'émotions...

Lucette fait un O avec sa bouche gonflée de féminilité [
Oh... Mais...

Une troisaine de minutes passe, et Lucette reprend ses esprits (encore faut-il qu'elle en ait au moins un... ha! ha! ha!) et un sensuel sourire se dessine sur son visage.

Bien le bonjour en la Belletière-Belleville, doux seigneur...

La brunette entame un mouvement de menton ascendant partant de la gauche pour aller à droite, les yeux presque fermés, dans la totale "face de canard" (ou "duck face", si la Reine d'Angleterre était passée par-là pour pictancher du "five o'clock" tisane) niveau babines.

Trouvant que... Quand même, c'est drôlement b'en un poisson alléchant ç'ui-là, Lucette opte pour la technique de sé-DUCK-cheune n°38, qui consiste à...

Oups! Comme je suis maladroite, j'ai fait tomber mon plumeau...

Main portée à sa bouche amoureuse de l'amour (et des sucettes), l'air nouille.

Il faut que je le ramasse, rahlala!

Et c'est que tout l'art Lucettesque opère... Elle n'a qu'une longue mais si courte minute pour conquérir si ce n'est le coeur de la chemise, au moins celui des braies, du séduisant nouveau venu.

Lucette se penche nonchalamment en avant, jambes droites et bien tendues, croupe en spectacle, et encolure généreuse, offrant aussi un panorama insolent sur les "arguments" de la demoiselle. Elle reprend le plumeau coquinou, et remonte tout aussi nonchalamment qu'à la descente.

Puis-je vous être d'une précieuse aide en ces lieux? Ce serait-là tout mon plaisir, doux seigneur...

Dit-elle en faisant tournoyer son plumeau entre ses doigts.
Erasmino
A peine entré, le jeune homme soucieux qui s'attendait à trouver une jeune fille éplorée tomba sur un tout autre spectacle : une servante fort appétissante qui passait le plumeau avec nonchalance, sans se soucier le moins du monde de la poussière qu'elle soulevait autour d'elle, et qui lui lança quelques coups d'oeil sans équivoque. L'Italien prit son temps pour apprécier la petite mise en scène que l'effrontée semblait faire durer à plaisir. La damoiselle - si tant est qu'on pouvait la nommer ainsi... - possédait des arguments qui auraient fait vaciller la vertu du plus chaste des hommes, ce qu'il n'était pas, quoique sa dernière conquête remontait à si longtemps qu'il se demandait s'il pouvait toujours se qualifier de séducteur.

Il était grand temps de relever sa réputation...

Oui, mais...

... Mais il était en deuil de son frère bien-aimé, mais il attendait l'arrivée - qu'il supposait imminente - de sa nièce, mais sa situation financière était fort préoccupante, bref ce n'était pas du tout le moment de se faire remarquer. Rassemblant tout le courage qu'il put trouver pour soutenir sa résolution, il détourna la tête. Du reste il profitait aussi bien du show grâce au reflet de la coquine dans l'argenterie. Ce fut l'instant qu'elle choisit pour lui faire des avances terriblement indécentes :


Puis-je vous être d'une précieuse aide en ces lieux? Ce serait-là tout mon plaisir, doux seigneur...


Toi ma jolie, tu ne perds rien pour attendre... J'attends ma nièce Hyacinthe, qui doit arriver d'un instant à l'autre, mais je suis certain que votre charmante présence me sera d'une aide inestimable lorsque je m'installerai dans ma chambre, disons, dans une heure ?


...

Dieu, qu'il faisait chaud dans ce vestibule !

...

Et cette garce de nièce qui n'arrivait pas !

...

Avec une patience inouïe, Erasmino attendit encore dix-huit longues secondes, ne jetant que quatre coups d'oeil furtifs à la vile tentatrice dans l'intervalle, puis il opéra un repli stratégique vers l'angle de la pièce qui était si poussiéreux. Prestement débarrassé de sa cape, de son chapeau et de sa redingote, il entreprit... d'aider l'aguicheuse à passer le plumeau.

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***bannière en cours***
Hyacinthe
Arrive à ce moment crucial, quand Erasmino aide Lucette à manier un plumeau doucement mais fermement, Hyacinthe.

La pucelle s'éclaircit la gorge, histoire de...

Bien le bonjour, mon oncle. Lucette, hors de ma vue.

La Lulu', comme l'appelle ses intimes (qu'elle a nombreux, hin hin hin), s'exécute, la mine désolée. Et désolante.

Je vois que vous avez fait vite, depuis le Limousin, mon oncle.

Hyacinthe peste contre ce jeune page qui n'a pas osé s'interposer entre Lucette et Erasmino, pour inviter ce dernier à aller attendre la Blondeur dans ladite salle bleue, froide couleur pour faire connaissance avec un oncle qui n'a pas pointé le bout de son nez l'été dernier. Du moins, ce que Hyacinthe pense.

Avez-vous fait bon voyage?

Elle imagine déjà la réponse; le voyant crotté ainsi, elle sait bien qu'il n'a fait que cavaler - dans quel seeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeens?! - jusqu'ici. Et que niveau valise à trimballer, l'a pas eu à s'encombrer.

Il nous faut nous entretenir au sujet de moult choses importantes, mon oncle. Veuillez me suivre, je vous prie, dans la pièce d'à côté.

C'est une salle de séjour, où la couleur dominante est le bleu clair. Quelques sièges au tissu fragile, des tables, et une armoire dans laquelle se cachent quelques vieilles bouteilles. Mais pour cet entretien familial, du thé seulement.
L'invitant à s'asseoir sur un des sièges. Elle ordonne ensuite à une servante :

Adolphine, du thé ottoman pour nous je vous prie.

Puis la pucelle tourne sa tête blonde vers son oncle, avec un léger sourire.

Une merveille, cette infusion. Très orientale, très... avant-gardiste!

Quelques instants plus, tard, à compter les mouches, bavasser sur "oooh bah ça alors, les routes étaient gelées un peu ce matin?", et sur l'état à nouveau glorieux de la Belletière-Belleville, le thé ottoman arrive, et est servi (comme Madame quoi).

Mon cher oncle... , dit-elle après une délicate goulée de thé, permettez-moi d'aborder, en tout premier lieu, un sujet épineux, depuis la mort du deuxième Castello mâle.
Vous n'êtes donc pas sans savoir que vous êtes, à présent, le seul Castello mâle de la famille... Et qu'après votre mort, si vous ne procréez point, la famille s'éteindra.
Non pas que je veuille vous terroriser à ce sujet, et en tant que nièce, croyez bien en mon sincère dévouement et mon indéfectible affection ; mais l'heure est grave. Il vous faut...

La voix de Hyacinthe se fait plus grave, dans le style de Godefroy de Montmirail à la fille du duc de Pouille, Frénégonde de Pouille , dans les Visiteurs:

... une descendance.
Erasmino
Flûte.


Évidemment, il a fallu que la nièce débarque à l'instant précis où le joli cœur entreprenait la bonne... Il marmonne quelques explications qu'elle ne lui laisse pas le temps de terminer :


Ma nièce, heu... voyez comme elle déplace la poussière au lieu de la ramasser, je lui expliquais...

Erasmino, donner des conseils de ménage ! On aura tout vu... Par chance, Hyacinthe ne semble pas se formaliser, et lui indique une pièce dépourvue de tentations. Le jeune homme s'installe dans un fauteuil bleu avec une satisfaction évidente, qui lui rappelle à quel point il déteste voyager à cheval. Pendant qu'ils discutent de choses et d'autres, il prend le temps de détailler la mystérieuse héritière de Mimmome, en amateur avisé des beautés féminines : bien plus jolie que ce qu'il imaginait, à dire vrai, quoique son physique n'ait rien pour rappeler les origines italiennes de sa mère, soeur aînée d'Erasmino. Des mèches blondes encadrent un visage délicat où quelques rondeurs enfantines apparaissent encore. Esthète, le jeune homme ne peut s'empêcher de penser que sa nièce ferait un merveilleux modèle pour une vierge à l'enfant... Tiens, il faudra y penser, serait-il possible de faire venir au domaine un peintre italien, ou flamand pourquoi pas, pour fixer sur le bois ces traits charmants ? Il aime tant observer le travail des artistes !

Satisfait de son examen, Erasmino reporte son attention sur la conversation que sa nièce manie avec une grande aisance, et un sacré caractère. Diantre ! Le séducteur n'a guère pour habitude de se laisser mener par un petit bout de femme ! Depuis le début, la petite blonde ne fait que le déstabiliser et, alors que tout l'invite à se détendre, il se sent de plus en plus mal à l'aise... Comment s'y prend-on, au juste, avec une jeune nièce à la langue bien pendue ? Sa seule arme contre les femmes a toujours été son charme irrésistible, dont il sait jouer depuis l'enfance, mais les liens du sang qui l'unissent à son interlocutrice le paralysent quelque peu.

Que sait-elle de lui, au juste ? Va-t-elle chercher à l'évincer au plus vite ? Derrière un sourire qu'il cherche à rendre le plus gracieux possible, il maudit son statut de cadet déshérité et s'interroge sur la stratégie de sa nièce qui a de toute évidence longuement préparé son discours. Il s'apprête à la féliciter de l'infusion ottomane une servante sans grâce vient de lui servir lorsque la pucelle change abruptement de sujet :


Permettez-moi d'aborder, en tout premier lieu, un sujet épineux, depuis la mort du deuxième Castello mâle.
Vous n'êtes donc pas sans savoir que vous êtes, à présent, le seul Castello mâle de la famille... Et qu'après votre mort, si vous ne procréez point, la famille s'éteindra.
Non pas que je veuille vous terroriser à ce sujet, et en tant que nièce, croyez bien en mon sincère dévouement et mon indéfectible affection ; mais l'heure est grave. Il vous faut...
... une descendance.


Las ! Il a beau faire, l'infusion prend soudain une mauvaise direction, il éructe, s'étouffe, tousse en postillonnant sur sa nièce, se lève brusquement, renverse la moitié de la tasse, s'affole intérieurement tout en restant immobile de honte, ah mon Dieu c'est une catastrophe. Se calmer, poser la tasse, sortir son mouchoir, s'essuyer le menton et le pourpoint, se rassoir.

Il se rassied.

Prend une grande inspiration, comme si de rien n'était, et dit :


Je vois que vous avez de grands projets pour moi, ma chère ! Exposez-moi donc vos vues plus amplement.

Lui, se marier ? Quelle idée ! Qu'elle y aille donc la première ! Il fulmine : dire qu'il avait pensé que parler de son mariage à elle pouvait être une manière d'assurer son autorité de chef de famille ! Mais qu'a donc en tête cette petite blonde qu'il trouve soudain très agaçante ?
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***bannière en cours***
Hyacinthe
Un instant qui aurait pu être comique s'il n'était pas enveloppé d'une solennité toute familiale.

Oh, mais... Mon D... Tout va bien, mon oncle?

La pucelle réprime une légère grimace à la vague de postillons - TOUJOURS hydrater sa peau en hiver, faut pas lésiner là-dessus... même si ça a l'odeur d'un thé ottoman! - et par réflexe se défend d'une main placée devant son visage poupin.

Puis la tempête se calme, si on peut parler de tempête, et une servante se précipite auprès d'Erasmino pour le torcher... euh l'sécher. Et les alentours, aussi, tant qu'on y est.

Mon oncle, je... Ma nouvelle semble avoir provoqué en vous de vives émotions... Et je conçois qu'en ma qualité de (bizarrement, à c'moment-là, elle parle plus distinctement et puissamment) légataire universelle, je ne puis que très délicatement jongler avec mon statut de nièce à votre endroit. Mais, ironie du sort, le fait est que Mimmome, qui envisageait de se marier le plus tôt possible pour offrir descendance à la famille, est décédé avant d'avoir pu le faire.

La Blondeur baisse le front, les yeux imperceptiblement embués. Inspiration profonde, ce qui lui permet de continuer dans sa lancée. Et de répondre à Erasmino, en passant.

Vous êtes fort bel homme, mon oncle, et d'un esprit fin et éclairé. Rendre à une famille la sécurité du lignage et à une jeune fille le bonheur d'être votre épouse est une croix bien infime à porter, selon moi.

La servante ressert Erasmino. Ah, oui, on l'avait pas précisé c'détail!

S'il vous arrive le moindre malheur! Songez à cela, mon cher oncle!

Regard vert(ueux, héhé) de bichette vers Erasmino.

Cela n'est qu'une invitation de ma prudente nature. Si j'étais un homme... Je n'aurais pas eu l'audace de vous en parler, sachez-le bien. Mais en ces temps troublés pour la famille qui s'amenuise... Mon inquiétude est grande...

Hyacinthe repose sa tasse, se lève, s'agenouille auprès de son oncle, et lui prenant délicatement la main entre les siennes, lui murmure.

Etant votre nièce, n'ayez crainte que mon obéissance est totale sous votre aimable autorité, mais je ne peux m'empêcher d'exprimer mes craintes et les solutions qui me paraissent les plus raisonnables en ce moment.
Erasmino
Comprends rien...

Erasmino a beau faire tourner le plus vite possible les rouages qui se cachent derrière son beau front patricien, il n'arrive pas à cerner où veut en venir sa fineaude de nièce... Si seulement Mimmome était encore là ! C'était lui qui se chargeait des manigances, autrefois, et Erasmino se contentait de suivre les instructions de son frère, bien content d'échapper aux fatigues intellectuelles des intrigues politiques et financières.

Mais maintenant ! C'était une toute nouvelle histoire de la famille Castello de Belletière-Belleville qui s'écrivait, famille qui avait à sa tête une petite blonde de seize ans qui paraissait avoir admirablement retenu les leçons de son oncle Mimmome.

Se marier...Bon... Erasmino n'y était pas formellement opposé, même s'il ne voyait pas bien ce qu'il aurait à gagner à s'encombrer d'une femme qui irait certainement critiquer et compliquer ses rendez-vous galants ! Il avait vu ça, des épouses outrées du manque d'attention de leur époux, qui déléguaient père, oncles et cousins pour tenter de raisonner le mari volage ; puis, lorsque les ressources familiales étaient épuisées, on envoyait le curé: un air grave et préoccupé vissé sur le visage, l'homme d'église faisait alors subir au malheureux un discours de deux heures sur la nécessité de "rejoindre le chemin de la volonté du Très-Haut"... Pire encore, lorsqu'il n'était qu'un enfant à Florence, il se souvenait de l'esclandre d'une voisine, qui avait ameuté le quartier entier en prenant les passants à témoin des infidélités répétées de son mari... Les scènes de ménage n'étaient pas belles à voir ! Note pour plus tard : s'assurer que la promise n'est pas une folle hystérique avant de conclure les épousailles !

Non... Le problème était ailleurs... L'Italien ne voyait pas ce que sa nièce avait à gagner dans l'affaire, et ce point le turlupinait... Un instant, il songea que la petite s'était mis en tête de l'épouser : ses charmes n'étaient plus à démontrer, tant de femmes étaient tombées pour un seul de ses regards ! Et l'opération aurait l'avantage conséquent de résoudre les problèmes d'héritages et de succession... Cette union serait inespérée, en fait, pour Erasmino, qui reprend soudain un peu de contenance et commence à regarder sa nièce différemment... Ne lui jette-t-elle pas un petit regard en coin plein de sous-entendus ?

Mais il juge plus prudent de très vite détourner les yeux, et prend son temps pour déguster une gorgée de thé chaud (attention à rester digne, cette fois !). La situation actuelle n'est pas à son avantage : il déteste ça, mais ne veut rien risquer qui pourrait envenimer les choses. Une tentative de séduction sur une nièce dévote qui a tout autre chose en tête serait catastrophique... Sans compter qu'ils portent encore tous deux le deuil de Mimmome. D'autre part, un mariage d'oncle à nièce serait fort délicat à négocier auprès de l'église, et nécessiterait sans aucun doute des mois de tractations subtiles, sans garanties de succès, or la blonde semble pressée de marier son oncle. Non, décidément, il doit s'agir d'autre chose ! Mais quoi ? Actuellement, le jeune homme n'a presque rien à offrir en propre : il a bien quelques revenus ici et là, mais sa seule demeure est la Belletière-Belleville, propriété de sa nièce !

Une autre idée germe : peut-être que la blonde souhaite lui léguer une partie de l'héritage, mais y met la condition de choisir la future ? Face au mal de crâne qui pointe, le bellâtre renonce à comprendre pour l'instant, et décide de tenter d'éclairer la situation par des remarques choisies... Le silence qui s'est installé depuis les dernières paroles de la pucelle commence à peser, mais il prend pourtant encore le temps de réfléchir à sa formulation avant de se lancer, d'une voix posée et réfléchie :

- Croyez bien, ma nièce, que je suis très sensible à vos préoccupations. La famille Castello de Belletière-Belleville était autrefois très nombreuse, et je suis aussi attristé que vous par les très nombreux deuils qui nous ont frappés ces dernières années. Je ne suis pas opposé à l'idée de me marier... et j'avais même commencé à en discuter avec mon défunt frère, ajoute-t-il en repensant à une vieille plaisanterie, mais depuis la disparition de Mimmome, bien des choses ont changées, et je n'ai pas grand chose d'autre à offrir à une épouse que le nom que je porte... il toussote et enchaîne...C'est vous, ma chère nièce, qui possédez le patrimoine familial à présent, c'est pourquoi je crois qu'il est de mon devoir de vous seconder dans cette lourde tâche...

Certaines paroles de son frère lui reviennent en mémoire, et il prend de l'assurance pour débiter la dernière partie de son discours :

Je ne sais si Mimmome a désigné pour vous un tuteur dans son testament, mais une femme ne peut se charger seule de la gestion de telles affaires : la négociation des matières premières, la gestion courante des manufactures, la vente des marchandises nécessitent beaucoup de temps et de savoir-faire, il ne serait pas raisonnable de laisser peser tout ce poids sur vos jeunes épaules. Ainsi je pense que mon premier devoir n'est pas de fonder un foyer, mais de me tenir à vos côtés afin d'assurer la pérennité des affaires familiales, et de vous conseiller du mieux que je pourrais. Peut-être serait-il bon également que vous songiez vous-même à vous marier avec un homme à même de s'occuper d'un tel négoce.

Tout à fait rasséréné à présent, Erasmino se saisit délicatement de sa tasse de thé et prend une pose avantageuse pour entendre la réponse de sa nièce.

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***bannière en cours***
Hyacinthe
La pucelle se rembrunit, fronçant du nez imperceptiblement, elle se relève et surplombe son oncle de toute sa superbe... euh de toute sa hauteur.

Ne vous inquiétez point, mon cher oncle ("cher" dit avec autant de douceur et de suavité qu'un chef de caserne agacé par une nouvelle recrue), feu mon oncle Mimmome m'a fort bien formée à l'art et à la manière de conduire une manufacture ou l'intendance d'une maisonnée. Puis j'ai eu précepteur qui, m'ayant instruite de philosophie, d'histoire et de latin, a sitôt fait de faire mûrir mon jeune esprit par les plus brillantes tutelles intellectuelles.

Son visage poupin se durcit.

Mais je vous concède que prudence est mère de toutes les vertus.

Elle marque une pause, le dévisage en trois secondes, puis détourne son regard et s'aperçoit que l'entretien n'a que trop duré.

Eh bien, je pense que vous avez fait longue route et que vous méritez d'un peu de repos à présent. Lucette... Euh non, Bertrude va vous indiquer vos appartements.

A demain, mon oncle.

La Blondeur incline du chef devant lui puis envoie Bertrude à son côté et les quitte prestement.
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