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[RP] Le Relais Conflandais - QG de la famille d'Izard !

Artheos


Mais qui donc soulageait sa peine ? Portait son bois, portait les seaux ? Qui lui a offert de la soupe et une cape de laine, alors que l'hiver tuait. Cette crainte imposée par le ciel, c'était sa duchesse qui l'avait calmée. Ces stères, ces seaux que portaient Arthéos, c'était le Seigneur qui les portaient. Le froid dont il souffrait, c'était Dieu qui le souffrait. Ce n'était autre qu'en 1459, en Champagne, à Troyes. On n'accordait pas trop d'importance, à un pauvre et jeune valet... Pourtant, le domestique était bien là et sa vie poursuivait sa quête. Dans ce tout nouveau lit, dans l'auberge qu'avait repris Ghost, Arthéos scrutait le ciel étoilé par sa petite fenêtre. La journée avait été éprouvante. Le duc, la duchesse, leur fille et lui étaient arrivés à Troyes tôt dans le matin. Le jeune homme n'était que vaguement informé de la mission dont le baron parlait. Il savait juste qu'ils devaient rester au moins un mois dans la ville, pour rétablir la mairie et son économie. Du moins, Ghost s'en chargerait ! Arthéos n'était là uniquement pour servir sa maîtresse qui venait d'ailleurs d'accoucher ! Quelle fatigue devait-elle ressentir... voyager après avoir mis au monde... Mais elle était forte, sa résistance n'était plus à prouver après ce qu'elle avait vécu...

Dans le étoiles, disait son professeur, tout ce qui a été, est, et tout ce qui sera, y figure. Quand Arthéos avait abordé ce sujet avec le curé de campagne, celui-ci lui dit de faire attention. De ne pas trop s'approcher de la Lune durant ses observations, car les damnés y résidaient... Le prêtre avouait toutefois qu'il n'y avait rien d'aussi magnifique que de regarder un ciel étoilé changeant. Parfois, lorsque la nuit était découverte, les deux amis scrutaient les astres et le jeune homme expliquait le sens de certaines visions. Qu'il aimait ces moments... Expliquer des choses à plus vieux et plus sage que lui... A part en ces instants, c'était toujours le contraire. Allongés sur l'herbe d'un printemps ou d'un été radieux, combien de fois avaient-ils levé la main pour montrer les étoiles. Quand Arthéos avait tendance à trop se rapprocher de la Lune, le curé grimaçait et déviait le bras de son assistant. Alors, souriants, ils repartaient vers d'autres constellations.

Les rois d'autrefois, les empereurs de jadis, jusqu'au pauvre mendiant sans jamais un écu à la pauvre commère morte près de son lavoir de rumeurs, en passant par les traîtres dont les langues avaient été tranchées, aux brigands démembrés par plusieurs écartelements, tous avaient leur place là-haut. Mauvais ou méchant, on se retrouvait tous un jour. Et il ne se passait pas une soir d'observation sans qu'Arthéos ne lorgne toutes les étoiles, une à une, espérant revoir les yeux bleus de sa mère... Mais le temps passait et les pupilles s'éloignaient, ne devenant qu'un vague souvenir, un point dans l'horizon, un reflet dans le miroir en fixant ses propres yeux.

Le garçon finit par retirer sa chemise et rabattre la couverture sur son torse nu. Le lit était petit et il dut dormir recroquevillé mais cela l'importait peu. Il avait un matelas et une chambre à lui, comme à Chaumont ! Il eut une légère pensée pour son professeur et le curé... Où étaient-ils ? Que faisaient-ils ? Un soupir et le sommeil l'attrapa.

A l'aube du second jour, les heures passaient et le domestique dormait toujours. Le soleil avait beau chatouiller ses narines, le jeune homme se tournait de l'autre côté. Onze heures, midi et le sommeil le tenaillait. Un rêve doux, enclin à la folie et à la douceur, maintenait son cerveau en hibernation. Des formes, belles et voluptueuses entouraient le domestique, perdu dans un endroit sombre. Lorsqu'il avançait la main vers l'une de ces silhouettes, des images s'emparaient de lui et lui montraient le passé. Certaines, il en était certain, ne s'étaient pas encore déroulées. Elles étaient pour le moins déroutantes... S'approche, s'approche... Poignard levé, brillant d'une lueur venue de nulle part et qui le transperça. Son coeur ne battait presque plus. Boum... boum...

BOUM ! BOUM ! BOUM !

On frappait à sa porte. Il ne savait plus où il était.

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Ana.lise


Des heures de dur labeur, des heures de douleurs et d’angoisse dont l’issue avait tardé à se manifester, des heures à perdre tous ses repaires et croire que ses forces allaient l’abandonner pour finalement recevoir le plus beau cadeau du monde. Petit bonhomme qui poussa un cri parfait dès que ses poumons eurent avalé leur première goulée d’air avait été étendu sur le ventre de sa mère à peine sortit de ce cocon qui l’avait protégé pendant ces neuf mois durant. Et d’un sourire émerveillé, les larmes aux yeux, fatiguée mais émue, toute submergée par cette bouffée de bonheur qui l’assaillait, Ana.Lise avait rendu les armes et s’était laissée envahir par cette vague d’émoi qui balayait tout sur son passage, la laissant frémissante et sans défense. D’abord hésitante, elle avait posé délicatement sa main sur la tête de son enfant cherchant dans le regard de son époux si ses gestes étaient appropriés puis sans attendre d’y lire une quelconque réponse, la jeune femme avait caressé la joue de son fils avant qu’on ne le lui enlève afin de le présenter à son père et de le parer.

Tendre moment dans la vie d’une femme, nouvelle étape franchie non sans appréhension mais franchie tout de même, Ana n’avait pas eu le temps de s’extasier que les affaires courantes de la famille se manifestaient déjà au loin. Eclatée la petite bulle d’euphorie dans laquelle la duchesse s’était glissée afin de protéger ce nouveau bonheur. Ana avait donc suivi le mouvement et deux jours après son accouchement, la voilà qui s’installait à Troyes avec arme, bagages et famille le tout complété de son fidèle Arthéos qui la suivait comme son ombre depuis plusieurs mois déjà. Son ombre comme elle aimait à le nommer, silencieux et pourtant d’une présence incontournable dans le sillage de la duchesse. Jeune homme aux remarques touchantes et tombant toujours à point nommé qui contrairement à ce que certains pouvaient penser n’était pas là pour distraire la jeune femme mais bel et bien l’aider chaque jour que le Très-Haut leur faisait vivre.

Et elle ne le ménageait pas le pauvre surtout du temps ou incapable de se mouvoir correctement, elle devait faire appel à lui constamment et pour la moindre broutille ce qui avait le don de déranger Ana qui n’avait pas l’habitude de dépendre autant des gens. Ceci dit, en contrepartie, elle lui accordait du temps pour lui mais son dévouement sans bornes étonnait toujours un peu plus Ana au point qu’elle le laissait entrer dans sa vie en se confiant tout doucement à lui, en l’intégrant à cette maison qui était la sienne désormais et sans Arthéos, la jeune femme savait que ses journées seraient souvent entachées de solitude.

Aussi, quand après avoir installé son petit peuple dans l’ancienne taverne appartenant au duc qu’il avait repris, la duchesse les laissa vaquer à leurs occupations personnelles, s’occupant exclusivement de son fils. Pas question pour elle de le laisser entre les mains d’une nourrice. Non pas qu’elle n’eut pas confiance en ces femmes qui avaient le mérite d’élever les enfants des autres mais son fils était son premier enfant et la jeune femme ressentait le besoin d’être là pour lui. Comment en aurait-il été autrement ? Ana avait élevé les enfants de son époux ces dernières années ainsi que la petite Elyaëlle qu’il avait adopté alors elle ne pouvait qu’être attaché à son sang. Et la journée passa sans incident cédant la place à la nuit qui vint revêtir son manteau sombre sur la ville parsemant des étoiles de fatigue sur Ana qui ne demanda pas son reste. Le rythme que lui imposait Sigebert l’avait rendu friande du moindre moment de repos aussi la jeune femme en profitait.

Mais le lendemain, dès l’aube, réveil en fanfare de cris et de pleurs, Ana commençait sa journée sans demander son reste. Puis la matinée s’installa et quand le clocher sonna ses douze coups afin de prévenir qu’il était temps de faire une pause méritée, la duchesse commença à se faire du souci concernant son valet. Point d’équilibriste des mots à l’horizon, point de magicien de la répartie dans la taverne, où pouvait bien être passé celui qui égayait la vie de la famille d’Izard ? Confiant Sigebert à Ely, Ana chercha un moment avant de se rendre compte qu’elle n’avait entendu aucun bruit depuis la veille où il avait filé droit dans son domaine qui se composait d’une chambre à l’étage de la taverne. D’un pas décidé, la jeune femme s’arrêta devant la porte de cette dernière et donna plusieurs coups bien senti sur le bois.


BOUM ! BOUM ! BOUM !

Arthéos, tu te caches par là ?


Et sans plus attendre, Ana ouvrit la porte d’un coup violent afin d’en avoir le cœur net. Si son valet avait disparu elle voulait pouvoir faire le nécessaire rapidement afin de le retrouver. C’est qu’il était hors de question qu’on le lui arrache et il ne serait pas parti sans le lui dire.

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Artheos


Quelle affreuse vision que celle de ce poignard luisant d'une lueur obscure. C'était une lame à un seul tranchant, aiguisée pour l'occasion. Mais à qui donc était cette main qui frappait sans cesse le pauvre Arthéos ? Elle était gantée de noir et les doigts étaient fins et longs. Longeant le bras, on parvenait à la silhouette, à cette ombre assassine... De larges épaules, une carrure imposante, des vêtements sombres et inquiétants... mais l'immense bure qu'il portait était dotée d'une épaisse capuche qui cachait son visage des plus secrets. Seuls des yeux perçants brillaient dans son obscurité perdue et pleine de mystères... Un coup... deux coups... une certaine douleur dans ses entrailles transpercées et le valet tomba par terre, sur ce sol méconnu, si froid et si noir... Avant de fermer les yeux une dernière fois, Arthéos vit les bottes de son agresseur... qu'importait vraiment cette vision car un autre coup lui fut porté et il chuta. Au-delà de ce faux plancher, loin de cette scène, une falaise, de l'eau, des récifs... Souvent le même rêve en somme...

Et VLAN ! BOUM ! La première onomatopée fut celle de la porte fracassée par Ana.Lise, la seconde, celle d'Arthéos, tombant du lit. Empêtré dans ses couvertures, le jeune valet apeuré et essouflé par un tel rêve, ne parvenait plus à trouver sa respiration. Par chance, il trouva bientôt un coin d'air par lequel s'enfiler et sortir la tête. Il prit premièrement une profonde respiration et se leva, plutôt frêle et tremblant, les cheveux en bataille, les yeux vifs, cherchant un point de repère depuis le monde de chaos qu'il avait parcouru. Son regard se posa sur Ana.Lise qui se trouvait à l'encadrement de la porte. Ne comprenant pas immédiatement la situation, la gêne arriva bien vite. Bien qu'il ne soit que torse nu, il avait honte de se faire voir ainsi par sa maîtresse. Il rougit terriblement et s'assit sur le côté de son lit, remontant la couverture du sol afin qu'elle le cache un peu. Sa chemise était trop loin pour qu'il la prenne, il aurait fallu passer devant la duchesse et il en était hors de question. Non pas qu'il ne lui fasse pas confiance ! Mais la chose était difficile à entrevoir. La pudeur devenait sacrée à cette époque, et le jeune Arthéos en pâtissait bien qu'il n'ait point de désavantage physique, bien au contraire. Baissant les yeux sur un corps qu'il n'aimait pas, les mots semblaient lui revenir.

"Il doit... être tard... ma dame je... je m'en excuse...

Pour palier à ses émôtions, il enfila ses chausses, ne quittant pas le rebord du petit lit, et tenta un regard vers Ana.Lise qu'il dévia aussi vite vers sa fenêtre.

"J... je... je fais toujours les mêmes rêves... des cauchemars... affreux... mais pourquoi est-ce que je vous raconte cela... vous n'en avez cure...

Il tenta un faible sourire avant de trouver la force de la regarder plus longuement. Après tout, elle était son guide, elle était celle qui l'avait sauvé. Celle qui le nourrissait, qui le logeait, qui le payait, qui lui faisait confiance. Il était son obligé et ne devait rien lui cacher, encore moins lui mentir ! Troyes était une ville ignoble lui avait dit Ghost. Etait-ce possible qu'Arthéos ressente cela par ses songes ? Réticent à cette idée, le jeune homme ne dit plus rien. Il se demandait même s'il ne causait pas plus de soucis à Ana.Lise qu'elle n'en avait auparavant... Terrible pensée qui lui assénait des coups de poignard plus atroces que ceux dans ses rêves.

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Ana.lise


[Quand les peurs prennent vie !]

Trop tard. Il était trop tard pour qu’elle rebrousse chemin. La duchesse était entrée dans l’antre de son valet et ne s’était pas attendu à un tel spectacle. La jeune femme était parfois des plus impulsives et sans crier gare pénétrer dans une chambre d’homme même s’il s’agissait de son domestique lui était apparu comme étant une bonne idée sauf qu’au vue de la situation, si quelqu’un la découvrait ici, il y aurait de quoi choquer les biens pensants de Champagne. Heureusement, la jeune femme n’avait cure du « quand dira-t-on » qui n’arrêterait pas de galoper même si elle était enfermée chez les nonnes. Et puis ça commençait à l’amuser de souffler le chaud et le froid sur certaines personnes qui n’avaient pas plus de cervelle qu’une dinde et qui au final ne la connaissaient même pas, bien qu’elles se glorifiaient du contraire. Une seule personne pouvait s’enorgueillir de savoir qui elle était et c’était celui qui partageait sa vie depuis plus d’un an, son ami et époux, le duc de Sedan. Sortant de ses pensées qui battaient l’immense campagne de son cerveau, Ana releva la tête et se rendit compte qu’elle avait déjà une botte dans la pièce quand le bruit sourd qu’elle venait d’entendre l’arrêta net. Et ce fut une forme indéfinissable qui se mouvait devant elle lui faisant écarquiller les yeux.

Mais…. Arthéos ?

La tête de son valet, les cheveux hirsutes, le visage encore endormi, les yeux surpris de ce qu’il se passait lui firent face et la jeune femme secoua la tête. Décidément, rien n’était simple avec le jeune homme qu’elle avait recueilli depuis quelques mois déjà mais au lieu de s’offusquer de la situation, Ana trouvait cela touchant. Il avait cette grandeur d’âme et cette naïveté qui en faisait un être à part, en dehors du temps et de leur monde. Et malgré le fait qu’il rougissait, elle avait appris à percevoir les signes de gênes chez Arthéos et le devinait sans qu’il est besoin de lui faire part de cette confusion, elle semblait préoccupée par son absence du matin. Ce n’était guère dans les habitudes du valet que de manquer à l’appel et la jeune femme voulait en discuter avec lui mais cet embarras dont il faisait preuve l’empêcherait de répondre à ses questions, elle en était pratiquement certaine aussi, délicatement, après avoir surpris ce regard fuyant se glisser vers la chemise qui trônait sur une des chaises de la pièce, Ana.Lise se déplaça de quelques pas, tournant le dos au jeune homme afin qu’il puisse se sentir un peu plus dans son élément puis l’entendant parler de cauchemars, lui tendit sa chemise tout en attendant qu’il la passe.

Pour commencer, mets-ça sur ton dos. N’importe qui pourrait entrer ici et cela ferait encore tout une histoire parce que tu oses montrer ton torse à une dame. Tsssssssss…


Soupirant, la duchesse attendit, sensible aux mouvements qui résonnaient dans le silence de la pièce, qu’Arthéos soit à son aise pour lui faire face et là, elle reçut en plein cœur cette tristesse qu’elle le lui avait déjà découverte au fond des yeux et en fut navrée. S’approchant à pas lents auprès de lui, elle posa une main sur son épaule la refermant doucement.

Arthéos, tout ce qui te touche m’est important et tu le sais n’est-ce pas ? J’ose imaginer que nous avons développé une relation bien plus ouverte que celle de simple maitre/domestique et ce qui t’arrive m’importe, surtout quand cela te met dans des états pareils.

S’arrêtant un instant, Ana prit une profonde respiration avant de reporter son attention sur le brun. Il aurait été facile de s’assoir à ses côtés afin de faire un petit brin de causette et comprendre ce qui ne tournait guère rond dans son esprit en ce moment, le torturant au point de lui imposer la vision de ses frayeurs dans son sommeil mais elle dut reconnaitre que ce n’était guère sa place. Déjà parce que c’était un homme et qu’une femme mariée n’avait pas à s’y rendre et deuxièmement, elle désirait ardemment qu’Arthéos ne soit pas dérangé par ses attitudes parfois infantiles. Elle mettait déjà suffisamment son mari dans des situations pas possible pour impliquer encore d’autres personnes. Cette fois-ci, ne laissant pas le temps au valet de répondre, elle se redressa vivement puis tourna les talons afin de se diriger vers la porte.


Arthéos, je t’attends dans cinq minutes en bas. Tu vas prendre un solide en-cas et nous allons parler. Il y a quelque chose qui t’effraie et je pense que cela suffit. Depuis notre rencontre avec ce malandrin, tu as du mal à reprendre tes esprits et nous vivons dans la peur de le recroiser un jour. Je dis stoppe, j’en ai assez… et puis j’ai une idée qui va nous occuper une bonne partie de la journée et dont il faut que je te fasse part… Mais silence, je ne veux en aucun cas qu’on vienne mettre son nez dans nos affaires. Il y a assez de vipères qui crachent leur venin autour de nous pour qu’en plus on leur offre de quoi nous atteindre mon ami.

Cette fois-ci, le froissement d’étoffe se fit plus vif et Ana.Lise disparut dans l’embrasure de la porte. Passage obligatoire afin de s’assurer que son fils dormait dans sa chambre, elle resta quelques instants à admirer ce petit être innocent que rien ni personne n’avait encore osé abîmer et elle se promit que tant qu’elle serait vivante, elle se mettrait en travers de la route de quiconque essaierait. Puis refermant délicatement la porte, elle se retrouva dans la salle de la taverne en moins de temps qu’il faut pour le dire.


[Petit complot entre amis]

Artheos était apparu peu de temps après qu’Ana.Lise se soit installée devant une coupelle de fruits, son péché mignon depuis toujours. Grapillant quelques morceaux sans vraiment y prendre gare, elle avait l’esprit ailleurs. La souffrance dans laquelle semblait s’enfermer Arthéos ne lui disait rien qui vaille et la rendait vraiment malheureuse. Elle aurait tant voulu changer les choses pour lui-même car s’il restait à son service, elle désirait qu’il se sente en confiance et qu’il puisse poser son baluchon sans peur du lendemain. Ce qui, malgré ses efforts, ne semblait pas encore le cas.

Portant un morceau de pomme encore juteux à ses lèvres, la jeune femme se redressa quand elle vit enfin arriver le brun. Elle détailla ses traits tirés et la fatigue qui se lisait encore sur son visage aussi, faisant fit de la bienséance, elle poussa un bol remplit de lait devant sa place encore vide puis lui donna quelques tartines qu’elle avait soigneusement préparé en l’attendant. Une, deux, trois… peut-être avait-elle vu grand mais après tout, il n’était plus un enfant et son corps réclamait sans aucun doute son dû. Prenant le temps de le regarder s’installer, elle se cala le dos contre le dossier de sa chaise, musela l’envie de lui faire passer un interrogatoire en règle, tritura ses mains puis cédant à sa curiosité, elle se lança.


Bien maintenant, tu vas me dire ce qu’il ne va pas Arthèos. Crains-tu quelqu’un au point que ton sommeil soit envahit de cauchemars ? Serait-ce en relation avec… enfin tu vois ce que je veux dire ?

Prenant une nouvelle cuillerée de fruits dans sa bouche, la belle s’empressa d’en avaler le contenu. Mieux valait ne pas prononcer certains faits récemment arrivés afin de ne pas se trahir ou déclencher le courroux de son époux. Arthéos et elle-même avait déjà eu bien à faire avec la gestion de leur « petit mensonge » pour ne pas remettre ça. Quoique c’était à se le demander puisque la duchesse avait encore dans la tête quelques tours dont elle avait le secret. Laissant le temps à son valet de répondre s’il le souhaitait, jamais elle le brusquerait dans son désir de garder secret son passé et ses états d’âme, elle reprit plus doucement, se penchant en avant comme elle l’avait fait à l’époque où ils s’étaient rencontrés, dînant au coin du feu dans une taverne de Compiègne. A croire que lorsqu’ils étaient ensemble, le valet et sa jeune maîtresse avaient un goût prononcer pour le secret. Un sourire vint fleurir les lèvres d’Ana et cette dernière continua.

Mon ami, tu parleras lorsque tu seras prêt. Je serais toujours là pour t’écouter mais en attendant je vais avoir besoin de toi… humm je pense que nous allons avoir du pain sur la planche au vu de ce que j’ai dans la tête…

Baissant d’un ton, jetant un coup d’œil circulaire à la pièce, Ana.Lise se frotta les mains l’une contre l’autre.

Tu te rappelles de… la dame que nous avons rencontré l’autre jour à Conflans et ici-même. Ah, je suis ravie que tu t’en souviens, au vue de ce sourire que tu arbores…. Et tu te souviens de toutes les questions que nous lui avons posé et de notre intérêt grandissant pour ce qu’elle fait. Et bien nous allons nous y entraîner. L’idée ne plait guère au duc…

Au souvenir de leur conversation, la jeune femme fit une moue d’enfant gâtée à qui l’on interdisait de se divertir avec son jouet favori. Mais bientôt son expression hautaine se transforma en défi et rapidement, les yeux pétillants de malice, la duchesse reprit.

Il nous faut un terrain, il nous faut une armure, quelques bottes de foin afin d’amortir les chutes et une épée. La mienne a été rangée à la mairie, mon époux préférant me savoir armée de ma langue acérée plutôt que d’une lame, j’ai du la lui confier… Donc dans un premier temps, nous allons devoir trouver le lieu adéquat et l’aménager. Je te charge de cette mission Arthéos. Tu es adroit pour dénicher l’inimaginable alors mon ami, il est temps de mettre tes compétences à notre service !

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Elyaelle


[Bébé mode d’emploi, jeune fille prête à marier Acte I ]

La journée était belle, la journée était ensoleillée et la gamine en aurait bien profité pour se faire la malle loin du QG de la famille d’Izard et de ses parents qui tenait ABSOLUMENT à la marier. Oui mais voilà, elle n’était pas partie assez tôt.
Et a peine sorti de sa chambre, Elyaëlle était tombé nez a nez avec sa mère qui lui avait aussitôt confié Sigebert avant de partir à son tour.
Alors non content de vouloir la marier, voilà maintenant qu’ils voulaient lui apprendre à s’occuper d’un bébé… Décidément, pourquoi n’était-elle pas partie plus tôt ?

Adieu rêve d’évasion, d’escapade, de grimpage aux arbres et chasse au nescargouille. Quoique pour le dernier se serait presque pareil, son petit frère ressemblait a quelque petit détail près à ses chères bestioles.

Prisonnière de la chambre du bébé, La gamine lança un regard dubitatif au bébé qui venait d’ouvrir les yeux….
Bien jolie tout ca…
Vrai qu’il était meugnon le petit frère, avec ses petite prunelles, son petit nez, son sourire édenté… Il avait de quoi faire craquer toute les jolies filles... Mais le problème c’est que...

Comment ça fonctionne un bébé ?

Ben oui quoi ? On n’apprend pas ce genre de chose au Collège. Et puis, mise a part la castagne, la chasse au Castor Garou, ou l’équitation, il n’y avait pas grand-chose qui l’avait intéressée non plus. Alors si ca se trouve, la leçon « bébé » elle l’avait oublié.

En attendant….

Elyaëlle se pencha sur le berceau du bébé et le regarda droit dans les yeux, comme sa mère et son père lui faisait quand ils avaient quelque chose de très important à lui dire :

-Bon je te préviens, on va passer un accord toi et moi…

Regard faussement sérieux et la fillette repris :

-Moi j’y connais rien en bébé, mais en nescargouille je suis la reyne ! Et les nescargouille, ca bave, ca mouille, ca dort mais ca pleure pas alors… Tu ne pleures pas !

Hochement de tête pour appuyer ses dires face au bébé qui lui adressa son plus beau sourire.

-J’en étais sûre en se comprend tout les deux ! Lui répondit la fillette en lui déposant une bise sur le front.

Finalement ce n’était pas si compliqué de s’occupe d’un p’tit frère.


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Artheos



L'auberge

Arthéos accepta d'une main tremblotante la chemise tendue par Ana.Lise. Il glissa un léger et essoufflé merci avant d'enfiler le vêtement. C'était certain : si quelqu'un entrait dans la pièce, les rumeurs vagabonderaient telle une charge de cavalerie. Imaginons pire scénario : si Ghost pénétrait dans la chambre... Quoi imaginer ? D'horribles souffrances ? La mort immédiate ? Tout seul ? Avec Ana.Lise ? Qui sait... déjà que le duc entendait des voix dans sa tête... si celle-ci le persuadait de les tuer, sa raison s'évaporerait pour cette douce folie... Rien qu'à ces pensées, le jeune homme frémit encore plus. La duchesse se retourna alors et s'approcha de son valet qui tenta un triste sourire malgré tout. Mais il devait avoir l'air d'un chien malade car il n'inspira à la baronne que pathétisme et questionnement. Elle posa même l'une de ses douces mains sur l'épaule recroquevillée du jeune homme... Ce geste lui inspira confiance et une légère gêne. Il était étrange de voir à quel point on se montrait sensible au toucher d'une chose peu ordinaire. Le contact d'un objet par exemple ne surprenait pas. Au contraire, cette main, seulement cinq doigts et quelques phalanges, constituait une gêne... surtout quand c'était le geste d'un noble envers un domestique...

Un léger silence s'installa puis Ana.Lise se leva subitement et quitta la chambre laissant des instructions à Arthéos. Une idée ? Oh cela, elle en avait tout le temps la duchesse. Parfois des bonnes, parfois des mauvaises. L'une de ses meilleures fut de le prendre à son service... les mauvaises... disons qu'il se rappelait d'une en particulier... la folie du mouton et du jardinier... La chasse à l'ovin dans Chaumont. Quel souvenir fabuleux. Arthéos avait su calmer le sang bouillonant de sa maîtresse et sauvé un pauvre mouton presque innocent... Mais le prix fut assez terrible. D'accord il avait secouru la bête d'une sulfureuse tueuse à la lame facile, mais cette dernière lui ordonna qu'en retour, le domestique devait lui ramener sa laine ! Et la bataille commença dans la bergerie... le loup qu'était Arthéos était un très mauvais chasseur. Toutefois après plusieurs cascades, la tonte fut réalisée et c'est un domestique épuisé, sale, poussiéreux et recouvert de paille qui l'emmena à une duchesse qui retint difficilement son rire...

Ana.Lise quitta pour de bon la chambre et Arthéos se retrouva seul. Apeurante perspective pour lui après ce cauchemar. L'armoire qui grinçait toute seule, le plancher craquant, tout terrifiait le jeune homme et cette solitude ne faisait qu'aggraver son état. Seigneur, il fallait qu'il parle, qu'il se confie. Mais de quoi au juste ?! Que redoutait-il ? De quoi avait-il peur ? Ce brigand croisé à Reims l'avait-il terrorisé à ce point ? Ou était-ce toute autre chose ? Il était incapable de le dire... Dès qu'il fermait les yeux, dès qu'il sourcillait, il voyait la dague s'élevant dans les airs. Une scène atroce, une scène qui lui dressait les poils et parcourait son dos d'une sueur perçante et glaciale. Qu'avait-il donc fait pour mériter cela, pauvre qu'il était ? Lui le gentil, le sympathique, l'innocent, l'ange... il éprouvait remords, mépris, culpabilité et décadence... Tant de paradoxes, tant de contradictions, tant de pensées dans une si petite tête... Est-ce que tout cela tournait rond au moins ? N'y avait-il pas d'angles droits ou de virages difficiles à prendre ? Non... Arthéos était bien, nul trouble ne circulait dans son cerveau, merci bien.

Doucement, Arthéos enfila ses chausses et les laça. Il tremblait moins mais la peur était toujours présente. Le vent qui s'infiltrait par les interstices de la fenêtre le fit sursauter et il quitta rapidement sa chambre. Idiot pensait-il, toi qui aimes tant le vent qui s'insinue dans tes cheveux et caresse ton visage d'une douceur sans fin, voilà que tu en as peur ! Hochant la tête il descendit les escaliers vers la pièce de la taverne. Ana.Lise était là, resplendissante, assise à une table. Il se dirigea vers elle, tentant un vain sourire. Une fois assis, il vit devant lui un bol de lait et rien que trois tartines. Il regarde la duchesse et fut très touché de cette attention. S'installant, il ne put que la regarder et l'écouter. A sa question, peut-être était-ce insolent mais le jeune homme ne put se résoudre à lui répondre... Pour le lui faire comprendre, il entama une tartine bien que l'appétit soit absent. La baronne avait dû voir la gêne et les yeux vides du valet, elle enchaîna alors immédiatement sur son idée. Elle se pencha vers lui et il crut revivre cette soirée à Compiègne, où elle l'avait sauvé.

Elle le rassura, comme à son habitude. Il avait tant besoin de confiance en soi... Puis elle lui parla de pain sur la planche. Voilà qu'il allait devoir agir. Combien de fois avait-il entendu cette phrase. La suite l'intéressa alors grandement. Ana.Lise regardait si personne n'était autour d'eux. Les secrets recommançaient... oh pourvu qu'il n'ait pas à mentir au duc, il détestait cela. La duchesse exposa alors ses plans. L'entraînement aux joutes ! Cela faisait longtemps qu'ils n'en avaient plus parlé. Amusé, l'appétit revint et le domestique termina sa première tartine. Un terrain, une armure, des armes, des bottes de foin. La chose ne devait pas être sorcier. A la fin de la discussion, les tartines furent englouties, le sourire franc et joyeux revint même sur les lèvres du valet.

"Vous pouvez compter sur moi.

Troyes

Arthéos avait parcouru tous les forgerons de la ville. Il regardait leurs façons de travailler et surtout leurs têtes. Il fallait qu'ils soient aimables et gentils... Il fallait mieux piocher chez les plus âgés. Un homme à la moustache blanche et au visage rubicond lui parut très abordable. Le domestique s'approcha de sa forge et fit semblant de s'intéresser à quelques expositions, auxquelles il ne connaissait strictement rien.

"Sieur le Forgeron... peut-être pourriez-vous m'aider...

L'homme parut d'abord réticent mais il accepta finalement. Le marché conclu par une poignée de main symbolique entre les deux misérables. Arthéos aurait une armure pour femme et deux épées contre des services rendus au forgeron. Il devrait entre autre, livrer des commandes pour lui faire gagner du temps. Quelle aubaine ! Il ne s'était pas trompé sur ce brave homme qu'il salua. Le domestique devait repasser le soir afin que le fabriquant ait le temps de trouver les pièces d'une même armure et d'aiguiser deux lames de bonne misère.

Dans Troyes, Arthéos vagabondait alors vers les écuries. Du foin, il y en avait en pagaille ! Mais toute n'était pas de la même qualité et certaines ne ressemblaient à rien pour tout dire... Seules les bottes d'une maison bourgeoise paraissaient convenir. C'étaient celles-là donc qu'il emprunterait. Quant au terrain d'entraîment, il fut facilement trouvé. A l'écart de la ville, à la lisière de la forêt, là où personne ne mettait jamais les pieds excepté pour se rendre dans cette partie des bois, se trouvait un endroit magnifique. Plat et légèrement en pente, à l'herbe douce et verte, le lieu accueillerait parfaitement les combats. Tout était donc réuni. Et en une seule après-midi ! Fier qu'il était le Arthéos ! Il rentra à l'auberge où il exposa ses découvertes à sa maîtresse. Non sans une certaine réticence, les deux amis arrêtèrent qu'ils emprunteraient donc les bottes de foin de ces bourgeois. Et le valet fut envoyé à la rescousse.

La nuit, après être passé chez le forgeron et que ce dernier lui ait fourni les armes, le jeune homme déposa le matériel au terrain, caché derrière un arbre. Puis, près de ces écuries, après que la maréchaussée ait fait sa première ronde, Arthéos s'engouffra dans le domicile des fiers chevaux. Ils n'émirent aucun dérangement quand ils aperçurent le jeune homme. Il fallait dire qu'il avait acquis une certaine notoriété chez les équidés... Une à une, les bottes furent volées. Le pauvre Arthéos les portait sur son dos jusqu'au terrain d'entraînement. Les maréchaux ne virent rien et il en fut bien content ! La nuit était profonde et obscure. La dernière botte, enfin ! Tout était prêt. L'armure, les armes, les bottes, le terrain... il avait accompli sa mission. Le valet déposa le foin et tomba à genoux sur l'herbe.

"Je... suis... fatigué...

Et sans plus un mot, il s'étala par terre. Mi sur le sol, mi sur le foin, il s'endormit ici. Très dangereux le domestique ! Surtout si on le découvrait... mais il n'en avait cure. Sa mission était réussie, la terre pouvait maintenant s'écrouler... il dormait.

La nuit s'écoula, le soleil cmmençait à pointer ses rayons, l'endroit devenait incertain pour le dormeur du val, tranquille.

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Ana.lise


[Il n'y a rien de tel qu'un peu de vérité pour masquer un mensonge. (William Congreve)]

Vaquer à ses occupations était encore la meilleure solution afin de ne pas éveiller les soupçons de son entourage surtout concernant la petite affaire qu’elle menait avec Arthéos et il fallait bien l’avouer, Ana maitrisait très bien cette notion de discrétion qui la caractérisait si bien. De toute manière, rares étaient les fois où on pouvait dire ce que pensait ou faisait la duchesse. Offrant un sourire de circonstance en toute occasion, elle s’était construit un joli masque d’apparence donnant le change la plupart du temps à celles et ceux qui la croisaient. Elle dissimulait ainsi ses ignorances ou ses incompétences, n’ayons pas peur des mots, tout comme ses désirs les plus secrets à la face du monde. La pauvre n’était pas née avec la science infuse comme d’autres, n’en déplaise à certains, et avouait humblement qu’elle ne maîtrisait guère telle sujet ou telle discipline se mettant elle-même en porte-à-faux. Toutefois, lorsqu’on connaissait un peu la jolie brunette, on savait que c’était là le cadet de ses soucis. Elle avait reçu une très bonne éducation et ne connaissait pas l’étiquette sur le bout des doigts et alors ? Cela faisait-il d’elle une personne à mettre de côté pour autant ? Elle en doutait mais certains aimaient à le penser. Qu’ils pensent donc, Ana ne leur donnerait aucune information afin qu’ils n’aient aucune prise sur elle et sa vie.

Passant outre ses petites incompétences et autres difficultés dans l’apprentissage de livres trop ennuyeux pour avoir un quelconque intérêt à ses yeux, la duchesse avait des idées bien arrêtées et lorsqu’elle se mettait à désirer quelque chose, il fallait se lever de bonne heure afin de pouvoir l’arrêter. Et là, depuis quelques jours, rien ni personne ne voyait le petit manège qu’elle faisait avec son valet qui la servait et la suivait les yeux fermés. Quel duo magnifique ils formaient, quelle plaie ils étaient pour la tranquillité d’esprit du duc qui devait constamment les tenir à l’œil afin de parer à toute éventualité. Mais jusqu’à ce jour, Ana.Lise avait réussi à calmer les doutes de son époux en lui affirmant que le jeune Arthéos et elle-même se tenaient calmes et sereins tout en profitant de la ville comme personne. Ah ça, pour profiter, ce n’était pas un vain mot dans leur bouche. Et ce fut donc avec des sourires faussement enjoués que la jeune femme traversa cette dernière journée apportant conversations et amitiés à quiconque le demandait. Le soir même Arthéos avait une mission de la plus haute importance et la brunette espérait bien qu’il la remplirait avec brio.

Les heures s’étaient écoulées d’une lenteur à faire peur au plus sage des ermites puis la nuit s’était installée. Ana avait expliqué à son époux qui s’inquiétait de l’absence du valet que ce dernier avait souffert durant son sommeil de cauchemars et qu’elle lui avait conseillé de prendre l’air avant de se glisser dans son lit. Vérité à demi révélée puisque Arthéos faisait réellement des rêves des plus étranges et inquiétants au grand damne d’Ana qui voyait chez le jeune homme quelques inquiétudes quant à vivre à ses côtés. Le duc avait donc accepté cette explication sans trop rechigner pour une fois et la brune, le cœur léger de cette attitude qu’il lui offrait, n’avait pas demandé son reste pour le convaincre qu’une soirée en tête à tête leur était réservée. Quant femme veux, elle obtient toujours ce qu’elle désire.


[Tout peut arriver, du pire comme du meilleur !]

Nouvelle journée qui pointait son nez, nouvelle disparition d’Arthéos. Décidément, il avait le chic pour disparaître sans demander son reste l’animal aussi Ana ne s’était pas faite priée pour venir toquer à sa porte de chambre à peine réveillée, s’assurant ainsi que le valet était bien rentré au bercail. Malheureusement, la couverture n’avait pas bougé d’un pouce et la pièce était vide de vie. Les sens en alerte, la brune eut un moment de panique avant de rejoindre la grande pièce commune où tout le monde se réunissait le soir afin de refaire le monde et surtout Troyes à leur manière, faisant découvrir à chacun leurs espoirs et leurs rêves. Une fois encore tout semblait encore endormi et Ana.Lise sentit un frisson d’effroi la saisir. Le temps que tout le monde se mette à ses occupations respectives, la dame donnait le change à sa manière et puis ce fut la découverte. Un petit feuillet avait été glissé entre ses laines de couleurs dont elle se servait pour broder. Dépliant rapidement le mot, elle reconnu immédiatement l’écriture d’Arthéos. C’est qu’il avait reçu une éducation et ce petit détail plaisait à la duchesse qui se félicitait chaque jour de l’avoir pris à son service. Posant donc les yeux sur le feuillet déplié, elle y lu quelques instructions afin de pouvoir se rendre au lieu de rendez-vous. Telle une enfant, Ana sentit chaque fibre de son corps vibrer sous l’excitation du secret et de la cachoterie. Il ne lui en fallait pas plus pour débouler comme une tornade dans sa chambre, à la recherche de braies et d’une chemise. Bien sûr c’est toujours lorsqu’on a besoin de quelque chose qu’on ne le trouve pas et Ana dut emprunter une des camisoles de son mari. Ni vue ni connu la belle se vêtit, attacha sa longue chevelure qu’elle natta auparavant, enfila des chausses avec rapidité puis jeta une cape sur ses épaules avant de sortir dans la rue. Son fils était sous bonne garde avec la petite Ely qui apparemment prenait du plaisir à le surveiller et à jouer les «petite maman. »

Se faufilant dans les ruelles de Troyes, capuche rabattue sur son visage, Ana louvoyait entre les voyageurs, les gueux et autres commerçants qui s’étaient déjà donnés le mot afin d’envahir les rues de la cité. Rien n’aurait pu la détourner de son objectif aussi pressa-t-elle le pas afin d’arriver le plus vite possible. Toute cette histoire prenait des proportions complètement folles mais si distrayantes qu’elle en oubliait même un certain détail. Effectivement, si le duc venait à l’apprendre, le duo infernal risquait de passer un mauvais moment. Arrivée en vue de la clairière, Ana vit Arthéos assis sur une botte de paille, attendant l’arrivée de la dame. Heureusement cette dernière avait pris quelques provisions afin de caler les estomacs qui demanderaient à coup sur grâce rapidement aussi prenant à peine le temps de le saluer, elle déposa sa besace de cuir à ses côtés avant de se précipiter sur les épées et armures qu’il lui avait ramené.


Oh mon dieu, tu as réussi mon ami…

Et ni une, ni deux, Ana.Lise avait déjà saisi une lame dans sa main afin de la soupeser et de faire quelques mouvements circulaires droit devant elle. Les jeux du cirque allaient pouvoir commencer.


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Artheos


Assoupi dans la paille, Arthéos était bien. Plus aucune douleur, plus da fatigue, seul le sommeil. Un sommeil revigorant, et pour une fois, aucun cauchemar ne vint le perturber. Il voguait sur ses mers solitaires où les vents de ses cavernes, le bonheur de ses nuages et le soleil de ses sourires nourissaient chacun de ses songes. Aucun poignard, aucune silhouette apeurante, aucune ombre ne troubla son repos. Il était dans un lieu unique, un lieu qui n'existait pas sur terre, il en était certain. Tout était immense. Les proportions n'étaient plus respectées, le temps ne passait plus, on ne vieillissait pas sur ce monde. Les fleurs étaient éternelles, leurs beautés ne s'estompaient pas dès le lendemain de leur floraison, tout comme l'homme. A peine jeune, qu'il est déjà vieux. A peine sait-il qu'il meurt... Il n'y avait rien à apprendre en cette terre de rêve. A part le nom des fleurs. Immenses tulipes, énormes narcisses, imposantes pensées, forêt de roses... Il n'y avait qu'une seule saison, le printemps. Rien ne dépérissait, tout résistait sans difficulté. Mais l'utopie était trop belle et seul un méritant avait pu s'y rendre. Un jeune garçon dont l'amour, la tendresses, la gentillesse n'avaient d'égales. Son nom, Arthéos. La vie d'un valet, le travail des mains, une vie de peines et si peu de plaisirs, portant des plateaux lourds à ses mains d'enfant. Et les vies tournaient comme la jeunesse et la joie.

Allongé sur un pisenlit d'environ dix mètres de haut, Arthéos regardait le ciel doré. Vêtu comme dans sa vie antérieure, il était bien. Sa main gauche accueillait sa tête d'éternels sourires. Ses yeux étaient tellement émerveillés qu'ils n'arrivaient pas à suivre la beauté qui défilait devant eux. Une infinie lueur s'échappait d'eux et vagabondait à vive allure. Ce rêve était curieux car si on suivait le bras droit d'Arthéos, on s'apercevait qu'il suivait son flanc jusqu'à sa main qui en tenait une autre. Dix doigts entrelacés mystérieusement. Outre ceux du valet, il y en avait des plus fins, plus petits et plus raffinés. Ceux d'une jeune femme, allongée à côté d'Arthéos, scrutant elle aussi le ciel. Qui était-elle ? Le domestique lui-même n'en avait aucune idée. Elle était belle. Le jeune homme serra un peu plus son emprise sur elle et tourna la tête. A présent yeux dans les yeux, le ciel doré n'avait plus d'importance, ni même les pétales douillets du pisenlit sur lequel ils étaient couchés. La fille passa son autre main dans les cheveux puis sur le visage d'Arthéos qui ferma les yeux, frémissant légèrement... Les lèvres s'approchèrent, il ne restait qu'un infime espace entre eux...

Le soleil se levait sur Troyes. Les yeux d'Arthéos s'ouvrirent doucement... s'asseyant sur la paille, des brindilles de partout, il était assez ému par ce rêve. D'ordinaire ses cauchemars le traumatisait et il en tremblait toute la journée. Mais cette dernière nuit le faisait sourire et le laisser pensif, perplexe positivement. Chantonnant, il décida d'organiser un peu le lieu d'entraînement. Il positionna les bottes un peu aléatoirement et emmena les armes au milieu. Il planta les épées dans l'herbe et cacha l'armure. Puis il s'installa sur la paille et réfléchit quelques instants.

Puis sa maîtresse arriva, provisions avec elle. Il sourit, se leva et s'inclina.

"Vous doutiez de moi, ma dame ?

Il lui sourit malicieux et la suivit du regard alors qu'elle s'exerçait à quelques moulinets dans le vent. A son tour, il s'empara d'une épée - assez lourdes ces armes il fallait l'avouer ! - et s'approcha de la duchesse.

"Je risque de ne pas être un bon ennemi mais je serai une excellente cible mouvante !

Il rit, particulièrement de bonne humeur et vint taquiner la lame d'Ana.Lise. Mais au bout de quelques secondes, il se souvint de quelque chose. Il déposa l'épée par terre et courut vers une botte de paille. Il revint, les mains derrière le dos, souriant de toutes ses dents.

"N'oubliez pas que...

Il lui montra la côte de mailles, le casque, les genouillères, les coudières en métal et les déposa par terre, confus et se grattant la tête devant ce tas de ferraille.

"N'oubliez pas que je dois vous vêtir de toute cette ferraille... par quoi on commence...

Mains sur les hanches, Arthéos regardait alternativement la duchesse et l'armure, perplexe et à la fois amusé.

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Ghost60


Une petite troupe se situait à quelques pas de la clairière. Un long mantel dissimulait assez correctement les épées que possédaient ces hommes aux vêtements banals. Assez loin de la ville, cet endroit semblait le lieux où...

[La veille à la mairie]

Ghost s'affairait à scellé quelques contrats juteux comme il aime si bien le faire, la cire était en train de fondre quand le duc posa sa bague au milieu de celle ci avant de la reposé sur le bas des parchemins comptable de la mairie. Il ne restait plus qu'à attendre le durcissement de cette image de cire avant de renvoyer ces parchemins un peu partout dans le royaume. Ghost disposa les contrats un peu plus loin afin de laisser le temps faire le reste du travail.

Un bruit se fit entendre à la porte, un cognement assez timide, Ghost se leva puis avança en direction de celle ci afin d'aller voir qui peut bien frapper aussi doucement quand il veut voir le maire. Il mit une main sur la poignée puis la fit basculer afin d'ouvrir celle qui faisait barrage. Un jeune garçon rencontré quelques jours plus tôt, était là devant lui. Peut être avait il encore faim et était venu réclamé une autre miche de pain.


Comment vas tu jeune homme?

Votre grasce, il y a un soucis, votre dame à été vu pénétrant dans la chambre de son valet...

Quand le jeune homme lui avait dit qu'il saura lui rendre son acte, Ghost ne pensais pas que cela serait si rapidement. Mais comment son épouse avait pu faire ça?

Tu es sur de toi ?

Oh oui votre grasce, ma soeur travaille dans l'auberge depuis ce matin, et elle passait par là pour allez refaire la chambre d'à coté, la porte était ouverte. Elle à même pu voir qu'il était dévêtu l'homme.

Ghost était surpris de cette nouvelle, chagriné d'apprendre une telle chose qu'il pensait impossible. Décrochant la bourse qu'il avait à sa ceinture Ghost la lança au jeune homme.

Trouve moi quelques hommes et garde le reste de l'argent pour toi.

Le duc fit appelé un ami pour faire surveiller sa femme et son valet.

[Taverne le même jour]

Un homme en tenue débrailler se tenait à une table non loin de là où s'était installé Ana. Tout pour passer inapercu, l'homme pris note de ce que disait la jeune femme à son valet. Certaines paroles plus particulierement...

Bien maintenant, tu vas me dire ce qu’il ne va pas Arthèos. Crains-tu quelqu’un au point que ton sommeil soit envahit de cauchemars ? Serait-ce en relation avec… enfin tu vois ce que je veux dire ? 
...
nous allons avoir du pain sur la planche au vu de ce que j’ai dans la tête… 

Les paroles parlaient d'elles même. L'homme pu finir son espionnage pour le moment et tenter de suivre Artheos serait peut être une bonne idée. Sortant de la taverne, l'homme attendit patiemment dehors. Il vit le valet sortir et lui emboita le pas avec assez de distance pour ne pas se faire repérer. Arthéos passait par toutes les échopes de forgerons, puis s'arreta a l'une d'elle discutant avec son propriétaire. L'espion commenca à se poser des questions, voudraient ils tuer le duc pour garder leur secret sans risque? Puis revoilà le jeune partie , cette fois c'est une écurie qu'il va voir. Le départ précipité après le petit meurtre entre amis? Ca devenait de plus en plus étrange cette histoire, l'homme en devenait apeuré. Le valet rentrant à l'auberge, l'espion pris le tmeps de mettre sur parchemins toutes ses découvertes avant de les donner au duc. Ghost apprenant les nouvelles fit surveiller Artheos jour et nuit et ils eut raison.

Pendant cette nuit là, Arthéos sorti de sa chambre pour rejoindre d'abord l'échoppe du forgeron où il récupéra un drôle de paquet, puis en le suivant il pu voir la fameuse carrière où le valet déposait le colis. L'homme décida de rester sur place dans un bosquet . Puis quelques minutes après le valet revenait cette fois avec de la paille... Cette fois ca en était trop il ne pouvait prendre le risque de laisser ce petit homme touché à la duchesse et dans un lieu si...



[Au petit matin le jour J]

L'espion attendit le petit matin avant d'aller rejoindre le duc à la mairie lui expliquer ce qui se passait. Ghost pris aussitôt la route de la clairière avec les hommes trouvés par le jeune la veille.
C'est là non loin que l'on retrouve le groupe.
Un de shommes se tenait tout prés d'Arthéos mais bien dissimulé sous quelques branches d'arbre puis apercu Ana arriver. Il tenta d'écouter les deux complices et déchiffra quelques phrases.

Une phrase percuta

"N'oubliez pas que je dois vous vêtir de toute cette ferraille... par quoi on commence...

La dévêtir???

L'homme se leva brutalement lancant le signal pour l'arrestation des deux individus...

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Ana.lise


Résonnant d’éclats de ce rire cristallin, la clairière qui voyait Ana.Lise faire quelques mouvements d’entraînement avait dissimulé les bruissements de celui qui se cachait non loin de là. Et la duchesse, trop absorbée par ce qu’elle vivait, déposa son épée à ses pieds d’un geste lourd afin de se masser légèrement l’épaule puis fit glisser la cape qui l’enveloppait encore quelques minutes auparavant. Il lui fallait donc enfiler cette armure et franchement cela ne lui disait rien mais elle devait se plier à tous ces protocoles. Effectivement, si elle voulait espérer un jour participer à des joutes, elle n’allait pas y venir en chemise et en braies, on se moquerait bien vite d’elle. Se tournant vers Arthéos, elle posa ses azurs sur lui, un sourire au coin des lèvres, les joues déjà rougies de l’effort fourni auparavant.

Me vêtir de…. Ça ? Tu es certain que c’est indispensable ?


Ça y était, la duchesse jouait les têtues à ne pas vouloir faire ce pourquoi elle était là. Non pas qu’elle n’en avait pas envie mais enfiler cet attirail qui devait peser bien lourd la frustrait déjà d’avance. Mais le visage d’Arthéos lui mis du baume au cœur. Après tout elle l’avait embarqué dans cette histoire sans qu’il ne demande rien à personne et se voyait mal refuser maintenant après tous les efforts et surtout les risquent qu’il avait pris afin de leur concocter ce lieu et ramener tout le matériel dont ils avaient besoin. Bombant le torse faisant ressortir sa généreuse poitrine de femme nouvellement mère, rentrant le petit ventre qui lui restait de son accouchement comme elle le pouvait, elle tenta de regarder à quoi elle ressemblait avant de tout relâcher et de tendre les bras.

Commençons par les gantelets hein, je crois qu’il faut que je m’habitue à avoir ça pour me protéger mes mains tout en tenant une arme …

Mais elle n’eut pas vraiment le temps de voir ce que son valet faisait qu’un mouvement un peu plus loin attira son œil. Un léger nuage de poussière se déplaçait dans leur direction et d’un geste instinctif, Ana.Lise attrapa son arme qui trainait à ses pieds avant de venir se placer devant son jeune ami. Il était hors de question qu’ils renouvellent l’expérience du brigand qui les avait séparés pour mieux tenter de les déposséder, s’en prenant même à la duchesse. Le souvenir cuisant de cette journée lui resterait à jamais marqué sur le haut de son bras et elle ne voulait pas renouveler l’expérience, du moins tant qu’elle n’aurait pas un peu d’entrainement pour se battre convenablement.

Plissant les yeux afin de mieux juger qui venait les importuner ainsi, sa main se crispa sur le pommeau de son épée quand dans le silence des lieux retentit un « mettez-le aux arrêts ». Mais de quoi, de qui, de qu’est-ce ? « Le » supposait automatiquement que l’on parlait d’Arthéos et là ça n’allait plus du tout cette histoire. Etendant son bras vers l’arrière afin de le plaquer contre son dos du mieux qu’elle le pouvait, la duchesse était furibonde. Elle arracherait les yeux au premier qui viendrait poser ne serait-ce qu’un bout de doigts sur son valet.


N’approchez pas où je vous embroche malandrins !

Ses mots claquèrent dans le vent mais n’arrêtèrent pas pour autant les deux hommes qui s’approchaient. Ana sentit une goutte perlait dans son dos, humidifiant sa chemise blanche et un long frisson lui parcourut le corps. Elle serra les dents puis inspecta les hommes qui n’étaient plus très loin maintenant. Et d’un seul coup, le sang de son visage se retira la laissant blanche comme un linge, ses entrailles se vrillèrent et la fureur monta en elle. Son mari faisait partie de cette équipée et là, elle ne lui pardonnerait jamais. Elle fonça sur lui l’épée pointée vers sa poitrine avant de s’arrêter à quelques pas de lui. Ses azurs posés sur lui, elle prit le temps de respirer plus profondément avant de l’agresser verbalement.

Que vas-tu me chanter encore aujourd’hui hein ? Tu m’espionnes, tu me fais suivre et tu veux faire mettre Arthéos aux arrêts sous quel motif ? Celui de m’avoir aidé, assisté et obéit à mes volontés … essaie un peu et je te jure que tu ne me revois plus du tout et tu ne pourras que t’en prendre à toi-même. Mais qu’est-ce que ton cerveau a encore imaginé hein ? Que je te trompais avec mon valet ? Mais tu n’as vraiment aucune confiance en moi c’est pas possible ça… quand je ne fais rien de mal, que j’essaie d’être quelqu’un et de faire des choses pour moi-même sans pour cela ameuter tout le monde, on me met des intentions sur le dos qui ne me correspondent pas… tu me déçois vraiment…


Sur ce, Ana.Lise tourna les talons, se dirigea vers Arthéos qui semblait figé devant tout ce qu’il passait, arracha le gantelet et le jeta avec le reste de l’armure puis passant devant son valet lui murmura :
allez viens, on n’a plus rien à faire ici mon ami. On va rentrer à l’auberge puisque c’est là notre place ! et d’un pas rageur, la duchesse ne se retourna pas plantant là son mari et ses sbires en plein milieu de la clairière.

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