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[RP Privé] La route des cerisiers

Tokugawa_hakumei
" La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur… "
    Paul Eluard

    *

    … Tel un écrin de douceur, j’y ai lové ma haine. De ton regard accordé, j’ai bercé l’accalmie dans mes entrailles nouées et d’un battement de tes cils, toute folie je l‘ai oublié. Je m’y suis accroché comme au dernier fil de la raison, m’alourdissant à tes pieds comme la neige s’abaisse sous le soleil. J’ai fais ployer sous tes yeux toute ma véhémence ignorant subitement les injures de mon âme. Autiste, Yamiko, j’ai été sous tes cils. Oubliant le monde, oubliant même jusqu’à l’envie de vivre, j’aurais voulu emporter dans mon dernier souffle, la beauté de ton regard. Cette douceur qui était tienne Yamiko, j’aurais voulu en voler les attraits, choyant jalousement ses prunelles que j’aurais fait mienne. Tu aurais été mon trésor Yamiko, toi qui n’aurais contempler que moi, car sans toi Yamiko, je ne vis pas.
    Malgré cette folie, pourtant, jamais je n’aurais pu t’enchainer. Oiseau nocturne au plumage de nacre à en faire blanchir la lune, je me plaisais à me délecter de ton envol. Danse aérienne des soies enlaçant tes chevilles dessinant sur mes lèvres la courbe d’un sourire. Et des fils d’argent encadrant ton visage, j’en ai retenu chaque danse. Rebelle pour la coutume, toujours libres de leurs mouvements.
    Ta liberté, Yamiko, j’ai jurer de la protéger, jusqu’à ce que la vie s’épanche de mes plaies et dans le dernier effort, j’aurai pris soin, alors, de graver dans les tréfonds de mon âme la courbe de tes yeux…

    Les pieds dansent sur le muret de pierre. Peau nue qui se délectent de la fraicheur de la roche. Ballet gracile des bras qui assurent l’équilibre et cette peau dégagée, offerte à la fraicheur hivernal. Chaleur glacial qui se dégage du crépuscule, dorant la neige de sa lumière mourante. Elle avance, plume délicate, ballotée paisiblement par un vent inexistant. Maitrise de chaque pas, danse éthérée qui jamais ne s’arrête et dévale les valons du muret montueux.

    Course dansée pour se souvenir. Un nom, un visage, un sourire, une envie. Le bras se tend au devant cherchant à effleurer de ses doigts l’or doré coulant à l’horizon. Les doigts se referment. Capturer l’instant, une seule seconde, figer ce souvenir… éphémère. Les paupières se ferment, lente inspiration. Une odeur… de sakura. Élan du cœur. Les pas reprennent.


    Pour toi, Yamiko, j’aurais aimé le monde…

_________________
Yamiko
"Un rond de danse et de douceur..."

Paul Eluard




Un seul air suffit à rouvrir les plaies du coeur.De ces cicatrices non suppurées s'écoulant alors l'encre de mon âme réécrivant à nouveau ces jours de printemps...

Ah ces doux jours heureux embaumés par le subtil parfum de sakura...

Hakumei t'en rappelle-tu aussi ?

Brise printanière , lente éclosion du renouveau , la danse de la vie reprenant enfin son cours.Pas encore mal assurés de la nature frémissante mais au touchant éveil.Encore une fois la pimpante symphonie du printemps succède à celle de l'hiver rigoureux.Tout n'est que danse dans la vie...nos faits et gestes , une succession plus ou moins habile de pas.Notre naissance une clef de sol bien tracée , notre trépas une longue blanche agonisante que le compositeur lui même semble vouloir oublier.

Les pas tant de fois pour toi j'en ai exécuté...

Effleurement subtil de la soie contre mon corps enivré , saoul de cette multitudes de notes , la gène totalement effacée sous ton regard dévoué.Le rythme endiablé prenant le pas sur mon âme, mon esprit se perds, dans ma vision floue tout n'est alors qu'une profusion de couleurs chatoyantes peignant avec panache mon monde pour une portée.

Fin d'une danse , une autre reprend , mon regard se pose sur toi Hakumei.Sakura maladroit n'ayant pas encore éclot, beauté endormie sa révélation n'était pas encore consentie mais dont les bourgeons prometteurs souhaitaient ardemment ,un jour, être reconnu .Ma main parfois à ce moment vers toi se tendait

"Hakumei entre dans la danse tournons au sein d'un rond de danse et de douceur "

Tout d'abord tu me lançais un regard gêné "ce n'est pas ma place , toi oui,continue à danser" semblait me dire tes yeux le masque rosé recouvrant habituellement ton visage laissait alors la place à une pivoine qui au soleil fut bien exposée.Toujours je refusait ta déclinaison , après tout tu étais le valeureux samouraï qui à chaque fois me sauvais .Impératrice capricieuse, de mon pouvoir sur toi j'abusais . Un seul sourire enjôleur et je faisais chavirer ton coeur .

Oublions un instant tous nos malheurs , créons en cette heure la merveilleuse illusion qu'est le bonheur .Toutes deux kotos mal assortis mais à l'émouvante harmonie improvisée.Nos notes se croisent , se frôle mais jamais ne se heurtent pour ne pas briser ce moment de volupté.Plénitude éphémèrement accordée.Un pas , une note , une fin...

Essoufflées de notre ballet effréné nos jambes souvent nous lâchait, dernier pas malhabile brisant malheureusement ce moment fragile.Dans tes bras je sombrais dans la douce langeur de ce moment fugace déjà envolé .L'illusion du doux mensonge du malheur oublié de nouveau cruellement éclairé par la sombre réalité .Ces moments passés de félicité , souvent j'étais tenté de les nommer éternité.Eternité de notre lien à jamais gravé?Dans mon coeur à chaque fois j'essayais de les graver..

C'est alors qu'après cette chorégraphie inopinée , le rythme de la vie reprenais son cours .Le temps alors suspendu filait de nouveau à toute allure pour rattraper le retard que nous lui avions causé.Je m'endormais alors dans la muraille protectrice que formait tes bras , cocon protecteur voulant me transformer en chrysalide pour à jamais me garder.

La vie reprenait à cet instant enfin ...

Hakumei , un jour de nouveau voudras tu danser?
Tokugawa_hakumei
" Auréole du temps, berceau nocturne et sûr… "
    Paul Eluard


    Ton corps délicat ceint par la muraille de mes bras j’en garde un souvenir impérissable. Ma tête enfoui dans tes cheveux de lune, je me délectais de ton odeur, celle des toutes jeunes fleurs écloses du printemps.


    Les pas dansent toujours sur le muret qui borde les champs de Gero. Il chemine dans la campagne nippone, serpentant entre les jardins, traçant une route de pierre semblant percer jusqu’à l’horizon dorée. Le corps qui l’empreinte semble parfois perdre l’équilibre, hésitant. Quel côté sera sa chute? Mais l’illusion dure, jusqu’au dernier instant… l’infime seconde ou l’équilibre se rattrape par un jeu de jambe ou la danse d’un bras.

    Des pas appris, des rondes dansées qui lui reviennent en mémoire. Elle n’est que pantin soumis à ses souvenirs. Le bras se tend, sa main semble en saisir une autre, invisible, doigts qui s’entrelacent dans le vide.


    La douceur de tes doigts se nouant aux miens quand nous dansions Yamiko, mes mains s’en souviennent encore. De la danse pourtant, nous en faisions une arme, chacune à notre manière. Tandis que je m’évertuais à offrir à mon menhari-gata un rythme meurtrier, tu jouais de ton éventail pour piéger dans tes soies, les âmes les plus friables. Dis moi Yamiko, pourquoi offrais-tu donc tes bras aux plus offrants, à eux, qui n’étaient ni de ta chair ni de ton sang?
    Durant tes nuits d’aventures, j’hurlais à la mort sous la lueur de la lune. Prisonnière de ma prison de folie, mon âme implorant la douceur de tes bras, je me lacérais les chairs de ma détresse. L’astre blanc perché au dessus de ma tête, pour seul témoin de ma douleur, je portais mon regard au ciel et j’attendais, tremblante que le temps veuille s’écouler.
    Et quand venait l’aube, fébrile délivrance, avant que l’auréole blanche ne soit dévorée par le jour, tu m’offrais enfin la tendresse vendue à d’autre.
    Dans le berceau de tes bras, j’y enfouissais mon mal, ta voix calme et mélodieuse, ta main dans mes cheveux… Tu tissais à mes oreilles des toiles de douceur et j’y faisais perler la rosé de mon cœur. Les larmes sur mes joues, tu les lassais coulés… elles voulaient dire qu’enfin tu m’avais délivrés.

    Tu étais la Raison, Yamiko, Ma Raison.

_________________
Yamiko
« Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu… »
Paul Eluard

Moult aventures ont déjà sillonné les chemins sinueux de nos vies ….

Cris à l’agonie , désespoir.. Ne crois tu pas que je ne les entendais pas ? Mes oreilles ,certes , non , mais mon cœur , lui oui .

Telle était alors la question , moment de félicité et d’abandon ou regrets et plaisirs coupables .Souvent mon cœur balançaient , toujours un choix s’imposait . Tantôt le remord m’envahissait et la nuit s’écourtait , tantôt le plaisir de l’étreinte fugace voulait encore prolonger cet instant .Ces nuits là étaient longues pour toi mais ô combien plaisantes pour moi …

Respiration haletante , mains aventureuses à la recherche de l’oasis promise , rythme houleux , un souffle étouffé , bruissement de draps sous l’oscillement lascifs de reins … mais là , je m’égare … le plaisir est fugace , le remord , lui , éternel .Certes le moment était plaisant , mais le réconfort moindre face au poids de la souillure qui s’écoulait de mon être me rappelant sournoisement l’acte avilissant que j’avais commis et que commettrais tant de nuits encore …

Une vulgaire catin , voilà ce que je suis …
Comment pouvais-tu me regarder avec ces yeux emplis de cette tendre ferveur ?Ces mêmes yeux qui me reflétait l’être maculé que je suis. Hakumei tu étais ma lumière au bout de ces dédales sombres .

Ma rédemption c’était la douce étreinte de tes bras m’enserrant me prouvant qu’une personne avait besoin de moi , Yamiko , et ne désirait que ma chaste tendresse et non mon enveloppe charnelle ..

Ma douce , de ton regard pur tu exorcisais la souillure de mon âme tu étais pour moi mon salut ….
Tokugawa_hakumei
" C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu. "
    Paul Eluard

    *

    Briller sous ton regard comme la rivière luit sous la lune. Sentir glisser sur moi, le même amour que je t‘offrais. Trouver le réconfort gouté nul part ailleurs. J’ai tant cherché pourtant, dans ces yeux à Elle, dans ses yeux à Lui, mais dans le miroir de leurs âmes je n’y ai trouvé que le reflet de l’erreur dont je suis faite.

    Ils ont fait de nous progéniture maudite, brouillon de leur amour entaché de leur vices. Durant ses nuits où tu gardais sur ton sein, ces hommes effondrés du désir consommé je cherchais parfois à trouver la rémission dans les bras d’une Mère qui ne m’a jamais aimé. Dans mon désir de tendresse, je me suis convaincue que l’étreinte solide qu’elle m’offrait en ses bras n’était que le témoin d’un amour étouffé.
    Quand pourtant je collais mon oreille sur son ventre je pouvais entendre la peur trembler dans ses entrailles.

    Mère tu as peur? Sont-ce mes membres tremblant qui te mettent en émoi? Ou est-ce cette tâche vermeil qui rougit sur mes doigts? Mère?

    Assume! Assume moi, moi ton erreur, le fruit de ta sottise! Tu as peur de moi, comme tu as peur de terminer ce geste qui étoufferait ta honte, effaçant tes dérives! Assume ce dégout qui te ronge les veines!

    Ou alors…

    Ou alors si tu ne peux pas le faire, aime moi… aime moi comme tu aimes Yamiko, aime moi comme Yamiko m’aime…



    La danse s’est emballée. Le corps prêt à chuter s’est arrêté. Équilibre précaire cherchant son appuie sur une pierre bancale. Les yeux se perdent vers l’horizon rougie. Les pensées s’attendrissent et d’un pied leste, le corps reprend son avancé sur le muret de pierre.

    Petite plume danse au rythme des souvenirs.


    Toi Yamiko tu étais belle, tu étais femme. Tendre et malicieuse à la fois. Je n’ai jamais jalousé l’amour qu’on te portait… j’enviais seulement l’attention que tu offrais à d’autre. Je sais. Oui je sais que parfois j’ai été si difficile à supporter. J’ai souvent eu peur que mon amour soit ton fardeau.

    Mais s’il te plait, ne me tourne plus le dos…

    S’il te plait Yamiko regarde moi, une toute dernière fois…

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