Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] La dernière danse

Domdom
[Cosne , dans une auberge]


S’vez mé , M’sire

Telles avaient été les seules paroles que la fille d’auberge avait adressées à l’encapuché qui la suivait dans la pénombre de l’escalier aux marches inégales , tout juste éclairé par la famélique lampe à huile que tenait en main la servante.

En d’autres occasions , le grand brun aux yeux noisette aurait évalué d’un œil connaisseur , tel un maquignon un jour de marché , l’aloi de la croupe qui ondoyait devant lui , presque sous son nez.

Il aurait même sans doute approfondi son étude par une appréciation manuelle , que la servante callipyge aurait certainement accueilli par un gloussement de dinde , au vu de l’œillade dont elle l’avait gratifié lorqu’il lui avait annoncé sa requête , tout à l’heure , dans la salle commune de l’auberge.

Mais foin de bagatelle en le moment présent , l’heure n’était pas à la gaudriole , bien au contraire.

Tout d’abord , parce que le Normand de Bretagne avait en lui le magnifique sourire de sa divine rousse aux yeux gris , qui ramenait tout autre exemplaire de la gent féminine au rang d’ectoplasme
D’autre part , parce qu’ il ne pouvait s’empêcher de ressasser le contenu de la missive que son amie Lanny lui avait envoyé il y a quelques jours , alors qu’il se trouvait à Dijon.
Ce courrier qu’il attendait fébrilement , mais qu’il aurait souhaité recevoir le plus tard possible .
Ou jamais.

L’heure n’était plus à la tergiversation : l’encapuché avait accepté l’étrange proposition de la brune et le respect de la parole donnée ainsi que l’amitié qui les liait empêchaient désormais tout retour en arrière.


C’est à la fois conscient des conséquences de son choix , mais fort de sa conviction , que Domdom déboucha d’ un couloir tout aussi sombre que l’escalier , suivant toujours la grosse servante qui soufflait comme un bœuf tirant sa charrue , puis s’arrêta devant une porte de bois vermoulue à laquelle toqua la jeune femme.

_________________

Une bannière, une tenue, un parchemin ? http://lysandart.forumactif.com/
Lanny
[Cosne, même auberge, à l'étage, chambre au fond du couloir. Je vous y attendrai.]

Sur le lit défait, une épée gît, nue & vaincue.
A ses côté, la dague du Toqué, la Miséricorde en personne.
L'éternelle cape grise est abandonnée à même le sol, dans un recoin sombre, comme punie.
L'étrange brune, juchée sur sa chaise, semble concentrée dans l'écriture, un pigeon gris attendant vaillamment que sa maîtresse daigne lui offrir une mission.

C'est une chambre d'auberge, modeste, dégarnie.
La jeune femme a cherché au plus simple, au plus vide. Au plus calme.
En bout de couloir, elle ne craint pas d'être dérangée par les allées & venues incessantes des occupants.
La pièce est silencieuse, froide, austère, la belle ne peut que se sentir chez elle.

La penne prolongeant ses doigts fins se hâte de finir la missive destinée à sa soeur. Soeur qui, malgré tout, ne peut qu'accepter son choix. Elle la connait trop bien pour oser l'empêcher de passer à l'acte, pour oser retenir la dague meurtrière.
Car Lanny veut mourir, le plus vite possible. Le poison qui la ronge n'est plus simple impression, il est là, bien réel, ignoblement létal, & la belle ne peut plus rien contre ses traits tirés, sa pâleur maladive, son corps qui s'affaiblit. Mais elle ne mourra pas de maladie, foi de Cannibelle, elle mourra par sa lame, elle se l'est promis.

Le vélin est roulé, l'encre à peine sèche ayant imprimé quelques mots :
C'est fini. Je t'aime. Lanny. Autant ne rien écrire, si ce n'est que pour ça.
Le pigeon s'envole par la fenêtre entrouverte à l'instant même où la porte est toquée, & c'est d'une voix faible mais acerbe qu'elle ordonne d'entrer.
Assise sur son maigre trône, elle lui tourne le dos, mais daigne tout de même l'observer du coin de l'oeil par dessus son épaule.
Lui, son sauveur, son bourreau.
Son dernier cavalier.


« J'ai sans doute bouleversé vos plans, en allant vous solliciter aussi tôt.
Veuillez m'en excuser. »


En vérité, elle est bien satisfaite qu'il soit venu si tôt. Vu la rapidité à laquelle elle décline, c'était une question de jours pour qu'elle se taise à jamais, le corps rongé de l'intérieur, marqué par une Mort avide de faire traîner les choses en longueur.
Dom était sa délivrance. Tout comme Lanny avait été celle du Toqué.

_________________
Domdom
[Une chambre...Une femme...Une lame...]

La fille d’auberge avait ouvert la porte de la chambre , suite à l’injonction de son occupante , mais restait délibérément campée dans le passage .
Nul besoin d’être d’être Duc pour comprendre qu’elle attendait autre chose qu’un sourire comme défraiement pour les efforts consentis.

Quelques deniers sonnants passés d’une main à une autre et Domdom se retrouva enfin dans une pièce assez sombre , mais nettement moins que l’escalier et le couloir y menant.
Lanny était là , assise sur une chaise , près de la fenêtre , lui tournant le dos , mais lui jetait des coups d’œil furtifs de temps à autre.

L’encapuché s’adossa à la porte sans proférer un seul mot , balayant la chambre du regard , mais ne put réprimer un petit tressaillement lorsque son iris fut capté par l’éclat de deux lames d’acier , sur le grabat, qu’un maigre rai de lumière , provenant des volets disjoints , mettait encore plus en valeur .
Pourquoi cette mise en scène ?
Voulait elle le mettre au défi ?
Ne se rendait elle donc pas compte qu’elle le mettait à la torture ?
Comme si le geste qu’elle attendait de lui était aussi anodin qu’une poignée de mains…

S’arrachant avec difficulté à l’attraction morbide des lames, il fit les quelques pas qui le séparaient de son amie , juste au moment où elle tourna la tête vers lui :


« J'ai sans doute bouleversé vos plans, en allant vous solliciter aussi tôt.
Veuillez m'en excuser. »


Un seul regard vers le visage de la brunette suffit à Dom pour comprendre l’urgence de la situation : quel changement depuis leur dernière rencontre , à Bourges , il n’y a pourtant pas si longtemps !
Ne subsistait de vivant sur les traits de la jeune femme que son étrange regard bleu métallique.
Mais où était donc passé son altier port de tête , que certains prenaient chez elle pour de la morgue , d’ailleurs ?

Le grand brun réussit tant bien que mal à cacher le malaise qui commençait à s’emparer de lui pour répondre , un petit sourire forcé aux lèvres :


Bonjour Lanny
J’attendais votre courrier d’un instant à l’autre , mon amie .
Je m’en serai voulu de rater cette rencontre.
Aussi , je me suis empressé de chevaucher à votre rencontre.
Nos têtes à tête sont devenus si rares , n’est ce pas ?


S’accroupissant auprès d’elle , il prit les mains décharnées de son amie dans les siennes et reprit , tout en désignant les armes sur le lit , d’un hochement de menton :

Vous connaissant, j’imagine que vous avez déjà tout prévu , tout calculé.
N’est ce pas ?

_________________

Une bannière, une tenue, un parchemin ? http://lysandart.forumactif.com/
Lanny
[Première esquisse d'un pas de danse, invitation aux réminiscences.]


« Ils l'ont toujours été. Rares & précieux. »

Un léger sourire s'ébauche à la commissure de ses lèvres si pâles.
Ses yeux atlantiques à la froideur intacte glissent avec une extrême lenteur sur le visage de son ami.
Quelques doigts délicats frôlent le menton masculin, comme pour s'assurer qu'il n'a pas été abîmé par quoi que ce soit. Pour s'assurer qu'il n'est usé par rien, que le sang dans ses veines est aussi pur que carmin.
Elle l'inspecte un instant, muette & immobile, avant que, d'un souffle, elle ne brise le silence.


« Vous m'avez toujours prise pour une calculatrice, n'est-ce pas ?
Je l'ai si rarement été, pourtant. J'aime l'instant qui fuit, je le savoure, je m'en délecte.
Ce n'est que bien trop tard que je comprends le piège dans lequel j'ai plongé. Mais vous avez raison.. Je sais ce que je veux. »


Son corps endolori fait suite à ses paroles, dédaignant la chaise pour esquisser quelques pas.
Quelques pas de danse, les rares qui lui restent.
Le lit est à peine rejoint que déjà les doigts fragiles se referment sur le pommeau de sa miséricorde.
Elle se redresse.. Mais chancelle, vacillant comme la flamme d'une bougie. Elle reprend un semblant d'équilibre, s'adosse au mur, paupières closes & poings serrés.
Un infime soupir franchit ses lèvres pâles, suivit de près par quelques mots volés à un corps qui ne veut plus parler.

« Voyez, très cher, ce que vous allez faire pour moi, je l'ai fait pour le Toqué, lorsque son corps se rongeait autant que le mien s'érode. Je n'ai pas hésité.
Sans doute par pur égoïsme, d'ailleurs. Je ne pouvais accepter une image aussi pitoyable d'un homme tel que lui.
Comprenez-vous ? »


Elle se tait.
Ses paupières s'entrouvrent, observant son messie avec une dureté qui lui est propre. Elle le jauge un instant.
Ses esprits retrouvés, la reine reprend son trône. Ses doigts, dansant sur la lame froide, attirent Dom comme les sirènes envoûtent les marins, ne leur laissant que le choix de céder à l'appel. Un sourire mutin anime le visage blafard, usant le peu de vie qui lui reste encore, & la question tombe, presque hors sujet :


« Vous souvenez-vous de notre première rencontre ? »

Se souvenir, une dernière fois.
Sombrer dans le délice abyssal d'un passé que l'on fuit, & ne pas revenir. Surtout pas.
Voilà tout ce qu'elle veut.

_________________
Domdom
[Valse hésitation]

Toujours cette impression de vertige au fond de lui-même.
Toujours cette boule qui s' enfonçait dans son estomac comme un poing d’airain .

L’encapuché n’arrivait pas à détacher son regard de la paillasse , sur laquelle la Cannibelle avait posé les armes , comme pour le rappeler à son engagement.
Petit à petit , il sentait sa détermination se fissurer : avait il pris la bonne décison ?
Ne s’ était il pas un peu précipité pour accepter la requête de la brune Lanny ?

Elle voulait quitter ce monde dignement , c’était son droit , après tout .
Mais lui-même , de quel droit s’arrogeait il d’être le bras armé de la jeune femme ?

Il avait peu dormi ces derniers temps , passant ses jours et ses nuits à peser sa décision sur la balance de ses convictions.
Il avait pris le temps de la réflexion et consulté son entourage, pour accepter, in fine , d’aider son amie dans son entreprise
Qu’elle ait pensé à lui pour accomplir le geste final le flattait , en définitive, même si les choix du grand brun n’avaient jamais été guidés par son ego.

Mais à l’évidence , la dague étincelante était là pour lui rappeler la question qui le poursuivrait pour le reste de ses jour :
Qui es tu pour décider de qui doit vivre ou mourir ?

Le passeur d’histoires tentait malgré tout de faire bonne figure à la brune aux yeux aigue marine , essayant de chasser la tempête qui soufflait violemment à l’intérieur de son crâne ….


C’est juste à ce moment là qu'elle se leva de son siège , avec des geste las de vieille femme et se dirigea en titubant vers le grabat pour se saisir de la dague d’une main qu’elle aurait voulu ferme mais qui s’avérait bien fébrile..

Toujours agenouillé à côté de la chaise , le Normand de Bretagne la regardait évoluer comme dans un mauvais rêve , en une chorégraphie qui eut été à coup sûr grotesque en d’autres circonstances que celle-ci .

Domdom en ferma les yeux de dépit devant l’image qu’elle renvoyait d’elle-même .
Comment en si peu de temps la Reyne des Cannibelles était elle devenue l’ombre de l’ombre de la jeune femme qu’il avait connue , dure , glaciale et étincelante comme l’épée qui gisait sur la paillasse de cette chambre d’auberge ?


Ouvrant à nouveau les yeux, il considéra d’un regard plein d’empathie cette femme en bout de course , appuyée contre le mur, cherchant à reprendre son souffle



« Voyez, très cher, ce que vous allez faire pour moi, je l'ai fait pour le Toqué, lorsque son corps se rongeait autant que le mien s'érode. Je n'ai pas hésité.
Sans doute par pur égoïsme, d'ailleurs. Je ne pouvais accepter une image aussi pitoyable d'un homme tel que lui.
Comprenez-vous ? »


Légère crispation de mâchoire de l’encapuché pour toute réponse : bien qu’il comprenne la position de son amie , il ne prisait guère ses constantes références au Toqué.
Certainement par jalousie pour le mentor de la belle brune.

Fixant la jeune femme d’un regard soutenu ,il décela alors la naissance d’un sourire sur les commissures de l’ex mangeuse de pommes , qui ajouta d’un ton presque badin :


« Vous souvenez-vous de notre première rencontre ? »

S’il s’en souvenait ?
Il se revoyait avec netteté dans cette taverne Craonnaise , lorsque cette jeune brune énigmatique y était entrée : il avait été instantanément fasciné par ce regard glacial lapis lazuli qui l’avait transpercé aussi sûrement que fil de l’épée.


Un peu plus tard dans la soirée , ils avaient dansé tous les deux au son de la viole d’un musicien de passage .
Il avait serré ce corps souple et chaud contre le sien , humé l’odeur de sa peau , épousé sa cadence…

Il répondit , presque timidement , détournant le regard , un léger voile dans la gorge :


Comment ne m’en souviendrai je pas , ma chère ?
Nous avons dansé , ce soir là , Lanny , n’est ce pas ?


Il aurait tant aimé que sa voix ne trahisse pas l'émotion qui lui tenaillait le corps au moment où il avait proféré ces mots.
Peine perdue...
Il releva la tête à nouveau vers la jeune femme : celle ci s’était approchée de lui , dague en main , un mystérieux sourire aux lèvres , l’invitant à esquisser un pas de danse.

_________________

Une bannière, une tenue, un parchemin ? http://lysandart.forumactif.com/
Lanny
[Supplique pour une valse à mille temps.]

Il hésite.
Son visage se crispe sous la bataille que livre son coeur à sa raison. Ou inversement. Son regard est fuyant, glisse souvent sur la paillasse où ne repose plus que l'épée, trop lourde pour survivre, pour avoir le droit de vaincre sa maîtresse. Il a l'air d'un enfant qui sait qu'il a fait une bêtise, alors que pourtant, tout n'est pas encore joué. Il a juste accepté. Accepté de l'envoyer loin d'ici, peut-être chez cet Aristote auquel elle ne veut pas croire, plus sûrement chez son pire ennemi. De l'arracher à cette vie qui la répugne, qui la détruit.
Quelques doigts s'attardent sur la joue masculine, en signe d'une affection qu'elle ne lui a presque jamais dévoilé.
Léger sourire, illuminant pour une fraction de secondes son visage hâve, & elle l'invite à se lever
.

« Nous avons dansé.. Je n'ai jamais autant aimé danser qu'avec vous, très cher.
Pour tout dire, je n'ai jamais aimé danser, sauf avec vous.
Dansons.. Voulez-vous ? »


L'étrange brune le fixe intensément.
Elle est sincère, franche, ni Kanthein, ni aucun autre homme n'a su lui donner de plaisir à danser.
Pas même le Toqué. Il n'aimait pas danser.
Un furtif éclat blanc traverse ses atlantiques iris, & sa main vide se tend vers le cavalier.


« Ne doutez pas, très cher.
Si mon corps n'est plus aussi chaud que celui que vous désiriez, il n'a rien perdu de sa mémoire.
Il connait les pas, même si la danse a changé de final. »


Son autre main se tend, le pommeau vers le bourreau, tentatrice & effrayante.

« Non Dom, ne doutez pas.
Ne me laissez pas m'éteindre ainsi. Je fais assez honte comme cela. »

Les mots franchissent à peine ses lèvres tandis qu'elle vacille à nouveau.
Paupières closes, elle tente de reprendre son souffle, ses esprits, tout ce qui la fera tenir encore.
Elle a toujours redouté de faire naître de la pitié dans le regard des autres, de montrer ses faiblesses, de se laisser aller. Elle ne baisse jamais le regard, garde une allure fière & altière, refuse l'aide de quiconque. Elle n'a pas d'amour à offrir, & son coeur si froid n'est par rien réchauffé. Voilà ce qu'elle a voulu être, ce qu'elle a été. Ainsi, en cet instant, Lanny, la belle, l'arrogante, la glaciale, n'est plus rien sinon une ombre des Enfers.
Une ombre qui ne se supporte plus.
Une ombre prête à tout pour que son coeur glacé soit enfin transpercé.
Une ombre qui supplie :


« Accordez-moi.. La dernière.. »
_________________
Domdom
[De quel côté la balance va-t-elle pencher ?]


Surtout , ne pas se laisser aller à la nostalgie d’une époque révolue…
Cette femme , affaiblie par le chancre qui la dévorait de l’intérieur et qui lui tendait les mains en un vibrant appel à l’aide , était le dernier témoin d’un fragment de l’ histoire personnelle du grand brun , que le temps et les beaux souvenirs avaient poli comme une pierre précieuse.

Se laisser happer par la mélancolie serait renoncer , saper ses dernières défenses , dérisoires palissades que l’encapuché avait érigées dans sa détermination , déjà mises à mal par l’obsédante l’image des fers étendus sur la paillasse de cette sinistre chambre d’auberge.


Domdom restait immobile , bras ballants , comme tétanisé , alors que la jeune femme avançait vers lui, inexorablement.

Il était encore temps de reculer , si seulement ses jambes avaient répondu aux injonctions de son cerveau , encombré par des ordres contradictoires ;
Il était encore temps de la réconforter , de l’apaiser , la raisonner , mais encore aurait il fallu que des sons parviennent à passer l’obstacle de l’étau de sa gorge .
Encore témoin du combat titanesque que se livraient ses démons intérieurs , c’est presque soulagé qu’il accueillit ce corps féminin presque inerte , qu’une dernière oscillation fit pencher vers ses bras.

Ainsi donc, le destin avait choisi de quel côté faire pencher la balance.

Le contact de la main féminine sur sa hanche le brûla .
Celui du pommeau de la dague dans la paume de sa main le glaça.

Domdom sentit alors le froid regard de la brune lui harponner l’âme , puis deux lèvres désséchées laisser couler un léger filet de voix rongée par la maladie :



« Accordez-moi.. La dernière.. »

La main gauche de l’homme se posa sur la taille de sa cavalière , aussi légère qu’une feuille d’automne tombant au sol.
La main droite se refermant quant à elle sur la main gauche de la femme , serrant le manche de la dague , à s’en blanchir les jointures.

Puis un sourire d’une infinie douceur se posa sur le visage , presque détendu , du conteur , qui répondit d’une voix cachant mal son trouble :

Vous l’aurez mon amie…Vous l’aurez…
Et ce sera la plus émouvante de toutes…


L’encapuché bougea alors imperceptiblement le bassin , puis, augmentant peu à peu la cadence , entraîna sa cavalière en un mouvement pendulaire , bientôt accompagné par le déplacement synchrone de quatre pieds aériens foulant la terre battue du sol de la chambre.

Ils dansaient à nouveau ensemble , comme au premier jour , mais cette danse était bien la dernière...

_________________

Une bannière, une tenue, un parchemin ? http://lysandart.forumactif.com/
Lanny
[Aux mille temps écoulés, la miséricorde espérée.]

Le doute est vaincu.
Son corps faible se détend, concentrant ses derniers efforts sur les pas qui s'enchaînent.
Elle sourit, retrouvant avec délice le plaisir de la danse, des corps qui se complètent.
Quelques couleurs ravivent son teint livide alors qu'elle lui laisse mener leur étrange ballet, qu'elle lui passe la main.

Elle se souvient de la première danse, alors qu'elle ne le connaissait qu'à peine. Elle se souvient de leur discussion en fin de soirée, une Tryolite affolée en plein milieu, persuadée qu'ils se disputaient. Il faut dire qu'ils n'avaient jamais eu de discussions très calmes. Elle se souvient d'ailleurs de cette nuit, à Saumur, ville haïe par le brun, où elle l'avait poussé à bout, restant froide & hautaine, encore amère du voyage qu'elle venait d'essuyer. Elle se souvient de cette autre nuit en pleine Bretagne, où elle était venue spécialement, bien qu'anormalement ronde, pour réconforter un Don Juan en deuil. Et surtout, elle se souvient de Bourges, de cette escale du brun. Des promesses, des engagements, des tentatives de persuasion, & des promesses, encore, toujours. Des mises à nus, des aveux. Des secrets, des rancoeurs & des jalousies.

Leur relation n'a jamais été simple.
Mais ça n'a pas été la seule.
Kanthein, Shin, Micro, Ibelin. Tous. Sans exceptions.

Ses pas ralentissent jusqu'à ce qu'elle cesse de danser.
Elle ébauche un sourire qui s'efface bien vite, tandis que ses doigts décharnés guident la main miséricordieuse vers une poitrine glacée.
La lame glisse sur la peau d’albâtre découverte par la chemise.


« Je ne vous remercierai jamais assez, très cher. »

La valse est terminée, le temps cesse d'avancer.
Le tictac de l'horloge n'est déjà plus qu'un lointain souvenir.
Dans un dernier regard aux vagues atlantiques, elle se laisse emporter sans aucune résistance.
La Glaciale est vaincue.

_________________
Domdom
[Le chant du cygne]


Une chambre d’auberge anodine dans un village anodin…
Théâtre d’une tragédie secrètement cachée aux yeux du monde.

La main de l’homme était devenue ferme , le regard droit et pénétrant.
Il guidait sa cavalière en un ballet baroque et funèbre , l’accompagnant vers sa dernière destination , sans musique , ondulant leur corps en une catharsis pathétique.

Le temps de cette dernière étreinte , la brune Joinvillaise avait retrouvé un semblant d’allant : elle se laissait glisser , aérienne , souriante sylphide ailée , virevoltant aux bras d’un cavalier aux gestes sûrs et précis.

Tout en dansant , Dom plongeait les yeux dans les profondeurs abyssales de cet étrange regard atlantique , évoluant dans un monde parallèle , en totale apesanteur , pressant contre lui le corps de cette femme qui avait enfin enlevé sa carapace , dénudant son âme sans aucun fard.

Cette même femme qu’il avait affrontée tant de fois comme en autant de duels , de combats en lice
Ils avaient passé leur existence à se défier , se cracher au visage des mots blessants , coupants comme la lame , presque des mots de haine , pour cacher en fait leur attirance réciproque .
Mais ils n’avaient trompé personne et surtout pas eux mêmes.
Il est souvent plus facile de se haïr quand on ne peut pas s’aimer , çà fait tout autant souffrir, mais au moins , ça protège.

Petit à petit , Domdom sentait sa cavalière ralentir le rythme jusqu’à stopper la folle sarabande .

La main féminine glissa alors lentement du pommeau de la dague ( que leurs mains jointes n’avaient toujours pas lâchée pendant la danse ) puis referma un à un les doigts de l’homme sur le manche de l’arme , en une symbolique transmission de témoin.

Dans son rêve ouaté , le grand brun sentit cette main frêle se saisir de son poignet et présenter l’outil sacrificiel tout contre sa cible , tandis qu’il passait son autre bras autour de la taille de la jeune femme .

Le grand brun remarqua alors une perle rouge carmin naître , juste à la pointe de la dague, sur le blanc laiteux de l’épiderme de la jeune femme .
La Reyne déchue posa une dernière fois son mystérieux regard sur son cavalier .



« Je ne vous remercierai jamais assez, très cher. »


Personne ne pourra jamais comprendre cet étrange lien qui nous unit , Lanny…
Personne…

répondit presque imperceptiblement l’encapuché , essayant de retenir ses larmes.

La perle écarlate était devenue fleur qui éclot , puis rivière en crue , à mesure que la dague cherchait son chemin , nimbant leurs chemises de lin blanc d’un linceul rouge.

Rouge sang.

Puis, insensiblement , le grand brun se mit à de nouveau à onduler du bassin, sans bouger les jambes cette fois ci , entrainant dans son mouvement sa cavalière inerte , dont le corps se faisait de plus en plus lourd dans ses bras.

Il ne s’arrêta que quand il vit deux paupières se fermer une dernière fois sur de magnifiques yeux azur.

_________________

Une bannière, une tenue, un parchemin ? http://lysandart.forumactif.com/
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)