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[RP] Bonne foy paye parfois.

Finn.
[Au cœur du marasme parisien.]


Une fin d'après-midi comme les autres dans les rues de la capitale. La marée citadine des badauds, allants et venants, étourdissait et ravissait à la fois L'Irlandais. Acculé contre la façade d'une luxueuse boutique de riches parures, la paume ouverte, l'homme réclamait l'aumône à la foule affairée d'étrangers en goguette. Une activité à laquelle il s'adonnait régulièrement pour trouver pitance, lui-même peu enclin au labeur.
La journée, monotone à souhait, ne fut pas des plus féconde. Dans sa toque servant à quêter, quelques piécettes rivalisaient avec d'insolites trouvailles dont certains passants avaient cru bon de se débarrasser. Un vieux bouchon de bouteille, une peau de saucisson mâchouillée et un petit bouton doré. Quoique le bouchon lui appartenait déjà en réalité. Quant au bouton, il prit place entre ses molaires et y capitula sans grande pugnacité. Dépitant...


- « On ferme! », s'écria-t-on à l'intérieur.

Les derniers clients de la boutique en arrière-plan se pressaient vers la sortie. Le propriétaire n'allait pas tarder à débarquer. Il était temps de partir, sa journée s'achevait sur ce maigre bilan.
Finn ramassa la canne servant d'appui à sa fausse jambe amputée. Pour le coup, elle n'était pas de trop. Son corps tout entier fourmillait de cette immobilité prolongée.
Décidé à redresser sa déplorable situation, il se mit en quête d'un établissement dans lequel le malt coulait à flot. En pareil moment, il n'aurait certainement pas craché sur le réconfort charnel et tarifé d'une ribaude, mais Dieu seul savait quelle genre de femme, même de petite vertu, aurait pu se satisfaire d'aussi modique rétribution. Une bougresse d'un demi siècle son aînée avec suffisamment d'infections pour défier sans mal n'importe quel hospice, peut-être.

Malgré l'heure tardive, les rues ne désemplissaient pas. Le pas saccadé, l'Irlandais parvenait à se frayer un chemin à coup de canne sur les chevilles des marcheurs peu coopératifs. Quelle galère! La prochaine fois, il feindra la lèpre. Qu'on se pousse, la mousse n'attend pas! C'est vieux, ça se traîne, comme si c'était une excuse. Heureusement, ça tombe aisément. Il n'était pourtant pas bien gros notre Irlandais, plutôt fin même. Et ce n'était surement pas ce soir qu'il y remédierait, l'estomac dans les talons jalousant d'ors et déjà le foie qui allait devoir en encaisser de sacrés pour noyer dans une mer d'oubli cette panse trop plate.

Tous ces troquets se ressemblaient, seule l'addition variait. Finn descendit l'avenue espérant par la même occasion voir chuter les prix. Tout n'était question que d'argent chez celui qui en manque. Le problème n'était d'ailleurs pas tellement cette lacune que son avarice aigüe. Car ses finances n'étaient pas réellement au plus bas. Le grippe-sou avait amassé au fil des années un pécule non négligeable, enterré aux quatre coins, dont il n'aurait pour rien au monde dépensé le moindre denier. C'est qu'il avait des projets. Et pour cela, il lui faudrait encore économiser beaucoup. A croire que l'on ne pouvait se défaire d'une telle soif, ce qui le conduirait inévitablement à sa perte. Un vice pour lequel chaque jour il faisait pénitence avant d'y replonger de plus belle. Cela faisait bien une trentaine d'année, à présent, qu'il avait fait de ce cercle vicieux son quotidien.

En proie à ses démons, l'homme rompit sa tournée alors qu'il venait de dépasser le dernier débit de boisson. Il ne tourna pas pour autant les bottes, distrait par une scène courante non moins intriguant. Elle se déroulait à deux pas, et bien qu'il ait vu venir l'entourloupe, il ne put la prévenir. Le souhaitait-il seulement?

_________________
Telya
La journée avait pourtant bien commencé.
Le carosse cahotait sur les pavés de la capitale et Telya , trés excitée , n'arretait pas de parler des futurs achats qu'elle comptait faire , au grand desespoir de son époux.

Celui ci , le nez plongé dans un livre poussiéreux , qu'il avait surement emprunté à la bibliothéque de l'unniversité, essayait de faire abstraction de ce babillage intensif qui le deconcentrait de sa lecture.

La Duchesse , habituée au mutisme de son mari , décida soudain qu'elle voulait faire les boutiques sans attendre.
Elle ordonna au cocher de s'arreter dans une rue où de nombreuses echoppes semblaient lui tendre les bras.
Le Duc daigna lever le nez du livre .


-Est ce bien prudent mon amie ? Vous ne connaissez pas les lieux et risquez de vous perdre.

Elle se retint de lever les yeux au ciel , parfois , le ton moralisateur de son époux lui pesait même si elle devait reconnaitre qu'il avait souvent raison.

-Mon cher , ne vous inquietez point , Ninon m'accompagne et il y aura bien dans cette grande ville , une bonne âme pour guider une femme en detresse.

Sans attendre la réponse , elle sauta à terre , trépignant d'impatience le temps que Ninon bouge son vieux corps ankylosé par le voyage.
Le Duc les regarda se perdre dans la foule et ordonna à Bastien , un des cochers , de les suivre discrétement , puis comme le carosse roulait à nouveau , il se replongea dans sa lecture.

Telya n'en revenait pas , tant d'echoppes à voir , de bruits , de personnes qui s'affairaient, de couleurs ..... d'odeurs qui l'indisposaient parfois et l'obligeait à se mettre un mouchoir parfumé sous le nez.

Ninon suivait péniblement , essayant parfois de dissuader sa maitresse d'un achat trop couteux ou vraiment inutile mais elle savait que c'etait peine perdue .
A la fin de l'aprés midi , Telya aperçut l'échoppe d'un fourreur et malgré les avertissements de Ninon qui arguait qu'il etait bien tard et qu'il serait plus prudent de rentrer , elle s'y engouffra et depensa une somme folle pour une etole de marmotte.


Bastien s'appuya contre un mur pour les attendre .
Un bruit de voix lui fit tourner la tête et il s'amusa à observer la querelle entre un cochet et un conducteur de charette qui refusait de bouger.
Il n'eut pas l'impression d'être longtemps distrait mais quand il regarda dans la boutique , la duchesse n'y etait plus.

Affolé, il la chercha des yeux dans la foule, sans succés . Il pénétra dans la boutique et demanda où les deux femmes etaient allées. On lui indiqua une ruelle . Il s'y rua , bousculant les passants et s'eloignant , sans le savoir , de celle qu'il etait sensé protéger.

Ninon , les bras chargés de paquets , suivait péniblement la Duchesse.
Outre le fait qu'elle n'avait plus vingt ans , le long voyage, du Béarn à Paris , avait reveillé ses douleurs.
Heureusement , les échoppes fermaient les unes aprés les autres et elle pourrait bientot se reposer.
En sortant de la boutique du fourreur , Telya s'arreta un instant et désigna une ruelle d'un air décidé.


- C'est par là !

Ninon se demandait comment elle pouvait en être aussi sure , elle ne savait plus du tout où elles étaient .

-Peut être serait il plus prudent de demander notre chemin ?

-Inutile , l'hotel est au coin de la rue.

Au coin de la rue , point d'hotel mais une enfilade d'echoppe devantures baissées et une rue qui se vidait à vue d'oeil.
Elle continuérent d'avancer , pataugeant dans les eaux grasses et souillant leurs souliers et le bas de leur robe.
Ninon remarqua que plus elles descendaient moins le quartier semblait acceuillant. Moins d'echoppes et plus de tavernes. Des ribaudes qui les regardaient en riant et des hommes titubant visiblement éméchés.


-Madame , nous devrions faire demi tour .

Pour une fois , la Duchesse l'ecouta mais la nuit tombait et elles étaient epuisées.
Elles se retrouvérent à un carrefour de trois ruelles , ne sachant laquelles prendre
.

-Oh la jolie caille que voilà !!!

La voix etait rauque , désagréable et provenait d'un individu qui fut immediatement antipathique à Ninon.
Il était accompagné d'un comparse qui delesta Ninon de ses paquets, la faisant tomber à terre.
La Duchesse , inconsciente du danger , persuadée que nul n'oserait jamais toucher sa divine personne et oubliant qu'elle n'etait plus en Béarn , voulut s'interposer.
Mal lui en prit! Le premier homme la plaqua contre un mur et mit une dague sur son cou, lui intimant l'ordre de se taire pendant qu'il la fouillait pour trouver sa bourse.
Finn.
Tapis dans le renfoncement d'une porte-cochère, l'Irlandais guettait en silence. Intérieurement, il y allait de ses petits commentaires. Qu'il fallait être sot pour se promener ainsi à l'aveuglette! Ces deux donzelles récoltaient ce qu'elles avaient imprudemment semé. Une telle mise dans un quartier pareil, on aurait pu appeler ça un appel au vol.

Les deux fripouilles malmenaient plus que de raison leurs victimes déjà soumises. Ceux là ne trouvaient pas non plus grâce à ses yeux. Des butors sans une once de cervelle. Néanmoins armés. Celui-là serait bien capable d'égorger sa proie avant d'avoir mis la main sur l'objet de sa convoitise.

Agir? Non, attendre.

Celle qui devait sans nulle doute être la maîtresse de l'autre lui paraissait bien téméraire. Téméraire ou complètement cruche...
L'employée quant à elle barbotait dans la crasse, démise de ses biens. Les paquets dévoilèrent un ramassis d'étoffes toutes plus luxueuses les unes que les autres. Le malfrat paraissait bien en mal pour transporter sa prise. Comme il devait regretter de les avoir sorties de leurs boîtes pour en recouvrir la chaussée. Maladresse et précipitation se côtoyaient allègrement du côté des deux voyous.

Soudain, le sifflement d'un troisième compère invisible retentit dans la rue.


- « Magne-toi le guet va s'pointer! », se querella le porteur de dague avec son complice en prise avec les paquets.

Le plus empoté des deux s'exécuta et ramassa à la hâte les robes qui jonchaient le trottoir, en en oubliant évidemment la moitié. Les marauds prirent aussitôt la fuite, alertés depuis une fenêtre de la présence des autorités dans les parages.

Maintenant.

Finn relâcha la jambe tantôt repliée sous sa bure afin de simuler un moignon, et bondit de sa cachette. Dans leur course effrénée, les malfaiteurs ne cessaient de jeter de petits coups d'œil apeurés par-dessus leur épaule et ce qui devait arriver arriva. Le bandit armé s'éclata lourdement sur les pavés après s'être empêtré les chausses sur la canne que l'infirme bidon brandissait. Tandis que l'autre digérait la fâcheuse mise au tapis de son camarade d'un air hagard, Finn mis au clair la lame d'un coutelas jusqu'ici masqué sous ses vêtements. La manœuvre eut l'effet escompté car l'homme lâcha ses robes puis détala sans demander son reste.


- « Qu'avons-nous là... », murmura-t-il, circonspect.

Un rire nerveux s'échappa de l'Irlandais victorieux tandis que la pression retombait. La bout de sa canne fouillait les côtes du corps inerte à ses pieds quand la bourse gonflée d'écus apparut enfin. Ramassée, soupesée, fêtée. La journée se terminait en beauté, sa chance légendaire lui était revenue. Il n'avait même pas eu à œuvrer de son propre chef, la situation était décidément trop belle. Inespérée. Mais c'était sans compter la suite...
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Esther_adelie
[à deux ruelles de là]

Marre des quartiers pourris !


Après avoir frôlé la mort à plusieurs reprises au sein du coupe-gorge qui va de Montorgueil à Saint Martin, elle avait demandé sa mutation dans « l’équipe des couards » ceux là qui étaient entrés dans la fonction de lieutenant du Grand Châtelet juste pour se la péter avec de beaux uniformes en y ajoutant quelques fanfreluches.
L’escouade avait été baptisée le « Gai-Guet Royal » par des collègues malveillants et patrouillait généralement là où il y avait une foule rassurante et de l’éclairage la nuit.

En outre et histoire d’éviter le contact avec les forces de l’axe du Mal, la troupe s’était dotée d’un impressionnant répertoire musical pour défiler au rythme des chansons de marche destinées à donner du cœur à l’ouvrage mais surtout avertir de loin la confrérie des truands de sa progression et dont nous sommes autorisés à dévoiler ce soir que le plus célèbre de ces airs martiaux était intitulée « le gai-guet Royal part en guéguerre »


"coquins, fripouilles, gredins z’et canailles
V’la d’son altesse l’héroïque piétaille
Place ! gare à vous, séditieux fripons
Ou fi ! Juré ! nous vous frapperons"

(Refrain)
"Voici du Guet Royal, ceux de la mondaine
Arthung ! les mutins vagabonds
le Gai Guet ridondaine
Le Guet Guéridon don"


C’est donc toujours un peu en arrière ou quelques pas devant, légèrement honteuse et décalée au regard du pas cadencé de rigueur qu’Esther entonnait avec ses collègues mais sans conviction l’hymne légendaire.

Elle sentait bien confusément qu’il n’y avait pas de quoi s’enorgueillir mais au moins les conditions de sécurité étaient-elles idéales pour parfaire sa carte des rues de la Capitale
Telya
Plaquée contre le mur , une lame sous la gorge , la duchesse n'en menait pas large.
Abandonnée sa morgue et son arrogance , elle pensa à son époux , à sa famille , se vit baignant dans son sang dans une ruelle sordide , mourrant dans les bras de sa Ninon.
On dit que lorsque l'heure de la faucheuse est venue , la vie défile devant les yeux .
La Duchesse ne vit pas sa vie defiler mais elle eut juste une envie trés pressante d'uriner .

La peur nouait son ventre , lui donnait la nausée pendant que le voleur fouillait maladroitement sous sa pelisse dans l'espoir de trouver sa bourse.
Du moins c'est ce qu'elle pensait car s'il avait voulu la trousser le gueux ne s'y prenait pas de la bonne maniére.

Durant un instant elle se dit qu'il etait étrange qu'aucun malfrat qu'elle ait pu croiser n'aient penser une seule seconde à lui faire subir les derniers outrages .
Tous n'en voulaient qu'à sa bourse....

Finalement , l'homme la lacha et s'enfuit avec son comparse.
Elle tomba à genoux et reprenant sa respiration , vit Ninon qui essayait maladroitement de se remettre sur pied.
Elle se traina jusqu'à elle pour s'assurer qu'elle n'avait aucun mal et les deux femmes tombérent dans les bras l'une de l'autre en pleurant.

Pendant qu'elle aidait sa chambriére à se relever , elle jeta un oeil dans la ruelle où les voleurs s'etaient enfuis.
Elle vit alors l'un d'eux chuter lourdement et un homme s'approchait de lui et lui reprendre la bourse qu'il avait derobé.

Elle se précipita vers son sauveur et lui tomba dans les bras , depenaillée et ebourriffée .


Oh messire , mille merci , sans votre intervention ces canailles se seraient enfuis.
Heureusement qu'il y a des gentils hommes , tel que vous pour défendre l'honneur de deux femmes .


En disant ces mots , les doigts de la duchesse se refermérent comme une serre autour de la bourse que l'homme tenait à la main.
Bizarre, il ne voulait pas la lacher .....
Esther_adelie
[juste au coin de la rue]

« Je me souviens d'un coin de rue
Aujourd'hui disparu.
Mon enfance jouait par là.
Je me souviens de cela.
Il y avait une palissade,
Un taillis d'embuscades.
Les voyous de mon quartier
Venaient s'y batailler. »


« C’est à ce coin de rue qu’un soir
Un mec un peu bizarre
fugitif comme un muguet
fonça en plein dans l’Guet
L’étreinte du dératé
Fût de courte durée
On l’ décora sans délai
De jolis bracelets »


Il y a toujours des baladins au coin des rues improvisant leurs couplets à partir des petits faits divers dont ils sont témoins : ce sont de précieux agents de renseignement à l’occasion.

Le fuyard avait percuté le lieutenant Marcellin de plein fouet et ce faisant tout chiffonné le plastron, mis les passementeries sans dessus-dessous, dérangé le bel ordonnancement des décorations, renversé la toque sur l‘oreille gauche et même taché le col en bavant dessus de surprise bref, lui avait mis le costume minable


Regardez-moi ça les filles ! C’est que je perd toute crédibilité à patrouiller dans cet état

Se lamentait le policier

Hé bé mon vieux c‘est grande pitié de te voir ainsi attifé
Avait raillé wilfried

à ta place je rentrerais tout de suite au Grand Châtelet pour me changer
s’était apitoyé Adelphe

Marcellin était très, très irrité alors prenant le contrevenant par l’oreille


Ah fichtre, tu vas vraiment le regretter petite fripouille !
Et si nous allions voir ce que tu cherche à fuir ?
Finn.
Loin de se douter de ce qui allait lui tomber dessus quelques instants plus tard, l'Irlandais pressait fièrement entre ses doigts le fruit de sa rapine. Mille ambitions s'imposèrent dans son esprit quant à l'utilisation du butin. De la plus rudimentaire à la plus fantasque. Sa bonne humeur ainsi retrouvée, il s'apprêta à déguerpir. Ce qu'il aurait fait si des griffes manucurées ne s'étaient pas aussitôt plantées sur la grosse poche d'écus jalousement gardée captive par ses soins.

En effet, il venait de se faire assaillir de front par une follette débraillée. La chevelure éparse, elle se jeta sur lui avec l'élan du soulagement. Finn se sentit brusquement englouti sous une cascade de larmes dont les joues de la jeune femme étaient imbibées.

Interdit, il resta figé et finit par reconnaître à travers elle la donzelle qui se faisait tantôt fouiller les jupons par l'homme estourbi à ses pieds. Mais pour qui le prenait-elle au juste? Elle n'hésitait pas à user de drôles de qualificatifs à son égard. Non loin, la chambrière s'échinait à ramasser les robes dispersées dans la ruelle par le fuyard. Nom d'un chien, ces deux pies en voulaient à son butin!

Que faire?

Un rapide tour d'horizon l'avisa que d'autres passants s'étaient arrêtés pour observer la scène. Les messes basses allaient bon train tandis que bientôt, le chant des bottes prévînt l'irruption du guet dans la rue. Ces derniers interceptèrent le fugitif manu militari lorsqu'il leur fonça dessus. A partir de cet instant, ils se dirigèrent vers le trio.

Finn agrippa la donzelle et se plaça de manière à pouvoir observer l'arrivée des forces de l'ordre par-dessus son épaule. La manœuvre visant à se soustraire à la vue des autorités fut bien vaine. Il lui était désormais impossible de s'enfuir avec la bourse dérobée sans déclencher une folle poursuite dans le dédale parisien. Sa ruse prit alors le relais.


- « Ces deux larrons ne t'ennuieront plus, Dame. », balbutia-t-il, un brin mal à l'aise dans son rôle de sauveur.

A grand regret, il lâcha prise et rendit la bourse à sa propriétaire, dos au mur. Profitant malgré tout de la candeur de l'aristocratique jeune femme, il s'enfonça un peu plus encore dans son nouveau costume de chevalier servant.

- « Finn, pour te servir. », prononça le mendiant irlandais avec d'avantage d'assurance, sans perdre cette propension à la familiarité.

Introduction qu'il ponctua d'un timide signe du chef.
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Telya
La bourse en main , elle contempla l'homme qui se présentait à elle.
La vesture avait connue des jours meilleurs mais il dégageait une force qui lui mit des fourmis dans le bas ventre.
Elle recula de deux pas , il n'etait point de mise pour une duchesse d'être si prêt d'un homme qui ne soit point son époux.


Messire , je vous suis infiniment reconnaissante et ne sais comment vous exprimer ma gratitude.

Elle remit de l'ordre dans sa coiffure et depoussiéra sa robe d'un revers de main rapide.

Je suis Telya d'Harlegnan , Duchesse de Chaligny , en visite dans la capitale avec mon époux.
Sans vous il serait veuf à n'en pas douter.


Une seconde l'idée de lui donner la bourse en récompense lui traversa l'esprit , une seconde seulement.
Elle ouvrit le petit sac de cuir brodée et en tira quelques piéces qu'elle lui fourra dans la main.
Il devait y avoir assez d'écus pour boire jusqu'à plus soif et se faire bonne pitance.
La duchesse estimait sa vie à bien peu de choses.
Esther_adelie
Dommage que l’espèce humaine soit toujours imprévisible : malgré les infinies précautions du Guet pour accomplir une ronde pépère, des manants avaient ignoré les signaux d’intimidation et il allait encore falloir bosser

Enfin, il semblait qu’on avait affaire là à bien autre chose qu’un délit, peut-être même avec un peu de chance à un crime et qu’on tenait meilleur motif pour inculper qu’une simple « atteinte à l’intégrité de l’uniforme de Marcellin »

Dès qu’ils pénétrèrent la rue des Innocents les policiers furent pénétrés d’une atmosphère hautement confuse.
- A équidistance de l’angle et du bout de la rue se tenait un spectacle insolite : tous les regards convergeaient vers cette scène : un corps inerte, allongé à terre.
- A proximité un type (à première vue, estropié) et une femme (bien mise) se faisant face.
- A environ dix coudées de là, une deuxième femme occupée à ramasser moults vêtements éparpillés

Après tout, cela pouvait devenir assez excitant et donner lieu à un exercice de répression plutôt salutaire pour le moral des troupes se plaisaient à constater les enquêteurs.
C’est pourquoi ils mirent en œuvre la procédure d’interpellation avec une joie visible


Qui va là ? Personne ne bouge !
aboya Wilfried

Les témoins doivent se tenir à disposition
précisa Adelphe

Vigilat ut quiescant
Renchérit Marcellin pensant qu’un peu de latin ne nuirait pas au redorage de blason des forces de l’Ordre

Décidément l’affaire semblait une sombre et singulière intrigue

S’efforçant de se pencher sur les faits, Esther entreprit d’examiner les traces de pas ou d’objets sur le sol meuble pour tenter un décryptage de la scène de crime
Finn.
La femme avait repris de son superbe et revêtu sa parure de duchesse deux pas plus loin. En proie à un affreux dilemme, l'Irlandais, quant à lui, tergiversait sur le sort à octroyer aux nombreuses pièces que renfermait sa pogne. Généreuse récompense qu'il ne sut trop comment accueillir. Le mérite avait cette indescriptible saveur qu'il avait jusqu'ici tardée à découvrir.

- « Sa Grâce est fort généreu... », s'interrompit Finn.
- « C'est lui! Y'a buté Félix! », s'égosilla le malandrin, dardant d'un index accusateur le faux estropié.

Calé entre deux armoires à glace du guet royal, le plus gringalet des deux compères se mit à gesticuler, débinant ses calomnies avec frénésie.

- « Retenez-moi ou j'fais un malheur! », feignant de se débattre.

L'Irlandais apostrophé se tut.

Il était dans de beaux draps... Disposant de bien peu d'affection envers les forces de l'ordre, ces dires ne risquaient pas d'améliorer leurs relations souvent conflictuelles. Des coups d'œil sur ses flancs rythmèrent l'attitude pour le moins effacée du bonhomme qui, s'il l'avait pu, aurait mis les bouts loin de cette panade.

Discrètement, il hasarda du bout du pied le réveil de la prétendue dépouille.


- « Monsieur s'est pris les pieds dans ma canne, je n'y peux rien. Ce n'est qu'une vilaine chute. », se justifia-t-il lorsque l'on put remarquer une mare de sang s'écouler de part et d'autre du corps inanimé.

Corps qui fut aussitôt renversé par l'un des joyeux lurons de la cohorte policière. Une dague apparut alors, enfoncée dans la ronde panse du lourdaud.

- « La duchesse va tout vous expliquer... »

Fallait toujours que ça tombe sur les immigrés.
_________________
Telya
Les remerciement effectués , la récompense remise , le face à face commençait à devenir embarrassant.
La duchesse regarda Ninon qui finissait de ramasser ses achats épars sur le sol.
Quel gachis ! Elle était sure que sa belle étole de fourrure etait définitivement abimée, sans parler des gants de chevreau qu'elle vit trainer dans la boue.

Soudain , alors qu'elle allait prendre congés et regagner la sécurité de sa chambre d'hôtel, les hommes du guet arrivérent.


Que personne ne bouge !!!

N'ayant jamais eu affaire aux gens d'armes , elle n'osait bouger .

Une femme , les yeux baissés , semblait chercher quelque chose sur le sol.
Telya regarda aussi , des fois qu'un de ses bijoux ne soient tombés lors de l'altercation.

Celui qui semblait leur chef remettait de l'ordre dans sa tenue , pendant que deux de ses hommes tenait fermement un des malandrins qui avait tenté de s'echapper tantôt.

Il accusait son sauveur d'avoir tué son ami qui gisait à terre .
L'un des policiers renversa le corps et à la surprise de Telya , une dague etait enfoncée dans son ventre.
Elle regarda le dénommé Finn.
Etait ce lui qui avait planté la lame pour empecher l'homme de s'enfuir ?
Il semblait mal à l'aise en présence des forces de l'ordre , peut être avait il quelque chose à se reprocher ?


"La duchesse va tout vous expliquer..."

Les policiers n'avaient pas l'air commode.
Elle se dit qu'elle devait la vie à cet homme et que la moindre des choses etait de prendre sa défense et tant pis pour le malfrat qui baignait dans son sang , il n'avait que ce qu'il méritait.


Messires , cet homme dans un élan de bravoure incroyable , n'a pas hésité à risquer sa vie pour sauver la mienne.
Nul doute que ces malandrins m'auraient occis s'il n'avait pas etait là.


.................. Elle se dit qu'elle en faisait peut être un peu trop et dans un éclair de génie , elle déclara.

De plus cet homme fait parti de mes gens , il m'escortait pour s'assurer de ma sécurité et n'a fait que son devoir , voyant que j'etais en danger .

Ninon la regarda avec des yeux effarés qu'elle leva aussitôt au ciel

C'est l'duc qui va être content de cette nouvelle recrue.... murmura-t-elle
Esther_adelie
Au menotté qui se secoue

tout doux l’ami ! il y a assez de fourches au gibet pour tous les suspects ici, inutile de se battre afin de refiler sa place au voisin et tout suspect est présumé coupable d’ailleurs La liberté, la vraie ne se donne pas, elle se conquiert


puisque la société fait les larrons pour le simple plaisir de les pendre et non seulement dans le but de faire vivre l’industrie de la chaîne judiciaire : policiers, gardiens, avocats et juges comme on l’entend si souvent hélas !

et que c’est grâce à nos rendements prodigieux que la population peut aller se distraire en famille et en toute innocence, le dimanche au spectacle de Montfaucon ou de Montigny où ils jouissent des derniers râles d’agonie « mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre » d’une engeance oisive auquel le sens moral fait défaut

Séraphin qui est quand même le plus avisé de la troupe leur glisse à l’oreille

Gaffe ! une duchesse impliquée dans ce type d’affaire ça sent mauvais, très mauvais. La consigne est claire : dès qu’il s’agit de criminalité en col blanc, c’est le prévôt direct qui doit s’en occuper car seul il est capable de déployer les trésors de diplomatie qui conviennent en telle posture
alors allons-y sur des œufs et surveillons le zèle de la nouvelle


la nouvelle en question se relève après avoir étudié le terrain à un pas derrière les pieds du corps

voyez la trace ici, elle ressemble au sillon qu’aurait laissé une extrémité de canne placée en travers du chemin de la victime.
Donc, celle-ci s’étale à environ une demie brasse, c’est tout à fait plausible.
L’investigation confirme son témoignage, il dit vrai … du moins sur ce point.
Par contre ce qui fait vraiment désordre pour confirmer sa thèse, c'est la présence du surin là ... on peut difficilement l'ignorer !


Laisse donc, c't'un cas de légitime défense
Permettez heu, Votre Grâce, pour la forme il nous faut tout de même dresser le procès verbal de l'incident


Comprenez ? nous sommes obligés, la Prévôté exige que soient consignés tous les faits !
Telya
La Duchesse hocha la tête en signe d'assentiment aux paroles du dernier policier .

Je comprends fort bien .
Faites donc votre travail agents du guet .... faites ....
Mais l'arme qui s'est malencontreusement plantée dans le ventre de cet homme et la même que celle qu'il m'a mis sous la gorge et dont il n'aurait eu aucun scrupule à user à mon encontre sans l'intervention de mon garde du corps.


En un éclair de lucidité ( si , si , elle en avait parfois ) , la duchesse se dit que d'illustre inconnu , l'homme venait de passer au statut de garde du corps en quelques secondes.
Ninon leva encore une fois les yeux au ciel en grommelant et se planta à ses cotés , les bras chargés .
Telya eut soudain pitié de la pauvre femme qui la servait depuis qu'elle était bébé.
Elle avait l'air épuisée.
Finn.
Visiblement absorbé par le macchabée, Finn maudissait la gaucherie de l'homme s'étant empalé sur sa propre arme. La truandaille n'était plus ce qu'elle avait été.

Il sortit de sa torpeur à l'évocation des faits par sa sauveuse. Celle auprès de laquelle il commençait sérieusement à s'endetter. A présent propulsé gardien de son intégrité physique, le gueux ne chercha pas à contredire ses paroles face aux agents du guet. L'affaire fut finalement réduite à une simple formalité. Il songea que le statut de la jeune femme y était pour beaucoup et bénit sa bonne fortune d'avoir croisé sa route.

Plusieurs hochements de tête introduisirent sa version des faits.

- « Comme l'a dit Sa Grâce. J'ai aperçu ces deux gredins s'en prendre lâchement à sa personne, quand celui-ci s'est ensuite rué dans ma direction. Paf, mort. L'autre a fui. »

L'Irlandais tâcha d'être le plus concis possible. Il n'était déjà pas du genre bavard alors dans un cas pareil... Sa priorité étant de sortir au plus vite de ce pétrin.

- « Si vous le permettez, après toutes ces émotions je souhaiterais raccompagner sur-le-champ ces dames à leurs appartements. », prétexta-t-il aux agents.

D'un geste, il invita Telya et sa suivante à le précéder. Les pièces reçues plus tôt pesaient lourd dans la poche de son veston. Il se sentait honteusement redevable envers elle. Tant et si bien qu'il envisagea de lui rendre la récompense. Sans mot dire, son regard croisa celui de la duchesse et suffit à lui témoigner sa profonde gratitude. D'une pudeur trop grande pour en exhiber davantage à cette presque inconnue.

- « Que Madame consente à me laisser la convier à souper afin d'achever cette interminable soirée. », suggéra Finn d'un ton empreint de complicité, comme après un mauvais coup.

Juste retour des choses, autant que cet argent maudit finisse dans leurs estomacs.

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Esther_adelie
Et pour le poignard ? il le tenait fermement alors la lame se serait retournée contre lui au moment d’heurter la chaussée

Ch’ais pas, est-ce qu’une de ses mains tenait le manche quand tu as retourné le corps ?
parce que là, maintenant il a les deux bras le long des côtes flottantes

Bousouille et défection, m’en souviens plus !


On porta un lutrin et une chaise réquisitionnés dans l’échoppe la plus proche

permettez, cela ne prendra guère que quelques minutes, une simple formalité


Marcellin sortit un vélin vierge marqué aux armoiries de la Prévoté et aussi par les vicissitudes d’une récente bousculade
Il s’installa tranquillement sur le pupitre improvisé





Après avoir investiguer sur les "lieux du crime" et la victime étant par ailleurs dans l’incapacité de reconnaître formellement son éventuel agresseur, l’enquête diligentée fait apparaître que la susnommée victime s’est, peu avant son accident fatal précipitée sauvagement sur la duchesse ...


là, je suis obligé d’indiquer vos noms et titre




et ce dans le but de « l’occire » avec l’aide d’un complice suivant les termes exacts de la noble dame susnommée,
le dénommé ...

quel est votre nom mon brave ?



entendu à son tour,
employé en qualité de garde du corps de ladite Duchesse et agissant de bonne foy conformément à sa fonction (sous réserve de vérification qu’il ne soit pas identifié dans les fichiers de la Prévoté) s’interposa subséquemment à mains nues
mais il s’avère que souffrant ...

d’une blessure de guerre ?



le port d’une canne lui est nécessaire, celle-ci se prit alors accidentellement - selon les dires du sieur suscité - dans les jambes de la victime qui chuta violemment.
L’analyse balistique effectuée par l’agent assermentée Esther Adélie corrobore ce fait

En conclusion il apparaît que la principale pièce à conviction accuse son propriétaire et que la victime s’est fait justice en retournant sa propre arme contre elle juste avant de toucher terre


les autres enquêteurs un peu gênés se concertaient discrètement


tu crois que ça va passer facilement par le filtre de l'huissier ... tout ça ?
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