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[rp] Cabinet du Grand Chambellan

Stephandra
La Capitaine de la garde en personne tient à accompagner le messer dont l'accent lui plait tant, dédales de couloirs qu'elle commence à bien connaître, le message donné est clair aussi c'est gaiment qu'elle arrive à la porte du cabinet du Grand Chambellan et fait annoncer la venue de l'homme.

Se décale en attendant qu'il soit reçu, le regardant en souriant, pas bavarde en même temps il n'est point là pour la rencontrer elle, Stéph fait son travail simplement, sous peu, elle le laissera mais en tient pas à le laisser patienter seul, ne serait ce que par courtoisie.
Arnaut_lo_tocasson


Accompagnant la Capitaine, un peu perdu dans ces lieux qu'il ne connaissait point, Arnaut continua de deviser et de répondre aux questions de la jeune femme (*) tout en s'efforçant de retenir le chemin, afin de ne pas se perdre lorsqu'il lui faudrait quitter le Louvre. Ce faisant, il tapotait régulièrement ses habits -tant pour en retirer la poussière qu'essayer d'avoir l'air présentable, sous le regard désapprobateur de quelques serviteurs en charge du nettoyage des couloirs et qui voyaient d'un mauvais œil la venue de ce cavalier à la mise commune qui salissait les tapis en agissant de la sorte...

Après tout, il aurait bien pu s'arrêter en ville, prendre un bain et se changer avant de se présenter ici, non ? Comme s'il allait en mourir de perdre une journée...



* ) Cf. Dernier post d'Arnaut sur le topic : [RP] Un cavalier, qui surgit hors de la nuit... ; visible à l'entrée du Louvre.
Actarius
Ses yeux se fermèrent un instant sur les jardins. Le temps d'un battement d'aile de papillon, il oublia. Il oublia les charges qui l'oppressaient, les morts qui le hantaient, il oublia la vacuité de son existence. Il goûta à un éphémère mais si réconfortant bonheur. Un sourire osa même éclore sur ce visage désolé par les années et les souffrances répétées. La porte résonna de quelques coups, les yeux se rouvrirent et l'égarement se dissipa au profit d'une réalité qui allait s'avérer surprenante.

On lui annonça bientôt l'arrivée d'une ancienne connaissance, bien ancienne déjà et sans plus attendre il demanda non seulement de le faire entrer, mais aussi de servir un pichet de vin rouge légèrement dilué. Du "languedocien" évidemment. Puis, il demeura debout le regard fixé sur le battant de la porte qui serait bientôt poussé.

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Arnaut_lo_tocasson


Adossé au mur, le vieux précepteur attendait patiemment, soulageant son dos -rendu douloureux par les dernières journées de monte, en l'appuyant aussi droit qu'il le pouvait. Si ça avait été possible, Arnaut aurait presque demandé l'autorisation d'aller faire un petit tour sur un chevalet, histoire de bien étirer ses muscles, mais bon, une requête du genre aurait donnée une étrange image du personnage. Bien sur, un tel traitement n'était pas synonyme de sinécure, mais ça aurait le mérite de dénouer et d'éviter les courbatures, enfin c'est ce à quoi il pensait, quand un serviteur vint l'avertir que le Chambellan l'attendait...

Emboitant le pas à l'homme, le cavalier entra dans l'antichambre avant de se retrouver devant la porte du bureau de l'homme qu'il venait voir. Passant une dernière fois la main dans ses cheveux, son chapeau tenu serré contre son torse, l'ancien se racla doucement la gorge puis entra...


« Bonjorn senhèr Carmalenc... »
Actarius
Le visage du Mendois ne fut guère long à se dérider. A l'évidence, de revoir cet homme lui procurait le plus grand des plaisirs.

Arnault ! Un Languedocien, un vrai enfin ! La joie du Grand Chambellan n'était pas feinte, il s'abandonna même à poser une main chaleureuse sur les robustes épaules du "Tocasson". Et l'accueillit dans une langue d'oc qu'il se réjouissait de pratiquer à nouveau*. Prends place, je t'en prie mon ami ! Il accompagna son invitation d'un geste de l'autre bras en direction d'un siège. J'ai fait amener du bon vin de chez nous, le serviteur ne devrait pas tarder.

C'est alors que la mine conviviale du Phénix devint plus sombre. Mais dis-moi comment vas-tu, comment vont les terres d'Exat ? Il savait les malheurs de la famille Shaggash, il savait les morts étranges et inexplicables. Il le savait d'autant plus qu'il avait partagé de belles amitiés avec les fiers Maures. Et cela l'affligeait. Car leurs deux familles avaient partagé bien des deuils. Chez les Euphor, comme chez les Shaggash, les cadavres devenaient légions.



*Actarius parle en occitan quand bien même je manque de maîtrise et donc de temps pour traduire. Avec mes excuses.

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Arnaut_lo_tocasson


Souriant devant l'hospitalité dont faisait preuve son hôte, Arnaut accepta avec plaisir le siège qu'on lui offrait, se laissant doucement tomber dedans en poussant un petit soupire d'aise. La pièce était accueillante, assez chaude -entendez qu'il n'y faisait pas aussi froid qu'au dehors, et le Chambellan venait de parler de vin languedocien. Si le sujet de sa venue avait été autre, cela eu-été un véritable plaisir, las, il lui fallait parler de ce sujet épineux...Et quoi de mieux que la langue chantante du Sud pour éviter que d'indiscrètes oreilles ne viennent rapporter leur échange ? (*)

« Comme vous le voyez, si ce n'est la fatigue du voyage, je me porte bien et aux dernières nouvelles, il en allait de même pour les bonnes gens vivant en Exat. J'ose espérer que le Très-Haut vous garde en Son estime et vous préserve, vous et votre Mesnie... »

Marquant une petite pause, cherchant ses mots, l'ancien laissa couler quelques secondes avant de reprendre...

« Senhèr Actarius, par vos attentions, vous êtes la bonté incarnée et j'ai grand regret d'avoir à vous parler des raisons de ma venue... Comme vous devez l'avoir appris, l'enfant de feu Senhèr Quirin et feue son épouse Donà Majda, ma bonne maîtresse, a quitté le monastère où il avait été placé, afin d'hériter des biens et terres légués par ses parents... »

Discrètement, comme pour replacer quelques cheveux baladeurs qui gênaient son regard, Arnaut s'essuya les yeux, chassant les petites larmes qui perlaient alors qu'il évoquait la fille de son premier seigneur...

« … Hors, vous n'êtes pas sans savoir l'étendue des torts causés par certaines familles à nos Maisons respectives. Je ne vous cacherais pas la vérité... Les baronnies ne sont plus que ruines. Les dettes que le comté a tant tardé à honorer ont empêché le payement de nombre de serviteurs qui s'en sont vus affaiblis, les fermes produisent à peine de quoi sustenter le peuple et les impôts ne sont plus prélevés que pour assurer la tenue du rang de notre jeune seigneur...

Et pourtant, les réparations dues ne sont pas versées, alors qu'avec leurs intérêts qui courent depuis tant d'années et même partagées entre nos alliés et l'Église, elles assureraient la pérennité de la Maison sur plusieurs générations...
»

La voix altérée, le vieux précepteur qui savait pouvoir se confier en toute franchise et amitié auprès du Maître de la Maison d'Euphor, continua tristement...

« Le coutumier d'Exat n'est plus appliqué ni même respecté par les Conseils -si jamais il l'a été un jour. La Bannière -depuis l'ordre inique de l'actuelle Général, est considérée comme illégale, pis encore, elle se voit même décrite comme un regroupement potentiel de brigands et le droit de recruter à été retiré. Et tandis que la Maison Shaggash sombre peu à peu dans la misère et l'oubli, d'aucuns s'arrogent fonctions, pouvoirs et droits supérieurs au commun... »

S'interrompant un bref instant, tant pour calmer les humeurs contradictoires qui montaient en lui que pour reprendre son souffle, Arnaut reprit plus doucement, comme sur un ton de confidence...

« Saviez-vous qu'un des enfants la Femelle-Serpent s'est suicidé alors qu'il était Bourgmèstre de Carcassonne ? La rumeur veut qu'il eut agit de la sorte après avoir découvert des irrégularités dans les comptes de la cité, et comme de bien entendu, nulle confirmation ou infirmation. L'on a placé son frère ainé à sa place pour tout dissimuler et désormais Nothias de Noumerchat, car il s'agit de lui, se voit dirigeant d'une cité, Conseiller siégeant et bien vu pour obtenir la charge de Capitaine, quand sa mère est elle-même Général. De même, alors que les chairs de son époux se délitent dans le tombeau, voilà que malgré son grand âge, elle se retrouve une nouvelle fois sur point d'enfanter. En vérité, ils sont comme les rats et la vermine. Plus le comté se délabre, plus ils prolifèrent...

Dans cette situation vous le comprenez nous craignons pour la vie du petit Baron. Notre jeune Maître et le seul et dernier héritier en ligne directe. D'autres existent, mais sont des pays mauresques et ignorent tout de leur famille établie en Languedoc. Feu le Senhèr Djahen se trouvait en froid avec la majorité de ses proches...
»

Reprenant une voix normale, le vieil homme décida de conclure sa présentation en énonçant clairement ses intentions...

« J'en viens donc aux raisons de ma venue...
Pourriez-vous m'organiser une rencontre avec Sa Majesté, que les torts causés aux Shaggash et autres Maisons lui soient exposés et qu'Elle applique Sa justice infaillible, quelle que fut sa décision finale ? Je peux produire une lettre de mon seigneur s'il le faut, pour prouver que j'ai toute latitude pour parler en son nom...

Je sais que telle requête peut paraître excessive ou trop hardie, mais si nous n'agissons pas, il ne restera bientôt plus rien à défendre... 
»




* Pour plus de lisibilité et gagner du temps, considérons donc cet échange comme se faisant en Occitan. Nous éviterons de la sorte les traductions et notes de rappel en petits caractères qui nuisent à l'appréciation de longues tirades comme celles du présent post.
Actarius
Le Vicomte devint de plus en plus sombre au fil de la tirade de son hôte. Il avait laissé le Languedoc pour bien des raisons, mais l'une d'entre elles avait un nom: Enduril qu'il surnommait sans l'ombre d'un état d'âme, le Fléau du Languedoc. Et il y avait de quoi, tant ces différents "règnes" avaient été marqués par les conflits et l'avancement du déclin languedocien. Cette femme si orgueilleuse, qui se pavanait sans doute à plus forte raison depuis son départ, n'ayant plus l'ombre d'un opposant. Il était effectivement étonnant de voir le sort que subissait irrémédiablement les opposants à sa politique. Leur mesnie était ravagée par la souffrance, les deuils... Et elle la si compétente destructrice continuait d'avoir la belle vie.

Arnault... je préfère vous prévenir. Vous obtiendrez sans doute une entrevue, mais il n'en résultera pas grand chose. Au mieux, une enquête sera diligentée... et celle-ci sombrera faute d'éléments concrets. Ce monstre sait effacer ses traces, il a toujours fait ainsi et continuera encore et encore à porter préjudice aux maisons de ses opposants politiques qui s'affaiblissent, s'amenuisent au fil du temps tandis que la sienne prospère.

Il poussa un profond soupir de dépit. Mais même si vos chances d'obtenir justice sont réduites, je vais vous aider et vous obtenir cette entrevue. Peut-être suis-je trop pessimiste... Et il est de votre droit de demander justice. Ses bras se croisèrent machinalement tandis que le serviteur entra enfin et remplit deux godets pour les Languedociens. Le Vicomte trinqua puis reprit. En attendant, je vais prendre le jeune baron sous mon aile. Et mon intendant viendra vous rencontrer afin de voir comment nous pouvons vous aider en hommes, en écus, en marchandises... Un petit sourire naquit sur le visage euphorique. Car je garde un avantage sur ce Fléau. Je suis et demeurerai toujours bien plus riche qu'elle et toute sa mesnie réunie. Une seconde gorgée vint ponctuer cette moquerie. Une étrange lueur scintilla dans le regard du Grand Chambellan.
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Arnaut_lo_tocasson


Écoutant avec attention les paroles du Chambellan, Arnaut trinqua avec lui lorsque leur fut servi le vin. Sans pour autant perdre une miette du discours tout en prenant de petites gorgées du rouge breuvage, le vieux précepteur réfléchissait. Ainsi, l'entrevue était chose possible mais les chances réduites ? Qu'importe, peu valait toujours plus que rien. Il fallait saisir cette chance et essayer de sauver ce qui pouvait l'être, à commencer par l'enfant...

Souriant et rassuré par les paroles d'Euphor, l'ancien répondit alors...

«  Vous êtes vraiment un homme bon et vos paroles ne font que me conforter dans l'idée que feu mon premier seigneur avait raison de vous tenir pour honorable et digne de confiance... »

Petite gorgée de vin, ça goute bon le Languedoc dans le gosier d'Arnaut, on le boirait jusqu'à la lie, contrairement à ce qui sort habituellement de ces terres...

« Je vais donc écrire à mon jeune maître, pour le prévenir de vos offres généreuses et l'inviter à se rendre sur Paris. Sans nul doute, y sera-t-il plus en sécurité. Pour ma part, j'ai avec moi nombre de documents qui, je l'espère, sauront convaincre Sa Majesté... Encore merci pour tout ce que vous faites, la Maison Shaggash ne l'oubliera pas... »
Actarius
Le Phénix saisit une plume, qu'il imbiba d'encre, tout en écoutant les paroles du fidèle parmi les fidèles de la Maison Shaggash, puis il griffa un parchemin qu'il scella bientôt. Son regard revint au Tocasson.

Un homme bon... Le Vicomte avait répété cela machinalement avec une lassitude inattendue tout en se laissant couler plus confortablement dans son siège. Arnaut... les hommes bons font toujours long feu. Si je suis encore en vie, ce que j'ai commis bien des erreurs. Et ses pensées se focalisèrent vers sa défunte épouse. Je ne fais que racheter celles-ci pour espérer pouvoir un jour me les pardonner. Un soupir aussi long que le cours du Nil s'échappa de cette bouche asséchée.

Sa main caressa la coupe qu'il porta bientôt à ses lèvres. Tu peux dire à ton Seigneur de venir me trouver au Louvre. Plus il sera loin des maléfices du Fléau, mieux ce sera. Il se leva alors, ouvrit la porte et appela un serviteur, qui ne fut pas long à apparaître et auquel il remit la missive scellée en lui demandant de la remettre à Sa Majesté en mains propres. Puis le Mendois invita son hôte à se lever. Il est une bonne auberge non loin du Palais, demande à l'un de mes serviteurs de te conduire à la Licorne blanche et dit au tenancier que tu viens en mon nom. Il offrit un sourire chaleureux quoique mélancolique et tendit sa main droite au brave homme. Je te ferai prévenir dès que Sa Majesté aura répondu.
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Arnaut_lo_tocasson


La mine grave, le vieux précepteur écouta le Chambellan parler des erreurs qu'il avait commises et de sa nécessité de les racheter. Il en allait ainsi de même pour tous les hommes, petits ou grands, brigands ou saints, tous avaient des taches d'ombre dans leur passé, seule la volonté de corriger les choses faisait la différence au final entre une bonne et une mauvaise vie. Et quoi qu'en dise son interlocuteur, celui-ci était bien parti pour obtenir la rédemption qu'il désirait si ardemment. Notant mentalement les recommandations du languedocien, Arnaut se leva et lui prit la main d'une poigne ferme, le regard emplit de gratitude...

«Mon seigneur sera averti comme il se doit et j'attendrais de vos nouvelles en cette auberge que vous me recommandez. D'ici là, que Dieu vous garde... »
Jehan_djahen


[Quelques... heu non ... TRES longtemps plus tard...]

J'avais été convié à venir prendre mon service et c'est après une très loooooooonnnnnnngue route, ponctuée des éternels problèmes de laisser-passer, d'autorisation, de haltes dans des auberges ou dans des hôtels au gré des rencontres qu'enfin, après que j'eus demandé au moins heu... un million de fois ? oui à peu près un million, enfin je n'ai pas compté remarquer, mais cela avait commencé à peine un quart d'heure après que nous avions quitté Exat, quand nous allions arriver. Autant vous dire que les nerfs de ceux qui m'accompagnaient furent mis à rude épreuve !

Mais bon, trêve de tergiversations, donc voilà que j'arrive devant la porte du Grand Chambellan, intimidé, craintif, et terrorisé. Je prends mon courage à deux mains, et j'entre et me présente au garde après un toussotement, puis patiente, debout près de la porte.


Bonjòrn, soi Jehan_Djahen Shaggash de Rieucros, Bar d'Exat & de Portes, Senher de Coufolenç.

Courage ! Fuyons ? Heu non, papa et maman ne seraient pas fiers de moi si je faisais cela. Je reste donc pétrifié, à attendre.





*Bonjour, je suis Jehan_Djahen Shaggash de Rieucros, Baron d'Exat & de Portes, Seigneur de Couffolens.

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Actarius
Contrairement aux apparences, le garde ne fut pas long à introduire le garçon dans l'antichambre, puis après l'avoir annoncé dans le cabinet du Grand Chambellan. L'accueil fut silencieux, il fut même glacial, occupé que le Vicomte était à moindre un point final sur une longue missive, dont le contenu demeurerait mystérieux quelques jours. Ainsi, dans sa concentration, le Mendois n'offrait pas une image des plus cordiales, bien au contraire son visage demeurait fermé, sérieux et sans doute le temps devait-il paraître interminable à l'héritier. Mais l'ambiance changea soudainement. Les yeux de Sienne quittèrent la lettre désormais scellée et se posèrent sur le garçon tandis qu'un franc sourire grandissait sur ce faciès si sévère quelques instants auparavant.

Je t'en prie jeune homme, assieds-toi, glissa-t-il dans un oïl teinté d'oc et accompagnant ses paroles d'un geste du bras. Alors, voici Jehan Djahen... C'est un plaisir de te rencontrer et un plaisir également de t'ouvrir les portes de mon office. Arnaut t'en a sans doute parlé, j'ai été un ami de tes grands-parents, mais également de tes parents. Nos deux maisons partagent bien des traits communs et ont tissé de profonds liens, que je veux renouveler avec toi.

La voix était grave, douce. Elle se développait dans la langue du nord, quand bien même l'envie de passer en oc était très présente. Le ton chaleureux devint plus solennel. Ici, à Paris, tu seras en sécurité. Tu logeras à l'hôtel de Clisson où je loge moi-même et tu apprendras à mes côtés les usages. Ici, le nom de Noùmerchat n'est rien, les rancoeurs languedociennes n'ont plus aucun sens. J'ai eu quelques échos du Languedoc où j'ai encore bien des oreilles, poursuivit-il en croisant les bras et en fronçant légèrement les sourcils. Il te faudra apaiser ton coeur et calmer ta haine, car celle-ci ne fera que te desservir et pourrait également nuire à l'entreprise d'Arnaut.

Je sais... ce sera dur, cela te semble peut-être même insurmontable. Et pourtant il faudra y réussir. Les hommes qui se construisent dans la colère font d'excellents assassins, enfermés dans leur prison de vengeance. Ils ne connaissent aucun répit jusqu'à leur mort. Car même la vengeance la plus terrible serait incapable de leur offrir la liberté. Le pardon s'apprend avec le temps.
Il sourit légèrement, retournant à sa bonhommie habituelle. Bien, ceci dit en quoi à consister ton éducation jusqu'à présent ?
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Jehan_djahen
Introduit dans le bureau, je m'incline en un salut protocolaire assez proche de la perfection, ce qui signifie que : 1, je ne me prends pas les pieds dans le tapis, 2, je ne m'étale pas comme une grosse loque sur le sol. Me relevant, je le regarde en entendant la plume crisser sur le parchemin, le visage fermé, austère, je me sens vraiment tout petit dans ce bureau si grand. Mes yeux vont de-ci, de-là, regardant le décor, et inspectant le moindre recoin. Combien de temps cela dure-t-il ? Quelques instants à peine, assurément, mais mon jeune âge fait que j'ai l'impression que cela faisait une éternité ! Au moins ! Voire deux éternités ! Mouais peut-être même trois.

Et puis je commençais à m'ennuyer, alors que mon doigt allait en direction de mon nez, le Grand Chambellan relève la tête. Oups ! Vite, main en direction du sol, garde à vous fixe ! C'est qu'il me fait limite peur.

Je déglutis en m'asseyant et écoute les propos. Un sourire sur mes lèvres, lorsqu'il parle de ma sécurité.


Je vous remercie pour votre bonté, Senher.

Les propos sur la sorcière de mes jeux me font frissonner, et là, ma terreur doit se lire dans mes yeux, ma colère aussi, mais la peur que ce simple nom évoque pour moi.

Oc, je ne m'exprimerai plus en Languedoc, elle finirait par réussir à me faire occire. Mais comment pardonner à un assassin Senher ?

Je l'interroge du regard, osant, vu qu'il dit que nos familles étaient, sont, seront amies... Je ne comprends pas tout mais j'ai lu le carnet de maman trouvé dans la pièce secrète d'Exat, et je sais combien elle a aimé travailler avec Acta comme elle l'écrivait sur son carnet.

Il a déjà changé de sujet, homme pressé s'il en est. Je mordille ma lèvre inférieure, et rougit légèrement, m'appliquant à utiliser la langue d'oïl, même si à son accent, je devine que nous pourrions parler en notre belle langue d'òc.

Hum, je sais lire, écrire et compter, je connais la théorie sur le maniement de certaines armes, mais n'ai point encore la force musculaire suffisante pour la pratique. Je sais déjà presque utiliser une dague de lancer. Sinon, j'ai voulu faire ma pastorale, mais il parait que les enfants n'ont pas le droit.

Réflexion à fond les ballons comme qui dirait, pour trouver ce que je sais faire encore.

Donà Ariana m'a appris les manières, ou du moins tenté, et je sais donc saluer comme il se doit, enfin je crois. Par contre, mon langage parfois laisse à désirer.

Espérant qu'il trouve cela suffisant, je lève vers lui un regard, tel un condamné sur le Messie. Mes yeux brillent d'une joie non dissimulée de pouvoir rencontrer cet ami de ma famille, qui a cotoyé papé, mamé, papa et maman. Il me tarde de tout apprendre, j'ai soif de tout, je suis curieux, et il attise ma curiosité.
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Actarius
Le Vicomte prêta une oreille toute attentive aux propos du jeune garçon, dont il constata avec plaisir que l'éducation n'avait pas été laissée en friche. Il y aurait bien entendu des choses à apprendre, à corriger, la base était là. Non, l'objet de l'inquiétude du Phénix était tout autre. Il devinait la colère, la rage même et l'envie de vengeance, il les savait d'autant mieux qu'il les avait vécu également, qu'il les avait aperçu, entendu chez d'autres encore. Des grands noms du Languedoc, tous plus ou moins sacrifié sur l'autel d'une seule et même personne. Un véritable fléau qui avait décimé sur son passage celles et ceux qui avaient fait de la Province ensoleillée, l'une des plus puissantes du Royaume. Un mal pernicieux qui ne laissait dans son sillage qu'un Languedoc à la mentalité saccagé, aux piliers effondrés. Le temps béni avait depuis longtemps disparu avec lui, les voix dissidentes, sans doute trop franches et trop dangereuses s'étaient tues.

Il se garderait bien d'avouer que sa colère, sa haine tenaillaient toujours son coeur. Que l'envie d'éradiquer ce fléau demeurait encore lancinante et que c'était avant de commettre l'irréparable qu'il était parti. Non, la rancoeur le rongeait encore et toujours, il connaissait trop sa néfaste emprise pour ne pas essayer de la chasser ou du moins de l'estomper dans cette jeune âme. Mais tout cela, il avait su l'enfouir, le dissimuler sous son masque souriant de bienveillance avec une telle habileté que rien ne trahissait son ire viscérale. Ni un rictus, ni un geste, ni un regard. Et ce fut avec la même contenance, avec le même savoir-cacher, qu'il poursuivit de son ton bonhomme.


Mon jeu ami, glissa-t-il. Les grands hommes savent pardonner l'impardonnable. Ils placent leur confiance en la justice terrestre, et si celle-ci failli, ils se tournent vers la sagesse divine. La confiance en la justesse d'une cause, voilà le secret du pardon.
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Jehan_djahen


Je le regarde, plein d'admiration, de dévotion presque.

Je dois donc lui pardonner, et laisser le Très-Haut se charger de la justice ?


Dire que je comprends serait pas tout à fait vrai, et dire que je suis d'accord serait complètement faux. Elle a fait assassiner mes grands-parents et mes parents, pourquoi devrais-je lui pardonner ? Cela étant je baisse le regard, il a plus d'expérience, et il sait certainement mieux que moi.


La justice de la cause, c'est bien l'une des valeurs de notre Comté, n'est-ce pas ? Je ferais des efforts, Vostre Seigneurie. Il me reste tant à apprendre.

Je mordille mes lèvres de nouveau, le regardant.

Hum, où se trouve votre Hôtel ? Pour y faire porter mes affaires ? Heu oui, et retournez-vous de temps en temps en Languedoc ?


Je l'assaille de questions avec l'espoir de ne pas l'assommer et qu'il pourra m'en parler un peu plus de cette vie qui m'attend. J'ai un peu peur, je dois l'avouer. Quitter le petit monde que je connais pour un monde inconnu que j'imagine a priori hostile, ce n'est pas fait pour me rassurer outre mesure.

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