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[RP]Si facile de mentir...beaucoup moins d'avouer

Miramaz
La nuit avait été mauvaise pour la Rasée, l'incident de la veille et la dispute qui en avait découlé l'avait troublée plus qu'elle n'oserait l'avouer. Les images de la dispute se mêlaient aux souvenirs des instants reprochés, la gardant éveillée, colorant alternativement son visage du rouge de la honte et du blanc de la peur. Si le pardon de son brun elle avait obtenu, le poids de ses péchés maintenant l'accablait. Passant en revue tous les évènements de sa vie depuis sa dernière confession qui datait quelque peu, sa résolution s'affermit.

Se confesser elle devait afin d'obtenir le pardon divin et ainsi avancer de nouveau sur le chemin de la foi, sans détours indignes. S'échappant sans bruit de la paillasse qu'elle partageait avec son compagnon, elle fit rapidement ses ablutions et s'en fut dans le jour naissant. Marchant à pas pressés dans la ville, les yeux levés vers le ciel, à la recherche d'un lieu saint lui inspirant confiance. La flèche penchée d'une petite église des bas-fonds l'attira, si même une construction divine ne tendait pas droit vers Dieu, on lui pardonnerait ses propres écarts.

Contournant la porte principale, encore fermée à cette heure matinale, elle entra par une porte latérale qui émit un grincement perturbant la sérénité de l'édifice. Laissant ses yeux s'habituer à la pénombre, la nef étant seulement éclairé de quelques candélabres à la lumière chiche, elle se signa tout en repérant la configuration du lieu. Puis à petits pas glissés, le moindre de ses mouvements résonnant dans le lourd silence, elle se dirigea vers le confessionnal.

S'asseyant dans l'isoloir sans un regard vers celui du prêtre, la tête inclinée vers le sol, les yeux clos et les mains jointes elle se recueillit un instant. Récitant intérieurement le Credo pour se donner la force qui lui faisait défaut, elle examina de nouveau sa conscience cherchant par ou débuter. Plus qu'intimidée, se disant que saluer serait une bonne entrée en matière, elle laissa un faible murmure s'échapper de ses lèvres, les mots s'écoulant lentement, lourds de sens.


Mon Père,

j'ai péché, beaucoup péché..et ce jour je viens me confesser pour me rapprocher du Très-Haut.

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--Scopolie
Le mensonge paie, quoi qu'on en dise. Si je n'arborais pas cette croix de clerc autour de mon cou, les abbés ne me laisseraient pas manger à leur table et dormir dans l'église. Les vagabonds, ils leur indiquent une grange où aller se cacher, à moins qu'ils ne les livrent à la maréchaussée. En même temps, je les comprends. Laisser un pauvre dormir dans la même pièce que le vase des quêtes, c'est demander au chat de protéger la souris. Quoi que vu l'état des lieux, il ne doit pas y avoir beaucoup de dons. Comme quoi, la dévotion au Très-Haut ne paie pas.

Je dormais dans le confessionnal pour être à l'abri des fidèles matinaux qui taperaient à la porte fermée à double tour. Le dimanche, c'est le jour du Seigneur ; aujourd'hui, c'est mon jour à moi. Je ne donnerai pas de bénédiction aux mendiants qui me supplient de les aider, je ne répondrai pas aux questions existentielles des passants qui ne savent pas trouver de réponse par eux-même et je ne comptai pas non plus confesser une inconnue entrée de force dans l'église.

Je dormais profondément, jusqu'à ce que des bruits juste derrière le panneau en bois me réveillent en sursaut. Je me cogne, je grogne, je jure. Je suis de mauvaise compagnie au réveil, encore plus avec les gens qui viennent me parler de leurs problèmes. Je me redresse difficilement, on est à l'étroit ici. Mon pied a failli faire un trou dans la porte.


C'est pas en violant un lieu saint qu'tu vas te rapprocher de Lui.

Je me gratte le crâne en baillant ostensiblement. Est-ce que j'ai une seule bonne raison d'écouter les complaintes d'une femme qui veut se donner bonne conscience en avouant toutes ses fautes à un inconnu qui finira par lui dire de partir en paix ? Maintenant que je suis réveillé, je n'ai plus rien d'autre à faire. J'essaie de reprendre une voix plus aimable.

Faute avouée est à moitié pardonnée... Raconte moi tes péchés, ma fille.

Et tandis qu'elle me raconte, j'essaie de voir à travers la grille qui nous sépare à qui j'ai à faire. La curiosité est une faute qui peut aussi payer lorsqu'on sait s'en servir.

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Miramaz
Les bruits et murmures étouffés qui jaillissent la surprennent, elle qui pensait qu'un homme d'église se devait de rester calme et mesurée s'inquiète de qui se trouve en face d'elle. Serait-ce un curé tiré de sa campagne pour tenir chaire dans cette église de mauvais quartier? Un être buté dans ses convictions qui allait la juger sévèrement? Déjà peu rassurée en entrant, elle est maintenant totalement inquiète, n'est-ce pas le bon moment pour fuir et trouver un autre confesseur?

Déjà le prêtre l'accuse, violer un lieu saint? Comme si une église pouvait ne pas être ouverte jour et nuit, et les accès nocturnes de dévotion subite qu'en faisait-il? Hors de question qu'elle supporte ce péché de plus, elle en a assez sur la conscience pour en rajouter un aussi grave. Secouant la tête sans savoir s'il peut la voir, les yeux s'ouvrant pour appuyer ses propos en fixant l'ombre dans lequel se tient l’ecclésiaste elle murmure d'une voix un peu plus assurée cette fois:


La p'tite porte sur l'côté était ouverte, j'rien forcé du tout moi..j'respecte les lieux saints j'suis p'tête pèch'resse mais pas hérétique.

Mais l'indignation ne dure pas longtemps, entraînée qu'elle est par le curé qui semblerait presque conciliant d'un coup. Faute avouée à moitié pardonné, est-ce si simple finalement d'avancer sur la voie divine? Prenant une profonde inspiration, fermant de nouveau les yeux pour ne rien voir et ne pas se laisser distraire, elle commence lentement, ne s'attardant pas sur la signification des mots qu'elle prononce :

J'me suis pas confessée d'puis longtemps mon père.. ç'risque d'êt' long..

Commencer par les péchés les plus simples, les plus communs, ceux auxquelles s'adonnent nombre de croyants.

Mon Père, j'abuse d'la boisson: bière, vin, alcool régionaux fort en gorge, tout est bon pour qu'j'finisse ivre chaque soir.
Et j'suis avare avec ça, j'me débrouille t'jours pour n'pas payer plus du quart d'ce que j'bois, j'profite des gens, les amenant à se ruiner pour moi.


Courte inspiration avant d'enchaîner rapidement, les mots se bousculant pour sortir :

Pardonnez-moi mon Père, mais j'suis aussi coupab' du péché d'chair..en dehors du mariage..mais c'pas ma faute mon Père..j'peux pas m'marier avec lui..pasque c't'un barbare nordique..mais j'l'aime..

Les lèvres sont mordillées alors qu'elle écoute les réaction de l'homme d'église, inquiète à l'idée de passer aux péchés suivants, les plus importants.
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--Scopolie
La petite porte sur le côté, mais bien sûr... J'aurais dû la fermer à double tour elle aussi, ça m'aurait évité de me faire réveiller par cette femme et sa mauvaise conscience. J'espère au moins qu'elle l'a refermé derrière elle, je me vois mal confesser des paysans toute la journée. J'ai autre chose à faire de ma vie que de m'occuper de celle des autres.

Curieux de voir à quoi ressemble celle qui vient se confesser à moi, j'approche mon visage mal rasé de la grille qui nous sépare. Dans la pénombre, je discerne juste un crâne rasé, un visage jeune et les couleurs très mal coordonnées de sa tenue. J'en ai croisé des mochetés dans ma vie, mais l'a fallu que celle-ci vienne me trouver jusque dans mon sommeil. J’esquisse une grimace et fait coulisser le panneau en bois pour mettre fin à cette vision. C'était déjà assez pénible de l'entendre, surtout si comme elle dit, c'est long.


Ma fille, l'état d'ivresse est une porte de sortie pour échapper à quelque chose... Qu'est ce qui te tourmente tant ?

Je me surprendrais moi-même avec ce ton si doux, si compatissant, peut-être que me faire passer pour un curé me rend miséricordieux, à moins que ne soit le fait que je la comprenne parfaitement. Moi aussi, il m'arrive de boire lorsque j'en ai les moyens. Le monde est tellement moins ragoutant lorsqu'on est ivre. L'instant d'un soir, on oublie toute la misère qui compose notre vie et on se croit le maitre de notre destiné. C'est une lente descente aux Enfers, le corps consumé de l'intérieur par les tord-boyaux. On ne vit plus que pour oublier notre vie, s'oublier nous-même. Faut que j'arrête de boire, mais y a pire que moi.

Si le Très-Haut a créé les idiots, c'est sûrement pour qu'on les exploite. J'suis sûr qu'Il ne t'en voudra ça, mais évite quand même d'ruiner les pauvres paysans qui espèrent que tu leur montres un bout de sein.

J'ai beau réfléchir, je ne me souviens pas avoir payé un jour dans ma vie quelque chose à quelqu'un. Pas avec mon argent en tout cas. Je me gratte la joue, pensif. Elle m'a réveillé pour ça ? Mais on est pas chez les alcooliques anonymes ici. J'en suis même pas un. Puis, elle aborde des choses plus intéressantes : le péché de chair.

Pour que j'te pardonne, faudra me montrer que tu te repends vraiment. On parlera de ta pénitence plus tard...

Le temps que je trouve une combine qui me rapporte quelque chose. Confesseur est un métier comme un autre, faut payer mes honoraires. Plus les péchés seront importants, plus la note sera salée.

Les nordiques ne sont pas des fidèles, je me trompe ? Ils vénèrent des divinités barbares, à leur image, vêtus de peaux de bête et de haches. Ils leur vouent des cultes en pleine forêt, leur sacrifiant du bétail lorsque ce ne sont pas des vierges... Un peu comme les druides bretons.

Tout était bon pour enfoncer le clou dans la planche, du moment qu'elle tient solidement. Heureusement qu'elle ne peut plus me voir, sinon, elle apercevrait mon sourire moqueur. Ce qu'il y a de bien avec les brebis, c'est qu'on les mène où on veut.

Tu commets un péché de chair avec un hérétique : quel crime est plus abominable ? Dis moi, ma fille, as-tu procréé avec lui ? Car si c'est le cas, je craints que ce ne soit plus grave que je pensais...

Elle m'a réveillé dans un joli rêve plein de catins, faut bien que je me venge.

Tu peux néanmoins réparer ton erreur... Instant de silence, j'attends d'être certain d'avoir toute son attention. Qu'il vienne se confesser, et si je juge que sa foi en notre Dogme est juste, alors je le baptiserai vite-fait et je vous marierai. Par contre, comprends que je prends de gros risques, et que mon Amour pour mes fidèles ne me nourrit pas... Tu vois c'que je veux dire ?

Bien sûr qu'elle voit. Au pire, je lui expliquerai qu'aujourd'hui, c'est à elle de payer la tournée.

T'as fais d'autres choses répréhensibles par le Divin ?

Question bête, il était difficile de faire pire. Je voulais surtout paraitre intéressé par son cas, lui demander de faire un don conséquent et retourner dormir en paix.

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Miramaz
Le claquement sec du panneau de bois la fait sursauter, ses péchés sont ils-si insupportable que même un saint-homme ne peut les entendre de trop près? Pourtant la voix semble l'encourager à continuer, suffisamment ferme pour qu'elle n'oublie rien de sa situation mais assez compréhensive pour qu'elle reste assise là à déballer sa vie. La question la fait réfléchir un instant, pourquoi boit-elle? Pour s'échapper bien sûr, il l'a vite compris, on sent l'homme habitué à entendre les complaintes d'ivrognes, mais que fuit-elle? Tout et rien à la fois, ce serait trop long à expliquer et déjà il enchaîne la faisant grimacer devant le langage employé, décidément, il vit trop près de ses ouailles ce curé, leur fréquentation a entaché son langage. Et la Rasée de se frotter machinalement le crâne, légèrement perplexe, avant de marmonner:

S'ils sont assez idiots pour espérer voir un bout d'sein.. méritent juste d'êt' ruinés.. j'suis pas bordelière, j'prends les écus sans rien faire moi..

Pénitence, le mot qui fâche est prononcé, le pardon ne sera pas si simple, elle devra le mériter, cette idée lui glace le sang, quelle est la pénitence pour une vie aussi déviante que la sienne? Devra-t-elle souffrir dans sa chair? S'humilier au yeux du peuple? Ou prouver sa Foi par quelques manœuvres agrandissant l'éclat de l’Église? Des bribes d'histoire lui reviennent, les voix sinistres d'anciens pécheurs grincent à ses oreilles pour décrire leur propre punition. Les frissons naissants s'amplifient à mesure que les paroles du confesseur s'insinuent en elle, quelle erreur vient-elle de faire, parler du barbare à un curé, elle aurait voulu lui attirer des ennuis qu'elle n'aurait pas pu faire mieux. C'est d'une voix blanche qu'elle finit pourtant par répondre, essayant d'arranger la situation du mieux qu'elle le peut, arrangeant légèrement -beaucoup- la vérité.

Hérétique..c't'un peu fort.. l'est en bonne voie là.. l'a entamé une pastorale..s'f'ra bientôt baptisé.. puis il r'connait qu'ses dieux -qui n'existent qu'dans l'esprit d'ses semblables- sont moins fort qu'le Très-Haut.. c'déjà bien non? Puis l'est moins barbare qu'les bretons quand même..danse pas autour d'cailloux, nus sous la pleine lune lui..

Puis..humpf..nan nan pas d'procréation..pas avant l'mariage..j'voudrais pas qu'nos âmes et celle de la pauvre créature qui naitrait soit damnées à tout jamais.


Ce qu'elle craint surtout c'est de mourir en couche, rien ne l'effraie plus que ça, clamser en donnant la vie, elle ne voit là rien de noble, juste un horrible gâchis, pourquoi priverait-on la terre d'un être capable de se débrouiller seul, de se défendre, de se battre, de faire des choses utiles pour la remplacer par une petite chose braillarde et fragile, nécessitant soins et attention constante? Nan, plutôt crever qu'd'être engrossée, bien pour ça qu'elle a déjà négocié de se faire assassiner par son barbare si jamais il voyait son ventre s'arrondir. Dieu soit loué, les herbes et bouillons des vielles femmes font miracle pour le moment, à moins que ce ne soit les coups qu'elle se prend régulièrement dans le ventre ou l'alcool qui coule dans ses veines -c'est bien connu que l'alcool noie tous les soucis-. Perdu dans ses protestations elle n'entend que distraitement la suite du discours de l’ecclésiaste, et murmure pour se rattraper:

Tout ce que vous voudrez mon Père..j'gliss'rais quelques écus dans l'tronc avant d'partir..et tout s'ra fait s'lon vos désirs..le pardon divin n'a pas d'prix..

Le nœud dans son ventre qui commençait à se dénouer s'emmêle à nouveau et précipitamment elle dévoile la suite, ponctuant ses aveux de soupirs, se forçant à se rappeler que ce qu'elle confesse est vraiment réprimandable du point de vu de l'Eglise:

D'aut' choses interdites par l'Très-Haut? Plein..tout un tas même.. mal'reus'ment..

J'ai...brigandé sur les ch'mins..pas pour m'enrichir..vu ma malchance..c'pareil avec les mairies ou chateaux r'marquez..j'y gagne jamais grand chose..m'enfin ça fait perd' d'l'argent et du temps à d'honnêtes fidèles..

Puis..j'en suis pas fière mais..j'pris aussi la vie d'nombreux hommes et femmes..violemment..perçant les corps..f'sant couler l'sang..pas pour l'plaisir..mais pasqu'il l'fallait..pasqu'z'étaient du mauvais côté..d'bons aristotéliciens sans doute..mais au mauvais endroit.. c'core plus grave qu'tout l'reste non? J'regrette..et j'prie après chaque combat pour qu'les âmes d'mes adversaires r'joignent l'paradis solaire.. fin sauf s'ils sont roux bien sûr..ceux-là c'pas un péché d'les tuer..

C'mment j'peux faire pour m'faire absoud' d'tout ça? Quelques prières et des deniers pour vous n'suffiront pas... c'trop grave..


Soupir qui se prolonge alors qu'elle fixe désespérément le volet clos la séparant du prêtre, finalement avoué ceci n'était pas si compliqué..sans doute parce que c'est ce qu'elle considère le moins comme des péchés, faut bien vivre et se nourrir, et le travail honnête ne coure pas les chemins, et de même le mercenariat est un métier comme un autre, les soldats doivent-ils faire pénitence eux? Rasée qui se concentre sur ces questions futiles, oreilles aux aguets pour surprendre le curé, s'inquiétant de ses réactions, trompant son esprit pour ne pas penser au reste, à la vrai raison de sa présence dans ce confessionnal.
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--Scopolie
A elle, c'est sûr, je ne lui donnerai pas le bon Dieu, même après une centaine de confessions.

Je viens de comprendre pourquoi le confesseur et le pécheur sont séparés par une cloison : c'est pour éviter qu'il voit à quel point le clerc s'ennuie en écoutant la vie de l'autre. La joue posée sur mon poing, je maintiens ma tête qui se fait lourde, luttant contre le sommeil pour ne pas me rendormir tandis qu'elle me raconte ses histoires à coucher dehors. Je serais presque piqué dans mon égo tant elle a l'air de me prendre pour un idiot. Elle cumule les mauvais points.


Tu r'grettes tes péchés ou pas ? T'es pas au marché ici, tu dis "amen" à tout ce que je dis et tu parles seulement pour répondre à mes questions.

Je suis agacé, presque agressif. Pour une fois que je suis sobre, on pourrait me prendre au sérieux. Je prends une grande bouffée d'air pleine de poussière. Zen. N'empêche que j'ai envie de la mettre dehors. Si elle regrette de ruiner les autres et de copuler avec un hérétique, moi, je suis le pape Eugène V. Je suis dépité de voir qu'elle n'est pas plus honnête avec moi qu'avec elle-même. J'éprouverai presque de la sympathie pour elle, et c'est la seule raison pour laquelle je poursuis la confession.

T'as une vie mouvementée, dis moi... T'as fais quoi jusqu'à maintenant pour te racheter auprès de Lui ?

Mes doigts frôlent le panneau qui nous sépare. J'hésite entre le rouvrir pour lire la sincérité dans son regard ou le laisser fermer et continuer à l'écouter pour finir par lui demander de me laisser ses économies ici. Je décide de le laisser fermer, sûrement par peur de me voir à travers elle, bien que je n'ai pas autant péché. Moi aussi, il m'est arrivé de voler des pauvres ou des riches, sans distinction. La pauvreté ne laisse survivre que ceux qui savent se débrouiller sans penser aux autres. Et si j'ai déjà tué, c'était par nécessité. Je n'ai jamais ressenti de désir pervers à ôter la vie d'un autre, mais si je ne l'avais pas fais, j'aurais souffert des dizaines de morts.

J'vais être honnête avec toi... Je vais être ta conscience, celle que tu fais taire pour trouver des excuses à tes fautes. Ce que tu as fais est très grave. En l'état actuel des choses, si le Très-Haut devait te juger, Il t'enverrait sûrement au plus profond de la Lune, avec les fous et ceux dont la bestialité n'a d'égal que celle des loups lors des rudes hiver. T'as pas l'air d'être une méchante fille, je saurais même pas dire de quoi t'as l'air tellement t'es étrange, alors tu feras ce que je te demanderai.

Long moment de silence. Je sais même pas si une vie vouée corps et âme à Lui suffira à Le faire changer d'avis.

T'as rien fais de pire, hein ? Genre blasphémer, détruire un saint édifice... T'as pas tué d'évêque j'espère ?

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Miramaz
Regrette-t-elle ses péchés? Ceux énoncés jusqu'ici, elle les regrette légèrement, surtout parce qu'il représente une entrave à une vie post-mortem agréable et paisible auprès de certains êtres qu'elle pleure encore parfois, le bien et le mal sont deux concepts non intégrés par son esprit ou alors sous cette forme : tout ce qu'elle fait est bien, tout ce que font les autres et qui lui nuit est mal. Difficile d'expliquer ça à un curé tout en lui demandant le pardon non? Alors elle soupire, visage baissé dans une attitude d'humilité et de respect, si jamais il lui prend l'envie de l'observer, il pourra croire qu'elle à le repentir sincère. Un murmure en réponse à l'énième question du clerc :

Pour m'rach'ter auprès d'lui.. hum..
j'ai travaillé quelqu'fois pour l’Église, dur labeur sans paiement autre qu'la bénédiction des curés..
puis j'aide de jeunes âmes à n'pas s'égarer sur la voie divine en leur f'sant r'joind'la grande famille aristot'licienne..par l'baptême hein..pas en les envoyant ad patres..
et j'donne t'jours au plus pauv' qu'moi quand j'en croise..
et s'non..j'envisage d'faire une croisade..s'batt' pour Rome..ça m'rachèt'rait à Ses yeux?


Ça n'a pas l'air, tous ses efforts ont été vains, la Lune sera sa destination, faites qu'elle ne meure pas tout de suite, qu'elle ait le temps de changer ça. L'enfer, elle n'a rien contre mais pas sans un moment au paradis avant. Faire ce qu'il demandera, tant que ça lui apporte l'absolution, elle pourrait bien devoir se transformer en grenouille de bénitier que ça ne la gênerait pas tellement. Enfin s'il ne change pas d'avis après l'écoute de ses autres péchés..

J'crois pas avoir jamais tué d'évêque ou d'aut' religieux..ou alors portaient pas leurs habits d'église et j'vois pas c'qu'ils auraient fait en train d'se batt'.. pas détruit d'édifices saint non plus.. juste entrer par effraction une fois dans une églisé..mais c'tait pour une..urgence.. b'soin d'eau bénite pour bénir une âme innocente qui s'égarait sur l'mauvais ch'min.. c'compte pas vraiment dans c'cas?

Encore une fois la vérité est légèrement arrangée, en faite d'âme innocente, c'était celle du barbare danois qu'elle avait voulu bénir pour le forcer à rejoindre la seule religion possible, mais elle avait du rater quelque chose dans le cérémonial vu le résultat, l'ours restait hermétique à tout ce qui n'était pas dans son panthéon nordique.

Humpf d'pire sinon euh c't'un blasphème de s'penser Parfaite au point d'se prendre pour la fille d'Dieu, comme si j'tais la sœur d'Christos? J'tais jeune quand j'pensais ça..et à force qu'on m'répète qu'j'tais parfaite..j'l'ai cru.. l'incarnation divine d'la perfection..

La fille de Dieu? Quelle blague, elle se prenait carrément pour une déesse égale à lui, oh bien sûr un coin de son esprit savait très bien que c'était faux, mais elle l'avait pourtant répété de nombreuses fois à qui voulait bien l'écouter. C'était d'un ridicule, si au moins à défaut de remords elle ressentait un peu de honte, histoire de justifier sa présence ici. A force le curé va se demander si elle n'est pas comme ces vieilles aigries qui racontent leur vie à n'importe qui, juste pour se sentir vivantes. Mais non, elle a vraiment besoin de se confesser, pas pour ça mais pour ce qu'elle tait encore, rien de très grave au vu du reste, mais ce qui compte le plus pour elle...

Elle s'agite sur son tabouret, lissant ses vêtements, frottant ses bottes l'une contre l'autre pour en chasser la poussière, ayant peur que le curé pense qu'elle ait fini sa confession et qu'il la chasse en lui donnant ses ordres pour la pénitence.

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--Scopolie
Je l'écoute en silence, sans l'interrompre, répondant à ses questions par quelques bruits de gorge, ça m'évite de chercher à comprendre ce qu'elle raconte pour mieux admirer mes ongles sales. Faudrait que je pense à les couper, ils deviennent vraiment longs. Je commence à gratter le bois pourri, curieux de voir jusqu'où ils sont coupants. Le confessionnal s'effrite lentement avant que je ne me rende compte qu'elle avait fini de parler. J’interromps mon étude onychologique pour lui répondre.

T'as l'air de sincèrement regretter tes actes, mais ce n'est pas suffisant pour qu'Il te pardonne. Il faudra réparer tous les péchés que tu as commis en donnant autant que tu as pris, en réparant autant que tu as cassé, en mettant ta vie en danger autant au service de l’Église que tu l'as mise au service du Sans-Nom.

Je me gratte la barbe, pensif. Dommage que je n'ai jamais suivi de séminaire pour devenir vraiment clerc, j'aurais pu devenir cardinal avec un tel talent pour arnaquer les fidèles, je pourrais dormir dans un grand lit douillet jusqu'à pas d'heure au lieu de me faire réveiller dans un confessionnal miteux par une femme qui ne sait même pas ce qu'elle veut.

Pour la première fois depuis le début de notre entretien, j'ouvris la cloison qui nous séparait pour l'apercevoir à travers la grille, la mine confuse, mal à l'aise. Ce genre de mimique ne marche pas avec moi, je sais qu'elle exagère ses regrets, mais j'espère que mon regard inquisiteur va la dissuader de me désobéir.


Pour commencer, tu vas faire un don à la chapelle en sortant. Ce sera un premier pas vers ton salut.
Ensuite, tu vas te marier avec ton ancien hérétique une fois qu'il sera baptisé.
Puis, tu vas aller te battre pour la Vraie foi à Genève. Et s'il n'y a plus de combats là-bas, ils te mettront de corvée de cuisine.
Enfin, tu viendras me revoir, même si cela doit te prendre des années, pour me faire un compte-rendu de tes bonnes actions. Et seulement à ce moment là, je ferais en sorte que tu sois pardonnée.


L'expression de mon visage est froide et autoritaire, même si, du moment qu'elle laisse un don, elle peut bien aller peler le jonc au pape, je m'en moque. Je conclus.

Va en paix, ma fille.

Sauve-toi, ma fille... Pars. Pars très loin et ne reviens jamais.

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Miramaz
Les grattements agaçants s'arrêtèrent enfin, remplacés par la voix apaisante du prêtre, si le ton de celui-ci s'était beaucoup radouci depuis le début, ses paroles n'avaient rien d'agréable pour la Rasée. Donner autant qu'elle avait pris..ce n'était pas compliqué vu le peu de gains obtenus malhonnêtement, réparer autant qu'elle avait casser allait se révéler plus difficile, réparer des épées, des boucliers oui mais réparer des vies ça elle ne pourrait jamais. Quant à se mettre en danger pour l’Église, si moyen il y avait de gagner quelques écus en primes elle ne refuserait pas de pouvoir se battre sans remords.

Volet qui s'ouvre et la voilà qui sursaute, elle ne s'attendait plus à ce que le curé l'observe et il fallait qu'il le fasse au plus mauvais moment. Rougissement, yeux baissés, elle joue la comédie de parfait repentir, en rajoutant beaucoup histoire d'être sûre qu'il la croit. Le regard de l'homme, qu'elle sent peser sur elle, l’oppresse, elle le craint comme jamais elle n'a eu peur de personne, il tient le sort de son âme entre les mains et pour elle à cet instant rien n'est plus important que ça. Comme un gamin devant le directeur, elle se redresse, dos bien droit, visage neutre, les mains se posent sur les cuisses pour s'immobiliser et elle écoute sa pénitence, observant avec inquiétude le visage du prêtre, paupières battant à toute vitesse pour ne pas soutenir ce regard inquisiteur.

Elle murmure reprenant à son compte les paroles du curé pour signifier son accord, comme si elle avait réellement le choix, entre ça et finir damnée.


Vider ma bourse à la chapelle...bien sûr...
Aller à Genève pour m'battre pour la vraie foie...j'voulais y aller..même si la guerre n'y fait plus rage, j'aurai bien l'occasion d'y faire pénitence bientôt.
R'venir vous voir pour vous raconter tout ça et obtenir l'pardon..


Humpf.. voulez dire qu'là j's'suis pas pardonnée? Mais..si j'meurs d'main? J'vais pas aller sur la lune quand même? Pouvez rien faire pour moi? Un pardon anticipé si j'vous promets d'aller à Genève et qu'j'vous r'mets mon don tout d'suite?


Elle évite sciemment le sujet de l'hérétique, jamais il ne se baptisera où il en mourrait et ça n'est pas envisageable pour le moment, elle en a encore besoin.. Tant pis ce sera la seule entorse à sa pénitence, elle ira se confesser plus souvent en échange. Les yeux se fixent un instant dans ceux du clerc, voulant transmettre son innocence et sa foi alors qu'elle ose demander :

C'quoi vot' nom mon Père ? Qu'j'puisse vous r'trouver pour vous raconter ma pénitence ? J'r'viendrais l'plus vite possib'.. fin c'loin Genêve donc ç'risque d'prend' longtemps..

Et elle attend un geste, un début de pardon, un espoir de ne pas finir sur la lune sans aucune chance d'en échapper, pour un peu elle se jetterait à genoux, le front contre le sol à psalmodier toutes les prières lui passant par la tête.
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--Scopolie
J'essaie de pas le montrer parce que ce serait déplacé, mais j'aime cette situation. Dans d'autres circonstances, peut-être qu'elle m'aurait égorgé et laisser agoniser sur les pavés froids d'une ville, ou qu'elle m'aurait volé tous mes biens pour m'abandonner en pleine campagne sans vivres. On est que des singes endimanchés en mal de reconnaissance*, et je n'échappe pas à la règle. J'observe ses joues rougissantes, son air inquiet, et je me sens fort, pour l'une des rares fois de ma médiocre vie. Je pourrais lui promettre l'absolution de ses péchés, en bon seigneur que je suis pour elle, mais je me tâte. Au sens figuré comme au sens propre.

T'as peur de finir sur la Lune, mais fallait y penser avant de pécher. Maintenant, tu vas devoir payer un lourd tribut pour alléger ton âme, et le Très-Haut ne donne rien sans rien.

Dommage qu'elle n'ait pas de cheveux, je ne me souviens plus quelle odeur a la chevelure d'une femme. J'ai jamais fais vœux de chasteté, mais c'est tout comme : un curé qui confesse des filles derrière la taverne, c'est pas crédible. Je la dévisage, presque rêveur. Elle me semble si soumise, si désirable, que je pécherais volontiers dans le confessionnal avec elle. Sans ses vêtements aux couleurs incompatibles, je suis sûr qu'elle est plus belle. J’esquisse un sourire malicieux à l'idée de profiter de ma situation, mais elle me presse tellement de questions que je ne peux pas m'abandonner à mes songes.

Demande le Père Scopolie de Carniole. On saura où me trouver.

Comme si j'allais rester dans le coin pendant des mois. Je prévoyais de partir la semaine prochaine, après avoir récolter les dons de la messe de dimanche. Je l'imagine revenant de Croisade, avec de multiples cicatrices, cherchant un curé dans une paroisse abandonnée. La pauvre va fondre en larmes, désespérément seule, elle va peut-être même devenir folle à l'idée de finir en Enfer, mais elle n'avait qu'à pas me réveiller. Tout ça, c'est sa faute, donc.

Résumons : t'es coupable du péché de gourmandise, d'avarice, de luxure avec un hérétique, de colère, d’orgueil... Et je suis sûr que tu as aussi les péchés d'envie et d'acédie à ton actif. Le Sans-nom ne va pas savoir dans quelle partie de l'Enfer te mettre... Car oui, l'Enfer est différent selon le péché commis.

Je secoue la tête, simulant une tristesse inexistante à l'idée de la savoir condamnée pour l'éternité. Je compte bien l'effrayer encore avant de lui demander quoi que ce soit.

As-tu déjà lu le Dogme, ma fille ? Les conditions de torture des pécheurs y sont expliqués. Je pense qu'il vaut mieux que tu le lises par toi-même quand tu seras prête, ce n'est jamais agréable de savoir quel triste sort nous attend.

Je laisse un moment de silence pour la faire mijoter avant d'ajouter :

Le chemin menant à la Lune est pavé de bonnes intentions, mais l'inverse est aussi vrai. Je peux plaider ta cause pour obtenir une rémission de tes péchés les plus graves, que tu regrettes sincèrement, cela se voit... Mais pour cela, il va falloir commettre un péché.

Le ton de ma voix est grave, les traits de mon visage sérieux. Elle serait sur le point de signer un pacte avec le Sans-nom, il agirait pareil ; mais je ne suis qu'un pauvre mortel, alors j'assure mes arrières.

Tu es venue seule jusqu'ici ?


*Revolver de Guy Ritchie

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Miramaz
Payer.. donner.. Il n'a que ses mots à la bouche le saint homme, et pourtant elle sent que rien n'est vraiment négociable, pas de marchandage possible, ou en tout cas pas en sa faveur. Pour une fois elle ne pourra pas s'en sortir par un sourire enjôleur, ou un geste empli de promesses. Le salut de son âme passe par de gros sacrifices, est-elle prête à en payer le prix ?

Le nom du curé est rangé dans un coin de sa caboche, elle ne l'oubliera pas de sitôt, il l'effraie un peu trop pour disparaître de sa mémoire, et puis sans lui pas de pardon, ou il faudrait tout recommencer ailleurs, se confesser de nouveau, refaire pénitence..

Grommellement qui lui échappe devant l'énumération de ses péchés, et la voilà qui s'imagine aux Enfers, elle et d'innombrables copies plus vraies que nature, chacune ressentant la douleur des autres, chacune payant pour un péché précis. Des frissons se fraient un chemin dans son dos, une sueur glacée s'y écoulant lentement alors qu'elle imagine les tortures qu'elle subira.

Lire le dogme pour savoir exactement à quoi s'attendre et ainsi emplir ses nuits de cauchemars? Très peu pour elle, son imagination est bien assez fertile pour s'effrayer sans que la morale romaine s'y insinue. Se retrouvant à genoux sans s'en rendre compte, le front appuyé contre la paroi la séparant symboliquement du clerc, elle tremble.

Inquiète, abattue, elle, qui se croyait sur la bonne voie pour obtenir la rémission, se rend compte que le chemin est encore long. Le poids de ses péchés courbe son échine et pèse sur son cœur à tel point qu'elle ne réfléchit plus, acquiesçant aux paroles du prêtre jusqu'à cette étrange proposition qui heurte le peu de bon sens qu'il lui reste.


Commettre un péché d'plus pour obtenir l'pardon? Quel genre d'péché mon Père? C't'une épreuve pour tester ma Foi? J'suis censé r'fuser pour montrer ma conduite exemplaire?

Un reste de prudence la fait mentir quant à la réponse suivante, ne jamais donner trop d'informations à un inconnu, on ne sait jamais ce qu'il pourrait en faire. Leçon apprise depuis bien longtemps, tellement ancrée en elle que c'est d'une voix à nouveau ferme qu'elle lui murmure:

V'nue seule? Jusqu'à vous bien sûre.. mais on m'attend à l'extérieur, un ami..dans la taverne d'la place..j'dois l'rejoindre sitôt fini avec vous..

Les yeux se redressent vers lui, méfiants, n'osant soutenir le regard inquisiteur, il a l'air d'un saint homme, en porte l'habit et pourtant ses dernières paroles l'ont troublée. Qu'attend-t-il d'elle? Est-il possible de l'acheter comme tout homme?
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--Scopolie
Silence dans le confessionnal. Je me gratte la joue en l'observant. Je n'ai pas le droit à l'erreur, est-ce pour autant que je ne dois pas essayer ? Qui ne tente rien n'a rien. Et puis, si je ne prenais pas de risques de temps à autre, je ne serais pas ici, entrain de la confesser. Je ne la lâche pas du regard, comme pour lui mettre d'avantage de poids sur les épaules déjà voûtées. Elle est à genoux, elle est à ma merci. J'ai brisé la coquille de son âme, je n'ai plus qu'à la cueillir pour avoir le contrôle de tout le reste. Seule bavure sur ce tableau presque parfait, l'ami qui l'attend à l'extérieur. J'espère qu'il n'aura pas la curiosité de venir voir ce qu'il se passe dans l'église.

Hum...

Mon orgueil d'homme me perdra peut-être. Je pourrais me contenter de l'argent, mais je veux plus. Toujours plus. C'est le propre du désir assouvi qui grandit jusqu'à nous faire commettre l'irréparable, l'immoral, l'impossible. Je referme brusquement le panneau sur la vision de cette femme soumise. Mes doigts restent posés sur le bois. J'hésite comme le dépravé qui saisit sa pipe pleine de drogues, je sais que c'est mal, que je le regretterai, mais cela fait tellement de bien. Je passe mes mains dans mes cheveux, je les ramène en arrière. Je ferme les yeux un instant, puis j'entends sa petite voix timide qui m'appelle, implorante. Je ne peux décemment pas la laisser seule. Enfin, ça, c'est pour me donner bonne conscience. Je ne suis pas moins hypocrite que les autres.

Je me lève dans un bruissement de tissu, celui de ma sombre soutane. Je sors du confessionnal pour ouvrir la porte derrière laquelle elle se trouve, guettant dans le compartiment du confesseur. Mais maintenant, je suis là. Plus rien ne me sépare d'elle. Je la regarde de haut. L'instant lui parait sûrement long, et c'est voulu. Je fais un premier pas vers elle en lui faisant signe de ne pas bouger de sa place. Loin des regards indiscrets, on est tellement mieux.


Tu peux refuser, ma fille, je ne t'en voudrais pas. Mais sache que ce n'est pas une mise à l'épreuve. Ce que je t'offre, c'est un moyen plus rapide pour qu'Il te pardonne puisque c'est ce que tu désires. C'est à prendre ou à laisser.

Je m'approche d'elle, je pose une main secourable dans le haut de son dos. J'attends, en apparence patient, qu'elle me donne sa réponse, tandis que mes doigts effleurent sa nuque avec tendresse, mon pouce explore le duvet. Elle est si proche que j'entends son hésitation, que je sens son odeur désirable, que je pourrais ne pas attendre sa réponse.

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Miramaz
Volet qui se referme brusquement, et silence qui s'installe, n'aurait-il pas apprécier sa répartie? Elle fixe le panneau de bois inquiète quant à la suite, le pardon est-il définitivement perdu? S'attendant à ce qu'il lui ordonne de quitter le confessionnal et de ne plus se présenter dans une église, elle sursaute quand elle entend le bruissement de la soutane, et la porte qui s'ouvre à son côté. Sous son regard, ses tremblements la reprennent, la peur s'insinue plus profondément, glaçant son échine. Elle croit entendre la voix d'un inquisiteur, comme si l'un de ces hommes de l'ombre n'attendait qu'un signe pour la traîner devant un tribunal ecclésiastique. Terrible erreur que d'avoir laissé entendre qu'un curé pouvait proférer des paroles ressemblant à une proposition malhonnête..

Le silence se fait pesant alors qu'il s'approche encore d'elle, si près que le tissu rêche de sa tenue lui frôle le visage. Sa respiration s'accélère, anxieuse de ne pas savoir ce qui l'attend, mal à l'aise d'être aussi proche d'un homme d'église. Son odeur lui agace les narines, mélange de sueur virile et d'encens, la chaleur de son corps brûle les joues de la Rasée, à moins que ce ne soit la honte d'être dans cette situation. Sa voix qui s'élève de nouveau l'empêche de bouger, obéissante et craintive, elle écoute la proposition de nouveau formulée, dans son dos la main caressante ne laisse aucun doute sur le sens des paroles du prêtre.

Haletante, des frissons parcourant sa nuque à chaque effleurement de son crâne, elle l'observe, cachée derrière ses paupières à demi closes. Toutes les options possibles se succèdent à grande vitesse sous le fin duvet de sa caboche, aucune ne sera sans conséquence mais quelle est la moins pire? Se lever et le repousser rudement avant de s'enfuir.. Se redresser en lui souriant mielleusement avant de l'étrangler.. Marchander, lui offrir tout ce qui n'est pas son corps.. Fermer les yeux et ne pas bouger, être comme morte sous les envies du clerc..

Elle ne sait plus et reste immobile, elle qui venait simplement se confesser se retrouve dans une situation pire encore qu'avant le récit de ses péchés. Et pourtant, sournoisement, l'éducation aristotélicienne qui fut la sienne refait surface, un homme d’Église à tout pouvoir sur les pauvre hères, l'accès au paradis solaire dépend d'eux, en offenser un c'est offenser le Créateur lui même. Est-elle prête à perdre toute chance de rédemption alors qu'elle est si proche du but? Il suffit de quelques instants d'abandon qu'elle oubliera ensuite, souiller son corps une fois de plus pour retrouver la pureté de son âme..


J'veux l'Pardon..quel qu'en soit le prix.. L'absolution totale..j'f'rai tout c'que vous voudrez.

Mots qui troublent le silence en un faible murmure alors qu'elle se détend légèrement, maintenant que sa décision est prise elle n'a plus qu'à attendre la fin de cette étrange pénitence.
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--Scopolie
Son corps se détend sous mes doigts qui effleurent les vestiges de sa chevelure, sa réponse ne se fait pas attendre. Je la regarde de haut avec un sourire satisfait. Elle vend son corps pour l'absolution de ses péchés comme elle échangerait son âme à la Créature contre des richesses matérielles. Ma main glisse plus haut sur sa tête pour lui en caresser le sommet. Elle ne fait qu'aggraver sa situation : on ne lave pas la souillure en se souillant d'avantage, elle l'apprendra à ses dépends, peut-être après son dernier jour dans ce monde.

Bien...

Je redescends ma main le long de sa joue ronde pour la glisser sous son menton et la faire se relever ; je ne lui laisse pas le temps de m'observer ou de regarder ses chausses, je presse mes lèvres contre les siennes en un baiser sauvage, je lui mordille les lèvres brutalement, ne retenant plus la fougue qui me ronge à chaque fois que je vois une belle jeune femme m’appeler "mon père". Mes mains fiévreuses s'attaquent à sa chemise, la déboutonnent avec fougue, j'en arrive à la bousculer contre le mur pour mieux sentir son corps chaud contre le mien.

Pris d'une passion qui me pousse au péché de chair, je ne me préoccupe pas du plaisir qu'elle pourrait ressentir ; égoïstement, je la manipule comme un objet au service de mon seul plaisir. Sa chemise entrouverte, j'en écarte les pans pour mieux y glisser mes mains et extraire les joyaux charnus de leur enveloppe, les tâtant sans vergogne comme un client qui examinerait la qualité d'une tapisserie. Je l'embrasse dans le cou, parfois doux, parfois mordant ; elle est à moi, j'en fais ce que j'en veux.


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Miramaz
La main s'approprie son crâne y laissant une trace brûlante dans l'esprit de la pècheresse : un sacrilège pour les effacer tous, le marché lui semble peu vertueux mais puisqu'il émane d'un homme de foi, elle ne reviendra pas sur sa parole. Le prix ne semble pas si élevé pour le pardon de tout ses crimes et le salut de son âme, satisfaire ce curé ne devrait pas être trop compliqué, il n'a du connaître que peu de femmes. Un peu de volonté et la pénitence sera vite abrégée, est-il homme à préférer les résistantes ou les esclaves? Qu'elle trouve la réponse et la fin sera proche.

Muette bien avant que ses lèvres soient scellées par celles du prêtre, elle se laisse faire, poupée de chiffon entre ses mains. L'homme de foi semble pris de frénésie, bestial, comme s'il n'avait pas connu la chair depuis longtemps, trop longtemps sans doute. Écrasée contre la paroi de bois, les ongles s'y enfonçant pour contenir toute violence qui voudrait éclore en elle, l'esprit concentré sur quelques phrases qu'elle récite en une litanie sans fin pour ne pas vivre l'instant présent. «Je confesse à Dieu Tout-puissant, à tous les Saints, parce que j'ai beaucoup péché, en pensée, en parole, en action. Je supplie tous les Saints, de prier le Créateur pour moi. Que le Très Haut m'accorde le pardon, l'absolution et la rémission de tous nos péchés.»

Le corps est un traître, sanctuaire de tous les péchés, si elle peut maîtriser ses pensées pour nier la réalité de la scène, elle n'a aucun contrôle sur les réactions de sa chair. Celle-ci en profite, réagissant comme à son habitude lorsqu'un homme se presse contre elle, l'acte ressemble à un viol et pourtant le corps répond aux sollicitations. Les monts dardent leur pointes, la peau rougit et devient brulante, la chair s'alanguit, s'adaptant souplement aux gestes du tourmenteur. Seul élément qu'elle domine à grand peine, sa respiration haletante et soupirante qu'elle interrompt en se mordant les lèvres jusqu'au sang. Se forçant à inspirer lentement, de façon inaudible, elle se veut morte, soumise aux désirs du Père, pour ne pas s'accabler d'une faute de plus.

Les yeux vides de toute émotion fixent l'homme sans le voir, comme un défi: Prenez votre dû, je ne vous l'offrirai pas. Violez-moi, Volez-moi quelques instants de ma vie, le Pardon vaut bien ces quelques souffrances. Que mon corps soit l'instrument de ma rédemption comme il a été celui de ma déchéance n'est finalement que justice. Réceptacle accueillant la foi aristotélicienne alors que mon esprit s'égare vers les cieux.

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