Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] La grotte du littoral

Buhr
Alors qu'il était encore loin de la ville, Buhr reconnut le clocher de l'église. Il la connaissait cette ville, il y avait passé quelques temps. Il savait ce qu'il était venu faire ici. Peut-être trouverait-il enfin la délivrance. Son trajet avait été fatiguant, usant, rempli de mauvaises rencontres. Pourtant, il ne prit pas le temps de se reposer.

A peine arrivé se dirigea-t-il sur le littoral. Là, à une lieue et demie à peu près au Nord de la ville, se trouvait l'endroit recherché. Une petite grotte, cachée dans un des renfoncements du littoral. Un endroit des plus banals pour qui passait à côté sans y prêter attention. personne d'ailleurs n'était jamais venu ici, personne qui ne voulait précisément le rencontrer.

Avant de s'engouffrer, Buhr prépara une torche avec du bois qu'il trouva à proximité. Il enleva également sa capuche et son manteau noir, le déposant à l'entrée de la grotte. Il prit enfin une grande inspiration, fermant les yeux. Il n'avait déjà vu quelquefois, mais étant toujours impressionné. Il se saisit dans sa besace du fameux coffret rapporté de Castillon. Un dernier regard en arrière, puis il pénétra dans la grotte. L'intérieur n'était alors que faiblement éclairé par la lueur de sa torche. Buhr avança d'un pas boitillant, comme à son habitude, mais décidé. Il savait qu'il trouverait, là, à quelques mètres, celui qui l'avait envoyé.
Sherynne
{ARRIVEE A LA ROCHELLE}

Six jours de voyage ... La brunette passa enfin les portes de la ville ce matin là, le soleil pointant à la surface de la mer.
Son ami Léodagan tirait leur charrette depuis six long jours. Il était épuisé et Sherynne aussi. Plus elle se rapprochait de La Rochelle, plus son estomac se serrait, la gorge nouée elle parlait de moins en moins.
Ils croisèrent une armée, quelques voyageurs aussi et fort heureusement, aucun brigand.
La jeune Castillonnaise admirait les remparts de la ville, l'océan .. enfin. Elle sauta de la charrette avec sa bestiole blanche et pendant que Léo cherchait un endroit pour dormir, elle alla sur le port.
Le souffle coupé par tant de beauté et surtout, tant d'activités : on armait des bateaux, on en déchargeait d'autres. Des pêcheurs vendaient leurs biens à la criée ... Sherynne aimait déjà cette ville, elle avalait le moindre détail autour d'elle. Les mouettes tournaient autour des bateaux aux filets relevés, des femmes grondaient leurs enfants qui se chamaillaient, un homme courait après un autre en hurlant
Au voleur ! Sherynne, le visage barré d'un immense sourire entra dans la ville.
Elle avait l'impression d'être en vacances. C'est drôle .. Castillon ne lui manquait pas en cet instant.
Puis elle stoppa net sa marche, son sourire se figea, son coeur s'emballa. Devant elle, à une cinquantaine de pas se tenait un homme dont on ne voyait point le visage celui-ci étant recouvert d'un capuchon noir. La jeune fille s'en approcha lentement, la bestiole dans ses talons. Elle s'arrêta à côté de lui et eut un soupir en découvrant que ce n'était point celui qu'elle était venue voir. Soupir de soulagement ? Sans doute, bien qu'elle fut là uniquement pour revoir Buhr et découvrir enfin le pourquoi de cette sombre histoire.
Buhr ... avait-il changé ? La réponse qui lui avait envoyé laissait penser que oui.
Sherynne attrapa sa bestiole, la cala sous un bras et retourna vers le port. Elle ne savait pas où était cette grotte dont il lui avait parlé.
Il était tôt et la brise encore fraiche, aussi reserra t'elle son châle autour de ses épaules, porta la main gauche à la dague cachée sous sa cape et rassurée, entra dans une taverne bien remplie et commanda de quoi manger et boire.
Puis elle sortit de son sac un vélin et commença à écrire. Une fois fini, elle emprunta un pigeon au tavernier et y accrocha la lettre pour Buhr, lui apprenant qu'elle était bien arrivée.

_________________
--Robert_de_molay
{Dans la grotte}

Quelques dizaines de mètres plus loin, dans un renfoncement de la grotte, se tenait Robert de Molay. Il était vêtu d'une longue tunique blanche, sans le moindre défaut. Sur le torse était simplement dessinée une grande croix d'un jaune étincelant. A son doigt, une chevalière imposante, comportant une figure géométrique complexe. A sa ceinture, une épée, dont le manche était d'or, serti de pierres précieuses. C'était un homme qui imposait naturellement le respect, voire la crainte à qui le croiserait. On sentait qu'il était comme habité par une force mystérieuse. Il attendait, les mains jointes et la tête recouverte par sa capuche opaline. Il ne bougeait pas. Son visage était marqué par la vie, mais il n'avait pas l'air d'être atteint par un âge plutôt avancé. Il était entouré de quelques chevaliers.

Le groupe était là, silencieux, uniquement éclairé par des torches accrochées au mur. Ils avaient l'air d'attendre quelqu'un ou quelque chose, comme si Robert savait précisément que Buhr le rejoindrait à ce moment précis.

Au loin, on entendait Buhr avancer. Ses pas résonnaient dans la grotte, se mêlant à tous les bruits alentours : ici le vent qui s'engouffrait, là des gouttes qui tombaient. La rencontre allait enfin avoir lieue.
Sherynne
La jeune fille confia sa bestiole à Léo et prétexta une quelconque excuse afin qu'il accepte de la laisser partir seule. Sherynne acheta des provisions pour son " excursion " ainsi que de quoi s'éclairer dans l'obscurité. Elle prit le chemin qui menait au nord, ce petit sentier longeant l'océan était bien agréable aussi prenait elle son temps, si précieux fut-il.
Tout en marchant, elle sortit de son corsage une des lettres de Buhr, celle où il lui donnait l'itinéraire pour rejoindre la grotte. Une bonne heure de marche ... Sherynne croisa quelques badauds amoureux, des voyageurs en charrette qu'elle salua poliment. Puis elle retira ses chausses et ses pieds s'enfoncèrent dans le sol granuleux de la plage. Curieuse sensation et très agréable.
La marée était descendante purifiant le sable de toutes traces. De l'eau jusqu'aux chevilles, elle marcha ainsi pendant presque une heure cherchant du regard les indices donnés par Buhr.
Une centaine de mètres plus loin, elle quitta la plage, s'enfonça un peu dans les terres. Une main sur la dague attachée à sa ceinture pour se rassurer et de l'autre écartant des branchages bien secoués par le vent qui venait de l'ouest, elle avançait vers l'inconnu.
Sherynne avait l'impression de tourner en rond, aussi fit elle une pose et tout en grignotant une brioche, elle relut pour la centième fois fois la lettre.


Prendre à droite .... d'accord, ensuite ....

Fronçant le nez, elle jeta un regard autour d'elle et vit le sentier recherché. La petite brune but une gorgée à même la gourde, rangea le tout dans sa besace, caressa le pommeau de la dague qui renfermait la lettre encore cachetée de sa mère, et entama les derniers mètres qui la séparaient d'une éclaircie sur sa vie.
_________________
Buhr
Au bout du tunnel sombre, Buhr put apercevoir comme une source de lumière. Plus il avançait, et plus il sentait comme un poids sur ses épaules. Dans sa main, le coffret. Quinze années de sa vie reposaient sur ce coffret, et qu'allait-il devenir ? Buhr s'en doutait.

Alors qu'il arrivait dans la salle, devant Robert de Molay, il regarda autour de lui. Il observa tout d'abord chacun des chevaliers présents, les saluant chacun par un léger signe de la tête. Il n'avait pas vu certains d'entre eux depuis de longs moments. Il déposa alors son épée auprès de l'un d'eux, comme le voulait le protocole. Puis il s'avança vers Robert. Devant lui, sur un grand rocher qui servait d'autel, il déposa le coffret. Il avait du mal à le lâcher, il était comme hésitant, presque comme envoûté par la boîte. Mais il s'en défit, avant de rejoindre Robert, qui lui n'avait pas bougé.

Buhr s'agenouilla alors devant lui, un long instant, puis baisa la chevalière de Robert, qui avait avancé sa main. L'usage voulait ensuite qu'il se relevât. En raison de ses différentes rencontres et différents combats, Buhr eut du mal à reprendre appui sur ses jambes. Il fut alors aidé par deux chevaliers. Une fois debout, Robert lui indiqua un fauteuil, un peu plus loin dans la pièce, puis fit signe à ses hommes de les laisser.

Une fois seul, d'un geste, Robert enleva le tissu qui lui cachait la tête, puis se tourna vers Buhr. Robert avait perdu la vue, mais il avait développé ses autres sens, à tel point que cela ne semblait pas l'handicaper. Ne pouvant dissimuler un léger sourire, il lui dit :


Alors mon ami, Buhr, que deviens-tu ? Raconte moi. Et dis moi si elle viendra.

Buhr et Robert étaient amis autrefois, mais leur histoire personnelle les avait éloigné, à la fois géographiquement, et dans leur place dans l'ordre. Cependant, ils avaient gardé des liens très forts. Buhr lui raconta alors en quelques mots comment il avait mené à bien sa quête. Il insista surtout sur l'épisode concernant Sherynne, Arnulf, et le coffret qui était maintenant sur l'autel. Il voyait bien qu'une seule chose intéressait Robert, c'est pourquoi il écourta son histoire.

Oui, elle viendra. Je sais qu'on ne peut rien sans elle. Elle ne devrait plus tarder. Tu ne devrais pas rester ici, elle n'est pas prête pour le moment. Laisse moi quelques instants avec elle.
Sherynne
La jeune fille repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille, et se pencha pour jeter un oeil à l'interieur de la grotte. Elle n'arrivait pas à voir plus loin que deux ou trois mètres, aussi elle s'assit sur une pierre et sortit de sa besace de quoi allumer sa torche. Son regard se posa sur le vêtement noir qui semblait avoir été jeté négligement sur le sol ... Elle le prit d'une main et le porta à son nez. Sa vision se troubla un bref instant en reconnaissant l'odeur. Même après tant de mois, elle l'aurait reconnu n'importe où.

Il est là ...

Ainsi Buhr l'attendait déjà. Sherynne posa sa main droite sur son coeur, tentant ainsi d'en calmer les rapides battements puis respira à fond. Elle reposa la cape, puis sortit de sa besace une poignée d'étoupe ainsi que son briquet. Quand la torche s'enflamma, Sherynne entra dans la grotte sans attendre, sa besace autour de la taille s'appuyant contre les parois.
Elle avançait lentement, jetant un regard par dessus son épaule de temps en temps, jusqu'à ce qu'elle ne vit plus la lumière du jour. Après quelques longues minutes de marche, elle aperçut une lueur un peu plus loin devant elle. La jeune fille s'approcha lentement et découvrit un espèce de temple. Buhr se tenait debout, lui tournant le dos, un homme était assis devant lui et d'autres les entouraient. Et ces tenues ? Qu'est ce que cela signifiait ? Elle voulut rebrousser chemin mais elle ne put bouger.
Sherynne toussota pour montrer sa présence. Elle était là, autant en finir.Elle dit dans un souffle


Me voici ...
_________________
--Robert_de_molay
Aux mots faiblement prononcés par Sherynne, Robert leva la tête, comme s'il était surpris. A peine les eut-il entendu qu'il savait que c'était elle. Il ne connaissait pas le doute. Sans même qu'il ait besoin de dire quoi que ce soit, deux de ses hommes se dirigèrent vers elle, l'invitant à entrer dans la pièce. L'un d'eux la défit de son manteau, remarquant une légère marque dans son cou. Il s'avança alors vers Robert, calmement, lui glissant à l'oreille confirmation : c'était bien elle.

L'atmosphère était pesante pour Sherynne, qui était la seule à ne pas savoir ce qui se passait, et encore moins ce qui allait se passer. Cependant, pour les autres, tout se déroulait comme prévu. Chacun savait ce qu'il avait à faire. Ils ne levaient même pas les yeux vers Sherynne, ce qui accentua encore la lourdeur du moment et l'impression de solitude de la jeune femme.

Robert se leva alors, demandant aux chevaliers de le laisser seul avec Sherynne, Buhr, et le coffret. Ils s'exécutèrent alors, gardant l'entrée de la grotte. Robert prit la parole, s'adressant à elle de manière posée. Il était distant.


Mademoiselle, nous vous attendions.
Je suis Robert de Molay, grand chevalier de l'ordre. Vous n'avez pas entendu parler de moi, mais nos vies, et nos destins sont liés.

Je ressens une grande crainte en vous, ainsi qu'une grande force. Ne vous laissez pas gagner par vos émotions, ni par votre quête de réponses. Ce ne sont pas les réponses qui nous font avancer.


Il s'approcha d'elle, portant sa main vers son visage. Celle qui était en face de lui était presque incapable de bouger tellement elle était impressionnée. Elle se laissait alors frôler par cette main inconnue. Au simple contact, elle se mit à frissonner. Robert se recula et ajouta, souriant.

Vous êtes bien la fille de votre mère... Avez-vous apporté la dague ?

Pendant tout ce temps, Buhr était là, à quelques pas, mais il ne bougea pas. Il se contentait de regarder Sherynne, essayant de lui faire comprendre, par son simple regard, qu'elle pouvait avoir confiance. Il l'invita, d'un geste de la main, à donner la dague à Robert.
Sherynne
Sherynne se vit aussitôt entourée par deux hommes qui d'un geste la firent s'avancer vers le centre de la pièce improvisée.
Leur chef, elle supposait qu'il l'était, se leva et s'approcha d'elle. Il demanda à ses sbires de les laisser seuls ce qu'ils firent rapidement.


Mademoiselle, nous vous attendions.
Je suis Robert de Molay, grand chevalier de l'ordre. Vous n'avez pas entendu parler de moi, mais nos vies, et nos destins sont liés.


Elle était paralysée d'éffroi en pensant aux pires choses. Elle avait tendance à se mettre dans les pires situations dont elle se sortait toujours mais là, Sherynne n'avait pas l'impression qu'elle en sortirait indemne...

Je ressens une grande crainte en vous, ainsi qu'une grande force. Ne vous laissez pas gagner par vos émotions, ni par votre quête de réponses. Ce ne sont pas les réponses qui nous font avancer.

Elle ouvrit la bouche pour répondre mais à cet instant il se rapprocha et lui toucha le visage. Il était aveugle, d'un âge indéfinissable, mais jeune encore certainement vu l'aisance avec laquelle il se déplaçait. Elle frissonna se forçant à ne pas montrer de craintes. Mais bien sur que si elle voulait des réponses, elle était venue ici pour ça, pas pour assister à une réunion glauque d'hommes déguisés en ... en .. elle ne savait pas ce que signifiait ce sigle sur leurs torses .. chevalier de l'ordre avait il dit ... tout était confus en elle. Robert de Molay reprit sans lui laisser le temps de parler :

Vous êtes bien la fille de votre mère... Avez-vous apporté la dague ?

La jeune fille haussa un sourcil, son coeur s'emballant aux mots : votre mère ...

Oui ... je ... Sherynne déglutit lentement, toujours frissonnante .. dans quoi s'était elle fourrée une fois de plus ? Tout en cherchant ses mots, elle défit l'attache de sa ceinture et prit la dague entre ses mains.

Vous .. connaissiez donc ... ma ... ma mère ? C'est pour celà que je suis ici Messire. Elle lança un regard vers Buhr qui ne disait mot, qui lui faisait signe de remettre l'arme à Robert de Molay. Ce qu'elle fit en tendant le pommeau vers l'homme. Je ne l'ai pas ouvert .... Puis elle sentit un leger picotement à la nuque, elle y porta la main en grimaçant quand à ce contact, elle ressentit une profonde brulure. Retirant vivement sa main, elle la regarda et ajouta :

Si. Si, j'ai des questions à vous poser Messire de Molay. Si j'ai fait tout ce chemin c'est pour savoir ce que tout cela signifie. Pourquoi vouliez-vous me voir ? Cela a un rapport avec ma ... famille dont j'ignore tout ... ce coffret ... Sherynne montra du doigt l'écrin dont la surface nacrée brillait sous la lumière des torches. Ce coffret est à moi en passant ...

La jeune fille plongea son regard dans celui vide de Robert de Molay et ajouta d'une voix légèrement chevrotante . Je veux tout savoir ... maintenant !
_________________
--Robert_de_molay
Robert écoutait calmement Sherynne. Il se délectait presque à l'entendre. Elle était si hésitante, et pourtant, elle n'hésitait pas à lui parler, à aller droit au but. Visiblement, elle ignorait qui il était. Il s'empara simplement de la dague, puis s'en retourna près du coffret. Sans se tourner vers elle, il lui dit simplement, dans son dos :

Vous êtes bien ambitieuse, jeune fille. Oser me parler de la sorte... Mais, je n'en attendais pas moins de vous. Et ainsi vous voulez tout savoir...


A ces mots, il s'arrêta, faisant signe à Buhr de le rejoindre. Ils parlaient tous deux à mots couverts, sans prêter attention à la fille, qui était visiblement de plus en plus mal à l'aise de ne pas savoir ce qui se tramait autour d'elle. Une fois leur discussion terminée, Buhr prit la dague que lui tendit Robert. Il dévissa le bout du manche, libérant ainsi un vieux parchemin. Sur ce parchemin, le testament de la mère de la jeune fille, était certainement indiqué toutes les réponses aux questions qu'elle se posait. Pourtant, Buhr n'en avait que faire. Il le posa négligemment sur un coin de l'autel, avant de se tourner vers le coffret, qu'il prit avec lui. Après ces quelques instants de lourd silence, Robert se tourna vers Sherynne. Sur son visage, on pouvait noter une expression nettement plus marquée, comme de la satisfaction, voire même comme de la détermination. Maintenant qu'il tenait les objets et la fille, sa quête, la quête de l'Ordre touchait à son but. Il dit alors à Sherynne :

Ce coffret n'est pas votre. Votre mère vous l'a laissé, à mon intention. Je vous remercie de l'avoir gardé. Pour ce qui est de votre famille, vous vous entretiendrez plus tard avec Buhr, il pourra sans nul doute décrire les derniers instants de votre pauvre mère.


A cette phrase, cinglante, Robert marqua une pause. Dans sa façon de le dire, il suggérait bien assez que Buhr ne fût impliqué, de près ou de loin, dans la mort de la mère de Sherynne. Mais il n'en dit pas plus. Il voulait effrayer son interlocutrice, de manière à ce qu'elle coopère. Mais il ne voulait pas totalement la terroriser, au risque de se la mettre à dos. Il la regarda alors, l'air grave, affichant toutefois un léger sourire en coin, de satisfaction , tandis que Sherynne semblait retenir une larme, de colère ou de tristesse.

Maintenant, ma chère, j'ai besoin de votre sang. Quelques gouttes simplement, rassurez-vous. Tout ceci peut vous paraître étrange, certes, mais nous arrivons à la fin de cette quête. Nous allons tous trois atteindre ce pourquoi nous avons été créés. Me ferez-vous l'honneur de venir de vous-même, ... ou faudra-t-il qu'un vieillard comme moi ne se montre plus convainquant ?

Alors qu'il dit cette dernière phrase, il tendit la main à Sherynne, comme pour l'inviter à le rejoindre, tenant dans son autre main la dague.
Sherynne
Sherynne était torturée entre une colère sourde et amère, mélangée à une tristesse incommensurable. Elle commençait à regretter d'être venue .. Elle vivait très bien avant sa rencontre avec Buhr. Ne rien savoir de sa famille ne l'avait jamais gênée, cela lui permettait de s'inventer un passé heureux ...
Robert de Molay s'empara de la dague et s'isola un peu plus loin avec Buhr.

Buhr semblait complétement sous l'emprise de cet homme. Elle en était surprise et forcément inquiète. Il l'avait à peine regarder .. pas adresser la parole .. Sherynne soupira, se tortillant les mains nerveusement.

Robert se tourna vers Sherynne, l'air supérieur de quelqu'un qui obtenait tout ce qu'il désirait, notamment l'écrin, la dague et .. elle .

Ce coffret n'est pas votre. Votre mère vous l'a laissé, à mon intention. Je vous remercie de l'avoir gardé. Pour ce qui est de votre famille, vous vous entretiendrez plus tard avec Buhr, il pourra sans nul doute décrire les derniers instants de votre pauvre mère.

Elle eut un sursaut de dégout. La brunette jeta un regard noir vers Buhr ... Nombres de fois elle lui avait demandé de tout lui dire, et à chaque fois il s'était tu ... Pourquoi lui parlerait il maintenant ? cela semblait illogique. Sherynne dont le coeur battait fortement ne savait quoi faire .. s'enfuir ? les deux sbires gardaient l'entrée de la grotte, Buhr malgré sa claudication n'aurait pas de mal à la rattraper .. Elle était piègée, obligée d'écouter Robert, de supporter cette situation qu'elle sentait devenir dramatique. Ne pas craquer .. ne pas leur montrer sa peur ...
Rester droite et fière jusqu'au dernier souffle ..


Maintenant, ma chère, j'ai besoin de votre sang. Quelques gouttes simplement, rassurez-vous. Tout ceci peut vous paraître étrange, certes, mais nous arrivons à la fin de cette quête. Nous allons tous trois atteindre ce pourquoi nous avons été créés. Me ferez-vous l'honneur de venir de vous-même, ... ou faudra-t-il qu'un vieillard comme moi ne se montre plus convainquant ?

Sherynne ferma les yeux .. Il voulait son sang .. Elle baissa la tête et la secoua de gauche à droite. Qui était il pour lui demander une telle chose, et surtout pourquoi son sang ?
Elle redressa le menton, rouvrit des yeux bouillants de haine.


Ne comptez pas sur moi, Monsieur de Molay. Pas avant de savoir le pourquoi de tout ça !

Elle fit un pas en arrière en prononçant ses mots sans s'en rendre vraiment compte. Elle toisait Robert de sa petite hauteur, fière et terrorisée.

Puis je lire la lettre de ma mère à présent ? .. Vous avez besoin de moi, semble t il .. J'aimerais que vous m'éclairiez monsieur de Molay. Qui êtes-vous ? Et que veulent dire ses mots : "Nous allons tous trois atteindre ce pourquoi nous avons été créés." .. Il serait plus simple pour tous je crois que je sache tout maintenant.

Sherynne n'en menait pas large, mais hors de question de se laisser manipuler sans cesse. Elle continua pour Buhr.

Si Buhr peut me parler de .. ma mère ... pourquoi ne pouvait il pas le faire avant ? Je ne m'enfuirais pas cette fois ... si toutefois vous me parlez sincérement et .. en toute courtoisie ..

Et maintenant ? ... Elle souffla très fort, baissa les épaules, montrant ainsi qu'elle était sereine. Peut-être fuir ... dès qu'elle en aurait l'occasion ..
Buhr
La réaction de Sherynne, bien que prévisible, semblait désappointer Robert de Molay. Avant que ce dernier ne réagisse, Buhr s'avança vers elle. Il posa alors sa main sur l'épaule de Sherynne. Jusqu'à présent, il était resté silencieux, comme le voulait sa place dans l'Ordre. De plus, il savait bien que s'adresser à Sherynne aurait certainement été plus que maladroit après ces révélations sur son passé et sa famille.

Allons, Sherynne, soyez raisonnable...

Tout en prononçant ces mots, il descendit sa main, empoignant alors la main de Sherynne.

Je sais ce que vous ressentez, je sais que vous vous posez des questions, mais elles sont vaines.

Alors qu'il parlait, il serrait de plus en plus la main de Sherynne, marquant son emprise. De son côté, Robert n'avait pas bougé, il attendait, laissant apparaître une certaine impatience dans son visage.

Laissez vous faire. De toute façon, vous ne pourrez pas vous opposer à nous. Vous avez le choix de faciliter les choses. Vous regrettez certainement d'être ici, vous auriez aimé que tout cela ne vous arrive pas... Mais Sherynne, nous ne choisissons pas notre destin, tout ce que nous choisissons, c'est de l'accepter ou de le fuir.

Son étreinte s'accentua encore, alors que la main de Sherynne se mit à trembler. Il la regarda alors d'un regard pénétrant et soutenu, comme pour accentuer cette emprise. Puis, il glissa simplement à son oreille :

Allez-y, c'est votre dernière chance pour donner votre sang, avant qu'on ne vous le prenne...
Sherynne
Le visage de Sherynne se décomposait. Buhr tentait de la raisonner ou de la manipuler ? La jeune fille n'avait qu'une envie à cet instant .. être ailleurs ... loin ... ne l'avoir jamais rencontré ... n'avoir jamais pris contact avec lui .... Il s'était approché, prenant sa main dans la sienne et Sherynne frissonna encore. Elle déglutit doucement et lui répondit.

Vous m'avez trompé dès l'instant où nous nous sommes rencontrés, et vous me trompez encore ... Je ne me laisserais plus faire Buhr, c'est terminé. Je ne suis plus la gamine que vous avez manipulé avec aise et sans complexe. J'ai muri et d'une certaine façon, c'est grace à vous ... Pourquoi avoir besoin de mon sang ? Pourquoi ne pas répondre à mes questions ?

Plus elle parlait, plus son ton montait. Sherynne le toisait de sa petite taille, le menton relevé et les yeux brillants. Elle n'avait plus peur, elle se fichait de tout maintenant.

Je pensais que vous aviez changé ... Je me suis trompée. Je crois que jamais vous ne me direz ce que vous savez. Je me suis faite avoir, mais c'est fini.

Sur ces mots, elle reprit sa main dans un geste sec ne le quittant pas du regard. Elle entendait derrière elle les pas de Robert de Molay mais tant pis, elle avait dit ce qu'elle avait à dire.

Maintenant je vais retourner chez moi comme je suis venue.

Sherynne contourna Buhr, ramassa sa besace et sans se retourner traversa la salle improvisée. Avec de la chance, ils la laisseraient partir. Au pire .....
Buhr
La voyant se diriger vers la sortie, le sang de Buhr ne fit qu'un tour. Il lui courut après, posant sans ménagement sa main sur son épaule pour l'arrêter. Il la serrait très fortement, puis la retourna, de façon à la regarder bien en face, dans les yeux. Sa forte respiration trahissait un énervement certain.

Pour qui te prends-tu Sherynne ? Crois-tu seulement avoir le choix de ta propre vie ? Ici, rien ne dépend de toi. Tu n'es en vie que parce que nous l'avons décidé. Nous n'avons pas à te répondre. Viens par ici, maintenant.

Disant cela, d'un geste brusque, il la défit de sa besace, puis de force, l'amena vers Robert. Ce dernier était resté là. Il n'avait rien vu de la scène, mais comprenait parfaitement ce qui se passait. Sherynne était menée à cet homme, les yeux entièrement blancs, la main serrée sur un poignard, comme un agneau à l'autel pour un sacrifice. Bien sûr, elle se débattait, mais rien n'y fit. Elle était poussée, inexorablement vers l'autel et vers la dague. Devant Robert, les mains liées dans le dos par Buhr, elle ne put s'empêcher de verser une larme de haine envers ces hommes qui la traitaient ainsi. L'homme s'adressa simplement à son sbire :

Pourquoi faut-il toujours qu'elles soient arrogantes dans cette famille ? Quand j'en aurai fini, Buhr, vous vous occuperez d'elle. Vous ferez comme bon vous semblera. Mais il vaudrait mieux faire taire une voix qui ne saurait garder le silence...

A ces mots, le coeur de Sherynne s'emballa encore, essayant une fois de plus de se libérer. Mais elle était entièrement dominée par un Buhr qui savait parfaitement maîtriser la situation. Il libéra alors sa main gauche, la posant au-dessus du coffret, sur l'autel. Cette main tremblait, se crispait, comme jamais, certainement, elle n'avait été. Pour Sherynne, tout semblait s'effondrer, elle perdait peu à peu tout espoir de s'en sortir vivante, ou même indemne. Mais elle ne cessait pas la lutte. De son côté, Robert semblait prononcer une incantation dans un langage incompréhensible, quand soudain, d'un coup, il abaissa la dague, entaillant la paume de sa main en profondeur, ce qui fit arracher un cri à Sherynne. Son sang coulait dans le coffret. Elle ressentait en elle comme un grand vide qui venait l'habiter. Une sensation étrange l'envahit. Elle avait l'impression que son coeur ralentit, jusqu'à ne presque plus le sentir. Elle avait l'impression que son corps se refroidissait. Elle avait l'impression de perdre toute sa force, au point de chanceler, maintenue debout uniquement par Buhr.

Une fois le coffret remplis, Buhr la laissa tomber par terre, sans ménagement. Il referma le coffret, de la manière la plus minutieuse possible. Il le remis à Robert, qui s'en alla, sans perdre de temps, en direction de la sortie. A ses pieds, Sherynne tremblait de tout son corps.


Que je m'occupe d'elle...

Sa mission touchait maintenant presque au but. Il avait enfin récolté les clés, et il lui restait maintenant ce dernier témoin. Un témoin qui pourrait être gênant pour l'Ordre. Les propos de Robert ne cessait alors de retentir dans la tête de Buhr, ce dernier allant s'installer un peu plus loin, sur une pierre, pour attendre le réveil de Sherynne. Il se plaça en partie dans l'obscurité, de manière à ne pas être vu tout de suite lorsqu'elle se réveillerait. De longs instants passèrent, lui laissant le temps de réfléchir à la situation, de relire cette lettre qui semblait avoir été oubliée sur l'autel, de refaire le bandage à cette jambe qui le faisait souffrir atrocement, et de plus en plus. Dans sa tête, ses pensées s'entrechoquaient.

Dès qu'elle se réveille, je lui saute dessus. Je ne la laisse pas ouvrir la bouche... Ou bien simplement lui expliquer qui est sa mère... Non, je dois m'en débarrasser... Lui faire lire la lettre avant ? Qu'est-ce que je risque au final ? Qu'elle lise cette lettre, et ensuite, je m'occuperai d'elle. Une bonne fois pour toutes.
Sherynne
La douleur lui arracha un cri. La lame lui entailla profondément la paume de la main, coupant la chair en un geste précis sur toute sa longueur. Sherynne se mordit la lèvre inférieure. Plus le sang s'écoulait hors de son corps, plus elle devenait pâle et la tête lui tournait. La pression de la main de Buhr se relâcha et elle s'effondra sur le sol comme une masse.

Dans un brouillard infime une grande femme brune lui tendait les bras. Auréolée d'un voile blanc, on aurait dit une sainte.... Maman ? ... est ce toi maman ? .. Le visage se rapprochait .. se déformait laissant la place à une brume noire ... un cavalier vêtu de noir au visage marqué d'une cicatrice ... Cette vision lui glaça le sang .Buhr ? ... L'homme ne répondit pas, tout comme la femme ... Puis elle entendit une voix ...

Sherynne .... lève toi ... il va te tuer ... sauve toi .... Est-ce cette voix qui lui fit reprendre connaissance ou la douleur qui lui vrillait les tempes ?

La jeune fille ouvrit les yeux en plissant les paupières, porta sa main droite à son crâne douloureux et ramena ses jambes vers son ventre en une position de foetus. Son regard se posa sur son autre main qu'elle ne pouvait bouger. Sa tête avait du heurter le sol dans sa chute. Elle avait mal partout .. combien de temps était elle restée évanouie ?

Elle poussa un cri étouffé quand sa main meurtrie entra en contact avec le sol. Des larmes de douleur pleins les yeux, ses dents serrant sa lèvre, elle tenta de se redresser mais retomba sur son séant. Sherynne poussa un cri de rage tout en regardant autour d'elle. Personne ... Elle déchira sa robe et enroula une bande de tissu autour de la plaie. Ainsi Robert était parti ... ils étaient tous partis ... Elle se mit enfin debout après plusieurs tentatives. Titubante elle se raccrocha au mur.


Je vous maudis Robert de Molay .. où que vous soyez .. Je vous maudis Buhr ... vous et votre famille et tout ceux que vous aimez ....

Sherynne grommelait en avançant à petits pas, douleur au crâne qui la lançait et main devenue bien lourde, elle ne ruminait plus que sa haine envers eux et envers elle aussi.

Pauvre idiote que je suis ! On m'avait prévenu mais non .. noooon comme d'habitude j'en ai fait qu'à ma tête ... Aie ma tête ...

Elle avançait doucement avec l'impression d'être passée sous les sabots d'un troupeau de chevaux au galop. Sherynne regarda devant elle, main droite en appui sur le mur dans un flou indescriptible. Vers la sortie ... encore quelques pas ... vas y ma petite ...
_________________
Buhr
De là où il était assis, Buhr regardait la scène. Il avait décidé de la tuer dès qu'elle se lèverait. Mais un genoux à terre, puis sur ses deux jambes, Buhr ne put bouger. C'est comme s'il s'était attaché à Sherynne. Au final, il se sentait proche d'elle. Bien sûr, jamais il ne l'admettrait, et jamais il ne s'opposerait à l'Ordre. Mais... il ne bougeait pas, alors que Sherynne s'avança vers la sortie. Avant qu'elle ne disparaisse, il lança simplement :

Sherynne ! Vous n'oubliez rien ? Vous êtes venue pour des réponses.

Il se leva alors, allant se saisir de la fameuse lettre, qu'il replia soigneusement. Puis, la regardant, il ajouta :

Que vous ne vouliez plus me parler, je le comprend, mais prenez au moins cette lettre.

Buhr lui jeta un regard, essayant d'être le plus sincère possible. Il n'avait pas oublié qu'il devait la rendre silencieuse. Mais il se dit que tout cela pouvait bien attendre quelques instants, le temps de lui livrer son histoire. Et une fois qu'elle saurait tout, il sera encore bien assez tôt pour s'en débarrasser...
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)