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[RP Privé] Et au milieu coule une rivière

Ana.lise


Le printemps s’était installé depuis quelques semaines, prenant allégrement ses aises. Douce chaleur qui faisait tantôt penser à l’été, tantôt au début de l’automne mais dont les saveurs en été bien différentes et éloignées. Les fruits n’avaient pas encore revêtu leurs belles couleurs ardentes et chatoyantes, seules les fleurs printanières voyaient le jour ajoutant au tableau d’une nature éveillée une beauté des plus colorée. Et en Champagne comme ailleurs, la vie s’écoulait au rythme de la saison. D’ailleurs, ce fut au cœur d’une de ces journées particulièrement chaudes qu’Ana décida qu'il était temps de revivre.

Des jours qu’elle était confinée dans cette chambre qui avait vu la mort rôder, des jours qu’elle dépendait complètement de son époux pour le moindre mouvement. Depuis qu’elle s’était réveillée au petit matin après avoir dormi du sommeil du juste, pensant que les limbes qui l’accueilleraient seraient glaciales et humides et non pas chaleureuses comme elle en ressentait les effets, Ana dut se rendre rapidement à l’évidence qu’elle ne s’était pas éteinte comme elle le pensait. Et vivement, dans un geste presque de panique, la jeune femme avait tenté de s’écarter de cette source de chaleur mais la douleur violente qu’elle ressentit immédiatement lui rappela vivement la réalité. Tournant alors son regard dans la direction adéquate, elle vit le corps allongé de son mari qui semblait vouloir la retenir de peur qu’elle ne parte au loin.

Oscillant entre colère et reconnaissance, Ana.Lise était restée prostrée dans un silence complet osant à peine respirer, prenant le temps de la réflexion et surtout de la compréhension. Ses derniers instants lui revinrent en mémoire, ses sentiments qui s’étaient échappés de sa bouche tandis qu’elle sombrait dans un profond sommeil et ce sourire rassurant qu’elle avait vu avant de fermer complètement ses yeux. Sa main se porta alors sur la joue de Ghost qui durant des heures avait veillé sans faille, la tenant à bout de bras pour qu’elle ne sombre pas dans ce néant complet. Et là les questions commencèrent à affluer mais Ana referma vite son esprit, faisant le vide entièrement afin de ne plus être assailli par trop de sentiments contradictoires. Elle devait d’abord se remettre de ses blessures puisque finalement la mort avait renoncé à l’emporter avec elle toutefois la jeune femme restait persuadée qu’elle n’aurait pas toujours cette chance, que son nom était inscrit sur les carnets de la dame en noir qui patiemment attendait dans un coin de son existence le meilleure moment pour couper ce fil de soie qui la rattachait à la vie.

Et les jours s’étaient succédés les uns après les autres. Ana attendait patiemment que son corps cicatrice. Et même si le médecin qui était intervenu le soir de la tragédie était confiant, il avait interdit tant de choses à la jeune femme qu’elle commençait à en avoir par-dessus la tête de devoir attendre. Et puis vint le jour où enfin, elle avait pu poser les pieds. Délicatement, son mari l’avait porté dans ses bras comme il le faisait chaque jour afin de lui permettre de voir autre chose que son lit puis sans plus attendre, avait déposé Ana devant la fenêtre. La jeune femme était fière de pouvoir se sentir un peu plus vaillante que les jours derniers, ses jambes résistant plus facilement à la station verticale dans laquelle la duchesse était postée. Quelle joie pour elle de percevoir le soleil la réchauffer de ses rayons, quelle bonheur de pouvoir poser les yeux sur toutes ces touches de couleurs qui comme dans un tableau prenait vie doucement sous ses yeux, quel émerveillement de découvrir la nature ainsi sous son plus beau jour. Et comme si la faucheuse avait effacé la mémoire d’Ana. Lise cette dernière redécouvrait avec les yeux d’un enfant tout ce qui l’entourait. Mais cela ne lui suffisait pas, il lui fallait ressentir de plus près les choses. Aussi avait-elle attendu que ses jambes daignent ne pas flancher au bout de quelques mètres avant de partir à la conquête de l’extérieur.

La journée choisie avait donc été celle qui s’avérait être la plus chaude jusqu’à maintenant. Petite robe au tissu plus léger en ce printemps, joli daibiky aux motifs colorés de vert et de rouge, à la forme moins serrée que d’ordinaire afin de ne pas meurtrir les plaies que la duchesse dissimulait aux yeux de tous, bottes assorties et voilà que la dame de Dienville avait pris la direction de son moulin de Conflans. Déjà, elle voulait s’assurer que tout était en ordre, que le travail de Marik ne souffrait pas de ses absences journalières et si la fatigue lui laissait un peu de répit, elle irait jusqu’au bord de la rivière afin de se rafraichir en faisant attention de ne pas glisser sur les rochers humides. Ce n’était pas le moment que la jeune femme se blesse à nouveau mais l’envie était trop forte, elle ne pouvait rester ainsi. Ce fut donc joyeusement qu’elle se faufila à l’extérieur de la maison, laissant malgré tout un mot pour son époux l’informant de ne pas s’inquiéter, qu’elle sera de retour rapidement tout en lui donnant le lieu de sa visite. La jeune femme n’était guère du style a laisser des indices sur les lieux qu’elle comptait visiter mais depuis son accident, Ana préférait ne pas tenter la poisse. Aussi, rapidement, Ana plaça le message sur la coiffeuse bien en évidence dans leur chambre. Mais l’envie de sortir la tenaillait tellement qu’elle en oublia de poser un objet sur le velin afin de le garder à sa place et lorsque la duchesse quitta sa chambre, un petit courant d’air vint soulever le feuillet, le faisant glisser jusqu’aux pieds de la commode.

Et pendant ce temps, Ana profitait de l’absence de bien du monde dans la maisonnée pour sortir. Le soleil déjà réchauffait son doux visage, la laissant béate de bonheur. Elle savait que le chemin prendrait du temps mais pour rien au monde Ana reculerait devant ce désir qui l’habitait. Et puis le moulin n’était pas si loin finalement, juste un peu en retrait de la ville. Sourire aux lèvres, l’air décidé, la duchesse voulait conquérir le monde en ce jour parfait, pour elle, pour son mari, pour la vie qui reprenait ses droits dans leur existence. Et puis la journée était si belle que si le désir venait à son mari de la retrouver, il pourrait l’y rejoindre et passer un moment avec elle. Le besoin de se retrouver un peu seuls tous les deux se faisaient dominateur chez la duchesse au point d’en oublier la fatigue et la douleur qui martyriseraient son pauvre corps dès le lendemain.

Pensées agréables calées dans un coin de sa tête s’aidant d’un bâton qui ne la quittait plus, Ana partit d’un pas décidé dans la direction de la place du village, la traversant assez rapidement finalement puis bifurquant sur sa gauche, elle avisa les grands champs de blé avec au loin le moulin qui se détachait de l’horizon. Le sourire s’accentua. Elle avait déjà fait la moitié du chemin et ne perdait pas espoir ce qui était bon signe chez la jeune femme. Rien ne l’arrêterait désormais et à la pensée de se rafraichir aux abords de la rivière n’en était que plus agréable. Un bonjour à droite, un sourire à gauche, Ana ne perdait pas son enthousiasme et saluait les gens avec bonheur. Qu’il était bon de se sentir revivre sous le regard des gens. Plus que quelques pas et bientôt le moulin sera à porté de foulée.




Merci de m'envoyer un mp si vous voulez participer ljd Ana.Lise

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Ghost60



Depuis le jour du miracle, le duc avait pris pour habitude d'aller chercher quelques fruits sur le marché afin de satisfaire le plaisir de son épouse pour ces aliments aussi délicieux que bon pour la santé. Malheureusement la meilleur volonté du monde ne permettrait pas à ce mari se voulant intentionné, de trouvé le bonheur de celle qui l'attendait. Il devait se contenter de légumes récolté à l'extérieur du village. Quelques carottes ou chou, accompagné parfois de quelques champignons que des bucherons cueillaient en revenant de leur coupe, parfois du lait mais lui aussi assez rare, les vaches sénonaises devaient surement se faire rare, comme les habitants d'ailleurs, rien du luxe de Chaumont ou de Sedan.

Mais la journée elle commençait un peu plus tôt, quand le père de famille allait s'assurer qu' Eliette la nourrice de Sigebert ne manquait de rien pour le bien être du petit et c'était en sortant de chez elle justement que Ghost passait par le marché, il avait juste à faire deux ou trois pas pour être sur la place aux multiples étals.

Ce jour était identique dans les habitudes mais différent en même temps. Après sa visite chez la nourrice, c'est sur la place commerciale que les habitudes changeaient. Un panier complet de fruits était là prêt à être acheter, tandis que les vaches elles, ont du manger de l'herbe toute la nuit pour produire une telle quantité de lait et des gens dans ces allées où chaque jour l'homme passait sans jamais voir personne. Sans doute cette chaleur qui s'installait progressivement depuis le matin. Les habitants avaient sans doute profiter de cette journée, apporté leurs marchandises sur le marché alors qu'avant ils les gardaient jalousement chez eux.


Ghost reprenait la route vers sa demeure du village, suivi de Landeric, ce môme qui l'aidait quotidiennement depuis quelques temps maintenant. La demeure était à vu, on pouvait distingué la porte refaite depuis la désastreuse nuit, il aurait bien voulu faire venir Charly ce jeune troyen qui faisait des merveilles avec du bois, mais il opta pour une réparation rapide faite par un local. Ils entraient tout les deux dans la bâtisse, Landeric se déplaçant vers la cuisine où il y déposa les achats tandis que Ghost lui se rendait vers la chambre pour y retrouver Ana.

La chambre était déserte, d'un regard circulaire la pièce était scrutée, rien d'anormal n'était constaté, si ce n'était qu'il n'y avait pas l'ombre d'un ange . Le duc alpagua Landeric, lui demandant de rester ici et de le faire avertir quand ana rentrerait, lui partait de son coté, en ville recherche son amour, afin de s'assurer que ses forces ne l'ont pas abandonnées quelque part dans une ruelle.

Revenant du marché et ne l'ayant pas croisé, elle n'avait pu prendre que l'autre direction. Inquiet des risques d'une faiblesse de son épouse, apeuré de la retrouvée affaiblit loin du regard sauveur de quelques personnes, l'homme marcha rapidement vers ce chemin possible issue que sa bien aimée avait pu emprunter, observant chaque petite rue chaque impasse, chaque espace séparant deux maisons. Le voilà quasiment à la sortie de la ville quand une voix se fit entendre derrière lui. Le gamin laisser auparavant dans la demeure familiale venait lui apporter sa trouvaille. Un précieux morceau de parchemin qui libérait de ses peurs ce mari angoissé.

Le chemin jusqu'au moulin était quasiment fait , à peine quatre arpents le séparait du lieu où Marik travaillait pour la duchesse . Rassuré que cette dernière est laissé sa destination signe perceptible d'une volonté de ne pas inquiété inutilement, même si celui ci n'aura pas eu l'effet escompter n'ayant pas été vu à temps, le duc hésita à aller à sa rencontre, se demandant si finalement elle ne voulait pas être un peu seule.Après un petit moment d'hésitation, il prit la direction du bâtiment servant a moudre le blé.

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Ana.lise


Encore quelques mètres et le petit chemin qui menait jusqu’au moulin d’Ana s’arrêterait. La jeune femme, légèrement essoufflée par cette longue marche sous le soleil, se retourna en direction du village de Conflans qu’elle dominait du haut de cette petite colline. Reprenant doucement sa respiration après l’effort qu’elle venait de fournir, dégageant du revers de sa main une mèche qui s’obstinait à lui chatouiller le visage, son regard enveloppa la cité où régnait le calme absolu sauf sans doute sur la place du marché qui s’animait dès le matin à la fraîche. Mais le reste du temps, Conflans était devenue un village endormi comme l’était Reims autrefois. Secouant sa chevelure aux boucles mordorés, Ana prit appui un instant sur son nouveau compagnon de route, son bâton. La douleur qu’elle ressentait au bas ventre ne lui plaisait guère mais elle devait subir depuis cette atroce nuit multitudes de caprices de son corps. Reprenant une goulée d’air, Ana chercha du regard les nuages qui au loin prenait des formes étranges dans le ciel. Elle aurait souhaité se coucher dans l’herbe afin de pouvoir mieux les observer mais ce n’était guère là une attitude convenable pour une duchesse même si personne ne venait du côté de son moulin. Marik ayant pris l’habitude de livrer les boulangers de la ville, les villageois ne se perdaient pas dans ce coin. La jeune femme résista pourtant à cette furieuse envie en tournant le dos au spectacle qui s’offrait à ses yeux, elle reprit sa route.

Plus lentement cette fois-ci, faisant attention où elle mettait les pieds, les roues de la charrette remplies jusqu’au rebord de sacs de farine ayant creusé le chemin caillouteux de façon à laisser des ornières, Ana ne voulait pas risquer de se tordre la cheville dans un moment d’inattention. Douée comme elle l’était quand elle était fatiguée, elle se fit plus attentive quand enfin, sa main se posa sur la rambarde en bois qui longeait trois petites marches qu’elle grimpa lentement. Une fois devant la porte d’entrée du moulin, la duchesse se retourna afin d’offrir son visage au soleil. Fermant les yeux, elle prit le temps de s’imprégner des sons environnants : le petit grincement typique de la roue qui plongeait dans l’eau à l’arrière de la bâtisse, le frémissement des feuilles dans les arbres voisins, l’air aux senteurs multiples et différentes de ceux du bourg et ce sentiment de sérénité qui l’enveloppait désormais. Ana pénétra enfin dans le moulin après avoir frappé quelques coups à la porte. Surprendre Marik n’était pas vraiment une bonne idée, il aurait pu se montrer agressif de peur qu’on vienne l’attaquer. Toutefois, personne n’était présent dans la maisonnée et Ana put se reposer quelques minutes à la fraîcheur des lieux. Ses azurs firent le tour de la pièce lorsqu’ils tombèrent sur son épée qu’elle avait laissée là le soir de l’attaque. Avec des gestes tremblants, Ana s’avança vers son arme qu’elle tenta de prendre en main mais le poids de la lame se fit vite sentir et la jeune femme fut contrainte de la relâcher rapidement. Grimaçant, elle mit une main sur son ventre qui manifestait à sa manière sa petite révolte contre les actions de la jeune femme. Soufflant afin de retrouver son calme, la duchesse reprit place sur une des chaises qui se trouvaient autour de la table. La tristesse se lisait sur les traits de son visage fatigué et elle se demandait combien de temps encore elle mettrait à recouvrir toutes ses facultés comme avant, avant cette triste nuit, avant cette tragédie, avant qu’ils en arrivent là.

Ses pensées vagabondèrent jusqu’à son époux qu’elle imaginait en train de travailler dans son bureau comme il le faisait souvent depuis des mois. Ils n’avaient pas reparlé des aveux que le duc lui avait fait tandis qu’elle était dans un état proche de la mort et Ana se demandait encore si elle devait le faire. Peut être qu’il fallait enterrer cette discussion à jamais en espérant qu’elle ne vienne pas un jour se dresser entre eux, peut être qu’il fallait crever l’abcès pour repartir sur des meilleures bases. Ils mettaient toutes les chances de leur côté, ils s’étaient retrouvés certes, ils s’aimaient d’un amour si fort à nouveau mais les non-dits avaient la vie dure et Ana savait que cela pouvait redevenir invivable rapidement. La tête de la duchesse se mit à tourner, la fatigue revenait au galop. Respirant profondément, la jolie brunette se releva de sa chaise, la remit à sa place puis quitta la maison en prenant le petit chemin qui longeait le moulin afin de se rendre aux abords de la rivière. L’envie de se rafraîchir la tenaillait et puis cela l’aiderait sans aucun doute à effacer toutes ces questions qui ne voulaient pas s’arrêter de fuser dans sa tête. Quelques pas entre des roches et de la mousse, la duchesse arrivait enfin au lieu tant espéré. De l’eau claire et limpide rebondissait entre les différents cailloux qui habitaient le lit de ce cours d’eau et la jeune femme trouva rapidement une souche d’arbre sur laquelle se poser quelques instants avant de pouvoir espérer plonger ses mains dans cette onde fraîche.


*Laisse faire le temps * ne cessait de lui dire son époux mais la jolie brune tremblait d’impatience, voulant redevenir autonome et certainement indépendante comme toujours mais au-delà de cette idée de liberté retrouvée, Ana voulait comprendre. Elle voulait savoir, elle désirait connaitre la vérité sur son état de santé. En surface, elle guérirait vite d’ailleurs les plaies cicatrisaient déjà mais ce qui avait été détruit en elle, cette confiance en elle-même qui lui faisait tant défaut depuis toujours aurait-elle fuit à jamais et cette douleur qui lui broyait le cœur parce que chaque jour elle se demandait si son fils serait son seul enfant… L’impression d’avoir été brisée en mille morceaux s’imposa à son esprit et la duchesse dut faire un effort particulier pour faire le vide dans son esprit. Elle était venue jusqu’ici pour se prouver qu’elle en était capable mais aussi pour profiter de ce lieu calme et serein. Passant outre les convenances, Ana défit ses bottes qu’elle posa non loin d’elle, remonta un peu le bas de sa robe puis plongea ses orteils dans l’eau. Un sourire vint fleurir sur ses lèvres, le sentiment de bien être faisait le reste. Chassant ses doutes, sa tristesse et sa douleur, la jeune femme profitait enfin de l’instant présent, jouant avec l’eau comme une petite fille. Et son petit rire cristallin se fit même entendre au cœur de ce lieu particulier.

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Ghost60


Les pas lent, hésitant menaient l'homme vers sa destination se situant à l'extrémité de cette petite pente. Une pensée parcouru sa tête, celle de son épouse luttant contre son corps pour grimper jusqu'à ce lieu qu'elle appréciait, autant pour son calme que pour pour sa vue imprenable sur le village. Contrairement à sa dulcinée, lui ne venait que rarement ici, d'ailleurs une ou deux fois pas plus, le manque de temps avec toutes ces charges qu'ils avait eu, ces postes tenue ici ou ailleurs. Mais les souvenirs était resté dans sa mémoire, de ce balcon du premier étage on pouvait voir cette rivière , énergie naturelle qui faisait fonctionner le moulin, descendre joyeusement vers le village en contournant les quelques rochers qui se trouvaient sur son chemin. Du petite espace de verdure qui faisait face au bâtiment, de l'autre coté du chemin, on pouvait plonger vers l'étendue forestière qui vu de là haut semblait manger le village, une magnifique image qu'on ne pouvait oublier.

Au fil de cette distance qui se raccourcissait, l'ouïe se mettait en éveil, ce cours d'eau avoisinant faisant maintenant le bruit de fond avec ce petit ruissellement continue , ces petits chants d'oiseaux qui fêtaient la saison des amours, ne se souciant que du présent et ces rires d'enfant s'approchant à grande vitesse. Un sourire venait se percher sur les lèvres du promeneur quand une troupe de gamins excité se courant après croisait son chemin, un bonjour enjoué sortant de leur bouche un à un suivi de celui du duc pour clore cette rencontre rapide. Derniers pas et l'ouverture protégé par cette gardienne en bois pourra être atteinte. D'un regard vers le petit abris extérieur Ghost constata que Marik s'était absenté.

La main se posa sur la poignée forgée par un artisan de qualité, reconnaissable par la finesse de la texture quand une paume venait au contact. Prêt à ouvrir la porte avant de se raviser, d'une main se voulant légère, il frappa à la porte pour signaler sa présence. Après quelques secondes d'attente, le visiteur du jour se déplaça jusqu'à la petite lucarne afin de tenter d'apercevoir son épouse. Pas une ombre ne semblait bouger à l'intérieur, l'étage était peut être l'endroit ou la jeune femme avait trouvé refuge par un coup de fatigue après les efforts qu'elle avait du faire pour venir jusque là. Le duc entra dans l'atelier de production qui semblait avoir fonctionné peu de temps avant si on prenait en compte les différentes traces laissé par cette poussière de blé. L'escalier se trouvait sur la droite de la pièce, cette menuiserie était bien plus pratique que les habituelles échelles qu'on trouvaient un peu partout dans ce genre de bâtisse.

Ghost montait doucement les marches qui dégageaient un léger grincement sous le poids de l'homme, afin de ne pas réveillé celle qu'il était venu voir si celle ci se reposait au premier. La dernière marche fut franchit donnant sur un grand espace sans cloisons, sans porte sauf celle menant vers le fameux balcon. La brune au regard d'azur n'était pas là, avant de retourner vers l'étage inférieur, le duc se rendit vers la porte menant sur l'espace en plein air. Ouvrant la porte afin de sortir vers cette zone restreinte, un courant d'air frais venait lui caresser le visage. Il voulait remettre à jour son souvenir de cette terrasse et mit ses mains sur la rambarde afin d'admirer ce paysage merveilleux qui reflétait comme un miroir ondulé sur ce cours d'eau, le regard suivant le courant de la rivière, jusqu'à cette souche en aval qui fit sourire l'observateur, une charmante duchesse y était installé afin de profiter quelques instants d'un petit plaisir.

Il l'avait retrouver, il ne restait plus qu'a redescendre et longer de quelques pas la rive pour la rejoindre, le sourire rassuré de la voir se prélasser, continuait de marquer son visage. Il l'avait sous estimé, son caractère de conquérante semblait reprendre le dessus, la voie de la guérison dévoilait son chemin, il ne restait plus qu'à s'y engouffrer. La sortie de l'échoppe se faisait plus rapide que l'entrée, les craquement de l'escalier ne risquaient pas de déranger ce qui permettait à l'allure d'être augmenter. Ghost se trouva à l'extérieur, il se dirigea vers la rives où quelques pas plus tard il retrouvera sa femme. Le voici à une courte distance et d'une voix douce interpella la jeune femme.


La sensation doit être agréable.

A peine ses paroles prononcées qu'il se trouva derrière elle posant délicatement ses mains sur ses épaules et d'un petit murmure

Tu va bien mon ange?


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Ana.lise


L’eau fraîche rebondissait sur les pieds de la duchesse à vive allure tandis que cette dernière faisait barrage avec ses orteils et le petit chatouillement que la jeune femme ressentait sur sa peau s’exprimait de mille façons sur les tons délicats d’un petit rire léger. Quel moment de délicieux bonheur vivait-elle là après ces dernières semaines où la joie lui avait fait défaut. Un petit rien qui lui apportait tant…

Concentrée sur cet instant qu’elle aurait aimé figer dans le temps, Ana n’entendit point les pas qui s’approchaient. Pourtant, ce fut sa voix qui s’éleva dans son dos et la fit rosir de plaisir et d’impatience. Cette même voix qui l’avait sortie du néant plusieurs jours auparavant, ce timbre si particulier aux intonations chaudes et graves qui la guidait dans les méandres de son esprit lorsqu’elle cherchait à sortir de ces confins enchevêtrés de son âme. Aujourd’hui, cette voix délicatement posée lui rappelait qu’elle était vivante et qu’elle pouvait chasser cette peur qui la tenaillait encore parfois. Alors la duchesse se détendit imperceptiblement, laissant son corps retrouver le berceau des bras de son époux qui venaient de l’enserrer une nouvelle fois après avoir conquis de ses mains sa nuque.

Petit soupir d’extase de se sentir ainsi protéger contre les agressions du monde, Ana posa délicatement l’arrière de sa tête contre l’arrondi de l’épaule de son époux, un sourire flottant sur ses lèvres illuminant son visage au teint opalin. La vie qui avait tenté de fuir son corps avait laissé à Ana les stigmates bien reconnaissables entre tous mais la combativité de la duchesse était telle qu’elle reprenait chaque jour un peu de forces, chaque jour quelques couleurs bien qu’encore très pâles apparaissaient sur son visage et la fatigue, cruelle dominatrice de ses envies, rebroussait doucement chemin. Posant enfin ses mains sur celle de celui qu’elle avait épousé par deux fois pour le meilleur et pour le pire, Ana.Lise répondit de sa voix claire et légère.


Je te le confirme mon baron, c’est fort agréable que de sentir cette fraîcheur vivifier mon être… j’ai l’impression d’avoir attendu cet instant depuis des jours…


Nouvel éclat de rire et déjà la jeune femme se retournait en direction de Ghost tout en restant dans le creux de ses bras, visage tourné à quelques centimètres du sien, elle ne put s’empêcher de toucher sa joue, dessinant les quelques ridules qui s’étaient installées au coin de ses yeux depuis l’accident. La fatigue qu’il accumulait à force de la veiller rongeait ce visage que la duchesse aimait tant admirer et un voile de tristesse assombrit ses azurs d’ordinaire si étincelant. Aussi, se hissant sur la pointe des pieds en faisant attention de ne pas trop étirer ses plaies, Ana déposa un baiser sur les lèvres de son mari.

Je vais bien mon amour… arrête de te faire du souci pour moi… regarde ce que j’ai accompli aujourd’hui. N’es-tu pas fier de ta femme ?

Sourire en coin, Ana savait que ce n’était même pas une question à poser tant elle lisant dans son regard ce qu’il pouvait penser mais elle aimait entendre parfois ce genre de petit compliment, coquetterie toute féminine il fallait bien l’avouer. Reprenant un air plus grave, la duchesse caressa du pouce sa joue avant de continuer sur sa lancée.

Par contre mon baron, tu devrais prendre un peu de repos. Tu te surmènes et je tiens trop à toi pour prendre le risque qu’il t’arrive quelque chose. Je sais que c’est en partie ma faute… j’en suis sincèrement désolée tu sais Ghost, désolée … Si je te perdais…. Tu sais qu’elle serait ma finalité, je ne te l’ai jamais caché. A la vie, à la mort mon cœur. Cette promesse là est inscrite dans le sang qui a été versé et ne peut plus être déliée.

Tendre sourire devant ses paroles dans lesquelles résonnaient tant de gravité, Ana se détacha soudainement des bras conservateurs avant de se pencher doucement vers le lit de la rivière pour prendre un peu d’eau dans le creux de ses paumes. Un éclat de rire plus tard et la jeune femme éclaboussait son mari avec vivacité.


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Ghost60


Les petits rires de la jeune femme, réconfortait son mari, après les efforts produit pour venir, elle semblait encore énergique. Elle tourna la tête plantant son visage tout près de lui, cette main douce venant caresser le coin de ses yeux, puis son regard changea, déformant cette joie qu'avait son visage quelques secondes auparavant en une tristesse visible. Même si les quelques paroles qui se voulaient rassurante, prononcer par la duchesse apaisait cet homme, ce n'est qu'à sa pointe d'humour quand à la fierté qu'il éprouvait que le duc lâcha un sourire.

Oh mais je suis très fier même.

Ghost lui adressa un autre sourire, tout en écoutant les quelques rimes qu'elle devait dire en le voyant. Elle avait surement raison, la fatigue gagnait vite du terrain ces derniers jours, mais le repos n'était pas encore d'actualité, elle avait fait de gros efforts, lutter contre les douleurs et la fatigue musculaire du a son alitement, mais elle n'était pas encore complètement rétablie. Le fautif de son état ne s'accordait pas de répit tant que sa victime n'aurait pas retrouvé toute sa forme.


Je n'aurais de repos que quand nous serons parti, quand on aura franchi le poste frontière.

Il tenait à ce voyage, dont la durée n'était pas fixé, même si ce n'était que pour allez au village d’à coté, tant que la frontière champenoise était passé l'important serait alors fait. Cette province lui devenait insupportable la traitrise la lâcheté et tout ces coups bas... La vie perdait de son charme, les amis qui finalement n'en étaient pas, les espoirs qui s'effondraient chaque jour un peu plus.

A peine le temps de lui répondre qu'un petit rire se fit entendre, suivi d'une petite pluie étrangement bien placé. La regardant d'un petit sourire amusé, l'homme lui prenait ses mains encore mouillées avant de l'attirer vers lui afin de lui montré d'un baiser la tendresse qu'il avait pour elle. Le duc menait ses lèvres près de l'oreille de son amour avant de lui murmurer.


Je suis tellement heureux de te voir comme ça.

L'époux repoussa légèrement ses mains afin d'éloigner de quelques centimètres la jeune femme, afin de poser son regard de haut en bas sur son corps puis lui adressa une nouvelle fois un sourire, ce petit geste qui ces derniers jours n'était plus présent. Bien que le coin était agréable,le paysage merveilleux et reposant, le duc proposa de retourner au moulin. Le physique d'Ana reprenait ses droits, mais les traces invisibles causées par les évènements récent restaient marquées dans sa tête, une bonne discussion à l'abri des oreilles indiscrète permettrait dans un premier temps d'en effacer quelques unes. Il figea alors le regard de son ange puis d'une voix paisible

Tu voudrais retourner au moulin? Je pense qu'on a des tas de choses à se dire et... on sera surement mieux là bas.

D'un signe de tête approbateur, la jeune femme donnait la destination suivante. Ils remontaient tranquillement la rivière jusqu'à la bâtisse de bois, Ghost ramassa un caillou qu'il fit ricocher dans le cours d'eau, comme un souvenir de sa jeunesse dans cette ville où il n'était qu'un simple paysans, un petit rire sorti de sa bouche. Il pris la main de sa femme afin de continuer vers l'entrée du moulin, il l'a fit rentrer avant de la suivre et de sortir une chaise pour l'inviter à s'asseoir. L'homme alla chercher deux gobelet et un pichet de vin, les apportant sur la table, dans l'instant qui suivait les deux timbales se remplissaient de ce liquide rougeâtre. Ghost accorda un sourire à la jeune femme puis levant son verre...

A nous!

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Ana.lise


Un baiser, un simple baiser de la part de cet homme qu’elle chérissait tant et son cœur palpitait comme un fou. Posant son regard cérulé sur ce visage aux pommettes saillantes, à la barbe toujours parfaitement taillée, à cette bouche aux lèvres de velours, Ana chercha dans la profondeur de ses amandes une quelconque réponse à ses questions muettes. Son époux voulait parler et à cet instant précis, la duchesse n’en ressentit aucune peur ni même d’affolement à devoir ouvrir son cœur et son âme à ce mari qui faisait tout pour elle. Contrairement à ce que certains pouvaient s’imaginer, la jeune femme n’était bien qu’en sa présence, se détendant dès qu’il s’approchait d’elle ou qu’il posait ses mains sur son corps meurtri. Il avait un don pour la rassurer, la calmer ou bien même la ramener à la sérénité à laquelle elle aspirait et ce fut en toute confiance qu’elle acquiesçât. Il était temps, oui il était temps de laisser sortir cette douleur lancinante qui retardait sa guérison, il était temps de chasser ces fantômes qui s’acharnaient à vouloir se dresser entre elle et lui malgré le fait que certaines choses avaient déjà été dites.

Sourire serein sur le bord de ses lèvres, Ana glissa avec confiance sa main dans celle de son époux, se laissant guider jusqu’au moulin et lorsque Ghost s’arrêta afin de faire ricocher un caillou sur l’eau limpide de la rivière, elle ne put s’empêcher d’applaudir comme une enfant ce geste anodin et pourtant si touchant. Le duc avait laissé sa panoplie du parfait noble quelque part entre ici et ailleurs, montrant une nouvelle fois cette facette de lui que sa femme aimait tant. Simple, loyal, adorable, il aimait rire et s’amuser comme n’importe quel autre homme que cette terre portait mais les convenances, ce fichu carcan qu’Ana détestait, les enfermait et les pliait à sa volonté, menant leurs existences qu’ils le veuillent ou non. Pourtant, dans ce lieu perdu au milieu des champs de blé, le couple semblait reprendre vie après tant d’épreuves traversées, après tant de chemin parcouru aux embuches diverses et blessantes qui ralentissaient leur quête du bonheur. Une dernière épreuve les attendait et d’un commun accord ils s’y étaient préparés. Il était temps de fermer la porte sur cette joie retrouvée et pénétrer dans le cœur de la tourmente.

Ana s’installa sur cette chaise qu’il lui avait donnée tout en prenant la timbale de vin pour trinquer. Levant son verre, elle ne se fit pas prier, trempant doucement ses lèvres dans ce breuvage carmin qui lui colora légèrement les lèvres faisant ressortir son teint opalin. Levant ses yeux sur son mari, Ana se permit de murmurer :


A notre avenir…

Se raccrocher à un mot, ce mot, n’était pas vain pour la duchesse. Elle ne luttait pas contre la peur de perdre le seul homme qu’il ait toujours aimé sur cette terre mais plutôt contre la douleur et les ravages que les révélations qu’ils pouvaient se faire risquaient d'engendrer. Après tout, leurs disputes et leur séparation les avaient amenés à entrevoir la mort d’un côté comme de l’autre. Et pour en arriver là, il fallait qu’ils souffrent tous les deux au point d’envisager cette solution comme la seule issue possible à leur histoire. Ana posa alors délicatement le gobelet sur la table puis glissa sa main une nouvelle fois dans celle de son époux, tirant doucement dessus afin de l’inviter à prendre place sur la chaise qu’il restait. Pas de dominé, pas de dominant. Ils étaient sur un pied d’égalité, ils se parleraient à cœur ouvert comme ils l’avaient toujours fait. Malgré la douleur, malgré le chagrin que certaines choses provoqueraient, ensemble ils affronteraient la réalité et ensemble ils s’en sortiraient. Se penchant dans la direction de Ghost, Ana posa une nouvelle fois sa main sur sa joue, la caressant lentement comme pour effacer la tristesse qui bientôt ferait son retour sur ses traits qu’elle connaissait par cœur. Mue par les sentiments qu’elle ressentait pour son mari, la jeune femme posa délicatement ses lèvres sur les siennes, goutant la douceur qu’il lui offrait et dont elle était si gourmande. Puis front contre front, sa main ayant glissé sur sa nuque, Ana ferma les yeux un instant, reprenant sa respiration avant de soulever ses paupières. Et sa voix se fit enfin entendre, douce et légère.

Je ne te poserais qu’une question mais je veux que tu y répondes sincèrement comme tu l’as toujours fait avec moi. Après, tu pourras me demander tout ce que tu veux, je n’ai rien à te cacher…

Reprenant sa respiration une nouvelle fois, se mordant la lèvre inférieure comme elle le faisait si souvent lorsqu’elle cherchait ses mots afin de minimiser les choses ou ne pas faire de mal à celui ou celle à qui elle s’adressait, Ana se lança.


Pourquoi mon baron, pourquoi avoir choisi ma mort ?

Même si elle se doutait de sa réponse, elle voulait l’entendre de sa bouche. Leur dernière rencontre dans sa taverne à conflans, leur dernier face à face resterait à jamais marqué dans sa mémoire. Elle se souvenait de cette douleur qui lui avait broyé le cœur, elle se rappelait de son dernier baiser donné à cet homme qu’elle avait vu terrassé par le chagrin.

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Ghost60


Les voici tout les deux attablés dans cette petite pièce, un gobelet trinquant à leur avenir, celui ci même dont la conversation qu'ils allaient avoir pourrait laisser des traces ou même pire le dissipé. Mais il fallait passer par là si le couple voulait retrouver la sérénité tant attendu. L'amour est un sentiment étrange aux multiples facettes, le bonheur, la joie, le plaisir, mais aussi la tristesse la détresse ou la colère, bien d'autre ressenti pouvait s'ajouter dans le panel sentimental que développe «l'amour».

Cela faisait des jours que son âme était tourmentée par ce geste dangereux qu'il avait commis. D'ailleurs qui ne le serais pas? Pire, qui aurait été capable de le faire? Le sommeil constamment dérangé par ce rêve éternel, celui où il se revoyait écrire la lettre , ce fichu papier auteur d'un drame qui aurait pu être voir la mort d'une femme et de son enfant. Chaque nuit, les yeux ouvert tentant de dissimulé cette étrangeté dans un coin de sa tête afin de retrouver le repos, l'homme se tournait dans tout les sens dans sa couche.

Mais l'heure de parler, de crever l'abcès, était arrivée, ils allaient enfin libéré leur esprit guérir ce mal qui risquerait de les ronger et d'empêcher la guérison complète. Cet homme à l'apparence extérieur méchante, sentait ses organes se compresser, une difficulté à respirer normalement, sa femme venait de lui poser la question, celle tant redoutée et pourtant tant attendue. La vérité, elle l'a connaissait, même si il lui avait dit alors qu'elle s'était à peine réveillé de son attaque. Elle voulait surement mieux comprendre, e qui était tout à fait normal dans une situation pareil. Ghost fixa ses azurs afin de lui répondre.


J'ai... je... enfin... tu te rappelle à Reims? Ce fameux soir en taverne.

Le duc pris une grande respiration, malgré cette ceinture invisible qui le comprimait.

Tu m'avais enfoncé cette épée de quelques centimètres juste au dessus du cœur. La vision que j'ai eu de moi pendant mes longues heure d'inconscience, cette vie de débauche qui était la mienne avant... Puis ce retour à la vie... J'ai côtoyer la mort cette nuit là, mon esprit s'est libéré de ce mal qui m'imprégnait.

Une nouvelle prise de respiration avant de reprendre

Depuis ce jour, mon cœur battait pour toi, celle qui était à mes cotés qui m'a veiller. Ma vie avait été bouleversé, j'ai changé ce jour là, croisé le regard de la faucheuse m'a rendu plus droit.

Le ceinture semblait se desserré au fil des mots qui sortaient, une ultime grande respiration pour finir de lui répondre.

Quand tu m'as annoncé vouloir partir, vivre autrement, autre part... Je me suis revu avant et j'ai pris le risque de soigner le mal par le mal, j'ai utilisé cette façon qui m'a été radicale... espérant que tu perçoive le même effet que celui que j'ai eu.

Tout était dit pour sa part. Il se sentait soulagé, son corps se détendait, la compression avait disparue et son esprit se voyait ôter de ce poids immense que représentait ce fardeaux. Il espérait que sa réponse convienne à la demande de la jeune femme qu'elle y verrait ce qui lui fallait pour sa guérison. Ghost pouvait poser des questions, demander des réponses à des évènements, il avait tout un panel de possibilités mais finalement une seule interrogation le troublait. Et si il n'y avait qu'une chose qui le taraudait c'était bien de revivre tout ça une nouvelle fois. Il prit une voix sereine et douce afin de demandé sa réponse.

Il n'y a qu'une chose que je voudrais savoir mon ange. Pourquoi cet amour qu'on se portait et qu'on se reporte maintenant, pourquoi s'est il effondré?

Il connaissait une partie de la réponse, mais quelques chose avait provoqué une faiblesse, le doute sur les manquements qu'il aurait pu avoir, les absences ou toute possibilité se frayaient un chemin dans sa tête au moment il posa la question.

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Ana.lise


Les battements de son cœur résonnaient comme les tambours sauvages au cœur de la bataille. La situation était des plus cruelles car elle ravivait les blessures que le temps aurait effacées. Mais la mémoire est un puits de souffrance sans fin qui vous ramène à chaque fois sur les désastres de votre vie. Et là les drames avaient laissé des plaies béantes dans le cœur de cette femme et de cet homme, les empêchant de panser leurs blessures s’ils ne faisaient rien pour sortir de ce cercle vicieux qui les étouffait petit à petit. Ana avait osé la première à appuyer là où cela faisait mal, la première à poser la question qui lui tenait à cœur depuis qu’elle avait réalisé le secret qu’il avait mis entre ses mains en lui avouant la folie dont il était l’auteur. Elle avait redouté ses mots, elle avait appréhendé ses révélations et au fur et à mesure que son époux lui parlait, les images s’imposaient d’elles-mêmes au point que la jeune femme ferma les yeux pour mieux s’isoler dans ce passé qui était le leur.

Des tragédies ils en avaient vécus lui et elle, séparément et ensemble. Cet amour si puissant qui les unissait en était destructeur, elle le savait depuis le premier jour où elle avait réalisé les sentiments qui l’habitaient mais l’amour ne se commande pas et le cœur choisit celui qui l’inspire. Passant outre les recommandations des gens, faisant fi des commérages qui l’avaient mise à mal à l’époque la duchesse avait choisi d’unir son destin à cet être colérique et coléreux aux yeux de tous. Et pourtant, il s’était avéré un mari aimant et tendre au-delà de ce que la jeune femme aurait pu imaginer. Mais voilà, la vie s’était échinée à malmenée la jolie brune, la rendant vulnérable. Etais-ce une raison pour provoquer un tel désastre ? Certains vous auraient répondu que non mais Ana voyait dans cet acte l’amour absolu, l’amour inconditionnel, l’amour éternel. Cette promesse qui était la leur revenait sur le devant de la scène. L’éternité pour ces deux êtres tourmentés aurait pu leur faire peur mais c’était consciemment qu’ils désiraient s’y plonger s’ils ne pouvaient vivre comme ils l’entendaient. Mais pour le moment, cette vie là leur convenait et pour continuer sur ce chemin côté à côte elle se devait à son tour de l’éclairer, de répondre en toute simplicité à la moindre de ses questions pour mettre enfin à plat leurs différences qui les avaient séparés.

Prenant une longue respiration, ne voulant pas précipiter ses pensées et ses mots qu’elle voulait justes et précis pour ne plus à y revenir. Une fois cette discussion terminée, ils pourraient enterrer ensemble ce moment qui les avait balloté, chahuté, blessé afin de mieux repartir vers un horizon meilleur.


Tu sais Ghost, l’amour est capricieux… c’est une petite flamme qu’il faut entretenir chaque jour afin de la laisser grandir et s’épanouir et je crois que je n’ai pas su le faire au bon moment… moi qui était la gardienne de notre amour je l’ai laissé s’amoindrir sans faire l’effort de la sauver…


Ana retint une larme au coin de ses yeux. Ce n’était pas le moment de s’effondrer, certainement pas le moment non plus de se lamenter sur son sort. C’était arrivé et il fallait aller de l’avant, oublier ce maudit passé, oublier cette tragique histoire. Il avait su lui pardonner, elle n’espérait rien d’autres que rester à ses côtés. Cette force qu’il dégageait lui donnait des ailes et Ana se redressa enfin, elle prit sa main dans la sienne, caressant du pouce le dessus de sa dextre.

Je sais que cela n’explique pas tout, je sais que mon comportement fut des plus inqualifiables et impardonnables vis-à-vis de toi mais j’étais si fatiguée de tout, si malheureuse des chemins que nous prenions, de ce croisement où nous semblions être arrivé et dont je voyais l’issue fatale… ce manque de paroles entre nous, ses gestes qui n’étaient plus là, cette tendresse qui disparaissait d’elle-même, cela faisait si mal et toute cette colère que je ressentais et qui me bouffais de l’intérieur. Puis nos voyages, la venue de Sigebert, la fatigue, les mensonges dont on m’abreuvait et nos disputes… celles qui n’en finissaient pas à Troyes ont finies le travail, me rendant vulnérable, me précipitant dans la mauvaise direction… je cherchais à te fuir, je voulais me soustraire à cet amour qui me dévorait de l’intérieur et dans lequel je ne me reconnaissais plus… je voulais appeler à l’aide mais je ne savais pas comment m’y prendre et j’avais peur qu’il soit trop tard… et pourtant le soir où je suis partie j’ai eu si mal de te quitter que j’en venais à préférer mourir que de te voir ainsi souffrir à cause de moi…

Sa voix mourut dans ce dernier aveu. La douleur était à son comble mais étrangement Ana ne se sentait pas mal. Comme si on lui enlevait enfin un poids trop lourd à porter pour ses frêles épaules. Levant ses azurs sur son mari, elle ne put s’empêcher de serrer ses doigts un peu plus fortement comme pour lui rappeler qu’elle était là, à ses côtés désormais.

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Ghost60


Il était là, tenant son gobelet rempli de ce liquide rougeâtre, attendant la réponse à cette question posé, cette unique interrogation qui donnerait la résolution de tant d'autre. Elle était assise à coté de lui, elle avait écouté sans sourciller le moindre de ses mots, il lui avait expliquer les raisons de la tragédie sans même montrer une once de colère. Assumant chacun leur part dans ce triste sort, ils restaient impassible... comme ci tout n'était que banalité.

La jeune femme prenait une grande inspiration, comme lui même le faisait avant de lui expliquer, puis pris la parole. Lui expliquant cette petite flamme, ces caprices de l'amour, il connaissait bien cette histoire et il savait que la petite flamme s'était éteinte où du moins devenu si petite qu'un simple souffle pouvait l'exterminé. Puis, son regard, ses yeux qui se remplissaient de larmes, cette image attristante, mais elle la retenait, cette larme qui pourtant frappait à l'entrée de son œil. Ne pas s'effondrer, cette devise qui aurait pu être la sienne...

Sa voix mélodieuse restait sereine, sans tremblement, ajoutant cette caresse sur la main de ce mari attentif au moindre petit mot, lui qui cherchait la réponse lui permettant d'éviter une nouvelle descente dans les ténébreuses abysses, elle expliquait toutes ces choses qui avaient fait défaut. Ce dialogue qu'aujourd'hui ils avaient, ses gestes de tendresses de soutient, cette fatigue... mais aussi cette absence, dû à ces satanés charges, la politique, un mode de vie qui peut aider des centaines de personnes, mais qui aussi détruisait la vie la plus importante, celle de ce couple qui s'exténuait par ce manque de temps que partageait les époux.

Tout était dit, des petits détails anodins comme des éléments plus grave, il avait fauté par ces manques qu'il lui avait fait subir, fragilisé, les mensonges inculqués ont fini par avoir raison d'elle... La petite flamme , comme elle disait, semblait avoir repris sa petite danse, mais cette fois, ils se devaient tout les deux de l'entretenir, de l'agrandir. Cette petite flamme devait devenir un âtre au près duquel le couple pourrait se réchauffé pendant des heures, ils y mettraient chaque jour, une stère de tendresse, une stère d'écoute, une stère de présence et une forêt de «je t'aime». Le feu serait immense et la fumée qu'il dégagerait serait vue de tout le duché, pour montrer qu'ils restaient lié.

Il était attristé de voir ce qu'il lui avait fait subir avec le recul, mais soulagé que leur conscience ait pu se libérer de tout ces maux qui couvaient. Leur vie de couple pouvait repartir du bon pied en faisant table rase du passé, ne garder en eux que cette avenir souriant qui leur était réservé.

Ghost prit à nouveau le pichet, versant de son contenu dans les timbales, avant de lever celui ci pour trinquer avec sa douce épouse.


À notre avenir, à notre espoir

Le duc lui adressa un sourire plein de tendresse, il avait cette envie irrésistible de la prendre dans ses bras, de la serrer contre lui. L'homme fixa cette main qui le caressait, puis tournant la sienne l'attrapa et fit pareil de avec l'autre, il se leva afin d'attirer vers lui sa maitresse, sa femme, la mère de son enfant, afin de la serrer fort pour assouvir cette envie qui lui trottait dans la tête, se sentir époux. C'était à son tour de retenir une larme sous l'émotion de cette discussion et comme pour se réconforter lui murmurait «plus jamais, plus jamais je ne t'abandonnerais»

Ghost continuait son étreinte, il aurait bien envie de rester comme ça des heures, mais la vie devait continuer et marik pourrait arriver, le pauvre serait bien mal à l'aise et n'oserait pas rester de peur de déranger. Un petit sourire apparu à cette pensée et d'une voix douce l'époux s'adressa à sa femme.

Tu veux que nous redescendions tranquillement au village?

L'homme finit par relâcher la jeune femme, prenant sa main , puis glissa ses doigts entre les siens.

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Ana.lise


Enfin… enfin ils avaient parlé, enfin ils s’étaient attaqués au cœur de leur problème afin d’espérer effacer leur tourments et voir la reconstruction des parties de leur vie qui avaient été détruites par leur attitude mutuellement extrême. Ces deux êtres qui s’aimaient à la folie ne faisaient jamais les choses à moitié. D’un côté comme de l’autre, ils vivaient dans l’excès et comme si provoquer la catastrophe pouvait les aider à surmonter leur souffrance, ils n’hésitaient pas à recourir à ce genre de folie pour arriver à leurs fins. Toutefois, il fallait croire qu’ils se comprenaient dans leur façon de fonctionner car le pardon était de mise. L’un comme l’autre ils avaient enfin clos le chapitre de ce mal qui les affectait et les rongeait, terrassé le dragon dévoreur de leurs âmes, déchiré ce sentiment d’impuissance qui les rendait si fragile les poussant à commettre l’irréparable. Enfin, le couple ducal allait pouvoir entamer sa guérison. Désormais ils pouvaient laisser libre court à cet amour qui reprenait ses droits dans le cœur de chacun, s’enracinant au plus profond de leurs êtres pour se saisir de l’un comme de l’autre, enchevêtrant ses branches pour ne faire plus qu’un…. Un contre le monde entier, voilà ce qu’ils étaient devenus.

Une nouvelle page se tournait, un nouveau chapitre de leur vie avait pris fin. Ana regardait son époux avec toute la tendresse du monde dans ses yeux, Ghost ne pouvait détacher son regard de sa femme. Promesse muette, élan du cœur, ils se retrouvaient comme au premier jour, heureux et amoureux. Et les mauvaises expériences vécues sauraient les assagir, c’était inévitable et logique. Un breuvage couleur carmin pour rappeler leur promesse nait dans le sang, Ana porta son verre à ses lèvres afin de goûter avec délicatesse à ce vin qui enivrait de son parfum et mettait du baume au cœur avant de laisser parler les âmes. La duchesse prit donc sa timbale puis trinqua avec plaisir confirmant sa volonté de vouloir aller de l’avant, d’aller vers cet avenir qui leur tendait les bras. Doucement la jeune femme leva vers Ghost ses azurs dont la pupille s’était dilatée doucement aux mots qu’il avait employés. Et comme mue par un besoin vital de se raccrocher à ce qu’il venait de dire la duchesse murmura à son tour.


A notre espoir mon tendre amour…

Encore une fois, Ghost avait pris les choses en mains, refusant la fatalité, refusant de baisser les bras. Il portait sa femme à bout de bras, l’aidant à garder la tête hors de l’eau afin qu’elle ne sombre pas à nouveau dans la mélancolie. Ana savait ce qu’il en était, elle n’avait pas eu besoin des théories des médecins pour comprendre que son corps pouvait ne plus donner la vie. Sombre les premiers jours, sentant son rôle d’épouse devenir une ombre dans sa vie, son époux l’avait convaincu du contraire. Le temps ferait son œuvre et cet espoir dont il lui répétait chaque jour qu’il fallait y croire leur ferait le plus beau des cadeaux quand elle serait prête à le recevoir. Ana savait que son duc d’époux n’abdiquait jamais et cette force-là il la lui transmettait à chaque fois qu’il posait ses yeux sur elle, à chaque parole qu’il prononçait, à chaque geste avec lesquels la touchait.

Un sourire aux bords des lèvres, la duchesse posa son gobelet sur la table puis dans un mouvement fluide n’hésita pas une seconde à venir se blottir dans le creux des bras de son époux, là où elle se sentait en sécurité, là où rien ne pourrait plus l’atteindre, là où l’amour renaissait. Elle savait que le chemin serait encore long avant que les blessures ne soient complètement cicatrisées mais le temps travaillait pour eux et avec de la bonne volonté mais aussi cet amour qu’elle savait si puissant et surtout indestructible, tout était réalisable. Se tournant une nouvelle fois vers Ghost, elle posa sa tendre bouche sur la sienne goutant ses lèvres dont elle quémandait chaque jour de nouvelles attentions avant de lui répondre, la voix gorgée de ce désir profond qui la trahissait lorsqu’elle était dans ses bras.


Et bien, nous pouvons retourner à la maison mais j’aimerais profiter un peu des alentours… c’est tellement rare quand toi et moi nous trouvons le temps de nous promener ensemble. Dis-moi depuis combien de mois nous n’avons pas été ainsi ? Ce n’est pas un reproche mais disons que maintenant que tu es venu jusqu’au moulin cela serait bête de repartir si rapidement… Et puis tu connais Conflans comme ta poche, tu y as grandi. Je suis certaine qu’il y a des endroits que tu pourrais me faire découvrir…


A nouveau son rire se fit entendre, à nouveau la joie reprenait le dessus et s’exprimait dans tout le corps de la jeune femme. Oublié la fatigue due à son ascension, oublié ses blessures qui la tiraillait, Ana désirait vivre. Prenant rapidement le pichet de vin, elle alla le ranger dans le petit bahut qui servait de réserves à Marik puis les deux timbales furent rincées et remises à leur place avant que la duchesse ne prenne son mari par la main pour l’attirer dehors. Le soleil qui les accueillit fit cligner les yeux d’Ana qui marqua un temps d’arrêt pour s’habituer à cette luminosité puis prenant la direction du petit chemin de terre, ce fut d’un pas léger qu’elle conduisit la marche.

Je vais te montrer quelque chose… oh ce n’est pas grandiose… enfin pour les yeux c’est sublime mais j’aime ces couleurs qui se propagent sous les rayons du soleil. Et puis ça me rappelle sans cesse que la nature est forte et fragile à la fois mais aussi d’une harmonie sans égale….

Un petit bosquet qu’ils dépassèrent rapidement puis les champs de blés qui s’étendaient à perte de vue. Ce n’était guère étonnant puisque Conflans était un village paysan, l’un des greniers de son duché. D’ailleurs, les villageois sortaient peu, trop harassés par leur journée aux champs à travailler cette terre qui les rendait fiers. Tournant la tête vers la droite, après s’être arrêté, Ana montra à son mari ce qu’elle aimait regarder.

Tiens regarde comme c’est beau…

Une marée rouge éclatante de vivacité ondulait au rythme de l’air qui courait sur les pétales des fleurs, s’étendant à perte de vue.


Ce sont des coquericos *… Regarde comme ils sont magnifiques de finesses et de légèreté. Le vent les ballote, il les malmène et pourtant, jamais ces fleurs ne s’abimeront par sa faute et dieu sait qu’il peut se montrer coléreux et même d’une sauvagerie extrême quand il tempête. Par contre, ces fleurs redoutent une seule chose… elles n’aiment pas la main de l’homme qui les fait périr en quelques minutes.


Ana sourit doucement puis se mordant la lèvre, continua sur sa lancée.

Elles me font penser à nous… entre tes mains je suis vivante, je voyage au gré de tes humeurs et des miennes mais dès que l’on m’approche de trop près, que l’on essaie de me séparer de toi je meurs à petit feu…

Cette fois ce fut la duchesse qui fut prise par une envie soudaine de sentir son mari contre elle et lentement, elle lova son corps contre le sien, l’entourant de ses bras tout en posant délicatement son visage dans son cou.

Comme quoi, la nature est bien faite et que les mariages qu’elle fait ne peuvent se défaire !


Doucement, Ana posa ses lèvres sur le velours de cette peau qu’elle connaissait par cœur. Cette impression d’être à sa place lui ravit un soupir de bien être.




*coquericos, ancien nom du coquelicot


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Ghost60


L'étreinte à peine relâché que la jeune femme venait poser ses lèvres sur les siennes, petit moment de plaisir partagé et il fallait dire que la douceur de cette sensation avait l'art pour faire vibrer un cœur. Puis elle répondit à la requête de son mari d'une voix si merveilleuse dénonçant ses émotions du moment, elle faisait comprendre par ses mots, son envie de profiter encore de cette journée , les efforts fournis pour venir jusqu'ici semblait s'être dissipé devant cette opportunité que le couple avait d'aller se balader.

Il n'eut que le temps de répondre par l'affirmatif qu'ana tout excitée ne pu rester en place. Elle prit les gobelets et le pichet rinçant les premiers après avoir ranger le second, petit geste anodin, mais qui vu de l'extérieur pourrait les accuser de ne pas respecter le vivre noblement, une timbale lavée , travail de servante... et si ça leur faisait plaisir... être noble n'empêche pas de toujours connaître ses origines. La jeune femme une fois cette tache accomplie, reprenait place auprès de son époux et c'est main dans la main qu'ils filaient vers la sortie.

Ana menait la danse, elle était le guide qui les mènerait vers cette endroit qu'elle désirait faire visiter à l'homme qui lui tenait la main. Ils avaient prit un petit chemin pendant qu'elle expliquait, tout en gardant un mystère sur la destination et ce qu'ils devaient voir. Le paysage défilait dans cette campagne paysanne au rythme des pas de la jeune femme. Encore un petit effort et les amoureux arrivèrent à destination. Ana tourna la tête puis indiqua à Ghost ce qu'elle voulait lui montrer.

Le duc se tourna alors vers des vagues rouges venant brisées la ligne d'horizon, une vision apaisante dans cette champagne ou les vagues habituelles étaient celles des méchancetés. La brune expliquait à sa moitié la merveilleuse caractéristique de ces fleurs à la grande résistance et cette triste particularité qui leur couterait la vie. Elle se mit à se comparer à ce champs de fleurs, phrase agréable qui fit intervenir un sourire sur les lèvres de celui qui l'écoutait. L'instant suivant elle enroba de ses bras le cou de l'homme, ressortant quelques sons pour sortir une phrase qui prenait son importance quand on connaissait leur vie.

Un frisson traversa le corps de cet homme succombant à l'intensité de ses lèvres féminines effleurant sa peau, un bonheur intime éveillant ses sens, ce sentiment précieux envahissait son corps. Fermant les yeux comme pour faire durer le plaisir ressenti, Ghost murmura à son épouse.


Parti comme çà, nous risquons de rentrer plus vite que prévu.

Un nouveau sourire arborait fièrement son visage , prenant dans sa main celle de son ange.

A mon tour de te faire montrer quelque chose.

Le duc tira sur la main de son épouse, guidant à son tour le couple vers une autre destination, la où dans sa jeunesse, il allait s'amuser avec quelques amis. Il reprenaient dans l'autre sens le chemin emprunter, bifurquant vers la descente qui ramenait en ville, la longeant un peu avant de tourner dans un champs. Ghost les fit s'accroupir, mettant son doigt devant sa bouche en signe de silence. Un murmure au creux de l'oreille de la jeune femme pour lui expliquer ce qu'ils faisaient là.

Tu vois la maisonnette là bas? Ghost joignit le geste à la parole afin de visualisé la cible
Plus jeune on venait ici chiper des pommes, le seul pommier dans le coin, mais après on courrait vite pour ne pas se faire rattraper.

Puis regardant son amour, elle qui aime tant les fruits, laissa échapper un petit rire à l'idée qui l'avait traversée. Reprenant son sérieux l'homme s'adressa à la friande.

Attend moi là je reviens.

L'homme avança discrètement jusqu'à l'arbre aux fruits juteux, pris l'échelle qui depuis des années était cachée au même endroit, avant de l'installer contre le pommier. L'homme monta quelques échelons et décrocha la récompense , une simple pomme pour se rappeler ses souvenirs un simple fruits pour combler le péché mignon de sa mie. Redescendant tranquillement, il reposa l'échelle à l'endroit où il l'avait prise avant de revenir en courant vers celle qui l'attendait.

Tiens un joli fruit cueillit du jour.

Ghost tendait le fruit , tandis qu'il ne pu retenir un rire.

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Ana.lise


Ravissement, bonheur, délice… tant de mots qui s’imposaient d’eux même à l’esprit d’Ana qu’elle aurait eu envie de crier à la face du monde son enchantement, décrivant ainsi les instants que le couple passait depuis quelques heures. Tout aurait pu arriver aujourd’hui, tout aurait pu chavirer mais non, le pardon était venu étendre son voile sur leur vie et désormais ils pouvaient affronter le reste du monde comme un seul homme. Et à défaut de monde, c’était les alentours de Conflans qu’ils visitaient.

Après leur avoir offert une vision étrange et saisissante de la nature, Ana avait délaissé cette marée ponceau pour suivre son époux dans ses pas. Enfin il allait lui révéler des choses, il allait lui ouvrir la boite aux souvenirs. La jeune femme en était frémissante d’impatience mais tentait de le dissimuler le plus longtemps possible, muselant cette envie de lui poser mille questions, de lui demander de lui raconter les moindres détails de sa vie d’enfant dans ce petit village. Mais Ana savait que Ghost n’était pas homme à être bousculé. Il lui fallait du temps pour dire les choses alors soit, elle attendrait le bon vouloir de son mari. Après tout, ils n’étaient pas pressés, bien au contraire. Chaque minute se savourait avec délicatesse, mordant dedans à pleine dent pour après laisser l’existence se charger de créer le tourbillon qui les emporterait bien loin. La vie semblait avoir ouvert ses bras afin de les embarquer avec elle pour un long voyage et Ana ne se lassait pas d’avoir pris le bon chemin avec son duc de mari à ses côtés.

Un autre chemin, un autre détour, ils continuaient à visiter les environs quand Ghost amena Ana devant un pan de son passé. Et devant ses yeux cherchant à s’imaginer l’enfant qu’il était, la duchesse vit se jouer la scène qu’il était en train de lui conter au creux de l’oreille. Et d’ailleurs, elle ne s’étonna qu’à moitié, après avoir fermés les yeux, d’entendre là-bas au loin le rire des enfants trop heureux de leur larcin. Un sourire vint illuminer le visage de la jeune femme et tandis qu’elle redressait ses mirettes en direction du duc, il prenait déjà son élan pour… non, elle ne pouvait le croire. Il n’allait pas faire ça quand même…. Et bien si, il le pouvait. Tandis que la position accroupi n’était guère des plus agréables pour elle, Ana se laissa alors tomber lourdement dans l’herbe, se cachant dans les pousses hautes afin de ne pas se faire repérer, elle suivait des yeux ce que son mari était en train de faire et machinalement, sa voix se fit l’écho de ses pensées.


Ghooooost....Tu ne vas pas… oh non Ghost m’enfin… mon amour… un duc… rhoooo et puis tant pis…


Les yeux pétillants de malice, le rouge aux joues de honte par ce pillage insignifiant mais si amusant qui se déroulait sous ses yeux, Ana frémissait tout en se laissant emporter par l’exaltation qu’elle sentait chez le duc. Rien ne l’avait préparé à ce qu’elle allait vivre dans ce village tranquille perdu au fin fond de la Champagne. Le bonheur de voir son époux complètement transformé lui qui était d’ordinaire si sérieux la comblait de joie. A croire que la mort était venue lui secouer les puces à lui aussi, faisant réagir cet homme qui ne pensait plus qu’en terme d’économie ou de politique. Les plaisirs simples, les allégresses mêmes insignifiantes faisaient parties de leur vie, noble ou roturière, mais l’important c’était de ne pas l’oublier. Et comme si un voile venait de se déchirer sous ses yeux la duchesse vit revenir son mari auprès d’elle en courant, lui offrant non seulement un fruit gorgé de soleil dont elle raffolait mais aussi un rire, son rire. Simple, puissant et si candide sur l’instant. Ana leva les yeux vers son époux et tendant la main, lui caressa la joue qu’elle aimait frôler quand elle le sentait soucieux ou condamné à trop réfléchir sur des questions concernant le duché. Et la jolie brune lui offrit le plus doux des baisers avant de se relever tant bien que mal tout en refusant l’aide de ce dernier. Aujourd’hui, elle ne pleurerait pas, aujourd’hui elle ne demanderait rien à personne, aujourd’hui elle s’assumerait comme elle le faisait avant de souffrir le martyr.

Croquant dans sa pomme à pleine dents, le sourire aux lèvres encore toutes sucrées des sucs de ce fruit, Ana se planta devant celui qui faisait battre son cœur et se penchant légèrement en avant, sa bouche venant effleurer sa joue de son souffle, elle poursuivit.


En voilà des manières mon cher baron, te voilà prince des voleurs de pommes maintenant… il faudrait songer à ouvrir une guilde à Conflans dans un avenir proche…

L’éclat de rire qui suivit s’échappa de sa gorge sans qu’elle ne puisse faire quoique ce soit pour le retenir. La journée resplendissait, les nuages noirs avaient été chassés de leur vie et l’humeur joueuse et joyeuse était revenue au galop. Toutefois, en levant le regard un peu plus loin que le visage de son tendre époux, Ana put remarquer la noirceur dont le ciel se parait. Au pas de charge qu’ils s’amoncelaient ces satanés nuages et le couple était encore loin de leur habitation. Posant sa main sur celle du duc, Ana tenta d’attirer son attention.

Euhhh mon cœur, je ne voudrais pas jouer les rabat-joie, ce n’est pas mon genre tu le sais bien mais…. Sais-tu où il y aurait une grange dans le coin, je crois qu’on va en avoir besoin rapidement….


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Ghost60


Ana semblait aux anges, amusante image pour celle qu'il appelait « mon ange ». L'atmosphère détendu loin, très loin de la conversation qui pourtant avait eu lieu il n'y a pas si longtemps, tout leur souriait, les images immanquables et inoubliables d'un champs de fleurs, le souvenir d'enfance de l'homme qui volait des pommes puis courant pour éviter de se faire rattraper et dont il avait oser reproduire malgré les années. La jeune femme déposait une énième fois ses lèvres sur celle de son époux, ces bouches qui aujourd'hui usaient de tout leurs attributs pour s'exprimer, les sons qu'elles avaient émis, les baisers qu'elles s'étaient échanger...

Il était l'heure de se relevé la duchesse semblait souffrir en effectuant ce geste si banal, mais elle avait refusé la main que son mari lui tendait, toute seule, sans aide et avec le sourire... La difficulté passée, la duchesse croqua dans le butin du jour, un sourire, un souffle, une parole, là voilà imaginant une guilde de voleur de pomme dans la petite bourgade où ils étaient, suivi d'un rire , si naturelle et imprévu mais contagieux au vu de ce rire qui s'empara également de l'homme. Mais le ciel semblait jaloux et c'est de ses nuages qu'il venait interféré dans ce moment de bonheur, la jeune femme fut la première à s'en rendre compte avant de demander à son baron si il connaissait un endroit pour s'abriter.

Ghost ferma les yeux quelques instants afin d'essayer de se rappeler, farfouillant dans ses souvenirs de ses quatre cents coups qu'autrefois il faisait accompagné des autres gamins du village, puis une petite lueur marquant qu'il avait retrouver dans les archives de son cerveau un endroit correspondant à quelques arpents. Il prit la main de son épouse pour regagner le chemin et les emmener vers la grange dont il se rappelait. Quelques pas et la bâtisse tant convoité montrait le bout de son nez, mais la pluie les poursuivait, même pire elle les rattrapait. La distance les séparant de l'objectif se réduisait au fil des pas assez rapide du couple, malheureusement l'averse , elle, ne les épargnait pas. Ghost ôta son mantel pour le déposé sur les épaules de sa princesse la protégeant autant que possible. Ils y étaient parvenu, la porte grinçante et complètement bancale, le toit en parti arraché, mais l'abri de fortune les gardait quand même protégé de ce déluge de jalousie que le ciel leur avait réservé.

C'est dans ce petit coin que ce tas de bois avait encore de potable que Ghost emmena son amour, aplatissant le tas de foin pour en faire un lieu de repos plus confortable , ce n'était pas Chaumont ou Sedan mais juste une grange en ruine dans un village perdue du fin fond de la Champagne, mais un endroit où ils étaient tout les deux et ça valait tout les châteaux du monde. Le petit espace préparé, l'homme attentionné fit installé sa moitié. La journée fut longue et éprouvante aussi bien physiquement que moralement et une petite sieste improvisé en attendant que les éclaircies refassent surface, serait bien mérité, l'homme s'installa à coté de la jeune femme passant son bras derrière la nuque de celle ci afin de l'attirer vers lui, blottit l'un contre l'autre.

La pluie continuait de cogner contre les planches qui servaient encore de toiture, jouant une petite mélodie, accompagnée de ces gouttelettes sauvages qui de l'autre cotés de la grange se fracassaient dans une flaque pour certaine, sur le métal de quelques vieux outils pour d'autres.
La grange de son enfance était toujours bien là, mais la vision de cette édifice délabrée montrait à l'homme les ravages du temps quand on oublie de s'occuper de ce qu'on a. Cette simple pensée eut effet immédiat et doucement Ghost resserra l'étreinte sur sa femme

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Ana.lise


Et voilà, quand on parle de pluie, on peut être certain de se prendre un nuage sur le coin de la tête. Et là, il n y en avait pas qu’un. Comme si le ciel qui avait pris modèle sur le couple ducal et crevait cet abcès qui avait gangréné leur relation pendant toutes ces semaines déversait maintenant tous les maux de la terre qu’il avait engrangé depuis belle lurette. Et le ciel s’était fâché jusqu’à ne plus pouvoir contenir son mal. Et la petite ville endormie par cette chaleur printanière qu’était Conflans avait été surprise par ce changement de temps. Heureusement, même si la mémoire joue parfois les trublions en nous imposant ce que l’on veut oublier, c’est un formidable réservoir aux souvenirs qui permet de nous sauver la mise. Et ce jour-là, Ghost dut faire appel à tous ces petits riens et ces grandes choses qu’il avait vécu autrefois pour trouver un abri conséquent.

Main dans la main, ils s’étaient donc dirigés vers la cachette de fortune. Le duc avait abrité sa bien-aimée de son mantel et ensemble, ils avaient trouvé refuge à l’intérieur de cette vieille grange à l’abandon. Oh ce n’était pas un château ni même l’intérieur de l’auberge de Conflans mais aux yeux d’Ana.Lise le moindre abri prenait des allures de trésor même s’il s’agissait de quelques vulgaires planches pourries par les intempéries et le temps. Se réchauffant comme elle le pouvait, se frottant les bras et les épaules pour éviter que l’humidité des vêtements ne la rende malade, la duchesse observait du coin de l’œil son époux transformer un peu de paille en une couche de fortune. Moment attendrissant, la jeune femme avait l’impression de découvrir un autre homme, que sous cette épaisse couche caractérielle se dissimulait le plus tendre des maris et le plus exquis des amants. Attentif à la moindre demande de la part d’Ana, anticipant ses moindres désirs, il était devenu en quelques semaines sa raison de vivre et chacun apportait à l’autre ce qui lui manquait.

Frappée par cette vérité qui se montrait au grand jour, Ana s’approcha sans faire de bruit dans le dos de celui qui faisait battre son cœur et lentement avec des gestes presque timides, elle lui caressa la nuque délicatement avant de tomber dans ses bras. Délicatesses des instants partagés, Ana se sentait bien dans ses bras protecteurs et savait qu’il serait là à son réveil aussi, la duchesse lâcha prise sur son physique et sur son mental, glissant petit à petit vers le pays des songes qui l’aiderait à régénérer ses forces dépensées dans cette journée.

Son sommeil ne fut pas agitée contrairement à toutes ces nuits qui s’étaient écoulées depuis la tragédie, bien au contraire. Durant cette phase peuplée de visages connus et inconnus, de propos blessants comme de promesses à venir, Ana n’avait pas hurlé, prenant pleinement conscience de ses vérités qui font mal comme de celles qui plaisent et sereinement, elle avait voyagé ainsi durant de longues minutes qui lui étaient apparues comme des heures avec tous les bienfaits que cela lui avait apportés. Bougeant un peu sur la droite puis sur la gauche, Ana eut la sensation d’être retenue prisonnière. Ouvrant un œil puis le second, elle se rendit vite compte que l’étau qui la tenait ainsi serré n’était autre que les bras puissants de son époux aussi ne put-elle s’empêcher de sourire avec tendresse. Lui-même s’était assoupi et la jeune femme en profita pour détailler ce visage qu’elle connaissait si bien.

Quelques années déjà passés à ses côtés, elle pouvait dire que le moindre détail elle le connaissait mais elle se rendit compte de ce pli qui venait barrer son front depuis quelques temps. Ses doigts se posèrent dessus sans qu’elle y fasse vraiment attention, le suivant de toute sa longueur présumant qu’elle était là depuis quelques semaines, depuis que le vent de folie s’était incrusté dans leur vie. En faisant attention à ne pas trop déranger son duc de mari, Ana se hissa à hauteur de son visage afin d’y déposer quelques baisers comme si de sa douceur toute féminine cela pouvait chasser les dragons porteurs de soucis et de malheurs tandis que ses doigts continuaient leur course sur une joue devenue un peu plus creuse que dans ses souvenirs. Pourtant, le duc de Sedan était connu pour apprécier festoiements et ripailles en tout genre mais l’appétit avait dû fuir cet homme quelques temps et Ana se promit silencieusement de tout mettre en œuvre pour le ragaillardir. Il n’y avait pas de raison, Ghost avait pris soin d’elle à chaque étape importante de sa vie, mettant la sienne entre parenthèse à chaque fois, c’était à son tour de prendre les choses en mains. Blessée ne voulait pas dire impotente et comme elle se l’était imaginée, cet amour puissant lui donnait des ailes et l’aurait aidé à soulever des montagnes.

Écoutant la pluie qui tambourinait encore sur les outils à l’extérieur, la duchesse prit son époux dans ses bras, attirant son corps contre le sien afin de se faire gardienne de sa tranquillité, veillant doucement à ce qu’il soit à son tour apaisé. Rien ni personne n’atteindrait son mari et son couple, elle se le promettait à elle-même mais aussi à celui qui lui avait donné son nom, sa vie. Peu importe ce qui pouvait être dit ou fait, le premier ou la première qui osait s’attaquer à sa famille gouterait de son épée. La douceur était un état que la duchesse avait manié pendant des années en se faisant piétiner, si c’était par les armes qu’il fallait en passer alors elle se ferait guerrière et viendrait trancher dans le vif ceux qui essaieraient de les enterrer.

Forte de ce nouveau sentiment, atteignant enfin la plénitude, Ana caressa le dos de Ghost avec douceur. Enfin elle comprenait que le sang versé avait forgé un amour nouveau, plus beau, plus fort, plus puissant, enfin elle croyait aux espoirs qu’ils avaient en commun et qui menaient leur vie, enfin elle pouvait s’épanouir pleinement à ses côtés sans avoir peur de n’être qu’une ombre, enfin elle comprenait que son avenir, leur avenir, était dans le creux de leurs mains attendant que ce duo qu’il formait le façonne de mille manières qui soit. Sourire aux lèvres devant tant d’évidence, Ana ne résista pas longtemps, cherchant à réveiller son duc. Porteuse de bonne nouvelle ou simplement désireuse de lui faire part de ce qu’elle ressentait, il lui fallait le mettre au courant. Plus de secret s’étaient-ils promis et cette évidence devait être dite afin de prendre pleinement conscience qu’un nouveau jour se levait sur leur vie. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, un rayon de soleil entra discrètement par une trouée entre deux planches de la bâtisse, éclairant d’un nouveau jour le couple qui se tenait dans les bras l’un de l’autre tandis que la voix douce et légère de la duchesse envahissait la grange.


Mon duc, réveille-toi… je crois que les nuages se dispersent enfin et que l’orage est passé… tous les orages prennent fin mon cœur…

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