Afficher le menu
Information and comments (3)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP privé] Adam et Eve ne mangent pas de Pomme.

Cistude
Bretagne. Était-il vraiment nécessaire que vous soyez témoin des pensées blacks de la Cistude ? Ces illusions sur lesquels elle avait fait une croix alors que ses frusques couleur de muraille tombaient en lambeau ? Le chemin solitaire à travers les bruyères et les crêtes déchirées par les tempêtes, la misère extrêmement esthétique dont elle a été témoins sur les pavés bretons, tout ce tableau n'avait été qu’éphémère et à peine admiré. La seule raison pour laquelle elle s'acharnait à luter contre la faim, la soif et la fatigue, à ne plus prêter attention à la fange qu'elle chérissait tant, était l'Anjou. Sous sa carapace était ancrée les consignes, elle ne pouvait s'en défaire. Il fallait les rejoindre.

Sous le méridien du déboire, elle se laissait aller aux flâneries. Allongée sur le sable brun balayé par l'écume, respirant à pleins poumons les vertus de l'air iodé. Les doigts glissés en travers le sable qu'elle ne pouvait posséder, le cri des mouettes perçant ses esgourdes... Naïveté ! la sensation du sable mouillée sous les ongles elle ne connaitrait pas ! Maintenant, et à cet endroit précis, la Tortue était bien loin de ses plages chéries mais bien trop enfoncées dans les terres à son goût... Les Canards avaient posé leurs bottes sur les trottoirs de la capitale et pourtant, alors que la Cistude se trouvait en crasseuse compagnie, l'envie irrésistible d'étancher sa soif l'avait saisi. Elle détruirait les murailles qu'elle s'était forgée au fil du périple, et merde aux chapeaux ronds. Ce soir, elle se dessinera des châteaux espagnols et soufflera sur les grains de sable qui envenimaient son esprit. Sans un mot pour ses compagnons d'infortune, elle filera dans la petite nuit...

[...]

    Adam et Eve ne mangent pas de Pomme, même dans l'ombre.

Quant à la Cistude, elle venait de se manger un comptoir dans le coin de la gueule. L'ivresse naissante l'avait faite tomber. Et ce fut un lourd grognement qui franchit les lèvres de la Blonde tandis qu'elle se relevait en appuie sur sa perche, avisant l'absence totale d'amateurs. Son front douloureux se cabossa du côté gauche et une couronne bleutée ornât le visage moite de la tortue. L’œil mauvais et la langue pendante, le poing verdâtre abattit un puissant coup sur le bar, exprimant ainsi la colère qu'il contenait. Les phalanges de la dextre se craquelèrent alors et un nouveau gémissement de douleur se glissa du bec de l'angevine. Prise d'une rage folle, la gueuse encercla fermement de ses dix doigts la perche et frappa avec vigueur le comptoir breton. Les cadavres des chopes entamèrent une valse et la taverne se mit à chanter des boum et des bang. La porte ajouta une note grinçante à la cacophonie ambiante. Il y a comme un pépin, comme disait l'autre.

-Grmpf !
_________________
Marie.pomme
La capitale. Elle n'avait en somme rien de bien exceptionnel. Des rues bondées, une foule étouffante, des marchands criards tentant de vous refiler leur camelote. Rien d'original. Rien de surprenant. Et pourtant, pour la Pomme, toute cette cacophonie urbaine était presque incroyable. Le tumulte de la ville contrastait radicalement avec ses longues journées passées à s'ennuyer ferme à Vannes. Marie-Pomme voulait devenir Duchesse. Noble projet et ambition remarquable. Plus que motivée, elle en parlait à qui voulait bien l'écouter (et même à ceux qui ne voulait pas, d'ailleurs). Mais étonnement, tout son zèle disparaissait lorsqu'on commençait à lui parler de "ce qui est essentiel et indispensable pour devenir quelqu'un d'important et de bien élevé", c'est-à dire des études. Apprendre à bien écrire, apprendre à bien lire et apprendre à bien parler surtout. Déjà d'un, c'est difficile, surtout lorsqu'on ne semble pas avoir de prédestination aux études, et de deux, c'est long, fatigant et risqué. Risqué ? Oui, à force de bailler, elle aurait bien pu se décrocher la mâchoire. Heureusement, celui qu'elle considérait comme son potentiel futur amoureux et chevalier, c'est à dire le jeune d'Artignac (Bon, lui a déjà une amoureuse, mais nous passerons sur ce détail qui n'est, à votre plus grande tristesse, pas le sujet de cette histoire), était venu, en véritable héros, la tirer de son ennui perpétuel pour l'emmener visiter Rennes.
Il ne fallait pas pour autant croire que Marie-Pomme allait durant ces quelques jours de liberté abandonner tout apprentissage. Non, loin de là. Déambulant dans les rues de la capitale, elle s'adonnait à une étude des plus passionnantes : celle des hommes. Individus grotesques, bouchers ronds au tablier saignant, vieilles dames faisant la charité, ivrognes tentant de trouver de quoi épancher leur soif. Foule de cas intéressants se regroupaient dans la capitale. Une attractivité mutuelle entre marginaux ? Marie-Pomme nota la possible théorie dans son calepin.


- Mais où sont-ils...

La chasse aux étranges avait beau être fructueuse, la Pomme restait tout de même sur sa faim. Son sujet d'étude préféré était totalement absent du paysage. Où se terraient donc ces individus à la bonne humeur déconcertante, aux yeux brillants et à l'air hébété ? Où étaient donc passés les sourires béats, les regards transis et les discours mielleux ? Non, c'était impossible. Il n'y avait donc pas d'amoureux à Rennes ? Décidée à ne pas croire cette terrible hypothèse, Marie-Pomme retroussa ses manches et entra d'un pas décidé dans l'une des premières tavernes qu'elle vit. C'est en effet bien connu, la taverne est le lieu de ralliement de la plupart des victimes de cet étrange phénomène qu'est l'amour.

La porte de l'établissement ouverte, elle y entra avec sa bonhomie habituelle, affichant un large sourire. Technique n'°1 pour réussir à étudier n'importe quel sujet : afficher un air affable et des plus innocents.

-Grmpf !

Le sourire tomba. Pour les amoureux, il faudrait repasser plus tard, à moins que l'on considère que la furie décoiffée puisse avoir des sentiments pour le fier comptoir.
La potentielle amoureuse se tourna vers la Pomme. De dos, elle lui avait déjà parue impressionnante, et de face, cela s'avérait être encore pire.
Quelques pas en arrière, Marie-Pomme, l'air presque terrorisé, se colla contre le mur le plus proche.

- T'es.. T'es.. T'es une créature de l'au-delà ?

L'inconnue avait le teint blafard, des paupières tremblotantes et une tignasse d'un blond crotté, ce qui évidemment n'aidait pas à faire bonne impression, surtout si l'on se trouvait face à une jeune Pomme qui croyait dur comme fer aux histoires de revenants.

_________________
Cistude
Un frémissement enveloppé dans le creux de sa nuque mièvre, les belles dents dorées crissèrent l'une contre l'autre tandis que la Cistude laissait choir sa perche au sol. D'un mouvement lent et suspicieux, elle pivota sur ses talons pour inspecter l'origine de cette intrusion. Sa paupière gauche névrosée tressauta, prouvant qu'un déséquilibre mental poignant habitait l'esprit de la poivrote. Elle nageait en plein dans les vignes du Seigneur. Lorgnant l'apparition angélique sur le seuil de la porte, elle resta penaude. A vrai dire, elle fut aussi effrayée que la jeune enfant car la Blonde ne s'attendait pas à une telle irruption. Et les morveux lui filaient une de ces trouilles monstres. Ça bave du menton et ça vous regarde avec des petits yeux mesquins, cachant avec soin la prochaine connerie qu'ils vont vous faire subir. Les traits purs de l'enfance dissimulaient quelque chose de vil et d'impur que chaque citoyen devait combattre avec une torche. C'était ainsi la pensée enivrée qui s’engouffrait dans les limbes de l'angevine.

Le teint verdâtre se colora alors en un blanc malingre, ce qui ne fit que dramatiser la situation. La créature des marais ne venait pas de l'au-delà non, mais de ce bras de mer glacée qui longeait les côtes bretonnes et anglaises. Mais qui pour le savoir ? L'image que donnait la Cistude en ce moment même ne faisait que certifier l'interrogation de la gamine. Un cadavre ambulant, un élevage de misère sur la gueule, que l'alcool te va mal au teint ma douce ! C'en est pathétique. Le Roy aurait pu se servir de sa tronche pour coller les jetons aux mainois. Qu'est-ce que les mainois viennent foutre dans mon récit ...? Le Monstre marécageux se redonna alors contenance en s'humectant les lèvres tandis que sa main gauche trifouillait nerveusement un pan de sa chemise éliminée.

La surprendre en plein ébat avec le comptoir était quelque chose de grave. L'air de la taverne devint aussitôt lourd, pesant, et les notes de musiques frivoles qui y régnaient tantôt s'étaient faites la malle. Une tasse d’anxiété se déversa dans le gosier tortueux, la soupière de la Tortue était en proie à une bataille interne et cela se dessinait sur son visage par une mimique grossière. Dans son oreille elle sentit glisser un murmure infime et impénétrable, Aristote mangeait-il aussi des pommes ? Alors elle comprit. Cette agitation, ce silence totalement pesant qui était tombé comme un voile sur l'auberge folle. Elle devait se mettre à l’œuvre. La Cistude perdait la raison. Dans un bondissement tout aussi inattendu que maladroit, elle se rua les poings en avant sur la gamine. La Blonde se mit aussitôt à genoux à hauteur de l'enfant et empoigna violemment les deux épaules frêles. Les yeux fous et la tempe en sueur, à seulement quelques souffles des lèvres carmines enfantines, l'angevine articula enfin, la voix vacillante :


-Donnes moi une seule raison d'ne pas t'égorger, pucelle !

Une vapeur âcre chemina sur la petite frimousse parfaite tandis que Cistude, désorientée, venait de prendre quarante ans.
_________________
Marie.pomme
"Surtout, évite de sortir seule le soir. Il y a vraiment des gens peu fréquentables et trèès dangereux qui se trouvent dehors lorsqu'il est tard. Donc quand il fait nuit, tu restes à l'intérieur et tu dors, compris ?"

Intérieurement, Marie-Pomme se maudissait presque. Pourquoi n'écoutait-elle jamais ces personnes pleines de sagesse et d'expérience qu'étaient les adultes ? Car après tout, même si la plupart d'entre eux faisaient preuve de beaucoup trop de sérieux et d'un manque cruel de joie de vivre, leurs conseils ne s'en avéraient pas moins plutôt utiles. Là, par exemple, si elle avait fait ce qu'on lui avait mille et une fois répété, elle ne se retrouverait pas devant la créature probablement revenue des Enfers pour hanter les vivants.
Les revenants. L'une des choses qui terrifiait le plus la Pomme. Quelle idée aussi, que d'écouter les légendes racontées par l'ivrogne du coin ? Les revenants étaient souvent grands et d'une carrure impressionnante. Leur odeur était celle d'un cadavre en décomposition et leurs vêtements étaient en lambeaux, couverts de terre à force d'avoir séjournés dans les sombres profondeurs. Leur visage était le plus souvent soit d'un blanc livide soit d'un jaune grisonnant et leur démarche chevrotante et mal assurée. Il n'y avait pas à dire, Marie-Pomme s'y connaissait en revenants et savait même la plupart de leurs caractéristiques.
Le visage de la blonde était presque collé au sien, la laissant ainsi humer et se délecter de la douce haleine qui sortait de ses lèvres. Marie-Pomme avait toujours les yeux écarquillés, fixés sur la créature qui s'en prenait à elle. C'était la fin. Elle allait mourir ainsi, par une sombre nuit de mai, dans une infâme taverne, loin de ceux qu'elle aimait. Triste mort, surtout qu'elle avait à peine eu le temps de vivre. Oubliés les projets de gloire, d'amour et de retrouvailles familiales. Ici repose Marie-Pomme Wolback, neuf ans, assassinée impunément par une revenante.


- Je... Euh...

Elle ne savait pas trop quoi dire. C'est vrai après tout. Que dire à une créature maléfique pour qu'elle vous lâche ? La situation, totalement inédite, laissait l'enfant sans voix. Elle n'osait parler, de peur de froisser la revenante, ce qui la rendrait encore plus hostile et dangereuse. Si elle voulait s'en sortir, il allait falloir qu'elle trouve une parade.

- Bah.. C'est que..

Elle avait envie de pleurer mais cependant, elle se retenait, se souvenant de ce qu'on lui avait dit de l'effet des larmes sur les revenants. Et puis, de toutes façons, pleurer n'était pas digne d'elle. Elle prit donc une grande inspiration qui l'aiderait à la fois à se calmer et à trouver une solution pour s'échapper des griffes de la terrifiante.

Oeuf pourri. Crasse macérée. Vinasse acerbe.
L'odeur qui se se dégageait de la blonde lui donna envie de vomir. Elle renifla une seconde fois et eut presque envie de rire. Elle regarda alors celle qui l'aggressait en souriant.

- Ahh ! Mais jsuis trop bête ! Les revenants ça sent la terre et le cadavre. Toi tu sens plus le... J'arrive pas trop à dire ce que c'est... T'aurais pas mangé des oeufs ? En tous cas tu pues pas comme les créatures de l'au-delà ! Tu peux pas me lâcher ? Tu m'fais un peu peur là. Et puis ma robe elle est nouvelle, j'aime pas trop qu'on me salisse.

La peur des revenants évaporée, la Pomme, soulagée, retrouvait courage et aplomb. Inconscience enfantine ? Oui probablement. Car après tout, qu'est ce qui lui assurait qu'une Cistude enivrée soit moins dangereuse qu'un vulgaire revenant ?
_________________
Cistude
La poigne sur l'enfant se fit plus ferme, la Blonde ne cillait pas d'un sourcil. En l'espace de quelques secondes, la Cistude se perdit dans le regard voluptueux de la gamine. Elle cherchait le vice, fouillait des yeux les moindres recoins des iris carmélites. Mais elle ne trouva chez Pomme rien d'autre qu'une lueur de malice dissimulée derrière le blanc de son œil. La Blonde cligna des paupières. Reviens avec nous. Alors, ce n'était pas un démon emprisonné dans une enveloppe charnel, hein ? Coup de théâtre! la gueuse se redressa subitement sur ses guibolles en toisant de toute sa hauteur la mioche. Cette fois-ci le sourcil gauche se arqua, interrogatif. Un sourire triangulaire se dessinait sur le minois vertueux. Drôle de réponse à la Cistude, et celle-ci, salace, crachota une succession de pituites aux pieds chaussés du maroufle.

La blondasse esquissa une moue flegmatique et finalement se détacha de Pomme. Le tourbillon dans sa caboche s'était envolé, l'électricité qui stagnait sous sa tignasse fanât. L'emprise de la paranoïa saisissante l'avait quittée à l'instant, tandis que les traits sucrés de la môme la dévisageaient. Tout retomba. La Cistude chercha quelque chose de cinglant à répliquer et se rendit aussitôt compte que ses tempes étaient de plomb. Son bleu palpitait. Courge, réduite à l'état de légume, l'angevine chancela jusqu'à un fauteuil miteux où elle s'y affala en grognant. La disposition de ses cheveux ne s'arrangea à rien, une couronne de nœuds dorait le museau de la tortue. L'on aurait pu dire qu'un troupeau de pigeon lui était passé sur le crâne. Deux arceaux bleus pétroles maquillaient ses paupières et reluquaient d'un air sinistre le Pépin. La Cistude laissait Pomme dans le brouillard total. Et elle ne dégotait toujours rien à rétorquer.

Finalement, elle combla le silence gênant en grommelant. Cistude regrettait de s'être importée si promptement. Enfin juste un peu. La gamine certes du type chieuse -on le sentait à son élocution-, n'était pas digne de la lame tortueuse. Ce n'était que folie passagère. La soularde était redescendue en tension. Mais alors que le regard détaillait le Crapaud, l'attention de la Tortue se réduit à l'allure des fringues de la fillette. L'instinct naturel de la blondasse se réveilla subitement, et un rictus rien moins qu'amical se dessina sur le visage diaphane. Prestigieuse, son dos se redressa dignement et sa dextre tapota l'accoudoir. Elle adressa une voix mielleuse à Pomme, la pupille illuminée. L'enfant serait plus utile vivante que morte.


-Dis moi t'as d'beaux vêtements. C'ta mère qui t'les a offert ? Ils te sied à merveille... *hips* quel âge qu't'as mhm ? Viens t'assoir à côté d'moi...
Approche toi, oui, n'aies pas peur. Je veux juste tâter la facture de ta robe. Dis moi, t'es riche ?
-J'suis sincér'ment désolée d't'avoir effrayée, oh mais t'sais qu'j'mattendais pas à c'qu'quelqu'un rentre... Tu comprends, mhm ?
Viens à moi, je ne te ferais pas de mal. Enfin, je ne le promets pas.
J'ramène le gagne pain, les copains.
_________________
Finn.
Quel beau pays!

Ses intempéries à vous retourner un buffle, ses alcools carabinés, d'ailleurs l'Irlandais ne jurait plus que par le Chouchen. La Bretagne avait ce caractère trempé dans le sel des marées agitées qui lui rappelait singulièrement la maison. Ou quand le mal du pays vous dévore...

Progressant habilement dans les rues de la capitale bretonne, Finn battait le pavé devant ses débits de boisson. A la recherche de l'une de ses comparses semée lors d'une migration volatile, et avec pour seul indice son très reconnaissable et vaseux relent de créature des marais. Il se mit donc en quête du plus sordide établissement sans oublier qu'il se devait d'être purgé de la plus chatouilleuse partie de sa clientèle. La tortue pouvait parfois avoir le verbe âcre. Sans doute ce qui lui conférait son indiscutable charme.

Arrivé au terme de son périple nocturne, le Gaélique pressa le museau contre la vitre de son sésame. Drôle de parodie sentimentale s'y jouait. Cistude au trente-sixième dessous embrassait une enfant à peine dégrossie. La jeune femme était réellement au plus mal...
Il allait lui falloir la ramasser à la petite cuillère.

Etranger à la scène, et exempt de tout culot mal placé, Finn n'osa pénétrer à l'intérieur, se contentant d'observer à travers la fenêtre bancale. Du moins pour l'instant. Il hésitait toujours à se joindre aux frasques de sa complice. On ne pouvait jamais savoir ce qui risquait d'en découler et surtout sur qui les emmerdes allaient baver. Quitte à se faire éclabousser, autant que ce soit de son initiative.
Enfin, ça, c'était la théorie, la réalité était toute autre bien souvent.

De plus en plus intrigué, les plus folles supputations se mirent à enfler dans son esprit quant à la situation qui se déroulait sous ses yeux. Cistude aurait-elle une fille? Mais n'était-elle pas pucelle..?
Vierge Cistude n'en serait pas à son premier péché. Dans les traits de la jeune enfant il cherchait ressemblance avec ceux de sa camarade.

Peu concluant.

La curiosité poussa l'Irlandais à tenter de surprendre des bribes de conversation à travers la cloison. Passants et passantes le dévisageaient mais peu lui importait. Il n'était pas homme à se soucier de ce qu'il offrait à la vue des autres. C'est seulement lorsqu'il surprit Cistude en pleine tentative de séduction infantile qu'il se mit à redouter le pire...

_________________
Marie.pomme
Les yeux crédules de la Pomme restèrent figés sur les crachats qui entouraient le devant de ses pieds. Rarement elle n'avait vu quelque chose d'aussi repoussant. Se penchant légèrement, elle en étudia la composition dans une sorte de fascination écoeurée. Pour sûr, il ne devait pas faire bon vivre à l'intérieur de la Cistude.
D'un petit saut, elle franchit la muraille de glaires et s'approcha de leur créatrice.


- Ma mère ? Euh non. Elle est... Loin en ce moment. C'ma tante qui me les a offerts ! Ils sont beaux, hein ! Même que c'est moi qui les aies choisis !

Elle regarda ses chaussures, en essuya rapidement une tache de terre sèche du bout des doigts. Perfectionniste, l'enfant.

- Sinon moi c'est Marie-Pomme Wolback. Honorablement enchantée. J'ai neuf ans.

Et pinçant les deux pans de sa robe, elle essaya de reproduire la révérence qu'on avait tenté de lui apprendre. Difficile exécution, le résultat était plutôt maladroit. Mais qu'importe, la Pomme était convaincue que cela la faisait passer pour quelqu'un ayant un semblant d'importance et elle s'entêtait donc à la reproduire à chaque nouvelle rencontre. A force d'entraînement, elle réussirait peut-être un jour à la faire parfaitement.
Mais le temps passait. Bientôt, ses yeux commenceraient à la piquer et elle aurait, malgré des efforts inconsidérables, beaucoup de difficultés à retenir ses bâillements intempestifs. Il fallait se dépêcher de sortir d'ici et de continuer la chasse. Il commençait à se faire tard, les amoureux iraient bientôt rejoindre leurs lits, ce qui l'empêcherait de boucler son étude quotidienne. Que diable, non, il ne fallait pas prendre de retard. Le temps était beaucoup trop précieux pour qu'on le perde en ne réalisant pas quelque chose d'utile et de constructif.


- Mais moi va falloir que...

Elle pinça des lèvres, s'arrêtant net, soudainement consciente du fabuleux cas qu'elle avait en face d'elle. L'amour de l'alcool. Le laissez-aller. L'impolitesse. La pauvreté. Les amants d'un soir et les âmes soeurs pouvaient aller se rhabiller, ils avaient tous l'air bien banals devant Cistude. Un objet d'étude incomparable et exclusif lui était présenté, il ne fallait pas rater l'occasion.
Quelques pas à gauche pour atteindre le siège vide. Elle s'assit, le dos bien droit.


- Tu t'attendais à voir personne... Ça veut dire que t'as pas d'amoureux. Car les amoureux attendent toujours leur amoureux.

Elle lorgna de haut en bas la Cistude, insistant surtout sur les détails du visage ainsi que sur son piètre accoutrement.

- Mais ça m'étonne pas. Tu fais peur en même temps.
_________________
Cistude
-Wolback ? Ça sonne anglois... Aïe ouante tou feuque ù. C'est l'Irlandais qui fait qu'l'dire. J'ai d'jà entendu c'nom qu'que part...*hips* Wolback...

Ces traits mielleux, Cistude les sonda en profondeur. Elle arpenta les moindres recoins de sa mémoire susceptible de cacher les vestiges de cet accent anglais. Le parfum d'un jour automnal se glissa dans les veines de la Tortue, une voix aigüe refit surface. Wolback... le nom ricochait sur les pavés du crâne blondesque. Diantre ! mais où ? La Blonde secoua la tête pour chasser ses idées folles et tira la chaise de Pomme contre son fauteuil. Le port altier de l'enfante semblait dissimuler une éducation bourgeoise, ou au plus fort du grelot, noble. Cela ne raviva que plus dangereusement l'avidité de la femme des marais pour la môme. Il ne fallait pas la laisser passer dans les mailles du filet. Cette précieuse apparition, la Cistude ne la regrettait plus. Un léger ricanement artificiel se faufila des lèvres de l'angevine quand la fillette énonça une chose évidente. Le ton taquin, la blondasse se pencha sur l'enfant.

-Hé dis donc bas du cul, j'ai l'impression que tu hésites encore entre porter une jupe et t'laisser pousser les jambes ! J'peux savoir d'quoi tu t'mêles ? Mâ dâme va m'faire leçon, mhm ? *hips* Tu n'd'vrai pas t'occuper des choses qu'tu comprends pas encore, pucelle !

Le rire grinçant ne fit qu'augmenter en volume. A vrai dire ce ricanement camouflait en réalité un manque flagrant de connaissance sur le sujet. La seule chose qu'elle savait de l'amour c'est qu'il était la cause de nombreux maux et nombres de suicides dont elle se réjouissait d'observer. Elle se faisait spectatrice des drames pathétiques, et pourtant quand il s'agissait de sa personne, elle était strictement à côté de la plaque. Ses chances de tentative de drague étaient réduites à l'état de décomposition, car la blondasse se composait un look des plus rébarbatif. Les seules relations qu'elle entretenait avec le sexe pointu se faisaient par voie orale. Non qu'il y avait du gingembre ou de l'anis tapis ici, mais des remarques cinglantes que chacun s'envoyait l'un sur l'autre. Oralement donc. La Cistude se trouvait un partenaire de nuit pour vanner jusqu'à l'extase et s'envoyer en l'air des torgnoles dans la mâchoire. Ses jambes quant à elles, ne quittaient pas la terre ferme. Une sorte d'amour vache chassé par un coup de...
_________________
Marie.pomme
- Non mais je sais pas parler l'anglois en fait. J'tais trop petite. La seule chose que je sais c'est que t'as pas trop vraiment l'accent.

Elle était fière, la Pomme. Assise sur sa chaise, le dos bien droit, un sourire mutin aux lèvres, elle se sentait supérieure. Le jeune âge ne la rendait point timide ou craintive face à des adultes. Pleine d'assurance en toutes circonstances, notre Pomme ne pâlissait que rarement (ça, c'était réservé à l'apparition des revenants et autres cas particuliers). Elle était convaincue que la puissance ne résidait pas dans la taille ni dans l'âge, mais plutôt dans l'intellect. Une fois de plus, elle regarda Cistude de haut en bas, retroussant légèrement le nez, plissant les yeux et levant son menton d'un air hautain comme le lui avait appris sa cousine.

- Et puis je me mêle de ce quoi qui me regarde, d'abord !

Elle se leva, ou plutôt, descendit de sa chaise car faute de jambes assez longues, ses pieds ne touchaient pas encore le sol. Puis elle tourna autour de la Tortue, faisant mine de réfléchir. Faisceau lumineux des Muses descendant sur la Pomme. Inspiration divine.

- Désormais, je serai ton professeur des choses de l'amour ! Et grâce à moi, t'auras pleins d'amoureux, parce que moi, je connais tous les trucs là-dessus.


Satisfaite de son élan de génie - et elle avait de quoi- elle sourit. Tout connaître était certes d'une grande prétention, surtout lorsque l'on abordait le thème "des choses de l'amour". Un domaine bien nébuleux où il est aisé de se perdre. Heureusement, Marie-Pomme, en grande détentrice de la science infuse, avait tout compris.

- D'abord, faut commencer par le début. Donc leçon la première. Pour que y'ait un monsieur qui t'aime, faut que t'apprennes à sourire comme si t'étais dans le bonheur. Parce que quand t'es dans la tristesse ou dans la méchanceté tout le temps, ça fait peur comme c'est pas de la joie. T'as compris ?

Sans attendre un mot en retour, elle continua son discours, arpentant de long en large la pièce tout en agitant ses bras de façon magistrale.

- C'est pas dans la complication. Tu penses à un truc de bien si tu y arrives pas ! Les nouvelles robes ! Les poneys ! Les lettres de ta famille ! Ya pleins d'exemples qui amènent la joie ! Et tu étiiiires tes lèvres pour souriiiire tout bien.

Evidemment, en bon professeur, elle mimait.

- C'est pour ça que tu dois faire attention à ce que tu manges ! Parce que sinon quand tu souris, ça sent pas dans le meilleur...

Ne remarquant pas même la l'inqualifiable mimique de son élève, elle s'approcha d'elle, la prenant par la main, et l'emmena plus au moins de force devant la fenêtre crasseuse de l'établissement.

- Vas-y ! Là tu peux te voir ! C'est mieux pour être dans la progressivité ! Souriiiis !

Elle était montée sur une chaise pour être à la hauteur du carreau gras et poussiéreux qui lui renvoyait une vision déformée. Peu contente de son reflet, elle usa de sa manche pour nettoyer un minimum le verre. Pauvre manche, pauvre nouvelle robe. Terminée la période où vous étiez encore immaculées.
Mais ce n'est pas un visage maigrelet encadré d'une crinière brune et emmêlée qui apparue.
Elle manqua de peu de tomber à la renverse, sa chaise bancale ne supportant que peu les mouvements brusques. La chemise de Cistude fit office de corde de sauvetage et évita à la Pomme de se retrouver fesses au sol. Se servant de son élève comme d'un bouclier humain, elle se planqua dan son dos, la mâchoire de nouveau tremblotante.


- Y a, y a... Les revenants viennent nous chercher ! Faut qu'on se fasse de l'échappatoire !

La phantasmophobie, ça se guérit ?
_________________
Finn.
Et ça causait...

Que n'aurait-il pas mis en gage pour connaître les tenants et les aboutissants de cette conversation. Il se serait insurgé contre cet aveu d'une calomnie manifeste visant à faire croire que sa langue puisse user de l'anglois. Pourtant, l'ennui finit par avoir raison de sa curiosité, et Finn s'assoupit, avachi contre la fenêtre.

Des rêves faits de plaisirs simples s'immiscèrent dans son léger sommeil. De verts pâturages, quelques brebis faisant bonne pitance d'un sol fertile.

Paisibles, innocentes.
Inconscientes...

Celles-ci côtoyaient un danger insoupçonné, mais bel et bien présent. C'est alors qu'il surgit, effrayant et laid comme les sept vices. Un dard le précédait et emboutit sans ménagement l'arrière-train de la plus alléchante des ruminantes, tandis que son ombre l'absorbait entièrement. Il se reconnut dans les traits du loup et se remémora alors l'anecdote avec clarté.

Oui, l'Irlandais était poète.

Sensible, même. Mais c'était sans compter un réveil en fanfare qui le tira de sa douce léthargie. Abrupte retour à la réalité. La jeune enfant le fixait de ses petites prunelles sournoises avant de se rétracter comme le dard sous sa bure. Mais qui était à plaindre? N'avait-on pas idée de surprendre les gens dans leurs plus intimes évasions spirituelles

Le temps de rassembler les divers éléments qui avaient mené à l'embarrassante conjoncture, Finn gagna l'intérieur du taudis. Repéré, et pas de la plus belle des manières, il salua sa comparse et son hôte, son flegme naturel intact.


- « Le Bonsoir. »

Poli en toutes circonstances. Ou presque.

- « Je viens ramasser l'ivrogne. »

Prenant acte de l'effroi qu'il provoquait chez la petite, la main osseuse plongea sous sa vieille robe miteuse à la recherche d'un morceau de pain d'épice précieusement conservé.

- « Friandise?.. »
_________________
Cistude
-Que...? Grmpf !

Le coin de la chemise éliminée fut de nouveau pris d'assaut par les doigts nerveux de la Cistude. Cet air mutin qui daignait lui accorder ne serait-ce qu'un petit sentiment de frayeur exaspérait au plus haut point Cistude. La Pomme ne cessait de se moquer d'elle, le Monstre l'avait compris. C'était bien une chose que la femme des marais avait horreur et qui lui hérissait le poil. Et cela ne faisait que raviver la flamme sinistre dans sa poitrine...bercée par le plan machiavélique échafaudé. La Blonde roula de l’œil et n'écouta que d'une oreille les divagations enfantines. Des mots d'amour, de tristesse et de poney traversèrent vitesse grand V l'esprit tortueux, Cistude était déjà loin.

Le regard absent, elle s'imaginait le petit lapin de plait-beau-ye ronger son crâne végétal. La Pomme sortie d'un chou, aussitôt lacérée par les crocs acides d'un nain volant. Exquis programme songeait la Tortue marécageuse tandis qu'elle adressait un rictus déplaisant à la gamine qui lui en quémandait un. Arrachée à ses rêvasseries par une menotte blanche, la Blonde manqua de piquer du nez sur les dalles moites de l'auberge. Hors de son siège de Roy, la Cistude se retrouva front collé contre une vitre grasse. Elle sourit niaisement à ce contact connu et clignota des paupières pour chasser les lapins de Lewisca.

Le visage d'un spectre lui rendit son sourire. Oh putain ! La gueuse arracha son bras de l'emprise de son professeur et tout aussi effrayée que celle-ci, empoigna brusquement les aisselles de la fillette qu'elle souleva. A son tour, Cistude se servit de Pomme comme bouclier humain et brandit son trophée devant le carreau, beuglant :


-Prenez la ! Même Aristote mange des Pommes, prenez ! ...
Demi-tour sur les talons, la Blonde lâcha sans prévenir la gamine. Superbe, elle plaqua la main sur son front en clignotant évasivement des paupières à la fois folle de rage, et soulagée. La phantasmophobie c'est contagieux, non ?
Mais...mais... qu'est-ce qu'tu fous là ?! T'es con ou quoi ?!! *hips*J'ai failli crever d'peur !
Bonsoir ?! BONSOIR ?!! Tu oses ! Ivrogne... Ivrogne... ! mécréant...Mécréant ? Grmpf... DOH !
Tu tombes à *hips* pic, leprechaun.

Effectivement, la Cistude n'avait pas encore éclairci le point stratégique de son scénario. Kidnapper une fillette avec sa bénédiction relevait de l'impossible. La Tortue tenait particulièrement à ce que Pomme les suive de son plein gré, et les Canards pourront ainsi faire monter la rançon à la famille Wolback. Judicieux plan, Blondasse s'en étonnait. Mais l'Art de la diplomatie était un talent étranger à la Tortue, qui s'appuyait généralement sur l'Irlandais pour résoudre les problèmes de cet ordre. Il leur fallait s'adapter à la tranche d'âge de Marie. Secouant la tête d'un air pathétique, la Blonde traversa d'une enjambée la distance qui la séparait de son idiot de compagnie et une fois à portée, retroussa la lèvre et lui murmura :
-N'me poses d'questions, contentes toi d'me suivre, Gros Tas.

Petit doigt en l'air et sourcil agité, Claudia Chiffon passa son bras autour de l'épaule de David Gros Tas en s’éclaircissant la voix. Elle baissa les yeux quelques instants pour laisser place au suspens et lentement, très doucement, releva le menton, façon beau goss. Elle fixa les prunelles de Pomme, et entama la rythmique en se glissant derrière la fillette, main sur l'épaule et faussement mielleuse.

    On a tous une rebelle en nous.
    Si si, même toi t'inquiètes !
    C'est tes idoles Gros Tas et Chiffon qui te parlent...
    Les deux Maîtres des fous
    C'est pour toutes les fillettes et les coincées !
    Celles qui s'font pas courgetter en l'an 1459
    Si t'as pas un neurones héhé c'est bon quand même !

    J'suis une rebelle !
    J'suis une rebelle !
    J'suis une rebelle !


Une claque sur le derrière de Marie-Pomme, et un clin d’œil à l'Irlandais, la Cistude poussa divers bruits sonores en guise d'orchestre.
_________________
Finn.
Voilà que ça la reprenait...

Toujours sur le même air de bogoss, l'Irlandais entonna la suite, balançant perpétuellement sa face de zombie d'avant en arrière.

    « Seul dans mon slip je suis d'vant la mairie
    J'dégaine mon épée en gueulant comme un Prouty
    La coupe au bol d'un-beau en 459
    Braies doigt d'or, et chausses en peau d'sanglier

    Ce soir mon gars on va piller
    C'est la fin du mois j'ai plus d'blé
    Pas trop d'idées pour l'assaut donc m'inspire du style de Claudia Chiffon, merci poupée
    J'dois remplir mes bourses, ce soir faut que je tue,
    Faut que je sers des soldats
    J'y vais pas seul donc je t’amène avec moi
    Allez viens petite Pomme n'aies pas peur on va faire les boutiques
    Comme d'hab' on se sert gratuit
    Y'a tout ce que tu veux
    C'est clair y'a même des poupons
    En plus t'as l'droit de dire des gros mots !
    Fais pas cette tête c'est à la mode
    Viens avec nous t'en connaitra plein !
    Putain de corne de bouc voilà
    On s'en bat les couilles nous
    La devise du rebelle est toujours la même:
    Plus ça rate ...
    Plus on a de chances que ça marche*

    ...
    J'suis un rebelle

    J'suis un rebelle
    ...
    J'suis un rebelle »

Ainsi ils embarquaient l'enfant hors du gourbi, tout en chanson et rythmique païenne.

*Devise Shadok
_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)