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[RP] Le lavoir... Et la roulotte à côté.

--Gaelante



La roulotte, sa maison roulante qu'elle possédait depuis déjà des années, Gaélante l'avait installé sous les ombrages des arbres non loin du lavoir. Non contente d'être bien placée, elle avait aussi l'occasion de brader ses potions et ses soins aux commères passant là laver leurs linges. Pis ça faisait parler et sans doutes que cela amènerait plus de monde. Du moins l'espérait-elle, ce serait bon pour le commerce et sa bourse.

La vieille assise sur un Prie-Dieu piqué valait mieux pas savoir où, installait quelques flacons sur le tonneau qui tenait lieu de table, devant elle, cherchant la présentation qui attirerait l’œil du badaud. Elle avait l'habitude maintenant la sorcière, mais elle aimait bien changer d'temps en temps. Onguents anti-douleurs, filtres d'amour à la composition incertaine, tisanes aphrodisiaque pour les mâles en souci. L'châle de laine fut remonté sur les épaules frêles de la vieille femme, d'une main, de l'autre, elle fouilla dessous, cherchant ce qu'elle y avait caché. Un jeu de cartes en fut sorti, au cas où quelque donzelle voudrait savoir ce que l'avenir réservait.

C'était bien calme ce village, mais vu l'temps, c'était aussi reposant. Pas un mal après toute la route qu'ils avaient fait. Tout en place comme elle l'entendait sur le plat du tonneau, Gaelante reprit l'ouvrage qu'elle avait en cours, un sachet de tissu qu'elle était en train de coudre, et un pilon afin de réduire en poudre les feuilles qui allaient venir remplir le petit sac. Elle reprendrait ensuite la fabrication d'onguents afin que le jeunot puisse soigner sa main pas tout à fait remise de sa mésaventure Parisienne. Et plus qu'à attendre qu'on vienne la trouver. Elle vit bien passer quelques chalands, mais ils ne s'arrêtèrent pas. Un sourire édenté répondit au regard plein de reproches d'un prélat...


Dois-je préciser que ce topic est ouvert à qui veut? PJ/PNJ, direction le lavoir, direction la roulotte, qu'importe.
Cymoril
Elle s'emmerde...
Ca c'est clairement établi.
Peu douée pour les relations sociales et la communication la demoiselle, sauf lorsqu'il s'agit de négociations marchandes. Et étant donné le désert qu'était la capitale berrichonne elle avait eu plus de facilité à communiquer avec le gibier en forêt qu'avec d'éventuels acquéreurs de produits de luxe.
Même la rectrice avait apparemment laissé tomber ses menaces de procès pour ses étudiages illicites.. C'est dire si une réputation de mauvais caractère peu suffire à tenir les gens loin.. voir très loin.. Et ça, il est acquis aussi que c'est tout ce qu'elle demande.

Comme chaque jour à la même heure, elle revient de l'université, flânant dans les ruelles à la faveur des derniers rayons de soleil.
D'ordinaire, les gens se sont déjà précipités chez eux après les travaux des champs et elle n'y croise que les badauds peu enclins à retrouver la douce chaleur d'un foyer, et préférant aller s'imbiber pour mieux retrouver ensuite une tendre épouse endormie sur un coin de table en les attendant..

Pour l'heure elle avait tiré jusqu'au lavoir, dans l'espoir fou de trouver une lavandière et de négocier le coût de la masse de linge sale qu'elle avait à faire nettoyer. Mais les lavandières avaient remballé savon et frottoir depuis long et elle ne trouve en lieu et place qu'une vieille femme et une roulotte... Un coup d'oeil sur les divers objets présentés et elle se fait rapidement une idée sur l'activité exercée...
Peu encline aux babillages et autres bêtises du genre, elle s'approche cependant, fouillant du regard avec un peu plus d'attention. Des fois que la vieille ait quelque chose d'intéressant à vendre. De vraiment intéressant..


Le bonsoir...

Elle ne dépasse pas ce stade, la voix sérieusement éraillée, attendant d'avoir l'attention de la femme en continuant de passer en revue les flacons posés avant de s'attarder sur les feuilles broyées dans le pilon..

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--Gaelante



Vu le regard lancé par le prélat, et le peu de succès que semblait avoir la carriole et ce qu'y se trouvait sur le tonneau, la vieille s'attendait presque à voir débarquer la maréchaussée et atterrir en geôle pour avoir oser proposer des trucs de sorcières dans leur petit village tranquille. Mais elle avait pas peur la Gaélante, elle en avait vu d'autre. Des jeunettes passaient, revenant du lavoir d'à côté. L'air de rien la sorcière passa devant, bien en évidence, les philtres qui pourraient les intéresser. Pas vraiment de succès si c'n'étaient quelques gloussement dignes des dindes qui trainaillaient devant les mâsures.

Elle ne désespérait pas, elle vendrait. Ca marchait bien dans les autres patelins, pas de raison qu'ici ça fonctionne pas. Puis elle était occupée en même temps, donc... Assise bien comme il le fallait pour soulager son vieux dos qui commençait à se courber sous le poids des années, elle broyait des fleurs jaunes trouvés dans les champs sur le chemin. Le gars pourrait se coller l'huile qu'elle ferait sur la main. Tss, elle était bien bonne la vieille. Qui l'eut cru... Même elle elle aurait jamais pensé recueillir deux jeunes gens, si elle pouvait dire ça. Après réflexion, oui elle pouvait le dire.

Toute à son affaire, elle faillit ne même pas faire attention à la jeune dame qui s'était stoppée là. Presque elle aurait cru qu'elle avait été distraite de sa route.

L'bonjour jeune fille.

Le Prie-Dieu, bah c'est pas l'fauteuil l'plus pratique quand on est vieux, et encore moins pour s'asseoir. En même temps c'était pas fait pour, oui elle sait. Et c'est avec grandes difficultés qu'elle se redressa afin d'pousser vers la brune les quelques filtres qui avaient fait glousser les dindes.

T'as besoin d'charmer quelqu'un? Un peu dans son godet et y te mangera dans la main. Me demande pas c'qui a dedans, j'donne pas mes p'tits secrets.

La vieille leva ses yeux un peu miros vers la donzelle avant d'froncer pour voir un peu mieux. Un p'tit sourire et la Gaelante chercha un des petits flacons d'huile qui devait s'être paumé au milieu de tous les autres plus grands.

Ah, le v'là. Deux écus pour toi ma fille. C'est d'la lavande. Ça estompera ta cicatrice si t'la chauffes dans d'l'eau et que tu prends des vapeurs. Ce s'rait dommage d'gâcher un minois pareil quand même... Tu d'vrais la prendre.

Elle lui f'sait presque penser à sa presque fille. Enfin elle espérait pas trop quand même sinon elle pourrait s'accrocher pour lui vendre son produit.

A moins qu't'ais envie d'autre chose?
Sorianne
C'est complétement déconnectée qu'elle nourrissait le bébé qu'elle tenait, la brune. Adossée à la paroi intérieure de la roulotte, les jambes relevées devant elle, en appui sur un meuble, elle avait le regard dans le vide. Fatiguée des escapades faites peu de temps auparavant, ou alors des routes? Un peu de repos ne pouvait faire que le plus grand bien, et pour une fois qu'ils ne tombaient pas dans un duché fermé d'où ils étaient sommés de partir... Autant en profiter un peu. Tellement de choses renversées en si peu de temps, elle ne savait plus que penser, quoi faire... Les jours passaient et se ressemblaient. Elle se demandait sérieusement si elle avait bien fait d'aller postuler pour jouer la mère de remplacement d'un petit noble, ayant prit le pli de bouger sans arrêt même si c'était sans but. Rester coincée dans un village inconnu ou dans un domaine désert, est-ce que c'était bien le lot qu'elle voulait? Rien n'était moins sûr...

Les iris vertes se baissèrent vers la petite fille qui avait maintenant quelques mois. Le temps passait à une vitesse déconcertante, et plus cela allait, plus elle se voyait comme Gaelante dans le futur... Vieille fille sans honneur qui se trimballerait sur les routes en vendant ses poisons... Un doigt léger passa sur la joue douce de l'enfant qui s'en donnait à cœur joie pour se remplir l'estomac. Aucune nouvelle de Col. A quoi devait-elle s'attendre? A ce qu'il revienne après avoir fuit comme il l'avait fait? Lui pardonnerait-elle? Pas sûr...

Gros soupir... Et la tête brune alla se poser contre la paroi derrière elle. Tous des lâches, elle n'en démordrait pas. Et elle ne donnerait pas de nouvelles non plus, pas après l'escapade parisienne. Repas fini pour Nominoée qui s'agitait et la So la prit contre elle en remettant le corsage en place. Elle allait pouvoir écrire à sa sœur, peut-être à Lysi, peut-être à Zeji... Tsampa, aucune nouvelle non plus. Cela ne la surprenait pas outre mesure même si elle l'avait quelque peu mauvaise. A quoi devait-elle s'attendre... Elle ne faisait plus partie de cette noble famille dorénavant, même plus de manière officieuse. La roturière avait reprit le rang qui lui était vraiment dû même si la chute avait été rude. Et plus jamais on ne l'y reprendrait.

De rester un peu dans ce village lui permettait aussi de tenter de vaincre sa crainte d'entrer dans une taverne... Trop de mésaventures et elle se méfiait maintenant, sans compter le fait qu'elle se transformait en sauvage solitaire. Bien triste sort pour elle qui aimait la civilisation avant... Elle avait bien essayé d'aller croiser du monde dans les tavernes de ce village, mais elle s'était aperçue qu'elle avait réellement perdu l'habitude de discuter, enchainant les boulettes et les blancs... Pas faute d'essayer de s'intéresser un minimum... Et comment guérir de ça? Bah en y allant... Mais pour ça il fallait aussi s'ouvrir aux autres et c'était de plus en plus dur. Elle avait aussi croisé le géant...

La voix de Gaelante la tira de ses pensées, et bébé posé dans un panier tout amidonné, la brune aux pommettes rougies attrapa l'anse et son matériel d'écriture. Elle allait aller rédiger ses courriers au lavoir, les pieds dans l'eau. L'air était doux, autant en profiter un peu. Les quelques marches qui séparaient la roulotte du sol furent avalées rapidement, et la jeune femme se pencha discrètement pour voir à qui la vieille femme causait. C'est avec un sourire qu'elle vit quelqu'un. Au moins elle ne devenait pas sénile à parler seule, du moins pas cette fois. Plume, vélin, écritoire furent posés à côté du bébé dans le panier, de manière à ne pas le gêner, la plume dépassant allégrement des rebords. De son pas irrégulier, elle s'approcha, un léger sourire accroché au visage.


Vous ne devriez pas l'écouter, sinon elle pourrait vous vendre tous ses produits, et la roulotte avec.
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Une belle bannière?
Cymoril
Elle hausse à peine les sourcils lorsque la vieille s'anime, esquissant un sourire de s'entendre appeler jeune fille. Un peu comme quand on lui sert du "Dame" en taverne en oubliant qu'il s'agit d'un titre et non d'un déterminant pour son appartenance au sexe faible...

La Fourmi écoute le babil de la marchande sans l'interrompre, un rictus fugace passant quand elle lui parle de charmes, de sa cicatrice, des vertus de la lavande.. Elle ne peut réprimer un léger rire, aussi court que le fut le rictus...


Charmer ? Non merci.. sans façon...

Elle ne peut même pas imaginer à quel point c'est vrai... Qu'il lui était parfois arrivé de souhaiter être défigurée, dans l'espoir un peu idiot de ne plus surprendre ces regards concupiscents sur ses formes qu'elle s'efforçait pourtant de masquer au mieux... Charmer... Décidément non...

Elle ignore de même le flacon d'huile. Les plantes, les huiles, elle connait suffisamment et manipule assez bien de son côté... Non, ce qu'elle cherche n'est pas dans une des fioles...

Un sourire toujours discret accroché aux lèvres, elle finit par dire, de sa voix éraillée :


De la jusquiame... noire... Voilà ce dont j'ai besoin...

Son poison à elle, qu'elle mesure avec soin chaque fois que le besoin s'en fait ressentir... Nouvelle esquisse de sourire.. presque contrit alors qu'elle poursuit d'une voix encore plus basse.

Vous auriez ça ?

Avant de se retourner vers la jeune femme qui a fait son apparition, et de redoubler d'attention, réflexe naturellement conditionné par la vie. S'efforçant de ne pas trop s'attarder à la dévisager afin de ne pas devenir gênante avant de répondre doucement..

N'ayez crainte... Je n'achèterai que ce dont j'ai besoin...

Souriant une nouvelle fois, un peu étonnée de trouver une trace de quelconque bienveillance chez une étrangère... Une valeur qui a tendance à être très dévaluée, elle en sait quelque chose...

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--Gaelante



Les yeux plissés conféraient au visage un aspect encore plus parcheminé qu'il l'était en temps ordinaire, les rides ressortant davantage. La vieille remballa son flacon d'huile, le reposant n'importe où sur le tonneau, entre un pain d'onguent et quelques feuilles sèches maintenues là par une pierre à la forme étrange. Les épaules couvertes d'un châle se haussèrent avant que Gaelante esquisse un sourire édenté.

Dommage d'pas tenter l'charme, ça peut être amusant parfois.

Eh oui, elle avait eu une jeunesse et en avait bien profité. Elle regrettait pas sa vie la vieille, elle l'avait bien remplie.

Jusquiame noire?

Un petit ricanement se fit entendre et la vieille femme essaya de lever son séant du bas fauteuil en s'appuyant sur le dossier et sur le tonneau et en fournissant un effort certain. L'arrivée de sa presque fille et ce qu'elle dit lui arrachèrent un bougonnement et elle l'envoya au Diable d'un geste, assez peu sérieusement toutefois,

Ava, S'pèce d'ingrate. Viens donc là m'aider deux minutes au lieu d'dire n'importe quoi. J'reviens.

Tout n'était pas à portée de vue, loin de là. Elle avait pas mal de choses dans la roulotte à tenir loin de certaines catégorie de personne. Elle était plus d'la première fraicheur mais elle tenait à elle quand même. La sorcière se retourna vers Cymoril l'espace d'un instant.

J'reviens, faut que j'vois si m'en reste. L'sabbat est passé vous savez... J'en ai pas récupéré d'puis.

Petit sourire en y pensant et en pensant aux rumeurs qui couraient de ci de là dans les campagnes sur les sorcières et sur cette fameuse plante aux vertus plutôt originales. Autant continuer à faire jouer les légendes. Gaelante laissa la cliente aux bons soins de sa presque fille et monta dans la roulotte trouver les coffrets de bois où elle conservait les feuilles ou plantes séchées. Elle en prit deux avant de redescendre avec quelques difficultés et retourna auprès des brunes en posant la première boite sur le tonneau, dans un coin, faisant teinter au passage les fioles qui s'y trouvaient. La seconde, elle l'ouvrit, et pesta en laissant tomber la boite sur le fauteuil improvisé.

Pour la Jusquiame... Faudra r'passer, y a pu que des miettes...

Du coup Gaelante ouvrit le second coffret sur d'étranges boules piquantes, de larges feuilles crantées et de longues racines blanches, le tout séché. Oui, tout ne se conservait pas indéfiniment.

A défaut j'ai ça. Ça remplace aisément. Plus puissant, à voir et à prendre avec précaution, ce s'rait pas l'moment d's'empoisonner. L'herbe du Diable, ma p'tite.

Stramoine de son autre nom. Belle fleur rappelant les trompettes des anges, mais poison pour qui voulait se risquer à la gouter de trop prêt. Sans compter que cette plante puait comme pas permis si on l'effleurait. Ah pour sûr, elle pourrait aller chasser le Dragon avec ça...
Sorianne
Han elle avait recommencé. La vieille femme savait qu'elle n'aimait pas quand elle l'appelait comme ça, bon, elle l'avait cherché. La So prit donc place le temps que Gaelante revienne, panier gazouillant posé, et la brune répondit au sourire de la jeune femme.

Elle sait y faire, beaucoup ne font que passer et repartent avec des tas de potions inutiles. Et... Elle lança un coup d’œil dans la direction qu'avait prit la vieille femme avant de montrer les petites fioles avec les philtres qu'elle avait essayé de revendre. Ça, c'est de l'eau où elle a fait macéré des roses, pas très magique ni très efficace. Par contre ça donne bon goût aux boissons, il faut bien l'avouer. Ou sur une pomme. Et c'est la gourmande qui parle, là.

Le sourire s'était agrandi de lui même, et elle s'était mise à discuter assez aisément au final. Pourquoi est-ce qu'il n'en allait pas de même tout le temps! Elle se serait presque frappé. Autant approfondir un peu avant d'aller trouver la fraîcheur de l'eau au lavoir. Quitte à faire connaissance...

Je m'appelle Sorianne. Vous êtes d'ici?

Gaelante semblait trainailler, ce qui amusa la brunette, l'imaginant déménager tous les meubles de l'intérieur afin d'en ramener le plus possible. Elle même n'y connaissait pas grand chose en plantes, commençant seulement à s'y intéresser, guidée par la vieille femme. Elle l'avait dit, elle allait devenir comme elle...

Suis sûre qu'elle va ramené un monceau de boites, vous ne saurez même plus où donner de la tête...

Elle avait dû l'entendre, ce n'était pas possible. De retour avec seulement deux coffrets dans les mains.

Raté.
Un sourire amusé et la So se pencha peu discrètement vers Cymoril, juste histoire de faire un peu rager la sorcière. C'est juste pour me contredire qu'elle n'en a pas ramené plus, elle a l'habitude de sortir tout ce qui lui tombe sous la main sinon.

Sorianne se recula d'un pas afin de laisser la marchande proposer ses produits et d'en apprendre encore un peu davantage sur les plantes ramenées. Elle n'en était pas encore là de ses "leçons" aussi c'était toujours intéressant à prendre.

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Une belle bannière?
Cymoril
A nouveau elle reste plantée comme un piquet devant la vieille qui s’animait de plus en plus, jusqu’à ce qu’elle se lève pour aller fouiller sa roulotte.. Un léger soupir échappe alors à ses lèvres et elle adresse un nouveau sourire crispé à la jeune femme qui n’avait même pas eu le temps de lui répondre…

L’espace d’un instant Cym laisse son regard vagabonder, détaillant la roulotte d’un sourire amusé lorsque l’image de celle d’Harlem s’impose brusquement par-dessus, l’obligeant à fermer les yeux pour chasser ce souvenir qui surgissait des tréfonds de sa mémoire sans qu’elle puisse le recaser… Juste une image, décor de lourds livres et parchemins, d’instruments de mesure de navigation… Elle grogne sans s’en rendre compte, lorsque le souvenir d’effluves marines s’infiltre par ses narines pour continuer de la troubler encore plus, que le timbre d’une voix d'outre tombe semble souffler à son oreille sans qu’elle n’en saisisse les mots, l’obligeant à s’ébrouer pour retrouver ses esprits…

Alors qu’elle passe lentement la main sur son front, maudissant silencieusement Alençon et tout ce qui s’y rapportait… Relevant le nez en entendant la brune lui parler. Ces quelques secondes avaient semblé fraction d’éternité détachées de la réalité. Et instantanément de recomposer le masque de la Fourmi alors que sa main continue de trembler légèrement et qu’elle s’efforce de refouler la nausée qui prend naissance comme chaque fois qu’une bribe de souvenir lui éclate à la gueule de la sorte…

Inspirant longuement avant de répondre de ses intonations basses et éraillées :


Hum… d’accord…mais les préparations du genre ne m’intéressent guère de toute façon…

Poursuivant les civilités de son mieux, s’efforçant de ne pas laisser paraitre trop sa nature timide et effacée :

Fourmi… on m’appelle Fourmi… "Et j’suis une gentille fille…" "Ta gueule la voix !!…" "Je suis une gentille fille, je suis une gentille fille…" "Dégage !!!"
Un léger grondement lui échappe alors qu’elle tente de reprendre pied et de mettre fin à ce formidable débat intracrânien, étirant un peu plus le sourire sur ses lèvres…


Nope… de passage seulement… enfin… si on veut…

Continuant de présenter un visage affable et de sourire aux fausses confidences sur la petite vieille. Juste avant que cette dernière ne reparaisse, faisant mentir sa compagne pour le coup… Qui poursuit sur le même ton badin et la fait sourire à nouveau et qu’elle lui glisse en retour :

Elles font toutes ça, d’façon…

Les sourcils se froncent légèrement lorsque Gaelante lui annonce qu’elle n’aura pas de jusquiame, et elle se fige un instant, les méninges calculant à toute allure sur ses maigres réserves, sur le reste de sa pharmacopée qu’elle pourra utiliser pour compenser… Et passer en mémoire les vertus puissantes de l’herbe du diable, esquissant à peine un léger sourire avant de murmurer presque à cause de sa voix cassée :

Datura… je vois…

Evidemment c’est différent, incomplet sur certains points, mais sa nature curieuse l’incite à toujours tenter le diable et jouer avec ses propres limites… Et comme le dit l’adage, faute de grive on mange des merles…
Aussi acquiesce-t-elle d’un regard avant d’en demander le prix, pour voir si on essaierait encore de la prendre pour un lapin de six semaines à cause de son minois…


Vous en voulez combien ?

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--Dazibaan



Pas d'doutes, le pat'lin était presque désert. Un peu plus peuplé qu'd'autres capitales, certes, mais c'tait pas encore ça. L'grand avait erré à la r'cherche de trucs intéressants, sans trouver quoi qu'ce soit d'bien. Y marchait les mains croisées derrière la tête, nonchalant à souhait, une d'ses dernières toujours bandées. C'tait bien y s'faisait soigner, on prenait soin d'lui, que d'mander d'plus? Ah si... Une chose, mais l'avait beau tenté, y savait pas pourquoi ça fonctionnait pas...

L'avait quand même apprit un truc intéressant avec ses pérégrinations, et l'allait s'préparer. Hors d'question de laisser passer sa chance c'te fois. Même s'il avait bien du mal à r'trouver une trogne digne de c'nom.

R'tour à la roulotte d'la vieille qui les avait prit sous son aile. L'auberge c'tait bien, mais la brune y restait jamais. Bien une chieuse. L'Dazibaan s'approcha, la vision bouchée en partie par une tache noire qui avait envahi son œil à la suite du pétage d'pif en règle. La sorcière avait beau lui dire qu'ça allait s'estomper, l'avait bien du mal à y croire, surtout quand y voyait l’œil noir... Tss.

'Fin bref! On va pas s'attarder sur lui, y s'arrêt'rait pas et pass'rait pu les portes sinan. Arrivé à destination, y tourna la tête en voyant passer deux jolies blondes gloussantes. Un sourire s'esquissa en coin, mais y tenta rien, y préférait attendre d'retrouver sa gueule d'ange. Du moins... Celle qu'il avait avant. Même si son nez maint'nant d'travers lui donn'rait une toute autre figure.

Vieille d'vant lui, brune d'dos... La tache cachant l'autre brune, la bonne, l'sourire s'agrandit légèr'ment et y s'pencha sur elle en arrivant derrière, humant l'parfum d'la donzelle, peu gêné, passant de l'épaule au cou. Y savait qu'il allait s'prendre une baigne mais fallait pas croire, il aimait bien l'emmerder. Puis fallait bien la titiller d'temps en temps histoire qu'elle s'encroûte pas.


Hmmmmmm doux parfum jolie brune.

Y s'fit pas prier ni attendre pour poser les mains sur les hanches d'la donzelle, et... Tain y a un truc qu'allait pas là...
Cymoril
Cym vient à peine de demander le prix de l’herbe du diable à la vieille lorsqu’elle sent une présence dans son dos, un souffle qui court de son épaule à son cou… Un frisson irrépressible la saisit. De ces frissons d’effroi qui vous prennent sans que vous n’y puissiez rien faire, alors que ses yeux s’écarquillent, peut-être sur la vieille en face d’elle, et que ses mains tremblent un peu…

La voix inconnue qui résonne à son oreille vient renforcer ses craintes.
Cette sensation elle ne la connait que trop… Dans son crâne, images et mots s’entrechoquent alors qu’elle évite de penser que la roulotte pourrait n’être qu’un piège. Un appât lancé par les amis d’Eglantine. Et à nouveau, un goût âcre de bile remonte dans sa gorge. Elle baisse légèrement la tête, pour essayer de fixer son regard sur un point neutre et reprendre son sang froid.

Et lorsque les mains se posent sur ses hanches menues, tout son corps se fige et elle blêmit en repoussant la suée froide qu’elle sent couler sur son échine. Ses oreilles bourdonnent à force de subir les assauts sourds des battements de son cœur qui s’affole, jusqu’à ce que résonne ce grondement léger dans sa gorge.

Ses doigts se resserrent à en faire blanchir les jointures, alors que lentement son visage se redresse, révélant un regard où brille une lueur rougeâtre, inhabituelle, les mâchoires serrées laissant résonner un nouveau grondement plus sourd avant qu’elle n’articule lentement, de sa voix basse et éraillée :


Qui que vous soyez, vous allez ôter sur le champ vos sales pattes de moi…

Elle pourrait poursuivre qu’il s’agit bien là d’une réelle menace. Gentille au demeurant, elle n’est toutefois pas un agneau qui sert en sacrifice et c’est une guerrière aguerrie. Qui plus est, qu’on la touche ainsi lui est quasiment insupportable… Et déjà la miséricorde est tirée de sa manche, les doigts se refermant sur l’arme alors qu’elle gronde encore. Qu’il se hâte de la lâcher s’il a la moindre notion d’instinct de survie.

Elle lui offre le temps de battre en retraite.
Miséricordieuse la Fourmi.

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--Dazibaan



C'marrant comme l'anatomie des donzelles pouvait varier d'l'une à l'autre. Lui qui s'attendait à une croupe un peu ronde s'retrouve avec des hanches bien plus fines dans les mains qu'ce à quoi y s'était attendu. Y pouvait pas avoir imaginer tout ça quand même? Les sourcils haussé, l'grand eut la surprise d'voir des noisettes s'lever vers lui. Noisette?! Où qu'il était passé l'vert? Et c'est là qu'y s'rendit compte qu'y avait d'la boulette dans l'air... Il les cherchait, c'tait pas possible...

L'feul'ment d'la d'moiselle l'incita à l'ver les mains, les mettant à hauteur de tête pour lui montrer qu'y touch'rait pu à rien. Les yeux noir de daz avisèrent la dague... Et y r'cula même d'un pas, valait mieux, après la rouste prise dans les rues Parisiennes, l'avait pas envie d'y passer à cause d'une misérable erreur.

On s'calme la donzelle, y a du trompage dans l'air m'semble bien... Euh... Ouais, t'es qui en fait?

Crétin d'bougre d'imbécile qui voyait pu rien. Du coin d'l'oeil y vit la vieille peau qui lui disait qu'ça allait s'estomper, et son cul oué... Y la fusilla du r'gard alors qu'elle semblait s'marrer d'sa conn'rie.

Mouarf, quelle conn'rie...

Y r'mit ses deux mains dans les poches de sa veste de peau, celle bandée un peu plus précautionneus'ment quand même, et haussa les épaules en signe de dédain et afficha une tronche boudeuse. Y s'tait planté, c'tait pas la mort quand même... Y en a d'autres des donzelles, ça leur posaient pas d'soucis pourtant... Fallait qu'y tombe qu'sur les farouches, fallait croire qu'il avait vraiment pas d'bol...
--Gaelante



La vieille n'hésitait pas à fixer la jeune femme, sa première cliente depuis un moment. Guetter les réactions, les mimiques, elle avait beau être âgée et toute parcheminée, elle avait le regard perçant quand elle voulait. Un sourire se dessina sur le visage ridé de Gaelante. La demoiselle semblait connaisseuse. Pas dit le nom qu'elle le lui sortit. Datura, belle plante fort trompeuse, poisseuse au toucher... Mieux valait ne pas s'en lécher les doigts après sinon les licornes devaient se mettre à tourner autour de la tête du malheureux qui s'y risquerait. Mais vu le goût, fallait quand même le vouloir.

La sorcière n'eut à vrai dire pas le temps de répondre concernant le prix qu'elle en voulait. Peu cher puisque trouvable assez aisément, mais tout de même assez pour pouvoir se faire un peu plaisir avec des herbes plus exotiques à l'avenir. Le jeunot pointa le bout de son nez. Lui qui essayait de rester à l'écart le plus souvent. Ah... Elle n'avait pas fini son onguent pour sa main. Il poireauterait. Les yeux plissés, la vieille le regardait faire. Mais qu'est-ce qui foutait? A la vue du changement dans l'attitude de la jeune femme, la sorcière maugréa...

Va m'faire perdre les rares clients qu'on a lui...

Y finit par s'éloigner, et Gaelante essaya de distraire la jeune femme.

Le prix, ça dépend combien t'en veux. C'est pas dur à trouver. Par contre j'garde les graines. Sinon ça sert à rien qu'j'en vende. Un bouquet d'feuilles... Hmm...

Sa main plongea dans le coffret, les doigts ressemblant à des serres à cause de l’arthrose qui y courait, et elle en sortit quelques feuilles. Elle ne coupait que les plus grandes. Et la plante étant déjà bien haute, les feuilles n'en étaient que plus larges. Un dernier coup d'oeil à la donzelle...

Vingt deniers la feuille?

Peut-être un peu cher, mais elle aimait bien marchander. Elle pouvait pas vendre de simples feuilles plus que ça et c'était bien là son grand malheur avec ce type de vente... Un flacon fut aussi sorti du coffret en bois, ainsi qu'un petit pot bouché.

Et sinon ça va dépendre de l'utilisation qui va en être faite... Y a pas que des feuilles.
Sorianne
Gaelante était revenue, chargée de deux boites seulement. Elle avait dû l'entendre et faire ça uniquement dans le but de la faire se tromper. Le sourire de la brune s'élargit un peu plus. Elle l'aimait bien malgré le fait qu'elle soit bien souvent bougon. Décalée afin de laisser la place à la marchande, So observait. Fourmi, drôle de nom pour une jeune femme. Mais au moins cela marquait les esprits, elle ne l'oublierait pas.

La petite brune aurait voulu suivre les explications ou autres discussions autour des plantes présentées, mais bébé en décida autrement et la So ouvrit de grands yeux en voyant que sa fille s'était mit en tête de voir si on pouvait gober une plume, pointe en avant. Folle! Et la brunette s'accroupit auprès du panier comme elle le pouvait. Toute à occuper la petite, elle ne vit Dazibaan que quand le silence lui fit relever le museau. Que Diable faisait-il?? Elle était à observer le manège, presque cachée derrière le tonneau qui servait de table à Gaelante. Il fallait vraiment qu'il fasse attention à ce qu'il faisait le temps qu'il revoit clair...

Le regard de la brune fut attiré par la Fourmi et la dague sortie rapidement. Et So se releva, la plume en main, en faisant un signe à la jeune femme armée, grimaçante, espérant qu'elle ne tenterait pas de se servir de la pointe qu'elle avait. Dazibaan eut l'air de comprendre son erreur et s'éloigna. Mais quel sombre idiot... Sorianne lui lança un regard de reproches avant de se diriger vers lui... Il allait vraiment falloir qu'il arrête un peu. Non contente d'avoir réussi à gagner le mal de tête de sa vie grâce à lui, d'avoir retrouver un boitement un peu plus marqué, toujours grâce à lui, d'avoir reçu une gifle digne de ce nom encore et toujours grâce à lui, elle qui n'en n'avait plus reçu depuis qu'elle n'était qu'une gamine insouciante qui allait faire les quatre cent coups... Oui, il allait falloir qu'il réfléchisse un peu avant d'agir!

La vieille femme ayant reprit sa diatribe au sujet de sa plante sans même faire plus attention que ça, So se glissa près de Cymoril. Ce bougre ne s'était même pas excusé...


Je m'excuse pour cet idiot, il n'a pas toute sa tête...

Et la brune essaya de l'atteindre pour lui filer un coup, à cet idiot de tire bourse...

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