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[RP] Pour une icône perdue, oubliée par le temps

Ellya
Un papichat! Regarde!

La jeune femme luttait pour tourner sa tête pourtant si légère vers l'animal. Coloré, volant, le papillon à moustaches faisait une sorte de danse aléatoire entre ciel et terre sous son regard intrigué.
Incapable de se lever, elle se laissa retomber sur le dos, les yeux fixant les nuées éblouissantes.

T'aurais pas dû.

La voix sèche ne la fit pas frémir ni se relever. C'était normal. Tout était normal. Même ce froid soudain, ce vent cinglant et cette douleur lancinante à l'épaule.

Il pleut.

Une pluie à vous glacer les os, à vous faire courber la tête. Alors la jeunette la courba. Cela n'empêcha pas le liquide de ruisseler sur sa pâle figure. D'une main mouillée, elle tenta de s'essuyer. La paume se teinta alors d'un rouge velours aux teintes délicates. Du sang. Trop de sang, même, qui maintenant lui coulait dans les yeux. Un sursaut de peur.


***

Un sursaut de peur qui la fit se réveiller, haletante, paniquée. Les yeux grands ouverts, seule une terrible noirceur s'offrait à elle. La nuit. Rien que la nuit.

Mais où...

A peine la question venait-elle de s'imposer dans son esprit qu'un mal de tête insoutenable la fit s'envoler. Elle voulut tâter son crâne mais se rendit compte que ses mains ne lui répondaient plus. Un temps. Le temps de comprendre qu'elles étaient attachées. Le temps de voir que c'était, cependant, la seule chose qui l'était.

Y'a quelqu'un...?


Voix éraillée et sèche. Elle se mit à tousser, presque trop déboussolée pour être effrayée.

Foutre... Répondez!
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Kronembourg
Fichue gueule de bois. Fichus toussotements.
A croire qu'on lui avait fait avaler une pierre. Non, pas une pierre. Des tonnes de pierres. Les unes après les autres.
Et plus il s'entendait tousser, la tête butant chaque fois contre la paroi du mur, plus il sentait chacune de ces pierres s'enfoncer sans sa gorge, rouler, tomber douloureusement dans son estomac.

On l'avait flanqué là, corps avachi sans forces et maintenant presque sans vie.
Diia. Il pensait à Diia. La dernière image de la veille, dernière trace des derniers instants avant que tout disparaisse.
La tête trop lourde le colosse s'évanouit.
Une fois encore.

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Avant d'être homme d'Eglise, je suis homme de Dieu
Aradiia
Ploc !............ ploc !............ ploc !............. ploc !

La petite flaque se formait a chacune d’elles sur son front, éclaboussant a rythme continu ses cheveux collés de terre et de sang. Chaque goutte poursuivait le même chemin. D’abord une lente descente vers son arcade gauche éclatée. Un instant, retenant son chemin changeant de couleur devenant d’une teinte rouge vif en prenant du volume.
Ainsi gonflée, elle se précipitait vers la tempe pour finir se perdre dans la chevelure de Diia.

Ploc !............ ploc !............ ploc !............. ploc !

De courtes inspirations, lui firent reprendre ses esprits. Une douleur aiguë dans la tête lui arracha un bref gémissement.

Une voix ! La sienne ?

Elle ouvrit doucement les yeux, sans rien voir. Rien que l’obscurité dans le froid et la douleur.

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j'en ai marre!
Watelse
Le vieux Georges Léonard Watelse avait souvent imaginé sa mort. Toujours grandiose. Souvent héroïque.

Mais jamais il n'avait imaginé ne pas savoir pourquoi il était mort. Tué? Empoisonné? Tombé de cheval? Vieillesse?

Les membres glacés. Les yeux fermés. L'impression de ne plus être. Watelse avait imaginé qu'être mort serait ainsi. Mais comment s'était-il retrouvé aussi .... décédé?

Watelse ne savait qu'en penser, surtout que sa tête refusait de fonctionner correctement. Un bruit à sa droite. Ses muscles se tendent : les créatures de l'ombre venait sûrement lui râvir son âme à présent. Dernière bravade du Gascon, d'une voix forte et rauque :


Macabés! Ma Personne sera bientôt vôtre, mais mon âme est à vendre! Aux enchères! ...... La meilleure offre me gagne! ..... Venez démons, viens donc Satan! Quel est le prix?!
Ellya
Watelse?!

Si surprise qu'elle ne prononça ce mot que dans sa caboche amochée. La folie l'avait gagné, lui. Mais elle? Étaient-ils ensemble dans un rêve cauchemardesque où la mort n'était que la seule issue? Mais on ne souffre pas dans ce genre de situation... et Dieu qu'elle avait mal!

Elle voulait se rappeler. Le comment. Le pourquoi. Si son infâme époux était ici, c'est donc qu'il n'était pas à l'origine de son malheur pour cette fois. Si ce n'était lui, qui? Qui pour oser frapper et attacher une fervente croyante? Et qui plus est sans défense.

Piano, piano, une boule perverse se forma au creux de son ventre. Elle déversa son acide dans le reste du corps, s'insinuant dans chaque part de son être. La Peur l'envahit. Car tout ce que l'on ne s'explique pas à ce petit quelque chose d'effrayant...


Wateeeelse!

Même notre pire ennemi peut devenir un allié salvateur quand plus rien ne tourne rond.
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Watelse
Wateeeelse!

Ah! La grognasse de femelle me suit donc jusque dans la froideur du Néant! pesta le vieux bougre de Watelse qui de dégoût se couvrit les oreilles.

Une chose aurait pu lui donner l'élan d'un geste secourable envers cette femelle trop niaise et fatiguante de stupidité : qu'elle soit en cloque de lui. Qu'elle couve un petit rejeton Watelse.

Et non, de ça, le Maitre pouvait encore en douter : car la frigide trouvait le grand frisson dans la plus grande affabulation des ces derniers siècles : Aristote. La pieuse pionçait dans les ébats de la foi. Au grand désappointement du Spinoziste Watelse.


Ce n'est plus morts que nous sommes que vous, petite oie imbécile pourrait me pondre un oeuf digne de Ma Personne. Vous avez failli à votre parole et c'est pour ça que vous vous gelez le derrière dans le Néant : vous avez fauté par votre inaptitude à mettre au monde, et vos réticences malsaines à accomplir vos devoirs envers votre Maitre : MOI !

Il savait qu'en appuyant sur ses prétendus pêchés, sur son soit-disant châtiment, l'insipide Ellya Watelse de la Duranxie serait mortifiée.
Ronea
Elle aimait explorer, elle aimer se faufiler entre les buissons et découvrir ce monde que part leurs voyages incessants elle avait à porté de regard. Le jeu du faucon et de la petite était assez simple. Le faucon volait jusqu'à une branche et Ronea devait la rejoindre. Beaucoup moins évident de passer tous les obstacles au sol. Le faucon lançait des cris pour attirer Ronea.
La petite, les cheveux emmêlés par une broussaille grognant.

Héméra tu Triches! On avait dis pas dans les buissons, moi ça me griffe.

Du haut de la cime, la tête se met légèrement sur le côté, le regard persan se tourne vers Ronea au sol et un Kroooââ retentit l'air de dire, dépêche toi. Rone force un peu le passage, elle en laissera une mèche de ses petites boucles et cela lui vaudra une bonne griffure sur la joue, mais la voilà sous l'arbre.

Je t'ai trouvé!

L'animal alors prend son envole mais cette fois ne se pose pas. Il se met à tourner comme lorsqu'elle voit une proie, Rone court regardant les figures d'Héméra dans le ciel. Elle court et trébuche sur quelques chose au sol. Elle aussi vole...pas longtemps par contre....avant de s'étaler de tout son long au sol.

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Ellya
Un lourd silence suivit les paroles du quinquagénaire. Le crâne de sa femme lui faisait mal, trop mal pour qu'elle réponde à ces absurdités. Pour qu'elle y réfléchisse, même. La Peur avait laissé place à une seule réalité dans le cœur de la nonnette, un seul sentiment inébranlable: l'envie de vivre.

Sa survie était tout ce à quoi elle aspirait pour le moment.

Les réponses viendraient après.

Tout en gémissant de douleur, elle se colla contre la paroi moite de l'endroit où ils se trouvaient. Son dos râpant contre la roche difforme, elle se hissa tant bien que mal pour se mettre debout. Ses jambes tremblaient et elle cru à de nombreuses reprises qu'elles allaient lâcher sous elle. Elles tirent bon.

A l'aveugle, suivant le mur, elle fit quelques pas. Watelse pouvait crever en paix, elle ne se souciait plus que de sa petite personne. Un bruit sourd la força à s'immobiliser. Quelque chose tombait, glissait. Aussi vite que le son était apparu, il s'effaça dans la nature, laissant filtrer dans le sombre endroit un rai de lumière aussi effrayant que salvateur. Un caillou avait dû glisser. Ils étaient sous-terre.

Et, à ce que la nonnette voyait peu à peu, ses yeux se réhabituant lentement à la lumière du jour, Watelse et elle n'étaient pas seules.


Diia?

Car elle se souciait peu, sur l'instant, de l'état de Kro, après tout.
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Watelse
Une faible lueur fit plisser les yeux du Maitre Orfèvre. Debout lui aussi, il se pencha sur une boule de... poils? de cheveux? et tira fort dessus, espérant que cette forme muette exprime un petit rien.

Un moment, Watelse pria pour que ce ne fut pas le cadavre d'un mouton. Car un mouton mort puait. Il y avait pourtant beaucoup de boucles sous les doigts du rustre quinquagénaire...

Sa femme rampait telle un vil serpent vers une autre proie. Une certaine "Diia"...


Encore une femme!, pesta t'il ouvertement. Un malheur n'arrive donc jamais seul... ajouta t'il avec cynisme.

Il tira un peu plus sur les cheveux, voulant décoller la "chose" du sol.


Tout le monde se lève pour Watelse, .... Watelse, chantona t'il pour se changer les idées et alléger un peu cette atmosphère lourdes de menaces. Dans la pénombre, il découvrait peu à peu les murs d'une cave, et plusieurs débuts de tunnels.


Lugubres, malsains et tortueux.... Ellya Watelse, aucun doute, nous sommes ici dans les méandres de votre âme... siffla t'il en tirant d'un coup sec sur les boucles de "la chose".
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Watelse le Paon de Gascogne

" Je suis persuadé que si un Paon pouvait parler, il se vanterait d'avoir une âme, et il dirait que son âme est dans sa queue."

[Voltaire]
Kronembourg
D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Kro n'avait jamais ressenti pareille douleur. Il se réveilla net. Le cuir chevelu en feu.
Les pierres dans sa gorge lui laissèrent un instant de répit pour murmurer dans l'obscurité :



- ... Mère ?


Le jeune Boulgrouche avait dix ans, pas davantage. La ferme familiale empestait moulte relents d'ovins mélangés à l'ordure, la terre sèche et le sang. Chaque image ricocha soudain contre la surface de sa mémoire. Les cadavres démembrés dans la cave. Les hurlements des moutons dehors, gémissant toute la nuit. L'urine. La forte odeur d'urine.
La punition. Le bâton du Cistron. La brulure, épouvantable. Il retomba lourdement contre le sol.
Kro ouvrit les yeux. Un homme chantonnait près de lui.



Lugubres, malsains et tortueux.... Ellya Watelse, aucun doute, nous sommes ici dans les méandres de votre âme...



Un nouvel assaut de douleur irradia le corps du grand homme, de la tête aux pieds.



Par les sept démons de l'enfer lunaire, mais où sommes nous ? Ellya ? Ellya !


... Car l'homme à ses côtés lui semblait représenter l'incarnation d'une menace immédiate : Avant de le zigouiller lui, il fallait la localiser elle. Histoire de ne pas se tromper.
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Avant d'être homme d'Eglise, je suis homme de Dieu
Ellya
Aaah mais assez!

Elle avait hurlé jusqu'à s'en briser la voix avant de se laisser retomber sur le sol. Des larmes perlaient au coin de ses yeux terrorisés. C'était elle qui avait besoin d'aide, elle, la sans-défense, la faible et frêle Ellya. Pourquoi donc la harcelaient-ils, ces mâles incapables? Et pire... Comment allait-elle survivre entourée d'une filleule peut-être gravement blessée, d'un ancien prévôt ahuri et d'un époux au bord du gouffre nommé Folie.

Assez...

Elle ravala les sanglots qui menaçaient de creuser des sillons sur son visage poisseux. D'un ton qui n'avait rien de courageux, elle prit les devants d'une opération de survie qui allait tout droit à l'échec.

J'ai les mains attachées. Sans doute blessée à la tête aussi, je ne sais pas trop. Vous? Êtes-vous en état de bouger? Il nous faut sortir, par tous les saints. Il nous faut sortir...

Elle se tut, prête à s'effondrer de nouveau. Un silence de mort pesa sur les membres malchanceux de l'expédition pour laquelle ils n'avaient pas signé. Elle profita de cet instant pour se remémorer les derniers souvenirs qu'elle avait. Watelse, il y avait Watelse avec elle. Ils avaient parlé, ils s'étaient hurlés dessus mais la raison de cette explosion de cris ne lui revenait plus en mémoire. Une lettre. Elle avait une lettre en main à ce moment-là. Puis le noir. Et le rouge.

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