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[RP]Dans les prisons de Naaaanteuh...

Marzina
« …y’avait un prisonnier, y’avait-un prisonnieeeer… »

La voix mélodieuse chantonne, on l’entend presque sourire…Ca fait sourire la gouvernante.

« Vous avez l’air de bonne humeur mademoiselle Zina, vous avez vraiment bien récupéré de votre maladie, ca fait plaisir à voir ! »

La princesse démêle sa cascade de cheveux blonds avec soin avec son peigne d’ivoire, le sourire aux lèvres, franc.

« Kenavo Paris ! On ne m’y reprendra plus à jouer les marieuses, c’est un métier trop dangereux ! J’ai laissé à Paris ce qui s’est passé à Paris Nounig, et je n’ai aucun regret, c’est bien mieux ainsi !
-Me raconterez-vous donc ce que vous avez fait là-bas, ou me laisserez-vous ainsi cruellement dans l’ignorance ?
-Je choisis d’être cruelle Nounig, vous ne saurez rien. Rien ne filtrera de ma virée à Paris. J’ai corrompu les principaux témoins, la chose sera oubliée. De toute façon, si quiconque venait à le raconter, personne ne le croirait ! Voyons, je suis une princesse, je ne fais pas ce genre de choses…
-Bien sûr, même si je ne sais pas de quoi vous parlez, vous êtes une princesse exemplaire, et des plus sages…
-Pourquoi je sens une pointe aigue d’ironie dans vos propos, vile créature ?
-Ah ? Vous devez l’avoir imaginé probablement, je n’oserais… »

Une journée paisible à Nantes, en somme, une journée comme les autres…Après une petite virée épuisante à Paris, la princesse se remettait de ses émotions, se reposait un peu, elle pensait avoir réussi à fuir ses ennuis en changeant de ville...et s'en trouvait totalement détendue.

« Vous savez Nounig, je n’avais jamais autant aimé vivre dans un pays barbare loin de tout...et surtout loin de la capitale française ! »

La blonde fait une petite moue dans le miroir, se lance un regard aguicheur, entortille une boucle dorée autour de son index avec un air angélique, et puis ordonne :

« Nounig, préparez une soirée bretonne pour cette nuit !
-Vous voulez dire par là : chouchen, crêpes, beaux éphèbes, et la dépravée qui vous sert d’amie ?
-Vous avez tout compris ! »
_________________
Elfyn
Le parchemin criait de douleur sous l'écriture nerveuse du Grand-Duc. Ne desserrant pas des dents, était-ce donc le travail sur les textes de lois ou autre choses qui l'énervaient.

L’énervement gagnant, la main se mit à trembler comme souvent maintenant, créant par cela une rature sur les boucles des lettres. Fulminant, il jeta la plume sur le bureau afin de retrouver une constance en agrippant son verre.

Un valet en profite pour entrer, il ne tarde pas voyant les yeux révulsés du Grand-Duc, pose le pli et déguerpis rapidement.

Le pli en question est scellé par sa vassale directe, Charleza-Katell de Kreneg-Montfort. Court et rapide, la Chevalière qu'était parti en mission il y'a peu de temps rapportait le bilan de celle-ci.

Citation:
Votre Majesté,

Je suis parvenue à trouver le criminel que vous recherchiez, il se terrait en Bourgogne. Nous l'avons enlevé et il est désormais dans les geôles de nantes.

A galon
Chika


Bien, bien, bien... La Bourgogne en plus, cela ne m'étonne guère.

Un court instant de réflexion suffit pour que le Grand-Duc vienne à rappeler le fuyard. Perrrrriiiiiig! Allez me chercher Marzina.

_______________________________________
Quelques instants plus tard... M'enfin trois bonnes heures le temps que Marzina se pointe à la salle qui était à l'étage au dessus du sien...

Une blonde, sa gouvernante, un valet essoufflé.

Marzina, j'ai appris que ton voyage à Paris avait été des plus ... enrichissants...

La tête baissée, faisant des allers retour devant la compagnie, les mains jointes tapotant le menton, comme en pleine réflexion ou plaidoyer...

Peux-tu me faire un rapport de ta mission diplomatique là bas? Et en outre ce qui s'y est passée à coté, cela m'intéresse fortement de connaitre les moindres détails de Paris...

Se retenant pour ne pas s'énerver, car malgré tout sa fille, s'améliorait... Bon c'était pas ce qu'il y'avait de plus perceptibles. Quoique, s'améliorer et épouser un illustre inconnu, tout est relatif.

_________________
"Un jugement négatif vous satisfait plus encore qu'une louange, pourvu qu'il respire la jalousie."

















Marzina
En fait, le Roy, il n’imaginait même pas ce qui se passait, avant que Marzina entre dans la pièce…

« Haaaaan, quel décolleté scandaleuuuux !
-Vous trouvez vraiment ?
-Oui, vous êtes indécente mademoiselle Zina ! Est-ce Paris qui vous a changée à ce point ? »

Rire amusé de la blonde, qui tourbillonne dans sa robe ouvragée, dans sa chambre, faisant tournoyer ses boucles blondes.

« J’aime la liberté Nouniiiig, j’aime Naaaantes ! »

Oui, là, il y a bien de quoi mettre le doute à un œil observateur, elle est timbrée la princesse, mais au point d’apprécier autant sa liberté…Y’a un truc étrange. Elle se calme un peu et, fardée, les cheveux savamment attachés, le décolleté outrageant, elle attache autour de son cou un rang de perles avec minutie. Prête pour une soirée de décadence avec Marie, entourées des plus beaux hommes de Bretagne et d’ailleurs…Elle s’en trouverait bien un ou deux pour ce soir, dans les bras duquel elle oublierait ce voyage et ces conséquences, la tête posée sur son épaule, son corps nu lové contre le sien…
Mais le toc toc toc à la porte vient gâcher cette probable vision du futur. Marzina se redresse, soudain anxieuse, et demande à la gouvernante d’aller voir qui c’est. Un valet, avec un pli du Pater. Grimace de Marzina, qui demande sans ouvrir la porte.


« Qu’est-ce qu’il veut ?
-Vous voir, Votre Altesse. »

Aïe.
Qu’il veuille la voir, c’est mauvais ca. Pourquoi il voudrait la voir ? Ils ont déjà parlé ensemble de son travail ! Serait-il au courant ? Mais non, comment serait-il au courant d’abord ? Il faut qu’elle arrête de se faire du mauvais sang pour rien, il ne sait rien du tout, il ignore tout de Paris ! Il veut juste savoir comment ont fini les négociations avec Thrandhuil, peut-être qu’il n’a pas eu le temps de le voir depuis qu’ils étaient rentrés…
Branle-bas de combat, elle doit absolument changer de tenue. Sa robe, elle est trop aguichante, trop provocante, il va tout de suite avoir des soupçons ! Il faut qu’elle mette quelque chose de plus sage, mais pas trop non plus, sinon il n’y croirait pas. Le tout est de retirer la première robe, avec le corsage, tout ça, sans défaire la coiffure. Et puis remettre l’autre, plus sage, couleur pastel, où l’on voit à peine un bout de sein, où l’on remarque à peine la courbe d’une hanche…Le tout prend beaucoup plus de temps à faire qu’à dire, vous pouvez me croire ! Et puis après ca, il faut remettre en place la coiffure, complètement détruite. Retirer le fard en trop. Et enfin, enfin, après avoir mâchonné un peu de thym pour masquer l’odeur du chouchen dans son haleine, elle est prête pour aller voir son père. Mais forcément, une robe sage, y’a plus de tissu, c’est plus lourd, on se déplace plus lentement. Surtout avec le poids de la culpabilité en plus. Et Doué créa l’encombrement, poids du péché sur les épaules des hommes !

Elle entre, le nez dirigé vers le sol, les yeux noirs qui se relèvent à peine vers le visage de son père…


« Marzina, j'ai appris que ton voyage à Paris avait été des plus ... enrichissants...»

En fait, le mot avait été mal choisi... « Enrichissant », elle aurait plutôt choisi quelque chose comme « catastrophique », « éthylique », « mémorable »…Quoique non, pas mémorable, parce qu’elle se souvenait plus de tout. « Marital ». Oui mais non, elle aime pas trop le mot…Elle se contente de répondre d’un ton qui se veut dégagé :

« Oooooh…pas tant que ça. Les françoys sont toujours aussi rustres, et Paris ca pue. J’aime bien Nantes. Je suis contente d’être rentrée. »

Et là, ca sonne terriblement vrai, elle est tellement heureuse de retrouver ces vieilles pierres, et ce vieux père…Elle aurait pu aussi répondre « et je supporte plus la vodka », mais elle s’était retenue juste à temps. Qu’est-ce qu’il voulait, à la fin ? Savoir si les françoys étaient devenus plus supportables avec une femme à la tête du Royaume ? Toujours pas suffisamment pour qu’elle veuille le devenir, françoyse. Il comptait pas lui faire épouser un françoy au moins ? Nan parce que les mariages CA SUFFIT ELLE A ASSEZ DONNE MAINTENANT !! Son cœur reprend une vitesse normale, sa respiration aussi, pendant qu’elle écoute :

« Peux-tu me faire un rapport de ta mission diplomatique là bas? Et en outre ce qui s'y est passée à coté, cela m'intéresse fortement de connaitre les moindres détails de Paris... »

Petit toussotement, comme pour préparer ce qu’elle va dire, comme font les grands de ce monde, mais en plus assuré, chez les autres.

« Et bien euh…La Chimbellan s’est faite expulser de la préparation des événements, apparemment, il faut croire que la Grande Maitresse françoyse là, elle appréciait plus sa présence. Heureusement que Thrandhuil est arrivé à ce moment là hein ! Je lui ai dit oui pour que ca se passe au Mont Saint Michel, et j’en ai profité pour lui demander des précisions sur les invités. Et là, après avoir viré la grande Chimbellan, tu sais ce qu’elle me dit ? Le Pape est mort. Tu te rends compte ? « Qui est-ce qui viendra ? » « Le Pape est mort. » Elle se foutait clairement de notre tronche, tu trouves pas ? »

Là, elle était plus trop sûre d’avoir fait ce qu’il fallait, maintenant qu’elle s’entendait parler, elle trouvait qu’elle y était peut-être allée un chouia trop fort…Mais il fallait qu’elle annonce la nouvelle :

« Au final, je lui ai fait comprendre que…La Reyne de France se passerait de la présence bretonne au Mont Saint Michel. Parce qu’on nous prend pas pour des buses. Même si Maman était une Penthièvre. »

Et moi, par la même occasion. Mais ca, elle ne le dit pas. C’est la suite qui se complique, de quoi elle parle ensuite ? Parlons de tout ce qui ne la concerne pas !

« J’ai marié la petite Tualenn avec le fils d’un polak, je suis presque sûre qu’il doit être bien. Même que les faux seins ont pas été nécessaires, finalement, pour la vendre. Et j’ai été dans une taverne de gueux avec Marie, c’était très folklore local, dépaysant ! Par contre l’alcool, vraiment infect. J’ai même croisé Arzhel, brièvement…C’était une chouette sortie, mais je préfère éviter Paris pour un temps…Tu comprends, pas attraper des maladies, ce genre de choses quoi…Les françoys, ils sont tellement sales… »

Mais quelle belle pirouette orchestrée d’une langue perfide par la princesse bloooonde ! Voyez quelle dextérité dans les choix des détails à donner et ceux à omettre ! Admirez la façon dont on insiste sur les choses qui ne la concernent pas, et qu’on passe rapidement sur ce qui la dérange !
Un sport olympique !

_________________
Dariusz
(Et moi pendant c'temps là, j'tournais la manivelle)

Bordeaux.
Le coin doux des poètes et des nectars divins.
L'aphrodisiaque montant aux narines tout en croisant le fer d'une joute verbale avec une inconnue au comptoir, comptant fleurette sur l'ossature d'une chaise haute et légèrement voûtée sur un parquet de, néanmoins, grande valeur.
L'homme s'était relevé, depuis Paris.
La vie et ses vicissitudes, il s'en était résolu à ne point en paître une masse de plus et à poursuivre ses activités sans regarder en arrière. A vrai dire, même s'il était marié, il aurait eu convenance à s'amuser d'une jeune pucelle dans une chambre riche, pour oublier la libertine prise dans une grange à mouton se trouvant en une ville de catins.

C'est au moment d'un baiser partagé, par l'amour d'un jeune couple naissant, vouant à se détacher au lendemain, qu'une porte, la principale, s'ouvrit en quelques fracas. Il faut dire que le bois frappant contre un mur de bois, ça faisait quelques étincelles sonores. Rien de tel pour se faire remarquer et faire tourner les regards.
Une femme et quelques hommes qui semblaient connaître le polonais, puisqu'en s'approchant du comptoir, leurs regards lui étaient destinés, sans erreur.
Maugréant sur son verre de vin, il se demanda ce qu'il l'attendait encore, avait-il passé la nuit à finir ivre dans les bras d'une femme de valeur?
Ou avait-il encore fait quelques conneries médisantes dans une Province qui n'est plus sienne et qui, d'ailleurs, n'a jamais été sienne.

A sa hauteur, la jeune femme se présenta. Une baronne, ou chevalière, ou quelque chose qui résonnait dans ce ton là.
Lui, se releva aussi péniblement que possible puis exécuta un baise-main, pas le plus beau qu'il ait pu donner en sa vie, mais suffisant pour être dans le respect face à une noble.
Elle lui dit qu'elle est ici pour m'emmener au Roy. Sans plus en dire. Et sur le ton emprunté, il était à comprendre que s'il refusait, il serait embarqué de force.
Il percuta de suite qu'il était donc dans son intérêt de les suivre, et puis, cela l'arrangeait, il voulait le voir ce Roy.
Les Bretons sont vraiment doués, ils retrouvent n'importe qui dans ce pays de peu de classe.
Impressionné, il se ficha de penser s'il allait mourir ou non, termina son verre qui trônait le comptoir avec insistance pour son esprit et l'envoya valser dans le décor sur le regard réprobateur d'un tavernier qui connaissait bien ce mal et en souffrait à devoir une fois de plus porter main à la bourse pour se payer de nouveaux couverts.
L'étranger reluqua une dernière fois son ex-conquête d'un soir et emboîta le pas aux bretons, demandant, au préalable, où il fallait se rendre, car la Bretagne, c'est loin à pied.

Au port? Un navire? Que demander de plus. Voyage en première classe, mais rien au mess, rien à boire que de l'eau presque croupie et des quignons de pain rassies. Misère de misère. Où sont le chouchen et les crêpes? Que l'on s'envoie tout cela par dessus bord et que l'on écrase toute sa volonté à encombrer son ventre de mets disgracieux mais pourtant si bon, si onctueux, si différent de ce que l'on pouvait trouver ailleurs.
En plus, il paraît dans le nord de l'Armorique, dans un village totalement neutre au monde, se trouvait du poisson pas frais. Enfin, il vaut mieux aller ailleurs, c'est tout de même le pays des poissons frais.

Le voyage perdura, 6 jours, voire plus, rien n'est certain.
Pavillon baissé, pont placé, terre foulée.
Etrange odeur de moules, de crevettes, de poissons et de pommes alcoolisés.
Cela titille les narines, cela n'est pas mauvais, plutôt agréable.
Jusqu'à ce qu'on l'emmène dans une grande bâtisse, un castel, puis, dans le fin fond de cet édifice. Dans les geôles pour être plus précis.
A croire qu'il n'était, au final, pas le bienvenue, mais il ne dit mot, accepta la sentence, espérant qu'on viendrait le voir le plus tôt possible, que le Roy viendrait, que Marzina le sauverait.
Amusant, cette dernière phrase. Penser que la Princesse aide le vieux jeune homme à sortir de là alors qu'il lui avait causé grandes peines?

L'humidité entrava le beau reflet de son cuir chevelu.
L'attente est longue.
Le ventre grogne.
Le palais vocifère.
Damnation éternelle.

Bretagne.
Le coin âpre des dépravés de batailles.
La sanguinolente sensation d'être seul au monde lorsque le naquit n'est point.
Seul le maquis sonnera le glas et la fortune à qui saura s'y résoudre et perforer le coeur même d'une institution protocolaire.
Pensées d'une homme enfermé presque à tord entre quatre murs des plus cloisonnés.



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Elfyn
L'écoutant, désinvolte, il lui tournait le dos tandis qu'elle lui narrait ses aventures, le dos cachant les quelques plantes en poudre qu'il devait glisser dans sa décoction pour calmer ses douleurs aux tripes. La soif était toujours là, elle le détruisait de l'intérieur, mais il ne se laisserait pas faire, la seule volonté qu'il lui restait à défaut d’arrêter de boire.

...Les françoys, ils sont tellement sales… »

Son verre frappait la table à ses dernières paroles, après l'avoir bu d'une traite, jusqu'à la dernière goutte comme le demandait le "médicastre" qui ne pouvait s’empêcher de lui faire la moral à chaque fois.

Bon, ...

La voix était calme, et cachait l'énervement, il se tournait vers sa fille, laissant le silence s'installer, posant ses mains sur la table, a plat, la regardant dans les yeux, pesant.

Ce que tu as fait à Paris était bien...

Mais ni le ton, ni la manière dont la phrase se mourrait ne laissait présager autre chose qu'un "Mais".

...mais...

Ce qui a de bien qu'on est narrateur, c'est qu'on a forcément raison sur ces coups là!

J'ai appris ce que tu y as fait en plus, de ce que tu as fait là bas sous mandat, qui est définitif et sans possible retour en arrière. Le temoin de ton... mariage

Lacher ce mot, il ne soutient même plus le regard de sa fille, déçu qu'elle soit aller jusqu'à faire cela alors qu'il croyait que la confiance était acquise, tant d'un coté comme de l'autre. Ses travers ayant repris le dessus visiblement. L'agacement se ressent, et les poings se referment, dans le lourd bruit du chuchotement des doigts sur le bois, dans cette pièce étouffante.

Le témoin n'était autre que la personne que j'avais chargé de surveiller tes allées et venues et de donner l'alerte en cas de danger pour ta personne, provenant de l'extérieur ou de toi même. Visiblement il n'a su ni faire l'un, ni faire l'autre, macabre résultat pour lui.

La colère ne montait pas, et la résignation ne laissait plus place à autre chose. Le Grand-Duc se redresse et prend sa fille par le coude, un chuchotement qui ne souffre pas de contestation : "Suis moi"

Escaliers, cour, pont, ruelle, gêoles...

Il est ici...

Les voici devant une cellule silencieuse et sombre, une ombre se dessine dansl e fond de la cellule.

Maintenant tu es responsable, de ta vie, de ton destin, mais aussi de celui de ceux qui t'entoures. Le choix t'appartient, assumes tes actes, reconnait ce mariage et nous ferons une cérémonie digne de la fille d'un souverain.

Un silence, cherchant à voir sa réaction.

Soit il restera ici, et subira ton irresponsabilité, rappel de tes erreurs non assumées. Pas de remontrance de ma part, pas de punition, pas de papa qui arrange les choses, quoiqu'il arrive tu es marriée, seul ta conscience et la culpabilité qui te rongera fera de toi ce que tu dois être...

Puis il s'efface, la laissant là, seule, devant son destin et le poids de ses décisions.

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"Un jugement négatif vous satisfait plus encore qu'une louange, pourvu qu'il respire la jalousie."
Marzina
Il n’est jamais agréable de voir les couleuvres que vous tentez de faire avaler se faire renvoyer vers vous. La fierté est touchée, profondément même. Et l’âme se sent dénudée, sans aucune protection, une fois qu’on se rend compte que l’autre sait tout, qu’on ne peut rien cacher. Qu’on se sent impuissant, quand on n’a plus les mensonges pour se protéger, quand on a épuisé son stock d’excuses, ainsi que celui des regrets et des « j’le ferais plus ». Quoique, pour le coup, elle pouvait bien dire qu’elle le ferait plus. Bah oui, on ne se marie qu’une fois non ?...Son nom est écrit en gras sur les registres de l’église maintenant, fini l’anonymat, si tant est qu’un jour on est pu ignorer sa scandaleuse existence.

La déception dont il fait preuve fait mal, beaucoup plus mal que lorsqu’il hurle, "encore! que vais-je faire de toi ? », « la prochaine fois, je te consigne au château pendant toute une semaine ! ». Non, rien de tout cela, juste l’affichage en grand et lumineux de toutes les désillusions qu’il ressent d’elle. Elle est mal, et elle aimerait pleurer, mais elle ne peut pas, elle ne se sent pas en droit de pleurer. Elle l’a déçu, c’est lui qui est triste, lui qui a droit de pleurer, elle elle est trop ignoble, elle ne mérite pas de pleurer. Elle se contente de baisser la tête, n’a plus le courage de le regarder dans les yeux. Elle ne peut pas s’en empêcher, se jeter à corps perdu dans la débauche, donner un sens à sa vie, trouver ce qui la fera vibrer, se sentir vivante…

Que pourrait-elle dire ? Réfuter ? Argumenter ? Mentir ? Nier en bloc ? Ca ne sert à rien, il a tous les détails, elle ne ferait que s’enfoncer plus encore. Elle n’avait même pas imaginé qu’il la ferait surveiller. En d’autres circonstances, elle se serait indignée, aurait retourné la situation, lui reprochant son manque de confiance à lui, mais pas là…Non, elle n’en avait ni l’envie ni la force. Elle se demandait juste ce qui se passerait ensuite, ce qu’il allait lui faire, après la déception qu’elle venait de lui infliger.

Et puis enfin, un mouvement. Il se lève, lui attrape le bras, l’emmène. Où on va, se demande la blonde, sans oser l’exprimer. Une succession de couloirs et d’escaliers, elle connait tellement bien ce château maintenant, elle se repère, et pourtant, elle ne connait pas l’endroit où il l’emmène. Au fur et à mesure, ils descendent, se rapprochent des quartiers militaires aussi. Va-t-il lui demander de prendre les armes, de passer guerrière, alors qu’il n’y connait strictement rien, histoire qu’elle meurt dans la douleur et l’impuissance ? Non, ce n’est pas son genre, et puis, on continue de descendre, encore…De moins en moins de lumière, de plus en plus d’humidité, de plus en plus glauque en fait.

La prison ?
Ce qu’elle a fait est-il si grave que cela mérite l’emprisonnement ?


« Il est ici... »

L’étonnement se lit sur le visage de la blonde lorsqu’elle entend ces paroles. Ils se sont arrêtés devant une cellule. Avec un peu d’appréhension, tremblant légèrement, se demandant ce qu’elle allait y découvrir, elle s’avance vers les barreaux, regarde au fond, la silhouette. Et puis la reconnait, et ses yeux s’arrondissent, incrédules. Les longs doigts fins et blancs serrent les barreaux alors qu’elle comprend que la suite s’annonce difficile et plus douloureuse encore.

« Maintenant tu es responsable, de ta vie, de ton destin, mais aussi de celui de ceux qui t'entoure. Le choix t'appartient, assumes tes actes, reconnait ce mariage et nous ferons une cérémonie digne de la fille d'un souverain. »

Responsable ? Un des mots qu’elle déteste le plus. Elle l’avait entendu lorsqu’Awena l’avait surprise dans les bras d’Enguerrand. Elle se l’était encore pris dans la face, lorsqu’elle était tombée enceinte, qu’elle avait menti, et qu’il était parti. La responsabilité est une chose horrible, souvent bien trop lourde pour un seul être, surtout une petite chose comme celle-ci, qui n’a jamais connu le sens du mot avant de connaitre la vie adulte. Et puis…responsable de la vie et du destin d’un autre…Pile poil la raison pour laquelle elle voulait abandonner l’enfant d’Enguerrand ! C’est beaucoup trop lourd pour elle ça, elle n’est pas capable d’une telle chose…Elle aurait été une mauvaise mère, aurait rendu cet enfant malheureux. C’est une pécheresse, elle est incapable de prendre soin de quelqu’un, ou de guider sa vie. Et pourtant, aujourd’hui, on l’y oblige.

Cruelle punition…

Le mariage…Une cérémonie qu’elle hait, qui ne représente rien que du malheur à ses yeux, un moment des plus hypocrites avec toujours une issue des plus douloureuses. Non, il ne peut pas lui faire ça ! Elle tourne vers lui des yeux larmoyants, cherchant à voir s’il était vraiment sérieux, ou s’il cherche juste à lui donner une leçon. Les deux mon capitaine ! Il l’observe en silence…il est sérieux, vraiment sérieux.


« Soit il restera ici, et subira ton irresponsabilité, rappel de tes erreurs non assumées. Pas de remontrance de ma part, pas de punition, pas de papa qui arrange les choses, quoiqu'il arrive tu es mariée, seul ta conscience et la culpabilité qui te rongera fera de toi ce que tu dois être... »

Gloups. Elle a vraiment été trop loin, cette fois…Comment elle va faire, pour le sortir de là ? Mais surtout, comme elle va faire pour se sortir de là, elle ? Rien n’est plus simple, il lui a bien dit qu’elle avait le droit de dire non, n’est-ce pas ? Elle peut le laisser, repartir comme si de rien n’était, oublier ? Oui, mais il resterait là alors, en prison…Mais était-ce vraiment si terrible ?

Brrrrr ! Non, c’est surtout le mariage, qui serait terrible !

Voix tremblante, légère grimace, alors qu’elle s’accroche aux barreaux et tente de distinguer mieux la silhouette. Les pas d’Elfyn qui s’éloigne, la laisse seule avec ce choix cornélien. L’accent breton habituellement chantant se fait chevrotant alors qu’elle interroge :


« …Dariouz ?...C’est…vraiment vous ?... »
_________________
Dariusz
Noirceur ténébreuse.
Une goute tombe sur le visage penchée de l'étranger en terres plus hostiles qu'il ne l'aurait cru.
La chaleur de l'été n'était qu'un lointain souvenir, laissant place à la fraîcheur et à la nuit d'une pièce enterrée. Oui, il était enterré six pieds sous terre attendant l'heure de sa suffocation. Il ne savait ce qui se passerait réellement, mais le bien était fort certainement exclu. Pourtant, il savait que tout cela se terminerait ainsi, ce pourquoi il voulait profiter avant sa dernière heure.
Fort philosophique que de vivre sa vie au jour le jour comme s'il s'agissait du dernier. Jamais aussi proche de la vérité qu'à l'instant. Si bien qu'il revoyait sa vie, durant son incarcération.
Son fils, qu'il avait abandonné pendant plus de dix ans, sa fiancée dont il était éprit qu'il avait abandonné à la maladie, sa famille qu'il avait aussi abandonné à son titre sort... et maintenant sa femme, la vraie, devant dieu... Mais cette fois, ce fut elle qui l'abandonna dans un lieu pourri, à sous-entendre Paris comme les geôles.
Sourire crispé naissant sur son visage, il se disait intérieurement que l'entrée du Paradis ne lui serait jamais offerte.
Soupire langoureux.

Attaché au mur grâce à un paire de menotte, il se trouvait lamentablement assis à terre, les bras en l'air, le fer lui faisant l'effet d'être terriblement pendu.
Son ventre criait famine, sa gorge s'asséchait grandement, quelle idée d'avoir prit pour dernière boisson ce chouchen sucré et alcoolisé, celui qui offrait la même soif qu'auparavant, sauf qu'à ce moment il ne pouvait l'étancher.
Lui qui avait visité la Bretagne profonde en bonne compagnie, il ne songeait tout de même pas finir enfermé au fin fond de cette Bretagne, dans tout les sens du terme.
Une autre pensée lui vint en tête, si seulement il était resté chez lui lorsqu'il était malade au lieu de se rendre à Paris pour argumenter sur quelque chose qui ne l'intéressait pas grandement à savoir le mariage de son fils. Simple fait de diplomatie, rien de plus, mais qu'il soit marié à une riche Bretonne ou à une roturière, il s'en fichait royalement.
Sa seule volonté était avant tout de trouver femme pour lui même et par l'intermédiaire d'une fausse vérité qu'il faille marier son fils de bonne famille et de merveilleuse éducation.
Cette dernière qui n'était que fausse. Ce n'était pas à démontrer...

Douleur aux poignées.
Frissons parcourant tout le corps.
Mauvaise posture qui l'affaiblissait plus de minute en minute.
Il tenta de bouger ses bras, ses poignées, ses mains.
Mais la douleur s'en restait, toujours grande.

Des bruits de pas se firent entendre, résonnant sur le pavé mouillé des sous-sols royaux.
Deux possibilités, soit il y avait un nouveau malheureux prisonnier que des gardes véreux emmèneraient au cachot, soit il s'agissait enfin d'une visite pour sa libération (ou pas)
D'un côté, il se préparait déjà à l'éventualité que ce soit des gardes véreux, ainsi, il pourrait payer une sorte de caution, et partir d'ici. Mais de l'autre côté, on lui avait déjà prit sa bourse lorsqu'il arriva en cet endroit. Donc, difficile de payer avec des mots.

Les pas s'approchèrent, presque trop dangereusement car bien énergiques. Ce ne peuvent être des pieds de garde qui agissent de la sorte, ceux là qui sont bien trop calmes et fainéants pour faire leur travail avec tant de volonté que ces sons l'indiquent.
Au fond de lui même, il savait bien de quoi il s'agissait, et il ne faisait point erreur.

A la lumière d'une torche flambant dans le couloir, il vit un homme, plutôt âgé, les traits tirés, visiblement porté sur quelques boissons -tout comme lui même- puis, la silhouette bien trop connue de celle qui devrait être sa femme, de par la grâce du Très-Haut. Cela reste encore à prouver.
L'homme ne fit encore regard pour le duc emprisonné, la Princesse, elle, bien le contraire.
Un détail qui toucha le polonais fut qu'elle semblait fort dérangée, tout en passant ses mains sur les barreaux, les serrant avec une certaine force qui était bien cachée en elle.
Elle aurait pu ne pas être touchée, et rester de marbre, tout comme son père, manifestement. Mais elle agissait vraiment bien!
Cela prêtait à sourire, étrangement.

Une conversation qui devait avoir commencé bien plus haut, à l'abris de l'humidité, se poursuivait devant lui. A en comprendre, elle devait faire un choix, par punition. Un choix qui, au final n'était pas si difficile à prendre en connaissant le caractère de la Bretonne.
Mais le connaît-on réellement, ce caractère? Diantre, que non point. Il faut tout d'abord une carte pour ne point se perdre dans les méandres de son esprit, puis, quelques jours à vadrouiller dans ce labyrinthe, tout en cherchant ce fils d'Aryane, et enfin, pourquoi pas, un bistouri pour aller bien plus rapidement.

L'oeil du Duc perla en une étincelle lorsqu'il scruta cette femme qui, contrairement à lui, était une fois de plus vêtue de façon à... non, en fait elle était vêtue trop sagement, bizarrement, mais vêtements qui lui allaient à ravir tour de même.
L'homme qui l'accompagnait s'en alla, la laissant seule, plantée ici, devant lui avec ce choix presque stupide en d'autres circonstances.
Elle lui adressa enfin quelques mots d'une voix tendue et prêtant encore une fois le sourire à Dariusz. Rien ne pouvait lui faire tant de bien que cette mélodie magnifique. Surtout que cela résonnait entre les murs, malgré l'intensité minime de la voix.
Lui, par contre, dû répondre d'une voix rauque et presque trop forte. Le pauvre avait forcément attrapé un pauvre rhume.


-Ma chère et tendre femme...

Il lança ces mots comme une ironie, une taquinerie, une blague de fort mauvais goût en pareils instants. D'ailleurs, il préféra poursuivre sur cette lancée.

-Ne restez point ici-lieu. Le froid vous engourdira et cette douce voix qui est vôtre ne sera bientôt plus.
Allez donc vous réchauffer près d'une de ces grandes cheminées que l'on connaît dans les plus beaux châteaux de ce monde.
Et si, par plaisir pour moi, vous pensez à mon être lorsque vous serez au chaud, un vaste plaisir s'emparera de mon être pour, à son tour, se réchauffer.
Voyez-vous la simplicité de la chose?


Il souffrait à trop parler, mais ne pouvait s'en empêcher, il était plus bavard qu'une jeune dépucelée après l'acte, celle qui parle sans cesse après avoir connu les plaisirs de la chaire, qui parle à cet homme qui ne pense qu'à une chose, dormir paisiblement pour échapper aux mots tonitruants.
Lui, était ainsi, différant, à préférer déblatérer que de se taire.


-Mais... puisque vous êtes ici. Quel bon vent vous amène en ma modeste demeure?

S'ensuivit une quinte de toux assez longue
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Marzina
Etes-vous quelqu’un de bien ?

C’est plus ou moins la question qui rebondissait dans la tête de la blonde. Est-ce qu’elle était quelqu’un de bien ? Hier, elle aurait dit oui, tentant de faire la charité quand elle le pouvait, passant de temps à autre à la messe, se confessant quand elle n’avait rien à faire, se tapant la discut’ avec les paysans qui cultivent ses potagers, et tentant de devenir pacifique malgré son fougueux caractère. Aujourd’hui, elle ne savait plus trop, sa décision serait surement décisive pour la réponse à cette question qu’elle se posait à elle-même.

Le duc avait certes perdu de sa superbe, même avec le vomi de Marie sur ses chausses il avait l’air mieux que maintenant, on avait peine à croire qu’il était noble, la seule différence avec le prisonnier d’à coté c’était ses vêtements. Il faut croire qu’Elfyn n’avait pas été si cruel, il lui avait laissé les siens. Elle n’était pas très rassurée dans cet endroit qu’elle n’avait jamais visité. Elle n’avait visité qu’une fois des geôles, celles des terres du Duché de Retz, tandis qu’elle jouait à cache cache avec Arzhur, mais ces geôles là n’étaient alors peuplées que de rats. Celles de Nantes étaient un peu plus remplies, les ennemis à la royauté étaient plus nombreux que les ennemis de l’ancien Duc de Retz. Elle frissonna un peu, il faisait frais, et la vision de toutes ces personnes en train de se dessécher entre ces vieilles pierres lui glaçait un peu plus le sang. Il valait certes mieux que la prison ne ressemble pas à Center Park pour attirer trop de monde, mais un coup de balai ne serait pas du luxe. Et une bonne dératisation aussi. Même si elle était contre la torture des animaux.

Sa voix a lui avait changé, elle n’était plus la même, elle en était certaine. Elle l’aurait presque plaint, jusqu’à entendre les mots qu’il prononça. Elle ne broncha pas, mais son petit nez se fronça, signe de contrariété. La suite pourtant, elle ne la prit pas pour une blague. Il faisait bien trop froid pour une princesse ici, elle allait attraper la mort ! Par contre une cheminée, il fallait pas pousser, elle avait l’habitude qu’il fasse plus froid dans les châteaux que dans les maisons de campagne où elle passait son temps libre lorsque sa mère n’était pas encore mariée. Et elle ne pense à personne d’autre qu’à elle-même quand elle est bien au chaud, ou alors à Cheshire, pour qu’il vienne se lover sur ses genoux.

Elle ne l’écoutait pas vraiment attentivement, il parlait trop, et la patience et la concentration de la blonde avaient toujours été très limitées. Son oreille parvenait à chopper ici et là les mots importants qui lui donneraient les informations adéquates, le reste ne passait pas le filtre de ses pensées. Oh, un rat justement. Qu’est-ce que ca court vite…Et zhou, dans la cellule du polak ! Espérons que ces petites bêtes ne soient pas carnivores. Regard dans une cellule non loin, vers un prisonnier au corps si décharné qu’on aurait dit un cadavre. Ah ben si, ils le sont peut-être bien.


« Mais... puisque vous êtes ici. Quel bon vent vous amène en ma modeste demeure? »

L’attention revient sur lui, et elle attend qu’il ait fini de se décrocher les poumons avant de répondre. Elle grimace, choisit soigneusement ses mots, et annonce, hésitante :

« Eh bien…il semblerait que mon père n’ait pas totalement apprécié ce mariage et les conditions dans lequel il s’est déroulé…Il est un chouïa agacé. Juste un chouïa. »

Et puis, elle mime le chouïa en question, entre l’index et le pouce.

« Apparemment…je dis bien apparemment…Il serait question que je reconnaisse le mariage, pour vous faire sortir de prison…Mais ne vous inquiétez surtout pas ! »

Sourire malin sur le visage de la blonde, et elle se rapproche un peu plus des barreaux, passe son petit nez à l’intérieur, et chuchote :

« Je ne compte pas accepter ce chantage. Il finira bien par céder ! Il ne va pas laisser un duc étranger croupir dans les geôles de Nantes comme n’importe quel gueux de bas étage ! Il cédera. Pas moi. »

Pauvre, pauvre polak…Il faut croire que la blonde bretonne a la tête bien trop dure pour qu’on tente d’y introduire n’importe quelle idée par la force. Elle a décidé le bras de fer avec son père, fait fi de la situation de Dariusz, comme une belle égoïste qu’elle est. Elle n’a jamais pensé à autrui avant elle, pourquoi elle commencerait aujourd’hui ?

Non, je ne suis pas quelqu'un de bien.

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Dariusz
La douce mélodie vocale sonnait comme une sonate, lacrymale.
Parfaitement audible, chacune des notes s'entrechoquèrent sur les murs de pierres, sinistres, dans un échos formidable qui pourrait rendre fou le plus grand des mélomanes.
Handicapant que de percevoir des mots joliment formulés, mais sans bon fondement. Au final, que palabres.
Il baissa la tête à la dernière phrase. Il avait espérait. Mais il ne fallait point trop en mander dans sa situation.
Il soupira grandement entre deux quintes de toux.


-Vôtre Altesse. Non point désireux de vous ordonner, mais puissiez-vous me laisser en ma seule compagnie?
J'aimerai... avoir le temps de réfléchir pendant que vous... vous ferez joutes verbales avec vôtre bon père.


Oui, même s'il se trouvait dans ces geôles par la faute du père de cette Princesse, il ne pouvait que le trouver bon, de devoir supporte pareille féminité à son bord.
S'il s'agissait de Dariusz, il aurait déjà placé sa fille dans un quelconque couvent, voir même, dans ces geôles, sans même penser à quelques peines ou remords.
Il l'avait fait pour son fils, cela ne le gênerait donc pas, il en serait capable.
Mais cet homme qui semble être un grand Roy devait avoir une patience légendaire et infaillible pour apporter les mots aux caprices plutôt que les poings. Ce ne devait point être une brute épaisse sans cervelle et sans éloquence.
Pardi, que ne fut-ce un ami qui puisse apporter une certaine expérience à la fougueuse jeunesse de ce Duc Polonais.
D'un autre côté, cela faisait les pieds à ce dernier que de se retrouver en pareille circonstance.
Avant même de laisser répondre la jeune femme, il désira ardemment se rapprocher de son fils qu'il avait fort délaissé. La leçon de vie commence aujourd'hui.


-Mais, seulement, avant que vous ne preniez fuite, écoutez la volonté d'un condamné. Puissiez-vous avoir la grâce et la gentillesse, que je ne doute point que vous puissiez trouver au fin fond de vôtre esprit, d'envoyer missive à mon fils, Aymeric, pour lui convenir de la situation et lui octroyer temps de venir ici-lieu avant que... Je vous en serai gré, éternellement.

Il inclina sa tête de sorte à être respectueux dans un dernier salut.
Il se trouvait contrarié. Contrarié de cette femme qui reste à jouer la Grande Dame alors qu'on fond elle ne reste qu'une enfant qui a besoin de reconnaissance, voire de l'amour d'un père ou du moins d'un remplaçant comme un époux.
Chacun de ses gestes semble être provocations à l'égard du Roy, ou d'autres hommes. La complaisance du sexe opposé pour pouvoir torturer l'ennemi de l'autre classe. A en juger de tout ceci, elle était en souffrance morale et certainement physique, cela se ressentait à plein nez, avec puissance.
Rien ne pouvait s'échapper plus puissamment que cette vérité-ci.

Mais fallait-il être contrarié de tout ceci?
Ou simplement compatissant?
Moult choix se posent devant lui.
A lui de faire le bon.
Mais est-ce si important à présent?


-Je vous remercie, Vôtre Altesse, de l'intérêt que vous m'eussiez porté il y a quelques temps déjà.

Qu'elle s'en aille, que cela ne soit pas plus douloureux ou il s'en trouverait dans une situation encore plus embarassante qu'à présent.
Il s'en était entiché, de la belle blonde. Et il en payait le prix d'avoir pu toucher, sur la carte même, le bout d'une nouvelle vie dans un nouvel horizon.
D'avoir pu placarder sur une porte ces quelques pensées royalement suffisante.
Certainement tombait-il trop rapidement en amour devant la grâce divine du corps féminin et des pensées si peu philosophiques qu'elles dégagent lors de débats autour d'un verre de miel aux cantates alcoolisées.
Les gestes si pleins d'un charme certain, des mouvements jambes qui rendent le haut toujours plus respectueux. Oui l'homme respecte certaines parties de l'anatomie féminine.
Et puis, les voix, si aigües, si graves, si perturbantes, détruisantes... infaillible.
De vraies déesses ambulantes.

Les Princesses viennent de Vénus,
Les Polonais viennent de Mars.

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Marzina
« Vôtre Altesse. Non point désireux de vous ordonner, mais puissiez-vous me laisser en ma seule compagnie? J'aimerai... avoir le temps de réfléchir pendant que vous... vous ferez joutes verbales avec vôtre bon père. »

Le nez se fronce à nouveau, contrariée est la princesse. Alors comme ça sa présence la dérange ? Môssieur veut rester seul à faire la discussion aux rats ? Soit ! Il aura tout le temps de faire leur connaissance alors, parce qu’elle ne reviendrait pas le voir de sitôt ! Et tandis que déjà elle attrapait sa robe afin d’en soulever le bord pour disparaitre de ces geôles sans un regard en arrière vers le polak, elle l’entend prononcer d’autres mots.
Volonté d’un condamné ? Nan mais il veut pas une crêpe et cent écus aussi ?! Bon, qu’est-ce qu’il veut encore ? Qu’elle écrive à son fils ? Mais elle le connaissait même pas l’abominable rejeton qu’elle avait promis à Mini Rousse ! Elle y penserait à l’occasion, si elle n’avait rien à faire. D’une voix froide, insensible, elle répond seulement :


« Si ma présence vous incommode tant, ne vous inquiétez pas, je ne vais pas moisir ici plus longtemps. J’écrirais à votre fils. »

Peut-être. Regard noir, insensible mais d'une cruauté sans bornes.

« Ne comptez pas mourir, mon père n’en a pas fini avec vous. Ni même avec moi. Il ne vous laissera pas passer l’arme à gauche à votre guise. »

Et alors que ses pas résonnaient dans le couloir, la même voix glaciale, empreinte de sourde colère, ajouta :

« Je n’ai que faire de votre reconnaissance éternelle. Ou de vos remerciements. »

Et c’était bien vrai. Personne ne comptait vraiment pour elle, mis à part Elfyn et Marie. Elle avait toujours tout fait parce qu’elle en avait envie, les autres ne comptaient pas.

Les autres, c’est le mal, la faiblesse de l’être humain, et elle était bien au dessus de ça.



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Elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait, se saouler au chouchen ou s'empiffrer de sucreries, la chose la taraudait: le polak était coincé dans les prisons de Nantes par sa faute. Enfin, techniquement ce n'était pas sa faute, remettons les choses à leur place: c'était en partie à cause de Chikaka parce qu'elle l'avait kidnappé à Bordeaux, et en partie de la faute d'Elfyn, parce que c'est lui qui l'a jeté en prison. Elle, elle n'était que la pauvre victime d'une odieuse machination, se retrouvant prise entre le marteau et l'enclume, autrement dit entre le mariage et sa conscience. Elle ne céderait pas au chantage! Bretonne ne plie pas sous la menace!
Formulé autrement, ca voulait aussi dire que le polak allait continuer de dépérir en prison. La vie est cruelle parfois. La blonde aussi. Malgré cela, étrangement, elle ne se sentait pas bien, comme si elle avait un lourd fardeau qui pesait sur ses épaules.
Etrange non? Aurait-elle un début de conscience?


"Je suis en manque de chouchen Nounig, amenez-moi une bouteille!"

Ah non, c'était sûrement ça...
Elle serait bien allée discuter avec le polak un peu, pour lui faire une visite aussi, mais surtout, parce que sa conscience en avait grandement besoin, bien qu'elle se persuade du contraire, l'éducation de sa mère avait été implantée profondément en elle, et elle ne pouvait pas s'en défaire. Sa mère, elle, était quelqu'un de bien, et ca la rattrapait...Mais le polak avait été odieux avec elle! Il l'avait virée comme une malpropre de ses propres geôles! Il ne voulait plus la voir? Tant mieux, elle non plus, il pouvait bien crever, elle n'irait pas lui rendre visite! Et dire qu'elle avait protégé son fils pendant qu'il était en prison, quelle ingratitude!
Mais cette décision devenait de plus en plus difficile à tenir, elle se sentait de plus en plus mal, comme si une force inconnue l'empêchait de prendre plaisir dans les choses qu'elle aimait faire. Même plus le droit de pécher gaiement!
Elle en déduisit finalement que c'était parce qu'elle n'avait pas exprimé pleinement sa colère contre Dariusz, qu'elle ne lui avait pas dit tout le mal qu'elle pensait de lui.
Bien, très bien, elle allait faire ça! Et ensuite, elle pourrait à nouveau faire tout ce qu'elle aimait, laisser crever le polak dans son coin, et envoyer bouler son gamin avec!

Après une bonne semaine d'absence donc, elle finit par descendre aux geôles, le petit nez froncé, signe que la guerre était déclarée avant même qu'elle ne le voit. Elle se dirigea droit vers sa cellule, n'hésita que l'espace d'une micro-seconde, et puis se planta devant lui. Heureusement, les grilles protégeaient le polak de la bête féroce qui s'était introduite dans les geôles de Nantes ce jour-là. Bref regard sur son état encore plus pitoyable que la dernière fois, on fait fi du léger pincement au coeur qu'on ressent, et on sort toute la haine qu'on possède:


"Ah! Bien! J'espère que vous souffrez maintenant! Que vous regrettez amèrement de m'avoir parlé si rudement la dernière fois! Et d'avoir osé posé vos doigts sur mon auguste personne!"

Odieuse, cruelle créature. L'égoïsme en elle ne semble pas avoir de limite, et la haine déborde de son contenant de chair et d'os, déversée par de fines lèvres rouges. Pourquoi elle est tellement en colère? Elle ne sait même pas vraiment elle-même, le fait qu'il lui donne congé ainsi la dernière fois l'avait mise hors d'elle, et elle ne préférait pas chercher à en comprendre les raisons, juste à lui faire regretter amèrement. Les yeux noirs, tandis qu'ils se posaient sur le duc polonais semblaient plus amers que jamais, et droite, hautaine, elle ajoute comme pour remuer un peu plus le couteau dans la plaie:

"Votre fils ne viendra pas. Il semblerait qu'il se soit frotté à une armée en Limousie, il n'est pas en état de bouger de là-bas. D'autant plus qu'il y est accusé de brigandage par deux personnes extrêmement influentes. Il faut croire qu'il tend à rejoindre votre destin."

Elle était méprisante, distante, blessée...ca la rendait impitoyable.
Elle ne dira pas qu'elle avait pris un certain plaisir à entretenir une correspondance régulière avec le jeune Aymeric, qui l'amusait un peu, et qu'elle s'était finalement assurée qu'il ne lui arrive rien. Mais elle ne lui dira pas non plus que son fils allait se faire baptiser, et qu'elle avait la conviction que c'était en vue d'un mariage.
En fait, elle ne sait même plus quoi lui dire. Maintenant qu'elle a déversé sur lui toute la haine qu'elle avait, elle ne s'en sent pas mieux, juste infiniment lasse.

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Dariusz
Que ça pousse vite une barbe.
Si rapidement dans un endroit barbant, presque barbiturique que tout cela.
Mais, par un poil qui s'éffichole, grandit de jour en jour, la vie, elle aussi, s'en va de plus en plus de minutes en minutes. Grand art que le temps qui se dessine sur le visage d'une personne, heureuse, malheureuse, insomniaque ou gros badaud, le sceau en est le même pour chacun et indéféctible. Même si la plupart des explorateurs sont à la recherche du Graal ou d'une Fontaine de Jouvence qui permettrait de contrer l'abomination farfelue que le temps exerce sur nos fonctions motrices et surtout spirituelles ainsi qu'au niveau de la beauté.
Bref, tout cela pour signifier que le bon vieux duc se retrouve toujours enchaîné dans sa geôle adorée (il s'en est fait une raison et a adopté quelques rats comme amis) et qu'après tout juste une semaine dans le noir presque complet, dans la souffrance de l'odorat et des muscles multiples par quelques contusions mal avisés, le voilà vieilli de près de 20 ans, rien que cela. Des rides d'expression qui n'existaient pas étaient appuyées par la largesse d'une barbe assez imposante. C'est qu'un polak pousse vite, comme les mauvaises graines.
Il avait bien maigrit durant ces quelques jours car passer d'une poularde et d'un pâté de sanglier aux truffes avec quelques cuisseaux de biches et du faisan à la broche farci aux cèpes d'outre-terre, passer de ça à un crouton de pain totalement rédibitoire et indigeste de par sa dureté, sa fermeté, son manque de vie....
Et ne plus boire une goutte de wodka ainsi que de bons vins, pour terminer dans un petit bol d'eau croupie... Cela forgeait une certaine silhouette.
Régime que l'on conseillerait à la plupart des... femmes qui le désirent.
De toutes façons, il ne cessait de vomir. Allez comprendre. Et aucun médecin à son chevet. Juste lui et... Bobby.

Bobby le Rat.

Il fallait bien parler à quelqu'un ou quelque chose. Et bien il y avait ce rat qui ne cessait de le regarder et lui bouffait aussi les vêtements. Allez comprendre. Il aurait pu bouffer le quignon de pain, mais non, il préfère les vêtements sales et boueux.
D'un côté, Dariusz aurait aussi préféré bouffer ses propres vêtements plutôt que la défection que l'on servait.
Un jour, il portera plaindre et tapera une esclandre à l'intention du Roy pour retrouver une dignité perdue au fond de ce trou à Bobby... euh.. à rats.

Le prisonnier ne cessait de tousser, de s'étouffer avec le peu de salive qui flottait encore à son palais. Il crachait même un peu de sang, mal remit d'une maladie précédente qui eut bien fait de l'empêcher de rencontrer cette princesse. Mais il se voulait fort, alors il ne dit rien.
D'ailleurs, c'est toujours son problème, il veut se montrer fort, ce pourquoi il aura demandé à la Princesse de partir plutôt que de le contempler dans cette déchéance profonde et cette misère qui ne lui sied point, aucunement.
Il ne fut qu'une seule fois dans sa vie, dans cette misère absolue. Une fois qui a duré presque deux ans.
Lorsqu'il fut bannie de sa famille par son propre père pour aller s'exiler dans l'Oural sans plus jamais pouvoir retourner dans son pays natal. D'un côté, il aura tué sa mère. Mais elle l'aura mérité aussi.
Il ne fallu attendre que la mort du père pour qu'il retrouve grandeur et grâce ainsi que richesses. Que lui importe s'il pouvait seulement bien se nourrir et porter bons atours.
Pour le reste, il s'en fiche.
Foutue mère, que le Très Haut la damne encore pour quelques années d'avoir amené le malheurs dans le coeur du jeune polonais qui, du coup, comme une pierre qui roule, l'avait mené à cet endroit.
D'un côté, ce n'est peut-être pas réellement de sa faute, mais un peu tout de même.



Même pas le temps de terminer d'insulter sa mère qu'il leva la tête très péniblement pour contempler à nouveau une silhouette féminine. Il aurait cru que cela faisait quelques mois qu'il ne l'avait point vu, mais c'est dû au décalage horraire de la prison, ça arrive souvent.
Il tenta un sourire maladif, mais on ne pouvait point le voir sous sa barbe mal taillée.
Et l'écouta, sans dire aucun mot qu'avec les yeux seulement.
Il toussait de temps à autres, puis crachait toujours une basque de sang. Mais il ne dit rien.
Rien à dire de toutes façons.
Il était bavard, mais là, c'était elle qui devait s'exprimer, voilà tout. Elle était en position de force et appréciait certainement cela.
Oui, une pointe de rancoeur se ressentait ardemment. Il la voyait presque comme sa défunte mère pour le coup.
Mais parfois, il la voyait même comme un bon petit poulet cuit au feu, fumée, vapeur, odorat heureux. Il y a avait tout. Elle sentait même le poulet.
Depuis le temps qu'il la trouvait à croquer.
Oula, il s'égare le malheureux!

Revenons à nos poulets.

Elle parlait sans vraiment qu'il n'y ait de mots intéressants. Insipides.
Voilà tout.
Si bien, qu'il ne l'écouta même pas et qu'il n'oui rien à propos de son fils.
Filet de bave coulant le long de sa lèvre, du menton. Il tenta de s'exprimer.
Mais d'abord, encore une giclée de sang, cette fois non point sur le sol, mais sur Bobby.


-Pardon Bobby...

Regain d'énergie, yeux pétillants en direction de ceux de la Princesse, et d'une voix qui se veut totalement naturelle, sincère et puissante en une certaine émotion que l'on ne pourrait décrire qu'en vivant l'instant même, il déclara ce qui suit:

-Vous me manquiez Marzina... terri...blement. Content d'vous voir

Il baissa la tête, regarda le sol et s'imagina une douce mélodie qu'il fredonna doucement, presque inaudible, dans sa petite prison.
Il fit bien cela pendant une bonne minute pour rester en silence à contempler ensuite la jeune femme.

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Marzina
S’accrocher au petit reste de colère, pour ne pas ressentir quoique ce soit d’autre, ne pas faiblir.



Trop tard.

Les yeux se sont attardés sur le duc, et les souvenirs ont fait ressurgir son ancienne apparence, son esprit a fini par la comparer à l’actuelle…Elle déglutit difficilement. Il est plus diminué que la dernière fois, il dépérit, ça l’atteint elle, finalement. Elle n’est pas si mauvaise personne, elle ne veut pas non plus être quelqu’un de bien. Mais elle est égoïste, pour de vrai.

Mais l’égoïsme n’a plus rien à voir là dedans maintenant, c’est bien autre chose. Si vraiment l’égocentrisme était la seule raison, alors elle ne se sentirait pas aussi affectée par son état…Et bien qu’elle essaie de n’en rien montrer, elle est triste pour lui, et un peu horrifiée aussi. L’Ankou l’a toujours horrifiée. Quand on le voit trop jeune, on ne peut plus oublier cette image. L’odeur non plus. Et les rats trainent cette odeur avec eux. Les geôles sentent la mort à plein nez, c’est la maison de campagne de l’Ankou.
Ca sent le vomi aussi. Et c’est pas la faute à l’alcool. Il n’y a bien que Marzina qui soit ivre, dans ces geôles.

Ou peut-être Bobby aussi. Bien qu’elle n’ait pas prêté attention au rat, elle ne voyait que la mort, la mort partout autour d’elle, qui se faufilait, s’insinuait partout…Et la mort la terrorisait. Les yeux de la blonde s’attardaient sans qu’elle le veuille sur les détails de la maladie, les flaques sur le sol, le sang autour de sa bouche, sa maigreur, sa pâleur, la perte d’éclat dans ses yeux…Ca mouille ses yeux à elle, mais elle ne dit rien, et elle détourne les yeux. Elle se rend compte qu’elle est toujours autant en colère, mais finalement, elle a maintenant l’impression que c’est contre elle qu’elle est en colère. Elle voudrait bien faire ce qu’il faut pour le faire sortir de prison, elle le veut oui…mais elle ne peut pas. La sortie ça va, le problème c’est la suite. La suite la terrorise. Et elle s’en veut terriblement, d’être aussi couarde, de n’être pas digne de faire partie du peuple breton, si connu pour sa bravoure.

Elle est faible.

Faible parce qu’elle a peur, et faible parce qu’elle s’était souciée, l’espace d’un instant du moins, d’un autre qu’elle. Elle va avoir mal. Elle ne veut pas avoir mal, mais c’est ce qui arrive, quand on ajoute un autre. Elle a déjà mal, pour Elfyn qui est plus triste que jamais. Elle a mal, pour Marie qui a perdu son enfant. Elle ne veut pas avoir plus mal encore…Pas comme la dernière fois, l’Ankou était passé si près, il l’avait frôlée, elle avait même pu toucher le tissu de sa cape, entendu le grincement de sa charrette…Elle avait bien cru qu’il lui arracherait sa vie. Il ne lui avait finalement pris que ses souvenirs, ses souvenirs et son enfant. C’était un avertissement, oublie-le, oublie Enguerrand, ne recommence plus, ou la prochaine fois sera la bonne !


« Vous me manquiez Marzina... terri...blement. Content d'vous voir. »

L’eau salée remue devant les yeux noirs, et la lèvre inférieure tremblote un peu. Elle la mord, du plus fort qu’elle le peut, et ca marque sa peau. Mais il est trop tard, tout comme la première larme roule sur sa joue, en entrainant une autre ; l’eau infiltre la digue, creuse le trou, et c’est l’inondation. Elle entend la mélodie qu’il fredonne, et ça l’agace, c’est presque comme si s’en contrefichait, alors qu’elle était bouleversée. La voix tremble, elle est un peu hésitante même, mais elle semble forte quand même. C’est les mots qu’elle prononce en fait, qui font cette puissance.

« …Dariouz, écoutez-moi…Je…Je vais vous faire sortir de prison je…je vous le promets ! Je voudrais juste…promettez-moi qu’une fois sorti, vous disparaitrez !…Promettez-le… »

La voix faiblit un peu, devient presque une supplication, et elle tombe à genoux, en pleurs, une main toujours sur l’un des barreaux froids de la grille. Sa lâcheté lui fait honte, mais elle n’arrive pas à passer outre, elle ne s’en sent pas capable, et répète encore :

« Mar plij, Dariouz…promettez-le moi…je vous ferais sortir… »

Elle s’essuie les yeux avec le dos de sa main, encore, et encore une fois. Et encore. Et elle hoquète :

« Vous…devez…me le..promettre… »

Voilà où elle se retrouvait finalement, incapable de faire confiance à un membre de la race humaine...
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Dariusz
Solstice d'été et de l'âme.
Eclipse d'une raison qui file sous la lumière assombrissante.
Difficulté à mouvoir plus qu'il ne l'est possible dans une cage malheureuse.
Impossibilité de penser.
L'homme s'éteint et se perd dans un labyrinthe horripilant, un dédale de murs ce lequel sa tête frappe sans cesse, sans aucun arrêt à l'escale du bonheur.
Mélancolie, tristesse, nostalgie d'un passé meilleur.
On tend la main, mais le perd, à jamais...
A jamais.

Des choix, dans cette vie, sont à faire, et refaire, voir et revoir, sans que l'on ne fasse jamais le bon. Il arrive des instant où l'on se contente du peu, que l'on perçoit le meilleur, mais, irrémédiablement, cela conduit à un trouble majeure qui change le sens de la vie.
Sens de la vie qui, d'après Aristote et Christo, est vérité d'amour. L'amour qui file lui aussi sous tout les petits doigts boudinés d'une loque enfermée.
Amour désiré.
Amour approché.
Amour altéré.
Puis, l'on passe à la haine et au méprit, dans un simple claquement de deux doigts, dont le majeur.
Un doigt d'honneur à deux doigts de la fin.

Arrières!
Fausses vérités!
Que cela ne gâche en rien ce qui se passe dans cette insignifiante vie qui ne l'est point tant.
Rien à regretter. Rien à refouler. Tout se passe selon nos volontés, nos propres choix, nos propres envies. Seules les pensées adverses, qui sont fortement basses, peuvent conduire à un désaccord cuisant, mais non véritable.
Le cas en est à présent. L'homme désire cette femme.
Cette femme ne désire point cet homme.
Mais cela en raison de vertu, ou de peu de vertu justement.
Elle s'en sert comme d'un mouchoir que l'on jette violemment après utilisation. Peut le reprendre s'il lui en manque. Mais ne s'attaque pas aux choses superficielles.
Seulement, c'est bien cela qui est superficiel, contrairement à l'amour qui se trouve être éternel.
Et cette Princesse qui fit bas des convenances en épousant ce Duc sans accord préalable de la famille intéressée et des ouailles, si l'on puis dire la chose de la sorte.
Cette vérité indique l'intérêt qu'elle lui porte. Et pourtant, elle divulgue son besoin de l'anéantir, de le rejeter.
Elle lui mande tout bonnement de prendre la fuite, de ne plus la revoir. Alors que lui, au contraire, s'en approche toujours un peu plus, affrontant les moult dangers toujours plus affreux jusqu'à terminer dans un clos pourri.
Et ensuite, l'on dit que les hommes ne pensent qu'avec leur engin...
Soit, cela arrive, mais n'est aucunement le cas dans cette affaire.

Mais que répondre à cette Dame lorsqu'elle fait part, avec tristesse, de son malheurs et de son besoin de voir l'homme s'en aller sans réclamer son dû?
Valait-il mieux rester enfermé jusqu'à ce que la mort nous sépare?
Ou fuir lâchement pour ne plus revoir cette luminosité dans la pénombre et rester enfermé dans l'aveuglement le plus total?
Sacrifice dans les deux cas. Choix cornélien tout aussi difficile à prendre que celui de Marzina.
Il se contenta de fredonner son air préféré, un air de valse, comme il envoie intérieurement valser les choses néfastes qui lui troublent l'esprit, les pensées, l'intelligence.
Mais il ne fredonnait pas dans un dessin de rendre croissant la haine de la femme, de sa femme, mais simplement parce qu'il était perdu dans un tout autre univers qui n'était pas siens. Un univers dans lequel les rats se nomment Bobby, Vector, Roger, Ben. Et où les lapins sont roses et joyeux.
Oui, un univers crée pour oublier la peine qu'il puisse endurer.
Tout comme celui qu'il se fut crée dans sa toute jeunesse. Sauf que dans le passé, son univers était agrémenté de sang et de haine. Il aimait, à cette époque, couper les membres et les crânes d'écervelés.

A la fin de sa valse et de la danse des méninges, il reprit conscience, légèrement, retombant sur la terre ferme en un choc violent et perceptible en son séant.
Il la contempla, une nouvelle fois, appréciant toujours un peu plus les courbes si gentiment dessinés.
Et d'une voix basse, calme et fatiguée, sembla se répéter encore et toujours.


-"Que la Bretagne est belle"

De son sourire qui vint s'apposer sur son visage et qui illumina ses mots sans aucune arrière pensée que celle de complimenter la jeune femme et de lui dévoiler ses vérités, ses vérités à lui. Puisqu'il la voyait réellement de la sorte.

-Je ne puis vous promettre pareille chose. Je serai obligé de bafouer ma parole. Et cela, je ne le puis.

Gardant son visage presque trop béat, il la fixa toujours intensément dans les yeux. Il aurait tout de même souhaité pouvoir lui prendre la main et lui sécher les larmes. Mais il ne le pouvait guère.

-Je resterai donc ici. Dans ma nouvelle et dernière demeure. Vous ne pouvez rien y faire, c'est mon destin...

Glorieux destin, n'est-ce pas?
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Marzina
Les deux genoux sur le sol froid et sale de la prison, la tête baissée, elle écoutait. Mais elle savait déjà, elle savait ce qu’il allait répondre, d’où les larmes qui coulaient sur ses joues. Elle se doutait qu’il n’accepterait pas, depuis qu’elle avait rencontré son insistance à protéger ce mariage à Paris, elle savait qu’il n’y renoncerait pas. Elle avait même eu un doute, l’espace d’un instant, lorsqu’elle l’avait vu en prison la première fois…Elle avait bien cru qu’ils s’étaient ligués, lui et Elfyn, contre elle. Idée bien disparue depuis une semaine.

"Que la Bretagne est belle."

Elle le savait donc, et pourtant, elle espérait quand même un peu qu’il accepterait, cela aurait rendu les choses tellement simples…Pour elle du moins, et pour lui aussi, c’est ce qu’elle croyait. Elle était même prête à subir la fureur de son père s’il apprenait qu’elle avait participé à la fuite de Dariusz sciemment, en lui mentant effrontément lorsqu’elle lui aurait dit qu’elle acceptait les conditions de la libération du polak. Elle avait réfléchi à tout ça, elle l’avait trouvé acceptable, elle s’était dit que peut-être il réfléchirait, que la prison aurait effacé ses idées complètement folles et butées, qu’il aurait enfin vu la vérité en face : cela ne se pouvait pas. Ils ne pouvaient pas être ensemble.

Déjà, parce qu’ils n’allaient pas ensemble, ils étaient mal assortis : un vieux polak avec une blonde bretonne dans la fleur de l’âge ! Soyons sérieux une minute quoi ! Ensuite, parce que c’est un polak, il est fait pour vivre dans son pays, dont elle n’arrivait jamais à retenir le nom. Et puis parce que son nom à lui, elle ne savait même pas l’orthographier correctement. Et aussi parce qu’il a déjà un fils, un bâtard dont elle doit déjà s’occuper alors qu’il est en prison, alors si elle reconnaissait le polak comme époux, n’en parlons pas ! Et puis parce qu’elle ne veut pas, tout simplement ! Elle ne veut pas se marier, être mariée, avoir un époux. Et puis elle ne l’aime pas non plus. Et ça compte quand même. Du moins aujourd’hui. Parce qu’avant, elle disait qu’il suffisait que le mari qu’on lui trouve soit riche. Oui mais vieux aussi, prêt à mourir !
C’est plus ou moins le cas maintenant, pour le ‘prêt à mourir’…


« Je ne puis vous promettre pareille chose. Je serai obligé de bafouer ma parole. Et cela, je ne le puis. »

Ah, ce que ca l’énerve, ca l’agace, même par-dessus la peine qu’elle ressent, ca arrive quand même à la rendre furieuse ! Et il la regarde dans les yeux en plus, en proférant ses âneries !

« Je resterai donc ici. Dans ma nouvelle et dernière demeure. Vous ne pouvez rien y faire, c'est mon destin... »

Les yeux noirs fusillent à nouveau ses yeux à lui, le nez se remet à froncer, et l’index se pointe vers lui tandis que d’une voix chargée de sanglots mais néanmoins accusatrice elle dénonce :

« Vous êtes stupide Dariouz ! Vous êtes stupide et vous allez en crever! »

Et puis elle s’assied plus loin sur le sol, contre le mur de l’allée, où il ne peut la voir, et elle croise les bras, renfrognée. Et parfois, entre deux sanglots, elle bougonne « Vous refusez de voir la vérité ! », « Un petit mensonge, ca n’a pourtant jamais tué personne ! », « Au contraire, ca pourrait vous sauver la vie ! », « Mais non, monsieur le polak est au dessus de tout ca, lui ! », « Vous êtes stupide ! », « Je vous déteste. », « Vous allez mourir à cause de votre stupidité ! », « Vous allez mourir, et moi je m’en voudrais. », « Moi je peux rien y faire à votre destin, mais vous vous pouvez et vous crachez sur la vie ! », « L’Ankou est déjà à coté de vous, soyez-en sûr ! ».

Et après avoir pleuré de longues minutes, le front appuyé contre ses genoux, les bras autour d’elle, le silence se fait, lourd et pesant avec ça. Bruit de chiffon froissé et la blonde se retrouve à nouveau debout devant la cellule de Dariusz, les yeux et le nez rougis. Nouveau regard noir rendu flou par les larmes. Et puis elle se redresse, et de sa voix chancelante lance une dernière pique :

« Si vous préférez la mort, et bien soit !.. »

Mais ce n’est pas ma faute ! Je vous ai offert une chance de vous en sortir !
Et la blonde disparait, elle s’en va, quitte les geôles et laisse Dariusz à sa mort certaine.
Vous êtes stupide, le polak. Je vous hais.


**********************************

« Pourquoi il a fait ça ? Pourquoi il a dit non ? Je ne comprends pas ! Et maintenant, il va mourir ! »

Révolte devant une assiette qui reste désespérément pleine. La princesse est assise à un bout de la longue table, seule, son père a encore du travail, il n’y a que la gouvernante qui lui tient compagnie pour le repas, mais la blonde n’a pas vraiment faim. Ninnog pousse un long soupir avant de tenter un début d’explication :

« Peut-être qu’il a son honneur lui aussi. N’y avez-vous jamais songé ? Tout comme vous ne voulez pas céder au chantage de votre père, lui ne veut pas céder au vôtre. Il a donné parole, et il la respecte. Et cela l’honore, vous devriez avoir plus de considération pour lui, il est homme de parole. »

La blonde fusille du regard la gouvernante, et répond :

« Vous êtes toute aussi stupide que lui ! Si je refusais par honneur, pour ne pas céder au chantage de mon père, je ne lui aurais pas proposé cet arrangement, qui revient à céder au chantage de Sa Majesté !
- Sauf qu’au final, vous comptiez le rouler dans la farine en faisant disparaitre le mari !
-Vous cherchez la petite bête, ce n’est pas de moi que l’on parle là ! La question de l’honneur est totalement idiote ! L’honneur a de l’importance sur un champ de bataille, il n’y a pas d’honneur quand on risque la mort par maladie dans une prison loin de chez soi !
-L’honneur ne réside pas dans la façon dont on risque de mourir, mais dans la cause pour laquelle on se bat. Sans but à défendre, point d’honneur. »

La conversation commence à prendre un tournant que la blonde n’apprécie pas, elle sent arriver des commentaires qu’elle n’aimerait pas entendre, et se lève brusquement, tapant des deux paumes de main sur la table en hurlant :

« Dans ce cas c’est ridicule, parce qu’il meurt pour rien !
-Ca c’est votre point de vue étriqué !
-Ah et qu’est-ce qu’elle pense elle, madame je-sais-tout ?!
-Elle pense qu’il meurt pour protéger son mariage ! »

C’est au tour de la gouvernante de s’énerver, visiblement affectée par la conversation plus que par le reste des frasques de sa princesse. C’est son coté aristotélicien, finalement elle l’a pas oublié, même en ayant à éduquer Marzina. C’est à nouveau elle qui brise le silence qui s’est installé, sur un ton de reproche :

« On ne badine pas avec le mariage Votre Altesse ! Vous avez accepté le Duc de Wroclaw comme époux devant Doué, vous pourriez toujours berner votre père, mais le Très Haut lui, jamais ! Il sait tout, et s’il vous pardonnera pour vos péchés, je gage qu’il lui sera beaucoup plus difficile de vous pardonner la façon dont vous traitez la parole que vous avez donnée, et dont il était témoin ! »

La princesse reste un instant la tête baissée, la mine boudeuse, et la gouvernante croit revoir l’orpheline qu’on lui avait confié des années plus tôt. Elle s’adoucie un peu, elle n’a jamais su rester sévère trop longtemps devant cette moue déconfite.

« Vous avez juré devant Doué, Mademoiselle Zina !
- Techniquement, c’était devant Tonton Arzhel…Et puis je demandais pas le divorce, juste qu’il quitte discrètement la Bretagne ! Peu m’importe d’être mariée, s’il n’y a plus de mari !…
-Il préfère peut-être l’espoir infime de vivre à vos cotés en tant que mari, que la certitude de vivre comme un fugitif, et seul…Et il est prêt à affronter la mort pour ça…
-C’est complètement absurde ! Il n’a que deux possibilités : être fugitif ou périr. Il n’y aucun autre espoir à avoir !
-Vous êtes dure Mademoiselle Zina…vous ne méritez pas tous les efforts qu’il fait pour vous…
-C’est bien ce que je dis depuis le début ! Il aurait dû accepter ma proposition ! »

******************************

La journée se termine, et la nuit s’ensuit. Blanche, la nuit. Et une princesse qui n’arrive pas à trouver le sommeil, une ! Elle revoit ses yeux, alors qu’il lui annonce qu’il ne bougera pas de là. Elle revoit ce regard-là, qui lui en rappelle un autre, qui fait revenir en elle des douleurs passées, qu’elle pensait avoir oublié. Elle se tourne, se retourne dans son lit, elle étouffe, la chaleur est suffocante. Et la nuit se poursuit comme ça de longues heures, jusqu’à ce que le soleil pointe et que la blonde se décide à se lever, d’énormes valises sous les yeux. La routine des femmes de chambre ensuite, pourtant peu habituées à la vêtir et la coiffer à cette heure avancée, mais elles font leur office…Jusqu’à ce que la princesse s’énerve sans raison apparente et les vire de sa chambre à grands cris. Elle reste affalée un moment sur sa coiffeuse, jouant nonchalamment avec l’un des objets qui y étaient posés. Et puis rompt le silence, demande à parler au responsable de la garde des geôles de Nantes. Elle attend de longues, très longues minutes, avant qu’il toque à sa porte, et soit invité à entrer. La voix, faiblarde en ce jour, se fait entendre sous l’amas de boucles blondes répandues sur la coiffeuse.

« Comment va-t-il ?
-Je prie Votre Altesse de m’excuser mais…de qui parlez-vous ?
-Ne faites pas semblant de ne pas comprendre…Le Duc Polonais.
-Eh bien…il semble difficilement s’adapter aux conditions de vie, mais c’est pas étonnant vu le milieu d’où il vient, ca doit être d’autant plus dur pour lui… »

La blonde ferme les yeux et prend une grande inspiration, contrariée.

« Je ne vous ai pas fait venir pour me dire des choses que je sais déjà, j’étais hier dans sa cellule, j’ai pu voir tout ca ! Ce que je vous demande, c’est comment il va depuis hier…comment a-t-il passé la nuit ?
-Bah comme tous les prisonniers je dirais…ils ne font pas bien la différence entre jour et nuit, ils dorment à n’importe quelle heure, mais il dormait cette nuit. Enfin je crois. On voit pas bien dans les geôles. »

Nouveau silence, la blonde se perd dans ses pensées, hésite peut-être, et sa voix s’adoucit alors qu’elle demande :

« Combien de temps pensez-vous qu’il puisse encore tenir, dans ces conditions ?
-A vrai dire…Je ne sais pas Votre Altesse, tout dépend de Doué et…
-Je ne vous demande le refrain que vous répéteriez à votre princesse, pour la ménager des horreurs qui se passent là-bas. Je vous demande la vérité, ce que vous en pensez, d’après votre expérience…
-Et bien…je…hum…En fait, je suis surpris qu’il soit encore en vie…Lors de la dernière guerre, lorsqu’on avait pris quelques nobliaux françoys dans les geôles, ils avaient passé l’arme à gauche bien avant. Je pense que ce n’est plus qu’une question de jours. Peut-être même d’heures… »

L’annonce semble la choquer, elle ne pensait pas que ca serait si…proche. Elle n’imaginait pas la situation aussi critique…Ou peut-être finalement le savait-elle, mais avait choisi de l’ignorer…De fermer les yeux. De ne pas savoir. ‘Il risque de mourir’, c’est bien différent de ‘il va mourir dans les jours/heures à venir’, non ? La probabilité n’est pas la même, l’échéance non plus. Elle descend vers les geôles, suivie du chef de la garde. Elle essaie de ne pas se précipiter, d’y aller comme si de rien n’était, mais elle est inquiète quand même, alors le pas accélère un peu, juste le temps d’un instant tout d’abord, mais les geôles sont plutôt à l’opposé de ses appartements…Elle accélère à nouveau, et sans s’en rendre compte finalement, en arrive presque à courir…Lorsqu’elle arrive devant la cellule de Dariusz, elle est complètement essoufflée.

« Dariouz ! »

Elle voit bien la forme de son corps, là-bas au fond de la cellule, mais il ne bouge pas, ne réponds pas. Affolée, elle se tourne vers le chef de la garde, demande avec brusquerie :

« Depuis quand est-il comme ça ?
-Depuis hier soir, je vous l’ai dit, ils ne savent plus faire la différence entre jour et nuit ici…
-Mais il ne dort pas ! Regardez, il ne réagit plus !
-Ce sont des choses qui arrivent Votre Altesse, on n’y prête plus attention. Ce sont les gêoles ici, les gens ne restent jamais très longtemps dans ces cellules…Ils sont là pour mourir dans la souffrance et l’oubli, expier leurs crimes…pas pour finir centenaires !
-Arrêtez donc votre cours militaire et ouvrez donc cette cellule, imbécile !
-Vous ne comptez pas le sortir de là ?
-Bien sûr que si, je ne vais pas l’y laisser mourir, il n’a pas mérité ca!
-Si vous voulez mon avis, j’pensions qu’il est trop tard…M’enfin…Vous savez que je serais obligé de prévenir Sa Majesté, si vous l’en sortez ?
-Je le sais, pressez-vous donc, et arrêtez de me prendre pour plus blonde que je ne suis!»

Le garde finit donc par ouvrir la porte et la blonde entre comme une trombe dans la cellule, se précipite vers lui, faisant fuir Bobby qui n’avait pas terminé son repas. Elle lui donne de légères tapes sur les joues, l’appelle :

« Dariouz ! Dariouz je suis là, réveillez-vous ! Dariouz ! »

La panique la gagne, et elle s’énerve sur le garde :

« Mais voyons, qu’attendez-vous donc pour lui retirer ses chaines ?! »

Et tandis que le garde s’affaire, la blonde passe une main blanche et douce sur le visage du condamné, la voix se fait rassurante :

« Je suis là Dariouz, je vais vous faire sortir de là… »

Et pendant que lentement, les larmes se remettent à couler sur son visage, elle lâche dans un souffle « Désolée »
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Dariusz
Les violons dansent et chantent au rythme des larmes chatoyantes et virevoltantes dans les airs comme sur la terre.
La morosité n'a pas place en compagnie de tristesse, juste le doux chant des sirènes qui s'élèvent toujours plus haut, toujours plus doucement, dans un clinquement de splendeur et de véracité.
La propreté des mots, tout d'abord bien mauvais, s'en font en beauté sur des notes tout à fait différentes, moins violentes.
On y croise volupté et subtilité, entre deux sanglots.
L'espoir, ainsi, ne s'égare et poursuit sa longue lancée vers le berceau d'une certaine humanité croissante dans l'esprit d'une... blonde aucunement écervelée.
Parfaitement imparfaite. Imparfaitement parfaite.
C'est cela qui faisait clore une rose dans un huis clos que l'on contient en soit, en son coeur.

La scène, aussi pitoyable qu'humiliante en certaines situations.
Aussi pittoresque qu'euphorisante en d'autres.
Le pincement au coeur semblait redonner vie à l'âme du presque défunt, pour peu qu'elle resta là et qu'elle ne le gronda pas encore vivement et SURTOUT qu'elle ne s'en prenne guère à Bobby qui, le pauvre, n'aura rien fait de mal, après tout.
Mais elle était si merveilleuse à perler de tout son corps des milliers de diamants aussi resplendissant que la beauté de leur propriétaire.
Malgré l'impuissance de l'homme à cet instant et les douleurs qu'il ressentait vivement dans la plupart des parties de son corps, il ne pensait qu'à la choyer pour lui rendre ce certain sourire carnassier qu'elle arborait à leur première rencontre.
D'un côté, à leur première rencontre, elle eut connu plusieurs formes de sentiments et de visages.
D'un autre côté, elle ne se laisserait aucunement choyer, elle est, pour le moment, trop fière pour cela. Son ton l'indique purement et simplement, sans que l'on ne pusse penser à autre chose.
C'est ainsi que sa réaction la conduit à prendre de nouveau la fuite, loin du regard fatigué de l'homme qui s'apprête gentiment à rendre l'âme, pour le plus grand plaisir, apparemment, de la Princesse.
Une fois qu'il n'aura plus de souffle, elle sera libre, sans ce poids (pourtant pas si lourd) sur ses épaules.
C'est ce que toutes ces réactions laissaient à supposer.

Mais jamais, jamais, au grand jamais, il ne déposerait les armes.
Dans sa vie, il s'est déjà prit nombreuses roustes, et à chaque fois, il se relevait, sans trop de peine, pour affronter à nouveau les dangers qui se profilent à l'horizon.
Trois guerres à son actif.
Une armée qui le poutra malencontreusement en Bourgogne, pour une raison fallacieuse.
Une fiancée morte.
Une veste prise par une provençale, pirate et polonaise de même.
Une mère qu'il tua.
Un père qui le rejeta.
Deux soeurs qu'il ne vit plus depuis des années et qu'il ne reverra sans doute jamais plus.
Bref, à tout ces subtils moments, il ne fit que serrer les dents et les poings et toujours, il affronta les périples sans faillir.
Ce n'est donc point une Déesse Princière Bretonne qui le laissera pantois. Il pourrait bien mourir, certes, mais il le fera dans l'honneur des choses.
Car oui, il s'agit bien d'un honneur, certain et infaillible. Indéféctible.
Son honneur, cela de sa famille et surtout, oui, surtout, celui de Marzina.
Mine de rien, elle ne pouvait persister à vivre de débauches, un jour, son père, lui rendra la monnaie de sa pièce. Ce qu'il fit déjà.
Prétexte bienheureux que d'avoir prit celui du mariage déjà donné devant Dieu et consommé devant cette même divinité. Il devait avoir apprécié, même si Dariusz et Marzina eux mêmes ne se souvenaient de rien.
L'amour, même bestiale, est toujours un acte intéressant à décortiquer.
Pervers de Très-Haut!

Le polonais avait tout de même prit en folie. Il demanda même à Bobby de suivre la belle pour l'espionner et lui rapporter les moindres faits et gestes de cette dernière.
Le pire, c'est qu'il s'imagina bien que le rat touffu exécuta les ordres et se rendit partout ou elle elle se rendait.
Il imagina même qu'il revint de temps à autre pour lui décrire ce qu'elle mangeait. Ce qui fit vrombir le ventre de l'affamé en mille tonalités différentes.
Sourire qui ne manqua pas de rester figer, par la suite, en quelques rides de pauvreté qui s'en étaient installées entre quelques poils de barbe.
L'animal avait sur ses moustaches quelques miettes que le duc s'empressa d'apporter à ses lèvres, y mettre sa salive, lécher jusqu'à plus faim.
Soif se faisait sentir.
Il pensait gueuler au geôlier d'amener de l'eau. Personne n'y répondit à son appel.
Lorsque l'on pense gueuler alors que l'on chuchote, ça ne ferait pas bouger la moindre pellicule dans ses cheveux.
Il était à bout, réellement.
Si bien qu'il tomba à maintes reprises dans une sorte de coma mélancolique. Et à de nombreuses reprises, il sursauta, pour se réveiller avec un air de terreur, cet air qu'il ne prit jamais avant cet instant.
Il supposa que s'il s'endormait, il finirait à tout jamais sa longue course vers l'amour, la joie, le bonheur et le chouchen.

Ainsi va la vie, et les paupières lourdes se refermèrent en terribles fracas.
Le même son que lorsque l'on ferma les lourdes portes de fer à son arrivée aux geôles, du moins, en son esprit.
Le corps s'effondra lamentablement, s'enfonçant dans le sol. Les bras, eux, toujours cloués au mur, impassibles et toujours droits à en détruire les omoplates ainsi que les côtes.
Les jambes, elles, étaient tordues dans tout les sens.
Spectacle de marionnettes démantibulées.
Là, le rêve s'empara de son être. Il voyait enfin tout ce qui s'était déroulé lors de la nuit fatidique.
Il vit les deux personnages dans une grande église, tout les deux droits, dans des tenues déparaillées et légèrement rapiécées. Vomissant parfois. Admettre leur amour pour ensuite pouvoir le consommer, admettre cela devant un homme d'église impassible mais qui fronçait toutefois les sourcils, pressé de mettre fin à sa propre souffrance d'aristotélicien à l'entendre de blasphèmes sexués.
Les deux fiancés s'embrassèrent après s'être passé la bague monoprik's aux annulaires concernés et après avoir prit l'engagement de s'aimer et de se chérir pour le restant de leurs jours.
Les deux témoins pleuraient de joie. Il voyait la Marie lancer quelques fleurs fanées sur la mariée. Et le témoin enlacer l'époux dans une étreinte presque trop étouffante.
Le duc vit tout cela, dans son rêve, apaisant.
Il voyait enfin le plus beau jour de sa vie entre quelques ramassis putrides de vomis éjectés aussi bien par la belle que par la bête.
Aussi bien par le témoin que par la balaine.

Et la vision de la scène d'amour dans une grange, il perçu tout dans la moindre position, autant celles qu'il connaissait bien que celles dont il ignorait l'existence même.
Cet instant de débauche cuisant, presque trop pauvre pour être pratiqué par des nobles. Sans aucune tenue ni pudeur, à s'en arracher les vêtements et à les faire valdinguer un peu partout dans les meules de foin environnantes.
Il trouva enfin sa bourse qu'il avait égarée. Elle avait volé à l'encontre d'une poutrelle et s'y était attaché. Il faudra qu'il la récupère, s'il le peu, un jour.


Pendant ce rêve, la Princesse était revenue, larmoyante, ordonnant que le prisonnier puisse s'échapper dans les bras menus d'une pacifiste avérée.
Sans s'en rendre compte, l'étranger appréciait tout de même l'idée. Lui qui était actuellement en pleins songes sur l'acte barbare effectué dans une grande en la Capitale Françoyse, il ne pouvait qu'accéder aux coussinets performants en confort de la jeune femme.
Il tomba donc, à la renverse, "déchaîné", de tout son poids, vers elle. Elle qui passait sa douce et délicate main sur le visage damné de l'ex-prisonnier.
Aucun oeil ne s'ouvrit, il était trop profondément endormis, épuisé, pour faire le moindre geste qui pouvait faire signe de vie.
Rien ne laissa échapper du coeur toujours palpitant, si ce n'est un souffle, puis un autre.
Un souffle rauque et gras, celui d'un malade, d'un mourant, d'un condamné, d'un assoiffé, d'un affamé.
Il rêvait à présent d'une wodka et d'une viande de faisan farci cuit au feu de bois.
Il en mordrait presque la poitrine de la délicate. Il n'en fit rien.

Ce n'est que quelques instants, longs instants plus tard qu'il pu rouvrir un oeil, puis un second.
Quel confort.
Quel plaisir.
Malgré toute cette joie, il ne sentait plus ses membres, plus rien que l'odorat enivrant qui fonctionnait encore. Une odeur de miel et de confiture qu'il connaissait parfaitement.
Et comme un bébé qui fait ses premiers mots, un filet de voix se fit entendre


-J'aime...

Qu'aime t'il au juste? Marzina? La confiture? Le miel? Bobby? La liberté?
Mystère, de mystère, qui restera certainement ainsi jusqu'au dernier jour.
Ou peut-être, si l'avenir se trouve plus magnifique, cela se saura.

Pour l'heure, l'animal blessé que représentait le duc, lâcha une larme. Peut-être la première depuis des lustres. Peut-être la seule qu'il n'eut jamais lâché.
Il ne savait plus, il ne voulait pas savoir, il ne voulait même pas prendre conscience de cette eau naissant dans le regard, grandissant le long de la joue et mourant au creux des lèvres.
Même s'il était faible, il ne voulait pas forcément le paraître, si bien qu'il ravala tout ce qui pouvait s'échapper de son contrôle. Mais rien n'y fit.
Il lâcha une autre larme.
Puis. Leva l'oeil. Scruta le visage proche de la bretonne.
L'instant se coupa net.
Il vit, plus fort qu'à un autre instant, sa femme. La vraie. La seule et l'unique.

Sa Précieuse.
Il parvint à bouger son bras et à lui prendre la main.

Le doigt.

l'annulaire.
Et s'y frotta.
Langoureusement.
Esquissant le sourire.

Le calme après la tempête.
Bobby n'avait plus lieu d'être. Il fila.

Il aime.

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