[RP] Du fond d'une boulange....

Le Comte sortant qui n'en finissait plus de sortir était de retour sur Roche. Il sentait sur son dos les regards des habitants de son village natal. Pour la plupart, ces regards avaient changé. Le Baron n'en avait cure, mais il sentait tout de même une certaine animosité à son égard. La fin du mandat avait été plus que chaotique, et cela ne semblait pas vouloir se terminer. Trokinas avait signé pour 60 jours de mandat, et cela faisait pas loin de 64 qu'il était en poste, et ce n'était toujours pas fini.

Trokinas croisa un homme qu'il connaissait de longue date : Crunin était son nom. L'homme avait été un des compagnons de taverne du jeune paysan qui sommeillait encore en Trokinas. Et lorsque Crunin le vit, il détourna le regard. Ainsi, revenir à Roche permettait à Trokinas de se rendre compte qu'il était jugé sevèrement. Mais était-ce important? Il avait fait selon sa conscience, qui visiblement ne correspondait pas à l'avis de tous.

Le Baron hocha les épaules et continuait de marcher la tête haute. Il passa devant le domicile de son Parrain, une rumeur courrait comme quoi il était de retour, et Trokinas n'osait le croire. Il avait beaucoup pensé à lui pendant son mandat. Selon Valeriane, il aurait condamné sa conduite. Et Le Baron se demandait si elle n'avait pas raison. D'un autre côté, Ratgus avait toujours été du côté de la loi et de son application. Trokinas n'eut pas besoin de prendre son courage à deux mains avant de frapper à la porte. Deux mois de mandat de Comte vous change un homme, et maintenant, Trokinas n'était plus ce jeune homme timide et prêt à plaire. Il était devenu un homme d'âge mur, sûr de lui et de ses convictions, qui s'était fait de nombreux ennemis et qui s'en fichait comme de sa première tunique.

Il frappa donc et attendit de voir si la rumeur était vraie : Ratgus serait il de retour?

Trokinas sourit, et fut heureux de constater que son parrain était rentré. Il l'enlaça spontanément et avec fougue. Voir un visgae ami par ses temps si troublés lui fit un bien fou. Après l'accolade, le Baron se recula pour regarder son parrain. Cet homme l'avait accueilli sur Roche à son arrivée, l'avait fait entrer dans la police, à Renaissance. En clair, tout ce qu'il était devenu, Trokinas le devait à son parrain. Après, la vraie question était de savoir ce que son parrain penserait de son envol...

Alors Ratgus, ca fait des mois qu'on ne t'a pas vu, et là, tu réapparais comme par enchantement. Combien de fois me suis-je demandé où tu étais, combien d'heures j'ai passé à me demander ce que tu m'aurais conseillé dans telles ou telles situations? Mais maintenant tu es rentré, et j'en suis content. En plus, tu as l'air en bonne forme. Sinon, je t'interdis de m'appeler Comte, pas toi. De toute façon, je ne le suis plus actuellement, et en plus, tu es mon parrain, pas de protocole entre nous. Alors raconte moi tout : où tu étais ces derniers mois, ce qu'il t'est arrivé, comment tu t'en es sorti et .... en bref tout.

Bien sûr, le Baron se garda bien de dire que les relations entre lui et Valeriane s'étaient très largement dégradées, mais cela allait être abordé certainement par la suite.

Trokinas regarda son parrain et fut impressionné par toutes ces aventures.

Et bien dis moi, quelle histoire!!! Mais en tout cas, l'important est que maintenant tu es de retour, et si tu as besoin de quelque chose, je suis prêt à t'aider.

Le Baron but une rasade pour se donner un peu le temps de savoir comment passer à la suite. Puis, Trokinas planta son regard dans celui de son Parrain. Il était sûr de lui quand il prit la parole. Il n'était plus le jeune homme qui n'avait pas confiance en lui, mais un homme que les expériences professionnelles avaient endurci.

Et bien lorsque tu as disparu, je venais de tourner le dos à Drago. En juillet, je perdis les élections face à mon ancien mentor, et j'en fus fort aise. Je l'aida autant que je pus dans ma tache de Commissaire au Commerce, mais refusa de l'aider à gérer le Comté en tant que Vice Comte. La suite fut catastrophique, car à un retour de retraite, je constata que le Comté était à feu et à sang, et que les nobles se révoltaient contre le Comte. J'essaya alors de calmer le jeu, car cette révolte était une catastrophe à mes yeux, même si Drago était un piètre Comte. Mais cela ne fut pas compris et ma neutralité me valu de rester dans l'ombre pendant environ 4 mois. Les gens ne comprenaient pas que je ne soutienne aucun des deux camps. Mais Drago était un Comte catastrophique, mais en aucun cas une révolte n'était la solution : le remède était pire que le mal en quelque sorte.

Nouvelle rasade de boisson pour s'humecter les muqueuses.

Je continuais alors cependant à servir le Comté en tant qu'Officier Royal : Secrétaire d'Etat. Puis la Comtesse Ewaele vint me chercher pour me demander de prendre sa suite. Je travailla alors pendant 2 mois à monter une liste électorale, et après une campagne rondement menée je fus nommé Comte sans aucun souci. S'en sont suivi deux mois de batailles, galères, gestion de diplomatie, d'économie, une menace de guerre, des attaques politiques incessantes, et surtout des agressions de la part de nombreuses personnes, dont certaines proches qui m'ont miné. Du coup, j'ai du durcir mes positions car les personnes, dont Valeriane faisait partie n'était que dans la logique de la critique sans avoir l'intégralité des données en main. J'ai donc du imposer un certain nombre de choses et prouver que je savais ce que je faisais. Puis est arrivée la liste Etincelles, et le reste tu le connais.

Trokinas attendit donc la réaction de son parrain, mais il ne semblait aucunement hésitant ou mal à l'aise. Il venait de faire son bilan, et estimait ne pas avoir à en rougir. Mais il avait volontairement laissé de côté le volet personnel afin de pouvoir en parler calmement ensuite, car le Baron sentit que son parcours politique ne satisferait pas forcément son parrain.

Trokinas avait écouté attentivement son Parrain. En entendant tout ce qu'il venait de dire, le Baron commença à sentir la colère monter en lui. Le rouge aux joues n'était ni du au vin, ni à l'émotion lorsque Ratgus avait mentionné Alienaure.

Mais il sentait que Ratgus ne le jugeait pas en effet. Mais était-ce reellement agréable que de se voir lancer en pleine face sa conduite, et même si Ratgus ne le jugeait pas, visiblement, il n'était pas d'accrod avec son filleul.

Trokinas but une gorgée de ce vin, et se calma. Si cela n'avait pas été Ratgus qui lui avait dit tout cela, il aurait été capable de s'emporter dans une colère noire. Mais il avait son parrain en face de lui, et il resta donc calme, ce qui ne l'empécha pas de répondre tout de même.

Alors tout d'abord, vouloir contenter tout le monde n'était pas mon but en maintenant ma neutralité. Mon but était de montrer que même si destituer Drago était nécessaire la révolte était la pire des choses à faire. C'est ce que je t'ai dit aussi : le remède était pire que le mal. Mais j'ai en effet appris que la neutralité n'est pas une bonne chose en politique.

Maintenant pour ce qui concerne Etincelles.

Le Baron se leva et alla se planter devant la fenètre pour trouver les mots.

Je vais t'expliquer encore une fois ma position, mais cela sera la dernière. J'en ai plus que marre de me justifier sur cette affaire, mais je vais le faire une fois encore pour toi.

Le Baron se retourna, et son visage s'était durci. Ses traits exprimaient une tension que Ratgus ne lui connaissait pas. Il avait laissé un Trokinas calme, joyeux et posé. Il avait en face de lui un Baron décidé, visiblement sur le point de s'emporter de colère, et avec des yeux bleux glacial.

Etincelle n'a pas respecté la loi, oui en effet dans l'esprit ce n'est pas si dramatique. Mais comment une tête de liste pouvait elle bafouer ainsi la loi? Elle a été prévenue, et sa seule contre argumentation a été d'estimer pour reprendre les termes de son mari que je ne suis qu'"un mou du genou". Elle m'a insulté, et a insulté le Limousin. Elle a insulté ses institutions, et a été contre une décision de la Pairie. Ces faits sont plus graves que tu ne le penses. Et puis ce que tu viens de dire est blessant. Tu me connais, tu sais que je suis capable d'essayer de trouver des solutions diplomatiques. J'ai tout esayé, j'ai fait en sorte d'adoucir ma position, je ne demandais qu'une chose : qu'Alcyone vienne en salle d'audience et donne sa position officiellement. Au lieu de cela, ils ont préféré me menacer de mort, moi le Comte de l'époque, et bafouer la loi en nous mettant devant le fait accompli.

Le ton s'était encore durci.

Parce que tu crois que mettre des personnes de cette qualité en procès cela m'a amusé? Tu crois que je n'ai pas souffert de cette situation? Mais alors quoi, aurais-je du tranquillement les laisser bafouer la loi? Renaissance l'aurait pris comment? Cela n'aurait-il pas eu de conséquence? Tu te trompes. Si j'avais validé cette liste, cela aurait eu comme conséquence de me faire passer pour un lache, et Renaissance aurait porté cette affaire plus haut. Mais là où tu as raison c'est en disant que les conséquences sont catastrophiques, mais celles-ci je les assume. Je suis responsable de la mort de Stannis, et c'est le beau père de ma dulcinée, donc je peux te garantir que j'en souffre.

Tu crois que je ne sais pas que cela a entaché mon mandat? Je me suis fait une quantité d'ennemis, et je n'en ai cure. Je pense que je suis peut être actuellement le noble le plus détesté du Limousin. Et bien tu sais quoi? Je m'en fiche.

Il n'y avait en effet plus aucune animosité dans le ton, simplement de la fermeté et de la détermination. Ce n'était pas une contre vérité.

Seul le Conseil peut avoir une petite idée de ce que j'ai enduré. Il m'ont soutenu dans cette affaire. J'ai tenu la pression, et je n'ai besoin de la validation de personne. Cela devrait au moins te montrer que je n'ai pas fait tout cela pour me faire aimer. J'ai oeuvré pendant deux mois pour le Limousin et cela en mon intime conviction. Personne ne me l'enlevera. Et que la Noblesse me déteste n'y changera rien. J'ai ma conscience pour moi, j'ai mes défauts et mes qualités. Personne ne sait quelles ont été mes erreurs, et je les connais. Aucun de ces Nobles ne pourra me juger plus durement que moi.

Le Baron fit une pause et retourna s'asseoir. Son regard se radoucit un peu, mais Ratgus pouvait sentir que la colère était encore là, et il ne faudrait pas grand chose pour qu'elle ressorte.

Je suis ravi de savoir que tu vas te marier. Quant à l'invitation que tu viens de me faire, je te conseille de demander d'abord à ta future femme ce qu'il en est, parce que je doute qu'elle et sa Marraine ne veuille de moi à la cérémonie. Et cela je le comprends parfaitement. Je ne suis plus qu'un pariah dans la Noblesse Limousine, mais je ne vais pas pleurer pour cela. J'ai d'autres projets et je me passe très bien d'eux.

Et pour terminer, oui je fréquente une jeune femme du nom d'Alienaure, et j'espère un jour pouvoir l'épouser. Je l'ai connu lors de ma campagne de juillet 1456, et c'est une femme de caractère, une femme formidable, et je l'aime. C'est la fille de Nebisa de Malemort, et pour cette raison, nos fianciailles risquent d'être un peu compliquées, mais rien n'est insurmontable pour l'amour que je lui porte.

Trokinas retendit son verre de vin. Celui-ci était vide, et après une telle tirade il avait soif.