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[RP] Et les filles inventèrent la soirée-chainse...

Estrella.iona
[Ou la soirée pyjama d'ailleurs.]

St Aignan-la-Roë, un soir comme les autres... Ou presque.

Décidément, ces dernières semaines avaient étaient horribles, cumulant révélations, déceptions, hallucinations, rédemption...
Et comme par hasard, la stabilité politique de l'Anjou n'était pas au beau fixe et en rajoutait un peu plus à l'humeur toujours plus morose des angevins.
Mais les angevins, ils n'avaient pas tous les mêmes problèmes.

Et l'Etoile et ses amies, elles avaient des vrais problèmes. Des problèmes de filles, des problèmes insolvables, des problèmes affreux.

Alinéa qui venait sous peu de se réconcilier avec son fiancé qui l'avait trompée avec on sait pas trop quoi.
Calyce qui était fiancée avec un blond mais qui semblerait-il en aimerait un autre.
Davia dont le coeur balance entre guerre, paix, Dames blanches, chevalerie et un certain Séverin.
Johanara qui s'est amourachée d'un rustre mais qui, il parait, aurait un coeur enfouit quelque part.
Et enfin Trella qui avait reçu quelques jours auparavant une lettre d'une bonne femme qui se prenait pas pour une poire et qui, dans sa haine aveuglante, s'était plu à la traiter de divers noms d'oiseaux. Certes, elle avait pas tort. Certes y'avait certainement du vrai dans sa lettre. Mais dedans y'avait quelque chose qui sonnait faux, comme si cette lettre transpirait la jalousie.

Mais de toutes manières, après avoir discuté avec le principal responsable, tout semblait s'être arrangé. Il n'avait pas demandé pardon mais il avait regretté, et elle l'avait cru.


V'nez toutes chez moi, on va boire, manger et parler sur les gens.

Et ça va grave me changer les idées et les votres aussi. Parce que j'en ai marre de penser à l'autre cruche et à ses lettres suintantes de méchanceté.
L'invitation est lancée à la cantonade à ses complices pour le soir même. Qui qui va refuser de se gaver de petits gateaux tout en s'alcoolisant le sang et en déblatérant moultes commérages sur untel ou unetelle ? Personne de normalement constitué.

Et si Trella avait lancé pareille invitation, en dépit de son gout accru pour tout ce qui est breuvages et commérages, c'est parce qu'elle avait une idée derrière la tête.
L'année dernière, lorsqu'elle avait commencé la couture et qu'elle avait fini par être à peu près douée, elle avait confectionné une multitudes de petites poupées de chiffons, de taille miniature. Ces petites poupées avec comme particularité de posséder un détail physique qu'on pouvait relier à des personnes existant.
C'est une jeune femme un jour qui lui avait donné le truc au détour d'une ruelle. Elle piétinait quelque chose avec acharnement, ce qui avait étonné l'Etoile, et quand elle avait demandé ce qu'il s'était passé, la jeune fille avait ramassé ce qu'il restait de la pauvre poupée pour la lui montrer.


C'est la poissonnière, mon mari est parti avec, du coup j'y fais mal...
Comment c'est possible ?
Bah r'gardez, elle a de la laine jaune sur la tête... c'est parce qu'elle est blonde. Du coup c'est elle en p'tit, et quand j'y tape ça y fait mal à elle.
Oooooh...

D'aucuns diraient que c'est un peu de la sorcellerie, mais l'astuce avait beaucoup intéressé Trella sur le moment : c'est qu'à l'époque elle aussi avait une vendeuse de poisson dans les pattes, une horrible rouquine qui voulait lui voler son mari.
Elle avait donc voulu mettre ce savoir à l'épreuve et avait confectionné une petite poupée pourvue d'un sourire grimaçant et de morceaux de laine rouge collés sur le haut de son crâne... Maeve tout craché.
Et pendant des heures elle maltraitait la poupée, la piquait avec des aiguilles, la laissait tomber, la noyait dans de grandes chopes de bière, l'ébouillantait avec de la tisane insipide.
Et elle s'était tellement pris au jeu qu'elle s'était fabriqué une multitude de ces petites choses, chacune symbolisant une personne de son entourage : il y avait les poupées Calyce et Davia avec leur laine noire sur la tête, toujours en bonne place, toujours bien traitées, jamais abimées, il y avait la poupée Tiss au sourire charmant qui veillait sur les autres, bien droite sur l'étagère, la poupée Aurélie, sa fille, qui était particulièrement bien réussie, il y avait la poupée Aimbaud, toujours aux cotés de Calyce, la poupée Leandre, chérie puis progressivement délaissée pour finir par subir le même sort que la poupée Maeve.

Toute une collection de figurines. A force de traitement intensifs sur sa représentante, la vraie Maeve avait fini par se noyer...

Peut-on vraiment encore parler de coincidence ?

Toujours était-il que l'histoire semblait se répéter et qu'il était temps de mettre un terme à tout ça. Puisque personne ne semblait vouloir la suivre quand elle parlait de lever une armée pour aller couper la tête de l'indésirable et de ses deux morpions, elle avait opté pour la solution; moins radicale certes, mais qui payait à la longue, suffisait de voir comment ça avait bien marché sur la rouquine.

Dans la chambre à coucher, bien cachée dans une commode, la boite à poupées sommeillait depuis bientot un an. C'était l'occasion de la réveiller et surtout de profiter de cette soirée pour en fabriquer de nouvelles.
Une bouffée de nostalgie envahit la jeune fille lorsqu'elle rouvrit le coffret... Elles étaient toutes là.
Il était temps de leur fabriquer de nouvelles compagnes...
Tissus, aiguille, fil, et l'Etoile de fabriquer trois nouvelles figurines, la duchesse et ses rejetons.

Nul doute que ça plairait aux filles. On a forcément un ennemi à qui on veut du mal dans sa vie, qu'on l'avoue ou non.

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Calyce.
Une de ces soirées où les langues se font mauvaises, où l'on mange n'importe quoi et où la boisson coule à flot. Celles où les filles finissent tête penchée au dessus des latrines, les cheveux tenus par celle qui a le moins bu... Mouais nan, elle ira pas. Elle ira se coucher tôt pour changer...

-M'zelle Calyce, c'est l'heure d'vot'leçon religieuse, c'soir on lit le deuxième livre qui nous apprend que...
- Il nous apprend rien. J'sors !


Et oui elle ira boire finalement. Parce qu'entre la vie d'Aristote et les pleurs de Trella, le choix est vite fait. Ce sera Trella. Parce qu'elle pourra toujours tenter de faire oublier ses histoires de cœur à l'Étoile alors qu'elle ne pourra jamais faire oublier les histoires religieuses à l'ancienne nonne qui s'occupe de son instruction pré-baptismale. L'ancienne nonne qui s'arracherait bien les cheveux tandis que la môme se prépare.

-M'enfin m'zelle, vous allez encore vous laisser entrainer par l'autre débauchée.
-Elle s'appelle ESTRELLA !
-Bien ce que je vous dis : la dé-bau-chée
- L'est juste libre dans sa tête et dans son corps, 'pouvez pas comprendre.
-Je ne veux pas comprendre ce genre de personne et vous devriez faire pareil.
-Vous, vous devriez boire et pas qu'un peu pis laisser s'envoler un peu vos jupons, z'êtes toute "aigrite" c'est pas jojo !
- S'envoler mes... ? Par l'Très Haut...
-Nan, l'Très-Haut c'est une feinte, il ira jamais voir sous vos jupons, faut pas croire.


Et une nonne outrée qui se signe en psalmodiant alors que la môme lève les yeux au ciel.


Moui, y a des vérités choquantes... c'est comme le soleil, croyez vraiment que vous allez y finir ? Faudrait savoir voler pour ça et...
HORS DE MA VUE ! HÉRÉTIQUE !
Rholaaa faut pas vous énerver. C'est le jupon ça, Isatan elle dit que...
DEHORS !


Si on peut plus débattre comme des gens civilisés aussi !
La brunette se retrouve mise à la porte de sa propre chambre. Faudra qu'elle trouve un moyen de se faire pardonner avant la prochaine leçon, comme réciter le crédo sans se tromper par exemple. C'est qu'elle tient à se faire baptiser... Pourquoi ? Parce que si les autres l'ont fait, elle peut aussi. Logique.

Bref. Pour le moment elle s'en va retrouver les Desperate Angevines pour une séance de "j'te raconte ma laïfe et t'écoutes sans moufter"; Et puis elle aussi elle a des choses à raconter...

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Viens chercher bonheur DTC
Johanara
[Jo Van de Kampf ou la rouquine trop classe...]

Echevelée, la rousse Baronne s'empara d'un joli vase de porcelaine avant de l'envoyer sur la pauvre Mathilde qui se sauva en glapissant, ses longues tresses d'or voletant dans son dos.

Incapable. Bougresse de chambrière...Maltraiter ainsi ma crinière...

Le reflet que lui renvoya la grande psychée de Venise lui arracha un soupir courroucé.
Tout était de la faute de Trella d'abord. Avait on idée d'envoyer des invitations pour le soir même? Ces angevins n'avaient décidémment aucun sens des convenances et du protocol.
C'est qu'en toute grande dame qui se respecte, il fallait des heures de préparation à Johanara avant de s'adonner aux sorties mondaines.
Alors la pauvre camériste avait bâclé, tiraillé les longues boucles de feu avec rudesse, piqué les épingles de nacre à la va vite, provoquant par la même l'ire baronnesque.


Mathilde!!! Petite sotte! Reviens céans! Et applique toi cette fois où tu seras pendue haut et cour.

Bien plus tard, le coche frappé aux armes de Lignières pénétra dans la cour du Domaine de St Aignan-la-Roë. Johanara attendit quelques secondes que le valet de pied s'empressat d'ouvrir la portière et de dévider l'escalier pliant permettant à la passagère de descendre. D'un geste délicat de la main, elle fit signe à un autre laquais de la suivre avec les grands lys tigrés qu'elle destinait à son amie Trella.

Lorsqu'elle pénétra dans le vestibule, elle confia sa pelisse et maintenant de sa dextre les plis de sa robe de soie purpurine, elle se dirigea doucement vers l'Etoile qui accueillait ses amies à l'entrée des salons.


-Très chère, j'étais impatiente de vous voir. Quelles sont les réjouissances prévues par notre charmante hôte? Quelque messe nocturne? La lecture d'un roman d'amour courtois?
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Alinea
Bien sur je sais ce que je dois faire, mais hélas je fais tout le contraire. C'est pourquoi j'ai tant d'ennuis sur cette terre. Je me dis surtout sois bien sérieuse ne fait pas de choses dangereuses mais j'ai un défaut hélas je suis curieuse. Voilà, j'ai parcouru ma route heureuse... sans être jamais raisonnable... J'ai oublié que les erreurs se paient un jour.. ou l'autre... Je sais très bien ce que je dois faire mais je fais... hélas tout le contraire... C'est pourquoi j'ai tant d'ennuis sur terre.
(Alice au pays des merveilles)

Une douce brise d'un début d'après midi ensoleillé vint caresser le visage de la jeune femme. Allongée dans l'herbe fraîche, son regard noisette fixait le ciel et un sourire commode ne lâchait pas ses lèvres, comme depuis plusieurs jours. Oui, Alinéa souriait mais le coeur n'y était pas. En ce moment, sa vie ressemblait au lendemain d'un champ de bataille et seul le doute et les incertitudes restaient constants. Ses paupières s'abaissèrent et elle prit une grande inspiration quand des pas vinrent troubler cet instant de néant. Elle n'avait plus envie, elle était lasse et épuisée mais il fallait continuer de sourire, continuer à faire des choix.


Une invitation pour vous mademoiselle, de Dame Estrella pour ce soir.

Rapidement, son regard déchiffra le mot de son amie, un mot qui annonçait une soirée agréable, bien qu'Alinéa n'avait jamais été très doué pour le genre « soirée entre fille ». D'ailleurs, elle n'était pas très douée pour les rapports humains de manière générale et cela commençait à lui peser. Elle se sentait seule, elle avait peu d'amis, une famille qui n'en était pas vraiment une et la seule personne qui effaçait cette solitude l'avait trahis. Même si elle avait pardonné, rien de comblait le trou qu'il avait percé en elle. Elle se promit quand même de faire des efforts ce soir.

Pour arriver chez son amie, elle n'avait pas vraiment de long trajet à parcourir puisqu'elle squattait une de ses chambres depuis... Pas mal de temps maintenant. Oui, pas d'amis, pas vraiment de famille et pas de maison, pitoyable non ? En se regardant devant la glace, elle se pinça les lèvres et détourna rapidement les yeux. Oui, pitoyable c'était le mot. Elle était pitoyable, sa vie était pitoyable mais elle avait pas l'habitude de s'apitoyer. Quoi que, depuis quelque temps elle se laissait aller à une morosité plutôt inquiétante mais là encore, elle se promit de faire des efforts. C'était une jeune femme avait du caractère. Certains pouvaient voir sa comme une qualité, d'autres comme un défaut, elle, elle prenait ça pour une qualité malgré les inconvénients qui en découlaient. Bref, oui une soirée entre filles lui ferait le plus grand bien et lui permettra de reprendre du poil de la bête. En sortant de sa chambre, elle attrapa une bouteille de Calva et se dirigea vers le petit salon où elle aperçut Johanara faire son entrée. Pfff... Ce n'était jamais facile de faire une belle entrée en passant derrière sa marraine, elle plissa légèrement le nez et la rattrapa pour déposer un doux baiser sur sa joue. A cause de sa morosité, elle avait délaissé la rousse qu'elle aimait tant et cette dernière lui manquait, elle se promit encore de se rattraper. Qu'est ce qu'elle en avait des promesses à tenir.


Une messe ? Je croyais que c'était une soirée pour s'amuser ! Si j'aurai su j'aurai pas venu.

Elle esquissa un sourire à Trella et lui tendit la bouteille.

J'ai retrouvé des restes de mon enfance en Normandie dans une vieille malle.
Estrella.iona
[Let's get the party started !]

Voilà, c'était fini. Devant les yeux émeraude de l'Etoile se tenaient trois nouvelles poupées de chiffons. La première, imposante, était plus large que haute : c'est qu'elle venait d'accoucher de deux gamins, et dans l'esprit de Trella, elle devait certainement ressembler à ça, ce qui rendait encore plus incompréhensible pour elle l'attirance de son fiancé pour cette... personne.
Elle rajouta grace à une mine de charbon deux yeux noirs et un sourire grimaçant à la face de chiffons.
Parfait.
Les deux autres poupées, quant à elles, n'étaient pas plus grosses qu'une coquille de noix. Pareil, elle dessina leurs traits et rajouta un nez en force de groin. Deux bébés qui ressemblaient étrangement à des porcelets...
Parfait.

A la bonne heure, car les invitées commencèrent à arriver. Abandonnant là son coffre à poupées et ses aiguilles, elle se dépêcha d'aller les accueillir comme il se doit lors de réceptions mondaines. Elle aurait tout le temps de leur parler de son plan machiavélique plus tard. C'était comme qui dirait la deuxième partie de soirée.

La porte du petit salon s'ouvrit sur Calyce. Première arrivée, ponctuelle. Une perle que cette fille là.
Pas le temps de lui dire d'aller s'avachir sur les fauteuils de velours que déjà, la rousse baronne faisait son entrée. Remarquable entrée... Des fleurs en plus ! Décidément, Johanara était une invitée de qualité.


Jo, quel plaisir de vous voir ici ! Oh ! Des fleurs ! Il ne fallait pas. Pénélope, débarrassez ce messire et allez les mettre dans un vase.

La baronne semblait être, quand on ne la connaissait pas, l'archétype même de la piété et de la bienséance. Mais ça, c'était quand on ne savait pas ce qu'elle faisait de ses nuits et de ses journées sur les noeuds. Trella, elle, savait tout ça, et fut donc surprise par l'évocation de messe nocturne et de lecture de roman courtois... Gné ? C'est ça qu'on faisait dans les soirées mondaines ? On se bourrait pas la panse de petits fours tout en faisant descendre le tout à grands renforts de verres de vin ? On s'acharnait pas sur des poupées de chiffons en souhaitant plus que tout tuer la personne qui s'y rattachait...?
Johanara était mondaine, elle connaissait la société, et nul doute que les soirées, elle connaissait. La honte si celle de St Aignan la Roë dérogeait à la règle, vive la réputation.
Fallait improviser. Viiite.


Ali ! T'es venue ! Remarque heureusement sinon je serais allée te faire quérir ! Oh ! Du calva ? On va le gouter de suite ! Et non, pas de messe prévue...
Allez donc vous assoir toutes les trois !


Calyce Mayer, Jo van de Kamp, Ali Mayfair... Manquait Davia Scavo, puisque Trella Solis était sur place.

Davia ne devrait pas tarder... En l'attendant, Baronne, vous m'avez donné une idée. J'ai ici un livre qui vous plairait beaucoup, je n'en ai nul doute. Je ne l'ai pas vraiment encore lu... On va le découvrir ensemble avant que Davia n'arrive et qu'on puisse passer aux choses sérieuses.

Regard en coin sur la petite table à ouvrage sur laquelle reposait son coffre dont les poupées en débordaient.
Après que les filles se furent installées, qu'elles eurent chacune en main de quoi boire et dans l'autre main un morceau de tarte ou un macaron, l'Etoile alla chercher le livre enluminé qui était en sa possession depuis que quelques temps auparavant, Rolin et elle avaient croisé la route d'une jeune femme dont ils avaient emprunté quelques affaires, dont ce livre. Elle en avait bien lu quelques pages avant de l'oublier là, sur une étagère... Mais quand la Baronne avait évoqué ce "roman d'amour courtois", tout de suite, les vers contenus dans l'ouvrage lui étaient revenus en mémoire. C'était vraiment le moment idéal.

Installée dans son fauteuil, face à ses trois amies, elle ouvrit la première page, s'éclaircit la voix et lu, en donnant le ton, tant qu'à faire :


L'an mil trois cents soixante et onze,
En un jardin j'étais sous l'ombre,
Comme à l'issue d'avril, tout morne et tout pensif :
Mais un peu me réjouit du son et du chant que j'ouïs de ses oisillons sauvages,
Qui chantent en leur langage, le merle, la mauvis et la mésange,
Qui au printemps rendent louange, qui sont gais et envoisiés.
Ce doux chant me fit envoisier et mon coeur s'emplit de joie que lors il me va souvenir du temps passé de ma jeunesse,
Comment amours en grandes détresses m'avaient en ce temps tenu en son service,
Où je fus maintes heures lié et autre dolant, si comme elle fait à maint amant. *


Pause pour regarder les filles. Ca, c'est du roman d'amour courtois... Elle avait un peu de mal à imaginer comment les demoiselles de la haute société pouvaient passer leurs soirées à faire de telles lectures communes, mais bon...

Alors ?

* Geoffroy de la Tour Landry, Le livre du chevalier de La Tour Landry pour l'enseignement de ses filles.
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Davia
[Touraine, quelques jours avant]

Un vent de Sibérie soufflait sur la Bohême. Non, c'est pas ça.

Une douce brise soufflait sur la Touraine et la Blanche était de retour parmi les siens. Cependant, pendant son absence, les choses avaient quelque peu changé. Son petit frère avait été confié aux moines pour son éducation, espérant qu'il cesse de tuer chats et rats, sa mère était à nouveau enceinte, ce qui ne lui disait rien qui vaille. Son beau-père postulait à la mairie et Chavonnière et Villandry étaient à l'abandon. Elle avait donc fort à faire.

Missives, missives, elle profita de son temps pour reprendre son séminaire et pour mettre à jour ses relations épistolaires, en commençant par ses deux amies, les affreuses angevines, Trella et Calyce.

De lettre en lettre, l'invitation fut lancée par la brune-parfois-blonde-angeviniste-hérétique qu'elle adorait, à savoir l'illustre Etoile d'Anjou.


Une invitation? haaaan ma brave nourrice, je vais revoir mes coupines!!!


Mademoiselle ne devrait pas plutôt être auprès de son Capitaine pour préparer l'armée?

Pfff... tu parles, on fiche rien, je m'ennuie! Et puis la guerre, la guerre, tout le monde en parle mais on ne voit jamais le bout de sa queue.

Mademoiselle devrait au moins finir sa messe à préparer...

Beetista, tu vieillis, tu deviens rabats-joie! Pour ta peine tu m'accompagnes! Va préparer des petits gâteaux à la cannelle et prépare nos affaires!

Bien Mademoiselle Davia.

Voilà, une bonne nourrice bien obéissante, c'était pratique, ça faisait à manger, ça nettoyait et ça rangeait et en plus ça l'aidait à enfiler ses robes! Le rêve. Et puis la jeune blanche se disait que sa grand-mère ne serait certainement pas fâchée si elle lui empruntait celle qui avait été sa nourrice, elle pourrait même pavaner devant ses copines.

Pourtant, depuis peu, Davia avait décidé de reprendre sa vie en main. A force de parcourir les routes, le plus souvent avec des soldats et des soldates, vivant de peu et souvent sur le qui vive, elle finissait par jurer comme un charretier et par avoir perdu le sens des convenances: fréquentation des tavernes, oubli de chaperon, tenue négligée, etc.

Cependant, une rencontre qu'elle avait faite changea la donne et depuis, la jeune fille était bourrée de bonnes intentions...

Les malles et les petits gâteaux furent donc chargés dans la chariote et hop! direction, Saint-Aignan!


[Saint-Aignan, quelques jours plus tard]

FOUTRECUL! MAIS SI JE VOUS DIS QUE JE SUIS INVITEE!!! FERMEZ LA ET APPELEZ LA! MERDAILLE!!!

On reverra encore le code de la bonne conduite, ça n'était pas gagné et la nourrice offusquée, regardait la Blanche avec de grands yeux. Bougonnant la blanche poussa l'affreux valet qui n'avait certainement pas été éduqué. Encore un bougre d'hérétique doublé d'un angevin, c'était certain.

Trellaaaaaaa!!! C'est mouaaaaaaa!!!!! Daviaaaaaaaa!!!! Je suis lààààààà!!!!!

Et oui, en ce moment, dans sa famille, c'était la mode de hurler à la cantonade, sa mère en tout cas en était friande. La Blanche avait réellement du pain sur la planche pour redevenir ce que sa grand-mère avait essayé de faire d'elle. Se rendant compte de la bévue, elle se tourna donc vers le valet.

Votre médiocrité quant à servir votre maîtresse est somme toute, désobligeante et m'a contraint à me mettre hors de moi! On n'est jamais mieux servi que par soit même à ce que je vois! Estrella en sera informée, croyez-moi!

Moue boudeuse, la jeune tourangelle attendait sa coupine de pied ferme.

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Calyce.
Gné mais c'est quoi ce plan pourri ?
Manger, boire et parler des gens. C'est ce qu'elle avait dit en les invitant. Il n'était pas du tout question de lecture. Bientôt elles vont vanter les mérites de certains ustensiles de cuisine, l'essayage de sous-vêtements ou peut-être se donner des conseils en décoration d'intérieur et elles rentreront chacune avec un super beau chandelier sous le bras. Nan mais j'te jure !

M'enfin l'histoire de l'Étoile a l'air de passionner les deux autres convives. Calyce ne va jouer les troubles fête. Alors elle hoche la tête et ponctue certains vers par de légers soupires, l'air faussement passionné par ce qui se raconte. Puis son regard se perd dans le rouge du verre qu'elle tient, le petit doigt levé en l'air tout comme la baronne en face d'elle. A la voir ainsi on pourrait la croire à fond dans le poème qu'elle n'écoute, en fait, que d'une oreille. Qu'elle s'imagine à l'ombre d'un arbre en compagnie d'un blond bourguignon qui lui compterait fleurette pendant qu'autour d'eux les oiseaux chantent... Elle pourrait très bien vu l'absence un peu trop longue du blond, mais non. Si elle fixe son verre de cette manière c'est qu'elle est en pleine réflexion, à la recherche d'un échappatoire. Elle en a déjà assez supporter comme ça, faut pas y demander son avis en plus. Ou alors elle se montrerait d'une franchise assassine, du genre :"Mange le ton livre !" Au mieux elle serait mise à la porte, au pire elle se verrait dans l'obligation de présenter ses excuses en plus de devoir se farcir la lecture de tout le livre...


C'est magnifiiiiquement beau !

Saleté d'hypocrite qui affiche un large sourire en plus. Et de regarder La baronne puis Alinea.

Vous trouvez pas ? C'est très...

La menotte fait des moulinets alors que les doigts claquent, la môme est visiblement à la recherche de mots qu'elle ne trouvera pas. L'hypocrisie a ses limites. Elle finit par se pencher à l'oreille de la Raveline.

J'veux mourir. Pas toi ?


Regard noir lancé furtivement à la rouquine bon chic, bon genre en attendant la réponse. Elle et ses idées..."La lecture de roman d'amour courtois blablabla". Humpf. Môdame veut de la mondanité, de la bienséance mais môdame LA baronne a oublié ses soirées de beuveries, ses penchants alcooliques qui la font finir à quatre sous les tables et où elle prend le tavernier pour un prêtre à qui elle veut se confesser avant de vouloir coller sa bouche sur tout ce qui a deux jambes et qu'elle prend pour son mari ? Calyce n'a pas oublié, elle. Et elle y pense alors qu'un valet fait son entrée pour annoncer à leur hôtesse l'arrivée d'une folle qui hurle à l'extérieur.
Et de saisir une bouteille mise à leur disposition...


Vous reprendrez bien un verre, Baronne ?


Vengeance ?
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