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[RP] Les conséquences d'incompétences

Aymeric
[Dispensaire de Limoges]

Il s'allongea sur sa couche, une moue boudeuse sur le visage. Son voisin gémissait parce qu'on lui a amputé un bras, alors le jeune homme lui donna un coup de son bâton de marche sur la tête. Et s'il s'écoutait, il lui en donnerait d'autres, il casserait sa canne sur le corps du blessé. Il la laissa tomber négligemment sur le sol, ruminant sa colère. Encore un passage en taverne où tous les villageois s'étaient ligués contre lui. Ils le comparent à un roquet qui jappe, le traitent de brigand qui n'a eu que ce qu'il mérite. Et lui ne peut qu'user de sa répartie pour tenter de couvrir leurs voix, ce qui ne marche pas. Même la comtesse l'avait nargué en personne. Ils paieraient, tous.

Une nonne s'approche, toute souriante. Aymeric la regarde approcher d'un œil mauvais, avec ses prunelles sombres qu'il a hérité de son père. Il serait prêt à jurer après une religieuse s'il le fallait pour passer ses envies meurtrières ; mais il lui trouva une toute autre utilité. Elle écrivit pour lui une lettre adressée à son père. Lui n'était plus capable de tenir une cuillère.


Citation:
A Dariusz de Wroclaw,
A mon père,

J'espère que vous vous portez bien, quoi que je ne doute pas que vous profitiez de toutes les richesses que la Bretagne peut vous offrir. Ce qui est important, c'est moi. Je suis actuellement très grièvement blessé, agonisant dans un dispensaire insalubre. Heureusement que je trouve toujours quelqu'un pour écrire à ma place : j'aurais pu mourir que vous n'en auriez rien su.

Vous vous demandez sûrement ce qu'il a bien pu m'arriver, et je vais vous le dire : ce sont les soldats du Limousin qui m'ont attaqué sans sommation alors que je rentrais à Limoges. Ils m'ont roué les pieds et les mains, m'ont cassé des côtes, m'ont rendu boiteux et m'ont assommé avant de me laisser comme mort aux portes de la ville.

Vous vous demandez sûrement pourquoi ils ont fais cela, et je vais vous répondre : je suis suspect dans une affaire de brigandage, et alors même que je ne suis pas en procès, la comtesse a ordonné ma mise à mort. J'aurais pu y rester.

Père, j'ai besoin de votre aide pour leur faire payer le prix du sang versé. Mon corps a été brisé, mais j'ai encore toute ma tête et j'ai élaboré un plan pour laver mon honneur : j'ai déjà contacté la chancelière d'Anjou, et je fais de même avec vous. Envoyez moi une lettre scellée, à titre privé, à la comtesse, pour lui faire savoir qu'on se n'attaque pas à un Wroclaw impunément. Ensuite, demandez à votre femme une lettre officielle condamnant mon attaque, qui n'est d'autre qu'un attentat à la royauté bretonne par affiliation. Après tout, je suis le beau-fils de ma belle-mère maintenant. Enfin bref, trouvez un prétexte pour avoir son soutien. Je veux que la comtesse s'excuse publiquement, ainsi que le meneur de l'armée et tous les soldats ayant levé l'épée sur moi, et que leur comté me dédommage d'un millier d'écus.

Prévoyez aussi une invasion du Limousin. Ils ont poutré un duc breton, si ce n'est deux, et maintenant, ils s'en prennent à moi. Cela équivaut à une déclaration de guerre, et je serais ravi de raser ce comté de pleutres, lâches, vilains, couards et bouseux. Seules resteront sur leurs pattes leurs vaillantes vaches si réputées dans le Royaume. Père, je compte sur vous pour laver mon honneur et celui de la famille. Ils me tapent sur les nerfs à chacune de mes sorties, si vous saviez.

Avec tout mon amour
Aymeric


Il avait un peu exagéré son état, et n'avait pas su décrire sa haine viscérale pour les gens du coin, mais à la guerre comme à la guerre, et il espérait bien qu'elle allait être sanglante. D'un geste de la main, il donna congé à la nonne qui viendrait se faire payer plus tard. Tout le monde savait qu'il cache sous son lit un coffre plein d'or, tellement rempli qu'il en distribue pour tout et n'importe quoi, même pour qu'on le mette à côté d'un voisin moins bruyant.
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Ma bannière ? C'est du made by Aldraien !
Marzina
A quoi peut bien ressembler la vie d’une princesse rongée par la culpabilité ?

« Scrumch crunch…mettez plus de confiture sur les tartines la prochaine fois Nounig…
-Mais…je croyais que vous n’aimiez pas ca, et que c’était trop sucré ?
-Oui mais j’aime savoir que, contrairement aux gueux, je peux gaspiller les choses chères. »

La vie d’une princesse rongée par la culpabilité, c’est un peu la vie de tous les jours…Essayer d’enseigner la générosité à une princesse pourrie gâtée depuis sa plus tendre enfance, c’est comme demander à un affamé d’oublier ce qu’est la nourriture : en clair, mission impossible.

« Ché quoi les nouvelles du chour Nounichhhh ? Faut que j’me tienne au courant, ch’est pour la diplomachie, chuis douée pour cha… »

Oui, tellement douée pour la diplomatie que la rumeur veut qu’elle ait fait capoter l’hommage du Mont Saint Michel…Certes, elle n’était pas seule dans cette histoire, mais en grande partie responsable. La gouvernante, elle, regarde la blonde engloutir les tartines avec un air désapprobateur, certes elle profite du luxe et du faste du château de Nantes, mais elle a été éduquée parmi la gueuserie, et elle n’oublie pas d’où elle vient. Et en tant que gouvernante, bien que la blonde soit maintenant en âge d’être femme, son travail n’est toujours pas terminé, elle avait des tas de choses à lui apprendre encore. La culpabilité par exemple.

« Oubliez les royaumes barbares qui bordent notre pays un instant mademoiselle Zina, et pensez plutôt au prisonnier de Nantes qui…
-Ah, vous n’allez pas recommencer avec ça ! Il a déshonoré une princesse, fâché un Roy, et bien maintenant, qu’il assume !
-C’est un peu votre faute tout de même…Vous ne pouvez pas affirmer être toujours chaste…Sinon ce mariage aurait été annulé rapidement.
-Il n’avait qu’à pas être faible devant mes charmes bretons !
-Vous les exhibez tellement aussi, qu’on peut difficilement ne pas les remarquer…
-Gaaaaaaaaaaaaaaast ! Il suffit ! Que voulez-vous, vile créature ?
-Acceptez de le reconnaitre en tant que votre époux, qu’il puisse sortir de geôle ! Ce n’est pas un endroit convenable pour un duc…
-Non.
-Très bien, alors en attendant, occupez-vous de votre fils ! »

Missive claquée sur la table, que la blonde barbouillée de confiture observe d’un œil niais.

« Mon fils ? Vous délirez Nounig ! Je n’ai eu qu’un seul enfant, et il a trépassé sitôt né !
-Je parle du fils de Sa Grasce de Wroclaw, qui quémande son aide, du fin fond du Limousin…
- Il est parmi les vaches limousines ? Il peut bien crever en Limousie, ranafout ! »

La gouvernante tape du poing sur la table.

« Il suffit Votre Altesse ! Puisque vous refusez d’épouser le père, occupez-vous au moins du fils, puisqu’à cause de vous, son père ne peut pas le faire ! Au lieu de vous empiffrer de confiture alors que vous n’aimez même pas ça !
-Si si, j’aime ca maintenant…. »

Ben voyons.
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Voici donc qu’un peu plus tard, elle se retrouve devant son secrétaire, la missive du gamin à la main. Une fois lu, elle tente de s’enfuir, mais la gouvernante est toujours là, qui veille, et qui l’empêche de sortir avant d’avoir écrit une réponse. Soupir de la princesse blonde, la vie est tellement dure parfois…
La voici donc plume à la main, les doigts sentant encore la confiture de framboise, alors qu’elle gratte quelques mots sur le papier, c’est incisif, comme toujours :




De Nous, Son Altesse Marzina de Montfort-Penthièvre,
A Vous, Aymeric, de Vroklav j’imagine,

Demat,
Il parait que vous allez passer l’arme à gauche ? Notre personne se demande vraiment, en ce cas, pourquoi vous quémandez ainsi assistance, puisque votre destin semble déjà scellé par avance…Nous vous entendons déjà vous extasier « Une princesse qui m’écrit! ». Non, ne vous réjouissez pas trop vite jeune puceau. Si nous prenons la plume en ce jour, c’est pour vous informer que votre père, criminel notoire, a été enfermé dans les geôles de Nantes par notre père le Roy de Bretagne. Connaissant un peu votre père, nous avons bien tenté d’intercéder en sa faveur, mais malgré tous nos efforts, nous n’avons rien pu faire.

Les soldats du Limousin, ne nous en parlez pas, les bévues qu’ils commettent sont tellement nombreuses ! Nous nous souvenons encore de ce pauvre Duc de Saint Malo, Vassal de notre père, qui a failli trépasser sur ordre de la Limousie. Quelle ignoble région de barbares ! Bien que je déteste cordialement ce duc en particulier. Décidément, les françoys sont bien pires que l’on nous les a décrits. Et leurs boissons ne valent pas le chouchen. Qu’êtes-vous donc allé faire pour vous enterrer dans pareil trou ? Vous seriez-vous épris d’une vache limousine, nous qui pensions, avec votre père, vous lier à une douce créature bretonne de noble lignage…

Comme vous devez être bien laid, maintenant qu’ils vous ont rossé comme il se doit ! Nous comprenons en ce sens parfaitement que vous réclamiez dommages, jamais nous ne pourrons vous trouver épousée au beau visage si vous êtes dorénavant horriblement défiguré ! Nous imaginons qu’avec la fortune que possède votre père, vous n’avez aucunement besoin de vous livrer à ces activités de manant qui siéent si peu à votre rang, tout bâtard que vous soyez, vous n’en restez pas moins son descendant.

La Justice de la Limousie est vraiment expéditive, ce n’est pas la première fois que nous pouvons le constater…Ca doit tenir de leur caractère bovin ! Enfin bref, nous vous accordons notre assistance, mais que cela ne vienne pas à devenir une habitude ! Et nous ne le faisons pas en qualité de belle-mère, votre père n’étant pas notre mari, nous le faisons par pitié envers vous, et parce que notre gouvernante nous y oblige.
Pour l’invasion de la Limousie, nous y penserons, mais pas demain, nous avons poney.

Kenavo,
SA Marzina de Montfort-Penthièvre


Et puis elle reprend donc la plume, et gratte de belles lettres rondes, pas vraiment plus aimables:



De Nous, Son Altesse Marzina de Montfort-Penthièvre, Prinsez Breizh,
A Vous, Sindanarie Carsenac ,Dame de Viac, et accessoirement Comtesse de Limousie,

Demat,
Si nous prenons la plume en ce jour, c’est pour vous entretenir de la façon hautement barbare que vous avez de faire respecter la justice sur le territoire que vous gouvernez. Nous sommes profondément attristée, en tant que princesse d’un pays barbare, que la Comtesse d’une contrée censée se trouver dans un pays dit « civilisé » se mette ainsi à marcher sur nos plates-bandes, en réglant les conflits à la pointe de l’épée. Vous me ferez remarquer que les normands aussi, ils aiment jouer avec leurs armées, que ce soit sur des bretons, des normands ou des françoys ! Oui mais eux, ils sont excusés, c’est à cause de la consanguinité, leur extinction est proche, oublions-les un moment.

Quelque part, vous pouvez bien poutrer qui vous chante, nous ne vous en tiendrons pas rigueur. J’ajouterais qu’il est mal de poutrer un duc breton, mais que celui-là nous ne l’aimions pas, nous ne vous en tenions donc point rigueur. Mais nous sommes fort contrariée que vous osiez non seulement amocher, mais aussi porter en diffamation notre tout récent fils, Aymeric de Vroklav, ou quelque soit la façon dont ça s'écrit. Certes, il est un peu vieux pour sortir du ventre de sa mère, que nous ne sommes pas d’ailleurs, mais il reste tout de même le petit-fils du Roy de Bretagne, par alliance.

Nous vous prions donc de le traiter avec les égards qui lui sont dus. Nous n’aimerions pas que les bretons nous fassent une nouvelle crise d’affection à l’égard de l’un des leurs, et ne viennent à nouveau épancher leur soif de sang sur vos terres. C’est que c’est difficile à contrôler, un breton assoiffé de sang, et comme nous ne sommes plus en guerre, le moindre prétexte est bon pour sauter sur une hache et hurler « Sus à l’ennemi ! ».

Des barbares oui. Nous sommes une princesse de barbares, une princesse barbare par extension, mais toujours pacifiste pour l’instant. Alors si vous aviez l’amabilité de nous laisser nos espérances pacifistes, en cessant de toucher aux précieux cheveux de notre presque-progéniture, et lui donner de quoi vivre –disons un bon millier d’écus, il apprend à vivre noblement- nous vous en serions reconnaissante, et trouverions un nouvel os à ronger pour nos guerriers assoiffés de sang. Comme une belle cargaison de chouchen, par exemple.
Tout dépend de vous, et du traitement réservé au jouvenceau.

En attendant de vous lire, kenavo !
SA Marzina de Montfort-Penthièvre,
Prinsez Breizh, et Maitresse de la Cour bretonne.

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Au ralenti du 12 au 19 juillet!
Sindanarie
Elle enrageait. Elle enrageait complètement, la Carsenac. Elle bouillait littéralement, elle ne demandait qu'à exploser. Et elle se demandait, aussi, ce qui lui aurait été épargné sous son mandat. Dans la liste, il y avait eu les incidents diplomatiques (au pluriel, parfaitement), l'instabilité première du Conseil, les attaques personnelles et les piétinements des débats de celui-ci, les provocations de deux Ducs bretons amenant à un nouvel appauvrissement général du Comté et à une hostilité presque palpable des dirigeants de l'Ordre auquel elle appartenait, et un commandant d'armée qui avait joué au con et oublié de suivre ses instructions. Qu'est-ce qui pouvait lui tomber dessus en prime ? Pas grand chose, en fait. Sauf cette nouvelle menace. "Des excuses ou je fais démolir votre Comté."

Oui, elle enrageait. Oui, elle bouillait. Et oui, parce que son Comté était plus important que sa fierté, elle allait les faire, ces saloperies d'excuses. Il y avait même une ironie certaine à pouvoir dire à la tête brûlée qui avait fait mine de ne pas saisir son instruction que, même s'il avait toujours prétendu vouloir voir le Limousin fier et droit, son action le conduisait à s'humilier... Pour un quelconque brigand, même pas particulièrement brillant comme Nilas d'Artignac, non. Juste un voleur de bourse. Alors, rageuse, faisant des efforts de diplomatie tout de même, la plume maniée avec dextérité par l'Immortelle vola sur un feuillet de parchemin, le couvrant peu à peu d'une écriture ronde, serrée, fine. Une écriture que l'Académicienne avait appris à calibrer pour ses travaux, pour être lisible, puis pour réaliser des annonces parfaitement lisibles. Seules les mâchoires contractées et le regard noir de la jeune femme auraient pu trahir son agacement alors que, des doigts et du poignet, elle traçait pleins et déliés avec souplesse et détermination, s'arrêtant parfois le temps de quelques battements de coeur pour trouver la forme appropriée, le mot juste.

Finalement la lettre fut achevée. Quelques gouttes de cire rouge furent fondues, et la matrice comtale vint s'y imprimer, parachevant le scel. Ne restait plus qu'à faire acheminer la missive. Heureusement, le castel de Limoges regorgeait de messagers dotés de coursiers rapides comme le vent, et la Comtesse eut tôt fait de dénicher l'un d'eux, connu pour sa vélocité autant que pur sa fidélité. Jamais pli n'était parvenu ouvert à son destinataire quand on le lui confiait, disait-on. Ce serait l'occasion pour lui de prouver sa valeur... Et d'approcher une princesse bretonne. La somme nécessaire pour assurer la subsistance de l'homme pendant son voyage et une discrète escorte, pour l'occasion, lui furent attribuées, et il partit bientôt, la missive soigneusement mise en sécurité. Bientôt, sa destinataire pourrait y lire :


Citation:
A Son Altesse Marzina de Montfort-Penthièvre, Prinsez Breizh,
De Sindanarie Carsenac, Comtesse du Limousin et de la Marche,

Salutations.

    Votre missive est bien parvenue jusqu'à moi. Pour tout vous dire, je suis assez surprise de sa tournure. Mais enfin, je tiens avant tout à vous rassurer sur l'état d'Aymeric. Même s'il boitille, il n'est pas en si mauvais état que vous pourriez le croire. Je l'ai moi-même croisé en taverne hier, et il en a profité pour m'informer que j'aurais des nouvelles de son père... Bref, toujours est-il qu'il est en assez bon état pour aller boire et se plaindre de son sort dans la taverne municipale de Limoges, et ce depuis le lendemain même de l'attaque dont il a été victime contre mes instructions. Il a même trouvé la hardiesse, ce jour, d'essayer de provoquer ma cousine en duel, chose qu'elle a naturellement refusé en raison de l'absence de conflit entre elle et lui. Ne craignez donc pas trop pour sa santé, il est assez valide, et la moitié de Limoges pourra sans doute en témoigner, y compris le bourgmestre.

    Bref. Quant à la subsistance d'Aymeric, j'avoue là encore ma surprise. Deux plaintes au moins ont été déposées contre lui pour brigandage... Et, quand je dis contre lui, vous vous doutez sans doute que je n'avancerais pas cette accusation si les descriptions fournies par les deux victimes - l'une sergent de la Compagnie d'ordonnance du Limousin et de la Marche, l'autre noble du Limousin et de la Marche - ne correspondaient pas trait pour trait avec Aymeric de Wroclaw et si ledit Aymeric n'avait pas été aperçu entrant dans une ville du Comté dont j'ai la charge au lendemain de ces larcins. Par ailleurs, il est d'usage que ce soit la famille d'un jeune noble qui pourvoie à sa subsistance et à son éducation.

    Enfin, si je peux me permettre d'oser un avis, ce jeune homme aura bien des choses encore à apprendre sur le vivre noblement. Par exemple, cracher, au sens le plus littéral du terme, au visage d'une noble n'en fait pas partie, du moins pas dans ma vision des choses. Mais, comme vous êtes sa presque-mère, je ne doute pas que vous saurez mater sa fougue juvénile et lui apprendre à respecter les lois des Comtés dans lesquels il vit pour le faire grandir en dignité et en honnêteté.

    Néanmoins, je suis tout à fait prête à reconnaitre que l'armée menée par Carmody de Tartasse a agi contre mes ordres et hors de ses attributions en faisant bastonner votre presque-progéniture. Excuses publiques seront donc faites à sa personne par moi-même. Je gage que vous saurez vous en tenir à ce que vous m'écriviez. Par ces excuses publiques à la personne de votre presque-fils, je gage que nous serons quittes et que des hordes bretonnes en folie ne jugeront pas bon de compromettre un équilibre diplomatique déjà précaire entre France et Bretagne.

    Respectueusement,

Fait à Limoges, le quatorzième jour de juin mil quatre cent cinquante-neuf.


Et la Comtesse s'en alla vers la salle d'audience de son Conseil. Là où les excuses publiques auraient lieu. Mais ceci serait une autre histoire, dont les Limousins auraient naturellement la primeur.

[Modo Ald'
Retrait du sceau dont la taille est hors norme. Merci de relire les Règles d'Or.
Bon jeu]

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Aymeric
Il revenait au dispensaire après être sorti plusieurs heures durant, seul dans l'église de Limoges. Il avait prié avec ferveur, parce qu'il était encore en vie, et que cela tenait plus du miracle que de son aptitude à encaisser les coups. Jamais il ne l'avouera, mais il a eu très peur sur ce coup là.

Lorsque le son de sa canne résonna dans l'hospice, une nonne l'interpella. Elle tenait une missive dans ses mains et semblait toute excitée à l'idée de lui remettre, comme si ce papier pouvait provenir d'une personne importante. Son père en avait-il trop fait ? Il prit le pli et le lut, le nom de l'envoyeur le surprit. Plus tard, il comprit pourquoi c'était elle qui lui avait répondu. La situation l'amusa, mais il eut un brin de compassion pour son pauvre père.


Citation:
A Son Altesse Marzina de Montfort-Penthièvre,
De moi, Aymeric de Wroclaw,

Je suis attristé de savoir que mon tendre père a été enfermé. Lui, un criminel ? Sûrement était-il sur le point de renverser le pouvoir qu'il a jugé oppressant. C'est un homme très charismatique, avec beaucoup d'expérience de la vie et des femmes. Vous avez de la chance de l'avoir pris pour époux, vous ne le regretterez pas. Enfin, s'il sort un jour de prison. En attendant, transmettez lui mes sincères salutations, et dîtes lui que je viendrais lui porter des oranges lorsque je le pourrais.

Quant au pourquoi je suis en terres limousines, c'est parce que j'ai une amie qui s'y est faite anoblir. Je l'ai accompagné à la cérémonie, puis je suis resté sur ces terres hostiles pour parfaire mon entrainement militaire : survie dans une forêt infestée de bêtes immondes, embuscade à des hommes armés jusqu'aux dents, récupération d'informations et de biens. Si vous avez des recrues à former, vraiment, je vous conseille de les envoyer en Limousin : c'est la jungle là-bas.

Je vous remercie de votre aide, la comtesse s'est excusée, et elle s'organise pour me dédommager. Sitôt que je pourrais monter à cheval, j’accourrai en Bretagne pour vous remercier de vive voix. Je voudrais aussi essayer le trône, je suis sûr qu'il irait très bien avec mon postérieur.
Quant au sort du Limousin, s'ils continuent à faire preuve de civilité, je pense que nous pourrons les laisser en paix.

Bien à vous,
Aymeric

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Ma bannière ? C'est du made by Aldraien !
Aymeric
Parce que c'était ça, le contrat. Elle lui pardonnerait ses errements contre une simple lettre lui assurant que la Bretagne ne s'en prendra pas au Limousin. Les femmes ont toujours été la faiblesse de l'homme, pourquoi changer cet état de fait ?

Citation:
A Son Altesse Marzina de Montfort-Penthièvre,
De moi, Aymeric de Wroclaw,

Je vous écris ces quelques lignes -car je sais que vous avez hâte de me voir- pour vous dire que je suis toujours bloqué en Limousin. Les gens me traitent bien, je mange correctement. Et en plus, ils vont bientôt me verser le dédommagement promis.

Je viendrais sûrement pour l'hiver chez eux, c'est accueillant au final. Il serait dommage de raser une contrée aussi hospitalière lorsqu'on la connait bien -il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis. Vous pouvez arrêter de réunir les soldats pour les envahir, ce ne sera pas nécessaire.

Embrassez mon père pour moi.
Aymeric


Avant de l'envoyer, il lui fera lire, et saura se faire récompenser comme il se doit, car un pardon ne vaut peut-être pas une lettre, surtout en sachant qu'elle l'avait déjà à moitié pardonner.
Marzina
Petite nuit d'insomnie, et la blonde répond à son courrier en retard, pas vraiment rongée par le remord en cette nuit plus que le jour précédent. A peine a-t-elle envie de torturer un peu le fils, tout en laissant crever le père dans son trou à rats.
Lettre plus courtoise donc, ayant affaire à une dame de goût, sans aucun doute:


Citation:
De Nous, Marzina de Montfort-Penthièvre, Prinsez Breizh,
A Vous, Sindanarie Carsenac, Comtesse du Limousin et de la Marche,

Demat,

Nous sommes rassurée, notre presque-fils nous a en effet fait parvenir de ses nouvelles, et il a l’air, d’après ses paroles, de se remettre petit à petit de ses blessures. Mais enfin, ne prenez pas ses visites dans les tavernes pour preuve de bonne santé, si le fils est comme le père, la taverne est plus ou moins son habitat naturel, l’y trouver est donc parfaitement normal, qu’il soit mourant ou en pleine forme. En ce qui concerne votre cousine, nous ne saurions que vous conseiller de lui recommander d’éviter d’attiser l’intérêt du jeune homme, comme tous ceux de son âge, il a tendance à s’extasier sur la féminité des demoiselles, et il semblerait qu’il ait décidé de décharger ses pulsions par la violence. Il est peut-être bien un peu breton, après tout !

Par contre, je refuse de croire que notre presque-tout petit se livre au brigandage ! A moins que les vostres le condamnent à la disette, le poussant à faire ce genre de crimes odieux afin de subsister sans subir le déshonneur de devoir mendier devant l’église de l’un de vos villages ! Dans ce cas, évidemment, nous pensons que la faim l’aura aveuglé, et poussé à faire des choses horribles, dont il devra se repentir devant un prêtre, nous l’en informerons, et espérons que le Très Haut saura apaiser sa colère, et sa faim. Quel malheur ! Les vivres que nous lui envoyons spécialement afin de convenir à sa subsistance apparemment lui sont justement volés avant de lui parvenir, vous comprenez son désarroi ! Nous avions pour projet de le rapatrier dans notre douce contrée barbare, mais il n’est tristement plus en état de faire la route maintenant, sous peine d’aggraver son état.

Certes, il a encore beaucoup de choses à apprendre, nous gageons que l’éducation que lui a fournie son père chez les françoys a du être lamentable. Si cela peut vous rassurer sur son avenir, il sera éduqué selon les mœurs bretonnes, à savoir une épée entre les mains, et survit ou trépasse, le Très Haut et son courage feront la différence. Quant aux lois, il devra respecter les Livres et Coutumier de Bretagne, pour les lois françoyses, libre à lui de les respecter ou non, et d’en assumer ensuite les conséquences.

Nous louons, en tout cas, votre bon sens, et votre apparente affection pour la paix, que nous partageons. Veuillez nous excuser pour l’éventuelle dérogation faites à ces convictions, il semblerait que lorsque cela touche notre presque-fils, nous soyons quelque peu…transformée. Pour ce qui est de ma personne, elle ne sera pas le déclencheur d’une quelconque attaque armée sur votre territoire, nous ou notre presque-progéniture d’ailleurs, qu’il nous tarde de faire rapatrier instamment, soyez sans crainte nous sommes femme de parole.

Sauriez-vous cependant, dans une quarantaine de jours, vous assurer qu’Aymeric ne risque rien à quitter vos terres, afin qu’il nous rejoigne dans un état à peu près convenable ? Il serait fort malheureux qu’une deuxième erreur survienne, nous aurions, dans ce cas précis, du mal à accepter que cela ne soit du qu’à la fatalité…
Avec toute l’estime dont je puis faire preuve,

SA Marzina de Montfort-Penthièvre


Puis au presque-fils donc, dont elle prend un plaisir presque sadique à s'occuper, avec la prévision de pouvoir lui tirer les oreilles un jour ou l'autre, plaisir hautement coupable mais délicieux.

Citation:
Bon, Aymeric,

N’allez pas mettre votre père sur un piédestal, l’imaginer en héros salvateur des pauvres brigands, qui souhaite renverser le pouvoir pour défendre la veuve et l’orphelin. Non, si un jour il renverserait un pouvoir oppressant, ce serait de forcer la main au tavernier qui lui refuserait un autre verre parce qu’il jugerait qu’il a déjà sa dose d’alcool ! Quant à l’homme charismatique, il l’est beaucoup moins une fois dénudé, complètement ivre, sentant le vomi, et avec une bague Monopriks à la main !
Je ne l’ai aucunement pris pour époux, sinon j’aurais trouvé un moyen de sortir mon cher et tendre de geôle, vous ne pensez pas ? Alors que j’écris, il croupit encore dans sa cellule humide, preuve s’il en est que je n’ai rien à voir avec lui ! Par contre, si vous lui portez quelque chose, préférez la vodka aux oranges, je ne sais pas à quoi ça lui servirait, il a à manger, c’est très nourrissant le pain rassis, l’un des gueux qui s’occupe de cultiver mes terres me l’a affirmé, je le crois sur parole, c’est un brave type le Vieux Joseph !

En effet, le…comment dites-vous ? Limousin ? Je croyais que c’était Limousie, donc nous disions, la Limousie a l’air d’être un terrain de jeux formidables pour hommes en devenir, à condition qu’ils ne se prennent pas une armée dans la face, n’est-ce pas ?
Quant à votre retour en Bretagne, je l’organise, sitôt arrivé vous devrez vous confesser à un prêtre de la famille, je ne sais encore lequel, mais vous aurez l’embarras du choix, il n’y a que ca chez les Montfort ! Ca et des guerriers, il faut croire qu’ils aiment les paradoxes plus que les Penthièvre. Quant au trône, ne rêvez pas trop, Elfyn vous aura tranché la gorge d’un simple mouvement du petit doigt avant même que vous n’ayez pu poser le votre sur son royal siège. Gardez à l’esprit le surnom que les françoys lui ont donné lors de la dernière guerre : Elfyn le Sanglant. Vous voilà prévenu.

En ce qui concerne le baiser pour votre père, votre très cher père même, vous viendrez lui faire vous-même, je suis sûre qu’il saura attendre que vous arriviez. De toute façon, ce n’est pas comme s’il pouvait s’enfuir, ou avoir autre chose à faire !
Ken emberr, s’il le faut !

SA Marzina de Montfort-Penthièvre

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Au ralenti du 12 au 19 juillet!
Aymeric
Dans une chambre qui n'est pas la sienne, il trouve le temps de répondre à la missive de sa belle-mère. Assis sur le lit, le parchemin sur les genoux, il essaie d'écrire avec sa main encore tremblante. Il s'applique à former les mots, ce qui n'empêche pas que la lettre est sale, avec des ratures et des tâches d'encre un peu partout. La pointe de sa plume file à toute allure sur le papier parce qu'il parle avec le cœur ; et s'il n'était pas seul dans la pièce, peut-être aurait-on vu des larmes dans son regard sombre lorsqu'il écrivit certains passages.

Citation:
Votre Altesse, quoi que je peux vous appeler Marzina maintenant,

Vous sous-estimez grandement mon père. Je sais à quel point il peut avoir l'air pitoyable lorsqu'il est ivre, et je n'ose pas l'imaginer entrain de sautiller vers vous avec ses braies sur les chevilles ; mais il n'a pas toujours été ainsi. Avant, c'était un homme fier et respectable, amoureux d'une jeune femme qui n'est autre que ma mère, et personne n'aurait osé le mettre en geôle sous peine de ne devoir dormir que d'un œil la nuit, au cas où un mercenaire vienne lui trancher la gorge pour le réduire au silence.

Et il m'a élevé ainsi, tandis que d'autres pères jouaient avec leurs fils, le mien me poussait à apprendre toujours plus, à me battre pour me hisser au niveau des autres enfants de la noblesse française pour mieux les écraser ; et s'il ne m'a montré que trop rarement qu'il m'aimait, je sais qu'il a fait tout cela pour mon bien, pour que je survive dans ce monde. Il a même été jusqu'à me placer dans un collège à Paris en croyant que j'apprendrai peut-être d'avantage là-bas qu'avec lui.

Si vous lui laissiez sa chance, Marzina, je suis sûr qu'il ferait de vous une femme heureuse, comme l'a été ma mère, et toutes les personnes qui lui ont été chers. Je mettrais même ma main à couper qu'il s'entendrait bien avec votre père sur les divers façons de me remettre sur le droit chemin. Sortez le des geôles de Nantes, vous ne le regretterez pas.

Quant à me confesser, vous serez ravie d'apprendre que j'ai commencé ma pastorale pour me faire baptiser. Ainsi, je vous arriverai blanc comme neige, et je n'aurais pas à raconter mes fautes à votre oncle, votre cousin ou votre frère ou que sais-je, pour qu'il vous en fasse ensuite part. Cela vaut d'ailleurs mieux pour vous, je ne veux pas que vous pensiez que je suis possédé par le Sans-Nom -ce dont une demoiselle me soupçonne déjà, voyez comme j'ai hérité du charme de mon père.

Cordialement,
Aymeric de Wroclaw
Marzina
Recroquevillée sur une chaise, les genoux ramenés contre elle, une joue sur les genoux, Marzina rêvasse devant la fenêtre, la missive à la main, les yeux rivés sur le soleil orangé qui se couche. Trop lasse pour écrire, elle dicte à la gouvernante. Celle-ci a une écriture tout à fait différente, plus sèche, pointue, contrairement à celle ronde et douce de la princesse, malgré les mots durs qu’elle écrit parfois. Elle dicte, donc.



Aymeric,

Peut-être, oui, peut-être que je sous-estime votre père…A vrai dire, je n’ai pas vraiment eu le loisir de le connaitre beaucoup. Peut-être n’ai-je pas réellement tenté non plus, j’avoue ne pas vraiment m’intéresser aux autres, c’est comme ça. Lorsque je vous lis, je me rends compte que vous devez beaucoup aimer votre père, d’après le portrait que vous brossez de lui. S’il a vraiment été ainsi un jour, j’espère pour vous que vous retrouverez cet homme que vous admirez tant, et je partage votre douleur dans la perte de votre mère, une douleur que j’ai bien connue, qui est l’une des pires qu’il est donné de connaître.

Votre enfance, contrairement à ce que vous semblez penser, n’est probablement pas la meilleure dont un enfant pourrait rêver. Ce n’est du moins pas celle que j’ai connu auprès de ma mère, et je n’envie pas la vostre. Il est probable que votre éducation aurait été différente si votre mère avait vécu plus longtemps.

Vous savez Aymeric, il n’est pas question ici que de laisser sa chance à votre père…Mais de ce qu’il pourrait offrir. N’avez-vous jamais envisagé que je ne voulais pas, de cette vie là ? Quant à Elfyn, son charisme est grand, mais son cœur est loin, ma mère l’a emporté dans sa tombe, c’est désormais un homme froid que l’on ne voit jamais sourire.
Je vais considérer votre demande, à savoir sortir votre père de geôle, mais tout dépendra de sa bonne volonté à disparaitre.

Vous vous faites baptiser ? Voilà qui est bien étrange, de mon avis, commençant à vous connaitre de par les ouï-dits et vos missives, ce n’est vraiment chose qui vous ressemble, et j’aurais tendance à croire que vous préparez quelque mauvais coup ! Ou peut-être est-ce juste moi qui suis trop méfiante…mais la défiance conserve en vie, gardez-le bien dans un coin de votre teste, et portez-vous bien, j’ai comme l’impression que votre père m’en voudrait à mort s’il vous arrivait quoi que ce soit…

Marzina de M-P

PS : pas parce que je vous ai dit ça qu’il faut vous sentir obligé de faire n’importe quoi et de m’appeler au secours ensuite ! Ca ne marche pas tous les jours.


Et puis elle finit en demandant qu’on souligne cette dernière phrase, et esquisse un sourire, avant de faire envoyer la lettre. Peu de temps plus tard, elle s'endort sur sa chaise, le visage pressé contre le verre froid.
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Au ralenti du 12 au 19 juillet!
Aymeric
C'est d'un œil assassin qu'il accueillit le messager porteur d'une missive. Il pensait simplement qu'il était porteur de mauvaises nouvelles -ou plutôt de réprimandes- de la cousine de son amante. Il fut rassurer de voir que cela venait de sa belle-mère... Quoi que.



Marzina,

Je ne saurai d'avantage plaider en faveur de mon père, votre histoire d'amour -si on peut appeler ça ainsi- est légèrement trop compliqué pour un jeune homme inexpérimenté comme moi. Néanmoins, puis-je vous demander ce qu'il en pense lui ?

En parlant d'amour, je vous annonce, à vous et à mon père, que j'ai peut-être trouvé une épouse. Une noble. Rousse. Limousine. De vingt ans mon ainé. Hum. Vous l'apprécierez comme je l'apprécie, j'en suis sûr. C'est la cousine de la comtesse qui a dû me présenter ses excuses. Double hum.

Et je me fais baptiser, c'est uniquement pour redémarrer sur de bonnes bases. J'ai beaucoup péché ces dernières années, particulièrement en ce moment, donc je veux renouer avec le Très-Haut. Et épouser ma future épouse, si sa cousine lui pardonne un jour sa liaison avec moi.

J'espère avoir votre bénédiction. Et même sans, je fais ce que je veux, je suis majeur. Mais ce serait bien quand même de l'avoir.
Aymeric

PS : C'est comme la tonte des moutons, c'est tous les trois jours.
Marzina
Journée épuisante, à jouer à cache cache dans les couloirs du château de Nantes pour garder sa tranquillité. Repos mérité dans la chambre d'amis où elle a établi demeure, puisque sa chambre à elle est squattée.
Ce qui est plutôt embêtant, la garde-robe y est attenante!
Vous comprenez sa mauvaise humeur!
La lettre d'Aymeric est toujours là, sur une petite pile de courrier dont elle reporte les réponses à plus tard...c'est bien plus tard, aucune date précise. Mais c'est ennuyeux lorsque ca comporte une échéance, comme une invitation. Mais elle s'en sort quand même...
Elle se décide donc à faire diminuer le tas de correspondances, et attrapant parchemin, plume et encrier, répond à son presque-fils:




Aymeric,

Les nouvelles que je vais vous apprendre en ce jour seront pour vous à la fois réjouissantes et terrifiantes...
Votre père est sorti de prison, il va relativement bien, même s'il est passé poids plume. Louez ma bienveillance, je ne pouvais vous laisser sans père plus longtemps!
Il n'a pas encore appris votre projet de mariage, et je n'ai pas encore décidé de ce que je ferais de cette information. Je pense qu'il a le droit de savoir, mais s'il vient à connaitre vos projets, il va vouloir venir vous corriger au pays des vaches...
Ce qui m'arrange parfaitement en fait, il quittera la Bretagne, et surtout il cessera de n’importuner pour reporter son manque d'affection sur vous...
En fait, maintenant que j'ai écrit ces quelques lignes, je me rends compte que ma décision est déjà prise: préparez-vous à recevoir votre père! Je m'accoutumerais fort bien à son absence dans les couloirs du château pour ma part, je vous le rends!

Bon courage,

Marzina de M-P

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Au ralenti du 12 au 19 juillet!
Marzina
Le bruit d’un cheval déboulant au galop avant de ralentir l’allure, près du chef d’armée. La blonde arbore un sourire rayonnant, le voyage est le propre du breton, visiter les contrées hostiles ne lui fait pas peur, même quand il s’agit d’une princesse qui ne sait pas soulever une épée…Les longs cheveux blonds sont ramenés en une tresse qui vient serpenter devant son épaule, surmontés d’un tricorne noir de brigand, héritage chéri du paternel en second, trépassé il y a de cela longtemps. Tenue de voyage masculine, avec hautes bottes de cuir noir, la princesse s’en va en guerre…anonymement. La dague de famille est dissimulée sous ses bas, il y a bien longtemps maintenant qu’elle savait s’en servir, aujourd’hui, elle doutait de le savoir encore. Elle discute un moment avec le tubercule, qui divague sur de possibles troussages de femelles ennemies, pillages dans les contrées ennemies, et incendies volontaires de villages entiers…Grimace de la blonde qui regrette soudain d’avoir voulu lui faire la conversation.

Ils s’enfoncent vers les frontières bretonnes sans perdre de temps, ils sont attendus, ils n’ont pas le temps de trainer en chemin, de flâner pour faire un peu de shopping…Bientôt, il fait nuit et ils se voient obligés d’installer le campement. Marzina regarde sa gouvernante descendre de son mulet et sortir de la charrette qu’elle a tiré le long du chemin tout ce qu’il faut pour la tente. Elle, elle prend son bouclier, un bout de parchemin, sa plume et son encrier, et elle écrit à son presque-fils.




Aymeric,

Voilà un moment que je n’ai reçu de vos nouvelles, je commence à me poser des questions sur votre état de santé ! Je n’ai toujours rien dit à votre père concernant votre prochain mariage, je gage qu’il préférerait l’entendre de vous, plutôt que de l’apprendre de moi, de l’Eglise, ou des bruits de couloir. Je pense également qu’il préférerait connaître la donzelle, et que vous lui demandiez son avis, avant de vous engager à votre jeune âge dans cet acte définitif, contraignant, et disons-le clairement, inutile et hypocrite. Satisfaites-vous de passages chez les professionnelles, mais choisissez-les propres surtout, au moins vous n’aurez pas à assumer le fruit d’un amour qui se peut n’être que passager, et que vous devrez porter toute votre vie.

L’Eglise, peut-être, peut vous aider dans les moments compliqués de la vie. Méfiez-vous des curés, ils tentent toujours de vous marier sournoisement, mais n’hésitez pas à vous confesser, même s’ils s’endorment avant la fin, Doué reconnaitra votre bonne foi, et châtiera les fainéants qui dorment quand ils ne le devraient pas.

Je pars actuellement prendre part anonymement au conflit entre la Touraine et le Berry, je ne serais plus très loin du Limousin. Sitôt le conflit terminé, je viendrais m’enquérir de votre santé, si Doué me le permet. Je ne saurais vous dire ce qu’il en sera de votre père, qui doit normalement rejoindre notre armée, mais que je n’ai pour l’instant point aperçu. Il devait être mon mestre d’armes, son absence est contrariante. Peut-être, s’il finit un jour par arriver, pourriez-vous en profiter pour lui présenter votre promise ? Je crains que vous ne soyez déshérité s’il apprend la chose après coup, pensez que son honneur de duc en prendrait un coup, et que son amour de père serait cruellement blessé.

Je gage que vous saurez vous comporter en homme réfléchi, qu’un jour vous finirez sans doute par devenir !

Ken emberr,

SA Marzina de M-P

PS : prenez soin de Louis-Charles, mon coursier n’a pas pu m’accompagner en voyage, je me dois de faire comme les petites gens pour passer inaperçue. Il mange à peu près de tout, et je lui ai découvert un certain goût pour le sang, c’est pratique pour le nourrir pendant les guerres.


Elle soupira en signant la missive. Vrai que l’absence de Dariusz la contrariait un peu…Pour pas mal de raisons en plus de celle qu’elle avait évoquée. Avait-il fini par fuir, comme elle ne cessait de lui demander ? Grimace à cette pensée, tandis qu’elle sort de sa cage Louis-Charles, pigeon de compét’, qu’elle avait prénommé ainsi parce qu’il avait, selon elle, une tête de roy françoy. Le pigeon est balancé dans les airs sans ménagement et part retrouver son destinataire. La blonde l’observe un moment s’envoler, et puis vient s’asseoir sur la charrette, observant le reste de l’armée établir le campement, chose trop ingrate pour ses petites mains fragiles.

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Au ralenti du 12 au 19 juillet!
Aymeric
Un pigeon ! Alléluia ! Pour une fois que ce n'est pas un coursier qui amène une lettre d'un conseiller comtal -pas moins de six lettres et il ne sait toujours pas s'il va être mis en procès-. Ça aurait même pu être un pigeon pour lui annoncer qu'il n'a pas payé ses taxes professionnelles concernant sa taverne, tant que ce n'est pas une énième lettre pour essayer de le convaincre qu'il aurait droit à un procès équitable, c'est pas grave. Et lorsqu'il découvre que c'est belle-maman qui lui écrit, il regrette d'un coup que ce ne soit pas un conseiller comtal qui lui écrive. Les hypothèses se bousculent dans sa tête, toutes moins réjouissantes les unes que les autres : elle est enceinte de Dariusz, elle a divorcé d'avec Dariusz, Dariusz est mort, elle a fait tuer Dariusz, elle a tué Dariusz. Finalement, c'est pire encore : elle vient à Limoges avec Dariusz. Pour éviter ce cataclysme, il lui répond, vite.



Votre Altesse Marzina,
Belle-maman que j'aime déjà parce qu'elle est la femme de mon père, parce qu'elle est belle -j'espère pour lui- et parce qu'elle est princesse,

Mon état de santé ne s'est pas dégradé, au contraire : je serais bientôt remis de ma convalescence. Par contre, ces idiots au conseil du Limousin n'arrêtent pas de m'écrire pour essayer de me convaincre que ma mise en procès pour un brigandage à cause duquel ils avaient décidé de me poutrer est normal. Vous comprendrez donc que je n'ai pas eu le temps de vous écrire, et pour tout vous avouer, je vous avais complétement oublié.

Ceci étant dit, je vous remercie sincèrement de vous inquiéter pour mon mariage, mais il n'aura pas lieu. Ma compagne préférant faire passer ses devoirs avant moi, elle m'a clairement fait comprendre qu'elle m'aurait comme ennemi si je me vengeais du Limousin, ce que je compte faire puisqu'ils ont l'air décidé à me trainer dans un tribunal. Donc n'y pensons plus, mon père n'aura aucune mauvaise surprise et aucune raison de me déshériter. Mais parlez moi donc de votre couple : vous avez des disputes de temps en temps ? Il est jaloux ? Vous êtes jalouse ? Ça arrive à tous les amoureux, vous savez. Si j'ai hérité de son charme, il doit savoir se faire pardonner. Ou alors, j'ai hérité de celui de ma mère et dans ce cas, ayez pitié, ne le remettez pas en prison.

Ainsi donc, vous allez guerroyer. Il va falloir que vous m'expliquez pourquoi vous le faîtes incognito : le Roy ne veut pas vous voir près d'un champs de bataille ? En même temps, je le comprends. Ce n'est pas la place d'une princesse. M'enfin, je suppose que vous êtes aussi têtue que mon père, si ce n'est plus, et que cela ne sert à rien d'essayer de vous dissuader, juste vous souhaiter bon courage. Ne vous faîtes pas trancher un sein par l'ennemi, ou une jambe, ce serait dommage. Pendant ce temps, moi, je vais essayer de prendre le château sans votre aide. Ainsi, on ne pourra pas dire que je me repose sur ma famille.

Camembert ! Ah non, Ken emberr !

Aymeric, qui vous aime pour toutes les raisons sus-citées

PS : Votre pigeon a eu droit à de la bière de ma taverne. On dit qu'elle a un goût de pisse de chat, ça ne m'étonne pas qu'il l'ait bu.


Il attacha le pli à la patte de l'oiseau et le relâcha par la fenêtre de sa chambre avant de retourner en taverne, songeur. Il imagina son père et Marzina dans un campement, traités comme tous les soldats. Puis sur un champs de bataille, risquant leurs vies dans les lignes ennemies. Et s'il leur arrivait quelque chose ? Il aimerait être avec eux pour les protéger, mais il n'est pas encore en état de voyager et des obligations le retiennent. Il n'empêche qu'il s'en voudrait si l'un d'eux se retrouvait blessé, ou pire.
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