[RP] Les mauvaises rencontres

--Sadnezz.

[Le pouvoir se manifeste bien plus aisément dans la destruction que dans la création]

Soir de pulsions. Recluses dans son esprit le temps d'une difficile convalescence, brimées, entravées, elles s'étaient accumulées en masse faisant dangereusement passer la santé mentale de leur hôte sur une ligne à ne pas franchir. A l'ombre de longues ailes d'oiseaux sombres et insolents, Corleone avait accusé le coup. Coup de couteau, vilaine plaie qui l'avait conduite aux frontières de ses capacités, à la limite de ce que pouvait endurer son vieux corps asséché. Mais cette fois encore, elle en avait réchappé. Du coté de son esprit, rien n'était moins sûr. Mais vaille, les visions et la fièvre, les délire et les absences... Mourir de la lame d'une hérétique, bien indigne mort pour l'italienne ne trouvez-vous pas? Trépasseront les grand penseurs, sans ne manifester gout pour le faste ce n'est pas ainsi que Belladone expirera.

Redressée d'un regain d'énergie comme il en fut passé quelques un, ponctuels dans sa vie, sa silhouette vient taquiner les vieilles pierres de Dijon à la recherche d'un exutoire. Oui, parfois sans bien comprendre pourquoi, certaines choses que l'on croyait gravées dans la pierre manifestent un bouleversant changement, aussi incisif qu'inattendu. L'esprit humain possède bien des secrets, insondables secrets. Celui de Sadnezz Corleone avait accumulé trop de jours de silence, enfermé dans ses propres limites... Captif de sa propre dégénérescence. L'âge diront certains. Une tendance à la folie latente penseront d'autres. Qui saurait dire si même l'hôte de cet esprit écorché se laisse aller aux caprices de ses envies. Besoins. Pulsions.

Assouvir, assouvir... Comme il y a longtemps ces désirs inavouables. Point de charnel pour ce sexe faible cependant, pour les deux hypothèses justes citées les contacts humains ne trouvaient plus grâce aux yeux de la Belladone depuis déjà plusieurs mois... Même auprès de vieilles relations, qu'elle eut pensé autrefois incontournables, intemporelles. L'être qui se complait à recevoir sans donner est déjà bien mal à sa place dans ce vaste monde, mais celui qui ni ne donne ni n'accepte... Quelle est sa place? Ne se sent-il pas comme un carré dans un univers de ronds? Ou un rond dans un univers carré? Certainement que dans sa caboche, plus grand chose ne tourne rond. Trêve géométrique.

Retrouver l'exaltante sensation de dominer, de se sentir encore vaguement vivante sans voir ses gestes guidées par les desseins d'autrui. C'est qu'à souvent exécuter pour les autres et leur or, elle en viendrait presque à oublier son libre arbitre. Mais souvent n'est pas toujours. On se souviendra pour elle de ces autres nuits sans autres buts que les dévorants besoins de faire couler l'ichor pour son propre orgueil. Peut-être que c'était là sa façon de compenser la faiblesse de son sexe, par nature oppressé du poids de son époque. Le cycle se répétait infiniment et ce soir elle s'y vouait corps et âmes, une fois de plus. Il lui fallait quelque chose, et c'est en posant son regard noir sur une carrure moins frêle que la sienne que le grain de folie refit surface pour enrayer la machine usée.

Quelque chose ou quelqu'un.

éclair d'une pensée, pensée pourtant si peu éclairée.

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La tolérance n'existait PAS au M.A / Je ne débats pas, je ne tergiverse pas; je joue.

Keridil

Cinq heure, un matin bourguignon, dans une bourgade bourguignonne. Un bourguignon.
Keridil d'Amahir, bourguignon de mariage, d'adoption, de noblesse. Grand Ambassadeur Royal de France.
Le jeune homme quitte sa couche. Il est tôt, mais le diplomate est de ces hommes qui ne prennent que peu de repos. En terres de Bourgogne depuis quelques temps, il est venu le temps d'aller rendre hommages à la Feudataire du Duché.
La veille, le Seigneur de Bréméan a fait savoir à sa suite - un valet, un cocher, et deux pages royaux - que le cap serait mis sur Dijon, capitale des Ducs de Bourgogne, et sur son palais.

L'homme est nu, et se dirige là où lui sera versée une eau claire sur le corps. L'orléanais s'admire, se touche le ventre qu'il trouve un peu bedonné, puis sans prendre le temps de se délasser dans un bain, il enfile chainse, chemise, pourpoint, braies et autres collants. Une paire de riches poulaines aux pieds, et dix huit marches sont empruntées, jusqu'à l'entrée où l'attend Julien, son serviteur des plus fidèles.
Un regard entendu entre les deux hommes. Le page sera du voyage, et quelques pas les mènent au coche, qui les attend.

Quelques heures plus tard, un carrosse frappé de France, au blason brisé d'une abeille, fait son entrée dans Dijon. Le Grand Ambassadeur Royal fait passer la visite pour officielle, ça donne des privilèges. Les chevaux avancent dans la cohue dijonnaise, la populace est dehors. Rideaux tirés, l'Amahir a dormi, bercé par les pavés, quoi que son séant s'en aplatisse un peu plus à chaque voyage.
Les cris venant du marché le réveillent, il se sait proche de son but.

Julien, envoie un garçon prévenir de notre arrivée.

Il est simple de se pencher à la fenêtre du coche, d'offrir quelques deniers à un gamin qui sera ravi de courir faire annonce de la venue d'un noble sire à la Cour de Bourgogne. Et quelques minutes plus tard l'on entendra, au détour d'une rue encombrée, un cocher crier.

Place ! Place pour Son Excellence le Grand Ambassadeur Royal de France !
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Sadnezz, incarné par Keridil

Elle pousse le gosse, il l'agace avec sa voix stridente, sa voix de gosse. Elle déteste les gosses. Dans sa menotte insolente, il tient serré sa ferraille de valeur, comme on s'agrippe à la trouvaille de sa vie.

Donne!

Pourquoi d'ailleurs. De l'argent, elle en a. Pas la gloire après laquelle elle a passé sa vie a courir non, mais elle en a. Etrange cette façon qu'a l'argent de devenir sale sitôt au contact de ses mains. Sans scrupule, le gosse est volé et reçoit en échange un bon coup de pied au cul. Il détale à la vue de sa dague dévoilée dans un mouvement un peu brusque.

C'est ça, dégage...

De l'enfant au coche, elle plisse des yeux corbeaux, intriguée par tant de raffut. Coche armorié, ça sent la belle particule. Le convoi est suivi du regard, et irrésistiblement elle se retire. La direction qu'il a choisie laisse peu de doute sur sa destination, et les coches n'empruntent pas les dédales de ruelles en raccourcis, étroites comme deux hommes, sombres et peu fréquentées. Le palais. Elle y arrivera avant lui, messire le Grand ambassadeur... Curieuse, ou simplement attirée comme la pie par l'étincelle. Affamée. Assoifée.

Ce qui a commencé comme un jeu de hasard se voit prendre une tournure moins aléatoire. Bourgogne. Jusqu'à ce jour terre sacrée, terre d'exil. Intouchable Bourgogne. Mais aujourd'hui, il faut parer à l'urgence. Se décharger de cette tension, vite. Pas le temps, pas l'envie de prendre de la distance, d'aller s'échouer en rase campagne. C'est ici et maintenant, Belladone est en manque. Belladone est dérangée. Sur sa route elle croise des ombres, accompagnées, ou simplement peu intéressantes. Il ne s'agit pas de s'attaquer au premier qui passe, à la catin, à l'engrossée. Il faut quelqu'un à descendre de son piédestal, une chute, fracassante chute.

Qui es-tu ambassadeur, dans ton joli carrosse guindé? Au détour de certaines rues elle entrevoit la couleur irréprochable de la voiture croisée, même la boue semble ne pas oser s'en approcher... Sa filature continue, Sad prend même un peu d'avance. Les rideaux dissimulent les passagers, les nobles ont toujours des choses à cacher. Les sabots des chevaux attelés sont presque trop propres, vernis. Tant de propre, c'est a gerber.
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La tolérance n'existait PAS au M.A / Je ne débats pas, je ne tergiverse pas; je joue.

--.julien.

Je n'aimais pas la province. A Paris, les serviteurs du Louvre et des Ambassades avaient la charge de mon maître, et ma liberté, ou du moins un semblant, m'était acquise.
Ici, en Bourgogne, j'étais le seul compagnon en lequel Keridil d'Amahir avait confiance. J'avais apprécié la forme d'amitié nous liant, au delà du rang, fut un temps.
Désormais, s'il semblait m'avoir gardé de l'attachement, j'aspirais à mieux qu'une vie dans l'ombre d'un grand homme.

Les délices de la chair m'avaient émancipé, et les promesses d'un jeune baron m'enivraient à chaque retour à la capitale.
Branlant dans le coche, soulevé sans cesse par les pavés, retenant parfois une vilaine nausée, je pensais au luxe de la garçonnière parisienne.

Lorsque le baron de Seignelay me sollicita, je ne réagis que par automatisme, le procédé était si habituel. Se pencher, donner une pièce, donner un nom, et dire que faire à un enfant des rues.
Fut un temps, j'aurais suivi le gosse du regard, peut-être même aurais-je annoncé moi-même le Grand Ambassadeur, mais que nenni, je laissai désormais la tâche à d'autres.
Keridil feignait de ne pas avoir remarqué de changements en moi, et après tout, le service restait des plus corrects, et pour palier à mes négligences, d'autres pages l'accompagnaient.
Parlant de négligences, j'avais oublié un détail ce jour là. A vrai dire, chaque jour depuis la nomination de Bréméan à la tête de la Diplomatie de la Reyne, j'avais fait preuve de procrastination.

L'on m'avait dit maintes fois qu'un homme de ce rang, de ce statut, tout diplomate et dépourvu d'armes soit-il, devait avoir des gardes. Représentant en chair de Sa Majesté, là où elle n'était pas, l'on ne pouvait permettre de l'atteindre comme le premier des quidams. Et pourtant.

Habitué au peu d'agitation de l'Orléanais, à la commune route menant de Bréméan au Louvre, aux quelques routes de Bourgogne, je ne m'étais pas pressé pour trouver à mon maître une digne escorte.

Pourquoi pensais-je à cela ? Aucune idée, mais les faits étaient tels qu'un frisson me parcourut l'échine, et je me sentis soudain nu, dépourvu, et vulnérable.
Mes yeux glissèrent sur l'Amahir endormi, qui s'éveilla lorsque son nom fut hurlé dans les rues. Je me penchai un instant, ouvrant un rideau.
Devant le carrosse, un chariot bloquait la rue, et ce n'était pas faute d'avoir évité les ruelles. Je priai pour ne pas avoir à descendre, le cocher jurait, pestait.
La ville en somme, foutue ville, sale vide, et en plus, l'odeur me monta au nez. Laissant le Grand Ambassadeur à vue, rideau ouvert, je me reculait au fond de la banquette inconfortable du coche.

Nous arriverons vite, Excellence.

Il acquiesça. Un instant, j'eus l'envi de m'ouvrir à lui. Son air indifférent me rappela son affection fraternelle, des mois, des années auparavant.
Perdre la confidence d'un homme est sans doute définitif. Je haussai les épaules, ce qu'il dut peiner à saisir, et affichant une moue, mon regard se perdit sur une pierre, dehors. Le mur d'une échoppe.

Sadnezz, incarné par Keridil

Aller au devant des problèmes. Il y a des gens comme ça qui ne peuvent s'en empêcher. La plupart ont conscience des conséquences, et une infime partie de cette populace nage en pleine inconscience. Sad ferait partie de cette partie de la partie. Une sale minorité.

Elle observait le manège du carrosse, de la route barrée, du rideaux qui flottait à la douce brise, de l'irritation du cocher. Dans sa tête, c'est l'ébullition. ça grouille, vieille machine rouillée qui se met en branle après une éternité d'inaction. Les rouages hurlent, la vapeur siffle, elle analyse. Et cette tension qui l'oppresse, comme lorsque le désir charnel vous prend, vous serre de l'intérieur. Obsessionnelle, ses mains en tremblent, elle en salive.

Ravalant le noeud qui étreint sa gorge elle aperçoit un visage. Qui du valet ou de l'ambassadeur? Elle ne le sait, mais la vision attise son désir d'embrouille, son manque de verve. Le marchand à la charrette délictuelle a disparu, c'est un signal. Sans plus réfléchir elle sort de sa reserve. Au devant des problèmes, on vous a dit. Provoquer le conflit, trouver sa raison dans l'erreur des autres.

Contournant le cocher elle longe la voiture, laissant trainer la pulpe de ses doigts sur la rutilante carcasse. Belle bête. Corleone ne connait pas le confort tout relatif de ce genre de bolide, et n'y goutera certainement jamais. Le plat de sa main s'abbat vigoureusement par trois fois sur la petite porte et elle vient s'accouder au fenestron ouvert. Sans gêne, elle hurle a l'intérieur.

Et il va attendre le messire ou il va passer par dessus?!

Usurper. interpeller. toujours dans le tact et la douceur. S'autoproclamer propriétaire d'un chariot qui n'est pas sien.

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La tolérance n'existait PAS au M.A / Je ne débats pas, je ne tergiverse pas; je joue.

Keridil

Fatigué, le Grand Ambassadeur de France émergeait quand un ingrat visage se pointa à la fenêtre de son carrosse.
Ingrat...peut-être pas objectivement, mais un homme guindé qui voit une chose salement vêtue lui hurler dessus, il trouve ça des plus déplaisants.
Interdit, il reste un moment silencieux, les yeux perdus dans le néant.

La surprise est de taille, à vrai dire, jamais telle situation ne lui était arrivée, et pourtant, il avait déjà vu un fakir s'enrouler la quique autour d'un bâton, avec des éléphants et tout et tout.
En l'occurrence, il jeta un oeil à un Julien tout aussi confus que lui avant de se redresser.
Comme un I, l'Amahir se remet et laisse entrevoir à la bougresse le regard méprisant des grandes occasions.
En effet, qui connaît Keridil sait qu'il n'est guère de mauvaise humeur. Mais là, il aura fallu du toupet et un étonnant manque de savoir vivre pour l'attaquer de la sorte.

Calme, le brun prend une voix volontairement hautaine, qui aurait sonné faux à des oreilles familière au timbre Keridilien.

Madame, ce Messire est le Grand Ambassadeur Royal de France, et comme Sa Majesté n'attend pas, son représentant ne souffre guère de devoir le faire. Aussi, et s'il le faut, nous passerons dessus.

Dessus quoi ? Le pauvre gaillard qui sortait de sa léthargie ne savait pas même ce que la brune lui reprochait.

Et vous nous feriez un immense plaisir en descendant de ce coche. Immédiatement, tout de suite, là.

Et de faire de ridicules gestes de la main, affichant sur son visage un dégoût, lui, non feint.
Le regard du diplomate se tourna vers son serviteur, iris se dirigeant vers le ciel.
Tel geste ne dit qu'une chose, que le page comprit. "Non mais vraiment, il en est qui se croient tout permis".

Oui, Keridil d'Amahir est de ces gens, mais faut le pardonner, il est persuadé que lui, en a le droit. Après tout, il n'est pas parvenu pour rien.
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--Sadnezz.

Les bagues ou le collier? Le collier ou les bagues? Bagues, collier, collier, bagues... On eut presque cru que c'était le Grand Chancelier qu'elle avait observé, son air hautain et son faciès suffisant lorsqu'il la considéra et la chassa d'un geste méprisant. Mais nenni.

L'oeil mercenaire avait fait le tour, glanant les détails qui lui seyaient le mieux. Elle se radoucit, rangeant le verbe poissonnier dans sa poche et hochant doucement la tête. Mais en une fraction de seconde elle eut le temps de se pencher, de serrer - ou forcer c'est une question de point de vue - la main de l'homme, qu'elle avait bien différencié de son valet, beaucoup moins apprêté. Douceureusement donc, et tres faussement aussi, elle lui sourit, comme ces vieilles étrangères aux dents luisantes qui vous sourient tout en vous insultant et en vous maudissant sur dix générations dans leur idiome lorsque vous ne leur avez pas donné le sou... Un murmure, une lueur malsaine dans l'iris.

Alors, sans rancune...

La vieille main chafouine emporta dans son geste or et pierres, flot d'anneaux précieux ceignant les doigts trop lisses du noble passager. Mal intentionnée, Corleone se complaisait à manipuler son monde. Mal acquis ne profite jamais dites-vous? Le marchepied la vit s'envoler, sans souplesse, mais assez pour la voir détaler loin du pauvre délesté dans un ricanement.

Les bagues.

Pavé foulé, Sad se tourna avant de disparaitre au coin d'une rue, non sans avoir vérifié que messire l'Ambassadeur constate quelle direction lui offrit providence. Les bagues chauffées dans sa paume cornée valaient mille fois la valeur de la breloque qui pendait à son cou - conclusion d'une convertie lorsqu'elle contempla l'anneau qui ornait initialement l'annulaire senestre de son propriétaire - . Valeur marchande, mais pas que...

Certaine qu'avec cette alliance elle attirerait à elle l'homme qu'elle désirait, elle se posta dans la discrétion d'une porte cochère, expectatrice. Corleone aurait pu s'enfuir, rassérénée d'avoir délesté. Mais le larcin n'eut en aucun cas don à la rassasier. Sa folie ne se nourrissait pas d'or... Mais d'adrénaline. C'était pour elle un jeu, vaguement dangereux, indiciblement excitant.

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La tolérance n'existait PAS au M.A / Je ne débats pas, je ne tergiverse pas; je joue.[/quote]

Keridil

Mais que faisait-elle. Alors que l'immonde gueuse lui attrapait les mains, le brun eut un terrible mouvement de recul. Les doigts du Grand Ambassadeur glissant de celles de la ribaude se dénudèrent de leurs apparats, trois bagues non seulement hors de prix, mais sentimentalement pleines de valeur.

L'anneau serti d'une large pierre ambrée était symbole de la noblesse du jeune homme, passée à son doigt par son père, le jour de ses épousailles, en cadeau de noce. La Seigneurie de Bréméan. Lien vassalique dont Keridil ne se séparait jamais, pas plus que de l'anneau serti en différents endroits de saphir et de rubis, alliance matrimoniale.
La troisième bague n'était qu'un apparat, porté au pouce, et sans importance.

Les paroles, murmurées, furent inaudibles à l'oreille de l'Amahir, qui vit rouge, mais alors très rouge, du genre méchant vilain pas beau !
La brune fila à toute allure, et faisant fi de toute fatigue, de toute tenue et de la bienséance, le Baron de Seignelay quitta son coche. Atterrissant sur les pavés dijonnais, il fut chatouillé par sa jambe, non encore remise d'une chute en joute. Rien à faire et foi de Keridil, on ne le rendrait pas victime de larcin, il valait bien mieux ! Il valait un attentat, pas un minable vol à la tire, et il ne serait pas dit que justice serait rendue plus tard.

Problème, le jeune coq ne pense pas un instant qu'il n'a sur lui aucune arme. Sûr de lui, il court derrière la voleuse, il court au devant des ennuis, mais où qu'ils courre, c'est avec grand hâte qu'il y va.
Trop confiant, il ne prend pas même la peine de crier au vol, de demander arrestation de cette femme. Non, il fonce tête baissée et la perd de vue. Instant de doute, instant de trop sans doute, où l'homme est confus, là, au milieu de la rue.
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--Sadnezz.

Le pauvre lésé, il la suit! Le fou, elle le voit , il la cherche. L'instinct avait vu juste, le valet n'est pas à sa suite mais il ne tardera certainement pas à rappliquer. Il est tôt, les lueurs du jour donnent à cette course un quelque chose d'intrigant. C'est une partie de jeu non consentie pour Sire le Grand Ambassadeur, et ce pouvoir sur lui fait gronder en elle un plaisir inouï. Elle se met à découvert un instant, balance l'une des bagues dans sa direction et repart à bonne vitesse plus profond dans le coeur de la ville.

C'est que cette ville justement, elle la connait comme sa poche... Aussi certainement sans qu'il ne le sache c'est vers les abords paisibles qu'elle l'entraine.. A sa ceinture la dague de la Concèze fait reluire sa grosse pierre d'un étrange éclat.

Pernicieuse, Sad pourtant ne se laisse guider que par son délire, aveuglément. Voleuse, ce n'est pas mieux que médecin ou avocat après tout. L'avocat vous vole , le médecin vous vole et vous tue par la même occasion. Alors elle rit l'ainée, on eut presque l'impression d'un tonitruant rire de gosse qui se répercuta sur les pierres des bâtisses dans lesquelles s'était taillé un chemin.

Il est riche, et il courre après son argent. Les nobles ne sont-ils que cupides? Elle s'essouffle, il est temps de sortir un peu de cette enfantine excitation pour retrouver ses sombres desseins. Pas si jeune la Corleone, la course la fatigue, la lasse un peu aussi. Cette fois elle emprunte un passage en boucle , de façon à se trouver dans le dos de son jeune malheureux... Les bagues serrées contre la paume se sont échauffées, la sueur lui coule dans le dos. S'il ne l'a pas rattrapée c'est simplement qu'elle lui a laissé une marge d'erreur bien large quant à certaines directions prises, mais elle l'entend, elle sait qu'il est non loin. Il est temps d'exulter.

Laissez, laissez venir à moi les petits volés, le royaume de ma folie leur appartient.

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Keridil

Les rues ont beau être bruyantes, l'on entend toujours le son d'une bague, d'une piécette, ou de tout autre objet de valeur tombant au sol.
Et l'Amahir ne fait pas exception, sa fine oreille se tend lorsque le "cling cling" de son anneau résonne - ou pas - contre les murs.
Il s'abaisse et récupère l'objet, le vulgaire apparat, celui qui n'a aucune valeur sentimentale, mais le place tout de même à son pouce.

Derrière ses talons, un Julien essoufflé arrive, le sommant de revenir au carrosse, mais que nenni, et le brun s'enfonce plus avant dans l'ombre des bâtiments, plus anciens, plus sales aussi.
Il ne connait pas ces endroits à travers lesquels il est mené. A l'aveuglette, entre instinct et chasse, le Grand Ambassadeur cherche, observant quelques alcôves au passage.
Un moment pourtant, il relève le nez, et la bien nommée Fouine de Bréméan fait un bien malheureux constat : il est perdu.

Julien ?!

Pas de réponse. Pourtant, le bougre n'est guère loin, mais serviteur autant qu'ami, le jeune éphèbe entend bien donner une leçon à son maître en ne répondant pas. Maître qui redouble d'inquiétude devant ce silence.
Le regard azur de Seignelay s'embue un rien. La panique approche à grand pas. La main du baron se tend vers sa ceinture, pour n'y trouver aucun fourreau, et là, c'est l'incertitude.
Keridil est seul, étrangement seul entre ces ruelles, entre ces murs de pierres et de bois. Le vent s'engouffrant dans le labyrinthe dijonnais est froid, et laissant choir ses bras le long de son corps, il abandonne sa course.
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--Sadnezz.

Le jeune larbin se nomme donc Julien. Pour sûr que Julien a manqué à sa tâche ce jour, peut-être sera-t-il châtié lorsqu'elle sera loin de tout cela, la Belladone... Il a stoppé sa course, le Grand Chancelier, faut-ils que les hommes mettent tant de temps à s'avouer vaincus? Perdre, se faire rouler, tant de choses qu'ils ont du mal a admettre, avec leur gros égo qui leur serrent le coeur et leur embrasent l'esprit. L'impuissance est peut-être la plus douloureuse des abdication en ce monde.

La silhouette courbée de dépit de l'amahir n'échappe pas aux yeux d'onyx. Au grand jeu de son délire il a perdu, mais il ne le sait pas encore, ne le sent pas encore. Dans son dos elle s'est coulée, comme la mort vient se lover dans le cou des pestiférés. roulée en boule, sur leur genoux elle négocie leur vie qui s'échappe, sans leur laisser la part belle. Corleone s'est prise pour dieu, a réclamer des vies qui ne lui appartenaient pas. Elle s'est égarée. Corleone est plus brutale dans ses exigences... Elle réclame les âmes comme on pend sa dîme, sans ressentiments.

Pernicieusement elle l'a rejoint, elle peut même sentir son parfum, qui n'est pas celui de la peur mais bien d'une de ces eaux hors de prix dont la noblesse raffole et s'asperge, comme pour narguer les petites gens dans leur bouse. Il sent la déception, l'échec. Il est déçu, elle est excitée, par cette proximité qui ne lui inspire rien de charnel, mais lui rappelle ses jeunes années.

La dague de la Concèze vient se loger, insolente, sans la chair tendre du jeune noble, au creux du dos. Comme Eroz. Comme les autres. L'instant vaut son pesant d'or, toutes les chevalières su monde, et toutes les cavales aussi. Sentir les chairs se crisper, les jambes flageoler et ces significatifs geignements qui leur échappent tous. Faire le mal mais le faire bien, assouvir ces besoins incontrôlables.

Pour sûr que Julien a manqué à sa tâche ce jour...
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Keridil

Le brun allait faire demi-tour, mais le Très Haut avait d'autres projets pour lui. Ses jambes chancelèrent alors qu'une infinie douleur s'emparait de ses reins. Cinglante, la lame qu'on enfonçait en lui le glaça.
Il aurait voulu crier, il poussa un hurlement.

HOAAAAAAAA !

Quelque chose d'un peu mieux quand on ne le voit pas écrit. Le cri résonna sur les murs, et le brun s'affala au sol, sans voir son assaillant, même s'il eut été aisé d'en deviner l'identité, ou du moins le visage. La vue de l'Amahir baisse, et il suffoque. Au froid succède la chaleur. Chaleur du sang, de la vie qui s'éloigne, qui s'écoule le long du dos de la victime, avant de se répandre et de s'infiltrer dans ses braies.
Genoux à terre, le Grand Ambassadeur laisse lourdement son torse s'écraser sur le sol.

La respiration de Bréméan est difficile, et dans sa tête, pensée et absence de pensée se mêlent, il est confus. De son corps, il ne reste plus que cette entaille douloureuse, il ne sent rien d'autre.
Doute de l'existence, Keridil, elle ne t'était pas acquise.
Sur le sol, sans vie, l'homme est vulnérable, et pourtant, mourant, que pourrait-il lui arriver de pire ?

Dans quelques éclairs de lucidité, l'Orléanais maudit Della de ne pas avoir été là ce matin, sans quoi il ne serait pas parti. Il maudit Julien, de ne pas être là, il se maudit, d'avoir poursuivi la mort pour quelques bagues en or. Néanmoins, sa vie ne défile pas devant ses yeux, il ne voit rien que les pavés, et encore, c'est flou qu'il les voit, qu'il les sent, coussins inconfortables sur lesquels il git.

Quand ses lèvres touchent le sol froid, Keridil d'Amahir croit embrasser la mort. Elle vient le chercher, si tôt.
Et si quelqu'un d'autre s'avisait de le trouver, peut-être serait-il déjà trop tard.
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--.julien.

Je haletai. Un cri strident, suivant l'appel de mon nom, avait retenti quelques instants plus tôt dans les rues.
Courant à la recherche de mon maître, mon front suait d'inquiétude, et le hurlement ne laissait rien présager de bon. Foutu Seigneur, quelle idée de poursuivre une voleuse soi-même ? Quelle idée de s'attacher à ces choses brillantes et sans intérêt ?
Si l'habitude m'avait permis de comprendre la noblesse et plus encore l'Amahir, il était encore des subtilités que j'avais du mal à saisir, ces contradictions entre préciosité et caractère guerrier. Comment pouvait-on être mondain et diplomate, puis être capable de partir en chasse, arme au fourreau ? Et l'évidence m'apparut, mon maître n'avait pas d'armes, et la contradiction se fit plus étrange encore.

Quelle folie que de partir tête baissée sans protection ni moyen d'attaquer son adversaire ?

Mais voilà que j'arrivai dans la rue maudite. Au sol gisait un corps, qu'à sa mise je ne mis guère de temps à reconnaître. Keridil, une tâche de sang sur le pourpoint, dormait difficilement sur les pavés, quand une brune au teint blafard le surplombait.

Une dague à la ceinture, j'avançai peu sûr, puis je dégainai.

Infâme créature.

Mes vociférations ne parvinrent peut-être pas à l'oreille de l'assaillante, mais mes yeux rageaient. Keridil, mon ami au sol, Seigneur bienfaiteur, et parfois fantasme de mes nuits solitaires. J'approchai. J'aurais voulu qu'elle fuie, qu'elle disparaisse, me laissant loisir de soigner Bréméan, plutôt que de devoir venger une mort définitive et trop rapide, sans gloire au détour d'une ruelle sombre.

--Sadnezz.

Et comme pour exaucer Julien, elle fuit. Fuit a l'instant où elle le vit apparaitre, dans un rire narquois qui sonnait ses milles pensées.

Trop tard Julien, tu es un piètre protecteur... Vois ton échec, et la cupidité futile de ton maitre à courir après son or.

L'autre est blessé, elle est repue. Il a crié, elle a exulté. Les bagues s'échappent et leur métallique tintement résonnent sur le pavé froid, abandonnées comme de vulgaires affutiaux . Crapuleux.

L'a-t-elle tué? Elle ne le sait pas. Mais cette chasse folle valait la peine, qu'il soit refroidi ou juste a l'article de la mort. Elle a exprimé un pouvoir plus incisif que tous les ordres qu'il ne donnera jamais à son larbin, une façon de dire...

Ton blason ne vaudra jamais ma lame, ni tes fioritures ma nature.

Le pouvoir. Pour qu'on ne puisse en abuser, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. Julien a-t-il aperçu son visage? Oui, assurément, il a eu le temps de la détailler, de remarquer sa chevelure grisonnante, ses traits typés et sa détermination. Mais qu'aurait fait ce misérable laquais, lui qui ne détient pas une once de pouvoir dans sa triste vie?

Elle les a abandonnés, les mains maculées d'ichor et la canine rieuse. Le dédale Dijonnais défile, décor soudain plus austère, plus mystérieux. Dijon garde pour lui ses secrets, ses murs leur visions. Ils ne parleront pas... Non.

Mais demain..?

Les mauvaises rencontres

--Sadnezz.

La tolérance n'existait PAS au M.A / Je ne débats pas, je ne tergiverse pas; je joue.

Keridil

Sadnezz, incarné par Keridil

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--.julien.

Sadnezz, incarné par Keridil

La tolérance n'existait PAS au M.A / Je ne débats pas, je ne tergiverse pas; je joue.

Keridil

--Sadnezz.

La tolérance n'existait PAS au M.A / Je ne débats pas, je ne tergiverse pas; je joue.[/quote]

Keridil

--Sadnezz.

Laissez, laissez venir à moi les petits volés, le royaume de ma folie leur appartient.

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La tolérance n'existait PAS au M.A / Je ne débats pas, je ne tergiverse pas; je joue.[/quote]

Keridil

--Sadnezz.

La tolérance n'existait PAS au M.A / Je ne débats pas, je ne tergiverse pas; je joue.[/quote]

Keridil

--.julien.

--Sadnezz.

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[RP] Les mauvaises rencontres