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(RP)Dansons, que je te montre les pas

--Helori
Le mois d’avril avait été beau et chaud, les journées extraordinairement ensoleillées, rendant le travail à la boutique mois difficile du fait de savoir que le soleil commençait à ne plus se coucher avant et à ne plus se lever après nous. Puis mai s’était peu à peu défait et le froid était finalement revenu, comme si l’hiver avait de nouveau envie de prendre ses aises sur le monde. Il avait donc fallu faire venir de nouveau un peu de bois afin d’entretenir un feu de cheminée qui avait déjà bien brûlé pendant la saison glaciale. Les réserves s’étaient largement ténues et nous n’avions pas encore prévu de pouvoir de nouveau à leur garnissage. Si ça n’avait tenu qu’à moi, je me serais contenté d’un feu vacillant, agréable compagnie les soirs de solitude et d’une bonne couverture de laine, ainsi que d’un gilet et de bas plus épais. Mais il y avait elle, elle qui tenait fermement à son chaleureux confort. Rien qu’à la regarder, elle nous donnait l’impression que dehors il faisait chaud. Elle avait en effet délaissé ses houppelandes coupées dans des épais tissus, pour leur préférer celles qui avaient été taillées dans des tissus plus fins et plus nobles. Nous avions les moyens de l’entretenir ce confort, contrairement à bon nombre de nos semblables et l’avoir dans son champ de vision était un ravissement certain. C’est que la boutique tournait bien et que la trésorerie était au beau fixe. Les commandes affluaient régulièrement, les nobles dames – mais également les nobles sirs – voulant refaire leur garde robe selon leurs nouvelles facéties, qui bien sûr, n’étaient plus les mêmes que celles de l’année dernière. Père était doté d’un don extraordinaire en la matière pour les satisfaire et pour en créer de nouvelles pour le plus grand plaisir des clientes exigeantes.

Il n’y avait qu’à voir les tenues qu’il créait personnellement pour Mère. Il en faisait à chaque fois un ange qu’on aurait cru descendu directement du ciel. Mais il n’en profitait guère. Il passait beaucoup de temps dans ses ateliers qu’il avait à cœur de ne pas délaisser. Il ne pouvait d’ailleurs pas se le permettre au risque de mettre en péril le confort familial et de remettre en cause le rang de notable auquel Mère s’était plutôt bien accommodée. Un jour, je reprendrais le flambeau, mais j’avais encore tant à apprendre et Père s’efforçait à m’enseigner tout ce qu’il savait. Je commettais souvent des impairs et les remontrances étaient dures à accepter. Il est vrai que les étoffes étaient souvent très cher et que la moindre erreur entrainait des pertes financières non négligeables. Pour mon Père, je n’étais plus un enfant – il est vrai que j’avais 17 ans- et que je devais me comporter comme un homme responsable, mais Mère, elle me considérait toujours comme un enfant. Alors, j’allais souvent la retrouver pour qu’elle me console de mes chagrins. D’un côté, je dois un peu reconnaitre que me faire attraper par mon Père ne me dérangeait pas tant que ça.

Avec un peu de recul, je me demande s’il ne me faisait pas payer le fait que je passe plus de temps avec Mère que lui. Il se levait tôt, et il rentrait tard. Ils se voyaient à la boutique dont Mère tenait les ficelles, mais leurs horaires n’étaient pas les mêmes. Les nobles ne se lèvent tôt et ne se couchent tard que pour remplir leurs obligations. Et entretenir les coffres des commerçants, n’était pas une obligation mais plutôt un plaisir. Mais bref, du moins, devaient-ils se croiser plus que ne se voir vraiment. Et comme Père prétendait mieux travailler seul, je ne le suivais pas dans ses horaires extravagants. Ainsi, je me levais en même temps que Mère qui venait me réveiller et le soir, je restais auprès d’elle, au coin du feu. Je l’avais alors pour moi seul. La tête posée sur ses genoux, elle me contait sa journée, écoutait la mienne, passait sa main dans mes cheveux dans une agréable caresse. Puis, lorsqu’il était venu le temps de dormir, elle venait me border et se couchait à côté de moi pour quelques heures. Elle ne regagnait sa couche que lorsqu’elle entendait Père qui rentrait. Alors je les entendais discuter sur l’état des finances, sur l’avancement des commandes en cours et les nouvelles qui avaient été passées. Puis, de temps en temps, soit le silence baignait enfin la maison, soit les gémissements de Mère et de Père venaient le briser à un rythme régulier. Alors, lorsque que c’était le cas, je me cachais sous mon oreiller. Je préférais encore le silence à leurs ébats grondants. Heureusement, la première option était celle qui était le plus souvent appliquée et j’attendais impatiemment le matin et son doux réveil. Mais je crois que des fois, elle se laissait aimer par d’autres hommes. Les pas dans la maison se voulaient alors plus silencieux et les mots échangés se transformaient en murmure.

Ce jour fut à l’identique des autres. Et c’est un baiser posé sur la commissure de mes lèvres qui vint agréablement me réveiller. Le ciel promettant d’être lourd et couvert, elle avait choisi une mise sobre, taffetas gris et ses cheveux roux tombaient en cascade dans son cou au blanc laiteux. Elle avait un âge certain, femme mûre et soignée dans ses atours, mais elle faisait plus jeune que son âge. Personne n’aurait songé au premier abord qu’elle avait un fils de 17 ans. Même Père paraissait être son géniteur plutôt que son époux. Il est vrai qu’il avait prêt de 15 ans de plus qu’elle. Elle était vraiment belle et je rêvais que ma future épouse lui ressemblerait. Père d’ailleurs, m’incitait à enfin me trouver quelqu’un, tandis que Mère répétait que j’étais encore jeune pour m’engager. Elle avait pourtant mon âge lors de ses épousailles. De toute façon, ce que je voulais, c’était passer le plus clair de mon temps avec elle.

- Bonjour Helori…

- Mère… Chaque jour votre présence est un enchantement. Je la dévorais des yeux. Vous êtes toujours plus belle.

- Tu me flattes fils, tu me flattes… Je savais qu'elle aimait cela, qu'on lui rappelle combien elle était belle. C'était une femme qui ne portait pas de couronne, mais qui donnait l'air d'en avoir une. Sans doute n'étais-je pas objectif car c'était ma Mère. Mais en tout cas, on devinait bien qu'elle n'appartenait pas à la strate la plus basse de notre société, celle des pouilleux et des autres ratiers puants. Nous étions de celle qui vogue au dessus de la gueusaille mais en dessous de celle des petits seigneurs. Nous étions de ceux là, rang tirant sur le bourgeois même si Père n'était qu'un artisan tisserand et Mère qu'une commerçante. Mais tous deux avaient réussi à se faire une honorable place dans le monde et à entretenir les richesses qui faisaient vivre la famille. Grand dieu, qu'elle était belle.

- Il est l'heure de te lever, continua t elle en caressant alors ma joue avec tendresse. Assise au bord de mon lit, je sentais son doux parfum floral qui envahissait avec délice mes narines filiales. Et je frissonna lorsque ses doigts glissèrent sur ma peau, étudiant ma jugulaire pour finir sur ma poitrine frissonnante à son contact. J'aimais ce contact, qui, tout à la fois me faisait peur. J'étais comme obnubilé, comme subjugué par cette femme qui m'avait donné la vie. Je lui en étais redevable et elle pouvait me demander tout ce qui lui passait par là tête, j'aurais exaucé tous ses voeux. Je sentis mes joues rougir tandis que ses doigts continuaient à descendre le long de mon torse, frôlant le tissu de ma chemise de nuit. Sans doute aurais-je du lui dire d'arrêté, mais comme à chaque fois, je n'osais le faire. Comment résister à son doux sourire? Je n'étais plus vraiment moi-même, laissant mes sens guider mes mains et mes baisers. C'est ainsi que je ne pus réprimer l'envie de caresser du bout des doigts cette avenante poitrine qui se gonflait au fil de respirations régulières. Je devinais ces agréables rondeurs que je n'avais pas le droit de désirer et qu'elle offrait pourtant à mon regard.

- A ce soir... Ou peut être à la boutique, si ton Père te laisse un peu de temps...Et sur ces mots elle se leva, et je restais allongé, cherchant à maitriser ce qu'elle avait fait naître en moi. Elle était tout ce que ce monde étrange avait de mieux sur terre.
Elle aurait à merveille porter le nom d'obsession.
--Meven
Dans les rues commerçantes de la Parisienne

Comme les nombreuses journées qui s'étaient précédemment écoulées, fidèle à sa matinale habitude quotidienne, Meven s'était levée bien après son époux. Il était déjà parti à son atelier, satisfaire autant que faire se peut, les nombreuses commandes que des clientes dont les maris avaient les bourses bien remplies (...), lui avaient passées. De ce fait, outre entre deux coups de vent en journée, très tôt le matin si elle daignait lever un oeil et tard le soir, le couple ne se voyait que peu. S'était à se demander comment ils avaient réussi à faire un fils. Mais s'était à constater que finalement, son ventre ne s'était arrondi qu'une seule fois au cours de leur vingtaine années de mariage. Pas même une fausse couche ou un bébé mort né n'avait terni sa matrice. Fort heureusement pour la fierté maritale, c'est un fils qui était sorti d'entre ses cuisses, alors qu'elle était encore jeune. Elle n'avait pas épousé son mari par amour, mais seulement parce que son père avait accepté sa proposition et que les richesses non négligeables qu'il avait amenées sur la table avaient été des plus convaincantes. En même temps, ne portant pas une noble couronne, elle aurait pu difficilement prétendre à un parti autre qu'un artisan réputé. Et comme le sens paternel des affaires avait eu la bonne idée de couler dans ses veines, elle avait su le mettre à profit pour développer une boutique attenante à l'atelier marital. De ce fait, l'union avait été pécuniairement bénéfique et elle avait vécu dans un confort plus que certain. Pour rien au monde elle n'y aurait renoncé, alors, chaque matin, elle se levait.

Et chaque matin, selon la saison et le réveil du soleil dans le ciel, à la lueur d'une ou plusieurs bougies parfumées ou non, elle se préparait. Chaque mèche de ses cheveux roux était à sa place, chevelure de feu soigneusement tressée, ou retenue, selon les jours par une barrette de buis ou un ruban de couleur. Elle s'évertuait à entretenir le blanc déjà laiteux de sa peau, garnie de quelques tâches de rousseur délicatement parsemées sur son visage, duquel ressortaient deux émeraudes au vert pur. A la différence de certaines femmes qui usaient d'artifice à outrance, ressemblant par là à quelque catin de piètre qualité, elle en usait le strict minimum, ayant rassemblé sur sa coiffeuse quelques secrets de beauté chinés au fin fond de vieux grimoires ou sur les foires qui avaient lieu régulièrement et dont elle raffolait. Elle savait qu'ils ne pourraient pas la faire rajeunir, mais au moins, elle ne paraissait pas plus vieille qu'elle ne l'était. Quoiqu'elle ne fut pas si vieille, et n'avait pas encore atteint ses quarante ans. Sa jeunesse avait fuit et désormais, elle vivait pleinement sa vie de femme. Ce n'est pas parce qu'elle n'était plus une jouvencelle, qu'elle n'avait plus le droit de paraître et de pavaner légèrement et habillement des hanches. Et cette activité n'était pas réservée à la grande et décadente noblesse du royaume et d'ailleurs. Qui plus est, les jeunes hommes appréciaient avoir entre les mains, une femme assurée qui au moins ne se posait pas les questions d'une pucelle effrayée. Et comme son cher mari honorait peu souvent sa couche, il fallait bien qu'elle y prenne un peu de plaisir par d'autres moyens.

Et pour se faire, autant utiliser les quelques charmes qui étaient siens. Ce n'est qu'après avoir vérifié que sa mise du jour n'avait pas de pli, qu'elle quitta la maison, non sans être passée par la chambre de son unique fils qui y flemmarderait jusqu'à ce qu'il se décide à faire preuve de raison et qu'il rejoigne son père afin d'apprendre de lui, son métier. Elle aurait souhaité qu'il goûta à cet art qui faisait tinter les écus, mais le jeune homme n'y trouvait guère son bonheur. Et s'il avait la tête entre la poitrine d'une jouvencelle, elle l'aurait su. Et elle savait là, à son regard si particulier, qu'il n'était point préoccupé par quelque amour de passage que se fut. Elle l'avait mis au monde, elle savait donc ce qui se passait exactement sans sa tête. Et comme chaque jour, s'il en avait le temps, son époux râlerait qu'elle le couvre trop et qu'il est temps d'en faire quelque chose. Mais elle repoussait toujours le débat en infantilisant son fils et il est certain qu'il était encore un enfant, même s'il aurait déjà du etre en train de pourvoir aux besoins d'une femme. Quoiqu'il en soit, cette dernière n'était pas encore née. Et ce n'est pas sur cette dernière pensée, qu'elle quitta sa demeure tendant fièrement sur le bourgeois et qu'elle entretenait avec attention, même si elle jetait plus que nécessaire, de l'argent par la fenêtre. Mais tant qu'on a, à quoi bon le garder dans des coffres au risque de se le faire voler, n'est-ce pas?

Tiens, d'ailleurs, avant de gagner la boutique, qui était gardée par une de ses employées et il valait mieux pour son séant qu'elle s'y trouve, séant qu'elle savait surveiller de prêt de toute façon par son mari, elle s'en irait trainer ses nouvelles bottines dans les rues pavés de la Parisienne. Elle avait entre autre une folle envie des célèbres macarons de la bien connue Ella Durée, réputée, elle en était sûre, jusque dans tous les empires, pour ses adorables petits gâteaux ronds, aux goût qui variaient autant que leurs couleurs. Rien que d'y penser, elle se demandait si la "macaroneuse" avait créé de nouvelles recettes. Mais pour savoir, et pour être sûr de trouver de quoi satisfaire ses papilles, il fallait qu'elle songe à accélérer le pas ..
Arutha
[Dans les rues commerçantes de la Capitale...]

Avril s'était fait chaud, beau et ensoleillé, signe du printemps naissant, et de l'été approchant, là où mai s'était fait plus froid, comme si l'hiver eût voulu reprendre ses aises. Et il en fut ainsi pendant plusieurs semaines, marquées tantôt par de folles chaleurs, tantôt par de glaciales fraîcheurs. Juin avait fini par pointer le bout de son nez, au bonheur des uns, au malheur de quelques autres ; et tous ces changements de temps, au gré des humeurs et plaisirs divins, avaient cessé, au profit de jours où le froid n'était plus qu'un vague et mauvais souvenir. La vie, c'est Paris ! Paris, c'est la vie ! Paris, une ville aux mille contrastes, aux mille plaisirs et mille défauts, aussi. La disparition du froid et l'apparition du chaud avaient redonné à la capitale ses couleurs d'antan. Il y a, entre Londres et Paris, cette différence que Paris est fait pour l'étranger et Londres pour l'Anglais. L'Angleterre a bâti Londres pour son propre usage, la France a bâti Paris pour le monde entier. Et cette phrase reprit tout son sens en le fait que, habitants de provinces ou non, français ou non, réapparurent ; commerçants et artisans remplirent à nouveau leurs caisses. Le commerce se faisait florissant, tandis que la fête et l'animation se développaient, portées par des troupes de ménestrels diverses et variées.

Le petit blondinet, âgé de huit ans, gambadait calmement, autour de sa nourrice, Keyliah, avec une certaine joie dont il possédait le secret. Une joie qui perdurait depuis longtemps, et qui ne s'était pas éteinte avec la mort de ses parents. Kirah et Vinkolat, ses "heureux géniteurs", avaient toujours développé chez leurs rejetons un plaisir de vivre à toute épreuve. Peut-être un plaisir qui leur cachait les vrais problèmes ; mais un plaisir simple. Les défunts pairs, de leur vivant, et après leur mort, aussi, d'ailleurs, souhaitèrent toujours que les mômes de leur portée ne s'encombrent pas de problèmes qui sont ceux des adultes. De faux problèmes, parfois ; des problèmes malsains, souvent. Et Arutha, en cet instant, rayonnait de join. Une joie que seuls les enfants peuvent incarner, et que seuls les enfants peuvent comprendre. Il était, ce jour de juin, des plus satisfaits de remettre les pieds dans ce Paris qu'il aimait tant. Dans ce Paris qu'il avait arpenté, en long, en large, et bien souvent en travers.


Je veux aller chez Ella Durée ! Oui, il voulait. Même si Arutha avait eu l'habitude, dès son plus jeune âge, de suivre Kirah à la Pairie, à la Curia, ou encore à l'héraudérie, il n'était pas souvent venu avec la Nachue dans les rues commerçantes de la capitale. Très probablement sa mère n'avait-elle pas, ou peu, le temps de se laisser aller aux plaisirs du shopping et du lèche-vitrine. Et, plus qu'une hypothèse, c'était une certitude : sa mère avait toujours eu à cœur, comme son époux, de faire rayonner à travers les pays, les villes et les campagnes, le Royaume de France. A tel point que protéger ce même royaume était devenu, plus qu'un vœu, un devoir. Et par moult occasions, ses parents n'avaient pas cédé devant l'ampleur de la tâche, l'ampleur du devoir.

Viens, c'est par là.
Mais en grandissant, le dernier rejeton de la grande fratrie avait pris autant de plaisir à arpenter les rues commerçantes de Paris, que de jouer dans les jardins royaux. Souvent accompagné de sa nourrice, il avait découvert, seul, certains recoins merveilleux de cette ville qu'il souhaitait, avec une avarice d'enfant, découvrir encore, et encore. C'est par là. Oui, c'était par là. Il le savait, comme si Ella Durée incarnait maintenant une nécessité. Désormais, il se devait de savoir où elle travaillait. Et, après quelques minutes de marche pour la nourrice, et de petits pas de joie du garçon à l'idée d'arriver enfin à l'atelier, le quartier des Halles se dressait devant les deux normands. Oui, l'atelier d'Ella Durée était là.
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Absent du 30 juillet au 13 ou 15 août... Si besoin, MP ou courrier IG !
--Meven
En effet, il était là le fameux atelier. Le pas régulier, il n'avait pas fallu longtemps à Meven pour le trouver, d'autant qu'au final, à l'exception de quelques détours, il ne se trouvait pas loin de la maison. Ainsi donc avait elle eu du flair d'insister pour acheter la demeure bourgeoise, quoique, avec un brin de recul, le prix fut un peu élevé. Mais le confort avec toujours un prix, et la tranquillité aussi, quand bien même son cher mari - qui n'était pas souvent à demeure -, se plaisait à râler qu'ils auraient pu habiter au dessus de l'atelier. Cela lui aurait en effet permis de se trouver sur place et de travailler plus longtemps - si tant est que ce fut possible de faire plus, mais il aurait eu sur elle un oeil qui aurait eu vite fait de devenir dérangeant. La maison éloignée, quoique pas tant que ça au final, était donc un bien meilleur compromis pour son confort et sa tranquillité. Et niveau standing, il était difficile de faire mieux au regard du rang qu'ils occupaient dans la société.

Et Meven, y tenait à son image. Il n'y avait pas que les petites dames persuadées de porter une couronne plus importante qui en avait le droit. En plus, elle le reconnaissait, elle faisait beaucoup moins vulgaire et n'escomptait pas prendre modèle sur elles qui, la plupart du temps se comportaient comme des gourgandines de tout dernier choix. Jalouse? Il est vrai que Meven n'aurait sans doute pas cracher sur un noble domaine, mais cela avait bien des inconvénients. Il y avait toujours un seigneur à servir en échange de la couronne. Là, excepté son intérêt, il n'y avait personne d'autre devant laquelle se plier. En plus, les nobliautes accouraient à la boutique pour se faire soigneusement habillées. Enfin, ce n'était là qu'une pensée qui disparut bien vite, lorsque la Rousse se retrouva devant la fameuse porte. Elle pouvait déjà humer les diverses odeurs des petits gâteaux améliorés et elle pouvait aussi en sentir le savoureux goût dans la bouche. Lesquels choisiraient elle?

Excellent question. Chaque fois, lui semblait il, le choix était plus difficile. Il y avait les valeurs sûres, les valeurs non sûres et les valeurs à tester. Et bien sûr, elle ne pouvait tous les prendre. Non pas qu'il y avait d'autres clientes et clientes, elle n'en avait rien à faire sous son visage très avenant et courtois. Mais elle n'avait nul intention de finir encore plus large qu'elle n'était haute. Elle aimait bien les rondeurs, lorsque celles ci se trouvaient au niveau de son corsage et de son séant. Et puis, abuser de certaines choses ça reviendrait à s'en lasser rapidement. Et elle n'escomptait pas se lasser de cet agréable plaisir, qui la changeait de ses quelques amants de passage ou récurrents. Elle aurait pu se complaire à se contenter des hommes, mais souvent, la nature masculine voulait qu'elle fut des plus ennuyeuse. Et donc rien de tel qu'un bon macaron pour reprendre le cour de la journée qui, espérait elle, serait agréable. Et Meven, songeuse, entreprit donc de regagner sa boutique.
Arutha
L'atelier de la reine des macarons, Ella Durée, se dressait là, fier et majestueux, devant les yeux attendris, mais pas moins ahuris et ravis, du baron normand. Enfin. Enfin cet atelier réputé, sujet à fabulations, s'offrait aux désirs aruthiens. Il y était presque. Presque. Oui, presque avait-il atteint ce paradis. Comme l'écureuil, dans l'Âge de Glace, qui tente, vainement, d'atteindre son gland. Mais les tentatives normandes ne seront pas vaines. La fière porte massive, bien qu'élégante, semblait être le seul chemin pour accéder à ce paradis. Cette porte était l'entrée pour un monde merveilleux, aux mille parfums et délices. Un monde hanté par des macarons, aux couleurs variées, aux goûts multiples, mais tous plus appréciables les uns que les autres. Arutha était désireux d'acheter, plus encore que d’accoutumée, des macarons. Pleins de macarons. Des tas de macarons.

On entre. Un souhait, un désir. Pis, un ordre. Et de pousser la porte massive, pour voir se dévoiler à lui des rayons, des étagères, des cartons remplis de macarons. Lesquels choisirait-il ? Les Macarons à la framboise d'Ella Durée, série dite « Les Etincelants » ? Tapez 1. Les Macarons à la mûre d'Ella Durée, série dite « Madame Royale » Tapez 2. Les Macarons au jasmin d'Ella Durée, série dite « Les Délicats » ? Tapez 3. Les Macarons au coquelicot d'Ella Durée, série dite « Les Magnifiques » ? Tapez 4. Les Macarons cannelle & mandarine d'Ella Durée, série dite « Les Innocentes » ? Tapez 5. Les Macarons rhubarbe d'Ella Durée, série dite « Double Jeu » ? Tapez 6. Les Macarons pêche blanche & safran d'Ella Durée, série dite « Les Doigts d'Or » ? Tapez 7. Tous ? Tapez 8. Si le gamin avait eu une télécommande sous les doigts, il aurait appuyé, appuyé, appuyé, encore, et encore, sur le chiffre 8. Mais il n'en avait pas.

Bien sûr, il avait fait son choix. La joie était au rendez-vous. Le bonheur n'était pas loin. L'orgasme était à son paroxysme !
Je prendrai une de chaque type. Enfin... trois de chaque type ! Et je paie cash. Certaines femmes achetaient des chaussures. Lui, il était plutôt macarons. Et de poser, avec une conviction enfantine, une bourse de cinquante écus sur la table. Hum... Bon, d'accord. Il en rajouta trois.

Taladidam...
Il ressortit rapidement de l'atelier durien, après un regard, un dernier, amer et déçu. Non, il ne le reverrait pas de si tôt. Il était aux anges, portant plusieurs boîtes de macarons, tandis que sa nourrice se chargeait des autres.

Il était aux anges. S'il avait su.
Le vent tourne.

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Absent du 30 juillet au 13 ou 15 août... Si besoin, MP ou courrier IG !
--Helori
Obsession. Voilà ce qu'elle était. Elle avait assiégé mon coeur et mon âme et avait dressé autours un blocus afin que nul autre sentiment ne vienne perturber ses agissements immatériels sur ma fragile personne. Aussi, au lieux de continuer à rêvasser dans mon confortable lit, je sortis précipitamment hors des draps épais et, courant sur la pointe des pieds, je rejoignis le haut des marches, prenant toutefois soin de rester dans la pénombre. Les escaliers donnaient sur le hall d'entrée et par conséquent, sur la porte. Depuis enfant déjà, d'un recoin savamment caché et discret, j'avais pris l'habitude de surveiller les diverses allées et venues. Et je l'avais gardé pour la surveiller elle. Aussi, alors que je pliais genoux, je la vis ouvrir la porte et mettre un pas au dehors. Lorsqu'elle s'arrêta, mon souffle se coupa net et je retenais difficilement ma respiration. Je ne voulais pas qu'elle m'entende. Et mon sang ne fit qu'un tour lorsqu'elle se retourna légèrement et qu'elle ne bougea plus. Elle resta figée à peine quelques secondes, mais ce fut pour moi une éternité. J'eu l'impression de mourir, comme si elle savait que je l'espionnais, comme si elle avait deviné que j'étais là, sorti fraîchement de ma couche. Mais elle se détourna sans d'autre regard en arrière, et mon coeur se remit à battre lorsque la porte claqua fermement.

J'avais le palpitant douloureux et pour le calmer, je posais ma main sur ma poitrine, à l'endroit même ou elle avait posé sa main un peu plus tôt. Je pouvais encore ressentir la chaleur de sa présence et je l'imaginais se trouvant encore à mes côtés. Mais lorsque mon esprit réalisa qu'il ne se perdait que dans le vent des songes, je me redressais à la va-vite et regagnait ma chambre ou régnait un étrange capharnaum. Je m'étonnais à chaque fois que je pouvais le constater, c'est à dire lorsque mon esprit pensait à autre chose qu'à elle. Des vêtements trainaient ici et là, des bibelots dont la provenance ne se rappelait plus à mon bon souvenir. Je n'aurais su dire pourquoi cela m'interessait sur le moment, car je n'avais qu'une envie, m'habiller au plus vite et tenter de la suivre. Mon Père serait bien heureux que je ne le rejoigne pas, évitant ainsi de lui trainer comme un boulet lourd dans les pattes. Oui, il fallait que je m'habille. Aussi, ma chemise de nuit fut jetée à terre dans un coin, et c'est nu que je cherchait une chemise de jour, des braies, mes bottes ainsi qu'un gilet. Je n'avais cure de savoir que j'étais habillé comme un vulgaire gueux crasseux, quoique plus propre, même si je n'avais daigné m'adonner à mes ablutions journalière.

Il fallait que je continue à l'avoir dans mon champ de vision et je savais aussi que je la retrouverais aisément. C'est que je la connaissais sur le bout de mes doigts et que sa gourmandise ne m'était pas inconnue, quoique je ne la partageais pas pleinement. Mais il me plaisait de voir ses lèvres fines se refermées sur les pâtisseries de la divine Ella, tandis que son pêché mignon s'accompagnait toujours d'un regard troublant. Et de pêché mignon, il n'y avait plus, la boîte s'étant finalement vidée. Et comme il n'était pas question pour elle d'en manquer, elle irait forcément en racheter. Je me doutais donc que si je jouais de rapidité, je la trouverais à faire ses agréables achats qui n'avaient d'autre but que de satisfaire son palais délicat. Et puis, les confiseries étant devenues mode royale, il était impensable de ne pas s'adonner à leur sucrée dégustation. Elle serait là bas. Et si mon flair ne me trompait pas, la belle Ella proposerait encore un choix dévastateur ce qui occuperait mon obsession un bon moment. Et si vraiment le temps ne jouait pas en ma faveur, et bien j'errerais le pas lourd sur les pavés, allant peut être jusqu'à m'hydrater le gosier dans une taverne. Peut être aussi, que j'irais voir les nouvelles acquisitions du Père Michel, histoire de me changer les idées. Mais je n'avais pas envie de me changer les idées, d'autant que cette fichue gourgandine rousse était bien moins gouteuse que celle qui occultait présentement mon esprit. La pâleur d'une blonde ne me disait guère non plus.

Les seules couleurs qui étaient susceptibles de troubler mon intérêt étaient celles de ces petits macarons, surtout quand ses doigts jouaient délicatement avec. Et cette seule pensée fit qu'en moins de deux, j'étais dehors, courant à perdre haleine. Il fallait absolument que je la retrouve.
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