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[RP total ouvert]11 ans et toujours aussi chia**

Kuan
Aujourd'hui c'est mon anniversaire !

Kuan sauta hors de sa paillasse d'un bond et déjà bien réveillé, les cheveux ébouriffés et la mine rayonnante. Il jeta un coup d'oeil autour de lui et son sourire perdit de son éclat quand il s’aperçut que son oncle n'était pas là, encore. Puis il se rappela que beaucoup d'autres gens manquaient à l'appel et ne seraient pas là, alors le grand coeur de ce petit bonhomme qui grandissait éclata un peu plus.

'Jourd'hui, c'mon anniversaire, pff.

Il se rassit sur la paille qui lui servait de pieux, et souffla, les deux poings appuyés contre ses joues. Ses pieds nus jouèrent sur le sol un instant puis le morveux se releva, sans sourire. Si ce n'était pas sa fête aujourd'hui, ça allait être celle des autres !

Un sourire moins enfantin et plus mesquin envahit les traits de son visage et l'enfant sortit dans la rue. Il se dirigea tout droit vers la mare qu'il connaissait bien. Là, à l'aide du fidèle général Berthe, les grenouilles furent attrapés et embrochés dans une branche qu'il avait taillé avec son scalpel.

Il choisit une rue dans le village au hasard, et planta minutieusement chaque cadavre de grenouille éventrée sur toute une rangée de porte. Variant les plaisirs, on retrouva accroché également de la même manière des souris disséquées, des rats, des oiseaux, certains encore vivants.

Son chef d'oeuvre terminé, car Kuan était un artiste qui se respecte, et il avait d'ailleurs essayé de respecter une certaine symétrie propre à lui-même, le gosse se mit en plein milieu de la rue et joua de son talent d'acteur.

La mine horrifié, les yeux exorbités, il pointa du doigt des portes et cria, comme sous l'emprise d'une grande terreur :


Les kamis vont nous punir !

Il espérait que dans le lot des habitants, certains seraient assez crédules pour y croire, pour qu'il puisse les mépriser et se réjouir de leur peur. Ce gosse n'avait aucune tolérance vis-à-vis de ceux qu'il considérait comme faibles.
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--Ichi



Tu dis n’im-por-te quoi ! Mon papa y dit que les kami, eh ben, ils punissent qu’les plus pauv’ !

Stridula une petite voix claire, mais déjà ô combien propre sur elle-même. Fendant la masse mouvante de la population, il émergea et se planta là, devant le gosse, suivi de ses fidèles acolytes.
Voilà un gamin vêtu d’un kimono de soie taillé sur-mesure. Le regard outré, le menton haut trahissant déjà la propension à la condescendance, qui s’inculquait tôt dans ses milieux sociaux là, le doigt tendu, l’air de dire « J’accuse ! ». A sa ceinture de lin bleu ciel pendait un mini-bokken parfaitement à sa taille.

Kenichi, dit « Ichi », ou « le Meilleur ». La star du cercle enfantin du quartier des Cerisiers en Fleur, le petit pro du bushido, l’idole des namoureuses de son âge et la coqueluche des mamans qui allaient avec (rien que ça...).
Ses deux compères, derrière lui, narguaient le Kuan avec une insolente morgue et un sourire narquois sur leur proprettes faces respectives.

Ils n’avaient que deux ans de plus que le sale gosse du Cloaque et, déjà, la ségrégation du monde adultes les avaient inexorablement opposés.


Tu mens, eh ! Ouh, le loqu’teux !

Des rires caquetèrent avant que les voix ne reprissent en chœur.

Ouh-le-loqu’teux ! Ouh-Ouh-le-loqu’teux !
Kuan
Kuan n'était déjà pas de bonne humeur, mais voilà que trois garçons en rajoutaient une couche. Le morveux bomba le torse et releva le menton pour signifier par une gestuelle instinctive qu'il n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Il darda son regard sombre et menaçant dans les yeux de celui qui avait l'air d'être leur chef, pas du tout impressionné par sa plus grande taille. Il en avait vu d'autres.

Mais là il était vexé, et un rouge de honte et de colère lui monta aux joues, alors qu'il serra les poings pour se retenir de frapper. Pas fou, il était en minorité. Mais la langue peut répliquer aux piques acides aussi bien qu'un coup de poing.


Ton père l'es faible. Et toi aussi. T'es habillé comme une fille. Et j'suis riche moi, mais j'te dira pas où, tapette.

Ouh le loqueteux, ouh le loqueteux... Ces phrases lui rappelaient celles qu'on lui avait lancé il y a quelques mois : il sait pas lire, il sait pas lire, ouh le bête, ouh le bête. Maintenant il savait lire, mais ce n'est pas ça qui allait faire mouche devant ces trois-là qui ricanaient bêtement. Lui allait pieds nus, le dos couvert par des haillons, la mine couverte de crasse, les cheveux emmêlés.

T'as peur d'moi, alors t'as b'soin de tes deux copains pour y dire c'que t'penses ? Fillette.
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--Ichi


Les rires se turent.

La mine du jeune coq ravala son air de contentement pour se congestionner de vexation.
Pas souvent qu'on lui tenait tête de la sorte.
Encore moins qu'une insulte le blessât aussi profondément, tant elle heurtait sa corde sensible.
Eh ouais, le petit pro du sabre de bambou continuait à crâner en bande, alors qu'il était (/ devait probablement être, du moins le pensait-il) le meilleur de sa génération(?).

Fillette?

Le minimum de coquetterie, un kimono de chez Kenzô et une coupe impeccablement "décoiffée", et le voilà dépossédé de sa virilité. Quoi? Faut-il être poilu, hirsute et plein de musc pour être un "Vrai Homme". Ichi, lui l'imberbe aux doigts de geisha et aux senteurs de lotus, les haïssait tous ces alpha-mâles qui le renvoyaient dans l'ombre, qui lui rappelaient sa fragilité. Au fond de lui, le petit orphelin avait raison...


Répète un peu pour voir!

...lança l’acolyte numéro deux qui s'était avancé de quelques pas. Le tapotement du sabre d'entrainement sur sa bedaine, d'étoffe recouverte, lui signifia de rentrer dans les rang.
Oui, Ichi avait dégainé son instrument d'excellence et s'avançait vers le vilain petit canard présomptueux d'un pas raide, précédé d'une moue teigneuse.


J'vais te montrer si ch'uis une fillette.
Viens t'battre!!


Il n'en ferait qu'une bouchée.
Du moins le pensait-il...
Kuan
Kuan eut un mouvement de recul instinctif. C'est dangereux ces armes-là. Mais très vite il reprit le dessus sur sa peur et avança d'un pas, pour montrer à cette fillette ce que c'était qu'un vrai homme.

Le morveux se mit à rire devant la colère de celui qui devenait, en quelques minutes, son rival numéro un. Oui il trouvait ça drôlement comique de le voir s'agiter devant lui et réagir à ses insultes. Sa langue acérée enfonça le clou pour le sortir d'une situation qu'il ne gagnerait pas si les règles n'étaient pas modifiées.


Si t'es une fillette. T'as b'soin d'une arme et de tes copains pour me battre, alors qu'j'suis tout seul.

Méprisant, aussi horrible que peuvent l'être tous les enfants quand ils se sentent menacés ou qu'ils sont jaloux, il cracha sur le pied bien propre et reluisant d'Ichi.

MOI, je m'appelle Kuan. Retiens bien pasque tout le monde y saura que t'as triché pour me battre.

Et le mot, ce mot dont il s'était rendu compte qu'il blessait profondément son adversaire fut encore lâché, d'un ton mauvais, le visage étiré dans un rictus moqueur.

Fillette.
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