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[RP] N°6

Medso.


Espionné...
Interrogé...
Torturé...
Mis en accusation arbitrairement...

C'était cela la vie de Medso, maintenant dénommé "n°6".


Oui, le prisonnier du petit village de Bourgogne vivait au milieu des pauvres âmes maconnaises.

Bien sûr il n'avait pas de "chez lui" à proprement dit, il vivait dans une sorte de demeure qui se trouvait au bout d'une ruelle étroite juste à coté du commissariat.
Le poste de Police... là où les gens qui ne respectaient pas les lois tyranniques étaient "interrogées" comme se plaisait à le dire un des tortionnaires de la maréchaussée.

Il y avait même au dessus de sa porte inscrit le chiffre "6".

N°6 y avait été conduit dés son arrivée par de sinistres personnages, encapuchonnés qui se disait être du "conseil".

Les choses étaient claires: il devait rester dans cette maison et donner des renseignements sur son passé et ses fréquentations.
Si il quittait le village, la mort s'abattrait sur lui!
Ca c'était le maire qui le lui avait dit.

N°6 emménagea donc dans cette demeure-prison.
Et ne dit rien!
Mais tout de suite, il eut des soupcons... qui se révélèrent exactes: à l'intérieur de la maison, on l'espionnait!
Les tableaux le suivait du regard, des bruits de pas le réveillaient en pleine nuit, chaque jour il se réveillait avec un mal de tête épouvantable: comme si on lui faisait un lavage de cerveau et puis toujours ces mêmes personnes au dehors qui guettait ses faits et gestes...

On le questionnait aussi! En pleine journée!
Lorsqu'il entrait dans une taverne pour essayer de se changer les idées... on lui sautait dessus pour lui demander "comment ca va?"
Comment ca va??? Mais quelle question! Quelle idée? Dans sa situation!!!
Alors, lorsqu'il se risquait à répondre : "je vais mal", on s'empressait de lui répondre mielleusement "pourquoi, vous êtes bien ici..." et de commencer les interrogatoires: "d'ou venez vous?... qui êtes vous?..."
Et si il répondait "qu'il allait bien", alors là, c'était l'apothéose: "ah vous voyez, vous vous y faites! parlez nous de qui vous êtes réellement...etc"

N°6 était vraiment fatiguer de subir tout cela.

Et malgré sa foi, il devait partir! S'échapper... vite!!!

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Medso.
N°6 eut alors une idée de génie: creuser discrètement un souterrain jusqu'à la sortie du village!

Grâce à son légendaire sens de l'orientation et à sa facilité à fouiller dans les coins les plus sombres des individus, il commenca - entre deux tours de garde - à creuser au niveau de la cave.


A l'aide d'une cuillère - qu'il avait réussi à subtiliser dans la taverne de Vdr avant que ce dernier ne l'y bannisse - il creusa... creusa.. encore et encore!
Il devait s'éclairer avec des bougies qu'il prétendait "utiliser pour son plaisir personnel" afin de se justifier auprès des autres espions du village chez qui il se fournissait.
Pour évacuer la terre qu'il amassait dans les poches de ses braies, de son veston et même de son baluchon, il allait se baigner chaque matin dans le lac... tout habillé!
Ses surveillants le croyaient fou de le voir ainsi plonger dans l'eau... ils n'y voyaient que du feu.

Et afin de calfeutrer le trou dans la cave qui grandissait et grandissait, il y avait apposé un large drapeau des Réformés, ni vu, ni connu.


Après des semaines de forage intensif, le tunnel allait de plus en plus loin!

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Medso.
La vie était toujours aussi difficile. Et l'armée de Didier de Sars, l'homme qui voulait abattre Medso, était revenue pour renforcer les rangs des espions et vérifier que les interrogatoires avancaient.

N°6 mis alors les bouchées doubles pour creuser.
Et un jour, il arriva à rejoindre une salle souteraine!




Surement un vestige d'une ancienne pièce de prière avec au centre, une table de pierre sur laquelle était posé un gogebet en cristal!
Décidement, ce village était très mystérieux...

La pièce était reliée au fond par une sortie complétement bouchée par des énormes pierres.
Où cela pouvait bien mener? Vers une sortie du village? Vers la mairie?

Il le saurait tôt ou tard.

En attendant, cette salle était un cadeau de Déos.
Là, à l'abri de ce monde qui le maltraite et maltraite ce qui ne pense pas comme les Nobles, n°6 pourrait enfin célébrer la foi Réformée et prier dignement.

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Medso.
N°6 avait mal aux mains à force de creuser; mal aux genoux à force de se baisser; mal au dos... bref... il était temps pour lui de faire une pause.

Il en profita pour agencer la salle souteraine qu'il avait découvert.
Cette salle qui fut surement une ancienne salle de sacrifice sera désormais la salle de prière.






Toi le Trés Haut, l'Unique.
Il leva les mains au ciel, lui qui était dans cette pièce souterraine...
Sors les pauvres habitants de la misère!
Aides les à prendre leur destin en main!
Il n'y a pas besoin de tous ces curés menteurs! et ces nobles profiteurs!!


Il baissa sa tête et resta là silencieux pendant un instant.
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Medso.
Lorsqu'il releva sa tête, il alla verser dans le gobelet en cristal, un breuvage qui se trouvait dans une bouteille.

Ca ressemblait à du sang: épais, visqueux et puant.

Tout en versant, il prononca ces paroles:

Par ce présent, j'en appelle aux forces naissantes autant qu'aux forces destructrices... qu'elles se libèrent et se révèlent au peuple!

Il prit une gorgée dans sa bouche et versa reste sur la table en décrivant un cercle entrelacé de triangles. Enfin il cracha le liquide qu'il avait dans sa bouche au centre du dessin.

Il prit enfin le Livre des Vertus, le serra fort contre son torse et il termina par:

Que les ames libératrices m'aident dans ce destin qui est le mien... et que la Vérité triomphe du Mal!
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Medso.
N°6 était remonté dans la maison.

Il avait pris soin de souffler toutes les bougies qui éclairaient la salle ainsi que le tunnel, et avait pris soin de bien camoufler le trou à l'aide du drapeau des Réformés.

Il regarda dehors... et... les hommes de mains n'étaient plus là... étrange.

Il sortit vite et alla directement au Lac.
Une fois dans l'eau, il jetta la terre de son tunnel, fit sa toilette et en profita pour faire quelques brasses afin de garder sa musculature intacte.

Puis il alla en direction du centre du village.
Et en s'appochant de l'affichage publique... il fut prit de stupeur.
C'était la guerre!

Les armées allaient surement relacher la pression sur lui, et les espions allaient devoir travailler ailleurs! C'était donc pour cette raison qu'il n'y avait personne ce matin qui le surveillait.

Il retourna à son tunnel et travailla avec acharnement.


C'est le moment de tenter quelque chose...
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Medso.
N°6 avait encore bien travaillé la veille.

Mais il était de plus en plus fatigué. Il décida que ce jour serait consacré à la prière.

Il prit donc le Kitab al-Kutub et lut ce recueil à voix haute.
Il se consacra au chapitre concernant le jardin des délices qui voulait atteindre oui mais peut être, le plus tard possible.
Quoi que... sa vie de bagnard consacrée à creuser ce trou ne lui donnait pas une envie folle de continuer son Voyage.
Toutes les trahisons qui l'entouraient et les suspicions affectaient son moral.

Il se mit donc à lire:

J’ai créé la mort pour des raisons de commodité et J’ai donné des choix. Car Je suis le Monde qui renferme en lui toutes les oppositions : la lumière et la nuit, le bien et le mal, la vie et la mort.
Parmi les Hommes, il en est certains qui sombreront dans le Néant. Ceux-là je les jugerai. Heureux ceux qui ont cru. Maudits soient les mécréants.


Il ferma le livre.
Il était seul dans ce tombeau, entouré de bougies et de ténèbres... entre la vie et la mort, sa prison ou la liberté... cette Liberté qu'il voulait tant, ne serait elle finalement que d'aller au paradis Lunaire?

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Medso.
Il passa le lendemain à se changer les idées, allant boire de la tisane et voir si les espions maconnais étaient toujours présents taverne.
Peu était là, la guerre prenait toute leur force et leur disponibilité à le traquer.

C'est précisément dans une de ces tavernes abandonnées que n°6 mit les mains sur un instrument à corde! Un musicien qui s'était rendu compte de la supercherie monumentale des citoyens avait dû l'oublier là en quittant ce village de fous précipitamment.
Ses yeux brillaient... oui, cette guitare allait lui servir pour creuser son tunnel!
Il la prit et la camoufla dans ses braies. La protubérance que l'engin laissait apparaitre ne choquait pas plus que ca, car tout le monde savait que le n°6 était bien doté à cet endroit.

Il rentra chez lui, ayant eu tout même un peu de mal pour marcher mais en étant ravi de voir que les femmes et quels hommes lui avaient sourit tout au long du trajet, et alla directement dans la salle de prière pour continuer le tunnel qui avancait bien.
Il prit la fameuse guitare et essaya de creuser avec... mais ca creusait pas bien... pire, ca abimait l'instrument...


Et flute!

Il balanca la guitare en colère perdant le gout de creuser pour la journée.

Il la fixa un moment avec amertume.
A quoi ca pourrait bien lui servir?
Le regard embrumé, il se mit à penser qu'il était enfin LIBRE!!! Sorti de ce trou! Sorti du village!

Et c'est à cet instant qu'il eut, une fois de plus, une idée de génie: jouer de la guitare pour ensorceler les gens du village et les forcer à le libérer!
Mais il y avait un léger problème: il devait commencer par apprendre à jouer!

Il s'adossa contre la partie du tunnel qu'il creusait un peu plus tot, et commenca à jouer quelques notes tout en chantant la chanson de l'Homme Libre de sa voix chaude:

Je ferai le tour de la terre le tour de la mer... je suis un aventurier...
_________________
Medso.
Il continuait de chanter, chanter encore et encore plus fort avec des accords de musique digne des plus belles tempêtes orageuses.

CLINGG CLLANNGGGGG BLLONNNNnGgggg

Sur cette musique majestueuse l'artiste composa une sonnate digne d'un parolier plus que connu en Helvétie Fransisco Cabrélo:

Le village peut bien vouloir m'enfermer,
A jamais me garder,
Bientot, oui je sortirai!
Au revoir les fous...
Retour dans un monde sans tous ces cailloux.
Ohhh oui je sortirai!
Ne vois tu rien venir,
Ne vois tu pas que je m'évade!
En martyr oui, mais je m'évade.


Il avait presque les larmes aux yeux. En effet, la bougie était bientot totalement consumée et c'était une fumée épaisse qui lui piquait les yeux.

Et d'un seul coup... il fut interrompu. Un bruit! Faible au début puis fort!
CCLLLLLAAAAACCCCCCKKKKKKKKK
L'amas de pierre contre lequel il était toujours adossé se brisa et déferla sur lui!


HHAAAAAaaaaa
Le pauvre n°6 se retrouva sous les gravas... la guitare bousillée... il avait les yeux clos, et seul sa main gauche dépassait du monticule de pierre. Cette fois c'était fini.
_________________
Labaronne
Cette voix ... elle chantait dans sa tête depuis des jours. Et lui obéissant, elle se retrouvait là, à creuser. Ses pas l'avaient menés à cet endroit précis.

C'est ici.

Elle marqua du talon l'endroit exact. Crachant dans ses mains elle s'arma de sa pelle. Labaronne assura sa prise et commenca son long et dur labeur. Se donner du courage ... ça va être long ... jour et nuit je dois creuser. Elle murmurait parfois pour augmenter son débit.

J'arrive Medso ... je sais que c'est toi et j'arrive. Tiens bon mon ange, je suis là, tout près ....

La terre jaillissait du trou qui se formait. Un tunnel, le tunnel qui sera sa délivrance à lui, et témoin de leurs retrouvailles. Les heures s'enchainaient. La sueur recouvrait son corps mais inlassablement elle soulevait, rejettait des pleines pelletées d'argile, de cailloux. Elle creusait parfois le sol avec ses mains pour déloger un roc trop bien accroché, et dans un cri rauque le jetait le plus loin qu'elle pouvait. L'endroit était tranquille, et lui laissait tout loisir de s'approcher de lui, chaque minute un peu plus ... encore ... encore ...

Labaronne stoppa net. Un bruit lui parvint aux oreilles alors qu'elle avalait une gorgée d'eau. Elle se concentra sur ce son qu'elle ne connaissait, ou ne reconnaissait pas. Ses oreilles s'ouvrirent ... ses yeux s'écarquillèrent ... sa voix.

Il chante ?! dit-elle à haute voix.

Un sourire illumina son visage, elle se remis au travail dotée d'une force nouvelle. La poussière avait coloré ses joues d'un brun uniforme. Ses vêtements étaient crottés. Ses mains ensanglantées, mais sa force était décuplée. Elle sentit un léger courant d'air lui caresser les cheveux qui se collaient à son visage.

Medso !! j'arrive ....

Elle envoya un coup de pelle d'une force extraordinaire dans ce qui lui semblait devenu une fine paroi. Certainement plus fine que ce qu'elle laissait paraitre, puisque toute entière elle s'effondra.

Silence ...

Elle avait rentré sa tête dans ses épaules. La poussière avait envahi la galerie. Un vacarme assourdissant resonnait encore. Les yeux clos, elle s'était agenouillée, dans le noir, les bras au dessus de sa tête comme unique protection. Elle entendait le bruit de sa propre respiration, mais le chant s'était envolé. Lentement elle se releva.

Medso ? ... Répond moi ? c'est moi !! ... ta nymphe ... ta puce.

Sa gorge se serra. Elle n'y voyait rien. Elle commença une fouille intense de ses poches, nerveuse, tremblante.

Rooooh bon sang où est-ce que ... ah ! le voilà !!

Elle alluma une pierre à feu, et commença à gravir l'amas de terre et de pierre mélangée, tout en continuant à l'appeler.

Medso ? ne te cache pas ... rooooh Medso ...

Sa voix tremblait. Elle sentait monter, au fond de sa gorge, un gout d'acier, celui de la douleur, de l'infinie tritesse ... C'est alors qu'elle vit une main gisant sous un tas de gravas. Cette main, elle la reconnaissait, elle l'avait connue, habile, dessinant, peignant, elle l'avait vu dans la sienne, elle l'avait tenu contre elle ... Elle lacha le briquet en se précipitant vers lui dans un hurlement.

Medsoooooooooooo !!
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Labaronne
Combien de temps était-elle restée prostrée près de cette main qu'elle ne quittait pas des yeux ? Elle ne le savait pas. Des tas de souvenirs lui revinrent à la mémoire. Des souvenirs commun pour elle et lui : La guerre en Savoie qui avait été la toile de fond de leur rencontre. Ses frasques en taverne. Ses maitresses godiches, paranoïaques, jalouses ... jalouses de quoi ? Les lettres qu'ils échangeaient. Les tensions, les disputent, les désaccords ... Puis ses toiles, celles qu'il avait peintes pour elle, celles qu'il peignait et qu'il lui montrait ...

Medso n'avait peur de personne, franc, entêté, imaginatif ... Imaginatif. Labaronne sourit. Elle avait souvent fait les frais de son imagination débordante, elle avait tenté maintes fois de lui dire qu'une n'idée n'était pas forcément bonne ou réalisable...

Il lui semblait parfois être la seule à le comprendre, à l'aimer. Oui elle l'aimait, sa spontanéité, son esprit tordu et non conventionnel. Son franc parlé, et son humour ... provocateur. Sourire.

Labaronne sortit de sa longue rêverie, gardant cependant en tête le visage de son Lion ; Medso. Medso le réformé, celui que la Bourgogne venait d'assassiner sous des pretextes religieux. Leur Aristote ... n'était donc capable que de ça ? assassinat, mensonge, diffamation, corruption ... ainsi c'était ça leur culte ?

Elle commença, alors que la colère montait doucement en elle, à enlever une à une, les pierres qui ensevellissaient le corps toujours inerte de Medso. Peu à peu, elle vit apparaitre son bras. Son bras ... Ses épaules ... ses épaules où si souvent elle avait posé son front pour y faire des confidences. Son cou, où sa petite veine ne semblait plus battre. Puis peu à peu, son visage apparu. Les larmes lui emplirent les yeux. Labaronne sanglotait alors, qu'avec un pan de sa chemise, elle nettoyait ce visage, le débarrassant de la poussière qui lui envahissait les paupières de ses yeux clos. Elle essuya sa bouche qui avait embrassé tant de femmes. Elle frotta sa barbe avec tendresse, elle y avait perdu souvent ses doigts alors qu'il la taquinait.

Labaronne se leva alors, et avec plus d'énergie, la colère faisant maintenant son office, elle débarrassa le corps de tout les gravas qui le recouvraient.
Une fois fait, elle le regarda.


Medso, je voulais te libérer ... mais pas de cette manière.

Labaronne regarda autour d'elle, l'endroit était sinistre. Elle saisit le corps sous les bras, et le traina vers la sortie du tunnel. C'est ainsi qu'elle découvrit la maison du peintre martyr. Elle déposa Medso avec précaution sur un lit. Elle regarda autour d'elle. L'endroit était misérable pour l'ancien juge ... Visiblement, rien ne lui avait été épargné ici. Il aurait ses funérailles, dignes de lui.

Je serai ta grande prétresse, je m'occupe moi même de tout Medso.Je veillerai moi même au repos de ton âme.

Un rictus démoniaque traversa sur son visage.
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Labaronne
Labaronne fourra, pèle mèle dans sa besace, quelques objets qu'elle savait cher au coeur de son peintre. Elle pris le livre des vertues, car même si elle ne partageait guère ses croyances, elle en respectait sa tradition, et Medso était cher à son coeur.

Elle enveloppa le corps de l'artiste dans une tenture, et quitta la demeure. Elle portait encore sur elle, les séquelles de l'effondrement du tunnel : Le sang coagulait sur des mains et ses doigts, son visage était souillé par la terre, la poussière, elle semblait sortir tout droit de la tombe. Elle traversa la ville, jetant des regards haineux aux gens qu'elle croisait. Elle persiflait, crachait des insultes à ces visages inconnus. Elle n'était que rage envers ces gens qui n'avaient pas levé un doigt, parce qu'ils étaient des
...

Laches ... vous n'êtes que de laches assassins ... Poltrons ... vous n'êtes pas des hommes ... votre très haut est un démon ... criminels que vous êtes ...

La douleur parlait pour elle, le corps de Medso semblait léger comme une plume, pourtant elle pliait sous son poids. Tous ses muscles étaient tendus, son esprit fourmillait d'idées incohérentes, elle imaginait des scènes de tortures pour toutes âmes maudites de cette ville.

Vous me l'avez tué ... vous allez me le payer ... vermines ...

Labaronne portait le corps de Medso et le déposa à l'ombre d'un arbre, près de la rivière. Elle prit une pelle, et lentement creusa un trou, à la taille de cet homme. Elle considéra la profondeur adequat, et avec délicatesse et tendresse y déposa le corps de Medso. Elle installa entre ses mains le "livre des vertus". Agrémenta le tout de pinceaux et de quelques feuilles sur lesquelles, elle aimait à imaginer, qu'il y dessinerait sa vengeance.

Labaronne se redressa et fixa la dépouille.

Medso. Tu sais que mes croyances sont limitées, et aujourd'hui je t'offre sur un plateau d'argent, la preuve que c'est moi qui ai raison. Leur Dieu est un assassin, le tiens est surement un faible pour ne pas t'avoir protégé.

Elle avala sa salive avec difficulté, l'émotion la gagnant soudain.

Je suis venue trop tard. Et tu aurais eu raison de m'en vouloir. Je ne sais pas si j'aurais pu t'aider, mais au moins nous aurions pu mourir ensemble.

Elle tomba à genoux, l'épuisement ayant pris le dessus. Elle n'avait pas fini. Elle prit une petite poignée de terre, et la jeta sur le corps. Elle s'affalait au fur et à mesure qu'elle jetait ce qui devait faire disparaitre Medso pour l'éternité. Elle était maintenant presque allongée sur le sol. Elle continuait à jeter de toutes petites poignées de terre. A cette allure, il lui faudrait un siècle pour terminer, mais peu lui importait, elle terminerait. Ses yeux se fermèrent, ses mains continuèrent de plus en plus lentement, puis cessèrent leur infernale manège. Labaronne s'endormit de fatigue et de tristesse, à l'ombre d'un arbre, près d'une rivière à coté d'un martyr.
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Medso.
Dans cette mi obscurité paisible, entre le paradis, les enfers et au milieu des étoiles, l'âme de Medso errait.
Il n'était pas seul, il y avait des millions d'âmes ici en attente tout autour de lui. Chacun devant apparemment faire un choix.

Medso se concentra alors sur deux points qui apparaissaient à lui... Ces points ressemblaient, coïncidence funèbre, aux tunnels qu'il creusait depuis des lustres à Mâcon.
Mais ici, de la couleur avait pris place au centre du trou!
Il regarda donc d'un coté, vers la lumière douce où se dégageait un mélange d'amour, de passion, d'échange.
Puis il tourna la tête de l'autre coté, vers le feu rougeoyant d'où là se mélangeait puissance, gloire et pouvoir.
Aucun des deux chemins ne l'appelait. Non, c'était à lui de choisir.
Là était le but de chaque individu ici: le choix de son destin pour ce voyage vers la mort.

Les autres personnes, avaient eux le choix vers plusieurs trous! Et même parfois un seul trou!

Où était le paradis pour Medso, et surtout, où était l'enfer?
Il avait bien envie de tirer à pile ou face ou bien faire un plouf-plouf mais d'un seul coup, tous ses membres se mirent à trembler et c'est un énorme spasme qui le se secoua pour terminer...
Il regarda alors son corps qui s'illuminait entièrement.

Etait ce là encore magie de Déos?
Non, il n'était tout simplement pas l'heure de quitter ce monde, le royaume des morts n'était pas pour ce jour.
Bien au contraire... Medso, l'abandonné, le n°6, l'artiste incompris sentait que la vie voulait le ramener vers son enveloppe de mortel pour, peut être, lui en redonner le gout?

Qui pouvait bien lui faire cet effet?

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Labaronne
Par la fente de ses yeux, Labaronne apercevait un jeu d'ombres et de lumières. Dormait-elle encore ? Etait-elle réveillée ? Elle ne bougeait pas, elle admirait le spectacle des feuilles et du soleil. Etendue sur le dos, un bras immobile tombant dans le trou qu'elle venait de creuser, elle analysait la situation. Du bout des doigts, elle sentait la tenture dans laquelle Medso reposait. Elle pourrait toucher son visage si elle parvenait à étendre ses doigts. Elle n'y parvenait pas, elle regardait s'agiter les feuilles.

Elle avait rêvé que tout ceci n'était qu'un rêve. Il ne pouvait pas disparaitre comme ça. Ses doigts bougèrent un peu. Une mouche fit réagir la joue sur laquelle venait de se poser l'insecte, dans un tic à peine perfectible. Ses doigts bougèrent un peu et entrèrent en contact avec la peau de Medso et s'y arrêtèrent. Lente analyse ... sa joue, son nez, son cou ... son menton ? où était-elle ? Il fallait qu'elle bouge !!! Il fallait qu'elle ouvre les yeux !!

Soudain plus de jeu de lumières, la lumière crue et aveuglante, comme un rappel à l'ordre : on ne joue pas avec le soleil !! Labaronne tourna la tête vers le trou sombre, vers l'ombre, ne trouvant pas la force de se lever. Elle tourna la tête et son corps suivi. Elle bascula. Elle se retrouvait avec lui, dans le trou creusé de ses mains. Ils n'étaient séparés que par le livre des vertues et quelques pinceaux. Elle était allongée là, sur le corps mort de son Lion. La réaction ne se fit pas attendre : elle se redressa, regarda le visage de cet homme sans vie qui lui était si cher. Elle se mordit les lèvres, sèches, rèches, une mèche de cheveux y passait et avait trouvé le moyen de pénétrer dans sa bouche. Labaronne saisit les épaules de Medso, ses doigts s'agrippèrent, ses ongles pénétrèrent sa peau. Son regard se durçit, elle le fixait. Et d'un coup elle se mit à le secouer de toutes ses forces.


Pourquoi tu m'as fait ça !!!? ... reviens Medso tu m'entends ?!!! reviens je te l'ordonne ...!!! tout de suiiiiiiite !!! ...

Elle agitait le corps, aussi vaillant qu'une poupée de chiffon.

Tu n'as jamais abandonné Medso, tu n'as pas le droit d'abandonner ... de m'abandonner .... je suis venue te chercher mon Lion ... reviens ... r'viens ... s'il te plait...

Sachant sa tache vaine, mais comme soulagée, elle se laissa retomber sur lui. Elle soupira pour marquer son abandon, mais resta ainsi de longues minutes seule avec lui dans sa dernière demeure.
_________________
Medso.
Une forte et longue respiration - comme lorsque qu'on revient à la surface aprés une plongée en apnée - fut le premier signe qu'il était revenu à la vie.
HHHHHHAAAAAAAAAAAAAAAAMMMMMMMMMMMMMMMMMM

Il se mit à tousser, et agrippa la personne qui était sur lui, ne sachant plus... ne se remémorant pas ce qui c'était passé.

Il ouvrit les yeux.


LAB??!!! Il la regarda un moment, lui touchant le visage.
Nan mais je suis mort? ou je rêve?

Il la pinca un bon coup au bras.

Aïeeeeeeee

A nan! C'est vrai!


Il la posa hors du trou et il sortit en un bond.
Il regarda l'environnement qui l'entourait puis lui déclara en souriant:


Tu es venue... Mais en regardant le trou, il continua sans sourire et en grimacant:
m'enterrer??!!!
Il commenca alors à se méfier d'elle, se rappelant qu'il était le n°6... chassé, trompé, interrogé et prisonniiiééééé!

Et si c'était pas elle... pensa t il. Et si c'était encore une ruse des espions Mâconnais?!
Il la regarda un moment sans rien dire.
Elle avait pourtant les mêmes traits que Lab et qui d'autre qu'elle aurait eu autant d'amour pour le faire revenir à la vie?

Pour en avoir le coeur net, il eut une idée... et c'est l'air de rien qu'il continua en diluant une question piège...

Ha! je te remercie vraiment, ce trou que tu m'as fait... avec mon bouquin et mes pinceaux... pour si je m'ennuye... vraiment c'est gentil Lab! Mais dis moi, je me souviens plus de quelque chose... il eut à cet instant un éclair dans le regard comment est ce qu'on fait pour faire des petits poids verts?
Il s'était avancé un peu, et mis de travers par rapport à elle, en la regardant avec les yeux en coin.

La vraie Lab aurait évidemment la réponse! En tant que "guerrière terroriste membre des commandos de l'Hydre", elle devait avoir acquis cette technique pour pouvoir se nourrir dans n'importe quelle situation...

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