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[RP] Coutures, Viscères et Amputations... Tente médicale...

--Achim_al_quasim



Le regard sombre du maure parcourt la large tente une dernière fois. Jusque là, les combats n’avaient été qu’anicroches sans trop de casse. Paillasses de foin fraichement coupé recouvertes de draps propres, tréteaux et planches en attente de blessés, table dressée avec tout son matériel, instruments lavés et préparés avec soin… Tout est prêt. Bien moins dans l’urgence qu’en Alençon du moins…

Au détour d’une ruelle, il a aperçu une blonde lui rappelant de mauvais souvenirs. Celle qui lui avait disputé le droit de sauver une vie. Celle qui aurait préféré voir morte la Fourmi ce jour là… Il a évité d’aborder le sujet d’ailleurs avec la concernée, pour ne pas raviver ces souvenirs éteints chez elle.

Ainsi Achim al Qasim ibn Farad, chirurgien de Bagdad, médecin émérite de Grenade, descendant d’une longue lignée de médecins depuis l’illustre Abu al Qasim, attaché volontaire au service d’une brunette se tenait là, debout dans l’embrasure de tissus, scrutant le ciel encore assombri. Dans son dos l’encensoir accroché à un montant répand lentement ses volutes de camphre et de menthe, tandis que la préparation d’eau vinaigrée et d’ail continue de chauffer dans le chaudron…

De là, le fracas de la bataille lui parvient déjà, étouffé. Seuls les rougeoiements des feux dans la plaine lointaine relèvent un peu plus l’intensité des combats qui font rage.
Lui, se contente d’attendre, regrettant l’absence de son apprenti, bien que rustre et fort maladroit… Tout en espérant que sa meilleure élève serait là pour le seconder si le nombre de blessés se faisait trop important.
Ces combats ne sont pas les siens, et sa lame affutée ne lui sert guère qu'à sauver sa propre vie, en dépit d'une éducation complète d'homme, il préfère exercer l'art délicat de faire reprendre vie à des corps en lambeaux.



Ouvert à tout blessé, mort, enrhumé ou autre désireux de se faire soigner.
Sorianne
Saumur! Il était temps, elle commençait sérieusement à croire qu'elles n'arriveraient jamais au village. Première chose, se mettre à l'abri rapidement, et trouver quelqu'un pour soigner la blessée qu'elle tirait sur le cheval. La boiteuse en aurait oublié son propre état si elle ne sentait pas le liquide pourpre glisser doucement sur elle. Inquiète, elle guettait le teint cireux de la Fourmi, et se mordillait la lèvre, espérant qu'elle n'arriverait pas trop tard, non, pas possible ça, elles auraient l'occasion de faire plus ample connaissance, c'était sûr! Et où en étaient les autres?

La brune observait les alentours, visages, silhouettes qui se découpaient dans les brumes du jour qui se levait, et il ne lui sembla pas voir de gens connus. Peu de temps qu'elle était avec, mais elle s'attachait la bougresse, tout mercenaires qu'ils soient!

Ce sont les tentures lourdes qui attirèrent son attention, ainsi que l'odeur forte qui s'en dégageait. Ça ne pouvait être que ça! So changea la longe de main afin de s'approcher de la Fourmi sans pour autant arrêter d'avancer, même si l'allure ralenti quelque peu. Dégageant quelques mèches qui s'étaient échappées et qui voletaient sur le visage de la blessée -bah oui, elle ne peut pas être morte quand même!- la jeune femme s'adressa de nouveau à elle, même s'il était peu certain qu'elle l'entendrait.


On y est Fourmi, ça va aller mieux bientôt...

En parti aussi pour se rassurer elle même car aux vues de la quantité de sang qui s'écoulait... Le cœur battant et le souffle court, la So repartit de plus belle droit sur la tente dressée, abandonnant soudain la monture pour se diriger vers l'homme qui se trouvait là. Un temps d'arrêt fut marqué lorsqu'elle vit le teint sombre... Guettant autour de lui, elle ne vit personne d'autre... Et tout s'effondra soudain, elle ne pouvait tout de même pas confier la jeune femme à un Maure! Les épaules se firent basses, alors qu'elle en aurait tout laissé tomber, tout ça pour rien, la jeune femme allait mourir... Mais non! Un regain d'optimisme la saisit, elle n'était pas comme ça la brunette!


Est-ce que vous savez où est le chirurgien? J'ai besoin de quelqu'un... Vite... C'est...

Rhaa bon Dieu! Elle n'avait décidément pas le temps! Elle attrapa l'homme par la main, faisant fi du sang qui la recouvrait, elle ne pourrait pas descendre elle même Cymoril de sa monture, il lui fallait quelqu'un!
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--Achim_al_quasim



La bataille avait fait rage. Partout il voyait les blessés regagner le camp, clopinant, comprimant leurs blessures de leurs mains sales. Mais pas un qui s'avança vers lui. A croire qu'ils n'avaient jamais croisé quelqu'un comme lui. Ils devaient surtout avoir affecté de ne pas les voir*. Achim, blasé, se contenta de hausser brièvement les épaules. Après tout, s'ils préféraient se faire saigner par leurs bouchers qu'y pouvait-il ?

Il allait regagner l'intérieur de la tente lorsqu'une jeune femme blessée fit son apparition. Sourire satisfait en esquisse, le sujet étant plus intéressant que la plupart des marauds qui peuplait le vaste campement. Il voit bien le temps d'arrêt qu'elle marque à son tour, hésitant à briser le tabou.
Ne savent-ils donc pas qu'aucun de leur médecin ne maîtrisait leur art aussi bien que n'importe lequel de ses élèves ?
Il commence à pivoter, las de tant d'ignorance, lorsque la voix résonne et s'affranchit enfin d'une barrière invisible. Sa longue silhouette s'arrête avant de revenir à la jeune femme et de poser son regard d'ébène sur son visage. Elle ne lui laisse même pas le temps de lui répondre qu'elle lui empoigne la main pour l'attirer plus loin, vers la monture.

Un grognement sourd monte dans sa gorge alors qu'il ouvre enfin la bouche.


Je suis.. le chirurgien...

Et déjà sa main sombre se lève pour cueillir le corps sans vie qui repose sur le cheval. Ses traits se sont durcis alors qu'il la dégage de la selle et l'accueille dans ses bras.

Fourmi, Fourmi... Dans quel état vous êtes vous encore mis...

Le sourire s'est effacé et le timbre de sa voix est devenu plus troublé lors qu'il prononce ces mots en cherchant des yeux une trace de vie, un souffle si ténu soit il, sur le visage blême, avant de prendre la direction de la tente d'un pas vif, sans oublier toutefois l'accompagnatrice qui semble elle aussi avoir besoin de soins.

Venez.



*source : http://www.africamaat.com/La-presence-des-Noirs-sur-le-sol
Sorianne
Conduit jusqu'à la monture sanglante du sang fourmiesque, elle laisse l'homme se saisir de la jeune femme qu'elle lui avait ramené. Elle avait tiqué en l'entendant dire que c'était lui le chirurgien, mais elle avait fini de s'en faire pour ça, du moment qu'il pouvait soigner et ramener Cymoril, le pire des médicastre aurait fait l'affaire.

Le sourcil se hausse en l'entendant, ils se connaissaient donc? Raidie à l'idée qu'elle puisse être morte, la So retenait de poser et de reposer LA question, non elle ne l'était pas. Non non... Et bloquée là la petite brune, elle l'observait emmener le corps inanimé en direction de la tente, devait-elle suivre? Elle trépignait et ne se fit donc pas prier en entendant l'invitation lancée... Si on pouvait parler d'invitation. Les pas longs impossibles à suivre, elle suivit du seul rythme possible pour elle, pas irréguliers et petites pattes lasses qui y allaient autant que permis.


Vous la connaissez? Vous l'avez appelé Fourmi... Elle est vivante hein? Elle n'est pas morte, vous allez la soigner? Sauvez la! Ou que le Trés Haut la ramène! Il peut faire ça, comment on fait? ...Sauvez la...

Inquiète, oh oui, une main passée à son front afin d'en retirer cette maudite mèche folle, laissant par là une trainée sanguinolente, les yeux rivés sur le visage éteint de la Fourmi. Et les autres? Est-ce qu'ils étaient en train d'y passer dans un fossé eux aussi? Elle aurait aimé aller s'en assurer, mais non, elle se retiendrait, ne voulant pas laisser celle avec qui elle pouvait bien s'entendre seule avec un homme dont elle ne savait rien, et qui devaient avoir des sciences étranges, mieux valait veiller au grain...

Je peux aider? Je peux faire quelque chose?

Le visage halé viré au pâlot, elle ne s'en rendait même pas compte, puis de toutes façons, elle n'était pas mourante elle, allez Fourmi, ouvre les yeux enfin! Chaque geste du médecin était suivi du regard, chaque parole prononcée, écoutée attentivement, la So ne voulait surtout pas avoir fait une erreur en confiant la jeune femme à cet homme étranger.
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--Achim_al_quasim



Chaque pas en direction de la tente a raffermi le chirurgien, éloignant l'homme de chair pour ne laisser place qu'à l'héritage des générations dont il est issu.
Le corps léger est déposé sur l'une des tables, et sans attendre il commence à ôter le pourpoint, le jetant à terre sans y prendre garde, pour la défaire ensuite de la cotte de maille percée. L'impact de l'épée semble si petit pourtant... Les lacets de cuir défaits en hâte, alors qu'il grommelle sur l'inutilité de la chose si c'est pour lui faire perdre plus de temps encore...


Otez lui ses bottes...

Il n'a rien trouvé d'autre à dire sur l'instant. Il n'est pas encore fixé, n'ayant fini de décortiquer la Fourmi et sa fichue manie d'empiler les couches de tissu. La cotte rejoint le pourpoint et sous ses yeux la chemise apparait, imbibée de sang sombre... Il découpe le lin fin, dévoile la blessure en grognant, avant de finir de la libérer de son carcan vestimentaire en la débarrassant des bandes qui enserrent sa poitrine et l'empêche encore plus de respirer... Pestant même contre le corps inerte.

Combien de fois vous ai-je dit d'arrêter cette pratique ?..

Pourtant cette fois, les bandes ont peut-être empêché la vie de s'échapper trop vite, le sang de s'écouler trop fort...
Il se retourne et d'un geste sûr prend la louche dans le chaudron, pour verser un peu de mélange dans une bassine, avant d'y plonger les mains pour les nettoyer...
Sans se retourner il poursuit à l'attention de son assistante improvisée...


Défaites là du reste et venez vous laver les mains...

Alors qu'il cherche des yeux le matériel qui s'impose et vient prendre place sur la table en attendant que la brune ait terminé... Laissant courir son regard sur le corps menu dont il connait chaque courbe...

Et apportez moi des linges propres...

Un geste du menton désigne la pile de carrés de qutn*.



*Al Zahrawi a été le premier chirurgien de faire usage du coton (mot qui est lui-même dérivé du mot arabe qutn) comme textile médical pour le contrôle des hémorragies.
Sorianne
So le regardait faire sans rien dire, guettant les gestes, s'inquiétant même de ce que penserait la Fourmi si elle savait. La tête commençait à lui tourner et la vitesse avec laquelle il démontait les couches l'une après l'autre n'allait pas pour arranger la chose. Il la connaissait. Elle en était désormais certaine et cela la rassérénait. Il la sauverait, c'était sûr. Elle ne posa aucune résistance aux mots prononcés, et s'empressa même d'y répondre, heureuse de pouvoir se sentir utile.

Elle prit soin d'être aussi délicate que possible, tout en essayant d'être vive afin de ne pas perdre de temps, ne s'attardant même pas sur les quelques marques dévoilées. La plaie visible semblait si petite, comment pouvait-on mourir de ça?? L'homme n'avait pas répondu à ses interrogations, elle parlait trop et s'en rendait compte, aussi c'est muette qu'elle obéirait... Vêtements souillés dans les bras, elle trouva un coin où les poser, avant de se diriger vers la bassine dans laquelle il avait versé quelque mixture étrange. La brune hésita, se tournant vers lui avant d'y laisser glisser ses mains, et d'essayer tant bien que mal de se débarrasser du sang qui les maculait, allant jusqu'à vouloir nettoyer le bras blessé en grimaçant largement tant la brûlure était horrible. Heureusement qu'elle lui tournait le dos...

Lorsque ce fut fait, elle se tourna de nouveau vers le chirurgien, tiquant à le voir observer la Fourmi de la sorte. C'était indécent au possible même avec la situation, et ce sont les pommettes rosies malgré le pâleur du visage qu'elle s'en alla chercher les linges désignés, il fallait faire vite, s'il faisait tout ça, c'est qu'il y avait une chance d'aider et de sauver Cymoril. Autant ne pas gâcher ses chances.

Linges dans les bras, essayant de ne pas les souiller, elle revint vers la table où était allongée la jeune femme, cherchant en même temps de quoi la couvrir, sans vraiment trouver, toute perdue qu'elle était. Le souffle court, son côté la brûlait à chaque inspiration, et chaque mouvement était douloureux. Mais il y avait plus important. Posant les tissus à côté du corps inerte, elle essaya de capter ce regard noir, voulant vraiment savoir ce qu'il en pensait, voulant surtout entendre ce qu'elle voulait, mais ça...


Elle va vivre?
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Il ne se préoccupait que peu des gestes de Sorianne, s'attendant à être obéi. Naturellement.
Le chirurgien étire un bras pour venir prendre un linge et éponger le sang qui finit de s'écouler de la plaie. Sans pression. Tout juste un filet. Il engage la mécanique bien huilée, retournant au chaudron et remplissant un bassinet qu'il vient poser à côté de ses instruments.
Concentré autant que faire se peut.

Pince à écarter* en main, il glisse doucement l'instrument à l'intérieur de la plaie pour découvrir l'artère endommagée. Sa main est ferme, le geste sûr. Il inspire longuement, semble même hésiter, avant de s'adresser à nouveau à la jeune femme qui attend une réponse, et qui devra attendre encore.


Venez me tenir ça...

Il adopte le même ton directif qu'avec ses élèves, avant de lever les yeux du lieu d'intervention pour regarder Sorianne, et d'esquisser un sourire.

S'il vous plait...

Même s'il ne doute aucunement qu'elle s'exécutera sur l'instant. Sinon pourquoi diable aurait-elle ramené la Fourmi et proposé ses services ? Il lâche même l'instrument pour enfiler un fil de catgut dans une petite aiguille courbe. Dire qu'il est confiant dans l'exécution de ses ordres serait un doux euphémisme.

Et surtout... ne bougez ni ne lâchez...

Il vient même affirmer la position des doigts de la jeune femme sur l'écarteur avant de se saisir d'une autre pince pour attraper l'artère qui se tarit un peu plus à chaque seconde et de son autre main commencer à piquer pour la suturer.

Nous devrions être deux chirurgiens... normalement...

Le propos lui échappe tandis qu'il effectue ses gestes, le regard concentré... Oui. Ils auraient du être deux dans cette tente à s'affairer à recoudre et panser. Il s'efforce de rester concentré, et finit même par répondre à la question posée...

Je ne fais que réparer les corps...

Alors qu'il s'interrompt et laisse glisser ses yeux sur la poitrine qu'aucun souffle ne soulève...




*Instruments chirurgicaux été inventés par Abu al-Qasim et décrits pour la première fois dans son Al-Tasrif notamment le scalpel, la curette, les écarteurs, les sondes, les crochets chirurgicaux, l'aiguille à suturer, les stylets chirurgicaux et les spéculum...
**L’utilisation du catgut par Abu Al-Qasim pour la suture des plans sous cutanés est toujours pratiquée dans la chirurgie moderne. Le catgut semble être la seule substance naturelle capable de se résorber et d’être acceptée par l'organisme.
Sorianne
Pas de réponses, mais l'homme semblait concentré aussi elle prit son mal en patience, observant attentivement le moindre de ses gestes. Quel était cet instrument qu'il venait de prendre? Quel était donc cet engin? La brune faillit protester en le voyant l'insérer dans la plaie, que faisait-il donc?! Bouche entre-ouverte, se retenant fortement de pester contre ces manières et cette chose, elle finit par prendre sur elle et le rejoignit lorsqu'il le lui intima. So leva le museau vers lui et vit le sourire offert alors qu'il accompagnait son ordre d'une formule de politesse. Elle ne lui en aurait pas voulu de l'oublier, loin de là, n'étant plus à ceci près.

La jeune femme attrapa ainsi l'instrument d'une main peu sûre, se demandant bien ce qu'il comptait faire avec, et ce qu'il se passerait si elle bougeait, est-ce qu'elle pourrait tuer la Fourmi rien qu'en tremblant? Ne bougez, ni ne lâchez... A pour sûr, elle ne comptait pas faire quoi que ce soit, bien trop angoissée à l'idée d'avoir la vie de la jeune femme entre les mains, même si ce n'était pas le cas...

Elle le laisse replacer ses mains comme il faut, mieux vaut cela que de faire n'importe quoi, obéissante, elle apprend, même si elle n'a pas entièrement confiance, n'ayant jamais vu que l'on pouvait soigner quelqu'un de la sorte. Que faisait-il? Oh par Aristote... De palote elle passa à blanc comme un linge en le voyant tritouiller dans la plaie, et il fallut qu'elle détourne le regard si elle ne voulait pas tourner de l’œil.

Deux chirurgiens? Plutôt que d'observer les soins en cours, elle tourna le regard vers lui, l'air curieux,


Deux? Où est le second alors?

Inquiète aussi de la réponse, sans trop savoir pour quelle raison, elle avait comme une mauvaise impression. Et il finit par répondre à la question qui attendait réponse depuis qu'elle avait été posée. Les mains tremblantes malgré la prise qu'elle voulait avoir sur l'outil, elle resta muette un instant et suivit le regard du médecin... Avant de se rendre compte de l'absence de souffle de la jeune femme... Mouvement plus qu'inquiet en direction du chirurgien...

Et maintenant?

Elle ne pouvait pas mourir la fourmi, pas avec une blessure comme celle là, pas avec ce qui allait amener une cicatrice aussi fine, pas quand elles auraient pu faire plus ample connaissance, pas tant qu'elle ne connaissait pas son nom! Le bras bleui par le coup qui avait brisé le bouclier se tendit pour agripper le bras de l'homme, il devait la ramener maintenant.

Elle n'est pas morte hein? Le Trés Haut ramène les personnes, elle ne peut pas ne pas revenir... Il faut faire quoi maintenant?? Dites moi et je fais!

Elle ne pouvait se résoudre à ne plus la voir que comme ça, étendue morte sur une table... Elle ne pouvait se résoudre à annoncer au colosse que sa protégée était morte d'une lame mal placée...
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--Achim_al_quasim




Il voit sur le visage de la jeune femme que le spectacle des corps mutilés ne lui est pas familier, sa pâleur lorsqu'elle lui parle en témoigne. Sans s'en préoccuper plus que ça, il finit avec application de réparer l'artère endommagée avant de reposer pince et aiguille. Scrutant longuement les traits figés dans la mort avant de revenir à Sorianne...

Le second...

Il prend une longue inspiration, tout en venant libérer les doigts de la jeune femme crispés sur l'écarteur, les effleurant à peine en lui adressant un sourire avant de poser l'instrument aux côtés des autres.

Le second est étendu là...

La voix est devenue plus sèche alors qu'il se saisit d'une nouvelle aiguille et de fil de soie. Sourcils froncés le chirurgien achève les soins, à petits points serrés pour que les bords de la plaie se referment peu à peu. Tout ça a décidément un air de déjà vu, même si cette fois personne n'est là pour l'empêcher de la soigner.

Asseyez vous... Je vais vous examiner...

Point après point, noeud après noeud, il ne reste bientôt qu'une fine trainée rouge encadrée de soie là où avant se trouvait plaie béante. La seconde aiguille est reposée à son tour puis il retourne se laver les mains avec soin. Il va pour ouvrir la bouche en revenant vers le petit corps sans vie, puis se ravise et se saisit d'un linge qu'il trempe dans le bassinet rempli d'eau vinaigrée et commence à débarrasser la peau blanche du sang qui la macule, doucement il passe le tissu sur le ventre plat, remontant vers la généreuse poitrine d'albâtre... Laissant échapper un grondement presque inaudible avant d'en finir et d'abandonner le carré souillé pour recouvrir le corps d'un drap blanc et éviter qu'un éventuel visiteur ne profite à son tour des formes de la demoiselle.

Je pose l'onguent et je m'occupe de vous... Devriez ôter vos...

Un geste vague de la main achève sa phrase. Achim déjà est concentré sur la quête d'un pot précis, marmonnant un "Te voilà" en saisissant l'objet trouvé et de revenir une nouvelle fois vers le corps. Spatule en main, qui plonge dans le pot décacheté pour aller puiser la préparation à base de miel pour en recouvrir la cicatrice.

Le reste...

Tout est reposé en place, et les instruments sont mis à tremper dans le bassinet. Lentement son regard d'ébène revient se poser sur le visage de Sorianne, se fait plus doux, presque charmeur, alors qu'il reprend d'une voix chaude.

C'est à elle de le faire...

Il taira que la première fois qu'il l'avait vue elle était dans un état bien pire, et qu'elle avait trouvé la force de revenir. Même amputée d'une partie de sa mémoire.
Achim contourne la table, laissant les tissus soyeux de son saroual balancer doucement, puis s'approche avant de se pencher légèrement sur la brune presque aussi pâle que la fourmi et d'étirer un bras pour venir poser sa main sur l'avant bras de So.


Montrez...
Sorianne
Ils se connaissaient donc bel et bien... Et par là, elle en apprenait un peu plus sur la Fourmi. Elle avait bien comprit qu'elle était studieuse et qu'elle lisait beaucoup, apprenant par là sans doutes beaucoup de choses, mais elle n'en savait pas beaucoup plus. En sentant la main de l'homme sur les siennes, aux jointures blanchies de peur de lâcher l'instrument ou de faire un mouvement, So le rendit à son propriétaire, presque soulagée de ne plus risquer la vie de la jeune femme. Enfin s'il n'était pas trop tard...

La brune observe silencieusement le moindre des gestes de l'homme, admirant la dextérité et le calme dont il faisait preuve. D'autres n'auraient pas perdu de temps et cherché à cautériser directement sans réfléchir à quoi que ce soit... Machinalement elle frotta sa hanche marquée, avec une grimace... S'asseoir... Elle en avait oublié ses propres blessures, cadet de ses soucis à dire vrai. Une Fourmi étendue sans vie face à elle, pas de nouvelles des autres... Une place avisée, et la noiraude s'y dirigea, soudain lasse. Malgré le teint pâle qu'elle arborait, cela ne l'empêcha pas de rougir quand il lui proposa d'ôter ce qui allait gêner... Le bras, point dur, mais le côté...

So se posa doucement sur le siège en se mordant la lèvre et remonta la manche déchirée de la chemise qui recouvrait la plaie sanguinolente qui tournait presque autour de l'avant bras. Ce maudit type ne l'avait pas raté, tout ça pour un fichu bâton. C'est là qu'elle se rendit compte aussi de la perte du bracelet de cuir... Arf, elle l'aimait bien... Mais il lui avait épargné plus de dégâts, c'était toujours ça... Le médecin parla, et So leva le nez, le regardant avant de porter le regard sur Cymoril... Allez trouver de bonnes raisons pour faire revenir quelqu'un quand vous n'avez pas connaissance de grand chose sur la personne... Elle l'appréciait mais n'avait pas voulu faire la curieuse à son égard... La voilà qui regrettait... D'en savoir plus lui aurait peut-être permis de trouver un bon argument. Elle se rattraperait! C'était promis.

Achim venait maintenant à elle, et elle ne put s'empêcher de lui poser la question que tout le monde se posait, du moins beaucoup. Après tout, ils se connaissaient, peut-être avait-il la réponse... Puis elle ne pouvait pas laisser partir la Fourmi sans le savoir... So se laissa manipuler, laissant échapper une grimace douloureuse et piteuse à l'idée de ce qu'il pourrait penser de la marque présente au poignet et qui aurait du être bien planquée à l'abri des regards...


Je suis Sorianne... Peut-être saurait-elle son nom à lui également? Étrangement il ne lui paraissait pas aussi sauvage que l'idée dont elle s'en faisait dans son esprit inculte... Vous connaissez son vrai nom? ... A Fourmi...

La tête tournait, mais elle tenait sans trop de soucis. Main libre posée au coté blessé, la petite brune revint assez vite observer le médecin et ses gestes délicats, soudain honteuse...


Pardon... D'avoir hésité tout à l'heure...
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--Achim_al_quasim




Son nom ?

La question lui fit froncer les sourcils. Il l'avait vue, morte, souillée de la pire des façons, malade, et même en voyage d'étude dans un bordel. Il l'avait soignée, touchée, nourrie, enguirlandée, suivie, espionnée... Et pourtant il ne savait que Fourmi lui aussi.



Achim al Qasim ibn Farad, chirurgien de l'université de Bagdad, médecin émérite de Grenade...


De ses longs doigts sombres il effleure l'avant bras blessé, avant de commencer à le nettoyer à l'eau vinaigrée. S'excusant d'un sourire enjôleur pour la morsure du vinaigre et de l'ail...

Pour vous servir...

Avant de glisser d'un regard délibérément lent sur les formes et rejoindre la blessure au flanc de Sorianne. Il repose le tissu qui rinçait le bras pour venir presser doucement la plaie sous les vêtements ensanglantés.

Nous devrions peut-être commencer par celle là...

Parce que deux mortes dans la tente serait une image bien peu reluisante pour le chirurgien, n'est-il pas !
Achim se lève sitôt sa phrase achevée pour aller quérir le matériel de suture. Il a passé les excuses, habitué qu'il est à la méconnaissance des gens à l'égard des siens. Son regard d'ébène se pose une nouvelle fois sur le visage éteint avant de revenir à celui toujours pâle de Sorianne.


Fourmi...

La preuve, ne sont-ce pas des mandibules de fourmi* qui servirent à suturer son crâne ?
C'est les mains pleines de deux bassinets propres qu'il revient vers la brune inquiète. L'un contenant un fond d'eau vinaigrée, encore. L'autre les aiguilles à suturer, le fil de soie** et des carrés de linge propre. Un sourire flottant sur les lèvres, il dépose l'un et l'autre de part et d'autre de la jeune femme avant de hausser un sourcil amusé en la regardant.


Auriez vous peur ?...

Et de se pencher pour reprendre fil et aiguille en main, enfilant déjà l'un dans l'autre... Sûr de lui.



*Abu al Qasim est à l'origine de l'utilisation des mandibules de fourmis pour suturer la fermeture cutanée. Aujourd'hui, ces mandibules sont remplacée par des agrafes chirurgicales qui ont la même utilisation : rapprocher les deux bords d'une plaie pour faciliter la cicatrisation.
**Abu al Qasim a utilisé le fil de soie pour la suture des plaies afin de parvenir à un résultat plus esthétique.
Sorianne
C'est avec bien des peines que Sorianne retint le cri de douleur qui voulut s'échapper quand il appliqua le linge sur la plaie. Prise en traître alors qu'il se présentait à son tour, elle ne lâcha pas le médecin du regard alors qu'elle sentait les larmes lui piquer les yeux et qu'elle mordait ses lèvres. Puis ce sourire qu'il lui offrait, il l'avait fait exprès! Le linge et la main se retirent et la brune reste malgré tout le bras levé, préférant éviter de raviver quoi que ce soit...

Elle ne manqua pas non plus la façon qu'il avait d'observer... Cela eut le don de lui redonner quelques couleurs aux joues avant qu'elle ne se courbe, grimaçante sous la pression des doigts à son côté. A peine avait-il fini qu'il joignit le geste à la parole, allant chercher le matériel dont il avait besoin. Panique à bord... Enfin, jusqu'à ce qu'il la sorte de toutes pensées qui auraient pu lui perturber le cerveau et le regard de la jeune femme se posa sur Cymoril, toujours inconsciente... Morte? Lui non plus ne connaissait donc pas son vrai nom... Est-ce que le géant le connaissait?

Médecin en approche, et retour des yeux verts sur lui, passablement inquiète, il fallait bien l'avouer. Son flanc la lançait maintenant qu'elle y repensait et qu'il avait été touché, et de voir le liquide qui lui avait brûlé le bras ainsi que toutes les aiguilles n'étaient pas pour l'aider à se détendre! Sans compter qu'il allait falloir se dévêtir, chose qui lui paraissait carrément inconcevable, c'est qu'elle était bien elle, avec ses frusques... La tête se penche, suivant la trajectoire des bassines, droite... Gauche... Achim... Et rougissement prononcé, du moins autant que faire se pouvait alors qu'elle se sentait blêmir... Hum, légèrement contradictoire c'est vrai...


N... Nonon...

Pas peur elle... Pas rassurée surtout après avoir vu l'opération à laquelle avait eu droit la Fourmi... Et déjà il passait le fil dans le chat de l'aiguille, alors qu'elle en aurait tourné de l’œil rien qu'à le regarder faire. So finit par se décider, après tout, plus tôt il aurait commencé, plus vite il aurait fini non? Au moins elle ne verrait pas de fer rougi cette fois... Encore hésitante, elle finit par tirer doucement sur la chemise qui la recouvrait avant de faire de même avec la fine camisole qui passait en dessous, jusqu'à faire passer le tout par dessus ceinture, jupe et jupons, dévoilant un bout de la brûlure qui s'étendait jusqu'à la hanche et dont elle remerciait chaque jour la sorcière qui lui tenait compagnie.

La noiraude gardait les yeux levés, ne voulant même pas voir à quoi ressemblait la plaie, puis elle essayait de garder le regard sombre dans le sien histoire qu'il ne détaille pas trop non plus à vrai dire... Sans penser qu'il allait être forcé de baisser le nez s'il voulait réparer la blessure... La "coincée, prude, pudique" petite So leva avec peine et à peine les tissus qui la recouvrait, toujours assise légèrement courbée... Autant dire que ça allait pas être une mince affaire c't'histoire... Trouver un truc pour meubler et penser à autre chose... Histoire qu'elle arrête de pâlir comme elle le faisait de secondes en secondes... Ah bah...


Elle va revenir de toutes façons... Fourmi... Elle n'aurait pas envie que vous vous fassiez massacrer par un géant en furie... Puis il faut qu'elle revienne, elle s'occupe de lui à ce que j'ai compris... Vous voyagez beaucoup? Et pourquoi ici? C'est sacrément loin de chez vous non?

Voix vibrante, un brin angoissée, la So se demandait si elle ne devrait pas fermer les yeux et s'imaginer partout sauf là... La peau frémissante à l'idée de se faire toucher, le côté douloureux qui se réveillait et qui la faisait souffrir à chaque inspiration... Barf, même Maure, il lui paraissait bel homme, quel mal à regarder? Puis il se voulait rassurant, il fallait en profiter... Cela n'empêcha pas la jeune femme de déglutir avec force difficultés avant de se laisser manipuler...
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--Achim_al_quasim



Il conserve cet air un peu hautain et amusé le temps des hésitations de Sorianne, un léger sourire aux commissures des lèvres venant rajoutant à la gêne pour elle alors qu’elle dévoilait enfin une parcelle de corps pour recevoir les soins. Et le sourire s'étire un peu plus sur ses lèvres, de ces joues qui rosissent, de la voix qui se trouble jusqu'à la peau qui frémit sans le vouloir.Pourtant, c’est un regard assombri qu’il leva vers son visage après avoir découvert la trace de l’ancienne brûlure.

Chez moi… On torture et punit de la sorte… Mais aucun médecin digne de ce nom n’oserait pareille infamie sans sitôt perdre la main.

Le timbre de sa voix chaude en est presque vibrant de colère. Il se voudrait rassurant pour la jeune femme en revenant nettoyer la surface de chair abîmée, sentant les frémissements de la peau sous la morsure du vinaigre, en gestes lents et précis avant de l’inviter à lever un peu plus le bras pour lui faciliter l’accès à la zone, effleurant sa taille de ses doigts chauds pour la faire pivoter en douceur. Avant de froncer doucement des sourcils et de reposer l’aiguille pour se lever et aller chercher une petite fiole et un hanap où il verse un peu d’eau claire. Le chirurgien sans se retourner sait qu’elle l’observe, inquiète. Quelques gouttes d’extrait de pavot coulent et se diluent lentement alors qu’il revient vers elle pour lui tendre le mélange préparé.

Tenez… un peu de pavot atténuera la douleur…

Achim reprend sa place, la laisse boire, prendre son temps, les yeux sur la plaie et l’aiguille en main. Souriant malgré lui de la fausse menace d’un géant en furie. Il l’a observé lui aussi depuis Craôn et les longues soirées passées en taverne par la fourmi. Nourrissant presque une pointe de jalousie du temps que le couturé lui vole avec la demoiselle, tout en se réjouissant d’être le seul à en connaître les rondeurs et déliés qu’elle cache sous sa bure informe. Même s’il use d’expédients et de paradis artificiels pour arriver à la mettre en sommeil pour cela.*

Je vais là où mes soins seront utiles.. Et j’ai de la famille installée dans vos contrées depuis la fin des croisades…

Il veut sa voix aussi caressante que possible alors qu’il s’apprête à piquer, légèrement penché sur elle, à en sentir son odeur. Les doigts se posent en douceur pour l’empêcher de bouger tandis que l’aiguille s’enfonce dans la chair pour effectuer le premier point.


*Cf RP à la Cour des Miracles, Taverne du rat crevé, p 111..
Sorianne
Qu'était-ce qu'une aiguille? Combien de fois avait-elle vu ses doigts se transformer en poupée de tissu à cause de sa maladresse à la couture, ancienne tisserande qu'elle était? Ce n'était rien, qu'une petite piqûre, pas grand chose... Oui mais...! Ce n'était pas comme si c'était accidentel, là elle s'attendrait à la moindre morsure du petit bout de métal... Et c'est une So toute crispée qui serra les dents en sentant le linge imprégné du vinaigre passer sur la peau déchirée. Il fallait souffler, c'était moins terrible que le fer chauffé à blanc... Même si elle était devenue soudain bien douillette.

La noiraude s'était décidée à dégager un peu plus la peau afin de faciliter l'accès à la zone endommagée, avant de se reculer légèrement, laissant ainsi libre accès à Achim. Le contact de la main chaude sur sa taille la fit frissonner tandis qu'elle se laissait faire, suivant le mouvement qu'il lui imposait sans pour autant avoir à forcer le geste. Et la jeune femme ne le lâchait pas du regard, captant le froncement de sourcils, mimique qu'elle reprit pour elle, se demandant ce qu'il avait et guettant ce qu'il allait faire. Curieuse et anxieuse, elle essayait de voir, sans succès, avant qu'il ne se retourne, et ne lui tende une sorte de petite fiole délicatement travaillée.

Quelque peu hésitante, elle porta le récipient à ses lèvres, goutant légèrement avant de prendre le tout. Elle voulait vraiment en finir! Hanap reposé à ses côtés, assez loin afin de lui éviter une chute en cas de mauvais geste ou de sursaut un peu trop brusque de la part de la demoiselle, et So se replace, tenant les tissus de la chemise et de la camisole de son bras bleui tandis que l'autre se relevait et lui arrachait une grimace de douleur tant sous le tiraillement ressenti à son flanc, qu'à la plaie du bras. Elle en aurait à raconter encore...

Étonnamment, elle se détendait, peut-être grâce aux regards et aux sourires enjôleurs du médecin? Cela ne pouvait tout de même pas être le pavot déjà... Sa voix chaude et profonde? Peut-être. Et elle ne le lâchait pas du regard, voulant se fixer sur quelqu'un, quelque chose pour tenir un minimum debout. Elle aurait au moins apprit une chose de cet homme et de ses connaissances...


Certains médicastres ici ne méritent pas ce titre, ce sont des bouchers... Beaucoup vont regretter de ne pas être venu vous trouver pour panser leurs blessures...

Jamais elle n'avait eu à faire avec un médecin qui prenait autant soin de ses patients, eux qui habituellement se contentaient de les expédier... Les pommettes de nouveau rosies alors qu'il s'approche et qu'elle sent la main se poser sur la peau... Le corps de la jeune femme se tendit sous la pression de l'aiguille et la main levée vint accrocher l'épaule du chirurgien alors que la pointe pénétrait la peau abimée. Le souffle auparavant saccadé se coupa l'espace d'un instant tandis qu'une grimace retenue vint jouer sur le visage de la brunette. Combien de points allait-il falloir? Nan mieux valait ne pas savoir...

Douleur atténuée, Sorianne ferma les yeux quelques secondes, essayant de reprendre une respiration plus calme, du moins avant qu'il ne repique, et un léger parfum, musqué, épicé, les deux? Lui fit réouvrir les paupières. Un sourire un peu crispé, et la So appréhendant la suite ne put s'en empêcher... Essayant de s'approcher un peu.


Même si c'est de la torture... Cautériser est quand même plus rapide...

Ton bas utilisé, avant de marquer une nouvelle pause dans sa respiration et de crisper la main sur l'épaule tenue. En fin de compte, même si ce n'était pas fait rapidement, pas certaine qu'elle ait vraiment envie d’accélérer.
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Une belle bannière?
Cymoril
[Dans le corps de la mort, j’ai enfermé ma vie.*]


Tic tac Tic tac Tic tac… tic… tac… tic….tac……………. tic……………..tac………………………tic………………………………………tac…………………………………………..t………………………………….

"Tu es morte" susurre la voix langoureuse…


Mourir c’est rien…

Elle l’avait dit d’ailleurs à la momie quelques jours, p’têt quelques heures avant. Elle ne sait plus bien, tout est devenu si flou. La brûlure de l’épée s’était diluée, la morsure de l’acier n’avait duré qu’un court instant. La brunette s’était lentement laissée couler dans les bras accueillant d’un sommeil sépulcral. Cotonneux et douillet, silencieux et lumineux…
Là, elle ignore l’agitation qui anime les êtres en dessous pour tenter de rendre vie à sa carcasse devenue obsolète. Vide.


Ici Léthé reprend le dessus et cherche impatiente les voix aimées. Ici elle voudrait plus que tout retrouver la Tisseuse, caresser l’ivoire, observer de là haut la course de Serment, nichée dans les doux bras de ses Frères. Ici, elle peut oublier l’espace d’une seconde d’éternité douleurs et moqueries. Apprécier la douce chaleur d’Hypnos et Thanatos… Abandonner le fardeau de n’être qu’un détail insignifiant dans la fourmilière grouillante du monde.

Etre enfin Elle. Libérée d’une enveloppe fragile et malaimée sans plus jamais craindre le chant des crépusculaires… Ne garder que les chœurs mélodieux des anciennes voix… Peut-être goûter une pomme chipée dans le jardin des Hespérides pourquoi pas en contemplant d’ici les âmes en dessous continuer d’assurer le spectacle dans cette divine comédie qu’est la vie…

Mourir c’est rien. C’est trouver des raisons de revenir qui est plus difficile.





Puisqu’il est question de pomme…

Eris ne gâche pas son plaisir d’en offrir une à sa fille. Celle là même qui jadis mis à bas une civilisation florissante. La pomme d’or, dont Pâris n’avait jamais su quoi faire d’intelligent, vient heurter l’arrière d’un crâne.

De la même façon que la première fois, Discorde reprend les mêmes mots, sans toutefois y adjoindre le geste. Epargnant pour l’instant la joue de sa caresse éthérée.


Je ne te donne pas ce droit.
Sans toi, je n'existe pas. Sans toi, d'autres ne peuvent être.
Souris.
Comme la femme condamnée à être stérile.
Comme cet enfant qui voit la maladie ronger les siens, impuissant.
Comme cet homme pieux qui voit ses semblables s'enfoncer dans la perdition.

Leur sourire résigné est pitoyable, mais il est le signe qu'ils continuent à se battre.
Souris, et va te battre, comme celle qui s'est débattue dans sa chute, dans les flammes, comme d'autres se sont battus, s'accrochant à chaque brin d'herbe qui pouvait les relier à ce monde.
Et qui sont encore vivants.

Peu importe ceux qui se réjouissent de ta disparition. Tu les feras s'écraser.
Je ne veux pas te revoir avant longtemps.
Pas sans que tu te soies battue.



Elle voudrait faire naître chez Léthé cette colère qui jamais ne prend vraiment. Emplir son cœur de rage et l’obliger encore à continuer. Plutôt que la voir là renoncer.

Va-t’en…

Et…


Les divines mains claquent, résonnant comme un coup de tonnerre déchirant la trame du ciel…


Souviens toi…



Aussi sûrement que le temps s’est arrêté, les tympans grésillent sous les mots d’Eris. Une nouvelle fois rejetée, jetée en pâture à ce monde de violence et de mensonge, où elle a de plus en plus de mal à vivre… L’âme se résigne…Continuer d’être soi, elle ou l’autre après tout qu’importe, elles sont Une. Elles sont Elle.

Elle et la ridicule complexité de ses états d’âme. Elle qui accepte de ne pas comprendre certains comportements sans en aimer moins. Jusqu’à ces derniers mots qui la condamnent… Perfide Mère pareille au serpent ne peut s’empêcher de mordre.



Là tout est encore ténu, chaleureux. Les vivants avaient cessé de s’agiter pour raviver la flamme dans ses yeux éteints. Tout est devenu calme. Apaisant…
Le seul son perceptible est celui de sa propre respiration, comme un écho d’un temps ancien. Passé. D’ailleurs la notion même de temps se perd. Ne subsiste qu’un interminable présent, un univers réduit à la poursuite d’une Lumière impossible à atteindre et qui n’a de cesse pourtant de se faire plus intense, plus pure. Elle voudrait trouver sa quasi Sœur, savoir si elle savait enfin rire maintenant, elle qui ne l’avait jamais fait de son vivant. Avoir cet espoir infime qu’un jour, lorsqu’enfin elle les retrouverait elle saurait à nouveau elle aussi.

"Souviens toi !" Plus durs que l’acier qui l’a tuée sont les mots. Plus cruels encore que la morsure de l’Acédie. Elle entend Léthé crier alors qu’elle avance encore vers la lumière vibrante d’intensité qui finit par pulser tant et tant qu’elle en ressent les vibrations dans chaque parcelle de son corps, dans chaque fibre de son être, malmenant ce cœur pour l’obliger à battre, à en devenir douleur, la brûlant de l’intérieur…
"Souviens toi !" Mnémosûné délie une à une les entraves posées, balaye Léthé sous le joug de la bannière de la Discorde.

Un à un, ils affluent. Maelström d’images et de sensations, de douleur et de tristesse, qui viennent percuter avec violence l’esprit en lutte, au point d’en ressentir dans le corps une cassure indicible. Au point que la chair s’insurge, se crispe sur la table. Le Berry, son étalon camarguais, le sang, la solitude, Paris, Serment, l’inquistrice, le sang, la solitude, la Franche Comté,le sang, la solitude, la Bourgogne, le baronnet, le sang, la solitude, St Martin, le Rouergue, le sang, la solitude, Harlem, la vermine hydreuse, le sang, la solitude, Alençon, l’horreur… Tout est là. Les poumons se remplissent d’une longue prise d’air, les yeux s’écarquillent, figés sur la dernière image, alors qu’un cri presque inhumain retentit et fait voler en éclats le voile de mort.

Là.
A nouveau.
Enfermée dans ce corps ridicule.
Décourageant et douloureux.
A maudire cette sottise stérile de n’avoir su museler cet appétit qui pousse à exister, ce stupide instinct de survie.

Là.
Condamnée à se rappeler de tout, de la moindre odeur écoeurante, de la douleur, de la honte, indicible, inavouable. A porter en elle ce sentiment d’impuissance et de culpabilité face à la négation de ces instants maudits. Condamnée à être toujours plus grise, toujours plus Elle.
L’âme se recroqueville sous la chitine et recompose le masque. Continuer d’être la petite tâche d’ombre sous la lumière, le rai fragile et chancelant dans les ténèbres. Effacée, tempérée. Et caetera, ad nauseam.

Les noisettes ternies se posent sur le chirurgien, froides, alors que perle une unique larme.
Non. Mourir, c’était vraiment rien. Les abysses infernales sont là sous ses yeux entrouverts et déjà la mort partout accompagne ses pas.





*Agrippa d’Aubigné
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