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Quand les auteurs pètent les plombs, ça donne...

[RP] Le dormeur doit se réveiller

Ethan
Épuisé par des années de luttes acharnées, par des combats sans fin, par des guerres intestines, ce fut sans prévenir quiconque qu’il avait décidé de se retirer au sein d’une des cellules d’un monastère presque déserté. Là, oublié de tous, il avait survécu pendant de nombreux mois, se sustentant quotidiennement de quelques bouchées de pain et d’un peu d’eau.
Qu’était-il allé chercher là bas ? Rien en fait, si ce n’est tenter de retrouver le repos de son âme bien trop perturbée. Il avait tant donné de lui-même, tant découvert d’ignominie en ce bas monde que toute la noirceur de l’humanité avait imprégné tout son être. Difficile dans ces conditions de demeurer l’exemple que l’on attendait qu’il fut.

Les semaines avaient passé inlassablement, sans que d’aucun ne puisse le trouver. Personne, sauf cette enfant, cette blondinette, dont le pigeon avait retrouvé sa trace on ne saurait expliquer comment. Elle avait grandi la fillette, au point qu’elle savait désormais manier la plume. Une plume d’enfant, dont les mots chargés d’innocence avaient eu cette fraîcheur qui lui avaient redonné l’envie de perdurer dans cette voie plus que jamais obscurcie de la Chevalerie. Une voie sans issue, une impasse sans fin au sein de laquelle ceux qui s’y engageaient ne pouvaient plus rebrousser chemin. Et lui faisait parti de ceux là même qui avaient choisi d’y pénétrer.

Les quelques mots tracés sur cette simple missive lui avaient rappelé que tout n’était pas que ténèbres en ce bas monde. Il existait encore des personnes pour lesquelles il se devait de continuer le combat. Rien n’était jamais ou tout blanc ou tout noir, et jamais tant qu’il lui resterait un souffle de vie, il n’autoriserait le mal à envahir l’esprit des innocents.

Storm, son fidèle destroyer qui avait erré dans les champs avoisinants du monastère, n’eut pas besoin de se le faire dire deux fois pour reprendre du service. Tous deux avaient parcourus tant de lieues, bataillé sur tant de champs, qu’il n’était nul besoin au cavalier de parler pour se faire obéir. La Forteresse Licorneuse de Ryes fut la première destination atteinte. Quelques heures y furent passées, le temps pour Storm de bénéficier des bons soins des écuyers, et au Blondinet de s’enquérir des dernières nouvelles …
Il n’y eut nul repos, car de nouveau le bruit caractéristique des armées s’affrontant plus au sud était venu monopoliser tous les Licorneux disponibles. Il se devait donc de les rejoindre sans tarder afin de reprendre la place qui était la sienne … Chevalier de l’Ordre Royal de la Licorne !

Les deux jours de chevauchée auraient pu leur paraître bien monotone si l’idée n’était pas venue à un brigand de grand chemin de vouloir les ralentir. La nuit était sombre, et la frondaison de la forêt Mainoise qu’ils traversaient alors, n’arrangeait en rien la vision nocturne. Ce fut Storm qui pressentit le danger en premier et en avertit son cavalier. Alors que ce dernier somnolait nonchalamment, se laissant bercer par le léger bruit des sabots de l’équidé sur le sol herbeux, le cheval stoppa brusquement, ses oreilles dirigées droit devant comme pour indiquer une présence. Les sens du Licorneux remis en éveil par cet arrêt subit, il ne lui fallut qu’une fraction de seconde pour détecter la présence cachée sur une haute branche, à une dizaine de mètres d’eux. Faisant reprendre sa route à l’étalon comme si de rien n’était, le Blondinet avait déjà posé sa main droite sur le pommeau de son épée, tout en feignant de dormir.

L’attaque fut subite, et si le cavalier ne s’y était pas attendu, il aurait certainement été estoqué par la lame de son agresseur. Seulement voilà, tel fut pris qui voulait prendre … Au lieu de frapper le sommet du crâne comme le brigand l’aurait souhaité, son épée ne rencontra que du vent ! Emporté par son élan l’homme alla choir au sol à un mètre de sa cible. Alors qu’il cherchait à comprendre comment il avait pu louper un coup aussi aisé. Le Chevalier avait déjà bondi au sol, le tenant en respect de son épée. Nul besoin de discours pour faire comprendre au rat qu’il était pris au piège. L’homme se confondit en excuse, prétextant vouloir prendre sa revanche sur un brigand l’ayant détroussé quelques jours auparavant. Le Chevalier ne crut en rien à son histoire, cependant il n’était pas là pour rendre la justice des Hommes, aussi le laissa t’il s’enfuir.

En cet antépénultième jour du mois de juillet, la matinée était déjà bien avancée lorsque l’équipage atteignit les abords de la cité Tourangelle. Il n’eut pas besoin qu’on l’en informe pour constater que l’état de siège était déclaré. Les oriflammes, drapeaux, étendards de toutes les couleurs flottaient aux abords de la ville. Des hommes et des femmes grouillaient telle une myriade de fourmis, s’agitant en tous sens, sans se soucier du cavalier qui venait à leur rencontre.

Quel beau merdier cela semblait être ! Encore l’une de ces missions de protection, où la testostérone des décideurs l’emporterait sur leur esprit de raisonnement et de la stratégie. Cela promettait d’être une belle partie de plaisir à laquelle il faudrait mettre un peu d’ordre. En parlant d’Ordre, il allait lui falloir parvenir à distinguer les couleurs du sien au milieu de cette ruche désorganisée, afin de retrouver ses frères et sœurs Licorneux … De quoi vous occuper un homme une bonne partie de la journée restant à venir …

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Lulue
Mission commune pour les Ordres de Chevalerie, signifiait forcément Licorneux, OSS et Blanches travaillant main dans la main.
Et cette fois-ci n’était guère une exception mais l’entrain n’était pas forcément au rendez-vous.
Ce n’était guère une volonté de rester chez soi qui provoquait ce malaise.
Ni le fait d’avoir ce risque d’affronter amis et famille se retrouvant être ses ennemis.
Depuis le temps, elle en avait l’habitude et avait su trouver une parade pour vivre tout ça sans trop de mal ou presque.
Non cette fois-ci, le Chevalier ne se sentait plus vraiment dans son élément, aussi bizarre que cela pouvait paraitre.
Pas de doute sur son serment, pourtant.
La volonté d’aider son prochain était toujours aussi forte, mais elle avait besoin de sentir un de ses piliers à ses côtés.
Deux d’entre eux ayant rejoints Aristote – c’est le mal qu’elle leur souhaitait- la Blanche avait espérée avoir à ses côtés ce Blondinet Licorneux, sans vraiment trop y croire, celui-ci ayant disparu depuis de longues semaines.
Jusqu’à présent il l’avait toujours laissé le retrouver, mais cette fois-ci semblait bien différente.
L’amertume avait fini par la gagner en repensant à leur dernière rencontre.
Ce simple geste anodin qu’il avait fait aurait dû lui mettre un peu plus la puce à l’oreille…
Mais cela appartenait désormais au passé.

Si regard sombre et visage impassible pouvait la caractériser parfois, cela était d’autant plus vrai cette nuit-là, sur les remparts.
C’est que la fameuse petite fille innocente qui avait réveillé le Licorneux, donnait particulièrement des cheveux blancs à sa mère.
Comme si les choses n’étaient pas assez compliquées, il avait fallu qu’elle aille mettre son grain de sel innocent en Artois… fichue gamine !
Lucie espérait donc que les Artésiens n’étaient pas tous des idiots et qu’ils garderaient à l’esprit que ce n’était qu’une petite fille trop curieuse.
Mais en réalité, cela ne suffisait guère à la rassurer et l’envie d’aller la rejoindre pour aller botter quelques fondements, si jamais ils tentaient de la faire pleurer, la démangeait comme rarement.
Main se serrant plus que de raison sur le pommeau de l’épée tandis de l’autre le faisait avec une partie des braies à défaut d’aller rencontrer les remparts… c’est qu’elle n’était quand même pas assez énervée pour ça, tsss.

Bref, ce n’était pas le moment de penser à ça de toute façon.
Pour l’heure, son rôle était d’ouvrir grands ses yeux pour s’assurer que la nuit resterait paisible pour les habitants et ce fut le cas.
Malgré son tour de garde terminé, la Blanche resta sur les remparts, les pupilles fixant l’horizon, comme si elle attendait quelqu’un.
Bien évidemment ce n’était absolument pas le cas, mais pendant qu’elle laissait les autres fourmiller autour d’elle, personne ne lui demanderait des comptes.
Après tout, combien se connaissaient réellement ?
Combien de temps elle resta plantée sur le perchoir? Le Chevalier n’aurait su le dire.
C’est un creux à l'estomac devenu trop insupportable qui lui fit quitter le tas de pierre.
Et tout en se rendant au campement, le nez dans une missive, elle manqua de peu de se prendre de plein fouet un certain Storm… enfin ça elle allait le découvrir.
Relevant le minois, un brin furax, prête à donner du nom d’oiseau au malotru -et de faire preuve d’une mauvaise foi monstre- elle reconnut Ethan qui semblait être à l’affut dont ne sait quoi.
Petit sourire en coin avant de toussoter pour signifier sa présence.


J’peux vous aider... Chevalier ?

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Ethan
Il n’était pourtant pas tout petit le frison avec ses 1,65 mètres au garrot et ses 650 kilos. Il ne pouvait pas passer inaperçu avec sa robe noir de jais et son cavalier bien positionné dessus. Mais à croire que même au pays de Lilliput, Gulliver pouvait sembler inexistant … Ethan n’était pas là pour casser les œufs, ni du petit côté ni du gros (*), mais si la poule sensée être là avant l’œuf ou l’inverse, j’sais plus moi, lui marchait sur les pieds, pas de doute qu’il lui volerait dans les plumes …

Pour en revenir au presque accident, ben oui quoi, y’a eu un refus de priorité flagrant, car il venait de la droite le Licorneux … Si l’étalon n’avait pas stoppé à temps, il aurait encore fallut dresser un constat avec toutes les formalités administratives que cela engendre, description des faits, procès verbal de la maréchaussée, expertise du poil de l’animal, estimation des frais de toilettage, rendez-vous chez un psychologue pour détermination du stress subit … Pouvait vraiment pas r’garder où elle collait ses miches la boulangère ? Ahhhh ! Pas d’bol, Lucie n’est que chevalier … elle ne bosse pas … encore une privilégiée …

Bref, comme on disait du père de Charlemagne, le Licorneux chevauchait sagement au pas, le regard porté au loin cherchant vainement un étendard azur brodé d’une licorne argentée, quand la galante faillit heurter le poitrail de son fidèle destrier. Storm stoppa net avant le choc, tournant sa tête à sénestre et tapant du sabot pour faire valoir son mécontentement. Ethan quant à lui, changea de perspective de vision, passant de l’horizontale lointaine à la verticale proche, pour aller planter son regard dans ce que l’intruse lui présenta en premier, c'est-à-dire un bustier où l’on pouvait admirer une poitrine opulente. Vous me direz qu’après tant de mois passés au milieu des moines, il était bien normal que la première poitrine venue lui semble opulente. Mais quand même, celle-ci était plutôt généreuse, et bien des femmes ayant enfanté gardent, bien après leur accouchement, trace du développement mammaire.

Il n’eut pas le temps de fantasmer sur les atouts qui lui étaient fièrement présentés, que déjà la drôlesse l’interpelait …

J’peux vous aider ... Chevalier ?
Mayday … Mayday... Il avait l’air tant en détresse le Chevalier ? Pis comment qu’elle savait qu’il était Chevalier tout d’abord ? Il n’arborait pas son collier, seule marque de sa condition, sa cape était des plus défraichies tant il l’avait portée, et son écu était quant à lui tellement marqué par le temps et les coups, qu’on n’y distinguait à peine les deux Licornes s’y faisant face … Ce fut presqu’à regret que le regard du Blondinet quitta l’observation des fiers arguments lui étant présentés, pour relever de quelques degrés plus haut l’inclinaison de son point de vue …
S’il n’avait été tant absorbé par la contemplation des deux têtes d’obus fièrement dressées qui avaient percuté son regard, il aurait certainement déterminé promptement qu’il connaissait la voix de son interlocutrice. Comme quoi le temps passe et les réflexes diminuent …

Mouarf ! Une blanche, mais pas une Gueuze (**). Ben oui, elle est Chevalier la D’moiselle, alors ce n’est pas une gueuse.
A défaut de Licorneux, c’est une Chevalière Blanche qui venait de lui proposer son aide, et il ne s’agit pas là de l’anneau sigillaire qu’on vous passe au doigt et gravé de vos armoiries … Non non, une représentante de l’Ordre Royal des Dames Blanches, adoubée comme il se doit, et donc détentrice du prestigieux titre de Chevalier. Ça calme, pas vrai ??? Enfin surtout ceux qui sont émerveillés devant les titres, ou bien ceux qui courent après sans jamais les rattraper. Parce que le Ténébreux lui, il s’en tape le coquillard des titres de nobliots, même s’il en est détenteur, mais ça ce fut à l’insu de son plein gré …

Pour en revenir à notre 95D … Mais qu’est-ce que je raconte moi !!!
Pour en revenir à Lulue Ferrari … Rhooo … Mais ça m’a vraiment tout chamboulé cette histoire … Il est grands temps que je me remette dans l’bain … (1)
Bon pour en revenir à l’instant présent, ben non passé puisqu’on est au MA … J’vais pas parvenir à m’en sortir moi …

Le Blondinet affichât donc un sourire de circonstance à l’attention de la brunette qui siégeait quelques pouces plus bas. Elle n’avait pas la tête des mauvais jours, mais pas celle des bons non plus, avec sa mine fatiguée, traces évidentes d’’une nuit Blanche dont il n’osa pas lui demander avec qui elle l’avait passée. Faut dire que la dernière fois qu’il l’avait croisée, elle allait convoler en noces avec un hurluberlu du LD qui la prenait pour une potiche. Alors des nuits blanches, d’vait y’en avoir eu des vertes et des pas mûres, surtout pour une Blanche à l’écu Vert …
Mais ce n’est pas pour autant qu’il allait se démonter le Blondinet. Même s’il était reconnu pour avoir le verbe peu éloquent, il lui arrivait de savoir faire preuve de répartie.

Ouaip ma bonne Dame ! Et c’est vrai qu’elle était plutôt bonne … (2) Sauriez pas où j’pourrai trouver une bonne paire de miches à m’mettre sous la dent ? (3)
Pis pendant qu’vous y êtes, un coin où m’soulager. (4) Référence qu’après de longues heures de chevauchée, il avait un peu les dents qui baignaient le Blondinet.

Le sourire toujours fiché aux lèvres, il demeura stoïquement juché sur Storm, patientant qu’la p’tite Dame poursuive la conversation apparemment bien entamée …



(*) en référence à Gulliver au pays de Lilliput …
(**) en référence à la Mort Subite Blanche pour les connaisseurs …
(1) NDLR : Le narrateur a quelque peu perdu toutes notions depuis qu’il a fait un break de plusieurs mois … veuillez l’en excuser … à défaut allez lire autre-chose …
(2) NDLR : S’cusez le une fois encore, l’a plus toute sa tête …
(3) NDLR : Z’avez l’droit d’le baffer là …
(4) NDLR : Toute la Rédaction a démissionné !

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Lulue
Ces jours, lorsqu’on assistait aux répétitions, le texte pour la Brune et la narration pour dicter ses pensées, faits et gestes donnait un truc du genre…

(…) Forte envie de le tirer du dos de Storm pour pouvoir lui sauter au cou, heureuse de le voir ici malgré les circonstances. Mais il parait que ce choix ne serait pas vraiment convenable et surtout, il devait y avoir cette retenue qui les rendait presque glacials, sous prétexte qu’ils avaient ce rôle de montrer l’exemple aux plus jeunes. Alors pour être sûre de ne pas perdre contenance, Lucie approcha doucement une main au niveau des naseaux du destrier mécontent avant de lui flatter l’encolure.
Par contre, avait-elle le droit de dire au Licorneux que c’était quand même un sacré égoïste quand il s’y mettait, et que dans ces moments-là, elle se demandait bien pourquoi elle continuait à nourrir leur amitié, à s’évertuer à lui faire rentrer dans son fichu crâne de blond qu’il n’était pas tout seul et qu’on ne pensait pas forcément à lui que pour exploiter ses compétences.
Qu’elle en arrivait à se dire qu’il se payait franchement sa tête, lui qui pourtant avait été là pour vivre presque tous les tournants important de sa vie, et ce même lorsqu’elle ne s’y attendait pas.

Leur histoire - à bien y réfléchir - était sans doute l’unique explication au fait qu’il avait une patience d’ange avec elle, si bien que Lucie se permettait bon nombre de choses tout en continuant à s’accrocher pour lui montrer que tout n’était pas ténèbres malgré cette mort qu’ils côtoyaient de plus en plus fréquemment. Le monde ne faisait certes pas de cadeau.

Bien sûr que dans des centaines d’années – et bien moins – personne ne se souviendrait de ce qu’ils ont fait, de leurs choix qu’ils soient bon ou mauvais, de leurs regrets, de ce pourquoi ils ont donné ou sacrifié leur vie. Que les futures générations ne penseront pas à tout ce que leurs ainés ont pu aimer ou perdre… aux coups de gueules passés, aux poings frappés sur la table pour leur assurer un avenir meilleur. Oui le monde d’aujourd’hui ne serait pas celui demain… et après ?
Quand comprendrait-il que par conséquent, pour avoir une vie, il fallait la voler malgré la droiture qui était sienne, malgré le serment qu’il avait fait ? Malgré les peurs qui l’envahissaient au point de le rendre si sombre… Certains diraient surement : La voilà qu’elle se bat encore pour une cause désespérée ! Et c’était sans doute vrai, la Brune adorant s’engouffrer dans la difficulté… m’enfin pas pour tout hein ! Nan parce que j’vous vois venir avec vos gros sabots… Tsss. (…)

Vous saisissez l’idée? Z’êtes content du rendu du texte ? Ben vous pouvez tout oublier, parce que le script a changé. Oh ca va hein, pas la peine de faire la tronche et de ronchonner. Vous croyez que ça me fait plaisir de tout changer au dernier moment ? Nan parce que là des fois que vous n’ayez pas remarqué, c’est jour de fête à l’antenne du presque direct live, et le mode je-pète-un-plomb-parce-que-vous-le-valez-bien est de rigueur ! Alors autant continuer sur la lancée, histoire de ne pas trop dépareiller… eh oui on n’a pas des vies faciles, que voulez-vous !

Un jour un homme dira que « Les Muses sont des fantômes, et il leur arrive d’entrer en scène sans y être invitées»*. Ca lui correspondait bien à la Lucie, sauf que là c’était le Blondinet qui faisait des siennes. Il avait l’air comme… hypnotisé par cette poitrine qu’il ne voyait pourtant pas pour la première fois. Il aurait s’agit d’une autre paire d’yeux, la Blanche se serait fait un plaisir de les crever, histoire d’apprendre la politesse à leur propriétaire. Mais cette fois-ci, elle se contenta de sourire et de le laisser à sa contemplation, se disant au passage que les hommes étaient bien tous les même, tout Ténébreux qu’ils étaient. Elle ne put s’empêcher de penser qu’heureusement elle n’était pas dans une de ses robes où le décolleté est des plus sexy. Pour sûr il se serait noyé dedans, le bougre ! Puis comment il connaissait son tour de poitrine d’abord ? Ouais, nan, proposez pas des solutions, j’connais la réponse… Juste faudra qu’on est une petite explication en privée, sur deux trois points à ajuster avec la bête à corne, toute mythique qu’elle pouvait être, tssss.

Enfin le regard du Chevalier ensorcelé plongea dans le sien. C’est qu’elle avait failli prendre racines ! Sourire charmeur pour lui faire comprendre qu’elle n’avait guère été dupe du « reluquage » qui fut aussi discret qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Toutefois, elle ne donna pas son reste pour détailler avec attention le Blondinet. La Muse ne savait s’il avait pu trouver la paix intérieure durant son séjour loin de tous mais sa condition physique ne semblait plus être ce qu’elle était. Les sourcils se froncèrent alors que les lèvres s’entrouvraient pour laisser filer la remarque... Rhaaaa bon sang Lucie tais-toi, va pas nous l’énerver de suite !
Lèvre inférieure mordue pour freiner son élan jusqu’à le réduire à néant. Puis il serait capable de lui proposer de vérifier par elle-même si c’était le cas.
Moui, il valait mieux la mettre en veilleuse, cela éviterait encore de s’attirer des foudres pour avoir dit tout haut ce qu’elle pensait. Non pas que cela lui faisait peur d’habitude, au contraire. Ca avait même le don de la distraire. Surtout lorsque la réponse un brin nerveuse venait d’un de ces péteux de noble qui était loin d’être digne du titre qu’il avait obtenu d’une manière des plus douteuses...
Toutefois, une têtue restait une têtue et les paroles furent remplacées par un regard qui traduisait cela tout en finesse et en douceur. Et nul doute qu’Ethan saurait interpréter l’encre de ses yeux d’ébène, après tout il la connaissait par cœur. Comme il le disait souvent, il la voyait venir de loin – ouais y’a eu un loupé aujourd’hui - surtout quand elle voulait l’entrainer dans des plans qu’il jugeait foireux.

Tout à ses réflexions fortes constructives et intelligentes vous tenant tous en haleine, elle entendit un …

Ouaip ma bonne Dame !

Oooooooooh mais oui, c’était la voix du Ténébreux, c’est vrai qu'il savait parler aussi ! Eh beh que de retournements et de suspens… Quoi ? J’suis chieuse moué, pas commentatrice hein ! Alors j’fais c’que j’peux avec c’que j’ai mpfff.


Sauriez pas où j’pourrai trouver une bonne paire de miches à m’mettre sous la dent ?

Sourire amusé tout en faisant mine de réfléchir. Mais pas le temps d’ouvrir la bouche, déjà il enchainait !


Pis pendant qu’vous y êtes, un coin où m’soulager.


Nan pis il ne veut pas 100 balles et un mars tant qu’on y est ? Mpfff être Chevalier pour finir guide touristique dans une ville qu’elle connaissait à peine, à devoir trouver une cabane au fond du jardin pour qu’un Ethan puisse faire ses petites affaires. Y’a pas à dire, c’est moche parfois la tournure que prend une vie…

Cependant, le moulin à paroles qu’il était devenu avait cessé de fonctionner et la Muse en profita pour répondre à ses interrogations.


Hum hum j’connais une petite auberge excentrée de la place du village. J’suis sure que les miches seront à votre goût puis vous pourrez…
Elle accentua son sourire… vous soulager autant qu’il vous siéra.

La Blanche tourna les talons sans attendre pour étouffer un rire et le conduisit vers une ruelle sombre, non loin du campement, mais chuuuut faut pas le dire !!!!

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Ethan
Bon j’suis d’accord, on est loin des tournures phrasées moyenâgeuses, mais bon y’a pas écrit François Villon ou Chrétien de Troyes non plus ! Il est certain que cela vous tiendra bien moins en haleine qu’un San Antonio, ou un Shogun. Y’a pas que le lecteur qu’a le droit de se fendre la poire, l’auteur peut lui aussi s’éclater un peu en s’écartant des chemins bien trop épurés de la narration historique.

‘Fin bref, le Blondinet se marrait intérieurement aux réparties qu’il venait de balancer à la Blanche qui n’avait rien d’une Colombe, patientant bien sagement qu’elle réagisse. Après qu’il se fut esquinté les mirettes à lorgner sur les formes avantageuses de la D’moiselle, v’là ti pas qu’elle s’amusait à en faire tout autant en le r’luquant d’la tête au pieds, histoire de voir si y’avait pas erreur sur la marchandise. Elle arrêtait son regard ici et là, jaugeant de l’état apparent du Licorneux, comme on l’aurait fait d’vant l’étal d’un poissonnier pour juger d’la fraîcheur du dernier arrivage. Sauf qu’avec le poisson, on l’sentait et on l’touchait pour être vraiment certain. Heureusement ou pas … va t’en savoir … elle n’en était pas arrivé à ce stade de vérification. Cependant, à en juger par sa moue dubitative, elle ne semblait pas vraiment convaincue par la forme, ou les formes du Licorneux. Il est vrai que eu égard au régime sévère appliqué au monastère (j’vous l’rappelle bien que ce soit écrit plus haut, mais y’en a qui lisent en travers et d’autres qui oublient bien trop vite), il avait quelque peu fondu au niveau de sa musculature. Heureusement, tout n’est pas que muscle en l’homme et certaines choses ne fondent jamais … J’vous laisse chercher quoi …

Comme je vous le disais donc, il avait pu lire dans le regard de la Brunette qu’il n’était pas au meilleur de sa forme. Y’avait pas besoin d’être devin pour s’en rendre compte, il avait bel et bien perdu quelques kilos de muscles le Blondinet. Faut dire que c’était pas avec ce que l’on mangeait à cette époque que l’on pouvait faire du gras non plus. Et je ne vous parle pas là des nantis que l’on engraissait sur leurs fauteuils trop p’tits pour leurs gros fessiers, mais de ceux qui se bougeaient le fondement pour tenter d’apporter la paix dans le Royaume. D’accord, il leur arrivait tout d’même de s’faire un p’tit gueuleton entre copains, histoire de se remémorer leurs aventures les plus épiques. En parlant d’aventure, j’me souviens d’la fois … Comment ça vous vous en fichez ? Quoi ? C’est pas l’sujet du jour ! Pfff …et dire que c’est moi qui raconte …

Bon … j’en étais où moi ? Ah oui ! Donc not’Blondinet il se dit qu’il est p’t’être temps d’virer ses miches de d’sur la selle d’son canasson, parce qu’il commence à avoir l’fond’ment quelque peu torturé. Même que si son fessier il avait servi de soulet (*) pour deux équipes de furieux souleurs, il n’aurait certainement pas eu beaucoup plus mal. Des mois sans chevaucher, et le voilà aussi ramolli de l’arrière train, qu’une tomate trop mûre. Aussitôt pensé, aussitôt fait, et dans un mouvement fluide, le Licorneux saute au sol pour se retrouver … qui a dit le nez dans l’décolleté d’la d’moiselle ??? Naméo ! Il se retrouve bien campé sur ses deux jambes. Non mais j’vous jure, y’en a qu’ont l’esprit encore plus salace que le mien, et c’est peu dire …

Sur ce, il s’empare des rênes de Storm, se disant qu’il est peut-être temps de sursoir à tous ses désirs personnels. Et je ne parle là que des désirs matériels, pas charnels bande d’hypocrites qui font semblant de pas y’avoir pensé ! Le Chevalier venant de lui indiquer l’emplacement d’un lieu de séjour potentiel, il était plus que temps d’aller constater de visu de quoi il retournait vraiment. Les Licorneux semblaient s’être passés de lui pendant de nombreux mois, y’avait donc pas urgence pour les retrouvailles, d’autant plus qu’il n’était pas réputé pour être des plus affables le Blondinet. Alors autant leur éviter encore quelques instants, sa ténébreuse présence. Toujours est-il que la brunette ne l’avait pas quitté des yeux lors de sa descente de cheval audacieuse, et qu’il était donc temps d’ouvrir à nouveau la bouche pour lui répondre poliment.

Peut-être en ce cas pourriez-vous m’y mener ?

Il ne savait pas encore s’ils s’y rendraient l’un aux côtés de l’autre, ou si la D’moiselle le devancerait, lui permettant ainsi de pouvoir contempler le côté pile qui ne devait rien avoir à envier au côté face … Mais ça, ce n’est pas à moi de vous le dire, la suite vous sera prochaine dévoilée …



(*) la balle pour le jeu de soule, bande d’incultes … tsss … faut tout vous dire !

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Lulue
Et v’la t’y pas que ça se regarde, épiant les moindres faits et gestes de l’autre, comme un prédateur le ferait avec sa proie... la salive recouvrant les babines à en dégouliner en moins.
Ah ben si, faut pas exagérer non plus, ils savent se tenir ! Enfin presque. Le tout est de savoir lequel aura le rôle du chat et l’autre de la souris… Mouais pas sûr qu’on est la réponse un jour ceci dit.

Toutefois la Blanche Fauconnière se sentait d’humeur taquine et Ari savait ô combien elle pouvait être peste dans ces moments-là.
Et visiblement, elle venait de trouver un partenaire de jeu.
Comme ils se connaissaient depuis presque toute une vie – Quoi j’ai un sens de l’exagération développé ? – la franche accolade fraternelle aurait pu être à la fête.
Mais non, ne serait-ce que parce que la Brune n’était pas franchement un Messire muscle bourré de testostérone. Même si elle n’hésitait pas à saigner son adversaire lorsque cela était de mise, ou à appeler un chat un chat, il n’en restait pas moins qu’elle aimait avant tout une certaine délicatesse.
Elle se mit donc sur la pointe des pieds pour pouvoir déposer un baiser sur la joue du Licorneux.
Rectification de dernière minute… ça c’était la vision qu’elle avait eue dans sa caboche parce que la réalité fut toute autre.
Ses lèvres atterrirent bien sur la bonne cible mais le fichu canasson ne trouva rien de mieux que d’avancer de quelques pas alors que la Lucie était toujours en position fébrile, si bien qu’elle s’agrippa à la chemise du Blondinet et sa poitrine vint s’écraser – pas trop méchamment non plus tsss, mais surement assez pour sentir quelques effluves de rose - sur son épaule.
C’que ça peut-être rancunier un équidé ! Mpfff.

Bref, un fin sourire à l’attention du coussin improvisé – plutôt moltonel malgré les pertes, si vous voulez tout savoir – avant de reculer de quelques de pas, afin de pouvoir reprendre contenance de la nouvelle honte à laquelle elle venait d’échapper, et l’emmener à l’endroit réclamé.


Si Messire Chevalier veut bien me suivre…

Pour commencer, elle ouvrit la marche, c’est qu’il y avait quand même foule sur la place du village.
Alors circuler n’était pas une mince affaire.
Et vas-y qu’il fallait se tortiller, telle une anguille, un coup à droite, puis un coup à gauche… et en rythme de surcroit… hop là on fait un dérapage contrôlé, puis un arrêt d’urgence tout aussi classe et brutal, sous peine de se manger des tonneaux, des livreurs, des videurs et j’en passe.

Et bien évidemment ce qui devait arriver arriva…
La Dame Blanche de Veauce(*) perdit en cours de route le Licorneux qui avait quelque peu du mal à suivre la cadence.
Normal me direz-vous quand il faut que vous trainiez 650 kg derrière-vous !
Ouais mais j’vous ai dit qu’elle était peste quand elle voulait… tsss, mettez-y du vôtre aussi !
Cela dit, elle ne mit pas longtemps à retrouver… le colis ? La marchandise ?... euh à le retrouver.


Bah alors ? Déjà fatigué ?


Sourire mutin tandis que la Brune enroulait son bras gauche autour du sien, donc le droit en toute logique.
Psssst j’paris que ça va faire jazzer si jamais il ne l’envoi pas bouler.

Bon on papote on papote, puis on ne se rend même pas compte que ça y est, après un bon quart d’heure de galères, ils étaient enfin loin du tumulte de la ville –cherchez pas j’avais envie de la sortir celle-ci – pour retrouver donc cette fameuse ruelle, qui ne payait pas de mine et qui ressemblait fortement à un égorgeoir... Mais il parait que l’habit ne fait pas le moine.
Elle l’attira donc, dans ce couloir au plafond démesuré et…




(*)Les curieux allez donc inscrire ça sur la toile… z’allez voir, j’aurais voulu le faire exprès que j’m’y serais pas mieux prise…

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Davia
[... Et donc une blanche peut en cacher une autre.]

Davia au coeur chantant, flânait au vent, en cette période de guerre où morts et sang étaient au rendez-vous(*). A petit pas, elle s'était rendue en taverne pour siroter quelques chopines d'hypocras et de gueuzes bien fraîche, euh non, je voulais dire de jus de pomme et de sirop de clémentine, bien évidemment.

Comme le temps passait et que rien ne se passait, elle décida de sortir prendre l'air pour cuver un peu son... sirop. Elle mettait à profit le peu de temps libre qu'elle avait pour rêvasser dans les ruelles de Chinon, profitant d'un ou deux rayons de soleil qui venaient lui chatouiller les boucles brunes, ou des étoiles, lorsqu'une insomnie la guettait et qu'elle n'était pas à veiller sur les remparts.

Car elle avait de quoi méditer, la blanche colombe(**). Elle avait la joie d'avoir retrouvé quelques membres de sa famille, dont notamment son très cher père, elle avait aussi la chance de pouvoir combattre auprès de ses soeurs blanches, avec qui elle s'entraînait avec joie, pour mieux tailler en pièce du breton, du berrichon et tout ce qui n'était pas très aristotélicien ou royal; ça fait de quoi se prendre la tête pour une donzelle de presque seize printemps! Sans parler des bons moments passés avec sa marraine retrouvée, la douce Lucie à forte tête. Et je vous passe, les soucis de coeur, de politique, de jardinage, de couture, et autres passes-temps futiles mais d'une importance pour une jeune fille en fleur.

Bref, elle marchait donc nonchalamment, la tête dans les étoiles, rêvant à un monde merveilleux ou tous seraient aristotéliciens parce qu'elle aurait brûlé tous les autres, vertueux, parce qu'elle aurait pendu tous les autres, et royaliste, parce qu'elle aurait poutrés tous les autres. Un monde parfait, où il ne restait plus grand monde, sans doute.

Un couple étrange se dessinait dans la ruelle. Davia commença à froncer les sourcils. Qu'est-ce donc que cela? Une puterelle et son client? Un gigolo et sa cliente? Bras dessus bras dessous? Une fifille et son papa, un fifils et sa maman? Deux copains de beuverie? Blasée, elle avait constaté que la vertu n'était pas dans les us et coutume des gens de ce bas monde, elle-même avait été horrifiée de prendre conscience qu'elle n'était pas toute blanche(1). Donc c'est pleine de magnanimité et d'une morale impeccable(2) qu'elle s'avança, sortant sa fidèle Sognir de son fourreau, courageuse Mère la Vertu(3), redresseuse de torts des basses ruelles de la ville.


Qui va là?? Prenez garde si vous êtes bretons, je vous transforme en chair à canon!

C'était dit, mais plus elle s'avançait, plus elle redoutait une méprise. C'est que la silhouette de la femme - car il y avait une femme - lui semblait étrangement connue, voire même très connue.

Elle ravala le flot d'insanités qui s'apprêtait à franchir les remparts de sa bouche et l'air déconfit se retrouva face à... deux chevaliers, bras dessous bras dessous, pactisant pour le meilleur et pour le pire.


Humpfr... Euh... Bonjour Lucie!

La jeune tourangelle s'appliqua à faire le plus beau sourire qu'elle pouvait, ni vu ni connu, je t'embrouille! Son attention se porta alors sur l'énergumène pendu au bras de sa marraine.

Ah et ... euh... Bonjour messire Ethan, ça faisait longtemps!

Et v'la que j't'embrouille grave!

J'ai failli vous prendre pour des bretons, venant assaillir les ruelles de la ville.

Vachement fine la blanche, elle connaît les stratégies militaires, ça se voit!

Il fait beau, hein?

Et comment se rattraper aux branches en deux temps trois mouvements.





(*) Vous pouvez admirer la tournure poétique de l'écrit, ça ne durera qu'un temps...
(**) Mais si! Mais si! Je vous assuuuure!!!
(1) Quoique...
(2) A qui le dit-on?
(3) A d'auuuutres!!!!!!

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Ethan
J’vois bien vos esprits dépravés s’imaginant des idées salaces du style : ils vont nous faire un remake de Neuf Semaines et Demi, il va la trousser direct sur l’étal du marchand de fruits et légumes, en commençant par lui faire goûter chacun des articles qui y sont présentés … Mais que nenni ! Tout d’abord parce même si elle effectuait une décoloration, Lucie ne ressemblerait en rien à Kim Basinger, et Ethan était bien loin du stéréotype de Mickey Rourke. Et puis connaissant Lucie, s’il s’avérait à la toucher sans son accord, cela serait plutôt du genre à se terminer à la Basic Instinct, et il se méfiait des pics à glace l’Ethan … Mieux vaut prévenir que guérir. Donc désolé pour vous, mais y’aura pas encore de scène torride, avec des corps en sueurs mélés, des soupirs profonds, des gémissements étouffés … ‘fin quand j’dis qu’il n’y en aura pas … on ne sait pas non plus quelle mouche risque de piquer notre duo d’auteurs … Ben oui, sont qu’deux, personne ne semble vouloir v’nir jouer avec eux ! Y’a pourtant pas d’interdits.

J’devrais peut-être passer une ‘tite annonce moi ? Duettistes en mal d’écriture recherche intermittents de la plume. Aucune rémunération envisagée, trop sérieux s’abstenir, curriculum vitae non exigé, et si tu es blonde à forte poitrine … Oups, désolé, j’m’égare moi …

Donc, la Blanche eut beau profiter d’un mouvement d’humeur de Storm pour que le Blondinet puisse bien prendre conscience de la véracité de ses prestigieux atours qu’il reluquait quelques secondes auparavant, Ethan n’en profita aucunement pour feindre une perte d’équilibre qui lui aurait collé la tête entre les deux proéminences voluptueuses, ou bien encore s’y agripper pour éviter de choir.
Comme le disait ma consœur écrivain, ils savaient se tenir nos deux zoziaux, à votre grand dame j’en conviens. Ce qui ne l’empêcha cependant pas à elle, de tâter discrètement la marchandise, histoire de voir s’il était toujours aussi confortable … Quand je parle de marchandise, il s’agit de ses pectoraux, bande d’hypocrites qui font semblant de pas avoir pensé à autre chose …

Comme il l’avait espéré, la D’moiselle lui proposa de la suivre. Et là, comble du bonheur oculaire, le Blondinet eut tout le loisir d’enivrer son esprit de la vision fantasmagorique qu’elle lui offrit non sans s’en douter. Il pouvait contempler à loisir les courbes parfaites de sa prédécesseur. La taille fine, bien soulignée par une fine ceinture, amorçait la courbe des hanches agréablement galbées, de cette femme épanouie. Bien que les braies ne soient pas des plus seyantes à la gente féminine, il fallait avouer que cela permettait de distinguer la courbure du mollet finement dessiné. Ajoutez à cela les ondulations chaloupées qu’elle mettait un point d’honneur à effectuer pour éviter tous les obstacles qui venaient encombrer son passage, et vous obtenez une réplique d’Elizabeth Taylor à ses débuts (Ouai parce que je vous vois venir avec vos gros sabots, Liz sur la fin c’était plutôt Valérie Damidot …).

Le Blondinet s’imaginait déjà … Ben ouai quoi ? Y’en a bien qui s’voyait déjà en haut de l’affiche … De nouveau perdu dans ses pensées, ce fut la Belle qu’il perdit aussi de vue ! Nan mais j’vous jure. Le temps d’une vision féerique, et hop, la v’là disparue. Fallait dire que Storm n’y mettait que peu du sien, plus préoccupé qu’il était par les carottes et autre friandises présents sur les étals, le canasson traînait des quatre fers (je sais, elle était facile celle la). Si tant est que l’équipage se retrouva presque perdu au milieu de la foule grouillante et bruyante. Ben oui, parce ça jacte sur le marché, j’vous l’dis moi.

Approchez approchez ! Elle est fraîche ma morue !
V’nez y voir M’sieurs Dames, mes miches sont toutes chaudes !
Tiens donc ma bonne Dame, goutez-y donc à ma saucice !
R’gardez ça Messire, sont pas belles mes moules ?
Allez allez, zieutez voir comme elles sont bonnes mes p’tites poires !


‘Fin voilà quoi, tout était réuni pour pouvoir s’y perdre, aussi bien gustativement que psychologiquement. Heureusement pour l’Blondinet, la donzelle avait un œil dans l’dos et s’aperçût rapidement qu’elle venait de le paumer. Pas d’quoi fouetter une chat, cependant elle en profita promptement pour l’agripper afin de s’assurer qu’il n’allait pas lui échapper une fois de plus. Tant pis pour la vision perdue, Ethan se consola en humant les effluves sulfureuse de Lucie pendue à son bras. J’sais pas si vous imaginez la scène, mais là ça fait un peu vieux couple, et la femme qu’à l’air de dire aux jeunes pucelles (je précise jeunes, parce qu’il en existe aussi des vieilles) qui mâteraient d’un peu trop près le Blondinet avec leurs yeux de chattes enamourées : C’est à moi ! On n’touche pas, même du r’gard !
C’est qu’elle serait du genre possessive la Gamine. Mais Ethan n’était pas du genre à s’arrêter à ce genre de détails. Comme il vous a été précisé quelques paragraphes plus haut, pour ceux qui ne suivent pas, après quelques nouvelles minutes de marche chaotique au milieu de la foule, ils parvinrent enfin à l’entrée d’une ruelle plus que sombre où elle l’attira, et là …

Et là, j’viens d’me faire prendre la place, et pas par une Blonde à forte poitrine, mais par une gamine de 16 ans qu’est v’nue pointer l’bout d’son p’tit nez dans la ruelle alors même que j’allais vous poster la suite de l’histoire … Quel comble ! J’my voyais déjà moi dans cette ruelle … ‘fin pas trop parce qu’il fait vach’ment sombre. Tellement même, que la p’tite m’a pris pour un breton ; rien que pour ça j’devrais la baffer moi, y’a pas pire insulte pour une Normand ! Bon, on lui en voudra pas eu égard à son jeune âge. Quoi qu’à 16 ans on n’est plus jeune au moyen-âge. Y’en a peu qui pouvaient encore se venter de posséder leur virginité à cet âge là. Faites voir que j’la r’garde d’un peu plus près la donzelle ? Hum … Nan … Trop … Pas assez … Manque de quelques formes ça encore Madame ... Bref, pas le style du Blondinet …

Malgré tout, faut bien être poli, puisque la p’tite l’a été, alors Ethan se força d’un «
B’jour », sans préciser son nom parce qu'il a la mémoire courte, et patientant sagement de pouvoir lire comme vous autres, la suite de ce qui va se passer dans cette ruelle …
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Lulue
Punaise la Lucie a échappé à être comparé à une morue, piouf ! Nan parce que j’te jure que s’il avait osé, j’lui... Hein ? Quoi ? Norf ! C’est déjà à mon tour de prendre le relais ? Bon bon… ça va j’me bouge les côtelettes, pas besoin de s’énerver.

Alors… on va la jouer franc jeu hein ! Elle était quand même contente la Brune de pourvoir profiter de SON Blondinet sans qu’un idiot – c’est pour du rire – qu’ils connaissaient vienne radiner ses fesses pour les replonger dans cette foutue mission qu’ils connaissaient par cœur. Ouais nan parce que si je lui permettait de vider son sac à la Blanche, elle dirait au Ponant un truc du genre « Y’en a marre que tous les 6 mois vous vouliez conquérir le monde… euh le Royaume plutôt - j’me suis un peu trop enflammée d’un coup - Ou alors j’sais pas moi, changez un peu d’endroit ! Parce que toujours le DR, pfff. C’est un peu trop redondant à force. Y’a des endroits plus classes, où le soleil brille davantage, où les oiseaux chantent, le sable est fin et chaud et l’eau d’un bleu azuré à en faire rêver plus d’un… Innovez quoi ! Un peu d’audace que diable ! Après on a l’impression de toujours faire la même chose, ça devient super chiant. ». Heureusement, mon jour de bonté étant terminé, c’est censuré.

Donc elle en était là notre Blanche, à agripper sa trouvaille du jour, avec la même mine ravie que moi lorsque j’ai fait une bonne affaire pendant les soldes (les filles comprendront). Du coup les retrouvailles auraient pu continuer sur la lancée de l’intimité. Un temps large pour papoter, quelques bougies, une idée foireuse pour s’engueuler et tomber dans les bras de l’un de l’autre après quelques confessions à en devenir insomniaque. Haaaaan qui voyait déjà la réconciliation sous les draps ?– les couettes ça n’existent pas – bande de petits voyeurs !
Mais non, sont pudiques nos deux Chevaliers, alors on va quand même respecter un brin ça, histoire qu’ils ne se retrouvent pas complètement nus comme des vers.

S’il en avait eu le temps, donc, Ethan aurait sans doute fini par distinguer que la Muse n’était plus vraiment ce Chevalier avec qui il échangeait longuement, et qui avait du mal à avaler le rôle de potiche qu’on tentait de lui imposer. Mais que le caractère, malgré que celui-ci soit toujours bien trempé - ressemblait davantage à celui de la jeune fille qu’elle était autrefois ou de la jeune femme qu’il avait rencontré un soir de bal masqué. Bref, qu’elle était quand même vachement mieux dans ses bottes. Mais rien ne se passe jamais comme on le souhaiterait. C’est la joie du RP ! Après c’est vrai que parfois les mauvaises surprises vous sautent à la gorge. Puis à d’autres moments vous ne regrettez pas. Mais les bonnes n’arrivent jamais trop souvent, des fois que vous y preniez goût. Et puis il y a des vents de fraicheur qui s’invitent et souhaitent vous découper en rondelles sous prétexte que vous avez la même démarche qu’un Breton et leur ressemblez…

Eh oh, c’est quoi cette histoire ? Elle est ni moustachue, ni barbue ma Lucie !!!! J’t’en ficherais du vent de fraicheur moué… une vraie petite pestouille qu’elle est la Villandry oui ! C’qu’on essaye de me faire dire j’vous jure tsss. Les Bisounours c’est à côté non mais oh ! Ceci dit, bienvenue la filleule prodigue.

Mais revenons-en à nos deux inséparables – j’croyais qu’ils ressemblaient à un vieux couple ? Tsss – qui commençaient à pénétrer dans la ruelle – qui a dit enfin ? – particulièrement sombre, comme vous l’aurez compris (ou alors vous êtes des blonds à l’intérieur de vous-même). Ruelle légèrement en courant d’air aussi, ce qui ne manqua pas de faire frissonner quelque peu la Blanche, dont le réflexe fut de resserrer l’étreinte du bras auquel elle s’était accrochée. Léger regard en coin vers le visage du Blondinet pour l’observer. Ça n’hurle pas, ça ne grimace pas... devait y’avoir de la marge encore sur l’échelle de la douleur, ce qui était quand même rassurant en soi. Ben oui, il n’était pas devenu du sucre ! On l’a échappé belle !

Pas lents en direction de la taverne, qui était quasiment à l’opposé de l’entrée qu’ils avaient prise. Déjà pour éviter la gamelle en se prenant les pieds dans un caillou, ou dans un ivrogne en train de cuver dans le coin. Puis aussi pour retarder le moment où ils en prendraient plein les oreilles sur les différents bruits que les piliers de comptoir pouvaient faire circuler sur la mission en cours. Et accessoirement laisser votre imagination débordante s’exprimer. Reste à savoir si y’aura un Blondinet volontaire pour vous raconter cette partie-là…

Le Licorneux et la Blanche n’étaient plus très loin – nan mais comptez pas les centimètres, sont pas aussi près – de la fameuse taverne où ils se firent interpeller. Norf ! V’là qu’on voulait faire du petit bout de femme tout fragile, sans défense et innocent qu’elle était de la chair à canon ! Avouez que ça aurait été du gâchis quand- même !
Un sourcil s’arqua en reconnaissant la voix de Davia et la confirmation de l’identité de l’agresseuse – un agresseur, une agresseuse, c’est bien connu – se confirma lorsqu’elle les rejoignit. Un sourire amusé se dessina sur le visage de la Brune lorsque l’Apprentie tenta tant bien que mal de retomber sur ses pieds. Mais on n’apprend pas aux vieux singes à faire la grimace, n’est-ce pas ?


Bonjour Davia. Que fais-tu pars ici hormis chasser le Breton ?


C’est vrai qu’il n’y avait qu’à respirer son haleine pour avoir la réponse, mais le Chevalier décida de rester subtil et un brin niaise pour mieux endormir la vigilance de l’ennemi… euh de la filleule.
Et pour ceux qui se demandent, si ce petit bout de Blanche peut-être traqué, sachez que la Lucie lui a collé une ceinture de chasteté, et qu’elle a inventé la version masculine…
Les prétendants éventuels seront priés d’envoyer leur curriculum vitae à la génialissime marraine qu’est la Brune – y’a pas de mal à se faire du bien de temps en temps – et un entretien avec aura lieu si toutefois vous retenez son attention.

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Ethan
Et nous v’là donc arrivés dans la fameuse ruelle sombre dont on vous parle tant depuis de nombreuses lignes. Et que va-t-il bien pouvoir se passer dans cette ruelle ? J’vous l’demande, parce que LJD Lucie ne m’en a rien dit à moi …
Ehhhhooooohhh LJD Lucie ! LJD Lucie ! Lucie ! cie !
Ta gueule l’écho ! gueule l’écho ! l’écho ! cho !

Non, mais j’vous jure, de quoi qu’y s’mêle çui là ! Doit être d’une sacrè profondeur cette ruelle … Me v’là bien moi, j’ai plus qu’à faire fonctionner le seul neurone qu’il me reste, depuis que j’ai cramé tous les autres à vous raconter toutes ces âneries. Bon, de ce que j’en ai compris, y’a aucune chance que ça puisse s’terminer par une partie d’belotte à trois. Qui c’est qu’à pensé tout haut partie de pelote ??? Bon, j’vous explique, étant donné que la gamine d’Orléans (*), bien qu’elle fût de Loches, était carénée comme un char Sherman à l’endroit le plus intime de son anatomie. Pis connaissant la Lucie, elle ne devait pas y être allée de main morte. Du style à vous renforcer tout ça en acier galvanisé avec des boulons anti-dévissage en titane. Si ça s’trouve elle y avait même planqué une réplique miniature de piège à loup, histoire de démembrer tout ce qui aurait tenté de s’y aventurer sans son aval. Et quand j’parle de démembrer, j’pensais à un index, pas à un petit attribut masculin, bande de vicelards viscéraux ! Donc pour ce qui est d’une triangulaire, y’avait pas lieu qu’ça s’passe.

‘Fin maintenant, grâce à Lucie, le Ethan venait de se souvenir que la gamine se prénommait Davia. Et pas Dacia, comme je l’ai entendu murmurer par certains d’entre vous ! Davia, comme la comédienne (**). Je vous l’accorde, ce n’est pas du tout les mêmes gabarits, parce que la vraie, avec ses mensurations de 80-60-88 et son mètre soixante dix, elle a une taille mannequin à en faire pâlir plus d’une de jalousie. Bien que je vous l’accorde, côté pectoraux, elle manque un peu de rembourrage. Mais paraît qu’il en faut pour tous les goûts. Donc la p’tite Davia est une pourfendeuse de tout ce qui lui tombe sous la main, et entre autre choses, de tout ceux qui ne rentrent pas dans le moule, enfin celui de ses idées préconçues. L’est mal barré notre Ethan sur ce coup là, parce qu’agnostique comme il est, les Harry’s totruc, les amis qui nous veulent du bien, l’est pas du tout branché curetons et tout le saint-frusquin ; Il a cependant un avantage, il est Normand, un vrai, un descendant des Vikings, donc pour ce qui est de vouloir tanner les Bretons, il se pose là lui aussi. D’ailleurs, s’ils n’avaient pas fait les crétins, mes illustres ancêtres vikings qui avaient aussi envahi la Bretagne, ils n’auraient jamais été chassés par Alain Barbetorte (***), et la Bretagne aurait été une seconde Normandie … M’enfin depuis, on leur a repris le Mont Saint-Michel … Nostalgie quand tu nous tiens …

J’oubliais, la Fillette osait souhaiter un monde vertueux ! Savait elle seulement que la vertu provient du mot latin virtus, lui-même dérivé du mot vir, d'où nous viennent les mots « viril » et « virilité ». La particule latine vir servant à nommer l'individu humain de sexe masculin, virtus désignant la force virile et, par extension, la valeur et la discipline (merci Wikipédia). Je n’ose même pas imaginer un monde où toutes les femmes seraint des hommes …

Donc bon, bien qu’elle les ait reconnus, elle les tenait toujours en respect avec son super coupe papier. Ben oui quoi, on n’allait pas donner une épée d’homme à une adolescente. Ça ressemblait à peu près aux yeux du Licorneux, à la dague dont il se servait quand il partait chasser le sanglier dans les bois. Vous savez, comme Stallone dans Rambo … Mouarf, comment j’me la pête sur ce coup là moi … Et pendant ce temps là, y’a l’autre Blanche qui s’raccroche de plus belle aux branches du Licorneux, sous prétexte d’une ‘tite brise d’été qui la fait frissonner. J’vous jure, y’en a qu’en loupe pas une pour s’frotter …

Nous en sommes donc à une Blanche qui ne sait plus où se mettre parce qu’elle a la vue basse et la langue trop pendue, et la seconde Blanche qu’est pendue au bras du troisième (pas Blanche lui, Licorneux, suivez un peu !) dont l’envie citée dans le septième paragraphe du troisième post (n’allez pas dire que je ne vous aide pas à vous y retrouver là !), prenait des proportions presque indescriptibles. J’allais oublier le quatrième larron … Storm, notre équidé à l’humeur lunatique, commençait apparemment à en avoir par-dessus la crinière de ses palabres d’humains auxquels il ne comprenait rien. Pouvaient pas hennir comme tout l’monde ceux là ? Bref, voilà t’y pas que l’étalon se recule d’un pas et vient coller un coup d’front magistral dans l’fond’ment du Licorneux, ce qui eut pour effet de le projeter deux pas en avant, embarquant par là même occasion la Blanche toujours accrochée à son bras tel un mort de faim à son quignon de pain.

Dans son élan, Ethan faillit s’embrocher sur le cure-dent d’la gamine qui avait baissé sa garde, et ce fut dans un sursaut salvateur qu’il préserva in extremis ce qui lui était le plus précieux en ce bas monde, à savoir son service trois pièces … J’vous vois bien vous marrer comme des tordus, imaginant le Blondinet transformé en castra ! Je n’ose considérer ce qu’il serait advenu de lui si tel incident s’était produit. Vous m’direz qu’à cette époque, les eunuques étaient les gardes des harems d’Orient. Mais à quoi bon pouvoir reluquer lorsqu’on ne peut plus en user ou en abuser, j’vous l’demande moi.

Bref, et c’est à cela qu’on sait pourquoi on le surnomme le Ténébreux, le Blondinet fronçât les sourcils ne laissant transparaître que les éclairs de ses pupilles incandescentes. En d’autres circonstances, il aurait désarmé la gamine d’un revers de main, et lui aurait collé une magistrale fessée. Mais bon, la journée avait plutôt bien commencée, il était en charmante compagnie, et l’incident avait été évité. Il prit une profonde inspiration, histoire d’évacuer le surplus de testostérone qu’il venait de produire, et c’est d’une voix presque affable qu’il s’adressa à la D’moiselle.

Ma chère enfant, (ben oui, c’est comme ça qu’on parlait aux gamines en ce temps là) peut-être pourriez-vous nous guider vers ce havre de bienfaisance dont vous venez de profiter.

Ben oui quoi, fallait pas la lui raconter non plus au Licorneux, la Gamine elle sentait l’alcool à plein nez. Même que si elle leur avait éructé au nez, il est certain qu’elle en aurait fait tomber les mouches qui volaient alentours dans un rayon de dix mètres. Comme quoi, malgré tous ses préceptes, elle avait quand même quelques défauts la vertueuse … m’étonnerait pas qu’elle ait déjà trouvé le moyen de se défaire de la fameuse ceinture de Lucie moi … ‘fin j’dis ça, j’dis rien …



(*) En référence à Jeanne d’Arc, dont chacun sait qu’elle n’avait jamais croisé le loup, ‘fin de ce que l’on en raconte hein, parce que moi j’y étais pas.
(**) 1er rôle féminin dans « Clap » de Yoann Boisson en juillet 2010. Z’avez qu’à taper sur Google si vous ne savez pas qui c’est !
(***) petit-fils d'Alain le Grand, dernier roi des Bretons

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Davia
La grosse merdaille. Vu la situation, la Blanche ne trouva pas d'autre chose à faire que de devenir écrevisse! Elle allait répondre à Lucie, lorsque tout se précipita. Un hennissement de cheval, un Licorneux qui fait un bond avec la Blanche qui lui pend au bras et l'autre Blanche de voir la chair mâle et virile à deux doigts de s'embrocher sur sa lance. Les boules! Oui, et c'est le cas de le dire!

Un coup de chaud et la donzelle remontait sa lance en mode: droite comme un i. Elle regarda sa marraine, puis l'énergumène à son bras, puis encore sa marraine, le temps que toutes les informations montent au cerveau. C'est que l'hypocras faisait son effet et qu'elle sentait ses jambes vaciller et l'envie de dormir la prendre. Non, non, c'est pas le moment, p'tite mère!

Elle fit un sourire charmant à sa marraine et regarda toujours aussi béate le chevalier qui vaillant semblait légèrement la narguer.

Un grognement guttural sortit de sa gorge, qu'elle se mit à racler pour plus de clarté.

Humpfr... ben quoi, ya pas de mal à faire une ronde quoi...

Tu parles, comme s'ils allaient te croire!

Euh, ya un tripot pas loin, mais bon, je crains que les fûts ne soit vides... Il reste peut-être du jus de pomme, qui sait!

Elle fit un immense sourire et très fière de son idée, prit une mine réjouit.

Je peux vous accompagner!?

Et v'lan comment faire tomber l'ambiance! Et oui mes cocos, vous faites la fête avec moi, ou sinon rien du tout! Et puis, Lucie, tu m'as collée une affreuse ceinture qui me râpe les hanches, je vais te chaperonner à mon tour!

Elle prit donc le bras libre de Lucie qu'elle serra bien fort pour ne pas la perdre. Vas-y maintenant pour te débarrasser de ça!

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Lulue
Décidément, tout le monde y tiens à ce qu’elle embrasse le sol, la Brune. Moi qui avait dans l’idée de laisser le Blondinet dans un moment de solitude profond en lui faisant lâcher son bras en cours de dégringolade. Eh oui que voulez-vous, c’est beau la solidarité de nos jours. Comme direz quelqu’un que j’connais bien, faudrait pas qu’il y est la guerre de nos jours… tiens j’vous laisse méditer là-dessus...

Notre Blanche aimant être contrariante, arriva donc à garder on ne sait trop comment l’équilibre malgré la nouvelle tentative du canasson. Surement grâce à ses réflexes qui sont drôlement bons. Eh ouais, on a la classe ou on ne l’a pas ! Quoi un Chevalier c’est censé être humble ? C’est pas faux. (Et là j’vous imagine me faire la réplique dans Kaamelott… Quoi z’avez pas compris c’que j’viens de dire ?, bande d’incorrigibles va !). Pendant ce temps, Ethan n’avait rien trouvé de mieux que de faire son intéressant en montrant qu’il était capable d’éviter de justesse de se faire nommer Ethanette. Dommage, enfin façon de parler, juste que ça aurait pu être drôle tant le prénom au féminin est ridicule. Sans oublier la tête du Blondinet… c’est que j’me prendrai presque un fou rire… ah nan, il est là !

Bref, la Muse tentait de reprendre contenance tout en essayant de comprendre pourquoi le Blondinet fusillait du regard Davia plutôt que Storm. Ben oui, faut quand même pas oublier qui est le fautif du presque accident hein ! Puis ce furent les prunelles de la filleule qui la fixèrent à plusieurs reprises. Petit clin d’œil pour la prévenir que tout allait bien puis un conseil d’usage aussi au passage…


Et si tu rangeais ça. Tu vas finir par blesser quelqu’un avec !


Quoi l’humour est plus que douteux ? J’vous rappelle qu’elle était en mode peste le Chevalier, alors oui elle se fichait un peu de la poire du Licorneux. Mais c’était à but thérapeutique, pour essayer de le détendre un peu, histoire que sa journée ne devienne pas ombrageuse. Ben oui, faut en prendre soin et pas trop nous l’abîmer de suite. C’est qu’il a son utilité quand-même. Pis après à qui elle irait casser les pieds la Lucie ? Pas qu’elle manque de candidat(e)s, mais celui-là vient de se jeter dans la gueule du loup L’est tout frais et dispo. Même qu’elle aurait voulu en chercher un comme ça, qu’elle n’aurait pas réussi à mettre la main dessus ! Si ça c’n’est pas un signe du destin…

Pour ce qui est de la suite, elle ne comprit pas grand-chose la Brune. Ethan demandait qu’ils soient escortés éventuellement par la filleule. Bon jusque-là c’était bon. Ensuite la mini Blanche parlait de futs vidés … punaise, elle a tout bu la pestouille !... enfin pas grave les réserves personnelles n’étaient pas très loin. Nan parce qu’elle va nous les faire rouiller avec son jus de pomme ! Ensuite elle veut quoi ? Les accompagner ? C’est quoi c’te bête ? Y’a pas des panneaux qui disent « entrée interdite aux moins 18 ans » ? Ah ben non manque de bol, ça n’existe pas à cette époque. Et donc, sans qu’elle ait le temps de se manifester, voilà que la Davia s’était pendue au bras de la marraine. Pour un peu, on aurait presque dit vieux papa qui promène grande fifille avec très jeune maman. Manquerait plus qu’ils courent ensembles et que les deux prennent Lucie par la main pour la faire sauter comme on le ferait avec son marmot.

Et bien sûr pour s’en dépêtrer de l’Apprentie, ils pouvaient toujours se brosser les deux Chevaliers. Parce qu’elle était aussi bien pendue au bras de Lucie que celle-ci l’était à celui d’Ethan. Cependant pour une fois, pas de sourcil qui s’arqua, pas de paroles pour raisonner la plus jeune. Nan nan nan, rien de tout ça. A la place Lucie farfouilla tant bien que mal dans sa poche gauche pour attraper une petite boite. Oui j’vous vois venir, en me disant que le plus simple aurait été qu’elle lâche le bras du Blondinet pour faire sa recherche. Mais que nenni ! Il aurait été capable de s’envoler et de la laisser toute seule dans la galère ! Et parait que c’est à la vie à la mort entre eux... Siiii ça a été dit! Puis ça aurait été moins drôle. C’est moi qui décide, c’est moi qui commande ! Alors hein pouet pouet !
Elle arriva donc à ses fins, soit avoir entre les mains la fameuse petite boite, qu’elle ouvrit pour en sortir une feuille de menthe, qu’elle colla sans grande délicatesse dans la bouche de la soit disant Blanche Colombe. Aux grands maux, les grands remèdes comme dirait l’autre. A défaut de la faire cuver, ça lui rendrait une haleine un peu plus fraîche. C’était également une façon toute personnelle pour la marraine de montrer à la filleule qu’elle n’avait été guère dupe.

Et enfin, pour ne pas prendre racines, ils avancèrent à l’unisson, bras dessus, bras dessous. Non pas pour inventer une nouvelle danse folklorique mais bel et bien pour se rendre à la dite taverne. Taverne que j’vais devoir vous décrire d’ailleurs parce que le narrateur du Blondinet il me dit que j’ai des idées tortues mais il me laisse bien me dépatouiller avec les détails du décor. Tsss. Pis après il joue les vierges effarouchées ! Enfin bref, y’en a qui ont le sens du sacrifice plus développé que d’autres, que voulez-vous !

L’entrée dans la bâtisse fut des plus remarquée. Parce que y’en a pas un qui voulait lâcher le bras de l’autre sous peine de se prendre un gage. Pour ce qui était de l’établissement en lui-même, que dire ?
On y voyait clair, mais ce n’était pas hyper lumineux non plus, genre on se croirait quand même dehors. Déjà parce que ça rendrait l’endroit moins glauque, puis surtout on verrait de suite les ivrognes en train de conclure avec les rombières du coin. Ca donnait parfois des couples improbables. Nul doute que certains, enfin plutôt certaines, regretteraient quelques heures plus tard d’avoir pointé leur nez dans le coin. Eh ouais, c’est moche les effets de l’abus de l’alcool.

Mais revenons-en à notre mouton. La salle était pleine, pas à craquer mais pas loin. On pouvait donc se douter sans trop de mal que les chambres libres devaient être inexistantes ou presque. Et ce, malgré l’hygiène douteuse qui semblait régner. Mais que voulez-vous, c’est la guerre !

Alors pourquoi emmener le Licorneux là, si c'est pour se casser le nez? Parce que la Blanche avait plus d’un tour dans son sac et elle était du genre à anticiper.Au cas où une de ses voisines de tente ronflerait un peu trop fort, ou quelque chose dans le genre. Voilà pourquoi elle s’était engagée auprès du Licorneux, et qu'il aurait ce qui fut promis. Mais plus tard, on n’en est pas là encore.
Donc après quelques secondes, le trio trouva une table libre et y prit place. Pour le reste, ben ils allaient peut-être bien arriver à picol… à se désaltérer un peu – ou beaucoup - pis à casser une petite graine, non ? Parce qu’ils ne l’auraient pas volé. Mais ça je laisse qui de droit décider…

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Davia
Bien cramponnée au bras de Lucie, Davia jubilait. Vous pensez peut-être qu'elle jubilait parce qu'elle faisait suer les deux chevaliers, là? Et bien, non! pas du tout. Elle jubilait parce qu'elle vénérait Lucie. N'allez pas lui dire surtout, elle va prendre la grosse tête! Il faut savoir que Davia a la fâcheuse manie de s'attacher à des jeunes femmes qui, de près ou de loin sont plus ou moins considérées par la jeune blanche comme des mamans. Vous avez déjà vu un bébé regarder sa maman avec ces petits yeux pleins d'amour, l'air de dire: oh ma maman à moi, tu es la plus belle du pays et je te trouve si merveilleuse, si intelligente, si paaarfaite... Bon, ça c'était Davia! Elle faisait ça avec sa belle-mère, la très gentille Anna, digne épouse de son très aimé père; ça avait été le cas aussi avec feue Zya, sa marraine blanche pour qui elle aurait décroché la lune et enfin c'était le cas avec Lucie, merveilleuse marraine aristotélicienne, qui, même si elle faisait royalement suer la donzelle avec ses histoires de ceinture de chasteté et tutti cuanti sur la virginité (mouahahahahahahaha!), était, au regard d'une gamine de presque seize printemps THE modèle à suivre.

Bon, c'est sûr, la jeune tourangelle trouvait ça bizarre que sa marraine ait fait des enfants avec un homme qui n'était pas son mari et qui semblait encore tourner autour de la dite marraine, son côté aristotélicien en eut été très choqué mais bon... elle même était l'enfant du péché vu que son père n'avait pas épousé sa mère alors bon... les gens avaient l'air d'avoir une fâcheuse tendance à se reproduire sans avoir été béni par Ari et le Grand Totem! Humpfr!

Mais revenons à nos moutons. Davia, le petit mouton, un peu éméché tout de même, il faut le dire, était bien arrimée au délicieux bras de la grande moutonne Lucie, qu'elle regardait avec des yeux de merlan fris. Totale abstraction de l'autre énergumène, le mâle mouton, qu'elle avait totalement oublié!

Comme l'avait suggéré Lucie, elle avait rangé "ça", à savoir son arme qui n'avait pas - encore - castré le pauvre licorneux. Et les yeux roulant dans leurs orbites, elle se retrouva avec une feuille de menthe collé au palais.


Humpfr!

En temps normal, elle aurait envoyé balader Lucie, lui disant qu'elle puait pas de la gueule et qu'elle voulait pas de sa feuille de menthe. Mais là, elle se mit à mâchouiller, un peu comme un ruminant à l'heure du repas, imaginez le tableau. C'était pas mauvais, faut dire, ça exhalait un petit quelque chose bien plaisant qui vous débouche les narines et qui vous fait gonfler les poumons pour faire: BRIIIIIIIIIISE......

Béate, la jeune fille s'engouffra dans la taverne en même temps que sa soeur blanche et que le licorneux. Aïe... dur de passer la porte. Après un imbroglio de bras, de mains et de jeux de vilains, ils finirent tout de même par s'installer à une table.

Assise sur son bout de banc, inhalant les vapeurs d'alcool qui embaumaient la pièce, Marie-Bisounours, enfin Davia quoi, remonta ses manches et posa allègrement ses coudes sur la table, lorgnant sur l'aubergiste un peu rond (et pas que d'embonpoint) qui venait prendre la commande d'hôtes aussi raffinés qu'eux.


Hmm alors moi... j'voudrais... euh... Un hamburger médiéval avec beaucoup de ketchup, des potatoes et un grand Sprite! Ou alors... un truc diététique pour ma ligne... Ouais chui grosse... tu m'trouves pas grosse Lucie? C'est total l'embrouille si j'deviens une bombonne, après j'pourrais jamais trouver un époux digne de moi! Tsss...

STOOOOOOPPPPP!!! non c'est pas ça, pas ça du tout! Hum... bon. Reprenons.

Humm alors moi... je voudrais... de la tarte aux oignons avec euh... UN JUS DE POMME! mettez moi un truc alcoolisé qui ressemble plutôt, mais l'air de rien hein? Hum.. et puis des calissons de Nostradamus, j'adooore!!

Ado quand tu nous tiens... La filiforme donzelle, se remit à mâchouiller sa feuille de menthe, l'air nonchalant, genre blasée de la vie. Son regard se porta sur les autres pochtrons de la taverne, si on combattait cette nuit, ça allait donner...

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Lulue
Et vas-y que ça rumine au point qu’on pouvait suivre les différentes étapes de concassage ? Broyage ? Masticage ? de la feuille de menthe. Il faudrait que la marraine apprenne à la filleule les bases alimentaires ? Léger sourire amusé, en voyant déjà la petite Villandry avec un bavoir pendant que la grande De Castelléo lui donnerait la béquet. Et bien évidemment, Davia en mode « jefaisduboudin », lui recracherait tout à la figure. Hum mouais d’un coup c’était moins amusant, allez savoir pourquoi. Devant ce charmant tableau, elle regrettait presque de ne plus tenir le bras de personne, la Brune.

Bref, après cette pensée très glamour, la Blanche se reconcentra sur le tavernier. Mpfff, elle lui collerait bien également une feuille de menthe dans la bouche. Elle n’aurait trop su dire à quoi était dû l’odeur qui sortait de sa cavité buccale, tant cela ressemblait à tout et à rien… Quoi qu’à bien y réfléchir, il était peut-être bien fan des cimetières avec ses cadavres en décomposition, en plat de résistance. Grimace de dégoût à peine retenue – Tsss vous pouvez parler, j’vous ai vu grimacer aussi ! – avant de faire de l’apnée, et pas du sommeil hein celle-ci !

Alors que Davia commandait - qui visiblement avait faim et encore soif – Lucie gardait un œil distrait sur le dormeur, qui semblait une fois de plus jouer au bel au bois dormant. Et nan, le baiser n’aura pas lieu devant la petite non mais oh ! Il a qu’à se débrouiller pour se réveiller tout seul. L’est majeur et vacciné ! Enfin espérons. Tout à ses nouvelles réflexions trèèèèèèès intelligentes, Le Chevalier n’était pas vraiment concentré sur le blabla de mini Blanche, jusqu’au moment où un certain…


UN JUS DE POMME

L’a fit sursauter. Norf ! Elle voulait la tuer ou quoi ?
Ses pupilles se posèrent sur mini Blanche, qui semblait tout à coup fière de sa trouvaille. Si si, elle en avait même les yeux qui en pétillaient. Mouais, le chuchotement qui suivit cassait un peu la bonne initiative, bien que Lucie ne put entendre exactement de quoi il en retournait. Mais une fois de plus, elle laissa passer, cette fois-ci voulant que l’homme les ayant rejoints parte le plus vite possible.

D’ailleurs, qu’allait-elle avaler ? Sur les remparts, elle crevait de faim et là c’était plutôt la nausée qui la gagnait. Toutefois, elle savait aussi qu’il fallait se forcer à avaler quelque chose. Ça serait ballot qu’elle nous fasse un malaise pour cause d’hypoglycémie en plein combat. Remarquez, ça compterait peut-être comme un fait d’arme, non ? Parce que le Chevalier doit les collectionner, pour mériter son titre. Mais revenons-en à nos moutons… donc, on inspire on expire… de toute façon s’adresser au bedonnant ne pouvait pas être pire qu’un accouchement hein ! Sourire colgate pour se donner du courage et on parle d’un trait sans respirer surtout !


Pour moi ça sera des rissoles aux fruits secs et au miel s’i’ous plait.


Elle se passerait de la boisson du coup, le souffle qu’elle avait emmagasiné n’avait pas été suffisant pour qu’elle aille jusqu’au bout de sa commande. Et puis au pire, elle irait plonger ses lèvres dans le soit disant jus de pomme.

Regard vers le Blanc Licorneux, espérant qu’il ne ferait pas prendre racine au tavernier…

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Ethan
Y’a des jours où l’on se dit que l’on ne mérite pas ce qu’il nous arrive. Et là vous allez me dire, mais de quoi il se plaint encore çui là ? J’vois bien que vous avez un peu de mal à imaginer la scène. En premier lieu, la ruelle ! Une ruelle, c’est pas un boulevard, r’gardez bien le tableau ! Là où y’avait déjà à peine la place de passer à deux de front, il a fallut s’y tasser à trois, à cause de la pestouille qui nous joue sa « Pattex » (la colle qui ne vous lâche pas !). Après il fallut au Blondinet toutes ses facultés manuelles pour attacher l’étalon à l’anneau devant la taverne. Ben oui, pas moyen de l’emmener aux écuries avec un tel équipage scotché à lui. Et pour en finir, tenter de passer la porte sans toutefois pouvoir se dépêtrer du harnachement féminin. L’aurait plus manqué qu’elles persistent dans leur jeu de « j’te lâche sous aucun prétexte » et ils auraient tous fini assis sur la même chaise. J’devine déjà qui aurait été le dindon de la farce, c'est-à-dire celui qui aurait supporté la charge sur ses frêles genoux … Heureusement, on n’en était pas arrivés là.

Pendant que le « sac à vin » … pardon … le tavernier, s’occupait de prendre les commandes des d’moiselles, le Licorneux pour sa part, prenait connaissance des lieux, du regard. Ben ouai quoi, z’avez déjà oublié qu’il avait les amygdales qui baignaient depuis son arrivée dans la cité ? Donc quand on est dans sa situation, on épie les faits et gestes des autres, et on en arrive à constater l’air goguenard d’un quidam qui rentre dans la taverne par une ‘tite porte du fond, en r’mettant ses braies en place d’une main et en s’grattant l’service trois pièces de l’autre. Y’avait pas à chiquer, c’était là qu’ça devait s’passer ! Mais il lui faudrait patienter encore un tout p’tit peu, juste le temps que les commandes soient passées. En parlant de ça, ben justement c’était son tour …

Dès en rentrant, il avait humé les effluves diverses et variées qui trônaient dans ce que certains osaient appeler une taverne. Il avait déjà rencontré des lieux bien plus atypiques le Blondinet, mais là, ça tenait plutôt du bouge. Y’avait de presque tout et pour tous les goûts. Mais pour en revenir aux odeurs, il avait quand même pu dénoter celle d’un ragoût qui mijotait dans un chaudron qui aurait pu être en fonte. Cependant il devait y avoir tellement de temps qu’il n’avait été nettoyé, que les coulures de ce qu’il avait autrefois contenu, avaient formé une espèce de croute épaisse et désormais calcinée, collé tout autour. Apparemment, ça semblait être du mouton, aussi le ténébreux commanda t’il de sa voix la plus aimable du moment, une portion de la galimafrée accompagnée d’une cervoise.

Ceci étant fait, le tavernier allât donc taverner tandis que les buveurs buvaient, les pipelettes pipelettaient, les zoziaux zoziautaient, et que le Blondinet s’excusait pour aller s’épancher … La distance le séparant du lieu salvateur, fut parcourue en moins de temps qu’il ne m’en faut pour vous l’écrire. Non pas qu’il avait le feu aux fesses, mais à ce moment là il était aux limites extrêmes de ce qu’un homme peut supporter en la matière. Il n’eut pas le temps de juger des qualités accueillantes ou non du lieu, trop occupé qu’il était à déverser en un flot continu le liquide trop longtemps contenu. Je ne vais pas non plus vous décrire ce à quoi pouvaient bien ressembler les gogues au Moyen Age. Il fermait les yeux, savourant avec une certaine jubilation, l’effet de sa vessie se dégonflant sous la dépression occasionnée. Ah ça vous fait marrer, pas vrai ? Et pourtant, à combien d’entrevous n’est-ce pas déjà arrivé de se retenir aux limites du tolérable, et de trouver du plaisir à pouvoir enfin vous libérer de l’insoutenable pression exercée dans votre bas-ventre ? J’en vois qui hochent la tête en signe d’acquiescement, comme quoi ça n’arrive pas qu’aux autres.

Cela dura un certain temps incertain. Le temps nécessaire en fait, pour qu’enfin tous ses organes internes reprennent les formes et places leur étant due. Il prit même le temps de se réajuster convenablement avant de rentrer à nouveau dans la dite taverne, et ne pas faire comme celui qui l’avait précédé. Il alla même se laver les mains avant de reprendre place à la table occupée par les deux scotcheuses … On a beau être au Moyen Age, cela n’empêchait pas la propreté, fut elle moindre que de nos jours. Le pied de vigne … le tavernier pour ceux qui n’auraient pas compris … avait officié en son absence, et leur avait servi leurs commandes respectives. Désormais libéré du lourd fardeau qui lui avait tant pesé, le Licorneux trempa ses lèvres dans le verre presque aussi propre que le chaudron. Le liquide ambré était chaud, mais cela ne l’empêcha nullement d’en boire une bonne rasade. Les d’moiselles mangeaient sagement sans mot dire, aussi décida t’il d’en faire autant et de s’attaquer au ragout qui trônait dans son écuelle. Un mélange de viande et de légumes variés, dont des haricots qui avaient presque fondus et liaient le tout. Impossible de réellement distinguer ce qu’était la composition originelle des ingrédients, mais là aussi, il avait déjà mangé bien pire. Il mastiquait lentement, profitant de son premier vrai repas depuis qu’il était entré au monastère plusieurs mois auparavant. Il marquait quelques poses pour s’abreuver de cervoise, histoire de faire glisser le tout.

Son repas enfin terminé, il se décida à rompre le silence de la table, parce qu’autour c’était un brouhaha innommable, pour interroger la brunette avec laquelle il n’avait pas encore eu réellement le temps de converser.

Alors Lucie, et si tu me racontais ce qui s’est passé depuis notre dernière rencontre ?
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