Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Casque d'Or , ou la quête du père , ou de l'impair.

Alouqua
RP OUVERT , COHÉRENCE DE RIGUEUR



Trois mois avant , couvent aux abords de Pontarlier , à l'aube.


Debout au milieu de la pièce , les regards sur elle , dénués de douceur ou même d'empathie , attendant cette parole qui scellera son destin , la lueur matinale grise et sans chaleur de cette pièce du couvent basse de plafond , au nord de l'édifice.
Elle grelotte imperceptiblement , ayant déjà répété ce "non" plusieurs fois , alors que la mère supérieure lui dit et redit qu'elle sera perdue , que la vie la broiera de ses crocs d'acier , l'engloutira dans sa bouche de feu, et qu'elle brûlera à jamais .


- Sœur Mathilde , une dernière fois , je vous demande de réfléchir du fond de votre âme ... mon amour de vous me dicte cette insistance , vous êtes une fille de dieu , rendez vous à lui , donnez à votre vie un sens lumineux , rendez lui cette vie qui lui appartient en tout point , à votre seigneur et maître , bienfaiteur et père.


Soeur Mathilde , ce nom qui n'était pas le sien, qu'on lui avait imposé puisque c'était l'usage d'abandonner tout ce qui faisait son identité, qu'elle n'avait plus ni parents , ni histoire , seulement ce .. sœur Mathilde et cette robe de bure , quand même ses souvenirs s'estompaient à force de fatigue et de privations , de brimades et de messes auxquelles elle ne participaient que du bout de l'esprit.

Levant les yeux , encore , et encore , elle dit :


Non... Non.. Non... NON !!!!!!!!!!!!!! je ne veux pas prononcer ces vœux !! et je ne suis plus sœur Mathilde !! je suis Alouqua ! Alouqua !! Alouqua !!

Sa patience était à bout , la résistance de son corps aussi , les pieds bleuis de froid et la visage creusé de cernes , la voix presque hystérique et la respiration sifflante de colère , elle laissait maintenant libre court et ce sentiment de révolte que la perte de sa seule amie avait provoqué en elle ,Soeur Clarisse, amie dont le seul tord avait été une tendresse débordante , infinie , magnifique .
LA réaction de la mère supérieure fut presque aussi violente que la sienne , laissant les témoins de la scène transis de peur .



Dehors !! dehors !! femme perdue , vous ne voulez pas être sauvée , alors quittez cet endroit , immédiatement !


Et la voilà reconduite à sa cellule , le pas pressant des sœurs lui tenant les bras témoignant d'une peur de contagion , elle était maintenant pestiférée , et plus aucun sentiment de compassion ne se lisait dans leurs yeux.

Seules , ses sœurs d'infortune tentèrent de lui donner du réconfort , renvoyés manu militari dans leurs appartements par ordre de la mère qui suivait le cortège .
Dans les yeux de certaines elle lisait la peur , l'envie , la tendresse , le regret. Dans d'autres , la haine , le cruauté , l"étroitesse d'esprit infligée par la répétition abrutissante des tâches ordinairement confiées aux novices .

Dans sa cellule , on la déshabilla , sans prendre un instant gare à sa pudeur , on lui jeta un vêtement miteux et des chausses trop petites , qu'elle enfila sous leur regard froid , avant de l'emmener sans plus attendre vers la grande porte , l'aube blafarde écrasant tout de sa lumière métallique.


BAAAMMMMMMMMM!!!

La porte se ferme , et la route s'ouvre devant elle , sans un écu en poche , ne sachant tout simplement pas où aller , ces seuls mots en tête : mon père, je dois retrouver mon père!
Baronsengir
Trois mois plus tost, au presbytère de Dijon

Comment mieux commencer une matinée qu'avec l'aide d'une cassette en bois renforcé, aussi lourde de par son poids que de par son contenant? Il y avait bien d'autres caisses et coffres ; iceux contenant les fonds de la paroisse, ceux-là les revenus du diocèse ou encore les rentes sur sa terre toulousaine. Mais celle-ci avait un aspect particulier : les écus qu'il avait amassés de lui-mesme, ou de par les gens qu'il employait depuis que la condition de noblesse lui interdisait travail manuel.
Ah l'éclat de l'or dans la pasle lueur du jour naissant, le tintement des écus et des deniers... A lui, et rien qu'à lui... Il joua distraitement des doigts dans les pièces, songeant à son programme de la journée. Soudain, une odeur lui chatouilla les narines. Il sourit. Sa fidèle Chouchou était à pied d'œuvre. Il ne louerait jamais assez le Très Haut pour lui avoir fourni si compétente clerc.


Ah je suis repu!

Il s'était régalé comme toujours. Mais il avait mangé seul. Chouchou était certainement partie nettoyer l'église ou en entraisnement à la garde épiscopale. Il se leva, vérifia dans une glace qu'il était toujours aussi bel et blond et s'appresta à partir du presbytère. Après réflexion, nouveau passage devant le miroir. Ajustement de cette mèche rebelle... voilà. Ah, quel bel évesque il faisait! Maintenant, il était prest.

Le prélat arpentait tranquillement les pavés de la capitale bourguignonne. Petit peuple, bourgeoisie ou noblesse de lui accorder salut à son passage. D'aucuns de s'agenouiller pour baiser l'anneau épiscopal. D'autres de louvoyer et de s'éclipser dans des ruelles étroites pour éviter son regard. A défaut d'estre aimé et respecté de tous, ceux qui avaient à se reprocher le craignaient, ou du moins se faisaient discrets. Et encore, la Bourgogne n'avait pas connu, encore, le costé implacable et intransigeant du blond. Non, il était pour l'heure souriant et serein en ce duché. Aucun ennui hormis les troubles du Royaume et la recherche de nouveaux clercs pour compléter son équipe diocésaine.

Comme lorsqu'il était lieutenant de police en d'autres lieux ; des siècles plus tost, presque ; il aimait parcourir de long en large la ville. Il ne goustait guère la mode locale chez certains nobles que d'user de la carriole pour se rendre deux rues plus loin. Il pouvait rencontrer ses paroissiens, surveiller non pas le crime mais le respect de la vertu, et surtout se rappeler au bon souvenir de la population. Il avait remarqué que le simple fait d'avoir croisé l'évesque provoquait un regain de foy et de rejet des vices. Du moins temporairement, mais c'était déjà bien.

Bon, pas de baptesme ni de mariage à célébrer ce jour, Oane en soit loué. Son archidiacre lui avait fait la veille un topo sur les projets du diocèse, la bonne tenue des registres... Diantre! C'est qu'il se retrouvait sans rien à faire, l'évesque! L'on n'était dimanche, pas de messe à préparer... Que faire donc? Un petit presche improvisé? Ou une session d'études à l'université? Ou mesme les deux, tant qu'à faire. Avisant non loin de l'hostel de ville une estrade non utilisée ; certainement un spectacle de ménestrels qui viendrait s'y tenir ; il s'y hissa et héla la foule.


Croyants et fidèles de Dijon, oyez votre blond évesque bien aimé!

Et qui sentait fort bon, faut-il le rappeler.
_________________
Alouqua
Toujours trois mois avant , entre le couvent et Pontarlier .

les pas des sœurs qui s'éloignent derrière la porte , et la voilà seule , frissonnante , transie même , le vent pour seul compagnon faisant parler les arbres si fournis de feuilles encore.
L'humidité , très vite elle comprît qu'elle serait possiblement son ennemie , s'immisçant partout , si le soleil tardait à darder ses rayons consolateurs et dominateurs, prenant le pas sur la nuit et la fraîche , comme voulant dire : "je règne , et toute chose m'est redevable." Ce qu' Alouqua, pour l'heure , n'aurait pas eu l'idée de contester , tant ses membres gourds de froid l'espéraient .

Un chemin , devant elle , s'imposant naturellement , étant le seul.. Un pas devant l'autre , elle entama sa route vers le monde sans réelle conscience , n'était celle de trouver rapidement de quoi faire taire ce ventre qui commençait à brailler furieusement , et couvrir ce corps qu'elle jugeait à présent bien trop découvert .

Elle marchait , droit devant elle , repassant dans sa tête les paroles échangées, butées , cognées, clamées , claquées .


Alouqua , je suis Alouqua, fille de Philomène !!

Ouii de Philomène.. et? et de qui??? dis moi ma fille, de qui?? tu n'es qu'une bâtarde... que deviennent les bâtardes , à ton avis petite écervelée ? quelle possibilité s'offre à elles ? seul Dieu les accueille , les protège , les respecte !

La voix de la mère s'étranglait d'insistance , finalement plus compatissante qu'elle ne le montrait , connaissant le monde et ses affres , l'appétit des hommes et leur cruauté , et la faiblesse des femmes , leur fragilité .
Disant plus doucement maintenant , presque plaintivement :


Sœur Mathilde , personne ne voudra de vous que pour abuser de votre faiblesse , comment pouvez vous ne pas le comprendre?

Paroles qui, immanquablement n'avait pas été perdues et restaient logées en elle , comme une sauvegarde nécessaire , seul don de cette femme qui savait alors que la cause était perdue , et lui laissait en héritage un esprit aux aguets , une peur salvatrice , sans doute...

Un bruissement de feuilles, un mouvement dans le fourré, rompant la monotonie de la marche , alors que le soleil maintenant se faisait presque chaud , et la voilà qui , prise de panique se met à courir en criant comme une vierge devant un satyre, alors que la chose courait plus vite qu'elle , tout aussi paniquée voir plus , peu habituée à de tels sons dis-harmonieux dans cette nature , offrant à la vue d'Alouqua une petit queue blanche montée sur deux pattes multipliant leur longueur par deux à chaque sauts , rapides et vifs , avant de disparaître dans un pré , laissant juste à notre trouillarde la possibilité de distinguer deux longues oreilles.. de lapin!

Le cœur battant , ridicule , elle s'appuya contre un arbre , haletante et essoufflée , et, rompue par la fatigue de la nuit de torture, se laissa glisser le dos le long du tronc , les jambes dans l'herbe maintenant sèche et douce , offrant un matelas sur lequel elle les laissa s'étendre , fermant les yeux un instant..

Un instant? hooo mais l'instant .. dura... un certain temps .. et , plongée dans un sommeil profond , n'entendît pas même le bruit des pas du cheval et de la charrette qui s'approchait , lentement , régulièrement , avant de stopper devant elle .
Baronsengir
[Trois mois plus tost, estrade sur une place de Dijon]

... et c'est lors que la corde autour de son cou brisa icelui. L'homme se tordit quelques secondes et c'en fut fini. Son cadavre et la langue bleue qui sortait de sa bouche furent exposés durant deux jours, rappelant à tous dans la ville que la loy et l'Eglise méritaient respect! Qui donc a envie de vivre mesme chose que ce mécréant, de mourir de par la loy des hommes et de se savoir condamné à l'enfer lunaire pour l'éternité?

Aussi, mes enfants, je vous le dis, gardez-vous du péché, spécialement de l'envie. L'envie qui vous pousserait à voler votre voisin, à détrousser des voyageurs, à prendre la vie d'un autre enfant du Très Haut! Et au grand jamais ne répétez ses actes envers la très Sainte Eglise Aristotélicienne, ne blasphémez ni n'allez voler les biens du clergé. Vous voyez avec ce malheureux que vous en seriez deux fois perdus...

Bien, sur ce, n'oubliez la messe dominicale à l'église Saint Miguael! Et je compte sur tous, particulièrement les nantis, concernant les dons pour le nouvel hospice!
Et les caisses de votre bien-aimé évesque, pensa-t-il.

Que Saint Bynarr et Sainte Boulasse vous inspirent et vous guident vers la vertu! Bonne journée, Dijon!

L'évesque descendit de l'estrade et se mesla à la foule. Il se remémorait encore du texte d'A. Mhour prosnant le respect de l'ordre établi, qui l'avait inspiré dans son presche. C'était la moindre des choses, en tant qu'ancien homme de justice et actuellement berger et guide de tout un diocèse. Le sentiment du travail bien fait en lui, le prélat se dirigea vers les locaux de l'Université de Bourgogne. Lecture de parchemins ontologiques ou d'ouvrages en grec serait des plus intéressants pour lui.

[1447, la boutique d'un antiquaire à Chambéry]

... et de dix pour la rapidité, c'qui vous fait un total de trois-cent écus tous ronds!
V'là pour vous, les jouvenceaux. Dépensez pas tout en gnôle, ahahah!


Les deux adolescents sortirent en riant dans les rues de la ville. Une autre affaire rondement menée. Un peu louche, certes, mais ils n'allaient certainement pas cracher sur l'argent! Les anglois perdaient du terrain dans le Royaume de France. Qui sait, on verrait bientost la fin d'un conflit qui s'éternisait depuis... toujours? Mesme leurs alliés depuis des décennies leur tournaient le dos, comme la Bourgogne dont les deux compères revenaient. Les troupes et intendances angloises qui étaient parties avaient laissé nombre de choses derrière elles. Armes, provisions, écus et bien d'autres choses trouvant toujours acheteur. Cela revenait légitimement aux instances du Duché, voire de la Couronne française qui y exerçait à nouveau influence ; mais si l'on était malin et que l'on savait à qui s'adresser... En Empire germanique où ils se trouvaient, l'on était peu regardant sur l'origine des biens proposés. Et pour les deux amis, un écu d'Empire valait bien un écu de France. Ou d'Angleterre, avec toutes les terres sous leur controsle.
Mais le temps était au changement.


Allez, je connais un jardin près du château où les demoiselles des nobles viennent se reposer.
J'en ai croisé une l'autre jour, ahh! Quelle beauté, j'en mourrais!


Le blond fit la moue.

Tu m'as déjà traisné au bordel il y a trois jours, dummkopf! J'ai dépensé tout ce que j'avais, et maintenant qu'on s'est refait, je ne tiens pas à sortir un denier pour une femme!
J'avais prévu d'aller chez les moines copistes, ils ont des reproductions d'auteurs antiques et...

Oh, toi et tes livres! Je ne comprendrais jamais pourquoi tu aimes autant ça. Il faut vivre un peu, Baron!
Amuse-toi, c'est bien pour ça qu'on est partis à l'aventure, non?


Et toi tu ne penses qu'à donoyer avec tout ce qui bouge! Pas aujourd'hui, ça ne me dit rien... J'ai envie d'étudier.
Toi, va courir les filles si tu en envie.

Pff... Enfin, j'en aurai plus pour moi, héhé!
Rendez-vous à sept, à la taverne située près de l'entrée sud! Je suis persuadé que danser sur les tables rond comme un rond, ça tu en a toujours envie!


Genau! Amuse-toi bien!


Ah Roland... On ne le changerait pas. Le jeune blond ; pas tout à fait encore un vrai adulte, mais déjà plus un enfant ; se dirigea vers son lieu de prédilection. Il aimait le calme des bibliothèques monastiques, bien qu'il était loin d'estre un fervent aristotélicien... L'odeur des parchemins, de l'encre à peine sèche, les ouvrages en grec et latin... Il ne maistrisait pas encore ces langues à la perfection mais il en avait gardé le goust d'avec les études que son père...

Son visage s'assombrit en pensant au père qu'il avait quitté, et qui l'avait déshérité. Cela lui semblait estre il y a une éternité déjà... La tyrannique figure paternelle, resté seul au manoir Sengir... Il soupira. Il n'avait pas envie de s'en rappeler. Au moins, bonne chose, il lui avait laissé l'amour des lettres. Le reste... Il se demandait ce qu'il dirait s'il savait de quels expédients son unique fils dépendait, et comment il vivait. Déshérité deux fois peut-estre?
Secouant la teste, il vida ses pensées négatives et ne songea plus qu'à lire et à s'instruire. Les filles, ça allait un temps mais il n'était pas aussi demandeur que Roland. Par contre, la perspective de boire jusqu'à plus soif, cela, il en avait haste.

_________________
--Gustave_dict_le_gus


Trois mois auparavant , chemin entre le couvent et Pontarlier .

Clappp Clapp.... clopp.. claapp.... monotonie dangereuse... claappp clapp... la croupe du percheron pour seule vision, qui n'a pas l'air plus réveillé que son meneur , tirant poussivement un charriot rempli à bloc . Les rênes larges , le fouet pendant , la tête reposant sur la poitrine avec le triple menton pour coussin, le gras de porc du matin pesant sur la panse dilatée, le Gus finissait sa nuit trop courte en se rendant au marché , tâche hebdomadaire qui était sa seule rétribution.
Mais salaire non négligeable, la ferme étant prospère , élevage de lapins dignes de leur réputation, poulettes grasses et pondeuses , la grain ne faisant pas défaut , terres fertiles et étendues ,le Gus n'était pas un mauvais parti, n'était son haleine à faire fuir même les plus enrhumés .
Pas mauvais bougre le Gus , un tantinet benêt , parfois autoritaire et violent quand la boisson lui tournait l'esprit qu'il avait fragile, et n'ayant toujours pas d'héritier , et plus de femme, morte en couche il y avait deux semaines, emportant le bébé coincé en elle.
Une trentaine sonnée , le temps pressait , il s'essoufflait maintenant et le cœur n'y était plus , ni l'entrejambe , même au bordel du coin avec les plus expérimentées des catins, le laissant chaque fois plus renfrogné et... triste.

Le gras, le travail, le vide de son esprit et de son existence , la solitude ,avec pour seul objectif le remplissage de ce charriot à l'aller , et le retour léger en marchandise et alourdi de monnaie, le gourdin à portée de main en cas de visite inopportune .

Il dort le gus , tellement qu'il ne se rend pas compte que le percheron s'arrête , broutant l'herbe grasse en guise d'encas , pause non syndicale mais revendiquée du milieu de la route, agrémentant le vacarme des piaillements d'oiseaux de ce matin d'été par un : bblllbblllbbllllbbllllllllll babinesque , naseaux ouverts soufflants d'appétit.

Un œil s'ouvre , encollé de sommeil, la vison brouillée d'une fatigue ancestrale , la bouche pâteuse , le dos endolori et la nuque raide , il s'ouvre donc, sur une paire de cuisses étirées dans l'herbe , vision paradisiaque et irréelle:

Crénom, vlà qu'la camarde m'a emporté , me vlà au ciel !

Et voilà que le deuxièmeœil s'ouvre d'intérêt , remontant le long de ces cuisses vers un torse tout aussi enchanteur et juvénile ... et le Gus qui descend le plus discrètement possible, grincements de carriole inévitables mais ne réveillant pas la belle attendant le prince plus qu'hypthétique , le visage dans l'herbe haute , totalement à l'abandon, offrant une vision ressuscitant ce qui n'avait pas daigné se dresser en lui depuis longtemps .

Tudieu...

ET le voilà soufflant , devant l'idiote sans défense , regardant à droite, à gauche , un sourire affublé d'une lueur étrange dans l'œil , alors que maintenant il pose son regard vitreux sur elle qui... a les yeux grands ouverts , emplis d'effroi , noirs sans fonds, alors que la main de la jeune fille s'empare de la première grosse pierre qui se trouve à portée .

Hola !!! doucement ,t'emballes pas la gueuse , d'où qu'tu viens avec tes nippes d'l'autre âge?t'cherches d'quoi t'nourrir? j'ai b'soin d'deux bras , mais t'es trop maigre .t'ferais bien d'pas dormir là, y a du passage , et pas d'l'honnête. j'vais à Pontarlier , monte dans la carriole si t'veux.

Il bafouillait le Gus , rougeaud à presque avoir une embolie , mais vrai qu'il n'était pas méchant , et qu' Alouqua aurait pu attirer pire dans le genre prédateur.
Ne relâchant pas sa caillasse , se redressa, prenant une position de défense plus appropriée , rendant une fuite sur ses deux pieds au sol .

Pontarlier... haaa.. oui... je.. veux bien... mais.. je n'ai.. pas de quoi payer...

Redevenu inoffensif ou presque , si tenté qu'un homme puisse jamais l'être , il fît volte face , remontant avec difficulté sur son engin :

t'm'aideras à décharger , ça suffira .Mais pas d'main, l'jour file.

S'avisant de visu qu'elle n'aurait aucun mal à semer l'homme en cas de besoin, la jouvencelle grimpa au derrière de la carriole , entre les caisses de lapins et les choux , l'estomac plus que braillard , le supplice de Tantale lui faisant regrouper ses jambes sous le menton , et couiner de faim.
Alouqua
Trois mois avant , dans la carriole de Gustave, aux abords de Pontarlier .

Entrée dans le monde , lisière entre cauchemar et réalité non réellement définie pour la jeune blonde pourtant encore presque si neuve d'expériences.. Elle allait devoir observer , ne jamais laisser son esprit s'embrumer de colère ou de terreur , garder les sens ouverts et la tête froide , afin de pouvoir réagir au mieux selon les agressions ou offrandes à venir , tentant de ne pas mélanger tout et se ruer contre chacun, comme cela était tant arrivé déjà, l'emportement prompt et la violence possible à fleur de peau, tendant ses membres et faisant siffler son souffle.

Ballotée , levant la tête vers le dos épais et la nuque grasse de Gustave , non encore tout à fait remise de la vision d'horreur qui s'était arrimée à ses yeux au sortir d'un sommeil mérité , masse sombre et immense se découpant dans le soleil, visage sans contours ni forme, yeux inexistants, seul un souffle attestant d'une respiration bruyante, plus animal qu'humain, rauque , le contrejour ne lui donnant à distinguer qu'une paluche aux doigts trapus mais puissants ,les ongles noircis et phalanges calleuses, alors que sa main à elle , instinctivement , tâtonnait au secours d'un bâton ou d'un pierre, ultime rempart contre la bête qui se trouvait debout devant elle .

Elle était maintenant dans sa carriole , les odeurs la faisant souffrir, crème, fromage , légumes et fruits , et ce lapin devant elle qui la regardait et qu'elle voyait déjà rôtir !!
Une quignon vînt à rouler à ses pieds , la profil de Gus se démarquant dans la lumière :

Avale , t'es maigre à faire peur .t'étais servante de qui? t'nourrissaient pas? ou t'es une évadée ?

Lorsqu'il parlait , le cahin caha de la charriote aidant , son menton tressautait , ses bas joues s'affaissaient , toute sa graisse ballotait de ci de là, au gré des trous et nids de poule du chemin, rassurant Alouqua quand à une fuite possible et sans réel effort en cas de besoin.
le quignon en main, répondît avant d'y planter ses dents avec voracité , la bienséance normalement de mise consistant à manger du bout des lèvres réduite à néant , lui demandant un surpassement inutile et surtout... impossible.:

Je .. sors.. du couvent .


Mots simples et droits qui laissent le Gus soudain presque respectueux , muet , scrutant l'horizon, la réflexion activant presque sa cervelle qui n'en n'avait plus l'habitude.
Tout en mâchonnant le pain, , se laissant aller au bien être ressenti par le bercement de la carriole et surtout , le remplissage de son estomac, se mît à ressasser ce souvenir tant de fois repassé en boucle , comme l'acmé de sa vie , le point d'orgue , donnant le La de son existence , ce moment d'enfance dont elle n'oubliait aucun détail.

Sept ans plus tôt , dans les ruelles d'un Hameau , à deux lieues de Pontarlier :


Une poignée de mioches en entourant une autre , les invectives et les taloches fusant , criards et excités , l'effet de groupe comme moteur de la haine et de la moquerie , en braves bêtes cruelles qu'ils étaient tous , ricanant , se passant la victime de main en main , comme un fétu de paille .
Bâataarrde , bâttarrde bâttaaaaarrdeeeee !! Alouqua la bâtarde !! alouqua la fille de catin , alouqua la fille de brigand !! Alouqua la catin !!

Scandant leurs insultes , sans les interrompre , alliant la torture mentale à celle moins douloureuse , corporelle , tirant ses cheveux , claquant ses joues , piquant d'un bâton ses hanches , son ventre , pinçant ses oreilles , elle n'était plus que rage montante :

Arrêtez , arrêtez !! ma mère n'est pas une catin , mon père est noble ! un seigneur !! pas un brigand !! il reviendra me chercher !! c'est un seigneur !!

Ricanements et violence redoublés , le regard d'Alou embué de larmes et de colère , soudain provoquant chez elle une lueur rouge au fond des yeux , anéantissant toute possibilité de réflexion, rendue animale et furieuse , se jeta sur la première joue à portée de bouche et la mordît, la mordît sans desserrer la mâchoire , sentant le goût acre du sang sur sa langue , la chair se détachant et les hurlements se faisant stridents , alors qu'une main mâle et adulte l'empoignait maintenant par la tignasse pour l'écarter de la joue entaillée , emporta avec elle un lambeau de chair sanguinolent qu'elle recracha dans un cri rauque !

L'autre en face tomba , pleurant et couinant , alors qu'on la trainait chez elle , avant de la balancer contre sa mère :

Votre gosse est une furie ! faites la enfermer !!


De l'explication mensongère donnée par l'homme , elle n'entendît presque rien, réfugiée dans le giron de sa mère qui déplumait un coq, la visage enfoui dans son tablier emplumé, sanglotant en d'horribles hoquets , recouvrant presque le son de la porte claquant après la menace du bagne pour l'affamée en pleurs.
Le coq resta de longues heures moitié plumé, Alouqua collée au ventre de sa mère qui la berçait , caressant ses cheveux, ne demandant pas même d'explication, sachant la répétition des moqueries subies par sa fille.La bouche pleine de sang , le visage sale de larmes et de poussière , elle regardait sa mère , en silence , ne posant plus la question à laquelle la réponse demeurait invariablement la même : "qui est mon père?" - "ton père... est un seigneur ... voilà tout."
--Philomene_du_lys_noir



Village de Sainte Colombe à 7 km de Pontarlier puis château , 16 ans plus tôt de l'aube de ce jour d'été à la nuit du suivant .

Une taiseuse la Philomène , voilà ce qu'on disait d'elle , mystérieuse , solitaire , voire étrange selon certains qui aimait voir dans ce qui ne leur ressemblait pas une allégeance au malin ... Nombre fois elle avait essuyé des regards de désir des hommes , de haine des femmes , de méfiance des deux .
Pourtant , elle avait une amie , la plus bavarde et la plus légère du village de Sainte Colombe , qui parlait autant qu'elle se taisait , alliance hilarante que ces deux là , mais indesoudable , bâtie sur du marbre .
Ce n'était même pas l'aube quand son amie de toujours , Mariette , était venue taper à sa porte de son poing énergique .
Journée de festivités au château de Pontarlier , les deux jeunes filles y travailleraient tout le jour , et même une partie de la nuit , comme elles avaient coutume de faire pour quelques écus pour salaire , les pieds en charpie en pourboire , si l'on ne compte pas les mains au fesses des jeunes et moins jeunes nobles avinés en mal de chair fraîche .

Et ça babillait sur le chemin, 7 kilomètres , surtout Mariette qui en avait toujours à raconter , sur untel et ses coups bas , sur une telle et ses chaleurs , sur les embrassades de l'Arnaud ou du Gauvain, sur la froideur désespérante de Chilperic , sur la largeur du postérieur de la Ninon , sur .. sur... sur... ça n'en finissait pas de jacasser , et Philomène hochait la tête , se surprenait à rire parfois , ou à encourager vaguement son amie d'un : "haa? " ou d'un "hoooo!!! " si bien que la route se faisait finalement courte , et que l'humeur , si maussade elle était en se levant , devenait insouciante et claire comme cette aube estivale .

Matinée à préparer le festin du midi , un menu pantagruélique qu'elle gouterait par pincettes attrapées au passage , cuisine bruyante et suffocante , dédale de couloirs à parcourir avec des plats qui rendaient le bras gourd et tremblant , menaçant de s'affaisser et faire choir son fardeau , marquant à coup sûr son renvoi, sans salaire bien entendu . Mais elle avait l'habitude la Philo, de l'effort , du labeur , de la trime, et s'y adonnait sans rechigner , comme un peu absente de tout , dans son monde , monde pleine de verbes et d'écrits , monde plein d'histoires et de contes , observant la vie pour mieux la décrire , la déformer , la distordre selon son désir .

Philomène !!! t'as vu ce jeune baron et ses yeux noirs?? il ne te lâche pas du regard !! il doit avoir à peine plus que notre âge , mais le salopiaud sait reluquer une femme et ses atours , crois moi ! reste pas dans un couloir sombre si tu veux garder ton si cher honneur ! Dis donc !! tu fais dans le racé toi , celui là a l'allure d'un prince et le regard d'un prédateur , ma tourterelle , tu m'le prêteras dis ?


Effectivement , un regard d'une insistance plus que gênante , mais qui étrangement ne fixait ni son postérieur ni sa jeune poitrine haute et rebondie,, non, mais le visage au teint pâle , dessiné d'un pinceau si fin que quelques poils de soie devaient y suffire , encadré d'une chevelure aussi noire que celle du baron était blonde , épaisse et nattée, visage diaphane orné de deux saphirs pour yeux , quand ceux du baron étaient d'Onyx .
Trouble certain de la jeune fille sous l'insistance de ce regard qui ne faisait pas que la déshabiller , non, mais allait plus profond , la sondait , l'assaillait , la prenait d'assaut sans possible fuite , effectivement soudain devenue proie entre les serres de cet épervier .

La nuit bien avancée, le corps moulu , rompu, vidé , n'ayant plus de pensée autre que la répétition incessante d'allers et retours salle/ cuisine , servir et desservir , se faufiler entre les convives , ne pas prendre garde aux mains baladeuses, bruit de vaisselle assourdissant , chaleur des fourneaux rougissant les joues et faisant pleurer les yeux , mains craquelées de vaisselle , quotidien du servage perpétuel, elle s'apprêtait à prendre le chemin du retour ... mais Mariette manquait à l'appel, réclamée en service de nuit dont on taira la nature , elle devait donc rentrer seule dans la nuit .

Elle prît donc le chemin du retour , ignorant encore , plus pour très longtemps cependant , qu'elle était suivie...
Baronsengir
1443, en un village de Franche-Comté

Le Lyonnais, la Savoie, la Franche-Comté... Le nord, toujours vers le nord. Deux enfants? Non, plus vraiment. Des hommes, point tout à fait encore. Deux jouvenceaux sur les routes, quelques écus en poche, aucune envie de se fixer et de planifier le lendemain. Baron et Roland avaient quitté Embrun et sa région. L'un, enfant moins qu'unique d'une famille modeste, à qui il ne manquerait ni l'inverse. L'autre, seul enfant d'une lignée noble déchue, en conflit ouvert avec son père, déshérité et à la recherche d'aventure. Premières expériences... De menus larcins comme cette saucisse ou cette pomme dont le marchand ne verrait point l'absence comme préjudiciable. Les premiers rapports avec le vin et la bière, et les cuites associées. Les filles, enfin, surtout. Payée, pour chacun, la première. De jeunes garçons intimidés devant ces professionnelles guère plus asgées qu'eux. La confiance venant peu à peu au détour d'autres coureuses de rempart ou de fermières peu farouches. Quelques mois après le début de leur périple, ils n'étaient plus ces puceaux tremblants et hésitants.

Roland, lui, était insatiable. Leur départ de leur terre natale, cette lancée éperdue dans la vie, sur les routes, il en avait trouvé la raison d'estre. Et c'est chose qui se démontrerait pendant toutes les années que les compères passeraient ensemble. Baron était quelque peu plus réservé. Il adorait cela, mais il avait comme soif d'autre chose. Mais il était bien jeune encore. S'amuser d'abord, il verrait bien par la suite! Il n'était que trop heureux d'avoir quitté ce domaine Sengir froid et silencieux, ce père acariastre et n'ayant en teste que de redorer l'influence de la famille, de retrouver cette baronnie perdue dont il avait affublé son fils de prénom comme leitmotiv. Son propre prénom lui rappelait sans cesse la folie, l'obsession de son père. Il n'avait cure de tout cela! Se mettre à ramper auprès de la noblesse locale, entrer dans l'armée et y produire faits d'armes, se trouver une riche héritière... Foin, foin, foin! Il tenait de feue sa bien-aimée mère ce goust de liberté, de cet autre chose que l'on ne peut nommer mais que l'on désire atteindre à tout prix... Et le père du blond de l'enferrer dans cette prison morale et physique qu'était le manoir Sengir. C'en était trop. Violente altercation eut lieu, propos assassins échangés et un départ sans se retourner, avec un père maudissant le nom de son fils... Il n'en avait aucun regret. Que le vieillard pourrisse dans ses resves de gloire, il avait le monde à visiter!

Les villes et villages se succédaient. De festes en ribaudes, de fuites en errances. Et le hasard. Sainte Colombe. Des jours qu'ils s'y étaient arrestés. Et qu'ils n'avaient pas bougé depuis. Au grand dam de Roland, toujours prest à repartir vers de nouveaux horizons. Mais le blond avait ses propres intérests à rester. Et de la cervoise, de la servante nubile, il y en avait partout. Malgré tout, son ami se faisait insistant.


Ecoute, Pontarlier n'est pas loin. Tu peux t'y installer un moment, si c'est trop étroit pour toi ici. Je tiens à rester quelques temps encore.

Encore cette fille? Barooooon! Mais on peut avoir toutes les filles qu'on veut! On est jeunes, on est beaux, on peut leur faire miroiter la promesse d'un écu, c'est suffisant! J'en ai marre des filles de ferme... Viens avec moi à Pontarlier! Je suis sûr que les dames de la haute ne demandent que ça d'ouvrir les...

Paix! J'ai décidé de rester, je reste. Je te rejoindrai... une fois que j'aurai mis les choses au clair.
Va t'amuser et courir les Fräuleins. Il me plait de demeurer encore icelieu. Cette fille m'intrigue.

Bon, bon... Quand tu es buté, toi... Dépêche-toi de te la faire et rejoins-moi!


Un pseudo-combat plus tard, Roland prenait congé et partait au crépuscule pour la ville. Un regard circulaire dans la chambrine lui fit bien voir une incongruité.

Hinterteilöffnung! Je vais le tuer!

Dévalant l'escalier, il se dirigea vers l'écurie de l'auberge où Bucéphale maschonnait tranquillement son avoine. Et c'est un cheval frustré qui porta un blondinet à toute allure, en direction de Pontarlier. A mi-chemin et malgré la pénombre, il aperçut un cavalier aux allures familières. Après avoir agoni d'injures un Roland hilare, l'adolescent blond se calma.

Prendre ma bourse pour me forcer à t'accompagner, c'est bas, c'est très bas...

Ha ha ha! Au moins tu es là, c'est le principal! A nous les fesses blanches et menues!

Nein. Je t'accompagne et je rentre demain. Je veux la revoir. Et d'ailleurs j'ai laissé mes affaires là-bas par ta faute.

Bah, bah, toi et ton amoureuse...


Laissant son compagnon régler la note de l'auberge qu'ils avait choisi, le lyonnais d'origine germanique caressait le flanc de sa monture. Double ration pour lui, après l'interruption de son repas et la course effectuée. Pontarlier n'avait pas l'air trop mal, pleine de promesses. Mais une affaire l'attendait ailleurs. Il tourna une dernière fois la teste vers les passants avant de rentrer et... C'était elle. Oui, aucun doute possible. Ces cheveux de nuit, ce visage qui l'hypnotisait tant... Il ne savait pas pourquoi elle, ni ce qu'il ressentait en lui, mais dès qu'il l'avait vue pour la première fois, il n'avait pu détacher son regard. Et là, sans qu'il s'en rende compte, il lui avait emboisté le pas et se retrouvait à suivre sa silhouette dans la nuit noire, sur le chemin désert menant à son village.
_________________
--La_main_gantee


[Château de Pontarlier , 16ans plus tôt , dans la nuit de la Saint - Jean ]

Ripailles à n'en plus finir , panse éclatée , esprit aviné , abruti de ce bruit de vaisselle, de brouhaha incessant , des rires de ces dindes qui faisait office de convives , toutes plus gourdes les unes que les autres, à glousser sans cesse et cancaner immodérément , occupation favorite de cette engeance dégénérée , le corps tout aussi mou que la cervelle , l'âme inexistante ...le cœur aussi dur et froid qu'une pierre tombale.

Le vieux seigneur regardait cela d'une lassitude rarement égalée , laissant son oeil traîner sur les servantes , chairs plus fraiches et âmes plus dociles , proies faciles et revigorantes parfois , quand elles parvenaient à raviver ce qui était mort entre ses jambes depuis fort longtemps, rendant plus hargneux encore son caractère déjà tyrannique .

Et dire qu'il avait lui même fait venir ces gens dont il n'estimait à peine que quelques uns , dépensant une fortune annuelle pour ce bal au château, toute la noblesse du coin s'y goinfrant et s'y enivrant à ses frais , quand pas un ne lèverait un doigt pour le secourir si besoin, aussi peu apprécié qu'un animal nuisible, dont on sait la terreur qu'il peut faire régner mais aussi la richesse de ses coffres. Respecté donc , par principe et peur.

Sentant l'amertume l'envahir , il se leva , donnant l'ordre à son valet d'aller quérir la Mariette dont le tour de hanche avait légèrement fait vibrer son entrejambe , à moins que ce ne soit l’œil bleu outremer de son amie , mais depuis quand un regard faisait frétiller un baron?Chassant même l'idée il opta pour la hanche gironde de la blonde , et monta dans ses appartements, sans presque un mot , inutile et superflu, pour ses invités , y attendre la catin., saluant au passage son jeune baron de petit neveu , fils d'un cousin .
A peine eût elle franchi le seuil de la porte de sa chambrée , qu'il sût que son désir n’était nullement celui d'une potentielle copulation, mais un désir ancestral et bien plus intime , celui de posséder quelqu'un totalement , s'appropriant son dernier regard , sa dernière supplique , son dernier souffle ... aussi , toujours d’égal mutisme, s'empara -t- il de son cou , sa main toujours gantée cachant son âge , puisque l'âge vient en premier lieu par la peau des mains , gantée par noblesse et éducation, et par obsession permanente de la souillure, sa main donc , serra ce cou si gracile , alors que l’œil de Mariette témoignait de la compréhension de l’événement, sachant sa mort proche tant la poigne du patriarche ne laissait aucune chance à l'oiselle qu'elle était et l'empêchait de sortir tout son de sa gorge autre qu'un borborygme ridicule, , aussi se résigna - t elle bien vite , ses yeux le maudissant à jamais alors qu'il jouissait pauvrement dans ses braies , la privant de vie.

Le corps affaissé de la jeune fille , la tête posée sans élégance au sol, l’œil exorbité , la langue pendante , dénuée de dignité , elle ne l’intéressait plus . Pourtant son âme noire n’était pas rassasiée , et il lui fallait l'autre , mais d'une autre façon, cette fois ci,le jeune aux cheveux d’ébène et au regard azur, dont il avait cru entendre qu'elle se nommait Philomène , celle là...saurait lui redonner une pureté perdue depuis des décennies .

D'un geste habituel, il ordonna à son valet de se débarrasser du cadavre répugnant , avant de revêtir sa cape noire , encapuchonné , les bottes montantes prévues pour la chevauchée , et d'aller à l'écurie .
Quarante ans , mais encore si bien fait , si fort , montagne terrible , force de la nature , tout en lui était vigueur excepté.. son entrejambe .
Les femmes ne demandaient qu'à lui appartenir , tout aussi terrifiant qu'il soit ,la crainte attisant souvent le désir des oies et autres bestioles de basse cour.

Le chemin était désert, c’était parfait , la lune ne se montrait que peu au travers des nuages , mais son oeil distinguait la frêle silhouette dans le lointain , regard de chasseur , alors que son cheval trottait d'un pas doux , presque serein, jusqu'à la jeune vierge .

[Bonjour, image retirée car taille hors norme, cf règles d'or des arpenteurs. Bon jeu, Modo chef Judas.]

(pas de souci, désolée, image remplacée par une moins grande )
--Philomene_du_lys_noir


Chemin entre Pontarlier et Sainte- colombe , la nuit de la saint jean .


Ses jambes marchaient, son esprit trottait , la fatigue empêchant tout frein à son imaginaire débridé, elle se laissait aller ...

Pourquoi ces yeux là n'en finissait pas de la sonder ?
Automate, fixant l'horizon, elle avançait , l'aube pointant son nez timide et frais , salué par des milliers d'oiseaux toujours fidèle à cette déesse blanche , alors que son bâton martelait mollement le sol , comme une caresse , froufrou de son jupon dans l'herbe mouillée , une sorte de sourire un peu étrange aux lèvres , le regard perdu au loin.

La Philomène était connue pour n'avoir jamais laissé aucun homme l'approcher , a contrario de son amie , feu son amie dont elle ignorait à présent la mort , à moins que l'esprit de cette dernière ne rôde déjà autour d'elle comme pour l'avertir d'un danger imminent , aiguiser ses sens et tendre son corps suffisamment pour une révolte à venir , craquant branches ça et là, s'engouffrant dans les feuilles en une bourrasque , dénichant des oiseaux qui s’enfuyaient à tire d'ailes , affolés , rendant Philomène légèrement nerveuse , changeant son humeur amoureuse en prudence salvatrice .

Aussi, lorsque le trot se rapprocha , elle s'arrêta , tournant le visage vers la source du son, distinguant à contre jour une silhouette massive , mais en notifiant la noblesse , promesse non tenue d’éducation et de délicatesse , serrant son bâton dans sa main blanche , s’écarta du chemin, pensant innocemment que me cortège ne faisait que passer .

Mais il s'arrêta , à sa hauteur , et le sourire de l'homme , se sachant en force , alors qu’il descendait de sa monture , ne lui laissa plus aucun doute sur ses intentions , et elle ne lui laisse en aucun cas le temps de parfaire son forfait , et lui assena un violent coup sur la tempe , l'arme de bois volant à toute puissante de son bras frêle , mais néanmoins forci par le travail aux champs , criant sa rage de devoir se protéger ainsi , et de la mauvaiseté des hommes .

Le géant s'effondra , de toute sa superbe hauteur ,un filet de sang coulant de son crâne , l’œil fixe , sort rendu pareil à sa récente victime .. s'il n’était mort il ne pourrait plus nuire à personne , et la force de Philomène sans doute rendue plus énergique par le souffle de Mariette en colère l'avait poussé de toute sa vengeance , ainsi Philomène avait rendu sa dignité à son amie sans le savoir , écrasant cette blatte nuisible.

Un instant figée , elle regarda le spectacle , le bâton tombant au sol , alors qu'une autre silhouette s'approchait , le pas rapide , courant même , et qu'elle reconnu celui dont les yeux lui avaient donné tant de vertige.. Elle recula , prise de panique , avant de dire :


Il voulait...il voulait... c'est pas ma faute , c'est pas ma faute....

Elle s'apprêtait à courir le plus loin qu'elle pût , ce qu’elle aurait fait des heures s'il ne l'avait pas retenue .
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)