Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP-Flashback] La Flamme & le Pétrichor.

Edward.
      Chapitre I ~ L'arrivée.
      Octobre 1445 – Non loin de Paris.


    Enfin ! Enfin ils allaient atteindre la capitale du Royaume de France. Les voyageurs étaient épuisés, las d'un voyage mené tambour battant depuis Londres. Leur destination était proche mais le cavalier redoubla d'attention. Si leur périple s'était passé non sans mal, l'homme tenant les rennes savait qu'il ne devait pas échouer. L'échec lui était interdit à lui qui était censé protéger ce jeune garçon dont il ne savait rien. Sa mission était claire : Quitter l'Angleterre avec le garçon, se rendre à Paris, et le laisser aux soins des époux Marles-Paysac. Pourquoi une telle fuite ? On ne le lui avait pas précisé et il ne l'avait pas demandé, la somme offerte par les commanditaires de la mission suffisant amplement à endormir sa curiosité.

    Le gamin niché entre les bras du cavalier s'éveilla. Il allait vers ses sept ans et ne savait pas ce qu'il faisait là. Le vent s'immisça entre ses cheveux de jais tandis que son regard sombre coula sur l'horizon. Ses mains frottèrent ses yeux pour mieux apprécier les formes de la capitale française qu'il voyait au loin.
    Edward ne savait pas encore que c'était là qu'il devait vivre à présent. Qu'il ne pouvait retourner en Angleterre, qu'il ne pouvait revoir ses parents. Il ne voulait pas partir, et sur son visage s'affichait toujours une immense tristesse. Il venait de pleuvoir et ce qui le marqua surtout, outre ces nouveaux paysages, c'était le pétrichor, ou l'odeur de la terre après la pluie. Son cœur se serra encore plus. Cette odeur, c'était la même que celle qui émanait des pluies londoniennes. De toutes les pluies en fait, mais cette odeur, qu'il aimait tellement chez lui, ici l'écœurait.

    Le cavalier donna un coup sur le flanc du cheval et les voyageurs reprirent leur avancée. Le petit anglais ne voulait plus y penser, il voulait rentrer. Il ferma ses yeux espérant qu'au moment de les rouvrir il reverrait sa maison, en vain. Ne pouvant pas fuir, il referma ses yeux et laissa couler les larmes, silencieusement. Les Wyatt ne pleuraient pas, mais à présent, cela n'avait plus d'importance.

    Les minutes passèrent, les paysages aussi. Rapidement ils atteignirent les portes de la ville. Une fois entrés, les ruelles se succédèrent jusqu'à étourdir le gamin. Après avoir demandé son chemin à des passants, le cavalier s'arrêta devant une maison. Grande, petite, Edward n'arrivait pas à le savoir et s'en fichait. Il ne voulait surtout pas y aller. Cependant on ne lui laissa pas le choix, et l'homme qui l'accompagnait le fit descendre du cheval en le surveillant d'un œil vif. Derrière la fenêtre, des gens s'activaient et quand la porte s'ouvrit, on les invita à entrer. Le cavalier et les gens s'exprimèrent dans une langue que ne comprenait pas le petit garçon, alors il se contenta de regarder les lieux. C'était beau, mais ça ne l'était pas autant que chez lui.

    On lui parla, on lui sourit. Mais son expression resta définitivement triste, d'autant plus qu'il n'entendait rien à ce qu'on lui disait. Lorsque le cavalier finit par se diriger vers la porte, Edward courut vers lui, le suppliant de le ramener auprès de ses parents en s'agrippant à lui. Là encore, en vain. On le laissa là, l'abandonnant à son triste sort, sans presque un mot, dans le vide le plus total. Ses affaires étaient posées sur une table et un domestique vint les prendre pour les emmener ailleurs, mais le petit anglais s'y refusait. Malgré le désaccord de son époux, Gustave, Marie Marles-Paysac lui permit de récupérer un objet de son choix dans ses affaires avant que le domestique ne s'en aille avec. Edward n'avait pas grand chose, quelques vêtements, un petit cheval taillé dans une pièce de bois et enfin, un croquis représentant le blason de sa famille avec son symbole tout particulier : le feu. Le dessin pris, tout le reste de ses affaires disparut et l'enfant resta seul dans la pièce avec ses nouveaux parents.

    Marie Marles-Paysac était une femme frêle aux cheveux blonds comme délavés. Elle semblait porter beaucoup d'affection pour son mari et respirait l'intelligence, quoi qu'elle s'effaçait aisément face à son époux. Gustave Marles-Paysac était quant à lui un homme à la carrure massive et à la barbe fournie. Sur son front les rides se creusaient et son regard laissait transparaitre un caractère intransigeant. Les Marles-Paysac étaient drapiers et avaient une clientèle plutôt fidèle. Si leur situation financière était loin d'être mauvaise, les affaires tendaient à devenir moins bonnes sans pour autant être inquiétantes, pour le moment.
    Tous deux tâchèrent d'engager la conversation avec Edward mais ce dernier restait muet. Il ne pouvait rien dire car ils n'auraient rien compris et même s'il le pouvait, il n'aurait rien à leur raconter. Après quelques tentatives, toujours sans réponses, les époux en conclurent que l'enfant était trop fatigué pour leur parler. Marie l'accompagna alors dans ce qui allait être sa chambre et le prépara pour aller dormir. Quand il fut seul, blotti entre ses draps, il posa ses yeux noirs sur la fenêtre et se mit à espérer que cela n'allait pas durer et que bientôt, lui la petite Flamme caractérielle de la famille Wyatt, allait rentrer chez lui...

_________________
Edward.
      Chapitre II ~ L'étincelle.
      Aout 1446


    Les mois passèrent et Edward n'avait pas quitté la maison des Marles-Paysac. Cependant il avait enfin compris qu'il n'était pas près de retrouver Londres et les siens. Tout de son ancienne vie avait été effacé par les époux Marles-Paysac qui prenaient soin d'interdire au petit garçon de s'exprimer en anglais, contraignant ce dernier à l'adaptation.
    Il lui avait fallu un bon mois avant de commencer à s'adresser à Gustave & Marie. Un mois durant lequel il restait dans son coin, à regarder par la fenêtre dans l'attente du retour du cavalier qui l'avait conduit ici. La gentillesse et l'obstination de Marie Marles-Paysac avaient finalement payé. Les premiers mots avaient été prononcés en anglais à la grande déception des époux qui avaient espéré qu'en un mois de silence il avait retenu des mots français. S'en suivirent des leçons intensives de français donnés par Marie et, contre toute attente, cela intéressait Edward, même s'il gardait encore un fort accent anglais.

    Fin aout, il arrivait à peu près à s'exprimer correctement, pour le plus grand ravissement des Marles-Paysac. L'accent s'estompait peu à peu et les progrès rapides du petit garçon qui allait sur ses huit années laissaient présager le meilleur pour l'avenir. Ou à peu près.
    Car s'il s'était décidé à s'exprimer au sein de la maison « familiale », à l'extérieur il n'en allait pas de même. Edward ne parlait avec personne d'autres que Marie et Gustave et ne semblait pas disposé à le faire. Il avait déjà fait l'effort de s'adapter un peu, il était hors de question d'en faire plus.

    Seulement le jeu du hasard en avait décidé autrement. Quand Edward n'était pas penché sur ses listes de mots français à apprendre, il restait assis sur la marche de la maison bourgeoise et regardait la rue. C'était une rue vivante, où passaient beaucoup de gens qui étaient pour la plupart du même rang que les Marles-Paysac. Les maisons étaient jolies, sans plus. Ça n'avait pas beaucoup de charme selon lui et quand il pleuvait la vie semblait soudainement arrêtée.
    Le petit Wyatt avait retenu que la maison à droite de la sienne était celle des Guichert tandis que celle de gauche était celle des Filiano. Puis un jour il se rendit compte de l'existence des maisons d'en face. Edward les avait toujours ignorées, jusqu'à cet après midi d'août où il fit une rencontre toute particulière.

    Le petit brun était donc assis sur les marches, la tête baissée vers le sol. Ses cheveux noirs retombaient sur ses yeux et dissimulaient la tristesse qui en émanaient. C'était un de ces jours où la nostalgie de son pays natal s'emparait de lui et le minait de l'intérieur. Quand il était comme ça, on ne pouvait rien faire et même la volonté de Marie n'y changeait pas grand chose.
    Soudain une voix s'adressa à lui, une voix qui lui était absolument inconnue, enfantine. Surpris, il leva un peu les yeux et vit que quelqu'un était juste devant lui. Dégageant les mèches qui barraient son front et ses yeux, il vit une fille, rousse, aux cheveux finement ondulés. Sa peau était pâle et constellée de petites tâches de rousseurs mettant en valeur ses yeux bleus. Son sourire achevaient d'illuminer ce visage si doux, si pur. Elle avait de toute évidence son âge et tenait en ses bras une branche probablement récupérée sous les arbres au bout de la rue. Cette branche était en fait un cadeau qui lui était adressé pour le consoler, lui qui avait l'air si triste. Hébété, il prit le présent sans trop comprendre avant que la mystérieuse rouquine ne se présente.

    Elle s'appelait Anne-Marguerite, et elle allait révolutionner son existence.

_________________
Edward.
      Chapitre III ~ Les lames.
      Décembre 1447


    Cela faisait deux ans et deux mois environ qu'Edward était arrivé en France. Ce 2 décembre était un jour particulier, le jour de son anniversaire. Encore un qu'il allait fêter en France, encore un qu'il allait fêter sans les siens.
    Dehors la grisaille perdurait depuis deux jours. Quand il pleuvait, Marie Marles-Paysac lui interdisait de quitter la maison. Il n'avait même pas le droit de jouer dans la petite cour derrière leur demeure. Les maladies s'attrapaient avec tant de facilité qu'elle ne voulait prendre aucun risque. Elle était comme ça Marie, elle savait être juste dans l'éducation qu'elle donnait au petit Wyatt, mais ne pouvait s'empêcher de le chouchouter, même trop au goût de Gustave et parfois d'Edward lui même. Les jours de pluies étaient donc des jours d'ennuis où il passait le plus clair de son temps les yeux rivés sur des leçons de français (dont il n'avait presque plus besoin) ou sur la maison d'en face, celle d'Anne Marguerite.

    Ils étaient devenus amis après avoir pris l'habitude de jouer ensemble dès qu'ils le pouvaient. Le quartier était leur terrain de jeu. Mais comme partout, les rues n'étaient pas sures, même dans les coins les plus bourgeois. Des voleurs passaient par là parfois, prêts à s'attaquer à des personnes plus riches qu'en d'autres lieux de Paris, mais aussi des adolescents livrés à eux-mêmes qui venaient de temps en temps chaparder de la viande chez les bouchers qui étaient légion dans les environs. Aussi, lorsque, pour le plus grand étonnement d'Edward, Gustave Marles-Paysac vint auprès de lui pour lui demander ce qu'il désirait pour la célébration de son neuvième anniversaire, le petit brun aux yeux perçants répondit


    « - Apprendre à me battre. »

    Quatre mots et une volonté toute affichée. A cet instant Gustave regretta d'avoir demandé l'avis d'Ed sur ce qu'il souhaitait, mais il était homme de parole et accepta, même si une espèce d'hésitation ponctua sa réponse. Apprendre à manier des armes pour un enfant de neuf ans était selon lui dangereux et il n'imaginait pas la réaction qu'aurait son épouse en l'apprenant. En regardant Edward il vit qu'il était plutôt grand pour son âge, ce qui pouvait être un atout et lui donner de la force, du moins tenta-t-il de s'en convaincre, avant de tourner les talons et partir à la recherche de quelqu'un qui pourrait lui enseigner le maniement des armes.

    De son côté, Ed était ravi. Il allait enfin pouvoir se défendre tout seul, et par la même occasion défendre Anne-Marguerite si l'occasion se présentait. Et peut être que plus tard il pourrait devenir chevalier ! Il se perdait déjà dans ses rêves, des rêves que tous les gamins de son âge faisaient mais que certains n'avaient même pas les moyens de juste toucher du doigt. Lui il le pouvait parce que dans son malheur il était tombé sur la bonne famille et Edward savait qu'il n'avait pas le droit de les décevoir.

    Le lendemain il pleuvait encore, mais rendez vous était pris avec un homme qui savait se battre et qui pouvait lui enseigner les bases de l'art du combat. Marie était plongée dans un état de folle inquiétude, comme prévu, et maudissait son époux d'avoir accédé à la requête du jeune entêté. D'ailleurs ce dernier se portait merveilleusement bien jusqu'au moment où il vit qu'il s'entrainerait avec une lame courte et absolument émoussée. « C'est tout ? » avait-il envie de s'exclamer, cependant il n'en eut pas le temps car la leçon avait déjà commencé. Des conseils portant sur la tenue de l'arme, sur la position la plus adéquate, sur la façon de se déplacer...pour la première leçon tout était théorique ce qui n'eut d'autres résultats que de décevoir l'exigeant petit anglais. Une déception de courte durée car les entrainements s'enchainèrent et rapidement il atteignit un niveau plutôt bon pour son âge.

    En fin de compte, il collectionnait les bleus et était à chaque fois plus fier de montrer les parades qu'il avait retenues à Anne-Marguerite, sa seule amie, avant de parfois s'octroyer le privilège de les tester sur ceux qui avaient la fâcheuse tendance à le mépriser, lui, « le garçon venu d'un autre pays ».

_________________
Edward.
      Chapitre IV ~ L'autre.
      Mars 1448


    C'était un jour comme un autre. Un jour où Edward avait un peu étudié aux côtés de Marie, un jour où il s'amusait avec la petite Anne-Marguerite, et un jour où il s'était battu.

    Quand Edward était arrivé en France, il s'était muré dans le silence avant de peu à peu s'ouvrir à sa famille adoptive, voire même trouver une amie. Mais cela s'arrêtait là. Car s'il avait su s'adapter du mieux qu'il pouvait, son nom trahissait le fait qu'il n'était pas du coin. Le voisinage voyait d'un mauvais œil l'accueil de ce petit étranger dont on ne savait rien, d'autant plus que les époux Marles-Paysac se gardaient bien de s'étendre sur le sujet. D'autres ne comprenaient pas la vigueur avec laquelle Marie Marles-Paysac s'investissait dans l'éducation de cet enfant qui n'était ni français, ni en mesure de la mériter de par son rang. La famille bourgeoise savait que les sourires de ses voisins n'étaient qu'une simple marque de politesse et qu'au sein de leur discussions on n'hésitait pas à désapprouver son action. Qui sait ce que pouvait apporter comme malheur cet enfant venu d'on ne sait où pour on ne sait quelle raison ?

    Du côté des enfants, la méfiance existait tout autant mais s'exprimait avec beaucoup plus de virulence. Les regards suspicieux, les rires, les insultes, rien n'était épargné au pauvre Edward qui n'avait rien demandé. Seulement quand certains osaient s'attaquer à lui, qu'ils soient un peu plus âgés ou non, la probabilité pour que cela ne se termine en bagarre était très haute. Le jeune Wyatt n'était pas d'une nature calme, chaque mot de travers pouvait provoquer sa colère et à partir de ce moment là, les chiens étaient lâchés.

    C'était donc un jour de printemps habituel, où Edward et Anne-Marguerite s'étaient donnés rendez-vous pour jouer. Avant de décider ce qu'ils allaient faire, ils faisaient souvent le tour du quartier en se promenant. Si Edward appréciait cela auparavant, il le supportait beaucoup moins car les réflexions des autres enfants fusaient sur son passage. Il était "l'Anglois", "l'espion", "l'abandonné", "l'espèce d'étranger qui n'avait rien à faire là" tandis qu'Anne-Marguerite était la "traitresse", celle qui "pactisait avec l'ennemi" et qui "ferait mieux d'aller au bûcher avec une couleur de cheveux et une trahison pareilles". Quelques fois Ed s'en retournait pour se battre avec eux, mais jamais rien de très violent tandis qu'en général il tentait d'ignorer les remarques en continuant son chemin, même s'il les entendait très bien. Mais ce jour là, quand ce garçon, qu'il avait déjà croisé à plusieurs reprises, affirma d'une voix haute et méprisante...


    « - J'suis sur t'es un bâtard. Les anglaises c'est qu'des catins qu'il dit mon père ! »

    Son sang ne fit qu'un tour et sans plus tarder il courut en direction de l'indélicat pour lui faire comprendre sa façon de penser en lui collant son poing dans la figure. Un bruit sourd, violent, et le garçon tomba à la renverse, se tenant le nez probablement déjà cassé. Mais ça ne suffisait pas à Edward qui continuait de cogner, encore et encore. Il lui faisait payer chaque mot, chaque regard méprisant, chaque suspicion à son encontre, tout ce qu'il avait expressément ignoré jusqu'à présent pour ne pas craquer. Et maintenant celui qui l'avait copieusement insulté était en train de pleurer, de le supplier d'arrêter. Arrêter ? Pourquoi faire ? La haine est vorace à presque dix ans. Elle vous poignarde le cœur et ne sait pas se terminer. Il sait que c'est mal, qu'il peut le tuer en continuant comme ça, c'est ce qu'on lui a appris lorsqu'il a voulu savoir combattre, il le sait parfaitement. Mais il aimerait tellement qu'il se taise, qu'il ne dise plus rien, plus jamais, qu'il paye pour ce qu'il a fait et même ce qu'il n'a pas fait, soyons fous.

    Mais une voix s'interposa. Elle était comme du velours dans cet amas de violence. Anne-Marguerite. Dans sa furie, il l'avait oubliée. D'un coup, il se releva et regarda celui qui avait essuyé le choc de ses poings. Son visage était rouge, son nez en sang. Edward n'ajouta pas un mot, pensant que son message avait été clair. Puis il regarda Anne-Marguerite et partit en courant dans une rue un peu plus loin.

    Quant il fut seul, le jeune Wyatt s'effondra sur une marche et tint sa tête entre ses mains. Il était comme perdu. Il essayait de se rassurer, de penser à ceux qu'il avait connu avant d'arriver en France, à ses parents, sa famille. Mais tout était vide. Il les avait oubliés. Combien avait-il de frères et de sœurs ? Il ne le savait plus. Comment s'appelaient ses parents ? Il n'en avait aucune idée. Ce n'était pas la haine contre celui qui l'avait insulté qui l'avait poussé à agir, mais bien la haine qu'il avait contre lui-même, la colère due au fait de ne plus se souvenir, d'avoir tout oublié. Il se sentait plus seul que jamais. Plus de famille anglaise, pas une vraie famille française, pas d'amis ou presque. Anne-Marguerite était à quelques mètres de lui, mais l'amertume le consumait si fort qu'il n'y prit pas garde et décida de rentrer chez lui, sans lui adresser la parole, trop honteux, trop malheureux.

_________________
Edward.
      Chapitre V ~ La demoiselle aux cheveux roux.
      1er Décembre 1449


    Cela allait faire quatre ans qu'Edward était en France. Il parlait parfaitement le français, s'était fait une place au sein de la maisonnée des Marles-Paysac et avait une amie. Il lui arrivait encore de se battre, mais beaucoup moins depuis la fois où il avait brisé le nez d'un gamin du quartier. Gustave Marles-Paysac lui avait passé le savon du siècle si bien qu'il ne fut pas tenté de recommencer. En tous cas pas jusqu'à autant blesser quelqu'un.

    Cela faisait trois ans qu'Edward avait rencontré Anne-Marguerite. Trois ans d'une solide amitié qui n'avait souffert d'aucune ombre. Les Bonnevin-Pimpois, les parents de la jeune rouquine, n'aimaient guère le jeune garçon mais cela leur importait peu. Tout le monde les voyait trainer dans le quartier, jouer et grandir. Le lendemain il allait avoir onze ans et allait encore plus se rapprocher de l'adolescence. En trois ans ils avaient appris à se connaître, à connaître le caractère de l'un et de l'autre, à savoir comme chacun allait réagir. Il n'avait pas d'autres amis et elle non plus. Ils avaient pris leurs petites habitudes, dont celle de traduire le prénom de l'autre quand celui ci était de mauvaise humeur. Ainsi Edward se faisait appeler Édouard avec un accent tout ce qu'il y avait de plus français, ce qui avait le don de l'agacer dans la mesure où même les Marles-Paysac l'appelaient de cette façon. Mais il n'était pas en reste et Anne-Marguerite devenait Ann-Margareth car si le brun ne savait plus parler anglais, il savait toujours traduire les prénoms, non sans malice.

    Tous deux étaient là, assis sur les marches de la maison des Marles-Paysac, en train de chercher ce qu'ils pourraient bien faire. A bientôt onze ans on ne joue plus à cache-cache, ni au prince et à la princesse. A vrai dire, les jeux se raréfiaient à cet âge, il fallait bien grandir. Alors ils se décidèrent à passer le temps en se posant des questions dont bien souvent ils connaissaient déjà les réponses du genre « Quelle est ta couleur préférée ? » ou encore « Ton mot favoris ? » et quand Anne-Marguerite finit par demander « Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? », Edward se releva d'un bond et la fixa droit dans les yeux.


    « - Je serai roy. »

    « Et tu seras reine » aurait-il pu ajouter. Sa voix était sure, parlant avec un ton de défi. C'était le genre de souhait qu'avaient les enfants de leur âge, tout en sachant que cela n'avait aucune chance de se produire. C'était plus une plaisanterie qu'un véritable désir d'avenir. Mais il la prenait tout de même à témoin, juste par fierté. Avant d'être plus modeste.

    « - Je ne sais pas. En tous cas tu n'as pas le droit de me laisser tomber. Et inversement. »

    Déjà autoritaire l'Edward, mais c'était son tempérament. Il avait dit cela d'un coup, ne laissant pas à Anne-Marguerite le temps de protester si elle l'avait voulu. Mais elle n'aurait pas souhaité le faire, il le savait. Elle était intelligente et avait très bien compris que sous cette formulation qui tenait plus de l'ordre qu'autre chose, se cachait une promesse d'amitié éternelle. Le genre de promesse que personne ne tient malgré toute la volonté de ceux qui la font. Mais à onze ans on n'a aucun doute là dessus et la jeune rouquine lui promit à son tour « de ne pas le laisser tomber ». Jamais. Tous deux le voulaient fortement, car il leur était à présent inconcevable d'imaginer le futur l'un sans l'autre. Ce n'était pas tout à fait de l'amour, mais l'expression de la naïveté de deux gamins qui s'étaient enfermés dans un monde à part où eux seuls pouvaient déterminer le chemin que prendraient leurs vies.

    Hélas pour eux, le monde n'avait pas été parfait, ne l'était pas, et n'allait pas l'être parce qu'ils l'avaient décidé.

_________________
Edward.
      Chapitre VI ~ La Perte.
      Avril 1450


    Il avait suffit de deux mots pour mettre fin à cette période de bonheur toute relative . Deux mots qui avaient glacé d'effroi celui qui les avait entendus. Deux mots qui allaient changer beaucoup de choses.

    L'agitation semblait gagner la maison des Bonnevin-Pimpois tandis que le printemps s'installait sur le Royaume de France. Une agitation qui avait tenue Anne-Marguerite écartée d'Edward des jours durant. Au début ça ne l'inquiétait guère dans la mesure où il leur arrivait de ne pas se voir plusieurs jours à la suite. Quand cela se produisait, il se concentrait sur ses modestes études dispensées par Marie Marles-Paysac.
    Parfois, Edward observait tout de même la demeure des Bonnevin-Pimpois depuis la fenêtre et il avait noté les nombreuses sorties des parents d'Anne-Marguerite et les nombreuses visites qu'on leur faisait. Toute cette agitation avait fini par l'intriguer et il se demandait bien ce qui pouvait se passer.

    Les jours défilèrent encore et il n'avait toujours pas de nouvelles de la rouquine. Pas la vue d'une tâche de rousseur, pas la vue du moindre bout de parchemin disant « bonjour » ou quelque chose de cet acabit. Non, rien. Ed qui n'était pourtant pas du genre inquiet ne put s'empêcher de demander aux Marles-Paysac s'ils savaient quelque chose, mais ils n'en savaient pas plus que lui. Jusqu'au jour où il obtint la réponse de la bouche même d'Anne-Marguerite.


    « - Nous partons. »

    Deux mots qui avaient fait l'effet d'un coup de massue. Deux mots qui étaient plus douloureux à entendre que toutes les insultes qu'on avait pu lui faire. Deux mots qui laissèrent place à la stupeur sur ce visage pourtant si confiant. Face à son incompréhension elle lui expliqua que sa mère était malade et qu'il était préférable pour elle d'habiter en campagne. Ils partaient donc, et n'allaient pas revenir.

    Tous deux étaient désemparés. Ils ne voulaient pas de cette séparation qui leur était imposée. L'un et l'autre allait se retrouver seul dans son coin, et il était peu probable qu'ils ne se lient d'amitié chacun de leur côté par la suite. Cependant, la vie de sa mère ne pouvait être risquée et ils ne pouvaient que se résigner.
    Le départ des Bonnevin-Pimpois était prévu pour le lendemain, à l'aube, et pour une destination que même la rousse ne connaissait pas. C'était non seulement une séparation, mais la dernière fois qu'ils se voyaient. Dans la tête d'Edward les mots s'entrechoquaient mais il prenait soin de ne pas le montrer à son amie. Il était triste et cela se voyait, pourtant il se gardait d'en dire plus. Il avait perdu sa famille et il allait perdre son amie, et même plus. C'était terriblement dur à supporter, encore plus à cacher, saleté de fierté. Les yeux noirs d'Edward parcouraient le visage d'Anne-Marguerite, une dernière fois.

    Quand fut venue l'heure pour la jeune fille de retrouver les siens avant le grand départ, tous deux se prirent dans les bras et restèrent ainsi étreints une minute, peut être deux. C'était le moment des derniers mots, des derniers échanges, des derniers souhaits. Il lui rappela leur promesse. Qu'importe les lieues qui les séparaient, ils devaient la tenir.

    Puis elle repartit chez elle, le cœur gros. Restant debout devant chez lui, il la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle passe la porte et qu'il ne la voit plus. Alors il se retourna et avant de passer la porte de sa maison, il regarda le ciel. Il allait pleuvoir.

_________________
Edward.
      Chapitre VII ~ L'espoir.
      1er Janvier 1451


    Il avait fêté son douzième anniversaire en silence. Ce silence dans lequel il s'était plus ou moins muré après le départ d'Anne-Marguerite. A partir d'avril 1450 et du départ des Bonnevin-Pimpois donc, Edward ne sortait presque plus. Il n'avait plus personne à qui rendre visite, plus personne avec qui passer du temps, plus personne à taquiner comme il le faisait si souvent. Tout avait changé, ou du moins tout était redevenu comme avant. Le jeune garçon avait subitement cessé l'apprentissage des techniques de combat et se contentait d'aider ses parents adoptifs dans leurs tâches.

    C'était tout ce qu'il avait trouvé pour oublier sa déception. Car si elle était partie, il avait espéré avoir au moins de ses nouvelles rapidement, en vain. Les semaines passèrent et aucune missive ne lui parvint ce qui ne fit qu'accroitre son envie de rester cloitré entre quatre murs à faire autre chose. Ed ne voulait pas se faire d'amis, il ne le voulait plus. A quoi bon si c'était pour qu'ils partent ? Il lui était, de plus, hors de question de lier de nouvelles amitiés car il aurait vu ça comme une manière de tenter de remplacer Anne-Marguerite, ce qu'il trouvait déplacé.
    Voyant qu'il ne recevait toujours rien, le jeune Wyatt se mit à imaginer les diverses raisons qui aurait pu conduire Anne-Marguerite à ne pas donner de nouvelles. La première était qu'ils étaient toujours en voyage et qu'elle n'avait pas le temps ou la possibilité d'écrire. Hypothèse crédible selon lui même s'il la trouvait étrange. La seconde hypothèse était que la mère de sa rousse amie n'avait pas survécu au voyage et que le chagrin l'empêchait de faire quoi que ce soit. Cependant cette hypothèse ne lui plaisait pas car trop pessimiste, même si elle ne rivalisait en rien niveau pessimisme avec la dernière qu'il avait émise : que tous soient tombés dans une embuscade lors de leur voyage et qu'ils y aient tous perdu la vie. Mais cela, il n'osait l'imaginer sérieusement sans que son cœur ne soit glacé d'effroi.

    Décembre était donc arrivé rapidement sans que rien ne se passe de particulier pour lui. Son anniversaire avait été morne et avait ressemblé à un jour d'hiver comme un autre. La mélancolie le gagnait. Quand il pensait à Anne-Marguerite, et ce n'était pas rare, il pensait à sa famille, ou l'imaginait. Ed ne pouvait que l'imaginer maintenant qu'il avait tout oublié, ou presque. Ses rares souvenirs étaient couchés sur ce parchemin où était dessiné les armes des Wyatt. Elles lui redonnaient courage.

    Alors quand 1451 arriva, Edward prit l'initiative d'écrire des lettres. Deux plus exactement. Une pour Anne-Marguerite qu'il recopierait plusieurs fois pour avoir plus de chances d'être lues par la rousse et une destinée à sa famille, là aussi recopiée plusieurs fois. Le seul soucis avec cette dernière, c'est qu'il ne pouvait pas l'écrire en anglais, ayant perdu usage de cette langue à force de ne s'exprimer qu'en français. Mais il tenta quand même le coup.


    Citation:
    D'Edward Wyatt,
    A mon indispensable amie, Anne-Marguerite de Bonnevin-Pimpois,

    Bonjour,

    Aujourd'hui c'est le premier jour d'une nouvelle année. C'était le premier jour de ta vie il y a douze ans de cela, ce qui mérite des félicitations. Même si je regrette d'avoir à te les faire par le biais d'une lettre. J'espère d'ailleurs que tu pourras la lire, cette lettre. Je ne sais où l'envoyer alors je l'envoie partout, car tu es partout et nulle part à la fois. Quelque part loin de Paris, loin de moi, mais quelque part où tu es heureuse j'espère.

    Ici rien n'a changé depuis ton départ. Ta maison est toujours vide, quoi que des gens semblent intéressés pour l'acquérir. Mais ils seront forcément moins intéressants que toi.

    J'espère que tes parents se portent bien, surtout ta mère. Où êtes vous ? J'aimerais pouvoir te réécrire à l'avenir, le temps me semblera moins long comme ça. A la maison Gustave s'énerve facilement en ce moment et Marie a l'air plus inquiète que d'habitude. Je me demande ce qui se passe.

    Je dois te laisser (oui déjà). Je dois faire court car je n'ai plus beaucoup de parchemin or je compte envoyer cette lettre en plusieurs exemplaires. Tout ça pour te retrouver, tu te rends compte, Ann-Margareth ?

    Ed.


    La lettre d'Anne-Marguerite avait été simple à écrire. Tout lui vint rapidement et il lui fut ainsi aisé de rédiger la missive sans brouillon. Ce qui ne fut pas le cas de la lettre destinée aux Wyatt. Il n'arrivait pas à tourner ses phrases et bien souvent ses essais finissaient chiffonnés, loin de la petite table où il écrivait. Il y passa des heures, des heures à chercher une quelconque façon de leur écrire, de leur faire comprendre qu'il était vivant, qu'il n'avait plus à le chercher si un jour ils avaient souhaité le faire, qu'il voulait savoir pourquoi on l'avait tenu ainsi écarté de l'Angleterre durant des années...
    Il allait y arriver lorsque Gustave lut au dessus de son épaule, curieux, mais surtout préoccupé par tous les parchemins jetés par Ed. Quand il comprit le projet de son fils adoptif, le père Marles-Paysac rugit et ordonna au brun de cesser de suite. Ce dernier protesta longuement mais devant la virulence du refus de Gustave, il abandonna en grognant. On lui cachait quelque chose et détestait cela, mais il savait que l'homme à la stature massive ne s'énervait pas sans raison, s'opposer plus n'aurait donc servi à rien, si ce n'est enrager Gustave un peu plus.

    Alors il se contenta d'envoyer ses lettres adressées à Anne-Marguerite, et ce dans toutes les directions possibles. Edward plaçait beaucoup d'espoir dans ce geste et espérait obtenir une réponse, même toute petite. Ne serait-ce que pour remonter un moral qui ne cessait de se dégrader...

_________________





Edward.
      Chapitre VIII ~ L'entêté.
      Fin Décembre 1452


    Une nouvelle année s'était écoulée et à l'image de la précédente elle n'avait pas été brillante pour la jeune Flamme. Ses missives étaient restées sans réponses et les mois passant, il se convainquit qu'il n'en aurait désormais pas. Dès lors, prononcer le nom d'Anne-Marguerite était comme interdit par un accord tacite avec les Marles-Paysac.
    L'année 1452 marqua le passage d'Edward à la majorité. Une étape dans sa vie qui n'avait guère d'importance d'après lui dans la mesure où il était plus mature que les garçons de son âge qui pouvaient vivre dans les environs. Alors majeur ou non...

    Un soir, il surprit ses parents adoptifs dans une discussion qu'il n'aurait jamais imaginé entendre, du moins si tôt. Mariage. Ils parlaient mariage. Les sourcils de l'adolescent se froncèrent, mélange d'incompréhension et de colère. Gustave Marles-Paysac souhaitait lui trouver une épouse. En l'entendant parler, Edward voulait faire irruption dans la conversation et hurler qu'il n'en était pas question. Pour lui c'était une nouvelle injustice, un nouveau poing qui venait se loger au creux de son estomac pour le faire chuter encore une fois. Cependant, il se retint, souhaitant en apprendre un peu plus sur le projet du chef de la famille. Les mots percutèrent les uns après les autres. Les Marles-Paysac voyaient leur richesse fondre comme neige au soleil et Edward ayant atteint l'âge de majorité, Gustave jugeait que le moment était venu de lui trouver une épouse. Plus tard il serait trop tard, plus tard il n'y aurait plus d'argent pour subvenir à un jeune foyer. Marie en revanche ne semblait pas partager cette vision. Son visage était accablé, tiraillé entre la réalité et son affection pour Ed. Elle avait été mariée jeune, très jeune, et savait ce que cela faisait. Si elle ne rejetait pas en bloc les mariages précoces, elle ne les approuvait pas quand les jeunes époux n'étaient de toute évidence pas prêts à cela. Edward ne l'était pas. Comment pouvait-il l'être alors qu'il ne côtoyait plus personne ? Et comment pouvaient-ils lui faire prendre épouse alors qu'ils ne sont pas ses vrais parents ? Comment pouvaient-ils prendre cette décision à la place de ceux qui ont placé leur confiance en eux ? C'était impossible.

    Edward en arriva à la même conclusion. Appuyé contre le mur qui le cachait de Gustave et Marie, il ressassait les paroles prononcées. Il était un boulet pour eux. Comme il comprenait les raisons de Gustave à présent ! Comme il approuvait les paroles de Marie ! La tête renversée en arrière, il réfléchissait aux solutions qui leur étaient possibles. Une seule vint à l'esprit d'Edward : partir. Et la destination était toute trouvée.
    Quand il se présenta à eux, et leur fit part de cela, la réponse ne tarda pas à fuser.


    « - Non ! »

    Mais si, lors des derniers refus de Gustave, Edward avait pris sur lui et n'avait pas insisté, il n'en était pas de même ce soir là.

    « - Ce n'était pas une suggestion. Je pars, je retourne en Angleterre. »

    Ses yeux étaient plantés dans ceux de Gustave. Un défi, une volonté, une franchise. Un instant, il crut voir sur son visage l'esquisse d'une réponse favorable. Avant de voir qu'il n'en était rien.

    « - Non. Non. Et encore non. Trop dangereux. Il est hors de question qu'on te laisse aller là-bas seul. Hors de question que tu quittes Paris. Tu entends ? »
    « - Il me semble pourtant que vous n'avez pas le choix. Je ne veux pas être une charge, laissez moi m'en aller et la question ne se posera plus. Si j'ai l'âge de me marier, j'ai l'âge de partir. »


    Si seulement tout était aussi simple. Durant de longues minutes ils s'affrontèrent ainsi devant une Marie dont le visage se décomposait toujours un peu plus. La voix de Gustave haussait d'un ton supérieur à chaque fois qu'Edward prononçait le mot « Angleterre ». Il semblait en avoir peur, il semblait se méfier, comme si l'Angleterre était source de danger pour le jeune Wyatt, comme si derrière le rêve de l'adolescent se cachait une terrible réalité. Les yeux du Marles-Paysac le trahissaient et semèrent le trouble dans l'esprit d'Edward. Malgré cela, ce dernier ne supportait pas l'opposition que lui faisait Gustave et quitta les lieux de manière précipitée avant de sortir faire un tour dehors, malgré la pluie qui tombait sans discontinuer.
    A l'intérieur le silence était violemment tombé, comme un voile, sévère. Autour de la table Marie et Gustave se regardaient d'un air désolé, plus inquiets qu'en colère contre l'entêtement d'Edward.

    Des jours durant, le silence plana dans la demeure, puis les choses redevinrent progressivement normales. Ou presque. Les relations entre Gustave et Edward étaient plus conflictuelles qu'avant, le premier tentant tant bien que mal de renouer des liens avec le second qui, s'il avait accepté de ne finalement pas partir, ne supportait pas qu'on lui cache des choses. Mais rien n'allait redevenir comme avant.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)