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[RP] Le grenier réformé.

Nimgly
Merci de respecter le cadre de ce RP, bon jeu.


Un vent glacé balayait ce soir là les toits de Pontarlier, de ces bourrasques hautaines qui viennent aux vaincus cracher la réalité de cette hiver persistant qu’on aurait cru printemps. Le froid avait jeté chez eux les pontissaliens si bien que dès le crépuscule les rues étaient dénudées de toute vie, désertes après la bataille. La plus part des volets encore sévèrement fermés, tout un peuple se terrant béatement derrière ses murs, dans l’attente d’un calme revenu. A peine entendait-on au loin le pas méticuleusement rythmé d’une patrouille de vainqueurs, battant le pavé de ce pas dénaturément régulier. Une horloge depuis des siècles debout qui, toutefois, au fil des jours se dérègle lentement comme un chêne trop vieux dont les bourgeons le temps de la renaissance venu se font chaque fois moins nombreux.

Les réformés se cachaient dispersés après la défaite. On avait fait acte de bravoure, s’étaient battus sans relâche à un contre cinq afin d’assurer une retraite en bon ordre à ceux de l’Armée du Salut qui pouvaient encore rejoindre la Suisse. Les combattants séparés par la force des choses, il était pour chacun difficile de savoir ou se trouvait ses compagnons. On ne sortait pas pour le moment, laissant le soin au Dolois de fièrement parader après la peur bleue qu’il avait eu, pansant les plaies des blessés, priant.

Nimgly et d’autres avaient trouvé refuge chez le grenier d’un bourgeois dont l’avarice avait conseillé d’ouvrir sa porte aux républicains en échange d’un loyer important. Le lieu était vaste mais désespérément sombre, aucune fenêtre ne trouant le toit dont la charpente se contentait inlassablement de geindre, craquelant d’un bruit sourd sous les assauts du vent. Une chandelle trônait sur un tabouret, au centre de la pièce, éclairant faiblement le grenier où dans un coin gisait le rouquin. Les paupières recouvrant d’un voile lâche ses pupilles, il s’agitait dans son sommeil, ne cessant, pris de fièvre, de se retourner sur son matelas. Son teint, naturellement pale avait maintenant la blancheur cadavérique d’un corps lourdement meurtrie dont le sang s’est échappé en quantité.

On avait par endroit déchiré ses vêtements, souillés par la sueur et le sang, pour mieux se rendre compte de ses blessures. C’est ainsi que l’on apercevait son flanc gauche, labouré tel la terre par la foudre, plaie profonde dont on espérait que le rein ne fusse pas atteint. De provisoires pansements, fait de draps arrachés et placés à la hâte étaient déjà tout imbibés de sang tant la morsure était fraîche. C’était là son unique blessure mais dont il paraissait étonnant qu’il n’en soit déjà mort. Traîné jusque dans le grenier, il avait le souffle court du vieillard se reposant après une longue marche.

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Aristotélicien réformé.
Voyageur & Étudiant.
M.reginae
Reginae, rapidement rétablie au vu de son état, grâce aux soins de leur Frère Andrew, avait quitté au plus vite la maison où elle se cachait jusqu'alors, le lieu devenu trop dangereux. Un ami de la cause refomée Pontissalien lui avait indiqué où se rendre, pour retrouver les autres combattants survivants.

La montée des escaliers puis de l'échelle est difficile, chaque pas est un effort pour surmonter la douleur vive des chairs à vifs. Chaque minute passée est quand à elle une tentative vaine d'oubli de la perte de la vie qui croissait en elle. Enfin arrivée, la Sicaire est immédiatement alertée par l'état général de Nim, qui gît plus mort que vif, le flanc déchiqueté.

Riche des onguents et bandages laissés par l'Ecossais à son attention, elle s'empresse d'effectuer les mêmes gestes sur le Rouquin. Elle n'a pas la dextérité suffisante, mais agit au mieux, avec l'aide du Très Haut, priant pour que son Frère ait la force de lutter contre la fièvre maligne.

Une fois celui ci à peu près pansé et lavé, elle s'assoit à ses côtés à même le sol, et commence à lire les quelques parchemins qui parviennent depuis quelques jours. Un réseau de sympathisants permet, tout en étant cachés dans le grenier, d'organiser des échanges et commencer à préparer la contre offensive. Dans le tas, une attire particulièrement son attention. Elle vient de Genève.

La Sicaire a un sourire tendre vers Nimgly, et lui lit à voix haute ce qui lui est destiné, en espérant que la force des mots l'aiderait à se réveiller pour continuer ce qui anime la flamme de son âme, la Réforme


Citation:
Mon cher Nim,

Apres avoir entendu des rumeurs de ta mort, Nic m'apprend que tu serais grièvement bléssé mais vivant.

Je poste donc ce petit mot de réconfort en espérant qu'il te trouvera en état de le lire.

Sois fort et bats-toi, ça me déchire le coeur d'imaginer ne jamais te revoir.

Je t'embrasse,

Tatou.



Ces mots serrent le coeur de la Sicaire, qui pour exorciser un peu sa douleur, écrit à son tour une missive à l'attention d'Aileron.


Citation:
Mon amour, ma passion,

je peux enfin reprendre la plume, les pansages d'Andrew ont fini par chasser la fièvre maligne, avec l'aide du Très Haut. J'ai ainsi pu me déplacer pour rejoindre Nim et les autres dans un grenier d'une autre maison, le précédent endroit étant devenu top dangereux. Nous sommes tous dans un sale état, mais notre rage de nous en sortir et de reprendre le combat nous pousse chaque jour vers la guérison.

D'ici, nous organisons la suite proche, celle de l'arrivée de nos alliés. Les dates et effectifs sont de plus en plus précis. Notre action a été une étincelle pour bien des esprits libres des Royaumes, nombreux sont les messages de félicitations, d'encouragement, et de proposition d'aide qui arrivent quotidiennement. Cela nous permet de ne pas nous sentir inutiles ainsi bloqués, et plus personnelement de ne pas sombrer dans la mélaconlie.

Cet enfant, c'était le notre, notre chair. Mes pensées n'arrivent pas à se détacher des questions auxquelles je n'aurais jamais de réponse. Aurait il eu ta peau, ton regard, ton sourire? Mais il faut tourner la page, et je m'accroche à l'idée que nous nous retrouverons bientôt.

Tu me manques mon amour, une seule de tes caresse apaiserait intensément ma souffrance. La chaleur d'une tes mains sur ma joue, le frémissement de tes doigts sur mes épaules, le rayonnement de ton sourire ...Je rêve d'un proche moment où d'un geste agile tu délieras gourmand les lacets de mon bustier. Je songe à nos corps qui vibreront, libérant nos âmes momentanement de la dureté du combat dans lequel nous sommes engagés.

Je t'aime

Eternellement à toi

Reginae


Fatiguée par les efforts qu'elle vient de faire, Reginae jette un dernier regard vers la porte du grenier, espérant voir Poupette arriver.
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Sicaire Morte

Nimgly
Après avoir achevé de pousser vers l’est les nuages, le vent s’apaisa, dévoilant une nuit noire d’une beauté glaciale. Ils allaient au loin s’échouer sur les infranchissables monts helvètes, barrière naturelle dressé devant l’Empire orgueilleux. Le pesant silence de cette nuit d’encre n’était plus même troublé par le pas incessant des patrouilles qui finissaient leurs tours sur le chemin de garde des remparts. Seul les battements d’ailes d’une poignée d’alouette brisaient la morne tranquillité de Morphée, rappelant aux hommes que la vie ne s’arrête pas quand leur sang se déverse. Quelques uns de ces oiseux vinrent prendre place sur le toit dont les combles servaient de planque à nos pourchassés réformés ; ils y jouèrent quelques notes éphémères avant de reprendre leur envol, partant ailleurs répandre de leur chant la mélancolie dans les cœurs endormis.

L’esprit de Nimgly, chassé de son corps par la fièvre montante, volait, pareil à ces alouettes, s’évadant par moment et l’abandonnant à des délires qui attestaient de son piètre état. Lorsque chantèrent les oiseaux, il fut pris de brusques mouvements frénétiques et croissants alors que, bavant pitoyablement, des brides de mots, de phrases informés et incompréhensibles, s’échappaient de ses lèvres amincis. Peu avant, il n’avait pas perçu l’arrivée de Régine dont les pas apaisants avaient doucement irrité la vieille échelle qui donnait l’accès au grenier. Seulement obstiné par le vexant départ des volatiles, il avait cessé tout remous, le visage vide, une goutte s’évadant de ses yeux, perlant sur sa face de mourant alors que plus un son ne sortait de sa bouche entrouverte. C’est cette apparence morbide qu’il offrit, inconscient, aux yeux de Régine.

Elle le lava avec la plus grande délicatesse, comme on astique les morts avant de les mettre en terre. Seul son attention portée au renouvellement de ses pansements laissait songer que l’homme n’était pas encore mort. Il la contemplait de ce regard vide, sans vraiment saisir l’importance que ses gestes avaient pour sa vie, encore choqué par la violence des combats. Peut-être même ne l’avait-il pas reconnu, seul un fin sourire dessiné sur ses lèvre pouvant laisser trace de sa gratitude ; mais ce sourire sans mot aucun lui donnait plus un air abruti qu’un air satisfait. Cette mine absente était alourdie par le ballet continu qu’effectuait ses paupières, ne cessant pas de battre rapidement comme si ses yeux seuls avait conservé, dans un désir profond de vivre, la capacité de se mouvoir, l’envie de s’envoler, de partir loin, rejoindre le chant des alouettes.

Les soins finis, le battement de ses paupière ne cessa que lorsqu’elle lui lu une lettre. Il fixait sa bouche qui s’agitait dans le tourbillon de mot qui s’en évadait ; l’air grave. On le croyait déjà mort. Peut être ne comprit-il pas tout à fait la nature de cette missive qui paraissait lui être adressé ; mais un certain désenchantement se lu un temps sur ses yeux qu’avait quitté toute lumière. Ce n’est qu’à la fin de la lecture qu’il lâcha cette mine désolée, lorsque le nom de « Tatoumi » fut prononcer par son amie sicaire. Malgré la faim qui commençait à se faire sentir, il s’endormit alors, bien plus paisiblement qu’auparavant.


[Edit pour orthographe, désolé, c'est mon péché mignon.]
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Aristotélicien réformé.
Voyageur & Étudiant.
M.reginae
Le temps se dilate, puis se compresse, au grè de ses envies, dans la grenier. Longs instants de doutes et de prières, quand Reginae observe Nimgly chancelant entre la vie et la mort. A ses traits et son teint, on devine le combat qu'il mène contre la mort. Courts moments de joies quand les bonnes nouvelles affluent.

Mais au fil des jours, la tendance s'inverse, et accompagnant le renouveau printanier, le visage du Réformé reprend peu à peu des couleurs, au fur et à mesure qu'il se nourrit.

Reginae lui parle, de Réforme, de ce qui se passe dehors, des projets qui fleurissent, lui relit la lettre de Tatoumi, tentant ainsi de lui insuffler la force mentale de se relever. Souvent, elle lui cite des passages du Liber Leonis, à voix douce.





Le moment n'est-il pas venu pour ceux qui ont cru, de prendre enfin les armes et avec humilité devant le nom du Très Haut se lever contre le mécréant ? Car ceux qui mourront par le sabre au nom du Très Haut auront une grande récompense. Les combattants en auront une plus grande encore que ceux qui restent dans leurs foyers.

Et le sabre est l’âme du combattant et quand l'homme qui parle est armé d'un sabre, c'est le sabre qu'il faut entendre et non l'homme. Le droit est un sabre tranchant. C’est par la guerre que les croyants imposeront leurs idées aux incroyants. Et en vérité je vous le dis, il n’existe pas de plus grand bonheur que le martyr.



Nimgly..la Sicaire l'a connu quelques mois auparavant, dans une taverne Genevoise. Comme beaucoup de Bourguignons, elle avait vu les affiches de traque le concernant, mais l'homme qu'elle a découvert ne ressemble en rien à la description qui en est faite. Chaque moment partagé avec lui est enrichissant, d'un partage de bout de saucisson à l'âne à des discussions derrières les barricades de Pontarlier. Homme raffiné et calme, rêveur, sa détermination dans sa mission ne souffre pourtant d'aucun compromis.


Peu encline aux effusions, la Bourguignonne se décide un jour à lui prendre la main, en pure tendresse amicale.
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Sicaire Morte

Nimgly
La fine flamme qui s’élevait du cierge s’abattit après un maigre chancellement. On soufflait dessus chaque jour, le soleil levé. Bien que le grenier fut dépourvu de fenêtre, la toiture était d’un piètre qualité et laissait passer par endroit d’innombrables petits filaments de lumière blanche qui éclairaient joliment les lieux. C’est par souci d’économie qu’on prenait cette peine quotidienne, profitant du bienveillant don du ciel qu’était cette lumière apportée. En ville, les cierges étaient devenus rare et cher, les habitants s’étant rués dessus avant la bataille pour mieux illuminer leur lâcheté derrière leurs fenêtres barricadées.

Depuis quelques jours Nimgly semblait avoir repris des forces, la fièvre avait diminué et ses délires se faisaient moins nombreux. Les craintes se concentraient cependant sur son flanc gauche, terrassé profondément par un Doloi … ou du moins était-ce ce que l’on supposait, trop fière qu’on était pour oser penser que la moindre blessure pouvait provenir de la lame d’un de ces traîtres de Fribourgeois qui avaient pris les réformés par surprise et dans le dos, s’alliant promptement avec les impériaux. Cette plaie, malgré les soins répétés ne semblait guère amorcer ne serait-ce qu’un début de cicatrisation, la chaire demeurant saignante et brisée, de la taille à la poitrine.

L’immonde taillade interdisait tout mouvement, accroché au matelas, le simple fait de se nourrir paraissait un affreux supplice. Mâchant péniblement, il devait pour ne pas s’étouffer se redresser et avaler laborieusement ses aliments. C’était là l’instant redouté car on n’était pas à l’abris d’une hémorragie qui aurait était synonyme d’une mort tout aussi rapide qu’indigne.

Bien que son état physique était moins lamentable depuis quelques nuits, son esprit restait confus et il n’avait toujours pas, en dehors de ses multiples divagations, adressé consciencieusement la parole à Réginae. Lorsqu’elle priait à ses cotés, on voyait ses lèvres s’agiter et se yeux se fermer, les poings sévèrement serrés. C’était là le signe d’un mécanisme sacré, d’un vieux réflexe de réformé qui, devant la mort, se mettait à prier en écho à sa sœur, comme un sage en transe.

Dans quelques instants d’éveil intérieur, il s’était vu là, étendu et saignant dans un sombre grenier. Comme un ivrogne prend intelligemment la résolution de se faire vomir dans un fossé pour retrouver ses esprits, Nimgly, dans de rares éclaires de lucidité s’était juré de ne pas finir là, pitoyablement, sans honneur et loin de son pays. Quoi de plus imbécile, de plus accablant que de mourir tel un piteux vieillard , égaré dans un grenier ? Comme les débauchés saisis par l’ivresse se parlent intimement pour évaluer leurs niveau de conscience, Nimgly tentait d’analyser intérieurement sa situation. Les souvenirs se rassemblaient, se structuraient : L’arrivée à Pontarlier, l’attente, puis la bataille, trois armées, une blessure … et ce grenier. Plusieurs fois, toutefois, il avait entendu parler de Tatoumi, sa vieille amie. C’était le point flou qu’il ne parvenait pas à élucider : était-elle ici ? Le rouquin n’en savait rien et finit par s’endormir, rattrapé par la fatigue.

Il se réveilla en sursaut lorsque Réginae lui prit la main. La chaleur étonnante de celle-ci le sorti de ses rêves, se redressant brusquement, ouvrant les yeux, tournant la tête, il bafouilla presque aussitôt :


Tatoumi ?! Tatoumi ?!? C’est toi ?
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Aristotélicien réformé.
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M.reginae
Prendre une main est une geste simple. Le plus simple qui soit.

Reginae ne le fait pourtant jamais ou presque, et elle est surprise de sentir Nimgly réagir à ce geste, et d'autant plus lorsque celui ci se réveille, et demande, visiblement perdu


- Tatoumi ?! Tatoumi ?!? C’est toi ?


La Sicaire ne sait que faire, que doit elle dire? oui pour rassurer le blessé, ou non au risque de le décevoir. La Vérité est toujours la meilleure voie, ainsi en est il chez les Réformés.

D'un geste ferme, elle met un claque sur la joue de Nimgly, afin de le ravigorer totalement. C'est certes un peu brusque, mais Reginae ne sait pas vraiment faire autrement. Elle reprend quand même sa main dans les siennes, et lui demande, sur un ton calme et rassurant.


- Non, c'est Reginae. Regarde moi.

Son regard bleu se plonge dans les yeux de ceux du rouquin, interrogateur et inquiet.
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Sicaire Morte

Nimgly
Les faisceaux lumineux que vomissaient la croulante charpente s’établissaient sur le visage de Reginae, laissant dans les ténèbres une partie de sa face et rendant l’autre au regard consterné du rouquin. Lui, d’une pâleur jaunâtre semblait pareil à celle de ces jeunes enfants qui remontent de la mine pour la première fois, ébahi. Si il n’était plus fiévreux la faiblesse de son corps n’allait guère en diminuant ; ne se nourrissant qu’avec douleur, il était terriblement diminué lui qui d’ordinaire, chérissait les bonnes tables.

La folie, dans un dernier assaut semblait le reprendre, son regard s’échappant, toute image se troublait alors qu’autour de lui les murs commençaient à tournoyer, toujours plus vite, la charpente se déformait, dansant au dessus de ses cheveux roux. Le sol lui même, à son esprit malade, paraissait se mouvoir, il avançait lentement, au trot, et son matelas devenait un âne qui gambadait en imitant le chant réconfortant des alouettes. Rien n’était plus dans cette rêverie délirante qui libérait son âme de son corps gâté. Les visages de tant d’amis, de tant de frères et sœurs flottaient dans l’espace infini, l’entouraient, lui souriant joliment alors qu’une main sortie du Néant venait se quérir de lui. Elle allait l’emporter, le sauver, l’emmener loin de cette Terre mécréante. Le Paradis Solaire, enfin ! Il était là, semblait juste au dessus de lui, ses cheveux brûlant sous le brasier ardent.

Cette main douce, à qui était-elle ? Le visage de Tatoumi après tant d’autres venait de lui apparaître, il avait interrogé le vide, pareil à un enfant perdu, cherchant à saisir une image qui n’existait pas. Cette main qui devait le libérer de la vie terrestre, la main de l’Unique qui s’apprêtait à récompenser le sicaire de sa lutte dévouée, cette main s’abattit doucement sur sa joue. Chamboulé, les lignes tristement géométriques de la charpente reprirent doucement forme sous ses yeux désolés. Le Très-Haut n’a pas de main, il est toute chose. Le chant des alouettes cessa et l’âne se dissipa, les visages s’éloignèrent. L’hallucination magnifique l’abandonnait maintenant à l’âpre réalité de la convalescence.

Ses yeux, plongés dans ceux de sa sauveuse, il l’entendit d’une voix claire et délicieusement sévère. Tout avait alors repris forme, la bouche entrouverte, il serrait sa main comme pour ne pas sombrer à nouveau. Haletant comme un jeune insoucieux qui viendrait de traverser les déserts d’Orient, il reconnaissait à travers la faible lumière son amie, Reginae. Se sentant faible mais bien portant, il la questionna après quelques balbutiements d'une voix lente et svelte.


Co ... Comment vas-tu ?
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Aristotélicien réformé.
Voyageur & Étudiant.
M.reginae
La gifle semble faire son effet, Nimgly se réveille, étonné lui même de vivre. Tel un enfant qui ouvre pour la première fois les yeux, il s'ouvre à la vie, à cette seconde vie que le Très Haut lui accorde.

A ce moment là, Reginae lui sourit, au début très amicalement, puis au fil des secondes, ou des minutes, elle ne sait pas, de plus en plus tristement. Une sensation diffuse, qui se concrétise, puis qui devient évidence. Son corps cède, son âme s'envole peu à peu, en rythme avec son sang qui se répand en elle. Une hémorragie interne débute, malgrè les excellents soins d'Andrew.


Co ... Comment vas-tu

La Sicaire ne va pas, et elle le sait.

- Je pars Nimgly, il faut que tu vives toi.

Sa main devient de plus en plus molle dans celle du rouquin, mais elle la serre dans un ultime désir de vivre.

- Aileron..dis lui que je l'aime, et que je suis avec notre fils.


S'affaissant à ses côtés, la Sicaire meurt dans un grenier Comtois, sans gloire ni panache, aux côtés d'un Frère Réformé porteur du flambeau de la cause Républicaine.

Sur son visage, un sourire angélique, le dernier.

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Sicaire Morte

Lingus
Lingus errait depuis plusieurs jours dans les ruelles étroites des faubourgs de Pontarlier. Il avait quitté la demeure de Larry car même si elle l'avait assuré de sa discrétion et lui avait offert soins et repos, il ne parvenait à lui faire entière confiance. Elle aurait pu changer d'avis et le livrer en pâture aux soldats dolois. Aussi, il rasait les murs, évitait l'agitation des tavernes et la foule de la journée.

Ce n'était pas en restant cloîtré ou en fuyant les regards qu'il parviendrait à recueillir des nouvelles de son andalouse, de ses frères et soeurs... Mais que pouvait-il faire d'autre à part attendre que ses jambes puissent le porter en Helvétie?
Qu'elles soient bonnes ou mauvaises, ces nouvelles lui étaient devenues indispensables. Il ne parvenait à se concentrer sur autre chose, les images de corps atrocement mutilés, de plaies béantes qui lui revenaient sans cesse depuis la boucherie à laquelle il avait réchappé se superposaient avec les visages si chers à son coeur.

Parmi ces visions cauchemardesques, un en particulier le hantait sans relâche, le tirait des rares moments où il s'accordait un peu de sommeil loin des curieux, à l'abri d'une grange ou à l'ombre d'un fossé. Il se réveillait couvert de sueur tandis que les fragments de son rêve lui filaient entre les doigts. A chaque fois, il voyait Ivori, d'une pâleur spectrale, vêtue seulement de sa robe de bure qu'elle gardait toujours dans une de ses malles à Grandson. Du sang coulait le long de sa jambe et formait une mare s'étalant autour de ses pieds nus.

Il ne parvenait ni à se souvenir du début du rêve -s'il y en avait un!- ni à en deviner la suite.
Cette vision onirique l'obnubilait, le tétanisait. Il se préparait à affronter les plus terribles nouvelles mais si sa rouquine avait péri sous les lames doloises, il ne savait jusqu'à quelles extrémités il était prêt à aller, à quelles folies il se livrerait. Une chose était sûre cependant, il tuerait sans pitié, sans discernement, il perdrait toute trace de compassion en lui.

Un soir, alors qu'il fouillait, hagard, les détritus jonchant la place du marché à la recherche de son menu du jour, il surprit un échange entre deux commerçants qui pliaient leurs étals.



... Roger, mon cousin par alliance, tu sais çui qu'a la grande maison derrière la mienne, bah il a beau râler mais les républicains-là, bah i sont pt'êt c'qu'on dit mais i payent grassement!

... Regard de merlan frit.

Et l'Roger, c'est pas l'dernier à en profiter! Tout c'qu'i fait c'est les garder au chaud dans son grenier! Et i s'fait pas payer avec des trognons d'pommes!

Ben ça par exemple!


Si si, j't'assure!


La discussion s'éternisa, les étals finirent par être pliés et les marchandises remballées.
Lingus suivit le commerçant jusque chez lui et n'eut aucun mal ensuite à repérer la battisse qui abritaient ses compagnons réformés.

Il frappa à la porte et lorsque le maitre des lieux vint lui ouvrir, il n'eut pas besoin de prononcer les mots qu'il avait préparé pour s'annoncer et expliquer sa venue.
Au premier regard, l'homme du comprendre la situation et indiqua l'étage d'un mouvement du menton.
Lingus monta l'escalier menant sous les combles. Il sentit dans son dos, le regard peu amène de son hôte.

Il poussa la trappe et sa tête émergea par l'ouverture dans la pénombre du grenier.
Il découvrit Reginae et Nimgly, allongés côte-à-côte sur des paillasses, leurs mains jointes.
Les sentiments se bousculèrent en lui. La joie de les retrouver, il n'était donc pas le seul à s'en être tiré, mais aussi la déception de ne pas voir Ivori parmi eux. Et une étrange sensation le parcourut, un frisson le long de l'échine lui fit pressentir un malheur. Il demeura immobile, à quelques mètres d'eux, ne parvenant à ouvrir la bouche.

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Nimgly
Une calme pesant s’installa dans la funeste planque des deux sicaires. Leurs mains encore liées n’étaient plus qu’un mensonge feignant la lutte ; le vie perdant lentement le combat, paraissant s’évader par une imaginaire cheminée de songe, de rêverie et de mélancolie qui, tranchant le toit, se répondait dans le Ciel en un dernier éclat. Ses paroles avaient sonné, tranchantes, annonçant la fin. Le rouquin, redressé sur son matelas ne la quittait pas des yeux, accompagnant ses derniers instants. Visiblement sonné, mal à l’aise et blessé, il assistait pour la première fois au départ d’une amie. L’accablement du moment et le tiraillement de l’esprit rendu au désespoir par la vérité des mots empêchaient toute souffrance au corps malade du républicain, alors que la cruelle pensée, seule, monopolisait tout son être et ce malgré la position difficile de celui ci, en considération de son état. Il sentait dans une affreuse impuissance la main de Reginae perdre sa vivace chaleur alors que le pouls ralentissait dans un dernier souffle de vie.

Le Très-Haut rappelait bien souvent précocement les plus grands fidèles ; n’était-ce pas là une juste récompense des souffrances endurées sur une terre incroyante aux combattants les plus déterminés ? Elle partait rejoindre Humbert, Guillaume, Le Pio et les autres au Paradis Solaire, goûter les délices de la vie éternelle. Ici bas, le travail restait entier ; cette mort, comme sa vie sans concession devait être prise comme un signe de l’Unique, une doléance ferme qui faisait suite aux actions trop faibles et trop lentes. La sage sévérité devait prendre le pas, la place dans la douleur n’est pas aux états d’âmes, et la douleur ces derniers temps manquait.

Le rouquin demeurait maintenant seul et sans force alors que l’impensable devait s’être produit, la sicaire avait fermé les yeux, sa main toujours dans celle du rouquin. Il leva la tête comme pour mieux prendre conscience du sinistre évènement. Un homme se trouvait en haut de l’échelle observant Nimgly et le corps sans vie de sa protectrice. Dans la douleur de l’instant le rouquin ne le reconnu pas, perdant la conscience des choses, comme emporté dans l’ailleurs par les pénibles songes. Son regard, fixé sur un point précis et sans intérêt du mur témoignait de l’égarement de son esprit. Les derniers mots de Reginae résonnaient dans son crane, ils étaient pour Aileron, son ami et le compagnon de la défunte.

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Aristotélicien réformé.
Voyageur & Étudiant.
Lingus
Lingus gravit les dernières marches et s'approcha lentement des deux sicaires. Seuls les grincements du plancher sous ses pieds troublaient le silence régnant sous les combles. Nimgly, le regard dans le vague, ne sembla pas remarquer sa présence, pas plus que Reginae, visiblement endormie.
Lingus voulu se jeter au sol pour les prendre dans ses bras. Mais cette fois, ce fut un sentiment diffus de malaise qu'il le retint de le faire et non pas son habituelle réserve. Il était si heureux de retrouver des compagnons vivants, même si peu! Il aurait voulu s'en réjouir, oublier pour une fois sa froideur et son air hautain, mais sa poitrine était oppressée par un indéfinissable pressentiment.



Hé Nim! C'est moi... Lingus... je suis heureux de te voir mon frère.



A mesure qu'il s'approchait, Lingus put voir la bourguignonne plus distinctement. Sa tête était affaissée sur le côté, dans une position qui n'avait rien de naturelle, ou au moins de confortable pour quelqu'un qui dormait...
Le malaise qui entravait sa respiration grandit tout à coup et le poids lui tomba dans l'estomac. Il se senti cloué sur place, écrasé par ce drame qu'il commençait à percevoir.
Il tomba à genoux et prit la tête de la sicaire entre ses mains secouées de tremblement nerveux. Le sang refluait déjà et la chaleur quittait son corps. Lingus avait déjà vu des cadavres... pas tant que ça, mais suffisamment pour en reconnaitre un.

Reginae gisait au sol, elle était morte et cette réalité s'imposait à lui dans toute sa cruauté. Elle lui avait sauvé la vie par le passé, l'enlevant à une mort annoncée par le feu purificateur des buchers de l'Inquisition. Elle avait risqué sa peau sans hésiter, pour le tirer de là, alors qu'ils se connaissaient à peine. Et il n'arrivait que maintenant, pour assister, impuissant, à l'étreinte de la mort.
Il reprit la parole alors que Nimgly fixait toujours le mur, l'air absent.



Elle est avec l'Unique à présent... et elle pourra le regarder dans les yeux, elle n'aura pas à rougir de sa vie.


Les mots suivants s'étouffèrent dans sa gorge, il aurait fallu les dire plus tôt, avant que la vie n'abandonne la brunette. De là où elle était maintenant, si elle devait entendre ses pensées, il n'avait plus besoin de les prononcer.

Le cadavre de Reginae gisait au sol, et il n'avait rien pu y faire. Cette cruelle réalité lui fit perdre tout espoir, il y vit un signe confirmant ses pires craintes : tout les autres étaient morts eux aussi, les sicaires avaient été massacrés, le Lion de Juda décimé... Mais une seule chose l'empêcha de sombrer dans les abîmes de douleur qui s'ouvrait à ses pieds. Une haine sourde, une soif de revanche qui tenait la tristesse à distance.

Ceux qui avaient tué sa tendre Pelirroja devaient souffrir mille tourments avant que la mort ne les délivre. Devant cette évidente nécessité, ses principes moraux, ses préceptes spirituels s'effritaient, ils perdaient toute leur substance.
Tandis qu'il refoulait ainsi son désespoir, il leva sur Nimgly son oeil où vibrait la flamme d'une rage froide.



Nim!
Dis-moi ce qui s'est passé, où sont les autres?
Pourquoi ne sont-ils pas ici?
Vous...



Il s'interrompit et baissa les yeux sur le corps de Reginae. Il s'aperçut qu'il avait levé la voix, il avait presque crié tant le désarroi de ne pas savoir était grand. Il reprit plus bas, presque implorant.


Tu es seul?


Alors qu'il attendait une réponse, son regard se posa sur une missive qui dépassait de la besace de Reginae. Elle était cacheté et l'enveloppe était couverte d'une écriture que Lingus aurait reconnue entre toutes. Son coeur manqua un battement en déchiffrant les quelques mots qu'il pouvait en lire.



Citation:
Cette missive est destinée à un homme du nom [...]
malheur, cette missive ne lui parvenait pas et q [...]
vous en prie, transmettez-lui par tous les moyens po [...]
aux alentours de Pontarlier ou à Pontarlier mêm [...]
sûrement gravement blessé... Il est brun avec des ye [...]
et... Je vous en prie, si vous la trouvez, ne froissez [...]



Il se rua sur la lettre et l'ouvrit fébrilement puis il la lut, avec avidité une première fois, et plus lentement ensuite, pour s'assurer que les boucles d'encre sur le parchemin n'étaient pas une folie de son esprit tourmenté.
Lorsqu'il eut finit sa troisième lecture, il en répéta lentement les derniers mots.



Te quiero tanto...
Y algun dia, mataré el hombre que se atrevio a arremeter contra mi amor...



En prononçant cela, il ne savait pas que l'entreprise de vengeance avait débutée, qu'un duel se préparait à quelques jours de marche de Pontarlier.
Les ennemis à la gloire de Deos n'allaient pas rester impunis.

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Fabulous
C'est dans un état lamentable que l'homme arriva dans le repaire des rescapés de la boucherie qui avait eu lieu entre les républicains et les armées franc-comtoises et alliées. Comble de la déchéance, il ne tenait plus debout que grâce au soutien d'une femme de peu de vertu, à qui il devait beaucoup, certes, mais qui ne permettait pas de dresser un tableau de la plus grande classe. Sale, ensanglanté, fatigué et affamé, il appuya sur la poignée de la porte, se trouvant nez à nez avec le maître des lieux qui l'avait vu arriver par la fenêtre. La catin répondant au nom de Poupette comprit qu'il n'avait plus besoin d'elle désormais. Il fit tout de même l'effort de se tourner vers elle pour lui faire un sourire sincère, bien que triste. Le propriétaire hésita d'abord à faire entrer un homme dans cet état dans ses murs. Il réfléchit un instant et décida finalement de ne pas le laisser traîner dans la rue. Il prit le relais de la catin et guida Fabulous jusqu'au grenier où se trouvaient déjà certaines connaissances.

Il était content de voir de nouveau des visages connus mais eut beaucoup de mal à exprimer sa joie tant le moindre mouvement était un supplice pour lui. Les soins succincts réalisés par Servane n'avait pas été renouvelés et les bandages suintaient avec la chaleur qui avait tapé sur Fabulous durant sa longue marche jusqu'à Pontarlier. Il ne parvenait plus à bouger le bras. Il avait trop mal. Une odeur désagréable commençait déjà à s'en dégager. Il salua en ouvrant à peine la bouche ses camarades et s'écroula sur un tapis qui se trouvait là, pour récupérer, dormir, d'un vrai sommeil qui lui permettrait de guérir son âme en attendant de guérir son corps. Les autres comprendraient certainement qu'il ne se disperse pas en palabres et autres explications sur son état et son arrivée en ces lieux.

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"La trahison n'est qu'un mot inventé par les hommes pour confondre leurs frères qui ne pensent pas de la même façon qu'eux."
Kirkwood
Citation:
A nos sœurs et frères réformés, sicaires ou républicains qui liront cette missive, salutations z'en Deos, Aristote, Christos et Averroes.

Moi, Kirkwood, Lecteur réformé, vous informions que notre camp en la forêt de Pontarlier permet aux sicaires d'arme rescapés de se remettre petit à petit de leurs blessures corporelles en bonne sûreté.
Nos cœurs hélas pleurent toujours nos morts, quoiqu'ils avions rejoint le Très-Z'Haut.

Les patrouilles doloises ne se montrent plus que par vague intermittence, et l'expérience des guerres hussites de certains d'entre nous permettent d'attendre avec sérénité le rétablissement.
De même n'ayez nulle crainte que le porteur de la missive soit suivit, car porteurs sont surveillés, et surveillants le sont pareillement, sans avoir certitude du quand ni du comment. Trois curieux trop empressés (et par ailleurs connus comme dolois) ont d'ailleurs déjà participé au programme de nourriture des poissons du lac...

De même sont nos abris bellement camouflés, les vigies surveillant les sentiers et ravines grâce au soutien de paysans, pêcheurs et forestiers comtois qui nous soutiennent du peu qu'ils ont de richesses, mais moultement de leur foi aristotélicienne véritable et non corrompue par Rome. Ils participent à nos offices religieux, ici et là...
D'autres le font par foi républicaine.
Nous espérons et supposons que vous trouvez également soutien en les Comtois qui ne soyons point devenus Faux-Cultois (ou Dolois, en langage plus diplomatique).

Apprenons et voulons vous faire savoir pour soutenir votre moral que Genève estions toujours réformée sous la direction avisée de l'Avoyère Nefti, qu'elle comptions un juge de nos frères en la personne d'Andrew.

Souhaitons, pour les mêmes raisons, vous faire savoir que le Nicburissime avions occis sans la moindre blessure le Franc-Comte lors de notre amère défaite: icelle n'aura donc point été totalement vaine, même si le prix en fut coûteux au-delà du raisonnable... Nos larmes sont, peut-être, moins amères.

Par contre, apprenez si ne le savez que le traitre Zefamousmistich a paraît-il été adoubé d'un ordre dolois, conséquence logique de son infamie impitoyable et impie .
La vengeance est plat qui s'apprécions même froid...

Vous saluons en priant God pour vous, souhaitant avoir même place en vos pensées et vos cœurs, et vous invitons à prendre contact avec nous, si le souhaitez, dès votre rétablissement ou plus tôt si alerte vous était donnée.
Ichtus.

Kirkwood
Lingus
Les jours s'écoulaient lentement dans le grenier, les heures s'étiraient indéfiniment dans la pénombre silencieuse, toutes semblables ou presque. Les journées des rescapés se répétaient, longues et mornes, seulement rythmées par les besoins vitaux. Ils mangeaient peu et du bout des lèvres, dormaient beaucoup et poussaient quelques râles lorsque un mouvement trop brusque réveillait une plaie.

Fabulous les avait rejoint mais il demeurait aussi faible et silencieux que Nimgly. La dépouille de Reginae, roulée dans un simple drap en guise de linceul, reposait dans un coin du grenier depuis plusieurs jours déjà et le soleil frappait de plus en plus fort sur le toit. Sous les combles, la chaleur exhalait les relents de chairs en décomposition, laissant un goût âcre au fond de la gorge.

Lingus, tout comme ses compagnons, gardait le silence. Dans une sorte d'accord tacite, chacun semblait attribuer au cadavre l'origine de cette puanteur. Mais si ça n'était pas totalement faux, ça n'était pas pour autant totalement vrai...
Son oeil continuait à suinter un épais liquide jaunâtre sous le bandage et ses compagnons n'étaient pas en meilleur état. Cela ne faisait qu'ajouter aux remugles rances de la pièce.

Mais Lingus occupait ses rares moments d'éveil lucide à d'autres pensées. Il aurait fallu changer ses bandages, amputer la boule de pus flasque qu'était devenu son oeil, mais il ne s'en souciait pas.
Il songea à sa rouquine, son amor, guettant l'arrivée d'une lettre comme la vigie espère la terre du haut de son mât. Il réfléchit au moyen de transporter le corps de Reg jusqu'en Helvétie, car c'était certainement là-bas qu'elle avait laissé sa tunique blanche de sicaire. Celle qu'elle portait le jour où elle avait reçu sa sica, et dont on devait revêtir son corps après son dernier souffle. Et puis il ne pouvait pas la laisser pourrir dans un grenier pontissalien tout d'même!

Le propriétaire leur remit un jour un parchemin signé de la main de Kikwood. Des nouvelles, certaines bonnes, d'autres moins.
Mais une chose était sûre désormais, il n'était plus seul. La riposte prenait forme tandis qu'il échafaudait de glorieuses revanches.
Au fil des jours, Lingus sentait ses forces revenir. Il put finalement sortir pour faire des provisions de nourriture, et il poussa même jusqu'à la bibliothèque de l'Université où il emprunta quelques volumes pour tromper ses longues heures d'ennui.

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--Reginae.




[Jardin des Délices]

Le Jardin des Délices, ses fontaines, ses ruelles, ses fleurs, ses mets exquis, ses plaisirs permanents et surtout, sa tranquilité. Ca vaut quand même le coup de consacrer sa vie à la vrai Foy, le résultat est à la mesure du sacrifice.

Le temps n'existe plus près du Très Haut, donc parfois la Sicaire va vérifier le sablier de la vie, en penchant sa tête sur le monde des vivants.

Et là que voit elle? Ses compagnons de combats, tout sale, tout puant et tout en guenille dans le même grenier où elle est partie. D'ailleurs à ce propos...c'est pas son corps là dans le truc tout blanc, avec les petits vers blancs qui grouillent partout dedans?

Raa mais quelle bande de bras cassés...sont foutus de mourrir d'une sale maladie suite à leurs blessures, à survivre dans une hygiène aussi déplorable. Et la poupette elle fait quoi là? elle pourrait pas les aider..cette cruche décidemment ne sait s'occuper que de chair fraîche et tendue. Dès que ça dégouline un peu, elle pense que c'est plus de son ressort.

La Brune soupire, enfin telle que peut le faire une âme en pleine félicité Délicienne. Va falloir qu'elle bosse un peu aujourd'hui. D'ailleurs c'est toujours rigolo d'utiliser les nouveaux pouvoirs post mortem. Après une courte période de réflexion, elle a une idée qu'elle qualifie de plutôt bonne.

BRAOUUUUUUMMMMM

Ca c'est le bruit du tonnerre simultané au violent éclair qui s'abat sur le Grenier des Réformés.

Le bilan des opérations est très simple

- le toit est détruit laissant ainsi rentrer le déluge d'eau assainissante dans la pièce - hop dehors les infections

- la dépouille en décomposition est carbonisée par la foudre.


La feu sicaire est ravie, elle pense avoir d'une part aider ses amis, mais aussi fait disparaître son corps par le feu, telle que le veut la tradition. Bon..sans la tenue de Sicaire blanche...c'est pas faux, mais bon de toute façon le corps partiellement en liquefaction n'était plus vraiment transportable.

En espérant qu'en même qu'ils trouvent tous à se reloger...


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Sicaire du Lion de Juda morte

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