Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[Rp] Il faut être deux pour en faire un.

Dariusz
[Trop blond, trop con]

La guerre touchait à sa fin, la gloire fut acquise et la mission rondement bien menée.
On ne peut pas dire que tout cela fut grâce à Dariusz et Marzina, mais ils auront peut-être la médailles des Grands Blessés de Guerre une fois de retour en Bretagne! C'est déjà un bon lot de consolation, et au pire, ils pourront toujours les vendre s'ils connaissent un hiver rude économique parlant.
Enfin, il fallait à présent préparer le retour, et surtout se préparer psychologiquement à supporter la loooongue route. Et l'humeur massacrante de la Princesse qui avait déjà repris du poil de la bête. Visiblement.
Et les préparations furent longues. Vraiment longues. Trop longues.
Appuyé sur un arbre, le polak attendait, atteignant sa limite de patience. Il soupirait gravement en se demandant comment cela pouvait être possible que la blonde ne soit toujours pas prête à partir!
Bien qu'il soit connu que les femmes apprécient de se faire attendre.
Il finit par lâcher quelques mots lancé à l'encontre de la tente.


-Marzina. Il est déjà midi alors que nous aurions du partir depuis trois heures déjà! Je vous avais dit de préparer vos bagages en avance!
A ce stade nous allons voyager de nuit! Et vous savez que je n'aime guère cette idée!

Il fulmine dans son coin. Il n'osait pas aller la quérir directement, vu son caractère du moment, il risquerait de s'en prendre encore plein dans le crâne.
Il préféra donc prendre la solution d'aller prendre un verre avec les quelques soldats encore présents sur les lieux. Bien que l'abus d'alcool soit dangereux pour la route. Tant pis, il prendra le risque de se faire arrêter par la police française.

Quelques temps plus tard. Le voici à dos de destrier. Tanguant légèrement sur la bête qui marchait tranquillement sur les routes biscornues d'un chemin de campagne.
*Burps*
Le voilà avec le mal de mer.
Que la journée fut longue jusqu'à ce qu'il retrouve un peu les bonnes couleurs et la forme. Heureusement, le temps était clément, les oiseaux gazouillaient dans le ciel, ainsi que le ventre de Marzina. Hen? Le ventre de Zina? Peut-être pas, alors.
Il souriait, sans mot dire. Puis prit un peu d'avance pour attraper une jolie fleur qui poussait sur le bas côté et l'amener à sa "femme" avant de reprendre les devants.

La nuit tombée, ils s'arrêtèrent en une auberge de fortune.
Un peu miteuse. Mais il est rare de trouver luxe dans la cambrousse. Une fois à l'intérieur, il tenta de négocier la meilleure chambre, la plus propre et la plus belle.
Par chance, il y en avait beaucoup de libres.
Une fois les clés en poche et la bourse allégée de quelques écus, il retrouva la princesse.

-Quel dommage. Nous allons devoir partager une chambre à deux, il n'y en a qu'une de disponible!

Découverte d'une terre consacrée aux petits insectes de toutes espèces, de poussières et de mauvais goût dans l'art de la décoration. Le lit semblait néanmoins confortable. Il le testa d'une main, puis se jeta littéralement dessus.
Il regarda la belle avec un air de désir complètement visible et "décriptable", et tapota la literie, juste à ses côtés.


-Venez donc tester le confort français en bonne compagnie!

Cette nuit là, il la passa donc à dormir par terre.
Passons sur le pourquoi du comment, c'est assez gênant!

Deuxième journée de route.
Humeur maussade partagée.
Une douleur sur la joue et des courbatures dans le dos.
Le polak grommela durant tout le voyage.

Nouvel arrêt, nouvel essaie.
Cette fois, il passa la nuit dans l'écurie avec les destriers qui se repaissaient gaiement pour se préparer à reprendre une longue route au lendemain.

Troisième jour.
Le mantel à moitié bouffé par les chevaux, les cheveux empestant la paille et l'humidité.
La colère se lisait dans le regard du Duc. Encore une mauvaise nuit, et encore une fois il ne pu profiter des charmes de sa compagne.
Et elle qui lui répétait sans cesse qu'elle aimait coucher. C'est à croire que tout était fort faux.

Il prit peur au prochain arrêt. Où allait-il passer la nuit? Comment Marzina allait-elle accueillir la nouvelle tentative presque désespérée d'un homme qui a trop envie d'elle?
Non. Cette fois, ça allait être autrement, sans passer par les extrêmes de la dernière fois. Il... ouai, il lui parlera!
Sans crainte. Comme un homme! Un vrai. Qu'il est.
Après s'être fait rejeter comme un malpropre, et mis à la porte, il frappa sur cette dernière et parla au travers.


-Zina! Que vous prend t'il voyons? Vous ne voulez pas vous... divertir en ma compagnie? Vous ai-je causé quelques tords durant ce voyage? Répondez moi! Répondez-moi voyons! Zina!

Toujours est-il qu'il pionça en compagnie du tenancier de ce bordel sans nom. Non pas avec lui, mais sous lui. C'est ça de boire un peu de trop.

Quatrième jour.
Ils reprirent la route.
L'homme prit beaucoup plus d'avance sur la femme et la regardait parfois d'un profond regard noir d'agacement.
Qu'allait-il se passer à la nuit prochaine?
Il craignait le pire.

_________________
Marzina
Gast ! Depuis ce combat où elle avait été gravement blessée, elle était au plus mal. Pourtant, les médecins saumurois avaient retiré les bandages, la plaie se cicatrisait proprement, et même rapidement d’après eux. Elle souleva sa chemise, observa avec une grimace la cicatrice aux bords rougeâtres. Un trou sur la panse, quelle idée que de vouloir faire la guerre, une petite chose fragile comme elle ! Espérons que ca se résorbe bien et ne marque pas trop son corps quasiment parfait. Ninnog s’agite autour d’elle, replie la paillasse, range le linge dans les malles. Encore cinq minutes et tout serait rangé. Soudain, Ninnog retrouve dans un coin de la tente un rat crevé, qu’elle brandit par le bout de la queue, et qui se balance au bout de sa main crochue, répandant son odeur pestilentielle autour de la vieille gouvernante.

« Ma Doué, un rrrat ! Il venait là manger nos provisions, sale engeance du Sans Nom ! Mais il est bien mort, ce n’est pas lui qui mangera, mais lui qui sera mangé ! »

L’odeur de chair putréfiée assaillit brutalement les narines de la blonde, lui donnant des hauts le cœur, et l’idée même d’un ragoût de rat pourri finit de l’achever. Sans pouvoir retenir le flot, la voici qui commence à rendre son petit déjeuner, surprise par ces brusques nausées, elle n’eût pas le temps de prévoir, tâcha sa robe et quelques boucles blondes. La gouvernante se précipita vers elle, retint en arrière les fils d’or en évitant soigneusement ceux souillés. La blonde se tint le ventre, et passa un certain temps à vider totalement son estomac. Une fois cela fait, elle était plus blanche encore qu’à l’ordinaire, d’une pâleur fantomatique, avec des cernes semblant recouvrir la moitié de ses joues. Ninnog bougonna, mais devant l’air maladif de sa princesse, se décida à la faire asseoir avant de nettoyer. Une fois cela fait, il fallut faire la toilette de madame, et l’aider à enfiler une autre tenue, l’autre étant souillée. Ils ne purent emporter dans les bagages la robe souillée, ils n’avaient pas le temps de la nettoyer, et les effluves qui s’en dégageaient menaçaient de déclencher chez la blonde une nouvelle crise de vomissements.

« Marzina. Il est déjà midi alors que nous aurions du partir depuis trois heures déjà! Je vous avais dit de préparer vos bagages en avance! A ce stade nous allons voyager de nuit! Et vous savez que je n'aime guère cette idée! »

Elle grommela.

« Je vais le tuer un jour, je le jure, je le tuerais… »

Elle se tenait toujours le ventre, pâle comme un linge, elle tourna un visage désespéré vers Ninnog qui venait de boucler les valises, émit dans un gémissement :

« Mon ventre est vide Nounig……j’ai faim. »

Cette fois-là, la gouvernante dû donc rouvrir les malles, et préparer à manger à une blonde dont les vomissements n’avaient pas coupé l’appétit. Elle fût alors prête à partir, le ventre plein, le malaise passé, et sentant le propre. Elle ne remarqua même pas l’ivresse du polak en chemin, un peu dans la lune, observant autour d’elle la nature joyeuse d’une journée ensoleillée, acceptant la fleur qu’il lui tendait avec un sourire radieux, sans même chercher à le repousser. Même l’appétit, rouvert quelques heures plus tard, ne réussit pas à gâcher son humeur rêveuse.
La vie est belle.

__________________________________________
La vue de l’auberge miteuse où ils devraient passer la nuit, elle, entama sérieusement sa bonne humeur, surtout avec la faim et la fatigue du voyage. Autant dire qu’elle était rapidement redevenue bougonne. Elle refusa de rester à l’intérieur de l’auberge, prétextant l’odeur immonde qui y régnait pour rester au dehors avec sa gouvernante, pour « humer l’air frais ».


« Quel dommage. Nous allons devoir partager une chambre à deux, il n'y en a qu'une de disponible! »

Soupir las. Elle qui aspirait à une nuit calme et reposante, elle devrait se coltiner un polak qui semblait plus enthousiaste que jamais. Enthousiasme qui la rendait d’autant plus revêche. La porte est poussée dans un grincement, les sourcils se froncent. C’est sale, et ca sent le renfermé. Et rien qu’à observer la chambre du pas de la porte, elle s’y sent déjà à l’étroit. Nouveau soupir. Vivement qu’elle rejoigne le matelas, elle a mal partout, une bonne nuit de sommeil lui fera du bien…D’ailleurs, sa vue se trouble l’espace d’un instant. Grognement. Son corps réclamait-il encore de la nourriture ? Elle n’avait plus faim pourtant !

Elle rouvre les yeux sur un polak qui a envahi la seule chose de bien qu’il y avait dans cette auberge. Il lui a volé son lit, le précieux lit qui lui faisait tant envie…Les yeux noirs se font féroces, ignorent en le remarquant à peine le désir qui pétillaient dans les yeux de son compagnon de route. A ce moment-là, elle pense épuisée que sur ce plan là, il en a déjà bien assez fait, sur plusieurs plans d’ailleurs. Mais lorsqu’il tapote le lit, comme l’on ferait pour un animal de compagnie, elle lui décrète qu’il est hors de question qu’elle supporte sa présence près d’elle cette nuit. Qu’ils partagent la chambre, certes, mais pas le lit !


_______________________________________
Elle a mal dormi. Elle a très mal dormi. Elle a encore failli rendre son estomac au lever ce matin, la faute au polak. Est-ce qu’il se rendait seulement compte combien son odeur mâle était insupportable ? Depuis quand ne s’était-il donc pas lavé ? Elle ne sentait que ça, ca remplissait ses narines, si bien qu’elle se réveilla fort fatiguée, incapable de dormir plus longtemps avec cette odeur près d’elle. Et voilà qu’au moment où elle pense pouvoir faire abstraction de l’odeur, et où Morphée vient tranquillement la cueillir, le polak se glisse vers elle, avec ses mains aventureuses…Un pic de rage monte en elle violemment, et la main vient s’abattre sur sa joue, tandis qu’elle se lève avec mauvaise humeur, enfile juste sa cape par-dessus sa chainse, et sort de la chambre en claquant la porte.
Humeur massacrante donc.

Il fût décidé, d’un accord unanime établi par sa seule personne, que le polak ne pourrait dormir dans la même chambre qu’elle, surtout tant qu’il continuerait à sentir toujours autant…lui. Mais le voici qui tente quand même, frauduleusement, de se glisser dans la chambre, la surprenant nue se préparant pour le sommeil, tentant de profiter de la situation. Nouvelle gifle, et il est viré de la porte à coups de pieds aux fesses, accompagné de soupirs excédés. Une fois la porte refermée, elle pense se sentir un peu mieux, mais ce n’est pas le cas. Mis à part le silence qui apaise les mots de tête déclenchés par sa vue qui se trouble sans prévenir, elle se sent toujours aussi fatiguée, aussi lasse, aussi nauséeuse, avec cette impression qu’elle pourrait dormir une journée entière sans se sentir en pleine forme pour autant. Au moins, elle sait.
C’est déjà ca.

_________________________________________
Ce matin-là, ca allait mieux. La chambre n’empestait pas le Dariusz lorsqu’elle s’était levée, et bien qu’elle fût toujours aussi exténuée, elle avait réussi à avaler son petit déjeuner, et à le garder ! Ainsi, la voici relativement de bonne humeur, tandis que le polak est d’une humeur de chien. La vie est mal faite, parfois. Réussir à se sentir bien, réussir à garder le contenu de son estomac plus d’un quart d’heure, dormir suffisamment pour rester éveillée la journée sur son cheval, voici les seules choses qui occupaient l’esprit de Marzina en ce moment. De temps à autre, sur le chemin, elle se saoulait au chouchen, au moins, lorsqu’elle avait des troubles de la vue, elle pouvait mettre ça sur le dos de l’alcool, et ca la faisait sourire. Penser aux hommes, penser à combler son mari, ne faisait clairement pas partie de ses priorités, qui avait brusquement changé sans même qu’elle ne s’en rende compte. Pour elle, les choses étaient tout à fait normales. Mais noooon elle n’avait pas changé…Qu’allait-il donc chercher là ? Hein ? Depuis quand elle n’a pas couché ? Euh…

Enhardie par la nuit plus ou moins potable qu’elle avait passé la veille, elle accueillit plutôt mal les tentatives de Dariusz pour « discuter ». Il voulait profiter de son corps, c’était sûr ! Et puis quoi encore ? Parler, c’est ça ouais ! Il avait suffisamment profité comme ça de son corps, maintenant il fallait qu’il assume ! Allez hop ! Il dégage de la chambre, hors de question de se laisser réveiller par ses attaques perverses et son odeur de mâle envahissante. De quoi ils pourraient parler de toute façon, à part de son envie démesurée ? Non, elle ne voyait pas ce qui pourrait mériter conversation, elle ferme la porte à double tour, et vient avec soulagement s’étaler comme un chat sur le matelas peu confortable par rapport à celui de Nantes, mais véritablement luxueux comparé à la paillasse à laquelle elle avait droit quelques jours plus tôt.

Elle avait rapidement enfilé sa chainse et s’apprêtait à éteindre sa chandelle, quand sa préparation à un sommeil récupérateur fût interrompue par des coups intempestifs sur sa porte. Regard de tueuse sur la porte, qui si elle avait eu quelque vie en elle, aurait surement déserté ses gonds pour gagner abri. Elle se bouche les oreilles, rabat la couverture sur son corps fatigué et frigorifié, et éteint la chandelle, sourde aux appels du polak.

________________________________________
La nuit n’avait même pas été bonne, finalement. Le malaise était revenue la prendre de bon matin, lui faisant rendre son estomac dans le pot de toilette, et la laissant incapable d’avaler quoique ce soit au petit-déjeuner, même si elle mourrait de faim, et que son ventre vide poussait des hurlements plaintifs. Doué, ce qu’elle était mal…Un bras en travers de son ventre, pliée en deux sur son cheval, à nouveau blanche comme l’albâtre. Elle voyait bien que le polak lui en voulait, mais de quoi donc ? Certes, elle avait pris le lit et lui avait laissé des conditions de sommeil sommaires, mais elle avait besoin de deux places maintenant, il fallait qu’il s’habitue ! Elle abritait son engeance, il fallait bien qu’il lui concède quelques caprices ! Bah, il s’y ferait…Nouveau haut le cœur qu’elle ravale péniblement. Elle n’allait pas survivre neuf mois comme ça, c’était pas possible…Comment elles faisaient les autres ?

Sa vue se trouble à nouveau, la laissant faiblarde. Elle arrête son cheval, saute à bas, et se dirige vers le bas coté pour soulager le contenu de son estomac…du moins ce qu’il en restait, c'est-à-dire pas grand-chose, lui causant des douleurs atroces. Elle ne tient plus debout, manque de tomber, et est rattrapée de justesse par la gouvernante qui la maintient debout. La vieille femme aboie :


« Oh stranjour* ! Son Altesse a attrapé le mal, il faut faire halte ! »

Elle la fit asseoir, mais la blonde la repoussait, prétextant que ce n’était qu’un malaise passager, qu’il fallait repartir, qu’on ne pouvait pas passer la nuit au milieu de nulle part, en plein territoire françoy. A contrecoeur, la gouvernante l’écoute, force le polak à faire de même, et aide la petite blonde à enjamber sa selle, passant une main ferme sur son ventre. La blonde lui jette un regard noir, et lui donne une tape cruelle sur le dessus de la main. Le regard de la gouvernante croise celui de la princesse. Ninnog sait, et Marzina comprend qu’elle a deviné, c’est bien ce qui la contrarie. Elle n’attend pas que Ninnog retrouve sa monture pour faire avancer son cheval en guise de protestation. Le soir tombe, l’auberge est à nouveau choisie. La blonde pousse un soupir las, se tourne vers Dariusz.

« Ayez soin de prendre deux chambres cette fois Dariouz, que vous puissiez avoir un lit.»

C’est sûr, elle n’avait pourtant pas besoin d’autant de place dans le lit, elle était si menue, elle avait même encore maigri depuis qu’elle ne gardait plus la nourriture. Le soir cependant, sachant qu’elle ne serait pas incommodée, elle prenait soin de dévorer, compensant la perte de nourriture qu’elle subirait le lendemain. La dite pitance avait un goût infect, loin de la première fraicheur des plats servis au château, mais Doué que cela faisait du bien de se sentir rassasiée ! Elle retrouvait alors un peu de couleur à ses yeux, le petit éclat dans son regard, et même un petit sourire, une humeur plus légère…Elle devenait supportable, même agréable, et si elle s’était sentie plus proche de Dariusz, probablement aurait-elle-même fait preuve de douceur. Mais la douleur de sa violence n’était pas oubliée, loin s’en faut…Elle avait même envisagé de lui ôter la vie, elle avait même préparé le poison à base de plantes qui devait lui faire connaitre les pires tourments avant de l’offrir à l’Ankou…Mais elle ne pouvait pas faire ca, non, elle ne pouvait pas tuer le père de son enfant…Blonde, peut-être, mais pas idiote. Elle n’a pas oublié ce qui s’était passé la dernière fois, lorsqu’elle avait repoussé le père de sa progéniture. Elle ne fera plus la même erreur, n’avait-il pas dit qu’il resterait là, auprès d’elle, qui la protégerait ? Elle l’avait cru, et maintenant, elle osait penser qu’il appliquerait sa promesse.
Mais ce n’est pas pour autant qu’elle avait envisagé de lui en parler.
Enfin voyons, pourquoi devrait-il savoir ?


*étranger
_________________
Dariusz
Il eut bien le temps de comprendre qu'il ne pouvait espérer autre chose qu'être, au final, qu'un modeste garde du corps. Garde complètement blessé et donc la hanche endolorie lui lance encore des piques stridents qui lui secoue le corps entier par moment. Il ne pourrait donc s'enquérir des joies du charme. Mais, Boze, qu'elle était étrange ces derniers temps. Certes, il lui avait causé le plus grand des tords, mais elle semblait lui avoir pardonné. Du moins, il le pensait. Et voici qu'elle lui refuse tout ce qu'il désire. Mêlant parfois sourire, et l'instant d'après un agacement sans nom. On ne pouvait deviner ce en quoi demain sera fait.
Les femmes ne sont jamais contentes.
Néanmoins, en plus de ses agissements étranges niveau caractère, son état physique fut presque trop inquiétant. Il la voyait fort mal en point sur son destrier, presque au fait de rendre l'âme et de s'en laisser tomber à terre. Mais il ne bougea point, se disant qu'il s'agissait certainement d'une mise en scène des plus sordides.
Il fit arrêter son cheval, et regarda la servante faisant au mieux son travail. Il n'en fut point plus de temps que l'avancée sur les chemins continua.

Jusqu'à ce que la nuit tombe.
Camouflant le soleil et son flot de chaleur et de gaité.
Juste les ténèbres.


« Ayez soin de prendre deux chambres cette fois Dariouz, que vous puissiez avoir un lit.»

Soupire las. Et alla s'enquérir d'une chambrée pour elle seule et une autre pour son confort enfin mérité. Ou pas.
L'heure du repas, il scruta son assiette pleine, sans pour autant porter à ses lèvres le mélange plutôt nauséeux qui s'y trouvait. Il n'avait pas faim. Son doigt toucha la nourriture, la retourna dans tout les sens, l'air complètement évasif, dans ses pensées.
Il tourna la tête et contempla une blonde engouffrant tout sur son passage. Au moins, en voilà une qui a l'appétit et qui en profite avec allégresse.
L'homme se lève, s'approche de la gourmande pour déposer devant elle son assiette pleine, peut-être aura t'elle un petit creux, encore, pour la suite.


-Bon appétit, Princesse. Vous avez quelques forces à recouvrir.

Puis, s'excusa aimablement avant de pousser la porte menant au dehors de cette auberge premier prix. Sur un petit monticule, il cogita sur ce voyage. Et les minutes défilèrent, passèrent en trombe. La lune montait doucement dans le ciel, la nature commençait son cycle de repos. Quelques bruits quittèrent les buissons, pour décrocher l'homme de ses pensées. Certainement s'agissait-il de quelques animaux en période d'amour qui profitaient avec joie des plaisirs de la procréation.
Si seulement la vie était aussi simple pour Dariusz que d'aimer simplement une femme et de construire une vie clémente à ses côtés.
Soupire prolongé.
Il se releva, s'épousseta et rentra en l'auberge, où la fidèle servante de la Princesse se trouvait, face à lui, se préparant certainement à un doux repos bien mérité.
Il l'interpella


-Dîtes moi si la Princesse connaît quelques maux que ce soit. Il n'est pas naturel de la voir se tordre d'une douleur invisible en plein milieu de la route. S'il y a quelque chose à savoir, je veux que vous le disiez.

-Il n'y a rien à savoir que je puisse vous dire, Vôtre Grâce. Passez une bonne nuit.

Et de claquer la porte à son nez. Il prit cela comme un manque de respect flagrant, mais ne fit rien pour punir ce manquement à l'étiquette. Après tout, elle devait être bien fidèle à sa maîtresse et ne jamais la trahir. Elle n'a donc rien dit. Ou trop.

Lui, d'aller voir l'aubergiste pour lui mander de préparer eau chaude ainsi que baquet pour pouvoir se laver, après maintes jours de sueurs et de poussières. Un bain par semaine ne devait pas être suffisant lorsque l'on voyage en pays françoys. Vraiment pas suffisant.
Dans sa tête, l'idée de plaire à la Princesse était encore plus forte que le fait de sentir simplement bon. Il en était donc de retour à la phase séduction qu'il avait sauté bien trop rapidement.
L'attente fut longue. Et le duc s'en exaspéra.


-Dépêche toi aubergiste, je n'ai pas toute la nuit.

Le pied tapota le parquet de façon très énergique. Un rythme assourdissant se fit entendre. Et le bain fut prêt. Il s'y jeta, non sans précaution. Que l'eau ne soit pas à lui brûler ses parties intimes, ce serait dommage. Et, les deux hommes, se prirent d'affection. Le tenancier faisait couler l'eau chaude dans le dos du Duc, et lui grattait le même endroit avec une brosse. Les discussions allaient bon train.

-Dîtes moi, René, puisque nous en sommes à parler des femmes, comment vous y prenez vous pour les séduire?

-'Savez, m'seigneur, mi y suffit qu'j'trouve une p'tiote f'melle, et j'la décalotte dir'ct'ment. Pas b'soin d'aller à l'séduire 'vec des mots. Faut leur faire voir qui c'est qui commande et pis c'bon.

Que lui prit d'écouter un homme qui n'avait que deux dents en tout et pour tout, et même celles qui restaient n'étaient point belles à voir. Les conseils d'un gueux, il pouvait s'en passer.

-Ouai. J'y penserai. Sers moi un autre verre.



Au petit matin, le chant du coq le réveilla. Pour une fois, il prit plaisir à dormir, même si le sommier est sommaire, le confort était moins rudimentaire que dans écurie. Propre et fringuant, il enfila des vêtements propres, intéressant pour l'art de l'équitation. Et au moins, il aurait peut-être moins mal à l'entre-jambe.
Il se dirigea vers le comptoir, s'empara d'une miche de pain et la croqua à pleine dent. Il était de bonne humeur, et cela se voyait.
Un petit sourire à la Ninnog qui s'était certainement levée plus tôt pour se préparer psychologiquement à réveiller la belle aux bois dormants.
Le Prince s'en alla se promener dans la forêt environnante et revint avec un bouquet de fleurs, bien garni.


-Bah... elle dort toujours la Princesse? Ninnog, laissez là se réveiller lorsqu'elle le désire, nous prendrons notre temps aujourd'hui. Rien ne presse.

Une fois les "directives" données, il se rendit à l'écurie pour nettoyer les équidés qui en avaient fort besoin.
Il lava l'échine tout en pensant au type de torture qu'il allait subir pour la journée.
La Belle Bretagne est si difficile à gagner.

_________________
Marzina
Dariusz faisait la fine bouche avec la nourriture. On voit qu’il avait des réserves, lui ! Et dire que la dernière fois, elle avait grossi…c’était pas le cas pour l’instant ! Enfin, c’est vrai que vers la fin, elle était presque devenue maigre aussi. Peut-être pour ca que l’enfant est parti, il n’avait plus de place… Alors qu’elle finissait les dernières miettes de son repas, ayant juste l’impression d’avoir atténué la douleur de la faim sans avoir rempli son ventre, Dariusz se leva et vint déposer son assiette devant son nez. Elle posa les yeux sur l’infâme nourriture, et l’infâme nourriture sembla trembler un peu, devant ce regard de bête affamée. Elle hésite, lance un regard vexé vers le polak, semblant dire « Non mais voyons, tu me prends pour qui ? Comme si j’allais manger deux assiettes !». Oui mais voilà, quand l’aubergiste, voyant qu’elle n’en voulait pas, revint chercher l’assiette, la blonde eût du mal à déglutir, et instinctivement, s’accrocha à l’assiette. L’aubergiste, qui tirait dessus, lui jeta un regard surpris, baragouinant un vague :

« ‘scusez-moi, j’pensions qu’vous aviez plus faim… »

Et pendant qu’elle protestait, prétextant que c’était juste une question de principe, et qu’elle n’avait pas faim au point de manger deux assiettes, ses yeux revinrent se poser sur l’assiette qu’elle avait défendu bec et ongles, et elle déglutit difficilement. Même son ventre sembla parler, lui intimant d’ingérer tout ca, la menaçant sournoisement de nouvelles douleurs si elle n’avalait pas ce ragoût. Elle se jeta alors sur l’assiette, l’attaque fut féroce, orchestrée en une demi-seconde, tandis qu’elle avalait cette deuxième assiette avec une sensation de bien-être extrême. Le repas terminé, elle se sentait parfaitement repue, souriante, et somnolente. Elle avait la vague impression d’avoir le ventre énorme d’une femme enceinte, ce qui n’était pas encore le cas, mais ne manquerait pas d’arriver, si cette chose encore ridiculement minuscule parvenait à s’accrocher. La dernière fois, ce n’était pas pareil, la chose était à moitié française, à moitié lâche donc. Cette chose là avait du sang de bretonne et de polak, c’était autrement plus résistant et combattif !

Elle regarde par la fenêtre au dehors, les ténèbres de cette nuit, comme si elle pouvait voir à travers. Il a un comportement étrange, le polak. Il nous ferait pas une grossesse nerveuse au moins ? Non, pas possible, il ne sait pas…Que prépare-t-il donc alors ? Elle chassa ces questions de son esprit, se décidant à aller trouver le sommeil. Ninnog la suivit, l’aidant à se préparer pour la nuit. Elle avait les lèvres pincées, la vieille, comme à chaque fois qu’elle mourrait d’envie de sortir une réflexion, mais que sa condition ne le lui permettait pas. Mais alors qu’elle délaçait le corset, et que la blonde poussait un soupir de soulagement, elle se permit finalement de dire ce qu’elle pensait
:

« Vous devriez arrêter de porter un corset, et moins serrer votre corsage, vous allez faire du mal au petit ! »

Ce disant, elle effleura le ventre où commençait à poindre un certain renflement, qui se faisait encore discret, mais qui ne tromperait pas un œil connaisseur. La blonde repoussa sa main avec mauvaise humeur.

« Cessez de me tripoter avec vos sales pattes repoussantes ! »

La gouvernante afficha un air vexé, la blonde l’avait blessée. Poussée par le reste d’orgueil qui avait survécu aux années passées à tenter d’inculquer quelque chose dans la tête blonde, elle répondit d’une voix sèche :

« Dans combien de temps comptez-vous le lui dire ? Bientôt, il sera trop tard pour que vous le lui disiez, il le verra de lui-même ! Votre ventre commence à poindre, et vos seins lourds ne tromperont bientôt plus personne ! »

La blonde ignore les réflexions, rétorque sèchement :

« Contente-toi de faire ton travail, je ne suis plus en âge de recevoir tes conseils ! »

Elle réservait habituellement le vouvoiement à la vieille gouvernante qui lui avait servi de mère, le fait qu’elle s’était brusquement mise à la tutoyer dénotait un malaise certain. La gouvernante mise à la porte, la blonde qui tombait de fatigue eut le regard attiré par son propre reflet dans le miroir. Etait-ce vraiment si visible ? Elle soupèse sa poitrine de ses mains, grimace un peu, mais sourit à moitié. Elle n’avait jamais vraiment été très ronde, un peu de galbe à cet endroit n’était pas de refus…Mais c’est vrai que de ce fait là, ca commençait à se voir. Nouvelle grimace revêche. Elle passa la main sur son ventre blanchâtre, caressa le haut de son bas ventre où elle sentait sous ses doigts l’équivalent d’une balle grosse comme le poing qui était venue s’y nicher. Elle passa pensivement un index sur la ligne brunâtre qui commençait sournoisement à marquer sa peau sous le nombril. Vrai qu’elle ne pourrait plus le cacher longtemps…
Elle soupira, elle préférait éviter de penser aux conséquences de cette grossesse, la peur qu’elle se déroule comme la fois précédente lui rongeait l’esprit, et elle essayait donc de vivre la chose au jour le jour, comme un petit désagrément physique passager. Pas vraiment comme un enfant à naître… Elle se lova dans le lit et tenta de trouver le sommeil, qui finit par l’emporter après de très longues minutes de grands yeux ouverts sur le noir. Le soleil était déjà fort haut dans le ciel quand s’ouvrirent les yeux noirs. La blonde cligna des yeux d’un air niais, regardant sans vraiment comprendre le soleil qui devait approcher de son zénith. Comment se faisait-il qu’elle n’avait pas été réveillée ? Elle se leva, entrouvrit la porte et brailla d’une voix ensommeillée :


« Nouniiiiiiig…Que faites-vous donc ? Je suis réveillée et vous n’êtes pas là pour me vêtir ! »

La gouvernante bougonne, râle qu’elle est en train de réveiller toute la maisonnée, bien que plus personne ne dorme à cette heure, mais vient l’aider à se vêtir. Au moment de serrer le corsage, la gouvernante hésite. Doit-elle privilégier la santé de l’enfant et de la mère, ou bien tenir compte de l’égo démesuré de la blonde ? A-t-elle la force de subir ses reproches, ou bien sera-t-elle en mode carpette ce jour ? Avec un air gêné, la princesse finit par mettre fin à ses interrogations silencieuses quand, d’un ton timide qu’on n’entendait presque pas, elle lui demanda :

« Ne serrez pas trop fort aujourd’hui…Et rangez mon corset dans les malles. Je pense…je pense ne plus en avoir besoin avant longtemps. »

Et de ressentir un certain malaise, une certaine gêne, tandis que la vieille ne pipe mot, de peur de froisser sa princesse et qu’elle ne change d’avis par esprit de contrariété. La blonde n’était pas d’humeur trop mauvaise, se réveiller tard lui avait permis d’éviter les nausées matinales, et bien qu’elle soit toujours exténuée, elle avait gagné du terrain sur la fatigue. C’est donc avec un appétit d’ogre qu’elle descendit dans la salle principale de l’auberge, suivie par Ninnog qui ahanait en portant bien trop de malles pour une seule femme. Marzina se dirige droit vers celui qui tient ce truc qui se veut être une auberge, ordonne d’une voix ferme :

« A manger, aubergiste ! »

L’homme lève un sourcil, réprime un bâillement, lui jette un regard incrédule. La blonde est de bonne humeur, et au lieu de lui sauter à la gorge pour la lui broyer entre ses féroces mâchoires avides de sang et de chair fraîche, elle précise ses exigences :

« Je veux du poisson frais, et de la purée de marrons. Avec du chouchen ! Et hâte-toi donc ! »

Comme elle était toujours de bonne humeur, elle n’ajouta pas de petit qualificatif affectueux parmi ceux qui lui avaient brulé les lèvres, tels « maraud », « vilain », « lourdaud »…Non, elle attend qu’il obtempère, mais l’homme lui rit au nez.

« Et avec ça ma p’tite dame ? Vous voulez pas non plus cent écus et un sourire ? »

Le regard noir se fait à nouveau assassin, tandis que la blonde siffle entre ses dents :

« C’est sûr que c’est pas l’amabilité qui vous étouffe, mais je suis pas sûre que je survivrais à pareil spectacle… »

Ninnog, qui sent que la situation et l’humeur agréable de sa maitresse se dégradent, prend les devants et se place entre l’aubergiste et la princesse pour demander d’un ton ferme à ce premier :

« N’as-tu point quelque chose à manger ? Peu importe, tant que c’est un minimum frais, tu seras grassement payé. »

L’aubergiste grogne, mais il ne peut refuser pareille demande, il jette un dernier regard assassin sur la blonde, avant de se déplacer vers les cuisines avec mauvaise humeur. La blonde se jette alors sur la pauvre femme.

« Il est hors de question qu’on le paie à prix d’or, sa pitance est immonde, et son comportement est des plus indélicats !
-Arrêtez de penser à votre petite personne et votre stupide égo, il vous faudra bientôt apprendre à faire passer vos désirs en second ! Peu importe le goût de sa nourriture, il vous faut vous nourrir correctement, le drame précédent ne vous a-t-il point servi de leçon ?
-Cruelle créature ! Il est hors de question que je mange quoi que ce soit d'autre que de la purée de marrons! Et je veux mon chouchen! »

La bombe est amorcée, prête à exploser en plein milieu de l'auberge.
Des barbares ces bretons, depuis le temps qu'on vous le dit!

_________________
Dariusz
-Mais noooon! Pas comme ça, arrête de suite! Tu es idiot, ou tu veux te prendre un coup dans l'entrejambe?

Qu'il est difficile d'obtenir ce que l'on souhaite quand on a affaire à un inculte doublé d'un incapable.
Dariusz pestait contre l'espèce de garçon d'écurie qui n'aura certainement jamais vu un cheval de sa vie, et ne connaît donc pas les comportements animaux ainsi que comment les soigner convenablement. Le gueux se promenait partout aux côtés du cheval. Une fois il passe sous le ventre de la bête, une fois sur le devant à une vitesse effrayante, il frottait avec une brosse comme l'on frotte un vulgaire pavé -encore fut-ce t'il qu'il ait déjà lavé quelque chose auparavant- et le pire, il resta longuement à l'arrière, lavant la queue de l'animal avec force et fermeté. En attaquant l'arrière train, le coup de sabot n'était pas fort loin.
Le polak préféra fermer les yeux pour ne pas voir une scène des plus affligeantes durant laquelle une partie de l'anatomie masculine risquait fort de disparaitre dans d'atroces souffrances.
Ce pourquoi, il sommait le paysan de cesser cette affaire au plus vite.


-L'ent'jambe? C'l'néant à l'ent'jambe. J'puis pô avoir bin mal comme si qu'c'té vous qui l'fassiez. Pis y m'f'ra r'en vot' bestiole. J'm'y prend ben.

-Oui. C'est sûr qu'en lui donner de bonnes raclées, il risque d'apprécier. Je vois d'ailleurs à sa tête qu'il en redemande.

Gros blanc.
C'était donc une femme?
Son sec d'une bonne claque.


-Gottferdom! C'est bon, arrête, je prend la relève avant qu'un drame ne parvienne.

Il poussa la gueuse en un terrible grognement et évita de justesse un coup de sabot furieux. Il s'en étonna grandement et resta un instant à contempler la scène qui lui aurait pu être fatal.
Puis grommela longuement avant de jeter la brosse sur la gueuse.


-Barre toi où je te frappe encore. Non mais vas t'en ou tu t'en prend une! CASSE TOI!
Non mais oh!


Grumpft. L'équidé restera donc sale, et la jeune femme aussi car dans son élan, elle tomba nez dans le purin avant de prendre fuite en dehors de l'estable poursuivis par le monstre de cruauté qu'était alors le Duc.
Dans une légère course poursuite, il s'arrêta net un instant devant une des fenêtres donnant sur la grande salle dans laquelle il eut pu distinguer la chaaaarmante et beeeeelle princesse qui faisait vrombir son coeur avec tant d'éloquence qu'un... hérisson en plein milieu d'une route à grande fréquentation.
C'est pour dire! Le coeur battait la chamade lorsqu'il croisait ses yeux, même si elle était pénible, voire même chiante, très chiante. Dans le sens le dynamique du terme.
D'un côté, une femme qui participe à une élection dans une liste exclusivement féminine et se stipulante toutes comme des "chieuses" nées, une femme comme ça ne peut-être autrement.

Bref. Ça parle. Ça se bouscule. Ça s'insulte presque. La mine blondesque s'en voit déconfite à mesure que le tavernier lui parle. Encore un sujet de bouffe.
Il soupire, et s'apprête à pénétrer dans l'auberge avant d'entendre quelques mots de la vieille Ninnog qui l'interpella grandement.

«-Arrêtez de penser à votre petite personne et votre stupide égo, il vous faudra bientôt apprendre à faire passer vos désirs en second ! Peu importe le goût de sa nourriture, il vous faut vous nourrir correctement, le drame précédent ne vous a-t-il point servi de leçon ?
-Cruelle créature ! Il est hors de question que je mange quoi que ce soit d'autre que de la purée de marrons! Et je veux mon chouchen! »

Du chouchen et des marrons en cette saison?
Ou plutôt: "le drame précédent ne vous a-t-il point servi de leçon"?
Ne serait-ce pas possible que?
Elles doivent parler d'autre chose qu'il n'eut donc point saisi auparavant, pas de quoi s'inquiéter plus péniblement.

Il fit baisser la poignée de la porte, s'engouffra dans l'air lugubre et nauséeux de l'endroit, et commença quelques pas qui résonnaient dans la maisonnée tout en direction de la chaleureuse bande.
Ayant en pensée les mots qu'il eut pu entendre, il interrogea du regard la jeune Princesse et la regarda de haut en bas, un sourcil plus surélevé que l'autre.


-Ravi de vous voir si matinale. Il y aurait-il quelques désagrément rencontrés sur vôtre route?

Le tenancier revint face à la joyeuse bande et porta une assiette aux devants de Marzina. Une assiette contenant tout bonnement les restes de la veille, et certainement encore de l'avant veille. De la viande trop cuite, trop périmée que l'odeur qui s'en dégageait empestait toute la salle. Des légumes fades et trop bouillis. Le tout accompagné d'un verre de vin jaune, du vin paillé limousin certainement. Et, bien évidemment, éventé.
De quoi injecter le mal dans un ventre féminin, et pourquoi pas la mort.
D'un geste, il fit voler l'assiette à l'arrière du comptoir.


-Il me semble que la commande passée tenait à propos de chouchen ainsi que de marrons.
Il n'y a rien ayant la consistance de cela. Apporte ce que l'on te mande, ou nous ne paierons aucun de tes services.
Va le gueux, et reviens avec notre commande.


Et voici que René le gueux grogna une nouvelle fois, mais devant la menace se fit plus sérieux et retourna en cuisine cherchant pour tout les moyens ce qu'il pourrait offrir ayant le goût et l'apparence du marron ainsi que du chouchen.
Du cidre, peut-être? Mais pour les marrons, aucune idée. Il se creusa la tête de nombreuses fois. Mais une chose était certaine. Aucun marron ne poussait en cette saison.
Il n'était pas dans la m****.


-S'il n'est guère compétent à vous servir convenablement, nous trouverons certainement une auberge plus adéquat au moindre de vos désirs.

Et, en guise de bonjour, pour ne pas la brusquer bien trop qu'elle ne l'est déjà, il s'empara de la douce main pour y porter un baiser chaleureux.
_________________
Marzina
L’entrée de Dariusz la fit sursauter. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il entre maintenant, surtout après ces paroles de Ninnog évoquant sa précédente grossesse. Il l’observe, et brusquement, la tension s’élève dans le petit corps. Le cœur qui bat très vite, la respiration qui s’accélère…Elle cherche ses yeux des siens, pour tenter de lire ce qu’il a entendu. A-t-il compris ? Et cette stupide gouvernante qui ne sait pas tenir sa langue !

« Ravi de vous voir si matinale. Il y aurait-il quelques désagréments rencontrés sur vôtre route? »

Moarf, matinale ? Ils étaient actuellement plus proche de Sexte que de Tierce ! Est-ce qu’il tentait là de se payer sa tronche ? La voici boudeuse, répliquant d’un grognement que non, tout va pour le mieux dans ce milieu corrompu. L’assiette vint atterrir sous son nez. Déjà, ce n’était pas ce qu’elle désirait. En plus de cela ca avait une odeur…Infecte. Elle sentit son estomac se retourner, mais réussit à se maitriser, une main sur sa bouche. Elle contenait de mieux en mieux les nausées, elle finissait par s’y habituer doucement. Ou pas…Ca tanguait toujours en son ventre, rien qu’à l’odeur qui régnait dans la pièce. Quelle idée aussi d’envoyer valser l’assiette ! Maintenant, il y avait un peu de cette mixture partout…

« S'il n'est guère compétent à vous servir convenablement, nous trouverons certainement une auberge plus adéquat au moindre de vos désirs. »

Une main toujours devant sa bouche et son nez, elle acquiesça d’un simple signe de la tête, préférant ne pas prendre le risque d’entrouvrir les lèvres, le laissant docilement embrasser sa main libre. Lorsque René revint, l’estomac était trop instable et il fût déclaré qu’il s’était creusé la tête pour rien : Son Altesse ne mangerait point ce jour. Elle finit par demander au polak s’ils pouvaient partir, l’odeur régnant dans la taverne l’incommodait.

N’ayant point retourné le contenu de son estomac, le reste de la journée fût bien plus pénible encore que les précédents. Elle avait l’impression qu’à tout moment il pouvait être intimé à son corps de rendre toute la marchandise, ce qui la laissait dans un état pantelant et nauséeux. Elle regretta pendant de longues heures de n’avoir pas obéit à son corps et d’avoir gardé en elle ce dont il ne supportait plus la présence. Ils ne purent pas avancer beaucoup ce jour-là, la blonde ayant beaucoup de mal ne serait-ce qu’à rester sur son cheval. Fort heureusement pour eux, l’auberge qu’ils trouvèrent ce jour-là semblait bien plus agréable et confortable. Mais la nuit était tombée, et la blonde était frigorifiée, emmitouflée dans sa cape d’hermine elle trouvait encore le moyen de trembler. Descendant de cheval, elle attrapa le polak par la manche avant qu’il ne passe la porte de l’auberge. Claquant des dents, elle lui demanda d’une petite voix souffrante :


« Pourrais-je dormir avec vous ce soir ? Je...je suis frigorifiée… »

Ses joues rosirent légèrement, peut-être à cause de la fièvre, ou peut-être pas. Elle ajouta précipitamment, un peu plus fort cette fois :

« Mais je comprendrais que vous ne vouliez pas ! »

Cependant il accepte, et un faible sourire se dessine sur le visage princier, ramenant par là-même une certaine luminosité qui avait tendance à émaner de sa présence. Elle ne mangea pas ce soir-là, elle n’assista même pas au repas, les odeurs de cuisine, aussi alléchantes soit-elles à cet endroit, la rendaient plus mal encore que sur le chemin. Chaque odeur forte qui venait chatouiller ses narines déclenchait une violente contraction de son ventre. Elle en profita donc pour montrer se changer et se reposer. Ninnog l’accompagna. Elle l’aida à se dévêtir, observa son corps pâle et tremblant.

« Lui en avez-vous parlé ?
-Ce n’est pas le moment Nounig ! Je souffre la mort !
-Vous allez dormir dans la même couche…Il sentira bien vos hanches arrondies et…
-Il suffit. Je ne veux plus rien entendre ! »

La vieille referme la bouche, ordre princier ne saurait être contredit. La blonde enfile la chainse et se glisse entre les draps, elle frissonne pendant un moment, bien que le fait d’être allongée au chaud calme ses nausées. Finalement, elle sent l’odeur et la chaleur d’un corps connu contre le sien. Elle ferme les yeux, se laisse bercer par cette douceur et s’endort.

Elle finit par rouvrir les yeux au petit matin, se dégage d’un bras qui la maintenait prisonnière contre le corps du polak, émerge tranquillement. La nuit aura été bienfaitrice et a effacé les symptômes de la maladie. Une brusque odeur de pain chaud lui monte aux narines, et elle a juste le temps de se précipiter vers la fenêtre ouverte pour rendre ce qu’elle avait réussi à garder la veille.
Fallait que ca sorte, finalement.
Pendant ce temps, des coups frappés à la porte, et la voix de l’aubergiste qui se fait entendre :


« J’ai cru remarquer que vous étiez nouvellement mariés, concevoir l’héritier, ca creuse…J’ai pris la liberté de vous amener le petit-déjeuner, faudrait que vous m’ouvriez… »

La blonde se remet doucement de ses émotions, cherche de quoi se mouiller le visage pour recouvrir ses esprits. Heureusement que Ninnog avait ouvert la fenêtre de bon matin pour tenter d’éviter les nausées avec l’odeur corporelle du polak, sinon bonjour la catastrophe…
_________________
Dariusz
Zut.
Il n'aura pas eu le loisir de partir sans payer la note, qui était très salée étant donné l'impressionnante quantité de nourriture qu'elle aura ingurgité la femme. Sans compter qu'il fallait aussi payer pour la Ninnog. Après tout, soyons bon seigneur. Il semblerait que c soit toujours aux hommes de payer, ils détiennent la bourse apparemment. Enfin, la bourse commençait à prendre régime et devenir encore plus fine que le corps svelte de la jeune femme. Non pas que la vue du corps ne le dérange, oh cela aucunement, mais une bourse c'est tout de même assez pratique lorsqu'elle est obèse.

Il se fit donc traîner dehors en vitesse, avec Ninnog, pour regagner les destriers et la route. Étonnant que Marzina soit la première à vouloir partir, promptement, presque au triple galop. Certainement une chose lui avait fait peur, ou souffert dans cette auberge.
Dariusz en profita pour donner un dernier coup d'oeil massacreur envers la jeune gueuse qui avait désiré nettoyer les chevaux.
"Va donc te payer une nouvelle crinière, sale gueuse"
Ah, la douceur bretonne. Ça commençait à le gagner sévèrement.

La route se poursuivit encore, longue, très longue. Quelques palabres s'échangèrent, sans vraiment d'intensité. La belle semblait absente, et lorsqu'il se retournait pour la regarder, elle semblait encore plus pâle qu'auparavant. Et Boze sait qu'il est difficile d'en arriver à ce stade. Fallait-il s'en inquiéter? Dariusz l'était, grandement même, se demandant même ce qui pouvait bien lui arriver.
Etait-ce lié à la nourriture? Ou aux mots qu'avait prononcé la servante?
Là, il commençait sérieusement à se poser des questions, et à se demander si elle n'était point... non... ça ne serait pas possible. Quoique...
Elle lui aurait dit, c'est obligé, on ne garde pas pareil secret. Elle en serait capable. Rien que par vengeance.
Du coup, l'allure s'en ressentait plus ralentie, moins vive qu'auparavant et Ninnog semblait effrayée. Effrayée de devoir garder un secret fort pénible tout en continuant à loucher sur la princesse qui souffrait sans se plaindre.

Il fallait s'arrêter, la nuit allait tomber. Ils auraient pu continuer encore un peu, surtout qu'il ne faisait point si froid. Mais le groupe était préoccupé. Et justement une belle auberge se fit à portée. Certainement plus convenable que la précédente.
Habitué à devoir demander plus d'une chambre, il descendit du cheval, quelques secondes après Marzina et s'approcha de la porte. Il se sentit tiré en arrière avant d'entrer dans les locaux. Il se retourna donc, plutôt surpris. Et une voix innocente quitta des lèvres presque bleues. Une voix qui ne pouvait essuyer aucun refus tant elle était innocente et paisible.
Il en fut quelque peu ému.


-Bien entendu. J'accepte. Je ne vous laisserai pas mourir de froid...

Etait-ce réellement la raison pour laquelle elle désirait dormir en sa compagnie? Dans le doute, il n'allait aucunement commettre d'impaires. D'ailleurs, elle ferma les yeux rapidement pour rejoindre le pays des songes alors qu'il venait tout juste de la rejoindre après avoir passé un certain temps seul dans la grande salle à se remplir la panse des bons mets proposés. Il en avait même ramené un bol dans la chambre pour qu'elle puisse se remplir l'estomac. Il était étonnant qu'elle n'ait point mangé de la journée. Comment pouvait-elle tenir debout encore plus longtemps?

Les deux petits yeux fermés, il remonta le drap pour couvrir convenablement sa compagne, puis la rejoignit, se collant à elle, passant même son bras autour de son cou pour la tenir au chaud. Il semblait qu'elle avait une quelconque fièvre. Malgré le froid qu'elle ressentait, elle avait une température élevée de son corps, bien trop élevée.
Une raison de plus de s'inquiéter. Et de frissonner qu'un quelconque malheurs lui arrive.

Le coq n'avait point eu le temps de chanter que le bras du polak se vit brusquement changer de place, si bien qu'il s'éveilla légèrement, le regard brumeux, encore dans des rêves qu'il ne réalisera jamais. Il lui fallait du temps avant de recouvrer ses esprits et sentir un vent frais sur son visage.
Un vent frais et agréable, mais une odeur de rance, une puanteur qui se ressentait et qui picotait le nez. Il sursauta à la désagréable impression que l'on essayait de défoncer la porte. Son regard se dirigea vers cette dernière, puis vers Marzina qui se trouvait à la fenêtre, plus blanche encore et cherchant quelque chose. Sur son visage, des traces de malaise.
Il se leva brusquement sans même prendre soin de répondre au tavernier et s'approcha vivement de la jeune femme pour lui tenir le visage ayant peur qu'elle ne s'écroule.
Il la scruta un long moment, s'éternisa sur les lèvres souillées et la prit dans ses bras pour remettre le frêle corps au lit.
Il s'agenouilla à ses côtés, lui toucha le front pour sentir une quelconque chaleur superflue, et, inquiet, lui parla sur un ton de confesse.


-Marzina. Je sais que parfois nous nous causons mutuellement du mal. J'ai conscience de vous avoir fait souffrir, et que vous ne vouliez point, au départ, d'une vie comme celle-là. Mais je sais aussi que vous, ainsi que vôtre servante, teniez une chose en secret. Une chose que vous ne voulez me dire et...

De nouveaux bruits ébranlèrent la porte et une voix disgracieuse passa au travers.

-Ohlà! Vous voyez pas que nous sommes occupés à l'heure?

-Oh, pardonnez moi, je m'en vais de suite.


Peut-être pensera t'il, comme il l'a si salement dit, que le couple tentera encore de concevoir un héritier, mais tant pis.
Il regagna ses pensées, sa certaine tendresse dans le regard.


-Depuis quelques jours, vous êtes souffrante. Vous ne mangez plus, et le peu que vous ingurgitiez se retrouve jeté par la fenêtre et vôtre servante a parlé d'un drame passé.
Je crois avoir compris, Marzina. Et je ne vous obligerais cependant pas de me le dire, si tel est vôtre souhait. Mais vôtre santé m'inquiète.


Il lui prend la main, l'effleure du bout des doigts, penche la tête en avant, pointé sur le ventre si fin.

-Je vous ai fait une promesse. Et je la tiendrai. A jamais.

Hmmm. Si elle est vraiment enceinte, ce sera la fête pour Dariusz! Il sautera certainement partout comme un gai luron, en chantonnant sa joie de vivre et à la plus belle des engeances du monde.
M'enfin, pour le moment, il frissonne juste un peu beaucoup et s'inquiète dans un moment sombre de doutes et de questionnements.

_________________
Marzina
Elle avait à peine eu le temps d’attraper la lingette de la bassine d’eau et de la passer sur son visage que le polak était devant elle. Les yeux noirs de la blonde s’arrondirent tandis qu’elle restait silencieuse, son cœur bat à tout rompre, elle est affolé. Pourquoi se lève-t-il brusquement comme ça ? A-t-il remarqué ses nausées ? Aurait-il…compris ? Elle sentait son sang aller et venir dans son corps avec un affolement presque palpable. Le sang que partageait, maintenant, le petit être…La chose, pour l’instant pas plus grosse qu’une crevette, qui partageait l’anxiété de sa mère sans la comprendre. Petit organisme microscopique chétif né du péché de chair de deux cultures impulsives et alcooliques…Quel avenir s’offre à lui ?

C’est le genre de questions qui traversent l’esprit de la blonde, quand elle y pense un peu. C’est le genre de choses qu’elle se dit alors que le polak tient son visage entre ses mains, et qu’elle scrute son visage en déglutissant difficilement, avec dans la bouche ce goût désagréable qu’elle devait subir depuis plusieurs jours, plus d’une semaine même, elle ne sait même plus depuis quand ca dure…A quoi pense-t-il ? Surtout s’il sait, que compte-t-il faire ? Et s’il ne voulait pas de cet enfant ? Peut-être pourrait-elle lui dire qu’il n’est pas le sien ? Mais saurait-elle être suffisamment forte pour le mettre au monde seule ? Et s’il cherchait à se débarrasser de l’enfant, là, de suite ? Elle avait déjà entendu parler de ces pères qui, ne souhaitant pas d’enfant, déclenchaient la perte de l’enfant en brutalisant la mère de sorte que l’enfant mourrait avec de naître, comme ce qu’elle avait connu la dernière fois. Le nombre de scénarios se multipliait et ils devenaient de plus en plus horribles à mesure que l’anxiété prenait le pas sur elle, et qu’il restait silencieux.

C’est fou, en une seule seconde, le nombre de pensées que l’on peut avoir…
Et puis il la prend dans ses bras, elle se recroqueville sur elle-même, ferme les yeux, serre les poings. Elle est incapable de se raisonner, elle a du mal à respirer, elle étouffe…La peur l’étrangle, la main se glisse d’instinct sur son ventre qu’elle couvre, elle hoquète, se sent impuissante à protéger la petite chose. Et pourtant, c’est tranquillement sur le lit qu’il la dépose, apaisant quelque peu sa peur démesurée et paranoïaque.

Elle tente de se décontracter un peu, peut-être qu’il ne sait pas ? Il est juste silencieux, il n’a pas toujours été bavard, le polak…Elle tente de prendre de grandes respirations, de retrouver son calme, il n’a pas l’air menaçant. Elle tente même d’éloigner un peu la main de son ventre, mais le geste lui semble surhumain tant son instinct lui intime qu’il faut le protéger. Elle transpire, tant de tension l’épuise plus qu’elle ne l’est déjà, et la fièvre finit de la mettre en nage. Elle le regarde s’agenouiller, poser une main fraiche sur son front bouillant. Sa voix est douce, elle contribue à l’apaiser. Elle l’écoute avec attention et le laisse attraper sa main, mais lorsqu’il penche la tête vers son ventre, elle plaque un peu plus l’autre main contre son ventre et cherche à s’éloigner.

Elle retire sa main de la sienne et la pose délicatement sur son visage, tandis que ses yeux noirs inquiets viennent chercher ceux du polak. Ils se font inquisiteurs, mais ce qu’elle voit au fond n’est qu’inquiétude, point de haine ni d’agressivité. Alors elle soupire, de soulagement un peu, mais de fatigue surtout. Elle savait qu’il finirait par deviner de toute facon, peut-être même qu’au fond d’elle, elle souhaitait dormir avec lui pour qu’il le constate de lui-même. Elle n’avait pas été capable de l’avouer la dernière fois, elle s’était promis que cette fois-ci serait différente, mais les difficultés restaient les mêmes, malgré le fait que son mari reste auprès d’elle en voyant les premiers symptômes plutôt que de l’exhorter à avouer ce qui est trop dur à dire.

Elle inspire cette fois, un grand volume d’air. Ca fait des bulles dans son ventre, ca gargouille…Est-ce que ce serait la chose qui respire ? Elle n’en est pas sûre, c’est plus haut que c’est censé être…Elle cherche ses mots, la main toujours sur son ventre, et l’autre sur la joue de l’homme, cherchant le courage en ces deux êtres unis par les liens du sang.


« Je… »

La voix se fait hésitante, elle veut lui en parler, mais le blocage semble presque physique, la voix se perd dans sa gorge. Elle respire à nouveau un grand coup, et tente d’une voix mal assurée :

« Je le sais depuis…depuis Saumur déjà… »

Voilà, un premier pas de fait, on en parle, mais on n’aborde toujours pas le sujet principal. Encore un effort la blonde, tu peux le faire…C’est juste quelques mots !

« Nounig sait…Elle l’a vu, elle devine ces choses là… »

Bon, on va arrêter de tourner autour du pot non ? On s’en fout de la vieille, accouche !! Ou bien non, peut-être pas tout de suite…Elle n’arrive plus à regarder Dariusz dans les yeux, elle regarde ailleurs, et ses joues rosissent légèrement à nouveau tandis qu’elle lâche finalement :

« Je crois que notre mariage est fécond… »

Elle aura finalement réussi à le dire sans prononcer le mot, décidément…
_________________
Dariusz
Une certaine pression.
Une pression certaine.
Il attendait, tout en parlant lui même, qu'elle lui dise tout, qu'il soit enfin en paix avec lui-même, et avec elle aussi par la même occasion. Qu'il sache enfin ce secret si bien gardé qui, avec le temps, sera fort difficile et complexe à porter, au sens littéral et imagé du terme.
Il semblait suppliant, comme s'il allait lui même se confesser à la Sainte Eglise. Bien qu'il servait, pour l'heure, comme un moine prenant les aveux d'un pêché commis par une jeune femme sans histoire. Bon, la jeune femme en question avait causé pas mal d'histoire, et le moine n'était pas vraiment un saint homme non plus.

Il retint son souffle lorsque les lèvres blondesques commencèrent à remuer. A l'heure, il avait du mal à se concentrer tant l'intensité se ressentait dans cette pièce, comme si toute une vie en dépendait. C'est un peu le cas d'ailleurs. Donc il tenta de taire ses pensées pour écouter ce qu'elle avait à dire enfin. Elle aussi semblait souffrir d'un tel aveux. C'est bon. Ce qu'il pensait alors était très certainement justifié. Sinon, pourquoi hésiterait-elle de la sorte? A buter sur un simple "Je" pour ne plus pouvoir continuer la phrase qui devrait défiler aisément en dehors du frêle corps bouillant de la princesse.
Le propre corps du Duc commença aussi à prendre un coup de chaud, et la sueur jaillit d'un coup, perlant sur le front normalement sec de l'homme.
Et la confession fut finalement dévoilée.

Un ange passe.

C'est fou comme les sentiments peuvent jaillir n'importe comment. Et pas les mêmes en plus! Le plus omniprésent est tout de même la joie. Il afficha un sourire quelque peu crispé, comme de ceux que l'on veut vraiment afficher, mais qu'on ne parvient pas par un trop plein d'émotions. Ce fut donc un sourire vacillant, plutôt faiblard, mais contenant une puissance qu'il n'eut point montré jusqu'alors.
Il avait aussi envie de lâcher toutes les larmes de son corps.
D'hurler de gaité dans toute la maisonnée.
D'embrasser sa femme comme il ne l'aura jamais fait auparavant.
De courir partout, les bras en l'air, en gueulant comme un marsouin.
Et même! Et même! D'enlacer Ninnog avec tout le surplus d'affection qu'il avait en lui.

En clair, il est heureux.
Plus que ça même.

Il la regarda un long moment dans les yeux. Lui posa sa main sur celle qui caressait sa joue, puis se releva finalement, son visage toujours appuyé de ce sourire étrange de l'homme qui ne savait réellement comment agir.


-J...jus..juste un instant Princesse! Un instant! Ne... ne bougez... ne bougez pas Marzina... Je reviens de suite! Ne pars... ne partez pas, ne... restez là, oui, j'en ai pour un petit moment, c'est tout, pas plus, tu... vous... tuvous verrez pas mon absence du tout!

Incroyable! On dirait qu'il apprend tout juste à parler, qu'il mélange les mots, le sens des phrases, le... bah il est bouleversé le Dada, c'est pas tout les jours qu'on lui annonce qu'il va être papa... pour la deuxième fois, mais le premier il compte pas. Ou plus.
En plus, venant de Zina, c'est la merveille assurée. Elle qui ne souhaitait guère porter son engeance, la voici lui avouant tout de cela.
Il gambada donc vers la porte de la chambre, oui, il gambadait. D'un pas vif, presque galopant, il ouvrit la porte, la referma derrière son passage.
De là, sur le palier, il exécuta une sorte de danse presque trop grotesque. Heureusement, personne ne pouvait voir cela.
Puis, du haut des marches, il gueula à l'attention de l'aubergiste.


-Ola! Du tavernier! Tournée générale pour toute les âmes de cette baraque fantastique! Tout sur mon compte! C'est jour de fête!

Pas vraiment discret, vu que certaines portes de chambrées s'ouvrirent, laissant apparaître des têtes fatiguées faisant peur à voir, alors que le Dariusz faisait agrandir son sourire jusqu'aux lobes.
Il se précipita de nouveau devant sa chambre, souffla un bon coup pour reprendre son sérieux, du moins, un minimum, et retrouva Zina. Il ne pouvait même pas voir l'émotion qu'elle pourrait dégager, tellement la sienne était presque trop envahissante.
Il se replaça donc à ses côtés, lui prit le visage pour lui offrir un baiser qui dura le temps qu'il dura.


-C'est merveilleux Ma Princesse! C'est... tout bonnement merveilleux, si bien que je n'ose à peine le croire! Je vous dois tout! Tout!

Comble de l'excitation, il poursuivit à répéter plusieurs fois les mêmes mots "merveilleux", "fantastique", parfois même dérivant sur le nom qu'il pourrait donner à cet enfant.
Enfin, il se calma. Pensant qu'il déborde un peu trop alors qu'elle... il ne sait même pas comment elle aurait pu accueillir la nouvelle.
Il scruta à nouveau son regard, posa sa main sur l'une des siennes, la caressant lentement.

-Euh... et... vous? Je veux dire... cela ne vous met pas en colère de savoir que vous... portez nôtre enfant? Je veux dire... êtes vous heureuse?

Comme un bonheur ne dure jamais éternellement, les doutes et les questions revinrent en tête.
Il espérait réellement qu'elle soit enchantée par tout cela.
Il l'espérait ardemment.

_________________
Marzina
Les hormones, ca vous transforme une femme…
D’habitude, cette petite chose là, à peine plus haute qu’un enfant, avec ses boucles blondes, elle peut vous percer les tympans par caprice, ou vous tuer d’un regard simplement parce que la colère l’a envahie. Et aujourd’hui, comme rarement auparavant, elle rougit, ses joues prennent une teinte plus rouge que rose, parce qu’elle avoue pour la première fois, de sa propre initiative, qu’elle porte son enfant…La nature a le don de faire naître ce qu’on n’aurait pas imaginé possible, par la magie qui lui est propre…Elle émane presque de la lumière, la petite princesse blonde, à jeter un regard timide au petit bourrelet de son bas ventre, à y poser une main tant curieuse que protectrice… C’est bizarre, maintenant qu’elle l’a dit, comme ca devient…réel.

Le père a l’air content au moins, avec son sourire crispé, aussi nerveux qu’il est joyeux. Elle esquisse même un petit sourire, à le voir tout pitre comme ca, elle est un peu attendrie pour le coup. Ca s’arrange pas quand il cherche ses yeux ! Raaah qu’il arrête d’être…d’être…lui ! Ca la rend toute mièvre, elle a horreur de ca, mais qu’est-ce qui lui prend ? Au moment où elle décide de le repousser, il se lève brusquement et lui bégaye quelques mots. Comment ca il va partir ? Il tente pas de se défiler au moins ? De fuir ?
Ca y est, brusque montée de stress à nouveau, et l’eau qui envahit ses yeux. Gast, ce qu’elle se sent faible à cet instant ! Et sa main qui se tend vers lui tandis qu’il se dirige vers la porte. M’abandonne pas…Il semble tout troublé, passe tout de même la porte, et les vannes sont ouvertes. Déluge de larmes ! C’est ridicule, c’est minable, de pleurnicher comme ca, pour rien ! Il va revenir hein ? Il va…revenir… ? Un nouveau hoquet. Elle se sent lamentable là, toute seule avec son ventre qui pousse, dans le silence le plus immaculé…


« Ola! Du tavernier! Tournée générale pour toutes les âmes de cette baraque fantastique! Tout sur mon compte! C'est jour de fête! »

Elle sursaute, son cœur fait un bond et manque de s’échapper de sa poitrine. Est-il dingue ou quoi, de gueuler comme ca ? Mais malgré elle, le sourire revient sur le visage fin, parmi les boucles blondes, et elle essuie fébrilement ses larmes. Il n’est pas parti, finalement…Elle a à peine le temps se sécher son visage que déjà, il revient à ses cotés telle une furie pour l’embrasser. La pauvre est au bord de la crise cardiaque avec toutes ces surprises, elle qui a l’habitude de sa vie presque chronométrée au château de Nantes…

« C'est merveilleux Ma Princesse! C'est... tout bonnement merveilleux, si bien que je n'ose à peine le croire! Je vous dois tout! Tout! »

Oui enfin, pour l’instant elle n’a pas fait grand-chose à part subir hein ! C’est lui qui a planté la graine, et le gosse la parasite pour grossir, elle lui a pas encore donné la vie !
Lui donner la vie ?
Accouchement ?

Et elle ne l’écoute déjà plus, tandis qu’il lui demande ce qu’elle pense de cet « heureux événement ». Déjà, les larmes lui remontent aux yeux, c’est à nouveau le déluge alors qu’elle baragouine un vague :


« J’y arriverais paaaaaaaaas ! »

Le visage redevient tout pâle, les yeux sont rouges et gonflés, et le petit nez princier s’apprête à passer dans le même état. Dans une grossesse, mieux vaut occulter la dernière partie de l’histoire, surtout pour la femme. Malheureusement, la blonde s’était souvenue de la fin…Et elle gâche les beaux espoirs du polak, pleurnichant comme une gamine :

« J’en veux pas ! Je vais devenir grosse et moche ! Et je pourrais même plus monter à cheval ! Et puis j’en ai marre de vomir tout le temps, c’est horrible, j’en veux paaaaaas !»

La fin de la phrase se termine dans un long sanglot alors qu’elle se laisse retomber lourdement sur le lit, tournant le dos au polak, pleurant au creux de ses petites menottes comme une gamine dont on aurait refusé le caprice.
Un débarquement françoy sur les côtes bretonnes? Première à organiser la défense!
Un brito-polak dans son ventre? Première à fuir!

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)