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[RP] Après le fantôme, le suzerain !

Valezy
Les semelles de ses bottes martelaient en un rythme régulier le dallage tandis qu’il faisait les cents pas dans la grande salle du castel de Magnet, avec, collé à ses basques, le nain à la face hirsute qui le suivait en retrait comme s’il était son ombre.

Son esprit vagabonda alors vers des pensées bien terre à terre.

Il avait, en effet, consciencieusement inspecté les lieux, pièce après pièce, pour s’assurer que tout soit, non seulement en ordre, mais aussi rutilant qu’un sou neuf. C’est qu’en ce jour il recevait un invité, et pas n’importe lequel puisqu’il s’agissait de son suzerain, Martymcfly, l’homme qui lui avait confié le domaine de Magnet… Et en retour à cette marque de confiance, Valezy escomptait bien que tout soit parfait pour recevoir son ami de Duc.

D'autant plus qu'il avait grande hâte de présenter à ce dernier sa fiancée, la sublime jeune femme qui déjà devait, pour l’occasion, s'apprêter dans leur chambre. A cette pensée, un doux sourire se traça sur ses lèvres, tout en se disant qu’il irait la voir dès qu’il aurait terminé. Mais avant, il avait encore une chose à régler…

Sur ce constat, son pas s’arrêta alors, tout comme le nain, qui faillit d’ailleurs de peu heurter ses jambes. Et ses prunelles se déportèrent sur ses domestiques.

En effet, il avait fait mander chacun des gens qui travaillaient au castel, les faisant aligner en rang dans la grande salle… Pour inspecter tout ce beau monde d’un regard acéré, à l’image d’un général qui considère ses troupes peu avant le déroulement d’une bataille.

C’est qu’il n’avait aucune envie de voir des poivrots dépenaillés et beuglant comme des ânes tout en courant partout dans le domaine. Mais sur ce point là, il se voyait désormais rassuré.

Aussi, vint-il prendre place face au capitaine de sa garde, un homme de forte carrure, à la chevelure aussi noire que le jais, à la mine simiesque et au regard vide de toute intelligence. En bref, le garde parfait.

La main gantée du jeune seigneur se posa alors sur l’épaule de l’homme.

Théobald…

Parce que le dit capitaine répondait bien entendu au nom de Théobald… Sinon cela n’avait aucun sens.

Et Valezy eut bien du mal à ne pas grimacer en prononçant le prénom… Il exécrait en effet ce dernier. Mais dans l’absolu, cela n’était point de la faute du garde, ni même de la sienne d’ailleurs.


J’ai besoin de toi.
Vois-tu qui est Sergueï, le cocher de la baronne de Lignières…
Ce gros campagnard berrichon, avec un accent à couper au couteau, toujours ivre et à regarder les femmes de son œil lubrique ?


Oui, messire, je vois tout à fait de qui vous parlez !


Bien, bien, tu vas l’arrêter et le mettre dans les geôles.

Encore une fois messire ? Il vient juste d’en sortir.

Oui, encore une fois. C’est ainsi, la vie est dure…

Il laissa alors le silence s’installer avant de reprendre.

Et vois-tu qui est Gaspard ? Le nain barbu qui est à mon service ?


Celui qui est juste derrière vous, messire ?


Oui celui là même…
Bah tu vas me le mettre aux cachots aussi.


Le Gaspard en question manqua alors de s’étouffer à l’écoute de ces mots, avant de déclarer d’un ton geignard qui força Valezy à se retourner.

Mais je n’ai rien fait, maître !

Le maître des lieux considéra un bref instant le petit homme du regard avant de lui répondre.

Je sais bien mon bon Gaspard et c’est justement pour que tu continues sur cette bonne voie que je te fais enfermer aujourd’hui. Tu sais bien que tu as la fâcheuse habitude de faire des âneries plus grosse que toi… Ce qui, par égard pour ta taille, n’est guère difficile certes…

Mais bon, considère que par cette mise aux arrêts préventive, tu te sacrifies pour que cette journée avec mon suzerain se passe à merveille.


Sur cette déclaration, il refit face à ses gens avant de prononcer ces derniers mots.

Sur ce, retournez à votre office.
Le Duc de Billy ne devrait plus tarder à arriver.


Et il s’en détourna pour se diriger vers sa chambrée, et avec elle pour rejoindre sa bien aimée, restant ainsi sourd aux supplications du nain qui, déjà, se faisait entraîner sans ménagement par Théobald.

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Martymcfly
Ils l'avaient prévu dès le départ... Après la levée de la loi martiale, il y a maintenant quelques semaines... mois... Arf que le temps passait vite... Marty avait envisagé d'emmener sa Beths sur ses terres. Deux êtres qui se rapprochaient, qui se découvraient l'un l'autre, qui apprenaient à s'apprécier davantage. A s'aimer.

Ils avaient commencé leur petit tour des seigneuries par Espinasse. Grand mal leur en avait prit.

C'est là qu'avait commencé leurs mésaventures, leurs courses poursuites à travers le nord du Duché. Beths avait quitté précipitamment le castel d'Espinasse. Prise en chasse par un convoi comprenant le Duc de Billy et sa marraine, rejoint à Montpensier par le maréchal Hermanicus. Mésaventure qui s'était achevé à Montluçon par un sanglant combat dans une forge. Ils garderaient, certainement à vie, des séquelles de cette rencontre. Qui une épaule, qui un mollet... Plus question dès lors de cavaler sur leurs montures. Finies les joutes pour le moment, les matches de soule aussi... Mais c'est là aussi qu'il avait enfin osé... ou plutôt qu'elle avait enfin osé... répondre à la fameuse question.

Un mal pour un bien ?

Du temps avait passé depuis ce moment à Montluçon. Depuis ce "oui" si difficilement obtenu. Une vassale les avait quitté, Marty avait fait son retour au Conseil, chose qu'il n'imaginait pas, du moins pas dans ces conditions là. Il avait du se remettre aux dossiers de plainte, aux brigandages, aux débats du conseil. Il avait été bien accueilli à son bureau par les maréchaux et les douaniers. Et il avait une gracieuse adjointe pour l'aider.

Un mal pour un bien ?

Toujours est il que le Duc de Billy n'avait pas oublié sa promesse. Il montrerait ses terres à sa Beths, devenue sa promise.

Une missive venue du Berry l'avait averti de l'arrivée imminente de son vassal Valezy. Combien de temps s'était-il écoulé depuis le jour où ne l'avait pas vu... Depuis son anoblissement à Paris, à la Chapelle des Hérauts... Grand moment que celui là. Il l'avait aperçu au domaine de Lignières aussi, pour le mariage du Vicomte d'Ambert. Le temps passait à folle allure et les imprévus de la vie faisaient qu'ils ne se voyaient que pour des grandes occasions. Son ancien Commissaire aux Mines devait être dans ses terres de Magnet, et c'était le bon moment pour lui rendre visite. Avec Beths bien évidemment.

Le carrosse roulait en direction de Magnet, avec à son bord une future Duchesse, éprise d'un Marty boiteux. Un Prévôt et son Adjointe étaient attendus.

Venus de Thiers où Beths avait dû monter la garde sur les remparts, malgré son épaule bandée, la voiture était partie de bon matin. Il leur fallait au moins une grosse journée pour rejoindre les terres vassales de Billy. Après quelques dizaines de minutes de chevauchées jusqu'à la cité de Puy Guillaume, ils avaient fait une halte, Beths ayant eu envie de voir à quoi ressemblait le "port de Thiers". Ils en profitèrent pour laisser leur carrosse pour finir le voyage par voie fluviale. Une petite embarcation qui vogue sur l'Allier. Voyage agréable par une belle journée ensoleillée de début de printemps. Ils passent devant les terres de Mariol, dont il faudra trouver un vassal un jour... La tâche sera rude pour le futur Seigneur de Mariol. Arrêt obligatoire à Vichy où ils débarquent dans la ville pour reprendre la route. Direction Bost avant de bifurquer vers Magnet.

Le château de Noailly se dresse alors devant eux, en début de soirée. Pas très loin, une petite église dédiée à Saint Vincent de Paul. Charmant petit coin pour Valezy. Marty était heureux et pas peu fier de lui avoir confié ses terres là. Et à constater par le bon entretien des routes, son vassal administrait correctement le domaine.

Quelques mots échangés avec sa promise alors qu'ils descendent du coche. Qui viendrait les accueillir ? Le suzerain de Magnet ou un valet ? Ou peut-être un couple ?

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Johanara


Se prélassant dans un bain aux fragrances jasminées, la Baronne , paupières mi-closes et cheveux ruisselant le long de sa nuque songeait aux heures qui se profilaient.
Ses mains caressaient l’onde tiède et parfumée , sa bague de fiançailles jetant des reflets diaphanes à la surface de l’eau que l’œil prasin suivait avec nonchalance.

Le front soucieux, la bouche boudeuse, la jeune fille était en proie à une inquiétude grandissante.

Et si ce Duc était un sombre basin? Après tout il allait devenir son suzerain si tôt la noce célébrée.

Léger soupir inaudible , égaré parmi les brimades de sa camériste qui l’exhortait à quitter l’étuve prestement afin qu’on lui sécha sa lourde chevelure de feu.
Alors qu’elle dégoulinait , enroulée dans quelque serviette chaude, le même tracas la taraudait.

Vassale d’un duc auvergnat… Comme si épouse d’un seigneur auvergnat ne suffisait pas!

Ses aïeux allaient se retourner en leur tombe, pour sûr!
Vivement que sa sœur épouse quelque champenois royaliste ou son jumeau une de ces infâmes tourangelles qu’elle ne soit plus la seule à jeter l’opprobre sur leur nom!
Maugréant , la frimousse encore perlée de quelques gouttes limpides , elle pesta in petto contre Valezy et cette fâcheuse et incommensurable emprise qu’il avait sur sa personne.

Noble auvergnate… Misère!

Enfin elle lui imposait son insupportable famille , admettons qu’ils étaient quittes!

Quelques longues heures plus tard , la demoiselle d’Ambroise était prête à recevoir les convives de son fiancé. Tenant à lui faire honneur , elle avait exigé de sa chambrière que sa mise soit irréprochable.

Sa jeune camériste lui suggéra l’admirable toilette offerte par le maître des lieux à l’occasion de son vingt et unième anniversaire. Il ne fut guère aisé de convaincre la Baronne qui conservait le présent telle une précieuse relique à l’abri des regards sans l’avoir même jamis essayée. Néanmoins elle céda, par coquetterie tant on lui itéra qu’elle serait certainement époustouflante ainsi parée , les atours ambrés la nimbant de lumière.

La grande psyché d’acajou lui renvoya le reflet d’une grande rouquine anxieuse et tendue dont la robe de soie auréoline courait admirablement sur ses formes voluptueuses. Ses longs cheveux tressés étaient retenus par une délicate résille de fils d’or rehaussant l’éclat du roux vénitien et une large ceinture richement brodée enserrait sa taille chaloupée.

Une tête rousse apparut près de la sienne dans le miroir de Venise, dessinant un sourire radieux aux lèvres purpurines de Johanara dont la main fine se leva jusqu’à la joue de son fiancé. Elle riva ses prunelles jade au reflet de ses grands yeux azurés.

Deux bras vigoureux l’enlacèrent et la firent se retourner dans un délicat froissement de soie.

Elle arrangea l’encolure de sa chemise élégante , ses mains s’attardant avec tendresse sur son cou , avant d’hocher la tête , l’air admiratif :


Tu en fait un raffut depuis tout à l’heure! Enfin le résultat est éblouissant comme à l’accoutumée.

Tes invités ne devraient guère tarder… Nous descendons amour?

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Beths
Un voyage, une promesse …
Elle n’attendait plus rien la Gondole, enfin plus vraiment, quand tout était revenu, brusquement : les ombres du passé, les ponts de l'avenir, la fraîcheur des réponses, les anges du cortège et surtout la joie de côtoyer chaque jour qui passait le doux penchant pour un l’élu de son cœur. Ce qui ne lui semblait que fadaise et niaiserie avant de … avant de l’aimer, simplement entièrement, avec passion, avec tendresse, émotion, timidité. Et c’était un peu tout cela qui s’était échappé lorsqu’enfin le oui tant attendu avait franchi ses lèvres.

Ce fut alors que s’était élevé le chant magique dans les méandres d’une taverne, un Billy avait une Gondole pour promise. Depuis, ils n’avaient fait que parler, se découvrir, partageant ce bonheur qu’ils portaient chacun au creux de leurs mains, don d’espérance folle et qui leurs faisaient apercevoir, sur la face du ciel, des mouvements de traits qui ressemblent à un sourire. L'avenir était plus près, plus souple, plus tentant.

Des milliers de mots échangés, qui mûrissaient en silence, attestant que le silence n’était pas vide. Qu’importait le temps, ils en profitaient gais, heureux, au grès des vents. L’amour était un partage, un voyage, avec pour tout bagage, leurs cœurs.

Un voyage qui avait étrangement commencé, une tournée des domaines de Marty, une expédition qu’elle espérait plus calme que les premiers jours. Son mollet à lui, et son épaule à elle, enfin, cicatrisaient lentement, leur laissant possibilité de voyager plus que les quelques heures autorisées par le médicastre. Et puis, il était devenu prévôt dans des circonstances qu’elle n’avait pas souhaitées, et qui les laissaient, lui en deuil d’une vassale et amie, et elle en deuil d’une amie grâce à laquelle elle avait osé se jeter au cou de l’être cher. Un prévôt et son adjointe … et promesse qui devait être tenue, visiter ses terres.

Pourquoi au juste ? Elle avait exprimé le désir de prendre route, et Marty lui avait fait cette proposition. Amusée, elle y avait répondu favorablement, espérant inconsciemment pourvoir y croiser certaines de ses vassales, car quant à son unique vassal homme à ce jour … elle se rappelait trop Paris et l’anoblissement.

Lorsque Marty était arrivé plus joyeux qu’à l’accoutumé, lui apprenant que justement, l’ex CAM du BA, l’ex Capitaine d’Armagnac et Comminges, Valezy, venait passer quelques jours en son domaine de Magnet, Beths avait compris qu’elle ne couperait pas à un nouvelle rencontre avec lui. Ne souhaitant surtout pas peiner l’homme qu’elle chérissait, elle avait sourit, et hoché la tête alors qu’en fait elle aurait souhaité lui répondre que, naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan, elle ne voulait pas. Sacrifice pour contenter son cerf des forêts profonde ... ce qu'il ne fallait pas faire ...

Au bord du carrosse, puisque monter leurs chevaux respectifs ne leurs étaient pas encore recommandés pour une si longue distance, elle réussit cependant à retarder l’échéance. Elle éprouva brusquement un regain d’intérêt pour les terres avoisinantes : Le port de Thiers, qu’elle n’avait jamais visité, et oooooh une embarcation, mais que c’était tentant, et si romantique, par une si belle journée de printemps que de voyager au grès de la rivière. Tendre baiser échangé, et décision fut prise qu’une Gondole et son Duc prendraient l’eau pour poursuivre leur voyage. Complicité, félicité, et délice, bras de Marty autours d’elle, deux mains qui s’enlaçaient, promesse d’avenir, et puis la jeune femme aborda la question de leur mariage prochain, où date devait être prise, ainsi que trouver un lieu, un curé, et … et ils arrivèrent à Vichy où le carrosse, ou bien était-ce un autre ? Bref, leur moyen de transport était là, la faisait doucement soupirer. Certes, les cahin-caha de la route avaient pour avantage de lui faire connaître la joie de rester tout contre son Duc, mais bon, cela signifiait aussi qu’ils étaient presque arrivés.
Allons, allons se raisonna-t-elle, cette entrevue se passerait peut être …. bien ... ? Après tout, elle avait changé, pourquoi pas lui ?
Déglutissant difficilement, tournant ses yeux verts ourlés de gris vers celui qui était son ivresse.


Tu es sûr que ma présence, que je sois euh … invitée ?

Marty souriait alors qu’elle se demandait bien pourquoi. Se rappelait-il que son vassal et elle avaient quelques désaccords de caractères ? Mais il avait déjà posé une main sur la sienne, lui intimant par ce geste l’ordre de rester à ses côtés, de lui suivre, de lui obéir, ce qu’elle fit, et comble de l’horreur, elle se rendit compte qu’elle le fit avec plaisir. Clignant plusieurs les yeux tout en descendant du coche, elle se demanda un bref instant si son tempérament était devenu effacé et calme ? Non …. Non ? Hum …
Elle n’eut guère le loisir de pousser plus avant ses réflexions qu’elle vit que l’on se rapprochait d’eux. Toutefois, le soleil rasant avec l’horizon l’empêchait de discerner correctement les silhouettes pour deviner qui arrivait à leurs hauteurs pour les accueillir.

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Valezy
Rassuré quant à la tenue du castel, ce fut avec l’esprit tranquille que Valezy rejoignit leur chambre. Et à peine eut il franchit le pas de la porte que son regard embrassa, comme il s’y attendait, mais aussi, comme il l’espérait, la silhouette de sa fiancée. Pour l’occasion cette dernière semblait s’être apprêtée de ses atours les plus fastueux et un mince sourire vint se dessiner sur les lèvres du jeune seigneur quand il reconnut la robe qu’il lui avait offerte comme présent pour son anniversaire.

Sans nul doute, il avait alors fait le bon choix… Car, elle était sublime, ainsi vêtue.

Et tandis qu’il se rapprochait d’elle et que, par la même, les contours de son visage se reflétèrent dans le miroir, attirant ainsi l’attention de sa belle, il se dit qu’il serait merveille de pouvoir passer une vie à admirer et chérir une telle femme… Mais n’était ce pas ce qu’il s’apprêtait à faire en la prenant pour épouse ? Devant cette conviction, son sourire ne pu que s’élargir d’avantage.

Ses mains se posèrent alors sur les flancs de la jeune femme, les caressant à travers la douceur du tissu, pour la retourner vers lui avec délicatesse.


Je suis ravie de te voir enfin la porter, mon cœur, tu es magnifique.


A ces mots, une infime lueur sembla éclairer le safre de ses yeux.
Comment une contrée aussi sinistre et sauvage que le Berry, avait il pu engendrer si beau trésor ? Se demanda t’il alors. Mais force était d’avouer, toutefois, que répondre à cette question dépassait de loin le domaine de ses compétences en théologie, et plus particulièrement, sur le volumineux chapitre des miracles.
Il n’en finit pas moins par déclarer, après quelques infructueuses réflexions.


Mais tu as raison, allons y…

Sa destre s’empara alors de la main de sa promise, ses longs doigts effleurant ainsi l’or de sa bague de fiançailles, sur laquelle de fines arabesques, habilement gravées à même le métal, représentaient un lys couronné par un éclatant diamant en son centre.

Et c’est ainsi, que quelques minutes plus tard, les deux jeunes fiancées se rendirent dans la cour pour se porter à la rencontre de leurs convives, qui venaient tout juste de quitter le relatif confort du carrosse frappé aux armes de Billy.

La voix du seigneur de Magnet se fit alors chaleureuse quand il salua son suzerain et celle qu’il savait être sa future duchesse.

Marty, mon bon Duc, tu me vois bien heureux d’honorer mon invitation par ta présence icelieu.
Cela faisait bien trop longtemps que nous nous étions vus.


Puis son regard se détourna vers la dame de Gondole, ses sourcils se fronçant par la même légèrement tandis qu’il considérait avec attention, la prévost royal, tout en se rappelant les paroles de cette dernière lors de son anoblissement à Paris.

Visiblement cette dernière ne portait nulle matraque, à sa ceinture. Par conséquent, il en conclut qu'il ne courait, très certainement, aucun danger immédiat.


Aussi finit il par rajouter, sur un ton qui se voulait tout aussi chaleureux.

Tout comme vous, dame Beths.
Soyez la bienvenue à Magnet.


A peine eut il finit sa déclaration que, par une nouvelle fois, son attention se déporta vers la jeune rousse qu’il tenait toujours par la main.

Je crois que vous connaissez déjà Johanara d'Ambroise, Baronne de Lignières et Dame de Saint Lys… Ma fiancée.

Et tandis qu’il prononçait ce dernier mot, Valezy ne put que s’enorgueillir, sa voix se faisant dès lors plus fière tout comme sa posture.

Puis, s’avisant de nouveau de ses vis-à-vis.

Avez-vous fait bonne route ?

Mais venez, rentrons, nous serons bien mieux à discuter à l’intérieur autour d’un verre de vin et de quelques ripailles. J’espère que vous avez faim d’ailleurs…


Sur ces mots, il entreprit alors de les conduire vers la grande salle du castel. Ses gens s'occupant, déjà, derrière leur sillon, de prendre en charge le coche et les effets du Duc de Billy et de sa compagne.

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Martymcfly
Agréable début de soirée qui s’annonce sur les terres de Magnet. Descendus du coche qui les avait amenés jusque là, le Duc et la future Duchesse de Billy ne pouvaient qu’escompter autre chose. Voilà que deux silhouettes s’étaient approchées du couple.

Un autre couple, main dans la main, se présenta à eux. Evidemment Marty reconnut tout de suite son vassal et ami Valezy qui portait ses armes.


Marty, mon bon Duc, tu me vois bien heureux d’honorer mon invitation par ta présence icelieu.
Cela faisait bien trop longtemps que nous nous étions vus.


Hochement de tête, presque soupirant.

En effet, le temps passe à une allure incroyable aussi… Et tu avoueras que l’Armagnac est un peu loin du Bourbonnais-Auvergne.

Sourire en coin alors qu’il accueille Beths, puis introduit sa fiancée.

Je crois que vous connaissez déjà Johanara d'Ambroise, Baronne de Lignières et Dame de Saint Lys… Ma fiancée.

Marty se demande si elle savait. Avait-elle été mise au courant du décès de sa vassale ? De leur vassale commune ? Tant de questions à lui poser… Mais avant tout se réjouir pour Valezy. Quoique…

Bien sûr que nous nous connaissons. C’est un plaisir de vous revoir Baronne.

Baise main de tradition tandis qu’il comprend qu’elle deviendra sa vassale, la Dame de Magnet après son mariage… Une vassale Berrichonne… Pouark…

Baronne, vous ne connaissez peut-être ma promise, Beths, dame de Gondole et Prévôt Royal des Provinces Vassales ?

Une future suzeraine salue une future vassale.

Avez-vous fait bonne route ?

Valezy tente alors d’entamer la discussion.

Pas trop mauvaise merci. Il faut dire que les routes de Magnet sont bien entretenues, laisse moi te féliciter.

Mais Marty ne doutait pas un instant avoir fait le bon choix en ayant pris Valezy comme vassal. Il savait que les Magnetois auraient un bon suzerain.

Mais venez, rentrons, nous serons bien mieux à discuter à l’intérieur autour d’un verre de vin et de quelques ripailles. J’espère que vous avez faim d’ailleurs…

Si tu nous prends par les sentiments… Je ne puis refuser telle offre.


Les quatre pénétrèrent à l’intérieur du château. Joli travail effectué pour donner des couleurs au castel de Noailly. Le bon goût auvergnat se ressentait, mais l’on sentait aussi la patte féminine de la Baronne de Lignières.

Grande table qui s’offre devant eux, déjà somptueusement ornée de plats en tous genres. Valets presque au garde à vous. On sent l’influence militaire de l’ancien Capitaine d’Armagnac… Sourire en coin.

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Johanara
La paume pressée contre celle de son fiancé , la jeune Baronne franchit les lourdes portes de bois massif et traversa la cour afin d’accueillir leurs invités.

Son pas tentait de s’accorder à celui de son beau militaire , preste et fier, et cela malgré sa cheville claudicante et sa canne d’acajou qui ne la quittait guère plus depuis cette déplorable chute en Berry, quelques deux ans plus tôt.

Son futur suzerain se tenait devant eux , accompagnée d’une jeune femme que Johanara savait être sa jeune promise.

La belle saison aimait à sceller les amours par de tendres promesses d’hyménée…

Elle leur sourit poliment , laissant Valezy les accueillir , amusée de le voir ainsi quelque peu sociable et accort , un air amène à son joli minois, lui qui affectionnait tant jouer les ours mal léché et les misanthropes au gré de leur voyage et de leurs rencontres.

Ses larges prunelles jade détaillèrent les fiancés à la dérobée , au travers de ses longs et épais cils noirs.

Elle avait quelques souvenirs du Duc , sa venue à Lignières par deux fois…Pour leur Apolonie , leur chère vassale qui devait lui manquer autant qu’à elle. En parleraient ils?

Une ombre voila un instant le vert limpides de ses grands yeux alors qu’elle déportait son regard vers la jeune femme. Beth… Beth… Pour sûr elle avait souvenance de ce front soucieux et de ses manières gracieuses…Lignières certainement aux épousailles d’Apolonie… Maispas que ça...

Sanguinne! Mais oui! L’ennoblissement de son rouquin!

Un franc sourire éclaira dès lors son visage de madone tandis que ses yeux rieurs se posaient tour à tour des convives à son fiancé.

Quelle cérémonie! Entre la Beth qui avait tiré sans vergonde l’oreille d’un Valezy soufflé puis le baiser langoureux du Duc de Billy à son vassal qui n’avait guère donner l’impression de s’en plaindre, les mirettes de la belle n’avaient cessé de s’ouvrir en grand d’effarement et d’indignation.

Ah ça oui , le baiser l’avait laissé sans voix! Pas qu’elle trouva surprenant que les deux hommes se vautrent ainsi dans l’effusion de sentiments ou autres choses peu recommandables , après tout ils étaient auvergnats et les mœurs de ces derniers étaient réputés pour être emplis de perversité et de sensiblerie du moins dans le pieux Berry.

Mais son capitaine! Dans d’autres bras! Fussent ils ceux d’un chevelu lui remettant fief et couronne!
Bien qu’il ne fut point encore son compagnon , Johanara lui portait déjà à l’époque une tendresse incommensurable et son palpitant battait certes d’une passion qui n’avait eu de cesse de s’épanouir jour après jours jusqu’à devenir toute sa vie.

Les affres de la jalousie ne l’avaient guère laissé en paix depuis cette cérémonie où ce baiser vassalique avait fendu son âme de longs soupirs d’envie.

Révérence de circonstance. Les amples jupons auréolins s’ouvrirent gracieusement en corolle avant qu’un sourire ne vienne étirer ses lèvres vermeilles et que son chef ne s’inclina avec respect à l’accueil du baise main.


Le plaisir est partagé votre Grâce. Nous avions gagé que nous nous reverrions lors d’un anoblissement , nous nous étions fourvoyés.

Une lueur malicieuse traversa ses iris alors qu’elle pensait non sans une extrême satisfaction que le temps des baisers plein de fougue avec son aimé était révolu! Désormais elle serait la seule à pouvoir échanger ses miasmes avec ceux de son fiancé et il faudrait être bien fol pour oser prétendre à la douceur de ses lèvres!

Son regard papillonna ensuite vers Beths qu’elle gratifia également d’un signe de tête respectueux.


Dame , je suis enchantée de faire votre rencontre. Cependant je suis fort ébahie de vous mirer si délicate tant Valezy se complaisait à vous décrire comme tyrannique!

Ah ça les œillades perplexes et chargées d’appréhension échangées entre la Dame de Gondole -tout à fait charmant Gondole , quelque chose de léger et de tangant qui plaisait beaucoup à l’oreille délicate de la rouquine- et le Seigneur de Magnet.

Satisfaite comme à chaque fois qu’elle taquinait son fiancé , la grande rousse se laissa conduire par un laquais jusqu’à sa place peu avant qu’elle ne s’émerveilla devant la ripaille disposée sur la grande tablée et dont les fumets engageants flottaient en la vaste pièce.


Et bien , voilà qui présage agréable pitance , pourvu que les papilles soient aussi régalées que le museau!

Un léger rire fusa dans l’air avant qu’elle ne rajouta, plus bas en direction de son compagnon :

J’ignorais que les auvergnats savaient recevoir , et encore moins faire festin!
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Valezy
Pendant que la petite troupe arpentait les couloirs du Castel de Noailly, le regard de Valezy fureta entre ses différents convives et sa fiancée pressentant, par la même, que quelque chose clochait… Sans pour autant parvenir à mettre le doigt dessus.

Mais fichtre cela relevait pourtant de l’évidence, se dit-il alors.

Entre la Gondole qui portait-on ne peut mieux son nom avec son épaule de travers et son suzerain qui semblait faire un concours de claudication avec sa bien aimée…

Il était bel et bien le seul du groupe à être en bonne santé ! Frais comme un gardon, robuste comme un peuplier, Magnet tenait, en effet, la grande forme…

Mais au moins, eut il la décence de ne leur faire aucune remarque sur le sujet, ni même de leur proposer une petite course pour savoir qui serait le premier à arriver à destination…

Toutefois, sa démarche ne put que se faire plus fière, persuadé qu’il était de remporter, à coup sûr, la palme à ce petit jeu.

Ils n’en finirent pas moins par arriver, d’un pas normal, dans la grande salle. Cette dernière était grande, mais ça me diriez vous, son nom le désignait déjà. Ce que vous ne savez pas, mais dont vous auriez pu vous douter, c’est que les murs étaient ornés de tapisseries représentant diverses scènes allant de la chasse aux plus glorieuses batailles des temps anciens.

A côté de ces tentures bigarrées, un poisson empaillé était exposé sur l’un des pans du mur, de la race des silures glanes, la bête mesurait près de deux mètres et avait, en son chef, une dague profondément enfoncée.

A peine eurent ils pris place autour de la grande tablée, sur laquelle avait été déposée divers mets plus savoureux les uns que les autres, que sa fiancée lui adressa quelques mots à l’oreille. Un sourire se dessina alors sur les lèvres de Valezy, avant qu’il ne lui rétorque sur un ton bas.

C’est en effet, l’une des nombreuses choses agréables qui font la différence avec le Berry.
Tu verras qu’ils ne vont même pas se lever pour s’éclipser en douce vers les chambres, au beau milieu du repas, mon amour.

Et à cette allusion à un diner qui s’était déroulé quelques temps plus tôt à Lignières, son sourire se fit plus appuyé.
Ahhhh, ces sauvageons de Berrichons, pensa t’il alors, toujours à se vanter pour un rien.

L’esprit ainsi rendu cabotin, le jeune seigneur tourna ses prunelles céruléennes vers l’un des domestiques, tout en lui adressant un léger signe de la main. Et presque aussitôt, l’homme se mit alors en branle pour remplir leur verre respectif d’un vin à la robe écarlate.

Ses doigts s’emparèrent du pied de sa coupe avant de la lever devant lui.


Je propose que nous trinquions…

A nos épousailles respectives, puissent ces dernières nous apporter à tous des jours heureux.


Valezy prononça ces mots sans se départir de son sourire et tout en considérant du regard ses invités. Il se demanda alors quel genre de couple pouvait bien former son suzerain et sa maréchale de fiancée.

Et malgré les mésaventures qui l’avaient opposé à cette dernière, il ne put que concéder que tous deux avaient de nombreux points en partage, notamment le goût pour le travail bien fait, pour le dévouement, pour le maintien de l’ordre public, pour les chaînes… Mais là, nous nous égarons.

Quoi qu’il en fût, il ne pouvait réellement qu’espérer que leur mariage soit heureux…
Quant au sien… Et bien quant au sien, il n’aurait su en douter.

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Beths
Droite telle la justice, de son port de tête à la pointe de ses chausses, la Dame de Gondole s’était raidie en voyant arriver le vassal de Marty … Valezy … En se rappelant leurs différentes confrontations, ses épaules s’étaient tendues instinctivement, tout comme ses doigts qui se replièrent soit sur eux même, soit au creux de ceux du Duc de Billy, lui écrasant par la même occasion quelques jointures. Elle n’était pas en état de se battre, elle voulait repartir. Et puis, elle était mal habillée, alors que ceux qui s’avançaient étaient somptueusement parés, de quoi aurait-elle l’air en dehors d’une nobliote mal apprêtée ?
Mais le couple était déjà sur eux, sourires affables, voix chaleureuses … et la jeune femme perçu le regard scrutateur et légèrement trop inquisiteur du Seigneur de Magnet. Aussitôt ses prunelles vertes ourlées de gris se posèrent sur l’homme, plissant doucement les yeux, prête à répliquer à la moindre attaque.


Tout comme vous, dame Beths. Soyez la bienvenue à Magnet.

Alors qu’elle s’attendait à une quelconque raillerie, il n’en fut rien, et elle s’en étonna tellement qu’elle jeta un regard à son promis se demandant si elle avait bien entendu. Avant même qu’elle n’ait pu répondre, Valezy avait présenté la jeune personne qui l’accompagnait comme étant sa fiancée.

Fiancés ? Oh…. Beths se fit violence en se mordant douloureusement la lèvre. Non, elle ne serait pas la première à entamer les hostilités, non, non et non. Pourtant comment diantre une femme acceptait de se fiancer à cet homme ? Elle devait être passablement amoureuse, il n’y avait nulle autre explication. A moins que Valezy, pour une raison obscure, devenait un homme charmant en dehors de toute frasque de Cour ou d’obligation de conseiller ? Hum … possible.
Affichant alors un petit sourire et cherchant quelques mots aussi intelligents qu’inutiles pour compléter son étrange intervention précédente


Eh bien félicitations !


Elle espérait juste qu’aucune niaiserie ne perçait trop dans ses propos, elle espérait juste que sa franchise suffirait à expliquer sa précédente surprise, et qu’en rien, elle s’interrogeait sur le choix de Dame Johanara, qu’elle salua d’un sourire franc et d’un charmant signe de tête.

Toutefois, sa curiosité aiguillée, alors que les deux hommes commençaient à converser, elle ne put que dévisager à la dérobée cette femme. Comment ? Comment pouvait-on aimer un être aussi … aussi … mal élevé, et mal embouché, et qui de plus détestait tous les maréchaux de la terre, une ignominie sans nom pour elle qui était maréchale, adjointe au prévôt du BA et prévost royal ?
Non cela dépassait son entendement. Elle était pourtant charmante à regarder, elle semblait douce, clairvoyante, admirablement habillée, des courbes graciles, elle devait avoir mille qualités, alors, pourquoi ?

Lorsque brusquement cette dernière se tourna vers elle, Beths se sentit pris en faute de l’avoir ainsi étudiée honteusement, et eu le bon ton de se mettre à rougir jusqu’à la racine des cheveux. Et la jeune femme s’adressa alors à elle.


Dame , je suis enchantée de faire votre rencontre. Cependant je suis fort ébahie de vous mirer si délicate tant Valezy se complaisait à vous décrire comme tyrannique!

Sa bouche s’ouvrit d’étonnement avant qu’aussitôt ses prunelles se mirent à étudier avec colère le visage de Valezy. Si ses yeux avaient été des armes, l’ex CAM du BA aurait souffert légèrement. Comment cet .. cet … énergumène osait clamer qu’elle était despotique ? C’était tout à fait faux, elle était charmante !

Charmant Maugréa la jeune femme, un sourire forcé sur les traits.
Mais lorsque ses prunelles se portèrent de nouveau sur celles, rieuses, de la fiancée de Valezy, ce fut comme une révélation. Et quelque chose en elle se réveilla, un amusement, un demi-sourire étira un coin de ses lèvres faisant ressortir une fossette absolument affriolante. Et d’un ton badin, moqueur, rieur, elle s’était trompée, la délicieuse fiancée de Valezy n’était pas totalement ‘douce’, elle était … mutine. Et Beths en était enchantée


Ah tien, je suis tyrannique d’après votre promis ! Tut tut, mais c’est parce qu’il accepte mal les défaites, ma Dame ! Voyez vous, ma marraine fut responsable, je l’avoue, de la perte, enfin perte, du … hum … d’un léger dégât causé sur l’une des chemises de votre promis. Et bien évidemment la situation était absolument désopilante, ce dont je ne me suis jamais cachée, et apparemment mon humour lui a déplu. Depuis ce jour, il n’est que rancœur et pique. D’où le fait qu’il me décrive comme tyrannique.
Mais sachez que je suis heureuse de vous rencontrer, et délicieusement ravie de constater qu’apparemment vous êtes femme de caractère, ce qui empêchera ce pauvre Valezy de dormir paisiblement à l’ombre d’un tilleul en fleur.


La Gondole souriait encore alors qu’elle se laissait tranquillement conduire au bras de Marty jusqu’au salon où un immense festin les attendait. Après leur longue promenade autours des terres de Magnet, la jeune femme avouait qu’elle avait grand faim, et ce qu’elle avait sous les yeux la faisait saliver. Hum …
Valezy avait finalement des qualités autres que celles de droiture, de compétence, et d’impartialité, qualités qu’elle lui avait toujours reconnues. Hum … peut être que finalement cet homme était … agréable ? Elle reconnaissait sa valeur, car à la différence d’autres qu’elle honnissait, Valezy était ingénieux et talentueux. C’était juste son caractère et ses sempiternelles attaques à l’encontre des maréchaux qui la rendaient hors d’elle.

Un serviteur se dressa soudain devant elle, lui offrant sur un plateau un verre, dont le nectar semblait des plus prometteurs. Laissant ses doigts enlacer tendrement l’objet fait apparemment de cristal, la jeune femme, leva son verre en réponse au toast porté par Valezy en l’honneur de leurs fiançailles respectives.


Aux réponses positives aux demandes en épousailles

Ce fut un regard espiègle qu’elle porta sur l’homme qu’elle aimait et qui avait du attendre une seconde demande pour qu’enfin elle accepta de l’épouser. Quelle folie l’avait-elle traversée la première fois pour ne pas lui répondre ? La peur, le trouble de son passé qui s’était depuis éclaircit … oui surement.
Et son attention se porta sur le couple que formait Valezy et sa promise tout en se demandant comment la demande avait été faite, et quel fut l’objet de la motivation. Enfin en tout cas, leur mariage promettait d’être amusant, avec le caractère de Valezy et celui apparemment de celle qu’il aimait. Rhaaaaa il y avait une justice sur terre !


Excusez mon indiscrétion, mais votre mariage est prévu prochainement ?

Un éclat attira subitement son attention. Cet éclat provenait d’un jeu de lumière sur … une bague, une bague absolument magnifique, d’un délicat travail d’orfèvre, une dentelle de métal, et qui était placée sur majeur de la jeune femme, laissant là éclater la preuve de ses fiançailles. Spontanément, Beths cacha ses mains dans les replis de sa tenue, aucune preuve ne brillait sur sa main.
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Johanara
La jeune Baronne accueillit les taquineries de son fiancé quant aux dernières réjouissances gustatives données à Lignières avec une petite moue mi-contrite mi-amusée.

Il est vrai que son basin de vassal et sa gente compagne n’avaient guère étaient convives très appliqués, se levant de tablée et y revenant comme dans un moulin!

Néanmoins, le souper avait été des plus agréables et celui-ci, pensa-t-elle , semblait ma foi débuter sous de bons auspices.

Son attention se déporta bien vite vers la Dame de Gondole. Beths la contemplait, l’air concentré , semblant l’examiner avec minutie, ce qui ne manqua guère retrousser les lèvres pleines de la Baronne en un sourire espiègle.

Quelles pouvaient être ses pensées? Peut être avait elle remarqué que les longs doigts fins de la Baronne ne cessaient d’effleurer le pendentif d’ambre viride qui jetait d’opalescent reflets au creux de sa poitrine opulente , échos diaphanes à ceux du médaillon identique porté fièrement par le maître des lieux.

Ou bien son œil avait il suivi la boucle longue et rutilante sous les clartés des grands candélabres de cuivre qui ondulait avec grâce sur la gorge d’albâtre et que Johanara remit en place sous la résine d’or par un geste habile et délicat.

Les larges prunelles jade de la Baronne s’ancrèrent un instant à celles de sa future suzeraine, dont les pommettes s’empourprèrent joliment.

Comment réagirait elle à sa boutade ? Loin de vouloir la froisser , ses yeux se firent rieurs et un sourire rassuré éclaira son visage alors que la mine boudeuse et offensée de Beths laissait place à quelque malicieuse moue.

L’anecdote qu’elle lui conta arracha un rire cristallin à la rouquine qui reconnaissait bien là son fiancé et son amour éperdu pour ses fanfreluches.


Ah ses précieuses chemises! Ne m’en parlez pas! Je n’ose guère y toucher sans une extrême prudence de peur de me faire sévèrement vilipender!

Tournant son minois vers son compagnon , elle lui adressa un sourire angélique avant d’acquiescer à sa proposition de toast.

On avait rempli son verre d’un breuvage douteux bien que d’une jolie couleur amarante. Du vin auvergnat? Avaient ils seulement des vignes dignes de ce nom dans cette cambrousse de glaiseux? De la vinasse bon marché assurément!

Son nez parsemé de tâches de rousseur se plissa et huma discrètement le nectar qui tournoyait en la coupe sans que la jeune fille fut convaincue qu’il ne s’agissait point là de vin digne de son outre à picrate de cocher!

Levant cependant son verre , elle trinqua , l’air joyeux , l’émeraude de ses prunelles accrochées au safre du regard de son fiancé.


A nos épousailles! Il n’y a pas une journée qui passe sans que je ne remercie Aristote de t’avoir mis sur mon chemin, amour! Assurément ce sera un beau mariage , et je gage qu’il en sera de même pour nos invités qui forment un couple charmant!


Charmant, ils l’auraient été certainement davantage avec une jolie bague de fiançailles!

Ah ces hommes! Le geste de Beths n’avait guère échappé à la Baronne qui en retour cessa de faire des effets et des simagrées de sa main admirablement parée.

Elle aussi avait subi par le passé les affres de l’indélicatesse masculine. Entre les rustauds qui n’avaient rien offert et Strakastre qui avait eu l’affront de lui faire présent d’un sautoir à trois clés finement ouvragées qui se balançait aux cous graciles de toutes ces anciennes et futures maîtresses…

En vérité , son promis l’avait agréablement surprise. Après coup bien sûr. Sur cette colline auvergnate au firmament mordoré par une crépuscule enchanteur , Johanara n’avait guère pensé à l’anneau , éperdue d’amour et de félicité alors que son fier seigneur demandait sa main et faisait d’elle la plus comblée des femmes.

Plus tard , lorsque son palpitant avait cessé de marteler son poitrail avec fureur , elle s’était penchée sur le diament et l’avait longuement miré.

Le choix du bijou l’avait irrémédiablement séduit. Valezy était assurément le plus merveilleux des fiancé, sa rudesse d’homme d’arme laissant si aisément place à une tendresse et à une prévenance hors du commun.

La demoiselle de Saint Lys qui affectionnait tant cette fleur voluptueuse que la cambrure affolante de ses reins en était joliment marquée , ne pouvait qu’apprécier les fines arabesques gravées à même l’or.

Elle gratifia son aimé d’un regard débordant de douceur avant de se tourner vers Beths et de lui répondre d’une voix vibrante d’excitation et d’impatience :


Le mariage aura lieu le vingt-quatre Avril en la Chapelle Saint Louis de Lignières. Il me semble inutile de préciser que le témoin et sa dulcinée sont attendus avec grand enthousiasme!

Si vous saviez comme il me tarde!

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Beths
Mains dans les plis de sa tenue, sourire contrit sur les traits, petit air naïf et candide principalement du à ses yeux grands ouverts et le froncé de son nez en trompette … et pourtant rien y fit. La fiancée de Valezy, par le regard qu’elle lui tendit, avait parfaitement compris le cheminement de ses pensées alors qu’elle avait admiré la bague de fiançailles qui ornait le majeur de sa main gauche.
Se sentant rougir jusqu’à la racine de ses cheveux, la jeune femme pensa qu’elle devait être vraiment aussi discrète qu’un sanglier fouillant et dévastant un champ à la recherche de quelconques truffes …
Se forçant à sourire, et pour se donner contenance, la jeune femme porta de nouveau à ses lèvres, le verre qu’elle n’avait pas totalement vidé et qui avait servi à fêter leurs épousailles mutuelles.
Et la Dame de Gondole eut honte de constater qu’elle vida son verre rapidement, trop rapidement, enfin certainement pas comme il devait convenir pour une future Duchesse et …. Etait-ce de sa faute si elle avait apprit à boire à la prévôté ? Il fallait du cœur à l’ouvrage et de la matière pour mettre en branle les corps, surtout lorsque les gardes se déroulaient l’hiver, sous une neige battante, alors qu’il faisait froid, nuit, humide.

Cherchant des yeux un endroit où poser discrètement sa coupe, un valet arriva prestement à sa hauteur, lui tendant un plateau vide, offrant ainsi solution toute trouvée pour se débarrasser de son verre de façon fort peu furtive.
Souriant de façon un peu forcée au serviteur qui, innocemment, la mettait dans l’embarras, la jeune femme senti sur son bras, le doux contact d’une main. Toute son échine trembla à ce furtif contact, lui amenant picotements jusque dans la nuque, alors qu’elle tournait la tête vers celui qu’elle avait déjà reconnu.

Echanges de regards tendres, amoureux, complices … un émoi passait au travers de cet échange, une promesse. Papillonnant des yeux au moment où Johanara reprenait la parole, lui faisant reprendre conscience de la vie qui l’entourait, la jeune femme ne pu que sourire à leurs hôtes. Le bonheur, la félicité pouvait s’entendre en étendant la jeune épousée prendre la parole, son impatience aussi.

Et Beths se mit à rire quelques instants


Comme je vous comprends.

Et puis réalisant une chose, un point, un élément qu’elle n’avait point perçu …

Mais, vous voulez dire que … que Marty sera … enfin

Elle allait y arriver. Se mordillant la lèvre, regardant tour à tour, suzerain, vassal, promise … la taquinerie prit le pas sur le reste

Si je vous comprends bien, Marty sera témoin de Valézy. Et bien fort heureusement qu’il n’est point coutume que le marié embrassa son témoin pour rendre une pareil d’une journée d’anoblissement !

Comment oublier ce baiser vassalique ? Long, trop long baiser échangé entre eux, ou bien la raison était tout autre ? Elle se rappelait rêver de sentir les lèvres de Marty contre les siennes, et que forcément une pointe de jalousie l’avait assaillie en voyant leur étreinte, d’autant plus qu’il s’agissait de Valezy qu’elle … hum … ben alors lequel les atomes crochus n’étaient pas fréquents, et puis surtout, elle qu’elle avait du faire immense effort pour ne point s’exprimer en la chapelle des hérauts !

Mais aujourd’hui à Magnet, sûre des sentiments que lui portait Marty, certaine des siens, c’était une boutade qui avait jailli de sa bouche quelques instants plus tôt. Mais elle ne pensait pas avoir une telle réaction en face, les regards se tournaient vers elle, amusés et courroucés. Tout dépendait du propriétaire du regard.


Euh … c’est avec plaisir que je viendrais. Toutefois, comme certaines charges peuvent parfois me retenir assez tard, nous arriverons peut être séparément Marty et moi. Je ne voudrais pas être responsable, si tant était le cas, du retard de Marty à vos épousailles !

A Lignières avez-vous dit ?


Ce nom ne lui était pas inconnu … Lignières, Lignières, mais … comprenant enfin pourquoi le nom ne lui était pas inconnu, la jeune femme ne put retenir un petit sursaut. Johanara était … avait été … la suzeraine d’Apo.
Cette révélation lui amena un pâle sourire sur les traits, la rendant taciturne, et guère enclin à répondre à diverses interrogations. Pourtant la jeune femme se força à sourire, ils étaient deux couples, deux couples heureux qui convolaient respectivement en juste noces dans le mois à venir.

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Valezy
Et tandis que les deux femmes pavoisaient ensemble, discutant notamment de leurs épousailles respectives, comme pour mieux sympathiser au fil de cette soirée, Valezy goutait à son verre se délectant par la même du savoureux breuvage auvergnat… Car, comme tout un chacun le savait, les coteaux du bourbonnais étaient si fameux que leurs voisins berrichons les jalousaient avec grande hargne et grande mauvaise foi…

Aussi, tout en écoutant d’une oreille distraite la conversation, le seigneur des lieux repensait à l’une des tirades déclamaient quelques secondes plus tôt par les représentantes de la gent féminine.

Sa précieuse chemise… Elle avait été subie un tel sort que les mots lui en manquaient pour décrire toute l’horreur de la situation… Et tout cela avait beau s’être déroulé il y a bien longtemps, Valezy en gardait un souvenir si vivace que ses prunelles s’obscurcirent à cette évocation du passé.

La bande de groupies, qui formait alors l’élite de la maréchaussée auvergnate, s’était ruée sur le commissaire aux mines qu’il avait été pour lui arracher, sans aucune retenue, ni pudeur, ses atours… Très certainement dans le seul et unique dessein de pouvoir se pâmer devant son corps d’athlète.

Dès lors, il avait eu beau se débattre pour se défaire de ces furies, le mal avait été fait… Et sa chemise avait trépassé sans qu’il ne puisse rien y faire.

Pauvre chemise…

A ce constat, il se prit à espérer que là haut, quelque part, le Très Haut avait eu le bon goût de doter l’ensemble des productions textiles de ce bas monde d’une âme. Ainsi, elle et ses autres congénères disparues l’attendaient peut être là bas, dans un petit recoin du paradis solaire…

Le petit air mélancolique qu’il arborait alors, quelques secondes plus tôt seulement, disparu pour laisser place à une moue rêveuse.

Dont il fut extirpé par les propos de sa bien aimée et ses deux iris céruléens, débordant de tendresse et d’amour, se posèrent alors sur elle.

En effet, j’ai moi aussi grande hâte de voir venu le moment d’échanger nos vœux.

A ces mots, un tendre sourire se dessina sur ses lèvres, mais bien vite remplacé par l’amusement tandis que Beths évoquait le fameux baiser vassalique qui avait scellé les serments échangés entre le duc de Billy et le seigneur de Magnet.

Son attention se déporta alors sur la prévost royale. Quelle idée saugrenue de ressasser de tels événements, y avait elle ressentit un quelconque sentiment de jalousie ?

Amusant… D’autant plus, que s’il était surtout habitué à provoquer de tels sentiments chez ses congénères, cela était bien plus rare chez les femmes. Il n’en finit pas moins par lui répondre :


Soyez assuré que les seuls baisers que j’échangerais seront avec celle qui deviendra mon épouse.
Quant à votre présence lors de la cérémonie, gagez que nous en serions honorés.

Mais passons à table si vous le voulez bien…


Sa main s’éleva alors par une nouvelle fois et, en retour à ce geste, les domestiques s’activèrent de nouveau pour servir les mets à ses convives puis à lui-même.

Le diner se révéla au final des plus savoureux et en suffisance pour que tout un chacun puisse se remplir la panse et le gosier à son aise. De telle sorte que les ventres ne tardèrent pas être rond et les trognes à se rougir.

Ce fut donc sur ces entrefaites, que Valezy leur fit proposition de se promener quelque peu dans les jardins du castel de Noailly, leur vantant par la même les qualités digestives de la marche…

C'est ainsi que quelques minutes plus tard, la petite troupe quitta la table pour quelques promenades nocturnes et vivifiantes sous le regard vigilant de la lune.

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