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[RP] Accalmie au royaume de Charlemagne

Charlemagne_vf
    Laissez-moi.

    Supplique éternelle et récurrente de l'Infant détrôné, du fils de Béatrice trépassée. Éloigné, protégé entre les murs d'un atelier de couture le temps de la Transition, Son Altesse s'ennuie...un peu plus qu'au Louvre.
    On ne lui laisse pas le loisir de sortir, ne serait-ce que dans le bourg alentour.
    Sa nourriture n'est pas celle du Premier Maître d'Hôtel, et le Prince grassouillet a déjà maigri.
    Le regard guiséen, en mal de liberté, aime à se poser sur les fenêtre, à scruter l'extérieur.

    Le garçon est de faible constitution, il est pâle, et taré à plusieurs égards. Le poids de parents névrosés est héréditaire, et le Fils à l'égo élargi est aussi agoraphobe, sociopathe, et anxieux chronique, cela en nourrissant une terrible et paternelle folie du pouvoir.

    Enfermé, il ne supporte guère la geôle dorée dans laquelle il a pour seules compagnies quelques couturières, Madame de Jegun, et la Josselinière.
    Fort de son éducation royale, haut de ses six ans, les journées vont au fil des livres qu'il a pour seul plaisir.
    Êtres de papiers : seuls personnages dont il aime la présence, bien qu'il en méprise quelques uns, les courtois, les amoureux, et les allégories du peuple.


    Bien, Votre Altesse.

    Elle était encore là, l'inutile demoiselle qu'il avait congédiée. Elle était partie, enfin.
    Le temps des funérailles avait passé, celui du deuil également, et l'on avait élevé une nouvelle gardienne du trône.
    Les femmes - puisqu'il n'y avait que cela en ces lieux de parures, outre un étrange éphèbe - murmurent et se taisent sur son passage, comme s'il n'entendait rien. Mais il entend, et il sait que dehors, les choses changent.
    Celui qui croyait qu'en dehors de son champ de vision, rien ne bougeait, a compris que les fleuves coulent sans lui, que le vent ne l'attend pas pour souffler, et que la platitude du monde ne cesse pas de déverser ses rivières à sa fin.

    Charlemagne, seul dans une sombre pièce, vêtu de noir, approche une fenêtre, un parchemin en main - une poésie épique ou le lais de Marie de France. Il se hisse à son bord, où d'usage l'on écrit, aidé de la lumière, et s'y assied pour ruminer, pour rêver à la gloire passée, pour imaginer le destin futur qu'il attend encore.

    Des pas approchent, annonçant une énième interruption de ces instants chéris de solitude. L'on n'aime guère le savoir seul, et les yeux que l'on disait indéfinissables de son père se posent sur l'entrée.

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Yolanda_isabel
Elle aussi, elle voudrait la paix.. La paix du cœur et de l’esprit. Elle voudrait ne plus penser aux derniers jours, elle voudrait pouvoir se taire, se terrer, dans cette chambre, cette vieille chambre qui n’est pas la sienne, mais celle d’Aimbaud. Elle ne veut plus rentrer dans la chambre rose qui a abrité son enfance et ses joies de fillettes. Elle voudrait rester là au sol à contempler en silence les vestiges de la présence de son frère, à ses côtés, le chiot noir qui partage ses peines depuis que Ségur a trop grandi pour partager ses jeux.

Elle voudrait beaucoup de choses, et certainement pas qu’une servante vienne l’embêter en lui parlant de Charlemagne. Et l’infante si joyeuse auparavant, de quitter son calme morne pour s’emporter dans une colère toute enfantine.


-« MAIS JE NE SUIS PAS SA M.. »

Non.. Elle n’est pas sa mère. Elle est morte sa mère, et la dame de Jegun est restée à Paris pour s’occuper d’affaires personnelles, alors, c’est elle qui les veille, lui et son petit frère. Plus lui que Franc Claude du reste, puisque l’enfançon est surveillé par une nourrice, mais pas Charlemagne. Charlemagne qui est devenu bien mature, comme elle. Le deuil n’apporte que des mauvaises choses, quand est-ce que les poupées ont cessé de l’amuser ? Quand est-ce que les gâteaux ont perdu de leur saveur ? A la mort de Marraine.

Un soupir avant de siffler le chiot pour qu’il la suive, et la voilà qui rejoint l’aile où résident en secret les Altesses Royales. Les altesses royales, car il ne saurait en être autrement pour elle, quoiqu’en disent les gens, quelque soit la vérité. La vérité que l’on cache du mieux que l’on peut à cet enfant, à ce petit qu’elle protège comme elle le peut du haut de ses huit ans. A tel point qu’ils ont quitté Paris pour gagner Corbigny sans même que l’Infant de France ne soit au courant. Mensonge.. C’est la fin de l’enfance..

Mais pour Béatrice ? Pour Marraine, elle peut mentir. Et quand la porte s’ouvre, l’impression soudaine que tout ce qu’elle a fait récemment n’est que pour la gloire de Marraine, la saisit. Pour qui a aimé la Grande Reine de France, dans cet aiglon qui attend, il n’y a pas de Guise, il n’y a que le souvenir tangible que toute cette période heureuse n’a jamais été un rêve. Béatrice a vécu, et Charlemagne en est la preuve vivante. Pourtant ce regard n’a rien de celui, doux et aimant, de Béatrice. Elle s’en moque en vérité, ce regard s’il est profond, s’il dévore ce visage pâle, n’en est pas moins le regard d’un petit garçon, d’un orphelin. Un silence qui suit l’entrée dans la pièce, un geste qui intime au chiot de se coucher, et elle le rejoint, plus grande que lui, plus grande que beaucoup de son âge. Pourtant, la voix est pleine de déférence quand elle s’adosse au rebord. Pas tout à fait avec lui, pas tout à fait contre lui. Espace vital qu’ils doivent conserver. La trêve est fragile.


-« A quoi rêve un prince, Votre Altesse ? »

A quoi rêves-tu mon petit prince ?
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« Que Saint-Louis bénisse le Royaume de France.»
Charlemagne_vf
Paris, Corbigny, les Miracles...peu importait en réalité. Une chose était sûre, ces couloirs n'étaient pas ceux de Chastellux, ceux de Bolchen, ceux du Nivernais - pour être puritain.
La Demoiselle de Molière, qui a troqué le rose contre le noir avance. Ainsi vêtue, elle pourrait plaire à Charlemagne, s'il ne se sentait pas nauséeux en sa présence. Voiles sombres, ses cheveux perdent de leur blond. Elle est tolérable.

Malgré tout, Yolanda sait lui offrir les égards qu'on lui doit. En présence de l'Altesse, elle ne se risque pas à faire paraître un macaron, elle n'est plus l'enfant qu'il a détestée. Elle n'est plus la filleule royale.
Le bonbon, symbole du règne lumineux de la Mère, a disparu.
Si l'Infant réussit à supporter l'Infante, ce fut au prix de Béatrice. Dieu que l'on grandit vite, lorsque la mort vous frôle.

Entorse à la règle, et rage du Prince. Elle a parlé avant lui. Certes, il n'aurait jamais dit mot, il ne l'aurait jamais invité à l'ouvrir, la laissant à sa frustration, et se délectant du silence.
Mais non. Elle a gardé son aptitude à la parole, et sa voix lui irrite les ouïes. La question est, en revanche, agréable à l'oreille.
A quoi rêve-t-il ? A quoi rêve un enfant de six ans ? Se voit-il chevalier délivrant une Flégbonde de son Donjon trois siècles plus tôt ? Se voit-il enchanteur, ressuscitant la défunte reine, empoisonnant la nouvelle ? Se voit-il Roi, sous une monarchie classique...Rien de cela.


Sans doute à ce dont rêve un gueux, Madame. Moi, je ne rêve pas.

Il rêvait pourtant, mais Charlemagne n'est pas garçon à conter, à saisir l'occasion d'un récit. Non, il préfère mentir, il préfère abréger.
Son œil se pose sur la silhouette grassouillette, quoi qu'amaigrie elle aussi.


Souffrez-vous, Yolanda ?

Et puisque la réponse était évidente, puisque l'enfant lui en voulait de s'approprier sa propre peine.

Pourquoi ?

Il ne comprend pas que l'on puisse pleurer quelqu'un d'autre que ses parents. Lui, qui n'aime pas les autres, son Enfer, n'admet pas que l'on se perde à regretter qui n'était pas de son sang. L'amitié n'est que foutaise.
En cela, il n'est ni Guise, ni Béatrice. Enfermé entre ces deux êtres, il n'a pas su les comprendre, et si l'on peut s'attacher à autrui, ce n'est que par un vague serment de fidélité, de féodalité, mais sans doute pas par amour, ou par amitié.
Charlemagne soupire, Charlemagne inspire, Charlemagne l'observe, et même s'il voulait, il ne pourrait pas. Dommage. Ou pas.

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Yolanda_isabel
Etre en présence de Charlemagne, ressemble en tout point à entrer dans la cage de Ségur quand celle-ci est contrariée : Prendre un risque inutile. La seconde parce qu’elle pourrait d’un coup de patte vous éventrer, le premier parce qu’il pourrait d’un mot vous fendre le cœur. Téméraire.. Jamais. Yolanda n’a pas la même nature impulsive et arrogante que son frère, et quand bien même, on ne fonce pas sur un léopard adulte contrarié, on ne le fera pas non plus sur un enfant affligé. A la réponse, elle ne sourit pas, il n’y a rien de drôle à un mensonge par omission, même venant d’un Prince.

Il ne rêve pas, soit.

Et reprendre la parole ? L’étiquette a bien trop souffert de ce crime de lèse-majesté, et quand bien même, en ces murs, elle est la Reine, il n’en reste pas moins la dernière personne qu’elle voudrait brusquer et risquer de voir se refermer. La folie a trop duré et la question qui tombe à brûle-pourpoint la sort de ces considérations bien trop adultes pour son âge. Alors un coussin est déposé sur une malle siégeant là dans la pièce, tapoté du plat de la main avant que de s’y asseoir pour réfléchir, pour peser ce qu’elle répondra.

Indifférence, mépris ou vérité ? Choix douloureux qui lui étreint le cœur jusqu’à la grimace qu’elle voudrait faire passer pour un sourire réconfortant, et enfin les mains potelées se posent sur les genoux pour venir les tapoter et appeler ainsi le chiot, récompensé pour sa docilité de quelques caresses. Encore un peu de temps, ils sont si jeunes tous dans cette pièce, doit-il être vraiment question de douleur et de mort ? Comment pourrait-il en être autrement..


-« J’aime .. J’ai aimé Sa Majesté, Votre Mère.. »

Franchise enfantine et tellement dure à laisser aller. Elle a aimé Béatrice, comme une mère, comme une deuxième mère quand la sienne était aux prises avec ses démons au couvent. Elle a aimé Béatrice et le pire, c’est la conscience que Béatrice l’a aimée bien plus que la bienséance ne l’aurait voulu. Que Charlemagne l’aurait voulu.

Silence.. A combler.. Comment comble-t-on un silence quand on vient d’annoncer à un enfant qu’on a aimé sa mère, qu’on l’a plus aimée que lui, qu’on l’a plus vue que lui ? La jalousie qui l’a saisie quand les Pupilles royales ont débarqué au Louvre, cette jalousie sournoise, c’est la même que celle que Charlemagne doit ressentir.


-« Et vous, Votre Altesse ? »

Et toi, mon petit prince, aimais-tu ta mère ? Souffres-tu comme je souffre ? Qu’importe la réponse qu’elle soit une supplique ou un déferlement de colère, du moment qu’il parle.. Voilà la seule leçon que Marraine ne lui a pas inculquée et de loin, la plus dure à assimiler.

Avoir peur pour un autre que soi.

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« Que Saint-Louis bénisse le Royaume de France.»
Charlemagne_vf
    Les doigts se serrent. Les griffes du jeune Prince, si elles avaient été taillées, lui auraient lacéré la main.

    Crise à l'horizon ? Charlemagne, difficilement contrôlable, est en effet sujet aux explosions de rage, de larmes.
    Chose rare, l'Infant se contient, l'Infant sait peut-être que personne n'est alentour pour éviter la mort de la blonde, s'il venait à s'en prendre à elle. L'inconscient est parfois une chose admirable, et il vient de sauver le cou gras de Molière.

    Le Prince devrait comprendre que l'on puisse avoir aimé Béatrice de Castelmaure, mais il n'admet pas qu'autre que lui, son frère ou leur père aie pu s'octroyer ce privilège. Le peuple de France l'avait fait pourtant, et pour cela, il le haïssait.
    La franchise n'est pas le maître mot de Charlemagne. Il ment souvent, il invente parfois des paroles qu'auraient pu dire sa défunte mère, peut-être pour se donner l'impression qu'elle lui avait parlé plus qu'elle ne l'avait laissé paraître, plus qu'elle ne l'avait effectivement fait.
    Le parchemin est froissé, puis lâché jusqu'à recouvrir le sol, dans un léger murmure.

    Le corps quitte son alcôve, pour faire face à la fille. Le Prince fronce les sourcil, vexé de noter qu'elle le dépasse d'un certain nombre de pouces. Le regard azuré, quoi que sombre, se pose en défi dans celui du réglisse, faute d'être une guimauve.


    Mon Altesse aussi aimait Ma Majesté. Et...

    L'Aiglon hésite peu. La Prinzessin l'avait fait hésiter une fois, il n'avait pas aimé se rétracter. Cette fois, il continua, alors, refusant l'honneur d'une auto-correction à la Josselinière, qui n'en avait cure, sans doute possible.

    Mère vous aimait aussi, beaucoup trop je crois, elle aurait pas du.

    Cela en disait long. Aux yeux de Charlemagne Henri Lévan, Yolanda n'était pas aimable, et la Reine avait fait une erreur, et en aimant sa filleule plus que son fils - quoi que ceci ne soit pas avéré - et en l'élevant au rang qui avait été le sien tout le règne durant : l'ombre de sa Marraine.
    Quant à savoir pourquoi il souffrait, si quelqu'un pouvait le savoir, et recueillir les confessions du Prince, ce n'était pas elle ; aussi le Fils de France déchu fit mine de ne pas avoir entendu la question, ou plutôt, eut l'audace de ne pas y répondre de manière délibérée.

    L'Infant avait des questions. Des questions qu'il brûlait de poser, et la Dame Oiselle lui offrait une merveilleuse occasion. L'intimité de la fenêtre lui laissait presque le loisir de gaspiller un peu de sa précieuse parole, et il imaginait aisément que la jeune fille ne rechignerait pas à lui répondre, elle, si prolixe. Néanmoins, sachant qu'elle n'était pas des femmes que l'on congédie sans cris, il opta pour le dialogue, parce qu'il le fallait, de toute façon.
    Il venait de comprendre que pour obtenir des réponses, il était nécessaire de poser des questions, et pour ce faire, parler était obligé.


    Madame. Pourquoi n'ai-je pas de Marraine ?

    Pour Yolanda, la Marraine avait été une source d'amour fidèle et sincère, d'attention particulière. Symboliquement, aux yeux du Prince du sang, ce lien émanant de Dieu était l'apport de cela, et s'il n'était pas disposé à donner ni amour, ni attention, il était tout prêt à en recevoir.
Yolanda_isabel
Et redevenir encore un peu l’enfant qu’elle est.
Et lui faire l’affront de ne pas répondre à cette vindicte puérile, que par un sourire léger. Qu’il le prenne comme il le veut, qu’il l’entende comme ça lui chante. Marraine l’avait aimée, Elle. Et cette constatation venant d’un enfant de six ans lui fait oublier les mots lourds qu’il peut lui servir à l’occasion. Savoir qu’il sait comme elle, qu’elle était aimée et que ses mots, même ingrats, ne pourront lui enlever ce qu’il n’a pas eu la chance de connaître, au quotidien, la présence de Béatrice.

Charlemagne est méchant parce que petit.
Yolanda est cruelle parce que plus grande.

Parce qu’il lui fait mal, elle lui rend ses coups, plus finement, car alors qu’il est l’héritier de l’Aigle, elle est la fille d’une Buse. Plus petite, plus discrète, plus sournoise surtout. Quand il tape fort, elle plie l’échine pour revenir, insidieuse, il n’y a plus besoin de le pousser, il enchaîne de lui-même. La solitude a ses limites, et l’enfance aussi. Charlemagne est un orphelin, il viendra, comme elle est venue à Marraine quand la solitude la tourmentait.

La question qui vient le prouve, il s’interroge et c’est normal. Les enfants ont tous leurs « pourquoi ». Et cette question fait résonner en elle l’écho de la voix de Marraine qui chasse un opportun dans un salon intime, qui l’exclue de sa vie et de la leur. Un opportun venu expliquer à Béatrice son rôle de mère, alors c’est de la nostalgie et plus de la satisfaction qui gagne le faciès poupin de l’Infante.


-« Vous n’avez pas de Marraine, Votre Altesse, parce que vous n’êtes pas baptisé. Sa Majesté Votre Mère a décidé, après la naissance de Son Altesse Votre Frère, que vous seriez baptisés tous les deux quand vous auriez l’âge de comprendre ce que le baptême voulait dire. Désirez-vous une Marraine ? »

Et rejoindre la grande famille.. Blablabla.. Comme si elle y croyait ? Comme si le baptême n’avait pas été son excuse pour fréquenter plus assidûment Marraine et Parrain, comme si tous autour d’elle ne savaient pas la piètre estime qu’elle avait pour leurs bondieuseries..
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« Que Saint-Louis bénisse le Royaume de France.»
Charlemagne_vf
    Ainsi, Sa Majesté SA Mère avait décidé de choses qu'il ne savait pas. Et Dieu savait quel avenir elle avait réservé à ses enfants. Un apanage terrestre s'avérant être le plus vaste de Bourgogne, un titre Princier pour leur assurer renom, des revenus conséquents. Et Charlemagne, lui, n'avait pas imaginé que la Reine, bien qu'aimante en la présence de ses fils, aie pensé à eux.

    Avait-elle pressenti son trépas ? Peu importait maintenant qu'il avait eu lieu. Restait à savoir, désormais, si l'Infant désirait une Marraine.
    Indéniablement, la maturité et l'éducation qu'avait commencé à recevoir le Prince faisaient de lui un être tout à fait disposé à comprendre ce qu'était le baptême.
    En revanche, pour comprendre, il faut savoir, et "baptême" est un mot qui n'évoque que peu de chose au jeune garçon. Il savait ses parents baptisés, mais seulement depuis leur éloge funèbre, où les prélats l'avaient dit.
    Ce simple fait avait, dans l'esprit de l'Altesse, effacer toute prétention à la connaissance. Non, il ne voulait pas savoir ce qu'était le baptême ; que ses parents en aient eu un était raison amplement suffisante pour que lui aussi en soit doté.
    Pas que la chose avait l'air alléchante, puisque le Prince du Sang ne trouvant de plaisir à rien ou presque, n'imagine pas qu'il puisse en trouver dans cette affaire, mais se rapprocher un peu plus de feus ses parents est une occasion à toujours saisir, un moyen, comme eux, de se distinguer du monde par des qualités indéniables et remarquables.

    Pauvre enfant, qui ne se distinguera de rien s'il ne pense pas à le faire de ses propres géniteurs. Mais à six ans, sait-on vraiment ce qu'est la distinction, ou n'en a-t-on qu'une vague image ? Deuxième réponse.
    Tout singulier soit-il, Charlemagne est objectivement un enfant conformiste, à la différence que son caractère effroyable est constant, et que sa prédisposition son changement soudain d'humeur, faute d'être lunatique, se mue en de violentes crises de rage.
    Mais puisqu'il se croit supérieur et différent, laissons-le croire.


    Oui, je désire une Marraine.

    Voilà, quant à savoir qui, c'est autre chose.

    C'est quand ?

    Ça, c'est plus important pour un môme, qui commence à devenir impatient à mesure que se posent les questions sur la marche du monde.
Yolanda_isabel
C’est une conversation étonnante entre deux êtres diamétralement opposés et pourtant qui entrerait dans cette chambre s’attendrirait devant le spectacle de ces deux enfants et de ce chiot qui devisent calmement. Mais n’est-ce pas cela le plus étonnant ? Que l’impulsif Infant de France et la lunatique Infante d’Anjou devisent calmement, bien trop calmement pour des enfants de leurs âges.

Ils ne s’aiment pas, il y a eu trop de regards mauvais entre eux.
Ils ne s’estiment pas, il y a eu trop de jalousie et de non-dits entre ces fils de.
Mais il y a un lien, un filament qui les lie, fragile, intangible pour qui ne peut pas l’imaginer. Il y a l’image de Marraine entre eux, qu’il lui renvoie à chacune de ses paroles.

Elle a aimé Marraine, elle lui a pris en un sens, alors qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’il lui demande à son tour une Marraine ? A elle qui ne supporte pas cette croyance stupide dans laquelle se drapent les adultes pour ne pas fléchir, pour se trouver des excuses à leur méchanceté ? Elle n’y connaît rien ou s’y connaît trop parce que son précepteur est un vicaire. Les questions, toujours les questions auxquelles elle s’efforce de répondre de son mieux pour maintenir le fil du dialogue, mais celle-ci est dérisoire et fort peu à propos. Pourtant, elle sourit, parce que cette question, elle l’avait posée à Marraine quand son heure était venue, alors la réponse vient naturellement.


-« Quand nous vous aurons trouvé quelqu’un de confiance pour vous donner une éducation religieuse, alors vous choisirez votre Marraine et votre Parrain, Votre Altesse. »


Une éducation religieuse, pour qu’il comprenne ce qu’on attend de lui pour le baptême, pour ce spectacle illusoire qui fera sourire les plus aguerris et attendrira les bonnes femmes. Quant au choix qu’elle lui donne, il n’est là que pour le confirmer dans sa position de supériorité mais surtout pour lui faire comprendre qu’elle n’y sera pour rien, cette fois. Pas plus que les autres, car le séjour s’achève à Corbigny, pour l’un et pour l’autre. Elle a fait rédiger la veille une lettre par l’intendant de Corbigny à destination de Seignelay, là où réside l’ancienne vassale de Marraine, il s’agit de l’annoncer.

-« Mais je pense que la Baronne Della vous aidera. Je lui ai dis où vous étiez et qu’elle pourrait venir vous quérir quand vous le désirez, Votre Altesse. Vous serez libre de choisir votre Marraine, votre Parrain et l’endroit où vous désirerez vivre. »

Loin d’elle mais surtout, elle ne le dit pas, loin du Louvre. L’heure de la fuite touche à sa fin, celle de l’exil commence à peine. Les plis sont lissés sur la jupe, tandis qu’elle se lève pour gagner le rebord de la fenêtre et contempler la campagne alentours. Corbigny est calme, beaucoup trop calme. On y meurt, on y vieillit, à moins que ce ne soit les circonstances, au loin, un rugissement, Ségur exprime son mécontentement.

Il en est ainsi de ceux qui ont connu les grandes cages dorées du Louvre et qui découvrent avec déshonneur, celles plus étroites de la campagne bourguignonne.

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« Que Saint-Louis bénisse le Royaume de France.»
Charlemagne_vf
    Charlemagne Henri Lévan aimait choisir. Choisir, c'est décider, choisir, c'est être libre, c'est, par définition, avoir le choix.
    L'Infant savait que tout le monde n'avait pas le choix, alors que lui, Prince, l'avait.
    Pour sa mère, choisir avait parfois été un fardeau, mais pour lui c'était certain, le faire ne serait toujours que dans son intérêt, ce serait donc simple, et cela, son sang le lui permettait, son rang l'y encourageait presque.

    Quant à trouver quelqu'un de confiance, c'était autre chose. Le Prince n'était pas un garçon confiant, chacun le sait ou le saura. Sans être paranoïaque, il se contentera de n'estimer personne suffisamment pour être capable de lui plaire de lui obéir.
    Quelques élus pourtant auront gagné l'aval de l'Aiglon.
    Parmi eux, la Duchesse d'Auxerre trône. Héritage paternel, et première à lui avoir rendu un serment de fidélité.


    Madame d'Auxerre pourrait me donner une éducation religieuse.

    Suggestion qui passe pour un ordre. Méthode Josselinière s'il en est.
    Et puisqu'il faudra quitter cet endroit, dont on ne connait la localisation, et puisque l'on parle de son désir, l'Altesse Royale, du haut de ses quelques années décide.


    Je veux qu'elle vienne maintenant. Et je veux vivre en Bourgogne.

    Della de Volvent, Madame de Railly, amie de Béatrice, l'une des rares si ce n'est l'unique qui fut présentée au Fils de France en un temps glorieux. Elle n'avait pas été accueillie comme une gouvernante, comme une couturière, ni comme une filleule enrubannée, aussi avait-elle gagné un semblant d'estime. Le Castelmaure n'était sans doute pas prêt à l'élever au rang d'Interbrigitte Von Ahlefeldt-Bismark, mais en attendant, la blonde vassale ferait l'affaire, puisqu'elle était à la Duchesse du Nivernais ce qu'était celle d'Auxerre au Duc de Bolchen.

    Quant à vivre en Bourgogne, le Nivernais, Chastellux, Chablis ou Laignes, choisissez donc, mais faites vite.
    Et gageons que la Baronne de Seignelay fera vite.

    Rideau.

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Della
La lettre que le Bonbon lui avait fait parvenir était brève mais très claire. Elle savait maintenant que les fils de sa Mie était en sécurité, que ceux qui en voulaient encore peut-être et même certainement à la vie des enfants ne les trouveraient pas là. Et quand bien même ils les débusqueraient, Corbigny saurait les recevoir !

Elle attendit encore une journée avant de se rendre en visite que l'on pourrait penser banale au château du Tri. Les gens connaissant leurs affinités politiques ne s'étonneraient pas de voir venir la Baronne et ceux qui les ignoraient ne se retourneraient pas plus sur le passage du carrosse de Seignelay. La tranquillité n'a que le prix que l'on veut bien lui accorder. Della dépensait sans compter pour cela.

La vassale de la défunte Reyne était partagée entre des sentiments divers à l'idée de revoir les enfants. Le chagrin qui était le leur, qu'ils partageaient tous, n'allait-il pas les foudroyer ? Et elle, dans sa joie à les retrouver, ne risquait-elle pas de se laisser aller à les serrer tellement fort qu'ils en étoufferaient ? Un peu comme elle étouffait sans Elle...Où était cette force que le regard de Béatrice lui insufflait ? Béatrice...Viens à mon secours, je t'en supplie.

Pour sa Reyne, la seule, la vraie, l'unique, elle ferait face et ne faillirait pas dans le service qu'Elle lui demandait par delà son trépas, veiller sur ses enfants...

On l'introduisit à Corbigny, sans réticence.
Elle attendit, cherchant dans l'observation des tapisseries le moyen de faire taire son impatience.

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Yolanda_isabel


Ah, Salam, je vous souhaite le bonsoir, mon noble ami. Approchez, approchez, venez plus près…
Trop près, un peu trop près. Voilà. Bienvenue à Corbigny, cité bourguignonne de l’enchantement..

Dans les jardins de Corbigny, au milieu des campanules, des enfants des communs, une petite fleur à la corolle noire de dispenser son savoir d’une voix docte.


-« Il était une fois dans un pays lointain, un jeune prince qui vivait dans un sompteux chateau. Bien que la vie l'ait comblé de tous ses bienfaits, le prince était un homme capricieux, égoïste, insensible. »
-« Ooooh »
-« Un soir d'hiver une vieille mendiante se présenta au chateau et lui offrit une rose en échange d'un abri contre le froid qui faisait rage.. »
-« La pauvreeeuh ! »
-« Laissez-moi raconter ! »
-« Oh votre gracieuseté ! Continuez ! Oh ! Regardez ! Gaston ! »

Maîtresse de maison peut être en l’absence de son père, mais surtout enfant, et comme les autres, elle suit du regard le nouvel arrivant, vêtu des frusques d’Aimbaud, offertes gracieusement aux gosses des domestiques dès lors que l’aîné Josselinière ne pouvait plus les porter. Gaston qui vient esquisser une révérence maladroite, à laquelle répond Yolanda en riant.

-« C'est lui, c'est le prince de mes rêves ! »

Quelques pas de danse vaguement réalisés avec son compère, ami fidèle qu’est le fils de la cuisinière, ami fidèle qui porte les vêtements d’Aimbaud. Alors de rire avec lui, avec eux, en les entraînant dans une farandole.

-« Le plus beau, c'est Gaston, l'plus costaud, c'est Gaston, et personne n'a un cou de taureau comme Gaston. Un caïd qu'a du chien et des manières, et du chic et de la prestanceeeuh ! »

C’est stupide des fillettes en groupe au moins autant que des dindes, mais ça s’amuse, enfin, ça s’amusait avant d’entendre des cris venant des communs d’où s’extrait un gosse en courant pour les rejoindre à son tour.

-« Tu as des ennuis de plus en plus tôt on dirait, n’est-ce pas Hubert... »

-« Des ennuis ? Quels ennuis ? On a des ennuis que si on se fait prendre ! »
-« Je te tiens ! »
-« Là, j’ai des ennuis ! »

Au marmiton qui tient le chenapan, c’est un regard noir qu’elle jette, noir comme la robe légère qu’elle porte, légère mais riche, légère mais sur laquelle le domestique vient de marcher.

-« Tu m’as pourri mon groove ! »
-« Ohh il a pourri le groove de Sa Gracieuseté ! »
-« Il était entrain de piller le souper de ce soir ! La baronne de Seignelay doit venir, d’ailleurs, elle vous attend à l’entrée Votre Gracieuseté ! »
-« C’est pas une bonne excuse ! Privé de dessert ! Voilà ! Naméoh ! Y a plus de valets, moi qui vous l’dit ! »

Et de partir en boudant pour rejoindre le vestibule en passant par les cuisines évidemment, les cuisines et l’imposante salle à manger décorée de magnifiques fleurs, et de valets en rang d’oignon le long des murs.

-« Que c’est attendrissant... Je n’ai jamais été aussi... estomaqué depuis ce jour où j’ai eu cette boule de moussaka coincée dans la gorge ah ! C’est quoi ça c’t’un publique ou une mosaïque ? »
-« Vous n’aimez pas Votre Gracieuseté ?? »
-« Fabuleuse réception ! Je n’avais pas vu autant d’amour depuis que Narcisse s’était découvert lui même ! »

En vérité depuis que le Pair-ternel et Maman ont rejoins les rangs de l’armée bourguignonne, et qu’il lui faut gérer ce genre de menus détails, Yolanda goûte enfin les non-joies du statut de nobles. Les domestiques à écouter, les serfs qui viennent se plaindre encore plus, et ce genre de réceptions épuisantes auxquelles s’ajoute l’air déprimant et déprimé de Charlemagne. La joie !

Alors oui, l’arrivée de Della, elle n’y croyait plus, et pourtant quand elle l’aperçoit dans le vestibule, c’est un bonheur sans précédent qui la saisit en même temps qu’elle saisit ses mains !


-« Vous êtes venue ! Il n’attend que vous ! Il ne veut plus rester ici ! Les enfants sont tous si ingrats ? » Oui, tu quoque fili grognasse. « C’est vrai que je ne suis pas un expert du sauvetage... soit. Mais vu d’ici, j’ai plutôt l’impression d’avoir fait un pas en arrière... »

Enfin .. Bref !


-« J’ai fait préparer un souper pour ce soir ! Vous restez dormir ici, vous repartirez demain avec Son Altesse, n’est-ce pas ? Moi aussi, je dois m’absenter. »

Ou l’art de suggérer pour ne pas ordonner, typiquement yolandesque.

-« Son Altesse vous attend dans ses appartements à l’étage ! La première à droite, puis à gauche, vous prenez le corridor de gauche, puis ensuite, il y aura trois portes sur la droite, elles sont pas importantes puisque c’est toujours tout droit jusqu’à ce que le couloir tourne à droite, et là, c’est la deuxième porte. Vous y arriverez ! »

Ce post a été sponsorisé par Disney à cause du JD Charlot ! A vous de retrouver toutes les références ! J'offre un paquet de pringles à qui les trouve toutes !

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« Que Saint-Louis bénisse le Royaume de France.»
Della
La tornade Josselinière atterrit presque dans les bras de la Blonde en visite et elle ne dut qu'à la rapidité de réflexe de la Baronne de ne pas tomber par terre.
Della fut embarrassée. Que fallait-il faire ? La serrer un peu, lui embrasser la joue, la complimenter sur sa robe ou sur ses cheveux ? Elle n'avait pas vraiment l'habitude des enfants et encore moins de ceux comme celle-ci, un peu trop sur les bords mais tellement attendrissante.

Elle se contenta de tenir un peu les mains offertes et de sourire, le plus chaleureusement possible en écoutant l'enfant expliquer qu'elle se sauvait et qu'elle la laissait en plan avec Charlemagne.
Pouvait-elle en vouloir à Yoyo ? Certes non. Cette petite était déjà bien affectée par la disparition de sa marraine, son père était parti, on le disait blessé même, l'enfant le savait-elle ? Della ne le lui dirait pas...Pas besoin d'encore la faire souffrir et s'inquiéter davantage.

D'accord, d'accord...je resterai ce soir. Personne ne m'attend de toute façon. J'enverrai un coursier à Seignelay pour prévenir que l'on tienne prêts les appartements de Charlemagne dès demain.

Mais vous, Yolanda...Où donc voulez-vous aller ? Je pensais que vous viendriez avec nous...surtout en l'absence de votre Père...

Della devina au nez de Yoyo qu'elle était contrariée et pour ne pas l'ennuyer plus encore, elle continua : Réfléchissez-y...vous me donnerez réponse demain, il sera encore temps.

Della eut envie de caresser la tête de l'enfant mais elle suspendit son geste et afin de cacher son trouble, elle reprit : Hé bien, je m'en vais auprès de son Altesse. Vous savez où me trouver.

Le regard se posa sur les escaliers qu'il fallait monter. Jusque là, ça irait, après...selon les explications du Bonbon, demain, on la retrouverait peut-être dans un placard à balais.
Une fois encore, pour ménager l'enfant, elle ne dit rien et se contenta de gravir les marches non sans avoir souri une fois encore à la filleule royale.

Della ne dut son salut qu'à la rencontre fortuite qu'elle fit avec une chambrière qui la remit sur la bonne route.


Holà, m'dame, c'est pas par ici ! Vous devez...blablabla...

Enfin, alors que le soleil avait bien avancé dans le ciel, Della de la Mirandole frappa à la porte de son Altesse Royale Charlemagne, héritier de Béatrice et aussi de son père, mais ça, c'est pas très important pour Della...ou pas encore...

Toc toc toc...

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Charlemagne_vf
    Le coffret boisé, orné de dorures, merveille d’ébénisterie, et dont semblaient sortir quelques rayons lumineux fascinaient Charlemagne. Là, dans l'alcôve, on l'appelait. Une voix résonnait, sortait de l'écrin.
    Le fermoir, d'argent, mais finement ciselé, était d'une complexité rare, et à sa vue, l'on jurerait que la boîte contenait un objet d'une grande valeur.
    Le Prince l'approchait, tenté, bras tendus.
    Dans ses yeux, une lueur éveillée, à ses lèvres, un sourire rare. L'Aiglon est heureux, l'Aiglon est curieux, et sans en connaître le mécanisme, il ouvre le coffret avec une admirable dextérité, comme s'il avait toujours su comment le faire.


    Toc Toc Toc.

    Étrange son provenant de l'écrin. L'oeil emplit de malice se penche, et dans sa main prend un macaron, dont se délecte l'Infant.

    AAAAAAAAAAAhhhh !

    Suant dans sa chemise blanche, le Fils de France se réveille, alors que l'on frappe à la porte. L'Altesse se nourrissant d'une de ces abominations pâtissières, ce ne pouvait être qu'un cauchemar.
    Observant l'alcôve de sa chambre, Charlemagne soupire, soulagé. En ces instants de solitude, le Prince est terriblement humain, terriblement enfant. Mais les coups donnés à l'huis lui rappelle son rôle. Se levant, il attache ses cheveux, longs et noirs, avant d'aller - gamin qu'il est - ouvrir lui même la porte, puisqu'il ne souhaite pas gaspiller ses mots.

    Alors apparait Della de Volvent. Pâle, mal assurée, l'air hagard peut être, et l’entrebâillement de la porte s'élargit.
    Puisqu'il doit parler le premier, puisqu'il est enclin à faire cet honneur à la Dame de Railly qu'il ne déteste pas encore, le Fils de Béatrice lui offre un "Bonsoir".
    Il va partir, elle vient le chercher, il le sait, et n'attendant aucune réponse, le garçon s'en va montrer quelques vêtements rangés dans une malle. Il est donc enfin venu, ce moment. Le temps de la fuite est terminé, et l'heure de son règne sonne certainement.


    Habillez-moi.

    Un Fils de France saurait-il se vêtir seul, quand on a toujours tout fait pour lui, même alors que sa mère n'était que Duchesse du Nivernais ?

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Della
A sa grande surprise, c'est l'Enfant lui-même qui ouvre la porte, la plongeant sans ménagement dans l'eau glacée du regard que Charlemagne pose sur elle. Du moins le vit-elle ainsi.
Le coeur battant, la gorge nouée, l'instant est prenant...Où es-tu, Béatrice, dans cet enfant ? Sont-ce tes yeux que je vois marqués sur son visage ? Est-ce ta bouche que ces lèvres enfantines ? Ces joues sont-elles les tiennes ? Où es-tu, Béatrice ?

Della sourit. Sourire un peu forcé, figé, peureux. Elle ne sait quel comportement adopter.
Elle, le Chambellan, le Grand Echanson, elle, elle tremble devant un Enfant qui lui coupe le souffle...

Bonsoir, votre Altesse.
Il devrait être Majesté, il en a la carrure, cela se voit, cela se sent, il n'est pas enfant de Rois pour rien, elle le sait.

Les traits se détendent, le coeur se calme, la confiance revient.

Que je vous habille ? Bien sûr...

Et voici le temps de la première promiscuité, dans des gestes simples, fondamentaux, protecteurs...Une femme habillant un enfant...Une mère vêt son fils, Della n'est pas mère, pas encore, pourtant les gestes viennent qui procurent à Charlemagne la parure qu'il lui sied.

Della ne put s'empêcher de sourire, comme cherchant à apprivoiser ce jeune homme, évitant d'effleurer la peau blanche, pour ne pas lui faire peur, de peur de perdre ce mince fil qui va tisser peut-être la relation entre eux. Il le faut, pour ne pas faillir devant la responsabilité, être à la hauteur, pour Charlemagne.

Et lorsque l'enfant est habillé...

Vous êtes prêt, votre Altesse. Voudra-t-il partir de suite ? Attendre encore ? On ne brusque pas un Prince, fils de Béatrice la Bien Aimée.
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Charlemagne_vf
Dans les yeux de l'Infant, nulle trace maternelle, car ce regard est celui de Guise, indescriptible, mélange entre détermination et lassitude, le tout tinté d'un mépris tout à fait Charlemagnien.
Sur les lèvres, oui, il y a de la mère, de la Reine, de la féminité, que le garçon aura tôt fait d'abhorrer le jour venu.
Le jais de ses cheveux lui, nul ne saurait dire s'il est de Béatrice ou de l'Implacable. Autant que Chlodwig Von Frayner et son épouse étaient blonds, les Souverains de France étaient bruns, tels seront leur progéniture.

Le Chambellan de Bourgogne est blond. Cette teinte si familière au Fils de France, qui de sa mère aura plus connu l'entourage que la présence. Blanche, Yolanda, Della. Toutes blondes.

Être habillé est un exercice pénible pour le Prince. Une habitude bien sur, un usage du à son rang, une chose qu'il ne désire pas changer, mais une action matinale qu'il craint.
Haineux envers l'autre, il accepte parfois pourtant de faire l'honneur à certain de lui passer son col, son pourpoint, ses braies. D'abord parce qu'il ne le ferait pas lui-même, ensuite parce qu'offrir un peu de joie dans la vie de ses misérables ne fait qu'ajouter à son égo déjà bien grand, pour un si petit homme.
Le sacrifice est unique : l'on le touche. Et le Très Haut sait que le jeune Castelmaure déteste cela.
Seule exception, sa main qu'il tend à quiconque le mérite. Pas pour leur offrir un honneur, non, mais pour sceller un lien. A ce jour, Madame de Jegun le possède, par la force des choses, et Ingeburge Von Ahlefeldt-Oldenbourg, parce qu'elle est son Élue.

Mais Madame de Railly ne le touche pas, non, a peine l'effleure-t-elle. Sait-elle son mal être ? Probablement pas. Est-elle juste délicate ? Par chance, il lui sera laissé le bénéfice du doute. En revanche, aucune main ne lui sera offerte.
Et s'il est prêt...


Alors partons.

Partons loin d'ici.

Madame d'Alquines a emmené mes affaires et celles de maman où elle était malade.

Chastellux. Vicomté où furent faits ses premiers pas. Une terre bourguignonne, une terre de Béatrice.
Et quant à Franc Claude Volpone, Quant à Catherine Isabelle Clotilde, le Prince ne s'occupera pas de savoir ce qui sera fait d'eux, pas maintenant. Son sang devra être protégé, mais s'il ne l'aime pas, il sait que la Demoiselle de Molière saura s'en occuper, puisque lui ne le fera pas.

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