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[RP fermé] Duplex est experientia

--Linien.
Prequelle : "Ce soir j'embrasserai le Diable", forum de la Cour des Miracles

[Dans l'épisode précédent :

Eusaias de Blanc-Combaz, Duc de Bouillon, se retrouve piégé par des faux-invocateurs de la Cour des Miracles, qui lui promettaient de rencontrer le Sans Nom. L'affaire tourne mal, et Linien, un jeune couturier, le surprend et le voit tuer les escrocs, n'osant lui-même tuer l'un d'eux. Eusaias brûle la batisse et embarque Linien dans une taverne. Nous retrouvons donc les deux héros à cet instant.]




Dans quelle galère s'embarquait-il maintenant ? Pourquoi avait-il du reconnaitre la voix du balbuzard dans le brouhaha de la Cour ? Linien songea un instant qu'il aurait du laisser celui-ci à la merci de ses invocateurs, peut-être que ceux-ci lui auraient donné une bonne leçon. Ou tout simplement tué. Mais il n'était pas certain que la conscience aristotélicienne de Linien aurait bien supporté la responsabilité de cette mort.

Ils étaient sortis de la Cour des Miracles avant que le feu n'embrase toute la bâtisse. Il était certain maintenant que les putains devaient être à l’œuvre pour éteindre l'incendie, avant que les moines capucins n'arrivent également.** Il n'y avait bien qu'à Paris que l'on pouvait voir oeuvrer de concert hétaïres et religieux, si l'on exceptait le délestage de bourses.

Les poings serrés, sentant le fourreau de la dague contre son avant-bras, Linien suivait le Duc Bouillonnant, qui finit par entrer dans une taverne. Baissant les yeux et vérifiant que sa casquette était bien mise pour dissimuler les traits hauts de son visage, le jeune couturier s'installa sur le banc commun, refusant de regarder les autres convives présents dans la salle. Mâchoires crispés, il demanda une bière, et s'adressa au duc sans vraiment de bienséance.


On vous a déjà dit que vous étiez complètement fou de faire de telles choses ?

Lui-même ne lui avait jamais dit, même si il l'avait souvent pensé.

* "L'expérience est double", tiré d'Opus majus, t. II, p. 169, Roger Bacon
** Au XVème siècle, les prostituées étaient chargées de l'alarme et des premières manœuvres d'extinction d'incendie, suivies ensuite des moines capucins alertés par le tocsin.


[/i]
Eusaias
La chanson avait été ravalée après que le jeune Linien lui ait fait reproche. Le sourire sur la Balbuzard était lui toujours bien présent, après tout ne venait il pas de déjouer un terrible invocateur et une redoutable sorcière. Il avait évidemment, gardé en mémoire que cela, faisant fi du fait que les deux larrons n’étaient surtout que des escrocs de la cour des miracles.

Une taverne aux carreaux noircis par la crasse les accueillit et ce fut sur autour d’une longue table qu’ils prirent place parmi les autres. Le jeune homme avait réclamé une bière, pour le Balbuzard ce fut un « pichet de ta meilleure piquette ».


On vous a déjà dit que vous étiez complètement fou de faire de telles choses ?

De quoi ? De rosser du vil ? De pourfendre de l’enchanteur ? De ne point craindre les démons !

La miséricorde fut tirée dans cet élan verbal et la lame brillait à la lueur des chandelles.

Dire des conneries peut-être ! Osa un homme au visage bouffie et déjà largement imbibé d’alcool.

Toi fermes ta gueule je te le conseille ! Tonna le bourguignon, avant de planter avec rage la miséricorde dans la table en guise d’avertissement.

Puis l’œil se reporta sur Linien, ou plutôt sur sa coiffe. Eusaias se pencha alors en avant et d’une bouche aussi rassurante qu’une mâchoire de requin il confia l’un de ses secrets au jeune homme.

Tu vois dans la vie faut avoir des c*uilles. Comme ça les IMBECILES montant la voix et appuyant son regard sur le côté pour bien cibler le bouffi ne la ramènent pas et les filles adorent ça. Tu vas quand même pas me dire que toi qui traine avec CES BOUSEUX le bouffi une nouvelle fois ciblé tu n’as jamais tranché la gorge d’une p*tain pour te barrer avec sa bourse après qu’elle t’ait vidé les tiennes ? Alors tu ne vas pas me reprocher d’avoir, sans le vouloir tué deux gredins, hein ?

Et un rire gras s’éleva du balbuzard.
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--Linien.


La bière était tiède et sans goût, mais il ne s'était pas attendu à autre chose. Commander un verre de lait ou une tisane aurait été un aveu de faiblesse face au Balbuzard, ainsi Linien avait décidé de boire la seule chose alcoolisé qu'il supportait sans être malade.


Vous avez beau être aussi arrogant qu'un paon, les démons sont bien plus puissants que vous ne le concevez. Vous n'êtes qu'un pantin, une marionnette pour eux, afin de prouver à Dieu que les hommes sont pétris de violence.


Puis eut lieu la provocation finale. Les yeux glacés de Linien se relevèrent vers le Balbuzard et il y eut cet étrange sourire, un mélange de sarcasme et de mépris assez lisible même pour Eusaias.

Non.
Car pour ma part je n'ai aucun besoin de frayer avec les putains. Ni avec des invocateurs de pacotille.


Le couturier se recula et avala une gorgée de sa chope.


Et maintenant que vous avez échoué dans votre entreprise, j'espère que vous allez abandonner votre idée de parler au Sans-Nom...


Eusaias
Oh le petit homme le provoquait. Eusaias adorait la provocation car en elle-même elle prouvait la bravoure d’une personne. Il est vrai que certaines bravoures conduisaient directement à la fosse commune. Mais ce soir il avait trouvé un jeune homme intéressant, il lui épargnera donc la fosse.

Tu vois le jouvenceau, tu te contredis pour finir par une question idiote. Comment veux tu que je lâche les démons si tu me dis qu’ils sont plus fort que moi ? Comment veux tu que j’accepte d’être la marionnette de ceux là ?

Et le Bourguignon extirpa la miséricorde de la table afin que celle-ci retrouve sa ceinture.

Tu as bien entendu comme moi ? L’invocateur a dit que je serai occis de la main d’un malfaisant. Comment pourrais-je attendre tranquillement qu’ils viennent me chercher ?

Il se redressa sur son banc, provoquant ainsi des petits craquements dans son dos.

On ne peut pas, tu le comprends ? On doit aller les traquer, les prendre à la gorge avant qu’ils puissent commettre leur méfait. Une fois saisi, il nous faudra les broyer. Car oui, pour la malédiction je ne sais pas si tu n’étais pas un peu concerné.

Le visage se fit mauvais et narquois.

Car après tout, c’est bien toi qui l’a jeté dans mes griffes, n’est ce pas ?

Il avala un demi-pichet de vin d’une traite pour rafraichir la gorge qui venait de beaucoup travail.
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--Linien.


Le jeune homme répondit sur un ton docte.

Seule la vertu peut nous aider à échapper aux tentations des Princes-Démons et du Sans Nom.

Le pire était qu'il croyait vraiment à ce qu'il disait. Mais Linien avait le sentiment que le discours religieux aurait autant d'efficacité sur Eusaias que de pisser dans un violon. Le couturier avala une gorgée en regardant le Bouillonnant, et reposa sa chope en poussant un soupir.

Vous avez peur des éventuels complices de l'invocateur, mais à vous voir j'imagine qu'il y a un paquet de types prêts à vous trouer la peau, je me trompe ? Alors un de plus ou de moins ferait-il vraiment la différence ?

Linien ne savait pas si le danger était réel, mais l'affaire pouvait retomber comme un soufflé. Eusaias essaya alors de l'embarquer dans son délire post-apocalyptique.

Vous méprenez pas, moi j'étais là par hasard.

Mon oeil.

Je me suis juste protégé comme n'importe qui l'aurait fait, alors me cherchez pas des noises ! J'vous ai limite rendu service, alors ne venez pas me faire croire que j'suis responsable de la merdaille que vous avez semé.

Le principal problème qui se présentait en cet instant était la descente vertigineuse de vin du Duc. Si il s'enivrait assez pour aller chercher des noises aux Couriens, il finirait vraiment la fin de la nuit dispersé dans Paris. Linien avec sa bière gardait une relative clarté d'esprit, même si ses derniers mots laissaient transparaitre un peu trop son impulsivité.

Eusaias
Un second pichet avait été avalé goulument. La manche du surcot avait servi de serviette pour s’essuyer la bouche alors qu’un filet de vin s’était échappé des lèvres. Puis un rot montra que la digestion de vin suivait son cour. Puis s’est d’une voie légèrement enraillée par l’alcool qu’il reprit la parole.

Tu vois maraud, tu as raison sur un point. Seule la vertu peu nous sauver et dieu merci cette vertu salvatrice est à ma ceinture.

Petite tape sur la garde de victoria afin de la faire tinter, alors qu’un rire gras s’élève de la gorge du Balbuzard.

Pour les autres Jean-Foutres qui veulent me percer la bedaine, pas de souci… Je les écrase… je les accule… je les enc *ne va pas plus loin, malgré son élan* enfin bon… je les tues pour finir.

Les yeux désormais vitreux se concentraient sur sa bourse déliée d’où ses doigts, point trop gauche malgré l’alcool, sortir quelques piécettes. Les écus tintèrent contre le pichet avant de reposer sur la table.

Allez finis ton souper de houblon, on a du pain sur la planche. Me souviens que dans la rue des terreaux, quand j’étais lieutenant du guet, il y avait des choses étranges. On va les aider à retrouver la bonne foi.

A ce moment la méchanceté de l’être humain pouvait se lire sur son visage, mais qu’un court instant…

Mais avant faut que je pisse !
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--Linien.


Cela devenait de pire en pire. Maintenant Eusaias voulait partir en croisade contre les hérétiques, sorciers et autres billevesées, presque rond comme un rond, et bien entendu, tout seul. Enfin presque. Linien décida de garder un oeil vif sur le Duc, ce qui n'était certainement pas l'idée la plus brillante de la soirée. Suivant les conseils du bourguignon, Linien poursuivit sa descente de la chope.


Faites, faites...

Un geste de la main signifiant que Linien n'en avait strictement rien à faire des besoins corporels d'Eusaias, avant de terminer, ou peu s'en fallait, la chope de bière. Quelle galère...

J'vous attend dehors.

Linien n'en était pas encore aux concours de "qui-pisse-le-plus-loin" et laissa Eusaias aller assouvir ses besoins. Délaissant sa place, le couturier sortit de la taverne et respira presque avec délice l'air nocturne, qui contrastait avec l'atmosphère virile de la taverne.
Non, Linien n'avait aucune intention de suivre le duc de Bouillon dans son entreprise plus proche d'un suicide que d'un nettoyage d'hérétiques. Il remit sa dague dans sa ceinture, et réflechit à toute vitesse. Le bourguignon était ivre, mais le surpassait encore en puissance. Il ne devrait qu'à sa rapidité et sa souplesse la suite des évènements. Le journalier fit les cent pas en attendant Eusaias, avant qu'enfin une solution apparaisse sous ses cheveux noirs .


Eusaias
Uriner pour un homme c’était tout une question d’élégance. D’abord eux n’avait pas besoin de porte cochère, de roues de coche ou autre coin sombre pour assouvir ce besoin. Il fallait choisir un endroit simple, de préférence un mur pour s’abriter du vent, il fallait aussi s’assurer que le sol n’était pas incliné dans le sens des chausses. Après rien de plus simple, on baisse les braies à mi-cuisse, on tient le bas du surcot entre les dents afin de pas l’imbiber et on prend la « posture ».

La posture varie selon le degré d’alcool ingurgité, donc autant dire que là il devait se tenir en posture 7/10. La main gauche contre le mur pour se tenir, les épaules un peu en avant pour facilité, grâce à l’inclinaison du corps, l’évacuation. Le bassin lui doit être encore plus en avant, mais ça ce n’est que par reflexe, car la « petite tête » a toujours été le moteur à traction du corps masculin. Les genoux légèrement fléchis afin de garder stabilité, les talons un peu décollé du sol pour la souplesse de l’exercice et il ne faut surtout pas oublier d’écart un peu les pieds, sinon ça peut être dramatique, à moins qu’avoir des pieds qui sentent l’urine ne vous dérange pas.

« L’arme » à la main, la droite de main car si vous avez suivi la posture typique vous comprendrez que si vous vous saisissez de la main gauche, vous vous mangez le mur face à vous. C’est à ce moment que le bien être illumine votre visage, parfois même il vous pousse à siffloter.

Une fois allégé de la sorte, il ne faut pas la secouer plus de trois fois sinon les gens pensent que vous jouer avec. Oui les « gens », car c’est toujours dans ces moments là qu’il y a quelqu’un qui passe et souvent s’offusque dans un « rho le dégueulasse, il ne pouvait pas faire ça ailleurs ! »

Mais entre nous, ailleurs où ? Le mur est là, le terrain n’est pas en pente dans le sens des chausses, il n’y a pas de vent et ce n’est pas la place du marché à l’heure de pointe, donc ailleurs pourquoi ? Vu que les conditions idéales sont réunies !

C’était donc ainsi, en plein Paris, le sifflotement aux lèvres et un badaud dans le dos entrain de s’offusquer qu’Eusaias se trouvait. Il respecta la règle des trois « trois fois seulement » hélas la dernière goutte se détacha bien de la petite tête mais pour venir se loger sur le doigt.


Bordel de foutre cul ! Fait ch*er !

Sans autre forme de procès, le doigt fut essuyé sur l’arrière du surcot. Les braies remontées, les dents desserrées il rejoignit le jeune Linien.

Voilà voilà, le colosse est rangé on peut y aller !

C’est donc plus léger d’un litre, fortement éméché et avec une grosse envie de bagarre que le Bourguignon s’enfonça dans une ruelle, direction rue des terreaux.
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--Linien.


Linien leva les yeux au ciel quand Eusaias se dota d'un colosse. Décidement il ne comprendrait jamais cette tendance à la vantardise de l'engin masculin. Le couturier prit la suite d'Eusaias, le laissant prendre trois pas d'avance sur lui, ce qui pouvait tout à fait correspondre à un noble suivi de son valet. La nuit parisienne était obscure et elle le serait bien plus si ils arrivaient à destination.

Il décida de faire parler Eusaias, le duc aimait à étaler ses prouesses visiblement, et cela le rendrait moins méfiant.


Ainsi vous étiez dans l'guet de Paris ?

Au détour d'une ruelle, Linien se saisit d'un bâton dépassant d'une charrette stockée devant la devanture d'une boutique de ferronnerie. Probablement que celui-ci était destiné à devenir une lance, mais pour l'instant il ferait très bien l'affaire. Tout en restant à l'arrière du Duc de Bouillon, Linien soupesa l'arme. Il n'avait qu'une seule chance de réussir dans son entreprise, et c'était dans cette ruelle déserte qu'il aurait sa chance. Deux pas d'élan, un appel du pied, et le couturier s'envola dans l'air et fracassa l'arrière de la nuque d'Eusaias dans le mouvement. Le geste était fluide, et si ce n'était le bruit du coup, tout s'était passé en silence. Le bâton se brisa au choc.

Mais hélas...

Eusaias
Aaaaaaaaaaah le guet Parisien ! Toute une poésie, écartez vous on passe ! Tu t’es pas assez vite écarté tu me dois 5 écus ! T’as pas 5 écus, je te pète la main devant les copains.

Rire gras et vinacé.

Puis les p*tains, jamais on a déboursé un denier pour elle et pourtant on était des bons clients !

Un soupir s’échappa du Bourguignon, nostalgique en se rappelant son binôme Fildaïs qu’il n’avait même pas pu culbuter malgré toutes ses tentatives.

Et puis de temps en temps on pouvait se faire une petite mêlée avec les pécores ! On gagnait toujours tu t’en doutes bien ! Il n’avait que des bâtons face à nos arcs et nos épées ils ne faisaient pas le poids ! hinhinhin.

C’est à ce moment qu’il senti un coup sur son crâne, un craquement, le second de la soirée. Ni une ni deux il fit volte face pour faire front. Dans ça tête tout ce bousculait et en ce moment précis il était persuadé que quelques coupe bourse venaient d’entrée dans la ruelle, sur leur pas.

Reste derrière m...
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--Linien.


C'était le jour ou une hésitation pouvait vous coûter la vie.

Dans la fraction de seconde ou Eusaias s'était retourné, le baton avait été retourné pour offrir au Blanc Combaz la face lisse, et non celle echardée par le précédent assaut.
Linien aurait pu hésiter, se demander ce qu'il était en train de faire, changer d'avis, courir pour sauver sa vie. Au lieu de cela, en position de combat telle qu'on lui avait enseigné, il fit face à Eusaias. Il n'y avait aucune peur dans les yeux glacés, seulement une incroyable détermination, comme si le couturier savait exactement ce qu'il faisait, et pourquoi.


"Reste"


A nouveau deux pas d'élan, pied gauche, attaque du pied droit sur le sol.

"derrière"

Les pieds de Linien quittèrent le sol tandis que le bâton était levé à la verticale, les deux mains fines du couturier s'accrochant à celui-ci comme si sa vie en dépendait. Ce qui était probablement le cas. La casquette de Linien s'envola, laissant échapper les mèches noires du jeune homme.

"m..."

Le bâton frappa Eusaias sur le haut du crâne, en une ligne d'attaque perpendiculaire au sol. Linien vit le bâton se briser en éclat, des échardes volant dans l'air, tandis que ses bras vibraient violemment, secoués par l'impact du bâton.

Avec souplesse, le couturier ré-atterrit sur le pavé, ses genoux se pliant pour amortir le saut et tenant toujours ce qu'il restait du bâton entre ses mains crispés.


Eusaias
Le second coup ne fut pas vu, pas compris, mais décisif. Le voile noir avait déjà entravé la vue du Bourguignon ainsi que «l’étouffement » de son ouïe. Les dents claquèrent sévèrement et la langue fut bien entamée par les carnassières. Les mains se portèrent sur le point d’impact, alors que le bourguignon tituba un peu. Un pas, puis un autre, suivit d’un troisième avant l’effondrement du duc.

Des rats dans la ruelle, des mèches brunes qu’il aurait pu reconnaitre, du bâton fracassé dans les mains de son compagnon d’un soir, il n’eut point conscience. Les deux chocs violents, soutenu par le vin dans son gosier avaient eu raison du bretteur Bourguignon.

Lui qui n’était jamais tombé face à un homme, était à ce moment là, étalé de tout son long, le nez dans la crasse d’un des pavés.

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--Linien.


D'un oeil inquiet, Linien avait observé la réaction du Bourguignon, et ce fut avec un soulagement certain qu'il le vit s'effondrer à terre. Le couturier luttait contre l'élan de panique qui tentait de se frayer un chemin dans son esprit, repoussant son "moi" terrifié par les évènements dans une part obscure de sa conscience. Il se releva, reprit sa casquette et s'approcha d'Eusaias, constatant qu'il était encore en vie, bien qu'assommé pour un moment. Des regards de part et d'autres de la ruelle, vide à cette heure, et Linien fit rouler le bourguignon le long d'un mur, dissimulant son corps à l'aide de caisses.

Il était bien trop fluet pour porter le corps du Duc de Bouillon et entama la seconde partie de son plan. Linien partit donc comme un dératé dans les ruelles parisiennes pour rejoindre l'atelier de couture ou il œuvrait. La course ne fut guère longue avant de discerner la Tour Jean Sans Peur. Nul besoin d'entrer et d'alerter les couturières encore éveillées, il se dirigea directement vers la petite écurie qui abritait quelques mules de bât. Il prit les rênes de l'une d'entre elle, ainsi qu'une longue corde de halage qu'il entoura autour de son bras. A pas rapides, pressant la mule qui n'appréciait guère l'ambiance nocturne parisienne, il revint dans la ruelle ou il avait abandonné le corps. Une dizaine de minutes seulement s'était écoulée, mais Linien sentait que le temps pressait.

Il ôta les caisses, et entoura la corde autour de la poitrine d'Eusaias, sous les aisselles. Il fit à nouveau rouler le corps pour l'amener non loin de la mule. Maintenant il allait véritablement devoir faire usage de la force. Les caisses furent empilées de l'autre côté de la bête de bat, et servirent de poulie rudimentaire à Linien qui passa la corde par dessus afin de tracter le corps inerte. La sueur perla bien vite sur son front, à mesure que le haut du corps d'Eusaias était levé de terre. Linien bloqua la corde à un anneau de halage non loin de là, et constata que le corps était presque maintenu debout, même si les caisses étaient sur le point de craquer. Il allongea Eusaias sur la mule et alla défaire le nœud de la corde, tandis que la mule renâclait au vu du poids qu'on lui infligeait à porter.


- Je sais ma belle, il est lourd, mais on ne va pas très loin.

Linien prit le temps de repousser les caisses contre le mur, d'épousseter sa tenue, et d'assurer l'équilibre d'Eusaias sur le dos de la mule. La corde fut réenroulée et l'étrange convoi repartit. Aussi vite qu'il le pouvait, Linien menait la mule dans les ruelles de Paris, s'éloignant de la Cour des Miracles et allant dans un quartier mieux fréquenté, bien que désert en cette heure avancée de la nuit.

- Hep toi !

Linien stoppa net, tandis que des hommes du guet de Paris arrivaient vers lui. Le couturier resta aussi calme que possible, renfonçant sa casquette sur ses yeux.

- J'ramène mon maitre à sa demeure, il a trop bu en taverne. C'est l'Duc de Bouillon, Eusaias de Blanc Combaz.


La seconde qui s'écoula fut interminable, avant que les hommes du guet ne décretent :

- Décidement ces nobliots tiennent vraiment pas la picole ! Ramène le vite, les rues sont pas sures à cette heure.
- Oui messire, bien messire, bonne nuitée messires.

Ton poli et onctueux, et Linien tira sur les rênes de la mule pour repartir dans les rues de Paris. Quelques virages, et finalement l'emblème de l'auberge qu'il cherchait apparut enfin. Le soulagement l'envahit, tandis que la mule était attachée à un anneau devant l'auberge. Il entra précipitamment, et accrocha l'aubergiste par la manche.

- J'veux voir le duc, c'est urgent !
- Hey petit, retourne à tes vaches, j'vais pas déranger le duc pour un morveux !


Une fibule de bronze dans la paume de Linien brilla alors à la lumière des chandelles, et l'aubergiste fut alors beaucoup plus conciliant en remarquant la rose et l'épée entrelacées.

- J'vais t'le chercher, mais t'as intérêt à avoir une bonne histoire.

L'histoire... Linien n'avait pas vraiment réfléchi à ce qu'il allait dire à son mentor. Pour l'instant, il héla un des commis de l'auberge qui était resté à nettoyer le sol et répandre la sciure, afin qu'il l'aide à décharger la mule. Eusaias fut ainsi déposé sur une table, qui devait rester plus confortable que les pavés ou une mule décharnée.
Linien hésita un instant à l'attacher, mais vérifia surtout qu'il était encore vivant, et dénoua la corde de halage qui était restée attachée autour de sa poitrine. Linien finit par s'asseoir sur le banc, épuisé par sa virée nocturne, attendant que le propriétaire de l'auberge descende.


Llyr


Un de ses rares passages par la capitale et il fallut que cela soit une nuit où croyant pouvoir dormir un peu mieux qu'à l'accoutumé, il fut réveiller.

Depuis deux mois les évènements l’empêchaient de dormir, nos les remords, mais juste le travail de chaque instant, rarement un instant pour lui même et encore fallait il qu'il se force à manger tout en travaillant pour ne pas dépérir.

Le Cygne n'avait pas de belles plumes en la circonstances, il était amaigri et avait quelques cernes bien taillés sous les yeux. Il n'en restait pas moins alerte et combatif.

- Maiiistre, Maistre
- Hmmm Laisse moi dormir bon sang de bois, il fait nuit encore dehors, même le coq dort encore.
- Mais Maistre ça semble urgent
- Urgent comment comment ?...
commença t il avant de finir lui même sa phrase avec une fibule en bronze, ils sont deux c'est celà ?
- Oui Maistre l'un semble mal en point.


Le Cygne s'étreignit la tempe, oui je vois ça.

- Apporte moi du Klah je te pris, avec un grosse dose de vin d'Arabie dedans s'ils te plait, et ne lésine pas sur la muscade pas comme la dernière fois.
Installes les dans l'alcôve privé et dit leur que j'arrive.

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--Linien.


Commission fut faite auprès du couturier que le Duc du Lavardin pourrait bientôt les recevoir. Allait-il se faire tancer pour ce comportement trop cavalier par Llyr ? Il était vrai que la soirée aurait pu se dérouler autrement, et surement d'une façon plus agréable
Linien aida le commis à transporter le corps inerte du Bouillon, afin de l'installer dans un fauteuil plus moelleux. Il n'y avait pas à dire, la situation d'Eusaias s'améliorait au fur et à mesure des heures de la nuit.
Peut-être ne tarderait-il plus à se réveiller...

Linien bailla, l'adolescence ça vous fatigue vite, surtout quand vous faites l'impasse sur des nuits complètes. Le couturier s'installa en biais sur un fauteuil, les jambes par-dessus l'accoudoir dans une position très nonchalante, mais surtout propice à l'endormissement. Il n'en pouvait plus de cette soirée, et la perspective de devoir remarcher jusqu'à son logis l'épuisait d'avance.

Les muscles de Linien se détendirent un peu, et il dodelina de la tête, avant de se dire que se reposer un peu les yeux ne pouvait lui faire que du bien avant de revoir Llyr. Le couturier s'assoupit donc en un éclair, comme cela lui arrivait rarement, rêvant d'oiseaux mythiques et d'ailes dévorées.

Ce fut le domestique apportant le Klah qui le réveilla en sursaut, le laissant effrayé par ses visions et il soupira.


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