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[RP] La Gentilhommière

Oesophage
    Ce qu'il n'est pas donné de rendre avec la plume, c'est le feu du débit, l'ampleur de la pose, la profonde conviction que rayonne le regard. En cela, nous nous efforcerons de retranscrire la Gentilhommière sans toutefois prétendre motiver votre imagination plus que de raison.

    Introduction: Durant l’Été 1459 arrive à Paris une compagnie de coupeurs de bourses que nous nommons bien affectueusement les Canards. Un groupe bâti de marbre: une assemblée composée d’hommes et de femmes fort durs, mais fort polis, nés et liés à des fins historiques que nous ne relayerons pas ici. Ils prennent rapidement quartier dans la Cour des Miracles: nous nommerons leur chef-lieu la Gentilhommière. Et voici son histoire.



Il y avait des rues, en ce temps là, qu'on évitait en se promenant, qui sentaient toutes les odeurs, les unes à peine croyables et où l'air d'alentour se refusait à puer davantage. Tout se passait sans efforts pour éloigner la vérité de ces quartiers qui revenaient pleurer sans cesse sur le Royaume. C'était un lieu des plus mal bâtis, des plus sales, et des plus reculés de la Cour, situé entre la rue Saint-Sauveur et la rue Beaurepaire. Toute chancelante de vieillesse et de pourriture, cette bâtisse était enfoncée, obscure, et difforme. Hôtel, demeure, établissement: quels que fussent les noms qu'on lui eût jusque-là donnés, ils étaient trop glorieux encore pour ce nid à punaises. Le plancher, mal joint, et plus encore mal raboté, craquait au moindre pas, et murs et plafonds étaient tant sales et noirâtres qu'on eût dit que des millions de mouches avaient chié dessus. La Gentilhommière exhalait une odeur sans nom, mêlant le renfermé, le moisi, et le rance; elle donnait froid, et pénétrait les cœurs. Ici régnait la misère sans poésie, une misère concentrée, râpée. Voilà, voilà la Gentilhommière: la tristesse, le dégout, les intrigues. Et cloîtrés dans cette misère officielle comme au fond d'un enclos baveux, les Canards broutaient toute la fiente qui se déposait autour des Miracles à l'issue des commerces et des voyages. Haines puissantes, rancies dans l'oisiveté pisseuse d'une salle commune tenant tout lieu de tripot. Se mêlaient dans ces murs toutes les passions les plus vivaces, les plus exaltées, dont le cœur de l'homme était brûlé: la coupe et ses fortunes diverses, la jalousie et ses fureurs, l'orgueil et ses rages. Il passait entre les plis chiasseux de leurs nez des petits regards de vieux rats convoiteux à vous en défroquer tout net. Car dans leurs carcasses racornies, il ne subsistait plus un seul atome qui ne fut strictement gentil. Voilà, voilà les Canards: l'insouciance, la haine, les intrigues.
Katina_choovansky.
**Flash Back, quelques semaines auparavant, quand les Piques avaient décidé d’emménager dans la cour des Miracles.**


- « Ah ouais, quand même… » avait la flamande dans une moue grimaçante en voyant la masure.

Un regard sur le môme crasseux qui l’avait amenée jusque là.

- « T’es sûr que c’est là ? C’est pas le truc qu’on montre aux touristes pour leur faire peur, ça ? Parce que, je suis pas vraiment touriste, moi… »
- « Nan Noble Dame… » avait répondu la crasse humaine en faisant une courbette de politesse particulièrement exagérée, « c’est bien là. »

Un regard en coin sur le bambin teigneux au sens propre du terme.

- « J’suis pas noble et j’suis pas Dame. La seule chose qui nous différencie toi et moi, c’est que je me suis déjà lavée une fois dans ma vie », lui avait elle sobrement expliqué avec un air de compassion frisant le dégout en lorgnant ses oreilles.

Qu’est ce qu’elle foutait là ?
Serait-ce une question récurrente avec les Piques ? Fallait croire.
Le maitre troubadour avait haussé les épaules, et fait déguerpir le môme non sans l'avoir menacé de lui crever un œil à coups de bottines s’il continuait de demander une rétribution pour la balade. (Évidemment qu’elle ne l’aurait jamais fait. Niquer des bottines milanaises aussi bêtement, ça frisait l’hérésie.)

Quelques mois auparavant, on lui avait proposé un projet. Un truc qui lui plaisait, où il faudrait bouger, rencontrer du monde, et mettre sa plume au service d’une épopée. Sauf que là, l’épopée sentait plutôt mauvais et qu’on avait plus envie de foutre le feu pour assainir un bon coup, que d’aérer en ouvrant les portes.
Narrer les exploits, les échecs, les moments de grâce et de deuil, d’accord…


- « Mais était il vraiment nécessaire que le cadre soit aussi moche ? », s’était elle interrogée à voix haute.

La vérité, c’était qu’elle avait vachement hésité à rentrer, elle avait même quitté Paris deux jours juste pour retrouver le plaisir de respirer un bol d’air frais.
Et Puis finalement, elle avait toqué, on lui avait ouvert, elle s’était à moitié niqué le pouce, elle avait rencontré un irlandais et un préposé à l’architecture grecque,. Plus tard, on lui avait même filé une piaule. Une où on voit encore un peu de jour au travers des vitres. Nul doute que c’était le grand luxe.
La cour des miracles, c’était pas si pourave… si on n’ouvrait pas les fenêtres…




**Fin du flash back, retour au jour J **



Descendant un escalier délabré où pour rien au monde elle n’aurait posé la main sur la rambarde, la flamande poussa une porte au hasard en appelant :

- « Majesté ? »

Dans sa main, un mouchoir soigneusement noué.

- « Majesté ? »

Personne ici non plus. Le roi serait il derrière cette porte là, ou verrait elle encore un truc qui lui ferait perdre un dixième à chaque œil?

- « Majesté ? »
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Maitre Troubadour à la Confrérie
Oesophage
Et là, le tableau. Katina Choovansky venait de pénétrer à son insu dans la grande salle, et des paires d'yeux qui ne pouvaient se compter sur les doigts d'une paire de mains l'observaient à présent d'un respect voyeur -il vous faut avoir déjà vécu le supplice d'une assemblée d'examinateurs chargés d'appuyer votre thèse pour saisir à grands traits ce à quoi la flamande faisait face. De grande cette salle n'en avait que le sobriquet. C'était une salle très basse, au plafond enfumé, rayé de solives noires, éclairée par la lumière rougeâtre d'un foyer sur la droite. Les murs étaient si mal recrépis et si pleins de crevasses, que les tentures -probablement volées, elles étaient couvertes çà et là de dessins grossiers et de trophées inavouables- s’agitaient sous la bise. Le sol battu, salpêtré, était imprégné de boue; une brassée de paille était déposée, en guise de tapis, au pied de la grande table.
Et au centre de cette table trônait le Roy, l'Oesophage, avachi comme un enfant au catéchisme..



Beaucoup de gens, dupes de leur figure, voient une irrésistible vocation dans le caractère de leur physionomie. L'un se trouve l'air excessivement guerrier, il guerroie; l'autre rimeur, il rime; conspirateur, il conspire; politique, il politique; prédicateur, il prêche. Oesophage, d'une figure qui n'eût pas été désagréable sans la longueur grotesque et démesurée de son nez, se trouvait depuis bientôt deux ans un air parfaitement royal, persistant dans sa croyance en une destinée souveraine jusqu'à faire avaler à tout un régiment de canailles qu'il était bel et bien le leur.
Dans ce Royaume des toqués, ce grand brun joignait à une sagesse et à une quiétude perpétuelle des regards et des expressions si mesurés, des propos souvent d'un goût si intègres (la Blonde, je t'ai à l'oeil), des attitudes d'une componction si affirmée et si inattendue, qu'il fallait à chaque instant se rappeler son passif pour ne pas s'étonner de le voir trôner au milieu de cette fleur d'assemblée, prisonnière des mauvaises herbes. Mais ce sera là l'attention d'un autre récit.


-Eh bien, eh bien! Qu'avons-nous là? Comment? Le plus pétillant bout d'esprit des environs qui se tient à l'écart, est-ce que c'est permis? Si vous continuez, Choovansky, à vous dérober à l'admiration générale, je crierais comme un brûlé. Attention à la suite logique. Avez-vous déjà grillé un canard?! Et, pour péroraison, il se jeta pour ainsi dire à la renverse sur son siège, frappant sur sa couronne -une mitre chourée à "quelque" évêque voilà de cela "quelques" temps- comme sur un tambour de basque. Le fait est que ça ne sent pas le sent-bon, un peu comme ce brave Jean Foutre. Et oui. Et, vous ayant épargné du Foutre aux narines, je pense que vous avez maintenant ce besoin immodéré de me témoigner votre reconnaissance. Et oui. Il faut être équitable, c'est le ramage de mon plumage. Il lève un doigt. Au fouet! Au fouet vile espèce! Il rabaisse ce même doigt. Cette brouillerie, demi-plaisante, demi-sérieuse, est pourtant des plus innocentes. Un peu comme cette brave Cistude. Et oui. S'en va-t-on crier par les rues que le canard éclaire? Non. Et pourquoi non, je vous le demande maintenant.. On ne vous paye pas à rien faire, puisqu'on ne vous paye pas.
Katina_choovansky.
Salutations aimables aux hôtes.
Ben vi, ben vi, j’ai bien dit aimable.
Elle les aurait bien gratifiés d’un truc en vogue chez les brigands, mais elle n’en connaissait aucun, et les crachats, ils avaient quelque chose de sentimental qu’elle réservait aux grands moments.

Odeur de rance, de nourriture et d’alcool, dessins douteux… la forçant à pencher la tête quelques secondes pour comprendre le sens dans lequel celui en face d’elle se regardait.


- « Ah ouais », fit elle finalement en comprenant. « … Ah ouais quand même… », répéta-t-elle à mi voix, maintenant qu’elle saisissait l’étendue de la souplesse exigée.
Mais elle n’était pas là pour parfaire son éducation en Art, aussi, avisant le Sérénissime Ramage au milieu de ses palmipèdes, elle le salua avant de prendre place entre deux sièges occupés tandis que le Roy l’interpelait. On ne se dérobe pas à l’admiration générale, surtout qu’on est flamand. C’est un devoir.


Pour être honnête, l’attention de la brune foutu le camp après « canard grillé ».
Parce que c’était bon. Surtout un bon magret… pour peu qu’on l’accompagne d’une petite sauce au vin… et de petits légumes frais… ou alors ! Un canard confit… ah, c’est trop bon un canard confit… et le foie gras… aaaah, le foie gras… divine invention que le gavage du canard…


- « … vous ayant épargné du Foutre aux narines… »

« Et merde », songea la flamande, « J’ai rien suivi… Putain d’magret… »
Et en même temps, c’est vrai qu’elle était reconnaissante. Avoir du foutre aux narines, ça la branchait moyen… Bon, de là à en faire un poème, fallait pas pousser, mais tout d’même. Elle lui achèterait un ballot de paille de première qualité pour le remercier. Et elle mettrait un ruban. Un rouge… ou un vert… quelle était la couleur préférée du Roy ?
Un mouvement à coté d’elle la ramenant à la réalité.
Putain ! Elle avait encore décroché !
Reprenant juste à temps pour voir le doigt s’abaisser, la brune hocha la tête d’un air concentré et le resta jusqu’à la fin.


- « Vous me demandez de justifier un « non », là où j’ai envie de dire « oui ». Le canard éclaire ce qu’il veut… tant qu’ils ne s’y mettent pas à 204 … » Une moue sur le visage. Chiffre alarmant que le chiffre 204, qui, associé aux palmipèdes, suscitait chez elle un immédiat sentiment d’appréhension. « … ou alors … en volant… » Une pause, puis reprenant, le sourcil froncé d’une idée potentielle, sautant directement à la conclusion de son cheminement « … Par contre, avec 204 canards qui éclairent, on peut écrire dans l’ciel ! »

Un regard soudain plein d’espoir s’accrochant à celui du Roy.

- « Et ça, ce serait plutôt un « pourquoi non » ou un « pourquoi pas » ?

Dans sa main, toujours ce bout de tissu plié.
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Maitre Troubadour à la Confrérie
.ecks.
A la droite du (père) Roy, siègeait le Roux. Affalé lui aussi sur son dossier, repu, il laissait la digestion faire son oeuvre, les yeux mi-clos. Mais l’entrée en scène de la flamande venait de repousser ses paupières aux trois-quarts. Sa main droite frottait paisiblement la peau tendue de son ventre bien rempli, dans un geste bigrement élégant. Ou pas.
La Science, lui, ne s’était jamais posé la question de sa physionomie. Il ne s’était jamais trouvé d’air érudit, ni aucun autre d’ailleurs. Il agissait simplement comme il savait le faire, et probablement que sa physionomie en avait découlé, sans qu’il s’en soit jamais soucié. Qu'importe.


Choovanquoi ? Une paupière se souleva plus que l’autre. Ce nom, il ne s’y ferait jamais. La Choov qu’il l’appelerait, du moins pour l’instant. Cependant la digestion monopolisait à tel point son énergie que son esprit embrumé ne semblait décidé à sortir aucun son. Il dut d’ailleurs fournir un effort conséquent pour tenter de suivre le fil tant bien que mal. Surtout mal d’ailleurs. Pourquoi le canard ne serait pas clair ? Lui aussi avait envie de dire oui. Mais pourquoi le serait-il plus en volant ? La, il ne voyait vraiment pas.

Il se redressa doucement, triturant sa barbe naissante, comme plongé dans une intense réflexion et ouvrit presque les yeux en grand avant de prendre part au débat.


- Personnellement, je dirai plutôt que ça dépend des canards, non ? Sur 204, doit bien y en avoir des clairs ? Non ?
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Ne Cherche Rien d'Autre Ailleurs
Finn
A moitié conscient de ce qui se jouait autour de lui, l'Irlandais, peu contrariant, opinait vertueusement aux envolées lyriques de son royal voisin de table. Alors que ses braves Orpilleurs ripaillaient avec toute l'impudence qui leur était reconnue, lui, boudait négligemment les plats fumant de graisse animale rôtie tant l'épuisement pesait sur ses paupières. Il ne faisait pas bon vivre à Paris pour le régicide, en ces temps troublés. Les allées et venues qu'il se risquait à mener jusqu'en capitale éprouvaient sa discrétion et sa santé. Dans un éclair de lucidité, il put néanmoins reconnaître « Katinsky » et ainsi assister à son introduction au sein de la tablée.

Depuis le jour de leur rencontre, lorsqu'il fut chargé d'accueillir ce Maître troubadour en leurs murs, l'Irlandais n'avait eu de cesse de spéculer sur la raison de sa visite, voire de son occupation outrancière des lieux, sans jamais oser l'interroger. Les propos du Roy, qu'il bordait à sénestre, furent sur ce point vaguement instructifs. Sur la route de la Gloire que s'évertuait à tracer l'institution Pique, Il semblait que la jeune femme devait jouer un rôle prédominant. Et pourquoi pas.

Nonchalamment accoudé, le Canard vêtu de bure dont le profil figé était dévoré par la clarté rougeoyante du foyer se surprit à contribuer à l'enrichissement spirituel de la conversation.


- « Des clercs? », reprit-il, « Ca ne serait effectivement pas du luxe. »
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Tord_fer
Carrément inconscient de ce qui se passait a quelques centimètres de lui le Borgne avalée toutes nourritures qui se trouvaient à porter de main. Il était presque indécent. Bah mais bon il avait faim, très faim. On ne mangeait pas tous les jours à sa faim à la Cours des Miracles. Il ne se demanda même pas la raison d'un tel festin... Entourée par le Grec et la Blondasse, elle même entre le Roux et Lui-même il ingurgitait tous ce qu'il pouvait. Malgré son âge avancée, voire carrément avancé - il était vieux quoi - il avait une forte carrure et assez de force pour mater les plus jeunes, et récupérer les bourses pendante... Mais ce corps trapue de pure athlète il fallait l'entretenir, et l'Tord avait toujours faim !

De temps a autres il chopa quelque mots a la conversation tel que : " sent-bon, un peu comme ce brave Jean Foutre "... Enfin c'était surtout l'appel de son noms qui l'avait fait relever la tête de son morceau de viande. En face se trouvait une femme. Enfin la moitié d'une femme dans sa vision Borgnesque. Plutôt belle et foutrement bien habillé dans un endroit pareil ! Le Lubrique éloigna rapidement les premiers pensées qui lui vinrent à l'esprit après tout si elle se trouvais dans cette pièce elle devait vachement être quotté auprès du Roy et il ferait mieux de retenir toutes pulsions et tous commentaires houleux...

Il essaya de prendre la conversation en route sans lâcher sa pièce de viande se disant qu'il comprendrait peu être dans son esprit tortueux de fou ce qu'elle faisait là. Ça donnait a peu prés ça :


- ... demi-plaisante, demi-sérieuse, est pourtant des plus innocentes...
- ... avec 204 canards qui éclairent, on peut écrire dans l’ciel ...
- ... Sur 204, doit bien y en avoir des clairs ...
- ... Des clercs? Ca ne serait effectivement pas du luxe.


Glups... Il avala un morceau de viande de travers en déglutissant. Il avait rien panait... bon d'accord il était con mais quand même... pourquoi y'a putains de canard semi-sérieux dans la marre qui écrive avec des clercs !!!

Décidément, il ne saurait pas tout de suite qui était cette étrange personne Chauve machin truc d’après ce qu'il avait put saisir des murmures de ces voisins...
Il reprit sa machonation bruyante, puis ne ratant bien sur jamais l’occasion de passer pour un con il marmonna dans sa barbe :


Moi j'aime pas les clercs de luxe, surtout quand y en a 204... J'prefére les canards volants claires...
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Oesophage
-Des clercs.. Son visage se fit grave. Ce n'est pas une petite gloire pour moi de n'avoir compté mes adversaires de jeunesse que parmi ces partisans de l'erreur. Comprenez bien, Choovansky, que je m'attaque là beaucoup moins aux doctrines qu'aux hommes mêmes, car c'est honorer Dieu que de le servir, et rien n'est plus céleste que la vertu sereine et réfléchie. Mais ce n'est pas l'honorer, dans ce qu'il a de plus divin, que de retirer de la fange une de ces rares natures qu'il s'est complu à douer. Emprisonné, souillé, avili, j'ai saintement conservé au fond de mon cœur les nobles germes que ces impies, prétendument serviteurs d'un Très-Haut, y ont semés.
Le silence qui suivit, l'invitant à poursuivre ses explications, lui arracha un bref sourire. Les manières de Katina, son esprit, sa figure, lui plaisaient, elle avait l'air bonne. Et il y avait en elle un contraste qui l'étonnait et l'agréait à la fois: son esprit était cultivé, sa fortune très commode, sa naissance très enviable -tout le monde ne nait pas dans un chou, non-; et pourtant sa physionomie, énergique et résolue, exprimait très souvent une sorte de timidité presque craintive, de défiance de l'autre, qui l'incommodait.
C'est environ à l'âge de seize ans que ma voix a mué. Il marqua une pause, comme pour sublimer cet évènement, pourtant anodin. Moi-même dans le besoin, il m'est clairement venu au regard qu'il me faudrait rendre une réelle justice dans un monde où l'avanie du pauvre était courante. Et c'est rapidement devenu pour moi une rage, une passion, que de tuer les grands trembles qui défiaient la caristade. J'en perdais le boire et le manger, je ne pensais qu'à ça, c'était devenu une raison de vivre. Car il fallait me voir à cette époque: à part de vieux vêtements usés jusqu'aux fibres, j'étais nu de tout bien, sous le coup de leurs injustices. Je n'étais pas le moins instruit, pourtant, mais à quoi sert l'instruction face au pouvoir de ces idiots? Pute borgne! Ce disant il s'était tourné inconsciemment vers Tord_fer l'espace d'un instant.
C'était comme une furie, les oreilles me bourdonnaient, je voyais rouge, tout rouge, je tuais, je tuais, et je tuais. Jusqu'à ce que le couteau me tombe des mains. Mais je me savais agir pour le bien, malgré quelques remords. Je ne transpirais pas moins l'honnêteté que le tanneur qui légitimement tue la bête pour ses peaux: je tuais le riche impropre pour le laver de sa peau, vous y voyez une différence certaine?
J'ai alors choisit la confesse, sûr qu'un religieux saurait dégager de moi ses bonnes grâces et me ravaler mes remords. Mais ces chiens là m'ont méprisé comme des bottiers mépriseraient des savetiers, alors que de mon seul bras j'ai envoyé à la justice céleste des dizaines de mécréants qui ne voyaient en la religion qu'une solution de recueillement pour commettre toujours plus de péchés, quand ces immondices n'envoient au bûcher qu'un innocent dans l'an. La politique rame quand le clergé barre sur les flots de leur dégueulasserie, voilà ce que j'ai compris quand ils m'ont condamné. Oh ils ne sont certes pas tous coupables, un homme seul par son apparence de religion et par son semblant de science peut captiver ses frères, les attacher à sa personne tant qu'ils n'ont pas remarqué la turpitude de sa vie et l'erreur de sa doctrine. Mais ensemble ils infestent toujours plus les petites gens, et nous n'avons pas la liberté de les réfuter et de les confondre. Vous ne trouverez aucun clerc parmi mes 204 Canards, effectivement non. Des clercs.. Il se prit à rire.

Lecteur, cet Œsophage a peut-être un peu grossit son récit: on le voit effectivement mal échapper à une série de meurtres avec ses moyens d'alors. Mais hâtons-nous de dire, pour disculper le Roy de tout soupçon de forfanterie, qu'il possède le plumage le plus épais, le plus noir qui eût jamais orné le crâne d'un canard.


Des clercs!
Ce mot là vit une fougue nouvelle et indescriptible animer le Roy. Ses yeux rièrent, pétillants, vifs dans des orbites épanouies par le rire, les joues, soudain rouges et rebondies comme celles d'un Rimbaud, hurlèrent la santé et la joie; et ses bras, ses jambes, ses palmes, ses mains, son cou, sa tête, et même le gras, dès lors, tout remua, tout palpita, tout dansa en lui. Un claquement sec de ses chausses sur la table de noyer durci fit sursauter plus d'un membre de l'assistance parmi les quelques lucides, tandis que les autres tout d'un coup se récriaient, s'interpelaient, se bousculaient, se chamaillaient, s’emballaient, tel une famille de peu de normes, longtemps tenus à l’attache, qu’on mène enfin courir les sentiers.
-Salauds! Bâtards! Enfants de putains! Charognards! Calotins ! Sectaires! Galeux! S'ils sont en humeur de déserter leurs devoirs, nous serons là pour les sauvegarder. Ces gens là ne seront plus, non plus. Et comme je ne veux point donner une portée comique à des choses qui sont du domaine de la tragédie, et puisqu'elle est l'instigatrice de ce développement, j'incorpore officiellement la chooverie, du nom Choovansky, dans le patrimoine linguistique des Canards. Scribe!
C’était vraiment un enthousiasme entraînant que le sien, même si le rapport d'échanges ne prêtait pas, lui, à l'enthousiasme. Derrière son élan vers la Choovansky, derrière sa joie en marche, comme à la suite d’une goualante, toute la vie folle et insouciante de l'assemblée semblait happée et emportée. Il clamait en riant qu’ils allaient s’amuser, mais à quel jeu?

-Choover: [verbe trans.]
1) S'emparer, dans le droit le plus strict, de ce qui peut être considéré comme appartenant à un clerc, à une autre réalité cléricale, à une autre activité d'ordre clérical.
2) Causer du tort à ce qui peut être considéré comme étant lié à un clerc, à une autre réalité cléricale, à une autre activité d'ordre clérical.
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