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[RP]Exode et dialogues intérieurs.

--Compostelle


[Août s’achève, la tour d’ivoire vacille…]


    « J’ai beau déserter la nuit, je sais bien que les heures auront des yeux de chat.
    Le silence voit toujours plus loin que moi.
    Dormir encore un peu.
    Pour une caresse, un mot, ton rire. »




Maxime ?

Dans la pénombre de la pièce, la voix glacée d’effroi ricoche dans le silence, puis un bruissement léger signalant que la carcasse se tourne sur la couche. Frêle bruit, comme le corps en peau de chagrin qui habite l’endroit et qui resserre désespérément contre elle les draps comme un amant fait d’étoffe et de phantasmes imbibés d’opium.
Soupir soulagé.
Des mots glissent de ses pétales comme des petites peurs chiffonnées.


Ne m’abandonnez pas…

Réponse au timbre masculin, doux qui murmure dans un coin de sa calebasse des mots polis par le souvenir. Voix tout droit sortie de ses vieilles boîtes à réminiscences. Connue et entendue d’elle seule.
Le ton est rassurant.


-Que nenni ma mie, je suis là… ne vous inquiétez pas… je suis toujours là… pour vous ma blondeur.

Torpeur éthylique et thébaïque qui embrume l’esprit rongé de folie depuis des années déjà.
Les azurs s’ouvrent et décortiquent les ombres réelles ou imaginaires qui siègent dans les recoins sommeilleux de la chambre. La Compostelle offre à son hôte invisible un sourire bordé de tendresse oubliée. La voix masculine s’insinue en chuchotement dans son chaos internes…


-Préparez-vous ma mie, il est temps pour nous de prendre la route.

Les papillons de chairs battent lentement de leurs ailes fragiles, vaine tentative de maintenir la conscience à flot. Le front se plisse, et s’ourle de perle de sueurs, son souffle agonise dans sa poitrine, le délictueux poison qui palpite dans ses veines l’oppresse, sabote son système respiratoire, profane ce qui reste de vie, d’âme.
Déchéance dans les ténèbres d’un être voué à s’élever dans la lumière.


Octroyez-moi quelques instants… je suis si fatiguée mon ami…

Les paupières éclipsent les lueurs qui chancellent dans l’obscurité.
Maudit sommeil qui la rattrape, ellipse chronophage vide de songes, où sa non-existence a cours.
Un aperçu de la mort, entre sueur glacée et frisson brûlant le derme.
Une heure… peut-être deux… se sont écoulées avec pour seul bris au silence, le sifflement d’un maigre souffle et les plaintes nébuleuses de l’étoile déchue dont les poumons sont dans un étau.
La lumière crépusculaire a fait place au noir létal de la nuit complète.
La faible lueur d’une lampe éclaire les derniers gestes d’une tourangelle en suris.
Demain un autre duché, demain l’oubli…
Une voix interroge l’absence :



Maxime ?
-Il n’est plus là ! Espèce de gourde.
-Il est parti avec les dernières dilutions de thériaque !
-J’dirais même plus, il est parti depuis qu’il est mort !
-…
-Ben quoi ? C’est vrai non ?



Soupir aiguisé d’amertume, le salant pique les iris délavés de chagrin.


Taisez-vous, taisez-vous toutes… il est toujours avec moi, en moi ! Vous me tuez…
-Tu nous tues aussi Fildaïs, à coup d’opiacé… à coup de vin et de vénéneux chagrins… lentement…
-Ouais c’est ça, tuez-vous toutes ! Moi j’vous avertis, j’meurs pas ! … Dites les blondasses ? Si vous mourrez toutes ? Je peux hériter du manège enchanté fildaïssien ?
-HUM !
-Ben quoi ? J’me renseigne !



Sur le lit, la Compostelle abandonne couronne, armes et bijoux. Se dépouillant de ses derniers attributs de noblesse. Elle a laissé des instructions à son ancienne suzeraine, claires, en ce qui concerne ses biens.

Dans son bissac, un coffret avec toutes les missives reçues, un collier de coquillages que lui avait offert Enguerrand et quelques étranges pierres données par une herboriste. Quelques vêtements masculins, aux tons sombres, à l’étoffe éculée. Ses petits paradis artificiels, sous forme de pâtes épaisses et brunâtres ou sous forme de liquide carminée.
Quelques écus, un peu de pain, Fildaïs voyagera léger.
Puis avec soin, elle enveloppe dans du lin, une épée frappée de la licorne, seule souvenir de son défunt licorneux, elle sera solidement harnachée à la selle de sa pouliche.
Un chat dodu, au pelage lilial est furtivement caressé, le royal félin sera du voyage, rappel de son manque de célérité et d’une reyne pendue comme une moins que rien.

L’azur englobe la pièce comme pour imprégner sa mémoire de ce souvenir. Les prunelles se heurtent soudain à un oubli.
Sur un perchoir, l’autour qui appartenait à l’Alesme, celui de leur rencontre.
Perclus de vieillesse, les plumes s’absentent et laissent à découvert des bouts de peau fripée. Les yeux ne voient plus depuis une paire d’années, et c’est la blonde qui le nourrit comme une mère le ferait à son tout petit avec de la viande moulinée par ses soins…
Trop vieux pour l’accompagner…

Les vermeilles se pincent, pâlissent alors que la fine hyaline se pose bienveillante sur le sommet de sa tête. Elle cueille l’oiseau dans la paume de sa main, le cajole un instant en appuyant sa joue contre lui.
Des mots doux, rassurants sont susurrés à l’animal.
Les doigts s’enveloppent, s’insinuent autour du cou frêle, délicat du rapace.
Un baiser, une étreinte. La dernière… elle est létale.
Ça ne dure qu’une fraction de seconde, une insignifiante seconde où la douce blonde brise d’un coup net la vie du volatil.
Un petit craquement suivit d’une tête qui s’abandonne lourdement entre ses mains.
Les larmes en cascade viennent en silence maculer le visage impavide de la tour d’ivoire.

Cette nuit, elle chevauchera avec le vent, l’obscurité comme seule amie.
Cette nuit elle n’est plus Fildaïs, trop multiples, trop Hydre.
Cette nuit elle sera éther, chimère… on la nommera désormais Compostelle.



*Brigitte Giraud. "La nuit se sauve par la fenêtre"
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Chimère et Hydre... Éther en mouvance...[En rouge : ses voix pensionnaires dans sa tête...]
Petitemary03
[Loches, Touraine dévastatrice]

Un amour inconditionnel pour cet homme exceptionnel, un mariage et bientôt un petit être de plus dans cette famille où le bonheur règne.
Mais la vie en a décidait autrement et lui a arraché l’amour de sa vie.
Depuis qu’elle a découvert la froideur de la mort, on pourrait imaginer que la mort elle-même a pris possession de son corps. Ce visage si pale et si démunie de chaleur restera a jamais gravé dans l’esprit de ce qui reste de Mary.
La vie continue, mais comment vivre sans bonheur…. Comment vivre sans lui…. Comment accoucher sans lui…
Une mutante a pris possession de ce corps dépourvu de joie, elle vit parce qu’elle porte la vie, elle vit parce qu’elle a promis de sauver sa vie mais vivra t elle sa vie…..
Les jours ne cessent de défiler et rien ne sort la blonde de son lit, ne voulant plus bouger et rester là à jamais.
C’est apaisé qu’elle s’imaginer rejoindre son époux, tranquillement allongé sur son lit, un ptit sourire aux lèvres, sentant enfin la chaleur de la vie, la chaleur du corps de Dono sur le ventre grossit par la vie.
A cet instant de paix intérieur, une douleur la fit revenir sur terre, elle ouvrit les yeux de terreur et fixait le mur faisant face à son lit, les deux mains crispait sur les draps, le buste légèrement redresser, cette soit disant chaleur n’était autre qu’un liquide visqueux dégoulinant le long de ses entres cuisses, la mort l’a quittait à présent pour donner la vie….


Comment vivre sa vie sans lui, Mary ne le savait pas, mais ce petit être à présent avec elle, lui redonnait un semblant de sourire, la mutante était toujours présente mais l’amour pour sa fille dominait l’envie de mourir.

Pour survivre, il fallait fuir, fuir Loches, fuir la Touraine où tout lui rappelait son amour, la plupart de ses amis avaient déjà quitté Loches, son frère était bien trop loin d’elle pour lui venir en aide, elle partirait seule et affronterait les chemins et la vie sans compter sur personne mais la tristesse de cette perte, la joie et le bonheur disparu, surmonter cet absence… difficile pour elle de remonter la pente seule. Après plusieurs jours à rassembler ses affaires, une idée germait au fond de sa petite tête, cette femme un jour croisée en taverne, elle, elle savait par où elle passait, elle, elle pourrait surement l’aider, elle, elle avait surement réussit à remonter la pente depuis tout ce temps, c’est assise à la lueur de la lune qu’elle prit plume et parchemin et commença à rédiger ce qu’elle pouvait appeler la lueur d’espoir.



Citation:
Chère vous,

Vous allez surement vous demander qui peut bien vous écrire à cette heure ci,
mais la journée passée en votre compagnie m’a laissé un terrible souvenir,
vous êtes passé à un moment de votre vie par de terribles épreuves,
même si je ne connais pas grands choses sur vous,
je sais que vous pourrez éventuellement me comprendre et me guider sur le chemin à prendre.
Mon tendre époux a cessé de vivre, je suis seule, avec ma petite Lélouna âgée de quelques semaines,
j’ai besoin de quitter la Touraine, elle me porte malheur et tout ici me rappelle Donotach.
Que dois-je faire ? Aidez-moi, vous êtes passée par là, vous,
vous savez quoi faire, j’en suis sûre.

Une âme perdue

Mary, petite blonde croisée en taverne de Chinon


Elle ne savait si elle se rappellera d’elle, mais elle se devait de tentait de chercher de l’aide.
Elle plia la missive et envoya son pigeon à la recherche de cette âme noire.

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--Fildais_de_compostelle


[Septembre, Blois et Mélancolie]


    « Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon ;
    Il nage autour de moi comme un air impalpable ;
    Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon,
    Et l'emplit d'un désir éternel et coupable. »*



Azur fiché dans le plafond, la Compostelle entame sa longue descente dans les limbes infernaux de la réalité. C’est dans ces instants où l’existence ressemble à un voile blanc, qu'elle fait le deuil d’un oubli confortable à sa douleur intérieure.
La chute n’est pas brutale mais lente et dolente lorsque s’estompent dans le sang les effets chimériques des drogues.
Le souffle s’amoindrit, grêle zéphire qui alimente tant bien que mal des poumons rendus souffreteux par les abus d’opiacés.
C’est comme si le Diable lui-même dansait sur sa poitrine.

Les pupilles exacerbées, le noir rongeant le bleuté de l’iris, auscultent les moindres fissures du mur, les moindres aspérités excitent son imagination, elle croit que des bêtes étranges habitent les coins d’ombre de sa pièce.
Elle n’ose bouger… pas encore, plaquée dans ses draps par une force invisible.

Une voix filtre, perce la brume de son esprit, presque irréelle.
Incertaine, la blonde remue des lèvres, répond de son coma conscient, une futilité passe-partout.
Il lui semble, sans en être persuadée, que la voix lui ait parlé d’une lettre venant de Touraine.
Le pli est glissé sous la porte mais ça elle ne le sait pas.
Car déjà, frissons et sueur se sont emparés de sa carcasse, la secouant de tremblements incontrôlés.
Elle se retourne, remonte les couvertures pour grappiller une chaleur illusoire.
Le divin côtoie toujours les gouffres dantesques.
Une promesse, celle de ne plus goûter au paradis frauduleux. Une autre qui s’ajoute à toutes celles faites avant cette dernière.
Encore une qui sera violée à la moindre faiblesse de l’étoile déchue.

Les heures ont filé comme de vils gredins, et la blonde a récupéré son statut de veuve et quelques bribes d’esprit.
La missive est soumise à son regard.
Déception.
Touraine lui avait inspirée Maillé ou sa suzeraine, non pas une jeune femme à peine croisée dans un troquet.


-Huuuuu chuis pas certaine que nous soyons la mieux indiquée pour lui fournir conseil… y a qu’à voir vos tronches de déterrées…
-Oh ça va, hein ! Toi « numéro Cinq » on n’est même pas sûre que tu fasses partie de nous…
-Accueillons donc cette jeune femme dans notre voyage, il serait charitable, puisque nous n’arrivons pas à sauver notre âme de l’emprise du deuil, de l’aider dans son chagrin.

-Ah ben… ça f’sait longtemps que la bigote n’était pas sortie donner son avis… ben voyons… emmenons-là avec nous… vous êtes si bambocharde que m’est avis qu’elle se pendra sous peu !
-Ça suffit, vos gueules ! On fera comme j’ai décidé que l’on fasse !
-Hééééééé ! Je ne suis pas d’acc…
-La ferme Cinq !
-Toi la bigote, réponds lui...

Doucement, hein !

Parchemin et plume.
Sous l’aube de la folie, l’écriture se forme, les lettres irrégulières apparaissent enfin, déformées par l’état d’une mentalité décrépie.



Citation:
A vous, petite Mary, délicate veuve

De nous, Fildaïs de Compostelle, éternelle veuve


Que la Grâce du Très-Haut vous veille,

Alors que tout nous sépare, voilà que la mort nous réunit.
D’une banale entrevue, vous vous êtes souvenue de celle qui porte le blanc, comme le voile du deuil, une abnégation à sa vie.
Nous ne sommes pas la mieux placée pour vous conseiller à travers cette épreuve car nous même avons échoué à cette tâche. Néanmoins, nous voulons bien vous soutenir, vous guider à travers les brumes du chagrin. Nous ne faillirons pas cette fois-ci, et nous vous aideront à porter le poids qui alourdi votre cœur. Pour vous, pour l’enfant.
Nous nous trouvons à Blois, dans l’attente d’un départ. Voyage au but inconnu. Rejoignez-nous, nous nous occuperons de votre laissez-passer, nous avons en Orléans une amie dévouée qui saura appuyer notre demande.
Quitter les liens et les lieux obscurcis de souvenirs est la meilleure des choses à faire pour l’instant, il sera bien un moment où le désir de retour se fera ressentir et là, le deuil sera achevé, ne restera que le goût suave de la nostalgie.
Nous vous attendons, soyez prudente.

Que le Seigneur guide vos pas jusqu’à la sérénité.

F. de C.



Et dans la lancée.


Citation:
A toi, Alandrisse

De moi, Fildaïs


Amie, reçois mon salut

Peut-être le sais-tu… ou pas, j’ai quitté tous mes liens et serments qui m’unissaient au monde présent et vivant. J’ai abandonné tout ce que j’étais pour revenir au fondamental de moi-même, humble pèlerine, errante et sans terre.
J’ai laissé à cet effet une lettre à notre « Saigneuse » mais la sachant empêtrée dans les voix impénétrables de la spiritualité et de l’absence, je te confie donc cette tâche.
Moi, Fildaïs de Compostelle, ton amie, ta sœur presque, je t’autorise, toi Alandrisse de Montbazon-Navailles à briser le sceau de cire d’or que j’y ai apposé et prendre connaissance de mes volontés et de les appliquer.

Sache, qu’au bout d’une lettre, tu me trouveras toujours.
Je te confie à la Grâce du Très-Haut.

F. de C.



Jamais deux sans trois…


Citation:
A vous, Amory de Lucas, Duc de Jouarre, Baron de Coulommiers, Seigneur de Brainville
Adjoint grincheux de la prévôt de Paris

De nous, Fildaïs de Compostelle
Ancienne membre du Guet Royal


Respects et saluts

Nous sollicitons par la présente une requête auprès de vous, vous sachant acteur actif de la Champagne c’est à vous, nous le pensons, que la missive aura meilleur écho.
En premier lieu pourriez-vous nous indiquer le nom du prévôt champenois que nous lui écrivons missive au plus vite, nous allons passer, nous et une compagne de voyage par la Champagne et nous souhaiterions savoir si un laissez-passer est nécessaire.
Et si besoin est, pourriez-vous, appuyer notre demande, vous connaissez notre loyauté envers la couronne et nous avons par maintes fois par le passé prouvé notre attachement à la royauté.

Dans l’attente d’une réponse, nous vous confions aux mains du Seigneur-Tout-Puissant.

Votre obligée,

F. de C.


Soupir alors que la cire scelle les missives une à une et que d’une main, elle chaparde un gobelet de vin, propice à un peu d’oubli.
« Petit messager, va, cours, vole… »


*Charles Baudelaire
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Chimère et Hydre... Éther en mouvance...[En rouge : ses voix pensionnaires dans sa tête...]
Amory
Il était dans son bureau quand un volatile affolé se posa sur sa fenêtre. Il ronchona comme à son habitude car il devait se lever de son fauteuil une fois encore. C'est qu'il avait été moulte fois dérangé par le Serge en Garce.
Il prit la maissive et sourit. La Compostelle dont il gardait un bonsouvenir avait besoin d'un renseignement. Ils avaient toujoursd eu des rapports courtois au guet sans pour autant se connaitre plus que ça. Il le regretait car il avait une sincère amitié pour elle.

Il se fit donc pas prier pour répondre. Il trempa sa plume dans l'encre et commença à la faire glisser sur le parchemin.


Citation:
A vous, Fildaïs de Compostelle
Soeur du Guet Royal

de nous, Amory de Lucas ronchon assumé et reconnu

Chère Fil,

Je suis heureux d'avoir de vos nouvelles même si elle ci est assez courte et ne précise pas comment vous allez.
Pour répondre à votre question le prévôt actuel (encore pour quelque jour) est un membre de ma mesnie, Dame Coxynel, vous pouvez lui écrire de ma part ou alors à la connétable dame Hersent, qui fait partie aussi du guet. A toutes deux vous pouvez dire que je me porte garant de vous pour l'accord de votre lp. J'espères que vous n'oublierez pas vos amis du guet à qui vous manquez vraiment. C'est bien calme sans vous, votre départ à laisser un grand vide même si nous avons le Serge qui fait encore des siennes.
J'espères que cette lettre vous trouveras en pleine forme et que vous avez retrouvé un peu de bonheur.

Amitié

Amoronchon

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Petitemary03
[Tours, hébergée chez ses amis]

Marre de Loches, marre de son absence, marre de perdre ses pensées les yeux fixés sur cette croix en bois qui dépasse de la terre, marre de ne pas sécher ses larmes, marre de tout….
Elle ne pouvait condamner le fait qu’on soit heureux qu'après la mort…

Il y a des silences qui sont de dangereux explosifs ! Et là la blonde elle n’a pas résistée, plus une minute de plus dans cette masure, charrette remplie de toutes ses victuailles et la voilà en route sur Tours. De toutes façon, elle y retrouverai bien une âme appréciée.
C’est l’esprit crucifié, que la blonde fait progresser la charrette dans la nuit noire, le fessier gentiment établie, parfois soupirant de torpeur, parfois soupirant en restant dans l’expectative, en jetant la vue sur sa fille qui dort.

Les bruissements d’ailes lui firent relever la tête, un volatile perdu par ici ? Une réponse déjà si soudaine ? C’est avec un peu de réserve qu’elle détacha le parchemin et en fit la lecture.
Elle s’arrêta sur la tournure de la lettre, cette façon si étrange de s’exprimer, elle l’avait oublié, discourir de soi en marquant la pluralité annonçait certainement une forme de folie intérieur.
Rien n’enlevait au fait que du soutien lui vint enfin, une inconnue, loin d’elle et si proche à la fois, une destination inconnue au terme mais connue au préambule.

Le sentier fut long et monotone, l’envie de dormir dominait l’envie de répondre au courrier. Une auberge, la première décelée en fait, le couffin sous le bras, ses provisions à l’abri, la jeune mère profita de cette envie de dormir pour sombrer dans ses cauchemardas les plus présents.

Et encore une journée qui commence, toujours le même rituel, vivre par survie et non par envie, des retrouvailles des plus chaleureuses qu’il soit, ses amis les plus proches présents en ce jour si triste. Encore un lien, un lien fort mais tellement cinglant avec son passé.
Noyée dans l’alcool, pour oublier cette souffrance physique et morale, suffisamment mais si peu à la fois. Si sa vie ne tenait qu’a un fil il serait rompu depuis bien longtemps à présent, mais le souffle de la vie qui renait permet de maintenir la tête hors de ce liquide transparent sans saveur ni odeur…

Une lettre brièvement écrite en guise de réponse, perdues dans la pénombre de la pièce.



Citation:
Chère âme noire vêtue de blanc,

Je vous remercie pour votre dévotion à guider les gens sur un chemin inconnu par vous-même.
J’ai quitté Loches, je suis à Tours et ce passé me poursuit, même ici je suis hantée durant mes nuits de ce corps blanchit par la mort.
Quand trouverais-je la paix intérieure… mes précieux amis ne comprennent pas que leur présence me nuit,
ils ne cessent de me rappeler mon amour qui envahie mon âme, mon souffle, ma vie…
J’attends un laissé passé pour vous rejoindre à Blois, merci, merci de bien vouloir me sauver de cette Touraine destructive.
A très bientôt
Mary

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Enguerranddevaisneau
Cours, cours petite plume…

Il avait reçut la broche en forme de coquille que la Compostelle lui léguait. Surprise tout d’abord en la voyant, mais les explications d’Alandrisse suffirent à éclairer le jeune Ephèbe.
Ainsi, la Roche-Majeure n’était plus, laissant une fois n’est pas coutume, place à une coquille vide.

Il la porterait donc, pour honorer dans ses souvenirs, la femme qui l’avait rendu homme, celle qu’il avait aimé alors plus que de raison, hydre à la folie patente avec qui il avait vécu les moments les plus doucereux comme les plus heureux qui soient.
Il ne savait rien, depuis leurs échanges épistolaires mesquins, il n’avait guère plus dénié s’informer des faits et gestes de son ancienne nourrisse, et c’est donc une boule torturant ses entrailles qu’il prit la plume.



Citation:
Fildaïs de Compostelle.

Pourquoi, telle est ma question. Pourquoi ?
Pourquoi abandonner ton titre, ta vie, tes effets et autres babioles.
Et surtout, pourquoi ne pas m’en avoir averti ?

Tu sais parfaitement que j’ai vécu à tes côtés les plus belles choses qui soient, je ne tiens pas à les oublier, et je compte pouvoir compter sur toi.
Je vais me marier, le savais-tu ? Epouser une jeune noble, de mon âge, à laquelle je me suis attaché plus que de raison, et j’aurais tant voulu que tu puisses la connaitre.
Ne disparais pas Fildaïs, et réponds moi, vite. Je te retrouverai sinon.

Bien à toi.
E de V


Et missive fut envoyée, portée directement par l’Igor, qui se chargerait de trouver la Compostelle avec succès.
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Alandrisse
Une nouvelle missive, celle de son amie, la main hésitante tenait le morceau de parchemin. Presque tremblante à l’idée de lire les mots de la blonde. Elle connaissait parfaitement les derniers agissements de Fildaïs. Ses émeraudes avaient vu la folie assaillir son amie un peu plus chaque jour, bien que bêtement la Montbazon avait imaginé que sa présence pouvait l’aider à revenir parmi les vivants. Bêtement, c’était bien ce qui voguait dans son esprit. La jeune femme avait encore cette innocence, s’imaginer que parfois l’amour suffisait à garder auprès de soi un être.
D’un geste vif, elle brisa la cire et se mit à lire la missive. Son visage se décomposa peu à peu, son amie s’éloignait loin d’elle, loin d’une époque où tout était plus simple. Et les larmes qui restaient derrière ses paupières, ne jamais flancher c’était bien sa seule planche de salut. Elle poussa les parchemins qui décoraient son bureau et se mit à écrire.


Citation:
A toi, ma chère Fildais,
De moi, Alandrisse, ton amie à jamais,

Je t’écris difficilement, non que je ne veuille pas te répondre. Mais j’ai la douloureuse sensation que les mots que je suis en train de t’écrire seront les derniers. Te voir ainsi disparaitre dans les méandres de ce royaume m’effraie. Je ne peux pas imaginer une nouvelle perte de cette envergure, m’arrachant une fois plus un morceau de mon cœur. Car tu es la sœur que m’a vu grandir, celle qui m’écoutait me plaindre, l’amie qui ne trahit pas et qui affronte tout. Le passé heureux que nous partagions me manque terriblement, cette époque où les rires et la liberté des actes n’étaient que notre seule préoccupation.

Bien que je serais prête à tout traverser et tout donner pour que tu restes auprès de moi, de nous tous tes amis, j’accepte ta volonté de partir. Je sais qu’un jour nous serons réunis, le Très Haut y veillera. Comme demandée dans ta missive, je me suis chargée de remettre tes biens à qui de droit. Je veillerais à ce que ta fille se souvienne de toi et devienne une femme aussi forte.

Mes pensées t’accompagnent,

La brune sortit de son bureau et envoya le pigeon.
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--Fildais_de_compostelle


Compostelle…
Divine chimère, fascinante créature qui aurait pu se lover dans les abysses les plus improbables de l’imaginaire.
Compostelle…
Entité incertaine, erratique qui oscille entre lumière et obscurité. On la croit hautaine alors qu’elle n’est qu’un éclat de glace, une étoile à la clarté stérile, une ombre vacillante dans un monde de bruits et de couleurs. Une égarée de l’existence.

Dans un mouvement lent, les bras s’ouvrent comme des ailes, les mains s’érigeant au ciel. Le corps tout entier se tend dans l’offrande faite à l’aube naissante.
Debout, la silhouette grêle accueille les primes rayons du jour qui s’insinuent dans les ténèbres de sa chambre, dénouant une à une ses peurs nocturnes.
Le silence se brise comme la vague sur l’écueil par un rire sinistre qui résonne sans joie.
La citadelle d’Ivoire s’écroule, les épaules agitées par un sanglot nerveux.
En cet instant, elle n’est que fragilité.

Immuable, l’aube s’est levée, avec tout son lot de douces promesses d’avenir avec elle, n’en rendant que plus amère la Compostelle. Pâles sont les couleurs du matin qui pourtant dévorent peu à peu les ombres laissées par la nuit, la clarté prenant possession des choses, devenant cruellement tangibles.
La nuit l’a épuisée de ses cauchemars et de ses faux sommeils, assaisonnée de cette respiration lourde qui lui entrave dangereusement les poumons.
Dans sa chainse de lin, l’étoffe comme une seconde peau, on peut mieux se rendre compte des dégâts thébaïques, un tas d’os se disputent sous le derme, aspérités mouvantes qui glissent à chacun de ses gestes sous le satin hyalin.

Une missive attend son envoi, écrite la veille, celle-ci est prête à prendre messager.



[Les anges ont eux aussi leurs diables, et les diables leurs anges. Stanislaw Jerzy Lec ]


Citation:
A vous Eusaias de Blanc-Combaz, Duc de Bouillon, Vicomte de Digoine

De nous, l’irrémédiable blondeur, Fildaïs de Compostelle


Ami, nous vous saluons,

Ainsi le temps a escamoté les mois, peut-être même les années, il y a bien longtemps à présent que nous n’avons nouvelles de vous. D’ailleurs, avez-vous souvenance de nous ?
Nous ? Oui. Vous avez laissé une trace impérissable grâce à vos tonneaux de vin et vous êtes à l’origine de notre première et dernière visite dans un bordel parisien. Nous pouvons vous assurer que notre boîte à réminiscence est marquée… et à vie.

Notre missive, tout d’abord courtoise est avant tout une demande. Bientôt, nous traverserons votre beau duché, dont vous nous avez assez rabattu les oreilles durant nos rondes et notre question est la suivante, pouvons-nous sans risque passer par les terres bourguignonnes ?
Faut-il encore un de ces maudits laissez-passer ? Et si tel est le cas, pourrions-nous vous demander de vous porter garant de notre personne ? Nous vous promettons que nous et notre acolyte tourangelle n’allons pas envahir la Bourgogne et nous ne prendront pas votre château ducal avec notre pauvre épée et nous ne vous enverrons pas notre chat royal vous griffer. Promis !

Dans l’attente de vos nouvelles, nous vous confions aux soins du Très-Haut.
Amitiés sincères.

F. de C.

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Chimère et Hydre... Éther en mouvance...[En rouge : ses voix pensionnaires dans sa tête...]
Eusaias
Sourit amusé qui lisait la missive de la jeune Compostelle. Jolie fille, sale caractère, Eusaias savait l'apprécier même s'il était toujours plus enclin à le rendre chèvre.

Un vélin, de l'encre et la réponse fusa.



Citation:

    A Fildaïs de Compostelle,
    Belle amie et demoiselle qui n'a jamais cédée,
    Salut !


    Me voilà fort ravi d'apprendre que vous sachez encore vous souvenir de mon nom et encore plus heureux de savoir que le bordel vous a plus. Ceci dit, sur le moment je crois que vous râliez mais pas de plaisir, enfin bon.

    Je vais fort bien merci de vous en soucier.... Enfin bon je ne vais pas m'arrêter à ce manquement.

    Je vous autorise a user de mon nom pour traverser avec votre amie Tourangelle, tout comme, je vous invite, même malgré mon absence, à vous rendre à Digoine prendre du repos pendant votre traversée.


    Puisse le très Haut veiller sur vous.


    Eusaias Blanc Combaz.



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Petitemary03
[La joie de vivre ne revient pas mais pas le choix il faut avancer]

Elle leva un regard d’une couleur pourpre marbrée d’ambre sur le gris de l’horizon. Des larmes perlaient à la lisière de ses paupières. Elle se sentait tout aussi triste que le gris du ciel. Le brouillard tout autour d’elle s’enlisait à son humeur macabre. Des longues et lourdes branches des vieux arbres pendaient tristement dans le bois silencieux du sombre coin à vivre. Le paysage était à son image.

Le vent se leva, faisant s’agiter doucement les feuilles hérissées sur les branches, et elle frissonna ; elle frotta ses mains contre ses côtes, tentant vainement de réprimer ses frissons. Elle ravala ses larmes et les frémissements sur sa peau, amère sauce dans sa bouche.

Elle laissa glisser son regard sur la surface boisée ; seul le vent venait la troubler en se brisant contre la mousse verte des arbres. En observant se fille elle laissa un petit sourire courir sur ses lèvres avant d’aussitôt le faire mourir de façon aussi brusque. Elle n’avait pas le droit au sourire, pas quand son âme était en deuil. Le voir partir était trop horrible pour qu’elle puisse seulement penser à un quelconque bonheur.
Des larmes de rage lui montèrent aux yeux.

D’un geste de la main, elle prit parchemin, plume et encrier, battis des paupières à plusieurs reprises pour chasser de ses cils les larmes qui s’y aggloméraient et s’installa pour demander à qui de droit, l’autorisation de passage dans ce futur nouveau duché.


Citation:
A vous, messire Silec, prévôt du Bourbonnais Auvergne,

Je viens à vous, pour vous demander l’autorisation de circuler dans votre duché,
moi, Mary, dicte Petitemary03, ma fille âgée de quelques semaines
et une amie de route, dame Fildais.
Nous devrions arriver par la Bourguogne, vendredi au petit matin
si tout se passe bien, directement à Bourbon,
pour rejoindre le limousin.
Puis chacune reprenant sa route de son côté,
elle repartant par le nord, ma fille et moi par le sud.
Je reste à votre disposition pour vous renseigner au mieux.

Que dieu vous garde.

Mary



Elle sentit quelques gouttelettes se fracasser contre la partie de son corps qui surplombait le courrier. Pliant le papier contre elle, fixant le ciel grisâtre qui apparaissait entre le feuillage, elle laissa libre cours à ses émotions s’échappant de ses yeux, toujours clos. Tes humeurs doivent s’accorder avec le temps seul. Tu ne dois plus faire qu’un avec la nature. S’il fait soleil, sourit. Et s’il pleut, pleure avec le ciel. Alors voilà, Mère Déesse lui donnait enfin le droit de le pleurer. Elle laissa ses larmes couler silencieusement, toutes celles qu’elle avait retenues depuis la dernière averse.

C’est d’un pas vif qu’elle rejoint sa charrette, mettant la petite à l’abri, et c’est à tout allure certes mais trempée que son cheval galopa jusqu'à la première auberge, elle y envoya son pigeon direction le BA et y passera la nuit, chassant ses cauchemars pour essayer de reposer son âme.

_________________
--Fildais_de_compostelle


    [Así te amo, porque no sé amar de otra manera. Je t’aime ainsi, je ne sais aimer autrement - Pablo Neruda ]



Encore une journée de plus à attendre le départ.
L’heure où les deux compagnes à l’âme solitaire se rejoignent pour prendre le chemin drapées de leur silence et de leur chagrin.
Toutes deux funambules du désespoir, n’attendant que leur filin existentiel cède et qu’enfin le Moissonneur de l’Humanité vienne exercer son labeur .

Sous les voiles de chair, engorgées de chagrin, l’azur est terni, il fixe l’invisible. Le voyage a commencé pourtant elle a cette impression d’immobilité.
Tout se ressemble, tout à le même goût, la même odeur.
Les paysages passent comme les visages, identiques, similaires, indissociables des uns et des autres.
Alors quand la Compostelle ne noie pas son esprit dans quelques solutions éthyliques ou thébaïques, elle prie.
Sans relâche.


[…]
Garde mon âme dans la paix, près de toi, Seigneur.
Quand je crie, réponds-moi…


« BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! »

…Dieu, ma justice !*


Les azurines se braquent sur l’huis dont les gonds viennent de souffrir des coups portés.
Puis, presque inconsciemment les prunelles poursuivent leur course jusqu’au plafond.


-Dieu ? Est-ce que c’est toi ?
- On n’a même pas crié d’abord…

-Tais-toi ! Idiote…
-Quelle idée de passer par la porte aussi…
-Les voies du Seigneur sont impénétrables.
-Ouais ! Ben on n’avait pas demandé une livraison à domicile !


« BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! »

Les coups sont réitérés avec vigueur une nouvelle fois.
Stoïque, la Compostelle relève juste un sourcil, intriguée par « la chose » qui fait autant de bruit.


-P’têtre que c’est l’Ost ?
On a nos laissez-passer ! Fichez le camp !

« BAM ! BAM ! BAM ? »

Oui parce que les portes peuvent aussi se montrer interrogatives.

-P’têtre que c’est la maréchaussée ?
-Hmmm ? Pourquoi la maréchaussée ? On n’a pas pour habitude de perpétrer des actes répréhensibles…
-Nous pas… mais… Cinq…
-Quoi ?!?! Mais pourquoi moi ? Je m’insurge ! Je suis innocente, d’ailleurs ce jour là, je jouais une partie de ramponneau avec c’te gour…
-Hey ! Chuis pas gourde d’abord !
- Ahem, j’allais dire gourdasse c’est pô pareil, ma Fifi!


« BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! »

Mais c’est ça ! Cassez donc la porte pendant que vous y êtes… s’pece de crétin!
-[…]
-Ben quoi ! Fallait bien dire quelque chose.


« BAM ! BAM ! BAM ! BAM ! BA.. CRRRAAAAAC ! »

-Ah ben voilà, c’est malin d’lui avoir dit ça…
-Aaaaaaaaaaaaaaaaaah mais c’est un malade, un malade !


L’agitation au sein de la Tour d’Ivoire est indescriptible, la tête s’emplit par les multiples cris stridents de trois des entités qui auraient pu transpercer les oreilles d’un sourd.
Pourtant c’est avec un calme froid que la blonde s’avance d’une démarche impérieuse pour accueillir… le « truc ».
Au passage les mains fines cueillent le châle qui vient couvrir ce qui fut autrefois un imbroglio de fils d’or et qui pour l’instant serait plus apparenté à un désastre capillaire qu’à autre chose.
Mais nous vous raconterons plus tard l’histoire, où prise de folie, Fildaïs a cru que sa chevelure s’était transformée en mille têtes de serpents qu’elle acheva à coups de ciseaux.


L’taulier va pas être content !
-Ta gueule Numéro Cinq, c’est moi qui cause !
-Appelez-moi Five, Number Five !

C’est à quel sujet ? Le ton est coupant et peu avenant, celui de Fild.

Grognement.
Apparemment « brutor » a l’intelligence canine, il a un nombre restreint de mots qui doivent plus tenir à des ordres du genre : « Au pied ! »« Couché ! » et « Attaque ! » qu’à de la poésie en vers.
Soupir de la Compostelle qui resserre ses pupilles autour de l’épaisse silhouette qui se dessine dans l’encadrement de feue la porte.


Vous voulez quoi !
-A part casser les portes…
-N’empêche que dans cette auberge, on peut s’faire agresser sans que personne ne lève le petit doigt ! C’est scandaleux !


Grognement mais cette fois-ci le bras se déroule et la paluche laisse découvrir un pli.
Regard étonné qui passe de la bête à la missive et vice versa. La grosse main s’agite, impatiente, sous le nez de la Compostelle.
Lui arrache le papier des doigts, l’œil torve, en lui faisant un geste –peine perdue-pour qu’il déguerpisse.

La phalange osseuse décachète, les azurs n’ayant pas capté l’écriture sibylline de l’Ittre, lui évitant ainsi de se torturer l’âme en hésitation.
Aux premiers mots, à la première boucle, courbe, trait du Vaisneau le palpitant tressaute dans sa poitrine.
Le sifflement qui oppresse sa respiration laisse à deviner que les poumons agonissent et recherchent désespérément de quoi gaver les alvéoles d’oxygène.


-Ben merde, si on s’attendait à ça !

    « Dans mes nuit froides j'attends
    Que tu m'appelles enfin
    Que tes bras trouvent le temps
    De courir vers les miens
    A combler tes absences
    A briser les falaises
    Et t'aimer en silence
    Sur ma lune à misère »
    Melissmell – Je me souviens.



*Psaume 4, remanié.
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Chimère et Hydre... Éther en mouvance... [En rouge : ses voix pensionnaires dans sa tête...]
Petitemary03
[La fin d'un bout de chemin]

Elles avaient voyagé ensemble ici et là, malgré les grands moments de silence qui régnaient entre elles, Mary avait malgré elle un attachement particulier pour cette dame aux cheveux désastreusement coupés. Elle ne lui en avait jamais touché mot mais malgré la discrétion de la Compostelle, pas moyen d’éviter de remarquer…

Il était temps pour notre blonde Tourangelle de laisser dame Fildais continuer son chemin sans elle. Le voyage fut tout de même sans encombres, et même si Mary souriait toujours en coin de la voire si droitement installé durant le trajet, son chat mythique posé majestueusement sur ses gambettes, elle aimait le mystère que Fildais dégageait, mais parallèlement, la souffrance et la folie qui se dégageaient de cette âme pure, saturaient l’air ambiant et empêchaient tout acte joyeux de prendre le dessus sur la situation.

Elle avait guidée Mary sur le chemin du pardon, sur la voix de la guérison sans savoir elle-même se sauver… Jamais notre jeune mère ne pourrait oublier une dame comme elle et elle lui en serait reconnaissable toute sa vie.
Ils avaient décidé de prendre la route, la laissant là, avec qui veuille bien s’occuper d’elle et de son chat et des pensionnaires qui habitent son âme. Une fois que le campement fut plié Mary passa par l’auberge où celle-ci passait ses nuits et y déposa un courrier destiné à faire ses adieux.



Citation:
Cher Fildais,

J’ai une chance inouïe de vous avoir rencontré. Vous avez su m’aider malgré vous et jamais je n’oublierai ce que vous avez fait pour moi.
Prenez soin de vous, passez outre votre souffrance et vivez comme vous méritez de vivre.
Je continue mon chemin, sans vous certes, mais toujours un peu en vous gardant une place dans mon cœur.

Que dieu vous protège

Mary et Lélouna

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--Fildais_de_compostelle



[Celui qui a vécu jusqu'au bout l'orgueil de la solitude n'a plus qu'un rival : Dieu] Emil Michel Cioran.


« Mon nom est hiver…
      … le sien… été »



Elle ouvre le convoi telle une figure de proue, majestueuse, drapée de sa froide indifférence, prémices d’hiver qui viendrait avant l’heure.
Imperceptible mouvement de la main sur la longe et l’équidé obéit à sa cavalière, stoppant net son pas.
Perchée dans les hauteurs d’une camarguaise dont la robe d’argent fonce avec l’âge, la grêle porcelaine qui siège hiératique sur l’animal, le gratifie de tapes affectueuses sur la croupe. Là, juste où les vestiges d’un marquage au fer laisse apercevoir deux salamandres contournées. Les armes d’un Vicomte toujours présent dans les sombres recoins de sa folie.
Ici elle se séparera du groupe qu’elle « escorte » depuis Orléans, un détour pour reprendre une autre personne qu’on lui a conseillé qui la mènera bien plus au nord, là où ces pas ne sont jamais allés pour l’instant.

C’est un matin comme un autre, Limoges en banalité certaine.
L’azur élimé embrasse d’un regard les contours sombres que dessinent les remparts.
A l’heure où l’aube jette ses draps de lumières vacillantes le long des murs, l’air embrumé de septembre forme un halo surréaliste au paysage qui s’offre à elle.
Mais elle, Tour d’Ivoire, elle reste inaccessible à la beauté de cette vision. Le saignant palpite par pure habitude, le sentiment éteint résonne en écho silencieux au fond de son âme.
Les voyages n’ont plus la saveur qu’ils avaient dans sa jeunesse, teintés de curiosité, alléchant par leurs aventures, exquis d’adrénaline.
Non, à présent ils ne lui laissent qu’en bouche le goût funeste qu’ont les vins frelatés servis dans les troquets douteux des basses fosses.
Ne donnant même plus assez d’ivresse pour étourdir.

C’est en taverne que le bourdonnement d’une rumeur vient titiller ses oreilles.
Un Noc ici.
Pas n’importe lequel…
Dran…
Quatre lettres jetées dans l’incertitude de son existence, comme une sentence qui vient s’abattre sur elle.
La Compostelle ne savait pas qu’en mettant pied à terre ici, elle briserait le dernier filin.
Un dernier lien, tenu secret dans son âme, la dernière preuve de son humanité défunte.
Son cœur se serre ou bien n’est-ce là qu’une simple réaction physiologique d’une pompe défaillante qui remplit mal son office, d’une ratée dans sa cage aux parois diaphanes ?
Nul ne peut savoir ce qu’il se passe au fond d’elle, ni quels ultimes soubresauts émotionnels peuvent naître dans cette coquille d’Ivoire évidée de raisons.
Quatre lettres d’un prénom qui sème l’anarchie dans la harde multicéphales de ses personnalités disparates.


-Fuyooooooooooooooooooooons !!!!
-Mais ? Ça serait pas plus simple d’aller le voir ?
-Qu’on lui coupe la tête !

-Wéééééééééééé !
-Mais….

-Une pendaison ça serait pitêtre mieux !
-Wééééééééééééééééééé !
-Mais… ?

- Ou un bûcher ? C’est bien un bûcher.
-Wééééééééééééééééééééééééééééé !
-Non mais j’peux…
-Un bûcher ! Un bûcher ! Un bûcher !
-Qui veut faire une partie de ramponneau ?
Fait la petite voix intrusive dans le crâne.

Silence consterné.


-J’peux en placer une !!!
-Moi je propose qu’on l’éventre et qu’on le pende avec ses tripes !
-Wéééééééééééééééééééééééééééééééééééééé !
-Huuuu ? Numéro Cinq ?

-Mais nan, j’déconne, comme la veule ! On fuit. La bagatelle c’est bien ! Le sentiment c’est mal !
-Je récapitule ! Deux pour la fuite ! Une pour une partie de ramponneau ! Et Quatre pour qu’on le voit mais qu’on lui fasse des choses horribles ! Dites ? On est cinq pour huit votes ! Faudrait vous mettre d’accord, hein !
-On va le voir !
-Personne ne veut jouer au ramponneau alors ?
-[…]




[Episode I : Retrouvailles]


-Comment meurent les étoiles ?
-Ben elle s’casse la gueule par terre !


L’heure des retrouvailles a sonné comme le glas
Le corps est resté inerte pendant quelques minutes.
Il est parti la rejoindre.
Elle.
Sis, blonde pétillante et ô combien plus vivante que la Compostelle.

Le dos appuyé contre le lambris du mur se détache à peine lorsque que ses jambes ploient sans force pour la laisser glisser jusqu’au sol.
Epuisée… Vidée…
Le salant a dévoré ses joues pâles, noyant sans pudeur l’azur devenu pâle.
Les sanglots roulent, vagues silencieuse sur leur chemin lilial, leurs courses effrénées se perdant dans le cou osseux de la Compostelle.

La blonde n’avait pas connu un chagrin de pareille magnitude depuis l’Ittre, il y a des lunes déjà.
Tremblements sismiques qui agitent sa toquante, une carcasse en pleurs muets, contrainte au silence par une volonté implacable.
Et lui de ses baisers à la douceur amère, de son regard provocateur, de ses paroles comme des poignards, de ses accusations éhontées, et surtout de sa manière de parler d’elle.
Elle…
Sis…
Le Noc avait réussi à entailler l’Ivoire, brisant son glacis d’indifférence, réduisant à néant ses froides déterminations de ne plus se laisser aller à aimer…
Ni à être aimer…

Ce soir, vin et électuaire d’opium seront ses amants.
Ils chevaucheront la nuit sans rêve, peuplée de fausse vérité, de fausse réalité.
Divin oubli d’un chagrin illégitime.



[Jour 1- Episode II : Pardon et Abandon]


La constance de l’inconsistance comme disait sa Saigneuse et suzeraine Bitterly.
Voilà comment qualifier la blonde à la foldinguerie plus qu’évidente pour ceux qui la côtoient assez longtemps pour comprendre que son apparente candeur n’est qu’un égarement de son esprit déformé par la démence et les drogues.

Une lettre d’excuse pour entamer le jour, c’est bien Fil ça. Sereine comme toujours.
L’entité du jour, de l’heure est la tempérance même. Un peu froide et distante mais la compassion habille bien plus son âme que toutes les autres.
Finalement, elle l'aime bien cette Sis.

Une nuit chaste pour achever des retrouvailles plus paisibles ce soir.
Enchevêtrée à sa chimère, les corps et les âmes enlacés, amarrés l’un à l’autre avec force comme si la crainte d’un orage se faisait poindre.
Elle est son port, son point d’attache, il est le navire qui prend les mers déchainées qui subit l’orage, lui toujours impassible.

Comme avant, en Anjou.
Une nuit où les seuls délices consistent à partager la saveur d’un baiser, d’un sommeil innocent, d’un souffle qui berce sa nuque et d’une main indolente contre son ventre.
Pareil à des enfants.



[Jour 2- Episode III : La faute]


Et même pas l’ombre d’un remord.


[Jour 3-Episode IV : les fantômes du passé ont la chevelure rousse]


Inattendue présence en ces lieux.
Improbable rencontre que celle-là.
La Baronne, délicieuse flamboyante éprise de l’invisible, ici, à Limoges et en sale état.
Une armée dans la tronche, ça ne pardonne pas.
Réminiscence d’un temps lointain où Yago –une plante parlante et vagabonde- était le centre des conversations.
Elle a perdu de sa superbe, Jo, elle s’est éteinte un peu, tandis que la Compostelle s'effiloche encore plus de l’âme et semble flotter dans sa douce folie.
La berrichonne se plaint d’une blessure à sa jambe, la réponse de la blonde ne se fait pas attendre :


Oh ? Vous vous en serviez ?
-Ben quoi on s’renseigne !


[Jour 4- Episode V : C’est quand la quille ?]


-Parce que c’est pas pour dire mais on aimerait bien partir.

Silence.

-Et si ce soir on s'occupait du courrier, ça s'accumule un peu, 'vont croire qu'on est morte.
-Ah ? On ne l'est pas déjà ?

-Ben non ! 'spece de gourde, sinon on causerait pas !
-Ah oui ! C'est pas faux.
-Les lettres c'est pas urgent !

-Si !
-Comment ça ?
-Igor !*
-Ah ouais c'est vrai...

Soupir général


*Voir deux posts plus haut
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