Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2, 3   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] L'Hostel Dénéré - Sainct Just

Gnia
3 place du Marché à Verneuil s'élevait une demeure cossue aux dimensions imposantes. La bâtisse abritait au rez-de-chaussée et donnant sur la rue, plusieurs emplacements pour les échoppes et autres boutiques. Le porche passé, on entrait dans une vaste cour ceinte par les hauts murs de la maison.

Si les pièces qui donnaient sur la cour étaient dévolues à l'usage domestique - cuisines, office, écuries, magasins et autres réserves - l'étage qui courait sur les quatre côtés de la cour était réservé aux appartements nobles.

Les bâtiments, enfin, réservaient une ultime surprise que l'on pouvait apercevoir de l'aile sud, à l'opposé de la cour. Sur près d'un arpent s'étalait une étendue de verdure, fermée par une haute palissade et derrière laquelle on devinait les murs d'enceinte de la ville. Accolés à la palissade, un petit potager et un jardin médicinal, laissés à l'abandon, entouraient une maisonnette.

Agnès avait voulu de l'espace. En effet, il semblait inutile vu les dimensions des appartements qu'Erel donne le change et s'établisse ailleurs, surtout s'ils devaient ensuite vivre ensemble.
La Sainct Just voulait également que sa cadette Isabeau, dont elle avait été si longtemps séparée, vive sous son toit.
Enfin, il lui fallait également offrir gîte et couvert à son vassal, Puylaurens, quoique son titre d'ami fidèle et dévoué lui assurait tout cela sans que la Vicomtesse n'ait à s'y forcer.
Et il était prévu que la mesnie Sainct Just s'étoffe d'ici peu, donc l'espace n'était pas superflu, surtout si l'on voulait pourvoir aux besoin d'intimités de tous.

Elle avait aussi accédé en partie à la demande d'Isabeau. La jeune fille avait d'abord demandé à s'établir dans la maisonnette au fond du jardin ce qui lui fut évidemment refusé. Il n'y avait aucune commune mesure entre le confort sommaire qu'offrirait cette dernière et celui, bien plus fastueux, du corps principal. Mais soit, la maisonnette était laissée à Isabeau et s'il lui plaisait de s'y isoler, d'y étudier ou de s'intéresser à l'herboristerie, elle avait donc toute latitude. Mais Agnès avait fermement demandé à ce que sa cadette dorme et reçoive dans ses appartements.

La Vicomtesse s'était octroyé, ainsi qu'à Erel, les plus beaux appartements - dans une partie de l'aile sud bénéficiant ainsi du calme et de la vue - laissant ensuite aux autres le choix de ceux qui leur siéraient dans la demeure.

Malheureusement l'état qui était le sien quand elle entra pour la première fois dans sa demeure ne lui permit pas d'en jouir.
La jeune femme avait passé le seuil de sa demeure accrochée telle une naufragée au bras d'Erel, faible et dans un état second. Le pauvre homme l'avait soutenue depuis le dispensaire jusque dans ses appartements où elle avait été immédiatement confinée.
La mal qui la rongeait, la grippe, était contagieux et l'on avait payé à prix d'or une servante qui accepte de lui apporter les décoctions conseillées par Belialith, de l'aider à se baigner et de bouillir les linges utilisés par la malade.

Agnès gardait donc le lit, délirant sous l'emprise d'une forte fièvre qui ne la quittait pas et la poitrine déchirée par une toux persistante.
Les seules paroles prononcées depuis qu'elle avait quitté le dispensaire avaient été pour réclamer la présence d'un homme d'Eglise pour pouvoir se confesser.

Elle n'eut même pas la joie de profiter de l'acquisition de cette demeure dont elle était si fière encore moins d'y voir ses compagnons de route et de vie s'y établir.

_________________
Puylaurens
Puylaurens avait passé l'essentiel de ses journées à chevaucher aux alentours de Verneuil, à découvrir cette nouvelle contrée qui les accueillait. Il avait bien proposé à sa suzeraine de venir avec lui, mais elle lui avait répondu vouloir se reposer du voyage depuis l'Artois qui l'avait un peu fatiguée. Il était alors loin de se douter que cette lassitude qui avait tout d'une simple faiblesse passagère cachait quelque chose de plus grave.
Il avait donc gaiement parcouru la campagne, prenant plaisir à contempler les paysages au gré de ses pérégrinations, savourant le réconfort et les boissons offerts dans la tiédeur des tavernes rencontrées en chemin. C'était là une excellente façon de prendre la mesure de l'Alençon pensait-il ; les gargotes étaient sans nul doute le reflet le plus vrai d'une province, quelqu'elle soit.

Revenu à Verneuil avec tout autant d'insouciance qu'il en était parti, quelle ne fut pas sa surprise de trouver à l'auberge où il logeait depuis son arrivée d'Artois une missive dans laquelle la Vicomtesse lui annonçait, entre autres, écrire depuis le dispensaire du bourg. Il ressortit immédiatement et se hâta vers le dit dispensaire, où il ne put qu'apprendre que la malade avait regagné son hostel.
Un coin de son esprit nota avec surprise qu'Agnès avait déjà fait l'acquisition d'une demeure, il pensait en effet que cela serait un peu plus long à traiter. Il y a à peine quelques quelques jours sa suzeraine lui avait confié avoir trouvé un beau bâtiment bien situé, aussi avait-elle sans doute peu barguigné et mené l'affaire rondement pour la conclure en si peu de temps.
Il prit donc la direction de l'hostel, qu'il se souvenait avoir façade sur la place du marché. Là-bas il ne lui fallut pas longtemps pour trouver un passant qui puisse lui indiquer dans quelle demeure les nouveaux venus avaient emménagé.

Il se présenta au portier, qui alla chercher ce cher Georges, le dévoué serviteur qui avait suivi la Vicomtesse dans son voyage. Reconnaissant le Seigneur des Auteux, il le fit entrer et lui demanda, impassible, quelle était la raison de sa visite. L'impatience et l'inquiétude dudit seigneur grandissant de concert, il commença à s'emporter.


Je viens visiter la Vicomtesse, évidemment !


Conscient que Georges se devait de poser cette question de principe, il se calma et reprit, pressé d'avoir des nouvelles de la malade.

Dites-moi, comment vas-t-elle ?

A ces mots la masque que le serviteur arborait en toutes circonstances ou presque se fissura, et Puy perçut son inquiétude. Un court silence s'installa.

Voyez si vous pouvez me mener auprès d'elle, ou tout du moins si le Seigneur d'Herlies peut venir me donner de ses nouvelles.

Georges partit, et Puylaurens commença à faire les cent pas. L'idée de monter directement à la chambre de sa amie lui traversa l'esprit, mais deux bonnes raisons l'en dissuadèrent : cela ne se faisait point de déranger un malade, et de toute manière ne connaissant pas le nouvel hostel il ignorait l'emplacement de la pièce où Agnès reposait. Il aurait bien pu ouvrir toutes les portes jusqu'à trouver la bonne, toutefois cela aurait été quelque peu malséant. Il continua donc à tourner en rond, usant autant sa patience que les semelles de ses bottes.
_________________
Erel
Quelqu'un frappa à la porte. Cette dernière s'ouvrit dans la foulée et laissa apparaître un George qui ne laissait rien paraître de ses sentiments, comme d'habitude.
Par précaution, il resta à la porte de la chambre et ne s'avança pas plus. Erel et la servante qui avait était dégotée étaient les seuls à avoir le droit de s'approcher d'Agnès et d'entrer dans la pièce. Heureusement pour eux deux, ils ne montraient aucun signe de la grippe. Peut être la maladie qu'avait la Vicomtesse de Bapaume était une variante moins contagieuse, mais tout de même, pas question de prendre de risque.

Le Seigneur d'Herlies tourna la tête vers le nouvel arrivant, qui l'informa de la demande de Puylaurens.
Il réfléchit quelques secondes, tandis qu'il trempait un linge dans une bassine d'eau froide et qu'il le redéposait sur le front de son aimée malade.


-Dites au Seigneur des Auteux qu'il peut entrer dans la pièce, mais à la condition qu'il ne touche aucun objet de la pièce et qu'il se mette un mouchoir sur le nez et la bouche. Je ne sais l'origine de cette maladie, ni comment elle se propage, mais toutes les précautions sont à prendre.

George aussitôt le message entendu, repartit vers le vassal de Gnia. Le jeune Dénéré lui, pressait doucement le linge froid sur le front de son aimée, tandis que sa main tiède frôlait le visage brûlant de son amour.
Penchant son visage vers son oreille la plus proche, il lui susurra quelques mots.


-Guéris vite mon amour... J'ai besoin de toi.

Puis de rajouter.

-Et pour notre futur enfant.

Cette phrase lui avait coûté d'être énoncée, mais désormais, il devait prendre en compte que l'équation avait changé. Une larme perla sur le coin de son oeil droit. Il risquait de perdre celle pour qui il avait tout quitté, celle qu'il aimait plus que tout au monde, celle pour qui il aurait tout sacrifié, vie et âme. Mais même si elle survivait, Belialith leur avait dit qu'il y avait de grandes "chances" qu'elle fasse une fausse couche.

Au fond de lui, Erel avait peur.

Mais pas le temps de se noyer un peu plus dans ses sombres pensées qu'il entendait des bruits de pas. Certainement Georges qui menait Puylaurens vers la chambre.

Le Seigneur d'Herlies essuya la perle au coin de son saphir. Il devait être fort.

_________________
Puylaurens
Puylaurens avait blêmi lorsque Georges lui avait transmis les recommandations données par Erel. Il était loin de penser que la maladie de la Vicomtesse fut si grave qu'il faille prendre de telles précautions pour l'approcher. Appréhendant l'état dans lequel il allait découvrir la jeune femme, il se contenta de hocher la tête, et de faire signe au serviteur de le mener à la chambre où elle reposait.
A mesure qu'ils approchaient il sentait son angoisse monter, une boule se formait lentement au creux de son estomac. Il se mordit les lèvres. Il craignait tellement de découvrir une Agnès proche du trépas, et cela lui paraissait horriblement impossible. Georges s'arrêta devant une porte, et regarda Puy. Le mouchoir... Le seigneur fit mine de chercher dans ses poches, sachant pertinemment bien qu'il n'y trouverait aucun bout de tissu, quelqu'il fut. Il haussa les épaules et avança vers l'huis. Il n'eut le temps de faire qu'un seul pas, une main arborant un mouchoir lui barrait le passage. Très fort ce Georges, il n'avait pas fini de le surprendre. Il se saisit de l'objet, l'appliqua sur son nez et entra.

Ses yeux firent un rapide aller-retour entre Gnia et Erel. Il salua ce-dernier, et s'approcha un peu plus de la malade. L'atmosphère qui régnait dans la pièce était pesante, empreinte d'angoisse et de peine. Le Seigneur d'Herlies s'occupait de son aimée, lui rafraichissant le front à l'aide d'un linge. Sa tristesse sautait aux yeux, et son dévouement amoureux était remarquable. Il était clair qu'en ce qui le concernait il n'avait cure de la maladie, rien de le dissuaderait de rester aux côtés d'Agnès.
Le regard de Puy s'arrêta sur le visage de sa suzeraine ; elle avait les yeux clos, et sa pâleur ne fit rien pour calmer l'appréhension de son vassal. Sans qu'il s'en rende compte le bras qui pressait le mouchoir retomba le long de son corps. Il fixa un long moment la jeune femme, avant de se tourner vers Erel. Il dut faire un effort pour rompre le silence, qui était si dense qu'il en devenait presque matériel, et demanda à voix basse.


De quel mal souffre-t-elle ? Et,...

Il déglutit. La question qu'il allait poser lui coûtait énormément, elle concrétisait ses craintes, rendait tristement réel une impression qui le prenait de court. Il se força à donner un tour optimiste à ses propos, ne serait-ce qu'au cas où la malade l'entendit.


... Dans combien de temps sera-t-elle rétablie ?
_________________
Erel
Finalement, le moment entre lequel il entendit les pas du Seigneur des Auteux et entre lequel il arriva réellement dans la chambre parut une éternité. À vrai dire, tout lui paraissait être une éternité. À la fois si proche de son aimée, mais si loin d'elle, elle dont l'esprit vagabondait dans les méandres des rêves ou des cauchemars, elle qui faiblissait à chaque heure et dont l'état semblait s'aggraver d'heure en heure.
Erel se rendit compte en fait, combien leur condition de mortel les rendait si vulnérables. Combien chaque seconde de vie était la plus belle des pierres précieuses.

Il avait si peur. Si peur qu'elle parte ainsi, comme ça, comme une plume emportait par la brise, quittant avec lenteur la rive de la vie pour atteindre celle du trépas.

Ces sombres pensées l'avaient mis en retrait du monde réel. Son seul monde était Agnès. Et aussi, il ne revint qu'à la brute réalité des choses que lorsque Puylaurens pris la parole. Bien que celui-ci tentait de tenir une voix confiante, le Dénéré entendit sans difficulté les trémolos de l'inquiétude influencer sa voix.
Et sans relever la tête, trop inquiet pour la Vicomtesse, de répondre:


-Elle... elle a la grippe.

Annoncer la maladie lui semblait être comme un coup de poignard en plein coeur, une deuxième fois.

-Et elle risque de ne pas s'en sortir, et encore moins notre ...

Il s'interrompit. Devait-il lui parler de la grossesse "surprise" de la Sainct Just ou non? Sa réflexion ne dura que quelques secondes, furibondes secondes, mais pourtant si longue dans la brume de la vie.

-... et encore moins notre futur enfant.

Les mots étaient dis, sortis, brutes, sans finesse ni agressivité. Juste un constat, un vide et terrible constat.
Le Seigneur d'Herlies avait préféré lui annoncer la nouvelle. Après tout, le vassal de son aimée n'était-il pas avant tout son meilleur ami? Son confident?
La relation qu'avait Agnès et Puy n'avait pas facilité une quelconque amitié entre les deux hommes, cependant Erel préférait être honnête avec lui, tout comme Gnia l'aurait été.

Lentement, un instant après lui avoir parlé, il se força à quitter du regard sa promise pour diriger ses yeux vers le Seigneur des Auteux qui, selon toute vraisemblance, avait laissé tomber son mouchoir sous le choc de la vision de sa suzeraine si faible.

_________________
Gnia
La fièvre et ses chimères avaient pris rapidement le pas sur la réalité et la raison. Agnès oscillait entre un sommeil agité, perdue dans les méandres d'un brouillard épais et les retours au réel où la toux qui lui déchirait la poitrine lui faisait regretter les cauchemars.
Seul réconfort quand elle ouvrait les yeux, Erel, qui ne quittait pas son chevet, risquant sa propre vie et rien ne l'en avait dissuadé.

Chuchotements. Bribes de voix qui la guident hors d'un énième rêve enfiévré. Agnès ouvre les yeux. Erel, pâle et les traits tirés, regarde Puylaurens dont l'inquiétude est palpable.
La Vicomtesse esquisse un faible sourire et d'une voix faible et rauque, qu'elle ne reconnait plus.


Et bien, Messires, vous semblez décidés tous deux à braver Dame La Mort... Puissent vos bras m'aidez à la repousser si elle s'approche de trop près. J'aurai plaisir à livrer ce combat à vos côtés.
Si je passe encore deux nuits et que la fièvre retombe, j'aurai gagné alors une bataille stratégique.


Cynisme et humour, ce sont les deux seules armes qu'elle connait pour braver l'adversité et se réjouit intérieurement d'en être encore capable, cela signifie que l'espoir est permis.
Elle ne veut pas penser à cette vie naissante qui dépend de la sienne, c'est par trop douloureux, alors elle fait comme si elle n'existait pas.


Erel, mon amour, tu as une mine à faire peur, tu devrai te reposer un peu.
Puylaurens, il va falloir me raconter ce que vos virées campagnardes vous ont appris de notre beau duché d'accueil.
De mon côté durant votre absence, j'ai travaillé à ce que nous ayons demeure décente, vous aimez ?
Vous manderez à Georges de vous faire visiter afin que vous puissiez choisir vos appartements... Enfin... Vous pourrez attendre que cette maison ne soit plus l'épicentre de la mort, évidemment...


Agnès aurait pu rire si la toux lui en avait laissé la possibilité. Mais elle la cloua inexorablement au lit, la laissant épuisée, la respiration faible et sifflante. La représentation était finie, la maladie l'avait rappelée à son bon souvenir, le duel reprenait.

_________________
Puylaurens
Avant qu’il ait pu réagir à l’annonce que lui avait faite Erel, la voix d’Agnès se fit entendre. Une voix certes altérée, mais dont les intonations familières, bien qu’atténuées, ne laissaient pas de doute sur l’identité de celle qui parlait. Elle dit quelques mots, plaisanta, mais Puylaurens fut incapable d’afficher le moindre sourire, et à dire vrai l’idée même de sourire ne lui traversa pas l’esprit. La voix de la malade aussi bien que ses paroles l’avaient glacé ; réalisant à quel point sa suzeraine allait mal il avait même senti un frisson lui parcourir l’échine.

Il demeura interdit alors que la Vicomtesse s’était tue, épuisée, rattrapée par le mal. Il se passa un moment avant qu’il fasse le moindre geste. La plaisanterie qu’Agnès avait eue à propos de leurs bras qui la secouraient avait eu l’effet opposé à celui escompté ; il n’avait évidemment pas été rassuré, et ces quelques mots l’avaient percuté de plein fouet, lui rappelant amèrement qu’il ne pouvait rien pour elle. Ses bras étaient parfaitement inutiles, la maladie ne se combattait pas l’arme à la main. De plus ses connaissances en matière de médecine étaient proches du néant.

Anéanti il l’était. Il y a quelques jours il avait laissé sa suzeraine certes lasse, mais en bonne condition générale. Et maintenant il la retrouvait dans un état qui laissait envisager le pire… Les paroles d’Erel lui revinrent en mémoire, et cette fois il les assimila pleinement. Un enfant… Peu importait en fait, l’avenir de cette vie naissante était conditionné par celui de la malade, et il n’y avait donc lieu de se soucier que du second. Il se sentait tellement impuissant qu’une colère sourde le gagna, le mettant sur les nerfs. Il avait entendu dire qu’on mourrait toujours seul. C’était vrai, tellement vrai, il ne s’en rendait compte que maintenant que le destin semblait sur le point de lui prendre son amie la plus proche. Il récusa cette idée de toute ces forces ; non, Agnès vivrait, il ne pouvait en être autrement.
Il quitta enfin son immobilité, et alla au chevet de la Vicomtesse. Il lui saisit la main, et s’approchant lui murmura quelques mots à l’oreille.


Allons Agnès, de la force ! Vous en avez vu d’autres. Et je compte sur vous.

Il se releva, fixa quelques instants la pâle jeune femme et sortit. Il rejoignit rapidement la grand salle, et s’assit. Pendant un long moment il tapota nerveusement des doigts contre une table. Puis enfin il laissa libre cours à sa rage qui n’avait cessé de grandir, et ne trouva pas d’autre exutoire que donner un grand coup de poing sur l’épaisse planche de chêne qu’il avait devant lui. Evidemment il ne se sentit nullement libéré, et toujours aussi horriblement inutile.
_________________
Belialith
Des bruits de voix, de heurts en bas, un fracas aussi. Le ton montait et la situation ne semblait pas vouloir se calmait.

Puisque je vous dis que je viens voir Agnès .. une réponse inaudible sûrement vouée à lui rappeler le titre de la maistresse de maison et les raisons qui la retiennent. J'vous ai demandé de me raconter votre vie ? Je le sais bien qu'elle a la grippe, c'est moi qui l'ai diagno .. Roooh puis Flûte à la fin.

Les escaliers grincèrent, des protestations outrées aussi, comme si ce genre de choses pouvait encore chagriner la Blonde, tiens.. Alors qu'elle s'apprêtait à enfoncer la porte, une toux pénible se fit entendre, la jeune femme secoua la tête, elle ouvrit la porte doucement et c'est un sourire qui se dessina sur ses lèvres.

Et bien, que vois-je ? Un amoureux transi, un fidèle serviteur et Ooh .. Comble de mon bonheur, une malade. Comment va ma grippée préférée ? Préférant éviter d'alarmer les deux hommes la jeune femme fit mine de porter sa manche à son visage. Puis, elle se pencha vers la convalescente et lui murmura quelques mots

T'aurais pas osé la laisser t'emporter sans me prévenir hein ?! T'inquiètes pas, la Faucheuse et moi, on est devenues intimes ces derniers temps, qu'elle s'approche d'un peu trop près et crois moi que je lui ferais regretter jusqu'au plus petit éclat de métal qui constitue sa fauche.

Elle se redressa en souriant à pleine dents. La Blonde n'avait pas peur pour elle, qu'elle ait la grippe et puis tant pis, elle s'inquiétait surtout pour l'enfant à venir, plus pour l'enfant que pour la mère. Agnès devait résister encore quelques jours et elle aurait remporté le premier round.
_________________

¸.•'´¯)(´¨`•..¤Beautiful Dirty Rich Dutchess.¤..•´¨`)(¯`'•.¸
Titiza


L’Hostel Dénéré – Saint Just était une belle et grande. Isabeau avait été touché qu’Agnès lui laisse soin de pouvoir s’occuper de la petite maisonnette avec le petit jardin.
Elle avait compris les raisons qui faisaient qu’elle devait désormais vivre telle que son rang l’imposait.

Agnès avait choisit les plus beaux appartements de la bâtisse pour elle et Erel. Il paraissait logique que ces deux là finissent par convoler et il était donc logique que les tourtereaux puissent partager un bel espace.
Isabeau, quant à elle, n’avait jamais logé dans une si grande demeure. Elle se souvint de sa petite maison de Montpensier, et elle fut prise de vertige en pensant à l’endroit où elle se trouvait aujourd’hui.
Dans l’aile Est de la bâtisse, Isabeau choisit des appartements pourvus d’une vue dégagée sur le parc de l’Hostel et de la campagne environnante. L’espace qu’elle s’octroya était vaste, et avec quelques petits aménagements, elle réussirait à trouver l’intimité et la chaleur qu’elle recherchait.

Cependant la joie de l’installation avait été de très courte durée. Agnès avait contracté la grippe et son état de santé préoccupait fortement Isabeau.
Agnès était la seule famille qu’il lui restait et la maladie était une source d’angoisse permanente pour Isabeau.
Elle n’avait pu visiter sa sœur adorée, et pourtant elle aurait volontiers pris sa place pour éviter de la savoir souffrante.
Elle errait dans la grande demeure tel un fantôme. Elle n’osait déranger Erel. Quand au détour d’une porte, elle le voyait blême et fatigué, elle s’imaginait très bien que les nouvelles n’étaient pas celles tant désirées.

Elle avait bien entendu Erel parler à Puylaurens de son état de santé, mais n’avait osé les déranger et puis elle ne connaissait pas assez les deux hommes pour les importuner dans leur discussion.

Si elle-même ne touchait qu’à peine aux plats qui lui étaient présentés, Isabeau ne manquait pas de déranger la cuisinière afin qu’un plateau soit servit à Erel tous les soirs après sa visite à Agnès. Elle en fit de même pour Puylaurens.
Cependant, elle aurait bien voulu que les repas soit pris ensemble et en compagnie d’Agnès.

La nuit, quant le sommeil n’était pas au rendez-vous, Isabeau se réfugiait dans une alcôve de l’aile sud à proximité des appartements d’Agnès. Ainsi elle se sentait plus près de sa sœur bien aimée.


Gnia
Combien de nuits et de jours étaient passés, Agnès n'en savait rien. Dans les tourments de son sommeil agité, elle avait simplement reconnu les voix de ceux qui avaient osé franchir les portes de sa chambre. Dans les instants où elle était éveillée, elle avait guetté les moindres signes de contagion de ses proches ; Erel surtout, qui n'avait quitté son chevet depuis le premier jour.
Puylaurens était venu aussi, et Belialith, qui s'était occupée d'elle au dispensaire, semblait être revenue à Verneuil.

Elle s'était donc éveillée à l'aube ce matin-là avec l'impression d'être maîtresse d'elle même pour la première fois depuis des jours. La fièvre semblait étonnement l'avoir oubliée. Agnès avait attendu les yeux ouverts, la tête posée sur l'oreiller, qu'elle vienne la rattraper encore, mais rien n'était venu, enfin rien en commune mesure avec les jours précédents. Sa toux également semblait avoir perdu du terrain, lui laissant de plus larges instants de répit. Elle avait attendu, sa main caressant lentement les cheveux d'Erel qui s'était écroulé de fatigue le torse sur le lit et le reste du corps assis sur un fauteuil.

Lorsque la servante arriva pour lui donner les décoctions du matin, Agnès lui manda à voix basse de faire venir Belialith. Il fallait être sure que la maladie était vraiment en train de la quitter et que ce n'était point un simple recul pour mieux l'attaquer avec force plus tard.

A peine la femme avait elle tourné les talons, Agnès entreprit de faire ce qui la démangeait depuis l'aurore : se lever. Avec précaution, elle posa ses pied sur le parquet froid et s'aida de la tête de lit pour se relever. Lentement, les jambes faibles, elle contourna le lit, s'appuyant sur les montants, heureuse de pouvoir faire ce qu'il lui était encore interdit la veille.
Son ventre la faisait souffrir, mais elle était tant absorbée à ne pas tomber qu'elle n'y prit pas garde et continua sa lente progression. Le mobilier de l'appartement étant autant d'endroits où se soutenir, elle finit par atteindre le couloir où elle surprit sa jeune soeur endormie dans une alcôve. Agnès, appuyée aux montants de la porte, eut un sourire attendri pour Isabeau, si belle dans son sommeil malgré le pli d'inquiétude qui barrait son front même dans le sommeil.
Une douleur atroce l'arracha à cette contemplation. Les mains sur le ventre, elle se plia et ne put retenir un cri. La douleur était telle qu'elle se recroquevilla sur elle-même, glissant lentement le long de la porte. Quand elle ramena les genoux sous son menton, elle constata avec horreur que sa chemise de nuit était tâchée de trainées de sang. Le coeur battant à tout rompre, oubliant les risques de contagion qui n'étaient pas encore écartés, elle appela d'une voix désespérée sa soeur.

_________________
Titiza


Cette nuit là, le sommeil avait rattrapé Isabeau. Elle s'était réfugiée, comme bien des fois, dans cette alcôve tout près de la chambre de sa soeur.
Lorsqu'elle avait entendu la voix d'Agnès, elle cru le temps d'un éclair, que son esprit lui jouait un tour.
Cependant la réalité avait vite pris le pas. Ses oreilles ne l'avaient pas trompées, c'était bien Agnès qui demandait secours.

Isabeau se précipita pour soutenir sa soeur. Agnès avait glissé contre le chambranle de la porte, recroquevillée sur elle même, le sang coulant entre ses jambes. On sentait que la douleur était vive et à la limite du supportable.

Isabeau fit de son mieux pour aliter Agnès. Tout ce sang tachant le linge était signe de mauvais présage !
Isabeau était vraiment impressionnée par tout ce sang, cependant elle n'en laissa point paraître.

Une fois Agnès allongée, Isabeau réveilla Erel et sans lui laisser le temps de protester lui intima l'ordre d'aller chercher Dame Belialith et de lui faire monter de l'eau chaude et du linge propre, le tout avec une chambrière.


Je l'ai trouvé dans le couloir. Elle souffre du bas-ventre. Elle perd beaucoup de sang, il faut aller chercher Dame Belialith.

Ces paroles Isabeau les avait prononcées d'une voix basse mais précipitée.




Belialith
Pas de résistance cette fois, un regard méprisant peut être mais qu'est ce que ça pouvait lui faire franchement, pas que ça à faire, les bonnes manières, la Blonde les connaît, mais pas franchement le temps, ni la tête à ça. Les escaliers avalés quatre à quatre, elle rentre comme une furie dans la chambre, saluant rapidement la jeune femme bien habillée qui s'y tient déjà, Agnès lui a parlé d'une soeur, ça doit être elle.

La Blonde avisa la tâche pourpre sur les draps, et secoua la tête, vu la tête de la malade, la grippe avait du passer mais l'enfant était trépassé avec elle. Se morigénant pour n'avoir pas été là plus tôt, la jeune femme se rendit aux cuisines et attrapant une servante par le bras, elle lui posa vivement un grand baquet, quelques linges puis prit des seaux d'eau chauffée à la hâte dans l'âtre du foyer. Direction l'étage.

Sans un regard pour la servante qui ne comprenait rien à l'évènement, elle déposa le baquet qu'elle remplit puis attrapant la jeune vicomtesse, elle la cala non sans délicatesse contre son propre corps pour ne pas lui faire faire d'effort, enfin elle porta la jeune femme comme une enfant et la déposa dans le baquet. D'un coup de tête, elle désigna les draps à la servante qui s'empressa de débarrasser le lit de ces linges souillés, pas besoin de montrer à Agnès plus de détails sur ce qu'elle connaissait déjà pour avoir été prévenue.


Allez ma grande, un effort, un dernier effort, tu peux tenir, tu as fais le plus dur. Et crois-moi que si tu le fais pas cet effort, tu auras perdu à mes yeux toute la considération que j'offrais aux nobles à travers toi, petite vicomtesse. Tu n'as plus de fièvre, tu es presque tirée d'affaire, à toi de faire le reste.

Continuer à lui parler, la tenir éveillée, il était hors de question qu'elle flanche maintenant. La Blonde babillait de choses et d'autres, pour faire un fond sonore dans l'esprit d'Agnès, tandis qu'elle la lavait comme on aurait lavé une enfant. Faire partir toute trace de l'évènement, physiquement déjà. Moralement, ce serait à Erel et sa soeur de s'en charger.
_________________

¸.•'´¯)(´¨`•..¤Beautiful Dirty Rich Dutchess.¤..•´¨`)(¯`'•.¸
Titiza

Elle ne voulût pas montrer à Agnès la panique battre dans ses veines.
Aussi, c'est avec calme qu'Isabeau retourna auprès de sa soeur. Elle fit remettre des bûches dans l'âtre et demanda à la chambrière une petite bassine d'eau chaude.
Ses gestes étaient doux en épongeant le front perlant de sa soeur.


Gnia. Il faut que tu sois forte ma belle. Dame Belialith sera bientôt là....

Ses pas résonnèrent à peine dans l’escalier qu’elle surgit dans la chambre avec une servante complètement éberluée.
Le choc passé de cette apparition, Isabeau fût abasourdit de sa hardiesse pour emporter Agnès dans le baquet d’eau chaude.
Isabeau ne pouvait détacher son regard de cette scène qui la bouleversait au plus profond de son être. Elle pria Aristote en silence de venir en aide à Agnès.
Son cœur cognait dans sa poitrine. Elle aurait tout donné pour savoir Agnès en meilleure santé.
Blême, elle s’accula au mur près du lit et chercha des yeux quelqu’un qui pourrait la rassurer.

Gnia
Tirée brusquement de son sommeil, la pauvre Isabeau l'avait rapidement ramenée à la chambre et réveillé Erel. Agnès, les mains cramponnée à son ventre, le visage crispé par la douleur, avait évté leurs regards anxieux et leur avait tourné le dos, se recroquevillant en chien de fusil.

Le linge humide sur son front et les paroles d'encouragement d'Isabeau ne furent qu'un fugace réconfort. Agnès pouvait reconnaître l'odeur douceâtre du sang à plusieurs pas de distance et elle savait que le liquide chaud et visqueux qui s'échappait d'elle ne pouvait être autre chose. L'enfant... Elle perdait son enfant...

A travers ses gémissements de douleurs, elle perçoit des bruits, l'on s'active dans son dos. Petit sourire qui se veux rassurant à Isabeau, Belialith est là. Agnès ne sait pas pourquoi mais la présence de la fougueuse jeune femme la rassure.
Elle se sent soulevée et reconnait l'odeur de Belialtih. Elle se laisse alors aller contre elle, se laisse baigner, se laisse bercer par ses paroles, telle une enfant.
Si la douleur ne lui avait pas arraché une larme, cet instant où elle n'était plus qu'une enfant dont on prenait soin, ce moment de complet relâchement ouvrit les vannes d'un flot de larmes qu'elle ne voulait et ne pouvait contenir.

Le visage collé à celui de Belialith, son regard mouillé avisa sa soeur, tremblante et tétanisée par la peur et, retrouvant les paroles d'une ainée pour sa cadette, murmura à travers ses sanglots, plusieurs fois


Tout va bien Titiza, tout va bien se passer... Ca va aller...

Comme une litanie, elle répétait sans cesse les mêmes mots, comme pour se persuader elle-même et ne lâchait pas sa soeur du regard, évitant soigneusement de croiser celui d'Erel. Il était là, quelque part, elle le sentait, mais était incapable encore de lire dans ses yeux ce qu'elle était en train de vivre, ce qu'ils perdaient...
_________________
Puylaurens
La visite de la jeune dame du dispensaire, Bélialith, avait fait réaliser à Puylaurens que ses inquiétudes au sujet de la Vicomtesse étaient disproportionnées. L'état de la malade ne s'était pas dégradé les jours suivants, et c'était ce qui comptait. Le pire était manifestement passé, l'organisme de la jeune femme résistait et gagnerait la lutte : pour sa part il en était certain. Cette conviction n'était pas spécialement rationnelle, elle lui était apparue ainsi, et s'était imposée avec force : Agnès ne mourrait pas d'une simple grippe.
Ayant retrouvé une certaine quiétude d'esprit, il s'était contenté de visiter chaque jour la malade et confiant dans la capacité de rétablissement de cette dernière n'était pas resté à se morfondre. Toutefois il n'était cette fois pas question de s'éloigner de l'Hostel Saint-Just, et il avait trouvé à s'occuper en s'absorbant à quelques aménagements en cette demeure. Il avait commencé par y élire domicile, et une fois le choix de la chambre fait il y avait déménagé ses affaires restées à l'auberge. Bien que sachant faire preuve d'un goût assez sûr il ne s'intéressait guère à ce qui touchait l'ameublement et la décoration, et choisit donc de commencer à remplir la cave de sa suzeraine. Cette activité lui permit d'évacuer l'anxiété liée aux doutes résiduels qui s'étaient logés dans un coin de sa tête. Il était donc relativement serein lorsqu'il apprit la nouvelle.

Philibert. Mort. Puylaurens demeura de longs instants devant la feuille de l'AAP. Il était complètement hébété, frappé par la dureté de la nouvelle et ne comprenant par pourquoi personne en Artois n'avait pris la peine de lui écrire. Il aurait été bien moins cruel d'apprendre cela d'une autre manière que par ces quelques lignes impersonnelles. Il relut encore et encore les mots qui signifiaient la mort de son filleul. Perdre la vie en tombant dans son puit, quelle fin stupide songea-t-il. Pourtant le résultat était le même que s'il avait été pourfendu de part en part. Foutue coïncidence, le destin avait voulu que l'accident ait lieu alors que le jeune homme devait se marier prochainement. Pauvre Maeva... Un profond abattement gagna Puy. Puis les souvenirs vinrent à la charge, et des images de Philibert enfantelet passèrent devant ses yeux. Jusqu'au Philibert adulte qui avait fait jour lors de la guerre de Compiègne. Il sourit tristement en repensant aux combats qu'ils avaient pu mener côte à côte. S'il y avait un domaine où les leçons qu'il avait prodiguées à son filleul avaient donné des résultats qui dépassaient ses espérances, c'était sans nul doute l'art de manier l'épée. Il était aussi très fier du code de l'honneur personnel qu'avait développé Philibert, mais selon lui le mérite en revenait davantage au défunt, lui-même n'avait fait que lui inculquer quelques principes. C'était un sacré caractère, toujours à n'en faire qu'à sa tête. Qu'est-ce qu'il avait pu lui donner du fil à retordre !
L'évocation de la personnalité bien trempé de son filleul lui fit inévitablement penser à celle dont il avait manifestement hérité ce trait, sa mère. Les fantômes mnémoniques du couple Bruay firent donc leur apparition, rejoignant le tout jeune fantôme de leur fils. Ou le contraire.

Puy soupira. En cet instant il se sentait profondément las. Ses yeux se reportèrent sur le parchemin porteur de la funeste nouvelle. Il le relut une dernière fois, espoir vain de dissiper le cauchemar. Un autre fantôme se rajouta, bien vivant celui-là. Cyann. Elle devait être revenue en Artois puisqu'elle avait signé l'article sur la mort de Philibert. Il se passa les mains sur le visage, et resta immobile un long moment.
Divers sentiments le disputait. Une honte teintée de colère de n'avoir pas été là : quand bien même il n'aurait rien pu faire, il aurait dû au moins être présent à l'enterrement de son filleul. Une solitude oppressante : une province qu'il connaissait encore bien peu, une cohorte de souvenirs dont le nombre l'assiégeait, et l'unique personne à laquelle il aurait pu confier le malaise que la mort de Philibert suscitait en lui était alitée, en proie à la fièvre.
Soudain il prit son épée, gagna la salle d'arme. Il était du genre à se battre jusqu'au bout, à ne pas céder, et il ne supportait pas de se trouver dans des situations qu'il ne pouvait que subir. Il sortit la lame de son fourreau, contempla pensivement les reflets métalliques apparaissant ça et là, selon l'inclinaison de l'arme. Il ne l'avait jamais baptisée ; bien des gens donnaient un nom à leur épée, mais lui n'en avait jamais éprouvé le besoin. Il savait qu'il pourrait compter sur sa lame, cela lui suffisait. L'origine de l'arme lui revint en mémoire. Une amie la lui avait offerte il y a de cela longtemps. Azzera... Une pensée furtive - qu'était-elle devenue ? Cette journée était décidément hantée par les souvenirs.
Il leva son arme, frappa de toutes ses forces le mannequin. Frappa à nouveau, encore et encore. Il y mettait tant de rage que sa chemise fut rapidement trempée. En cet instant ses pensées reflétaient fort peu les canons aristotéliciens, et étaient pour tout dire assez blasphématoires. Il continua de frapper jusqu'à être complètement épuisé, ignorant que sa suzeraine avait enfin quitté son lit et qu'une vie tout juste naissante avait été stoppée net.

_________________
See the RP information <<   1, 2, 3   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)