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[RP] Au fil de la lame, volens nolens*

Mimi83720
[ La veille, campement de Veneration vel nex]

La "cantinière" avait distribué la pitance, si tant est que l'on puisse nommer ainsi, même s'ils ne se privaient pourtant pas de le faire, un sombre barbichu aguerri aux combats et aux coups, quels qu'ils soient, ainsi que le copieux repas servi.
Lui seul savait aussi bien tirer parti des réserves amassées par les seigneurs de Blanquefort, leurs gens, et leurs nombreux alliés, sans que les quolibets affectueux échangés lors, et qui fort heureusement ne sortaient point de leur comité restreint, ne le dérangent vraiment, au contraire même sans doute!
A les entendre deviser, tantôt légers, parfois plus graves : nul doute que tout ceux là étaient depuis longtemps, et quoi qu'il advienne désormais, liés, à la vie, et peut être demain à la mort.

Une fois le ventre plein donc, et après le rassemblement quotidien des insoumis guyennois dans leur tente de commandement, la brune s'en était retournée inspecter de plus près son épée avant l'heure des affrontements, bien qu'elle douta qu'une
paille** altère la lame de bonne facture acquise quelques semaines auparavant par l'entre mise du capitan rose.
La précédente hélas avait fini carrière dans le Berry avec son bouclier auquel cependant n'était point rattaché autant de souvenirs.
Trop sentimentale? Baaa non, même pas, quoi que, enfin il est bon d'avoir de la mémoire, si la jeune femme n'était guère attachées aux richesses et bien qu'elle n'en soit pas totalement dépourvue, ses biens les plus chers l'aidaient surtout à la garder...


[Sus à l'ennemi!]


Bien décidée à appliquer une tactique éprouvée, Mimi rejoignit les premiers rangs : rien de tel qu'une bavarde à l'avant pour tromper sur le nombre, impressionner les adversaires, à moins que ce ne soit pour tenir éveillées les troupes?

Grand bien lui en prit, du moins voulu t-elle le croire lorsque l'homme aux traits burinés et las surgit des rangs ennemis dès les premiers assauts.


Sus à l'ennemi!
Advienne que pourraaaaaaaa!
fanfaronna t-elle encore avant d'engager le combat.

La lutte était acharnée, lui laissant toutefois distinguer l'animal légendaire qui marquait son arme et sa cape.
Le licorneux lui donnait du fil à retordre, sa carrure et sa condition physique n'y était sans doute point étrangères, l'ancienne capitaine qui n'était pas une novice, compensait de son mieux par son agilité.
Reprenant à deux mains son épée, la jeune femme esquiva un geste qui aurait pu lui être fatal, et asséna un coup cette fois décisif sur le flanc gauche de son vis à vis, emprunt de toute la rage accumulée depuis leur second départ de guyenne.


[14-10-2011 04:04 : Vous avez frappé Enguerrand_de_lazare. Vous l'avez grièvement blessé.]

De la haine cependant Mimi n'en éprouvait pas, sitôt l'homme écartée elle chercha des yeux sa dame et ses compagnons. Lors, la vision d'un rouquin la déstabilisa un bref instant, le temps que sa balafre et sa stature lui ôtent tout doute, avant que cet allié ne reprenne le combat avec le chevalier qui s'était courageusement relevé.


*Volens nolens : qu'on le veuille ou non
**Paille : défaut dans l'acier qui provoque une cassure

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Enguerrand_de_lazare
[Au pied des murs de Poitiers]

La scène avait déjà été jouée des milliers de fois. Acteurs et protagonistes sans cesse différents, mais la trame n'en était qu'éternellement répétée.
De part et d'autre d'un espace dégagé deux troupes se faisant face, animées l'une et l'autre d'une farouche volonté de combat. Ressentiments, désir de vengeance, défense d'un honneur estimé bafoué, désir d'extension d'un territoire considéré comme trop étroit, peu en importaient les raisons, les conséquences en étaient toujours les mêmes.
Ceux qui allaient sous peu se retrouver face à face n'étaient que les marionnettes d'un destin inéluctable qui faisait s'affronter les hommes depuis la nuit des temps dans cet insatiable ballet de mort et de souffrance.

Le chevalier avait une fois de plus pris place au sein des rangs de ses frères et sœurs. Les trois armées royales battaient leurs pavillons et une foret de lances se dressait vers le ciel, prête à s'abattre sur les ennemis de la couronne.
Ils avaient en toute hâte consolidé leurs positions, espérant que les pieux et fossés installés durant la nuit pourraient ralentir la charge de leurs ennemis. Car ils les savaient tout proches, repérés la veille en la campagne environnante, à une journée à peine de marche.
Dans le dos des royaux se dressaient les murs de Poitiers la rebelle, cette cité qui plusieurs années auparavant avait été leurs alliés dans une guerre qui avait porté leurs montures jusque loin en les terres de Bretagne. Trois armées étaient en son sein et il redoutait de se retrouver prise entre deux feux.
Mais ainsi en allait il de vicissitudes de la vie. L'allié d'hier était devenu l'ennemi d'aujourd'hui dans un éternel recommencement de ces perfides relations humaines.

Le grondement de la progression de l'armée ennemie s'était fait entendre depuis longtemps déjà et ce qu'il pensait se trouva confirmé lorsque les premiers rangs adverses furent visibles.
Ils étaient innombrables. La colonne de leurs troupes s'étirant à l'horizon semblait ne jamais vouloir se finir, et alors que les premières lignes prenaient déjà place, nombreux encore étaient ceux qui n'avaient même pas encore abordé ce qui allait devenir le champ de bataille.

Peu à peu les armées avaient pris position, dans cette atmosphère d'agitation et de préparation avant le choc à venir. Le chevalier en était presque venu à apprécier ces quelques moments de calme avant la tempête annoncée. Il observait en silence l'organisation adverse, tentant de repérer les failles des rangs acérés qui permettraient à leur cavalerie d'enfoncer le coin de leur assaut guerrier.

La charge, enfin, fut sonnée, et des deux côtés les combattants commencèrent à s'avancer. La chevauchée, comme à l'accoutumée, prenait plus de vitesse à mesure que les montures avalaient la distance séparant les deux blocs.

La mêlée fut tout aussi brutale et confuse que les fois précédentes. Les coups pleuvaient de part et d'autre, chacun tentant de navrer un quelconque adversaire sans se faire à son tour occire. Ils formaient bloc avec ses frères licorneux. Il était une senestre, il avait, comme toujours, sa dextre à ses côtés. Pour encore quelques brefs instants, avant que la marée humaine ne les engloutisse tous deux, les séparant une fois encore tant la presse et la fureur était grande.

Elle s'était avancé devant lui, dans une de ces étranges et parfois surréalistes rencontres au milieu du carnage. Tout autour d'eux les combattants s'affrontaient et il ne pouvait percevoir qu'un assourdissant vacarme fait de cris, de râles et de choc brutal entre les pièces d'acier.
La passe d'arme avait été immédiate. Nul besoin de présentation ni de convenances en pareille situation.
Le chevalier avait rapidement pu évaluer le niveau de son adversaire: il ne s'agissait point là, comme l'allure de la jeune femme avait déjà pu le lui indiquer, d'une quelconque paysanne mal dégrossie que l'on aurait envoyée à l'abattoir en premier rang. Elle était équipée de guerre et ses gestes étaient ceux de celle qui avait déjà fréquenté salles d'armes et champs de bataille.

Une douleur, brutale, sur son flanc gauche, l'élança alors et le transperça comme une violente brulure qui l'aurait traversée de part en part. Il avait été touché.
Un regard rapidement échangé avec son adversaire. Elle avait eu le dessus cette fois ci et, avant même qu'il ne puisse en prendre conscience, les forces du chevalier lui firent défaut. Perdant prise, déséquilibré par sa navrure et la violence du choc, il chuta lourdement à terre, tombant à bas de son destrier.

Alors qu'il s'attendait à recevoir le coup de grâce, tentant péniblement de se relever, le sang s'échappant désormais de l'entaille en son flanc, il vit que la jeune femme s'était éloignée, plongeant dans quelque nouveau combat, épargnant celui qu'elle venait de faire choir et de vaincre en singulier combat.

Posant un genou à terre, s'appuyant sur le pommeau de son épée, il avait fourni violent effort pour se redresser. Il avait perdu sa monture, mais tenait encore en ses mains épée et écu.
Un voile rouge sang obscurcissait sa vision et sa tête désormais semblait prise dans un étau de douleur.
Il lui fallait progresser rapidement, rejoindre les siens, ne pas rester isolé à terre car il savait qu'en cet instant ses chances de survie s'éloignaient rapidement.

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Thargall
[Campement de la Légion des Ombres avant la bataille]

Voilà bien trop de jours qu’ils jouaient a chat, A chacun de leurs mouvements de troupes les royalistes anticipaient et fuyaient, ils détalaient comme des lapins, et dans les rangs cela avait tendance à énerver… on entendait voler des noms d’oiseaux à leur encontre… A ça pour courir ils étaient forts … Mais pour la guerre, on reviendrait…
Le rouquin prenait son mal en patience une bouteille de crapaud-gnoles en main, ils avaient appris la veille que les armées qui les avaient repoussés de Saumur étaient à présent en train de poser le campement sous les remparts de Poitiers, l’histoire se répétait… pas de quoi se réjouir… il commença à revêtir cette armure de cuir légère qu’il c’était faite concevoir, elle était de bonne facture, pas de fioritures, pas de signes ostentatoires, rien de plus simple, une armure qui servait a le protéger… il la sangla avec attention serrant avec fermeté les sangles, il ne fallait pas qu’elle bouge pendant le combat, elle devait être une seconde peau, sans ça … elle le gênerait.

Le jeune homme ressemblait plus à un soldat à présent, il fixa a son bras meurtris le bouclier qui lui servirait de protection, il n’avait pas porté de bouclier depuis longtemps ... Et cela pouvait se comprendre, il avait il y a quelques mois, il avait bien trop aguiché des guerriers saints, mais ne le prenant pas à la rigolade, ils avaient bu ces paroles jusqu’à ce que le vase déborde, ils l’avaient empoignés et sans autres forme de procès l’avaient portés sur le bucher. Sans l’intervention de quelques un de ces amis, il serait aujourd’hui un petit tas de cendres. Faute d’avoir servis de bois de chauffage il avait eu le bras complètement calciné, et il fut contraint à de longs mois de soins intensifs.
Encore aujourd’hui son bras était douloureux parfois, il le lançait, et il ne pouvait porter de bouclier d’habitude, mais il avait par chance rencontré une belle plante, Maighdin, une Artésienne, et cela se voyait, drôle intelligente elle était toujours là pour lui et il l’en remerciait du fond du cœur, s’enticher d’une femme, cela ne lui ressemblait pas, lui qui avait toujours été un esprit libre. Il n’avait pu résister a aux appels de son cœur cette fois ci … Et il ne le regrettait pas, chaque instants de son existence n’était que pur bonheur. Elle avait donc bandé son bras entier, sa Soigneuse a lui, lui avait permis de porter ce bouclier.

Le son des cors de guerre avaient sonnés … La bataille allait commencer, il empoigna rapidement le lourds bâton qu’il c’était procuré en guise d’arme, faute de mieux. Il se rendit vers la colonne prenant position aux cotés de sa douce. Il sourire, un soupire, il lia une fois ces lèves aux siennes avant que la bataille ne commence… pour se donner du courage… Et là ils aperçurent Poitiers la Rebelle… et ces trois armées royalistes, une grosse centaine d’hommes en rangs serrés prêt à en découdre avec les armées ponantaise, il reconnaissait les étendards présents, c’était les même qu’à Saumur … ils leur feraient payer.


[Poitier la belle, je te libèrerais !]


La phalange pris place, Légion des Ombres en avant, les bourrins Artésiens étaient dans leurs rangs et ils mourraient d’envie de faire connaitre à leurs ennemis tous l’art dont ils détenaient le savoir.
En ligne, ils regardaient leurs ennemis, ils leur en voulaient a mort de suivre une Reyne qui saignait blanc son peuple. Thargall passa sa main dans sa barbe rousse naissante… le silence qui régna quelques instants avant que commence le massacre était troublant … Mais a peines s’était-il installé que la masse se mis en mouvement, hurlant leur rage de vaincre les Ombres furent dans les premiers à croiser le fer… Logé à la même enseigne le voyageur, rendait coups pour coups à grands coups de bâton, se frayant un chemin à travers la masse royaliste aux cotés de sa douce.

Un instant il balaya le champ de bataille des plus chaotiques du regard, juste assez pour repérer une femme aux prises avec … il regarda plus précisément, et ne manqua pas de remarquer la magnifique cape couleur Azur qui descendait le long de son dos, et volait dans le vent sur son armure, ah ça il était sacrément bien armuré… l’azur était frappé de la Licorne d’argent cabrée… un Chevalier des ordres royaux … c’était un guerrier à ne pas prendre à la légère …

Étonnamment la femme qui lui faisait face, ne payait pas de mine, elle ne semblait pas une guerrière émérite dressée sur son cheval blanc, mais ces mouvements, précis et rapides, montrait qu’elle n’en était pas à son premier combat… elle se débrouillait d’ailleurs très bien …

Il décida d’aller lui prêter main forte, mais à peine commença il a se frayer un chemin parant les coups de son bouclier qu’il la vit trancher la chair du chevalier… Au flanc gauche il tituba et fut désarçonné … Avec sa lourde armure cela ne devait pas être facile de se relever, mais cet homme semblait être une force de la nature, il se releva, et boitant, se trainant il commença à repartir du côté des forces Royalistes, un regard avec son alliée …il sauta devant le licorneux…


_ Ne crois pas t’en tirer comme ça mon joli !


Il n’était pas question de le laisser repartir, le roux qui atteignait le quart de siècle le mis en garde bouclier en avant il menaçait le chevalier de son bâton…
Ce dernier était un combattant aguerris, cela se voyait a la manière donc il se redressa avec dignité pour affronter le péril… l’armet qui couvrait son visage empêcha le Ponantais de voir la réaction de son visage mais il s’imaginait la tête qu’il pouvait avoir, jeune chevalier, brun prêt à tout pour son ordre … le chevalier brandis son épée et son bouclier…

Gall, ne lui laissa pas le temps de prendre l’initiative, il lui fallait jouer sur la rapidité de ces mouvements, l’ennemi était blessé et lourdement arnaché… Premier choc, son bâton s’écrasa sur l’armure saillante, son ennemi ne tarda pas à riposter, son épée fendant l’air pour venir s’écraser sur son bouclier, c’est alors qu’il se rappela que son bras venait d’être soigné, la douleur le lança sur toute la longueur, ce n’était pas le moment de flancher, il continua de tourner autour du chevalier, lui lançant coups de bâton sur coups de bâton, il attendait une ouverture.

Le chevalier se défendait bien, mais cela pouvait se voir sa blessure au côté le faisait terriblement souffrir … Il lança une attaque contre le roux qui l’esquiva d’un pas de côté … la lame du chevalier frappa le sol, emporté par le poids de l’arme, la fatigue et la douleur certainement, son bouclier se baissa et se fut l’ouverture qu’attendait le jeune homme.

Il abattit lourdement son bâton sur la tête de son adversaire, il y mit tant de rage que le bâton pourtant d’un bois solide se brisa sous l’impact…

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Enguerrand_de_lazare
[Dans l'antre du diable]

Sa blessure le faisait souffrir tellement que chacun de ses mouvements menaçait de le faire sombrer dans l'inconscience. Il avait réussi à péniblement se redresser, se servant de son épée comme d'une béquille de fortune, geste sacrilège que celui de planter en la terre nourricière la lame d'acier faite pour tuer. Pour l'heure cependant, le chevalier n'avait que faire des préceptes anciens: il lui fallait coute que coute progresser et éviter nouvel affrontement.
Son bouclier pendait mollement au bout de son bras. Il semblait lui peser plus qu'en réalité, et si tout son corps lui criait de lâcher ce fardeau inutile, ses réflexes profondément enracinés en lui le forçaient à garder cette pièce de métal aussi longtemps que possible.

Il aurait voulu à nouveau se jeter dans la furie environnante, lutter aux côtés de ses frères et sœurs, faire ce pour quoi il avait été éduqué depuis tant et tant d'années. Mais il savait que cela serait folie et précipiterait sa perte, au risque même d'entrainer avec lui quelque compagnon d'arme risquant de lui prêter main forte.
Il enrageait toutefois en son fort intérieur, brulant de cette colère noire, profonde, qui menaçait de se déverser à tout instant, risquant se peut de le faire sombrer dans quelque brutale et incontrôlable folie vengeresse.


Les pas du blessé étaient lents, hésitants. Chaque pouce franchi était comme infime et dérisoire victoire face à la mort. Il pouvait sentir le sang s'écouler de la plaie sur son flanc, tachant un peu plus le sol à présent labouré et jonché de débris en tout genre.
Le froid, peu à peu envahissait son corps, l'engourdissant dangereusement. Il savait qu'il s'agissait là des premiers signes d'une mort prochaine, lorsque la chaleur de la vie s'échappait insidieusement du corps de celui qui allait sous peu rejoindre le royaume des morts.
Mais c'est avec l'énergie du désespoir qu'il progressait, encore et encore. Il s'en serait cependant fallu d'une ruade brutale d'une monture passant à ses côtés, voire d'un simple coup d'épaule d'un combattant inattentif pour qu'il ne chute à nouveau à terre, sans cette fois plus aucun espoir de se relever.


_ Ne crois pas t’en tirer comme ça mon joli !

Avant même que ses yeux embrumés ne voient la silhouette se dresser devant lui, les paroles entendues avaient fait leur chemin en son esprit. Il allait devoir à nouveau livrer combat. Le ton de la voix tout comme la posture de son adversaire désormais visible par delà la douleur ne laissaient aucun doute.
Soit. S'il devait en être ainsi. Que Mars et Arès lui viennent en aide et lui apportent les dernier soubresauts d'une énergie vacillante.

Il s'était mis en garde, les années d'entrainement prenant le pas sur son corps hurlant de douleur, et bientôt le combat s'engagea entre les deux ennemis.
L'homme en face de lui semblait agile et véloce. Son armure de cuir légère lui permettait mouvements prompts et parades rapides, tandis que lui ne pouvait fournir qu'assauts ralentis tant par sa blessure que par son armure d'acier.
Le choc du bâton sur celle-ci lui rappela combien cette arme, toute dérisoire qu'elle pouvait sembler être au premier regard n'en était pas moins redoutable pour qui savait la manier habillement. Le coup qu'il asséna en riposte sur le bouclier du ponantais sembla quelque peu déstabiliser durant un bref instant celui-ci, mais fut insuffisant pour s'en trouver réellement efficace.
La douleur, de plus en plus, envahissait le chevalier et chaque frappe, chaque esquive, chaque coup reçu était comme brutale et profonde onde de choc lui vrillant les os et les chairs. Le sang, de plus en plus, s'écoulait par la navrure, l'affaiblissant inexorablement.
Il se savait perdu, mais il lui fallait continuer. Jusqu'à la fin. Jusqu'à la mort.

Un échange encore. Le dernier. Le licorneux se trouva déséquilibré et sans hésiter son adversaire sut profiter de l'avantage.
Le bruit du bâton se fracassant sur son crâne fut pour le blessé comme celui d'une assourdissante explosion intérieure Un éclair de douleur le transperça de haut en bas, déversant en son corps une vague de souffrance insupportable. Avant même qu'il ne puisse saisir ce qui venait de se produire, le chevalier sombra dans l'inconscience.
Son épée chuta à terre et sans que plus rien ne le retienne, son corps, pantin désarticulé, s'effondra, heurtant le sol avec violence.

Alors enfin, il ne sentit plus douleur ni fatigue. Il ne percevait plus les hurlement de sa chair profondément blessée. Il n'entendait plus les cris de rages et les hurlements des agonisants. Il ne sentait plus l’odeur du sang et de la souffrance mêlés.
Peut être son esprit aurait il pu profiter de ces quelques instants de répits pour chevaucher librement sur les chemins de son passé, rencontrant amours perdus, êtres chers disparus et lieux à jamais oubliés. Peut être aurait il pu, ironie d'une histoire capricieuse, se retrouver aux côté de ce vieux barbu qu'il avait rencontré en songes il y avait peu de temps.
Mais pour l'heure, il avait sombré dans les noirceurs des nimbes de l'inconscience, se rapprochant lentement mais inexorablement vers une possible mort.

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Ewaele
[Campement de l’armée des OR – Avant la bataille]

Elle courait après le temps, tout allait si vite et pourtant si lentement, elle aurait déjà aimé être ailleurs, un autre jour, plus tard, oui beaucoup plus tard… Peut-être même une autre année, voire une autre vie… Elle n’avait pas lâché sa plume depuis de longues heures, mais elle ne le pouvait pas, il lui fallait trouver, chaque jour était une course contre une logistique qui aurait pu devenir le nerf de la guerre…Vélins après vélins les mêmes mots, les mêmes demandes, sans cesse répéter… Coursiers, pigeons partaient dès qu’un parchemin était cacheté de son scel… Mais le temps ne s’arrêtait pas pour autant, elle était loin d’avoir fini, mais elle devait prendre à un moment donné du repos, aller s’allonger ne serait-ce qu’un instant… Fermer les yeux et se laisser porter dans un repos qui ne serait guère réparateur, elle le savait d’avance.

Pourtant sous sa tente, ou plutôt leur tente, elle savait qu’elle trouverait un certain réconfort, celui de sa présence déjà, puis après de ses mots, son sourire quand il la voyait arriver, même si de plus en plus souvent en ces temps obscurs il s’effaçait trop vite à son goût. Et enfin la chaleur de son corps quand enfin ils s’allongeaient sur leur couche… Même si des démons venaient la hanter, elle n’avait jamais peur avec lui à ses côtés, certes la fatigue et la lassitude ne s’arrangeaient pas, mais elles ne s’aggravaient pas non plus… Que demander de plus ? Un peu de répit ? Elle savait que c’était peine perdue, qu’ils avaient fait un choix un jour et qu’ils l’assumeraient jusqu’au bout, dussent-ils en mourir…

La mort justement… Combien de fois l’avaient-ils frôlée ? Combien de fois avaient-ils tremblé l’un pour l’autre ? Ou loin l’un de l’autre. Cette idée lui arracha un triste sourire alors qu’elle posait sa plume. Combien d’années s’était- il écoulé avant qu’ils ne se retrouvent ? Trop sans doute, chacun vivant sa vie comme il pensait devoir le faire, chacun prenant des chemins différents, rencontrant d’autres être qui leur avaient donné ce qu’eux n’avaient pas été capable de vivre… Mais la vie était ainsi, de fil en aiguille, de route en déroute, de dépit en sursis, jusqu’à la mort même, ils s’étaient retrouvés, sans s’être jamais vraiment perdus de vue, étant resté simplement de très bons amis… La vie oui… La vie les avait rapprochés à jamais l’espérait-elle maintenant… Et c’est en levant doucement le pan de la toile où ils séjournaient qu’elle le vit là… Allongé en train de prendre un peu de repos… Sans bruit, elle vint le rejoindre, épousant la même position, elle incrusta son corps contre le sien… Ce moment ne durerait pas, elle le savait, elle senti sa main venir se poser sur ses côtes, alors elle sourit et ferma les yeux…

Le retour à la réalité avait été piquant… Pas le temps de s’embarrasser de quelques mots d’usages, ni même d’un peu de tendresse… Le pourquoi de leur présence icelieu venait de reprendre son droit sur la toile de leur vie… Le campement s’agitait, le moment était venu, un simple regard entre les deux amants suffisait… Ils avaient été harnachés tout comme leur montures… Prêts à aller se battre, ils avaient rejoint leurs frères et sœurs…


[Poitiers la cruelle…]

Tout recommençait sans cesse, les mêmes gestes, les mêmes placements, tous prêts à se battre… Ouvrir les rangs des ennemis et s’engouffrer dans la ville…

Un nuage de flèches, avec ce feulement si singulier qu'elle frissonna de l'entendre. A qui prendrait un trait dans sa ventaille et l'arracherait. A qui pointerait sa lance souillée par des débris d'intestins, à qui achèverait un arbalétrier d'un coup de hache. A qui abattrait son fléau d'armes sur un vougier… Une nouvelle pluie de flèches. Elle vit des chevaux s'effondrer sur le flanc, le ventre, la tête. Des cavaliers branler sur leur selle et basculer, certains restant accrochés par l'étrier jusqu'à ce que, tombant enfin, ils se fassent piétiner par les montures de leurs compagnons. Elle vit choir des épées, des lances, des écus et des bannières, mais ils progressaient toujours. Sa senestre était toujours là et de cela elle était soulagée. Les braillements atteignaient des hauteurs impossibles, et tout devenait effrayant dans cette apothéose du meurtre et de la souffrance. Les combats faisaient rage, elle ne voyait plus rien, ne distinguait plus sa moitié, mais elle ne pouvait se laisser envahir par cette idée ou bien elle se ferait embrocher plus rapidement qu’il ne faut pour le dire.

Dans le grand champ, la mort pleuvait à verse. Les premières grappes de piétons hagards, essoufflés, désarmés et blessés parvenaient à quelques toises du gros de la troupe les empêchant d’avancer. Ils galopèrent alors pour les étriper de leur lance. Puis vint le moment de sortir son épée et d’affronter en face à face la cavalerie. En selle, faisant battre le fer, elle faisait en sorte de ne pas se faire avoir cette fois et de rester attentive à tout ce qui se mouvait autour d’elle. Elle n’avait d’yeux que pour ce qui l’entourait directement, assurant autant ses arrières que ses avant, Elle avait compris depuis un moment qu’elle n’était plus la dextre de personne, et que les combats les avaient séparés depuis un moment déjà.

Qu’adviendrait-il d’eux ? Pour l’heure personne ne le savait, elle espérait seulement ne pouvant guère faire autre chose…

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Thargall
[La nuit de l’arracheur de dents]

Son adversaire était au sol, il ne bougeait plus, le dernier coup qu’il lui avait assené avait eu raison du chevalier, il était temps…
Le roux regarda de chaque côté, personne ne semblait prêter attention à leur duel, et c’était tant mieux, il avait brisé son bâton et il ne serait pas en mesure de riposter si on l’attaquait, mais il devait faire vite…
En effet la vieille, au clair de lune, il avait décidé une chose, assis à côté de sa douce, il avait dit qu’il lui ramènerait un collier, un collier, orné des dents de chaque personnes qu’il avait vaincu … C’était le moment idéal pour commencer son œuvre.

Il sauta à califourchon sur le Licorneux en armure dégainant par la même occasion le poignard de son fourreau… Il releva la visière de l’armet qui cachait le visage de sa victime, il moment il fut surpris, il s’attendait à voir un visage d’un jeune fringant, qui, fier de son jeune âge venait bouter les ennemis de sa Reyne. A la place il se retrouva face à face avec un homme à la barbe grisonnante, au visage marqué. Certainement l’homme avait vécu de nombreuses batailles. Se devait être un valeureux chevalier, peut-être même un gradé de l’ordre…

Un sourire vint aux lèvres de Thargall, fier de sa prise il approcha la lame de son couteau de la bouche du malheureux. Il filet de sang coulait du front de l’homme en armure lourde, son coups de bâton avait finalement fait plus de dégâts qu’il l’imaginait. Mais peut lui importait, l’homme pouvait crever ici, c’était son choix, il avait décidé de suivre la Malmort. Il observa la dentition du vieux grisonnant, et remarqua qu’elle était régulière et bien entretenue, c’était surement un noble. Raison de plus pour faire ce qu’il avait à faire, plus de temps à perdre …

Il releva la lèvre de l’homme d’une main et de l’autre il incisa avec son poignard la gencive, le sang coulait à flot de la blessure qu’il venait de lui infliger … la lame pénétrait les chairs de l’homme qui évanouis ne se doutait certainement pas de ce qu’il lui arrivait… il attrapa la dent, et faisant pression avec son couteau … une … deux …Et Trois ! La dent sauta et se retrouva mêlé à la boue … Mouarf …
Il farfouilla quelques instants avant de retrouver son pendentif … …il la leva et l’essuya dans ces mains… héhé … Bingo !
Il se releva et fourra son trophée dans sa poche. Gall jeta un regard a l’homme qu’il venait de priver d’une canine… il commença à s’éloigner … puis il jeta un autre regard en arrière … il rebroussa chemin et retourna le chevalier de la licorne sur le ventre … Au moins il ne mourrait pas étouffé dans son sang … le rouquin se pencha et murmura aux oreille du « mort ».


_Si un jour tu cherches une revanche dans les règles, je m’appelle Thargall.


Le jeune homme se doutait qu’il ne survivrait pas, s’il ne mourrait pas du coup fracassant a la tête, la blessure a son côté aurait certainement raison de lui …
Il ne savait pas pourquoi il lui avait dit ça … bref … il se releva, poignard en main et retourna dans la mêlée !


_ A MORT LA MALMORT !!!!
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Krystel_martin
[14 octobre, jour de bataille, Camp de l'OR ô désespoir]

Elle s'était apprêtée, fermement et dignement. D'accord, sa main la faisait encore souffrir, mais ce n'était pas grand-chose. Rien, en tout cas, qui la ferait tomber de cheval. Elle s'était donc apprêtée dignement, cintrée dans une cuirasse de fer et portant sur les épaules la cape de son Ordre, frappée comme il se devait de l’Écu Vert. Les mains gantées de fer également - les gantelets avaient été revus et corrigés par un habile forgeron -, le bouclier et l'épée attachés à la selle de Slamcalon, elle était prête à y aller. Nouveau combat, qui devait avoir lieu devant Poitiers.

Allait-elle mourir, et ne pas voir ses dix-sept printemps ? Allait-elle survivre ? La question, elle se la posait naturellement, tandis qu'elle montait sur son fidèle cheval. Inquiète, elle savait, comme tout le monde, qu'attendaient en face moult armées ennemies. Allait-on les repousser et vaincre, ou tous mourir devant les portes de la ville ?

Pour l'heure, les armées royalistes étaient alignées en ordre de bataille. L'ennemi faisait face. Et la Pucelle Blanche, le regard droit, fière comme l'arc bandé avant de se briser (ne cherchez pas le sens de cette expression il n'y en a pas), était dressée sur son fidèle destrier aux oreilles longues. Dans chaque armée, les prières montaient au ciel, tandis que chacun recommandait son âme au Très-Haut et plaçaient leurs espoirs de victoire dans une pique qu'ils planteraient dans le ventre mou de l'ennemi. Enfin, ils reçurent l'ordre d'attaquer. Krystel tira son épée, et talonna Slamcalon, qui s'élança dans un nuage de poussière. Il hennissait - brave cheval - comme jamais il n'avait henni, roulait des yeux et écumait, enragé par le bruit des flèches, par l'odeur du sang et par la peur. Et puis, pris de folie, il s'arrêta net, et se mit à brouter l'herbe qui n'était pas encore souillée de sang.


Espèce de sale bête, mais tu vas avancer, oui ?

La Blanche, excédée, humiliait comme jamais par cette fichue bête incapable de jouer au destrier, talonnait le brouteur. En vain. Elle leva la main pour le frapper, lorsqu'un bruit sembla s'approcher d'elle, devenue proie facile pour les archers comme pour la piétaille. Elle leva la tête, et vit arriver la lame ennemie. Krystel attrapa la garde de son épée. Hélas, son geste ne fut pas assez vif. Le coup ennemi la foudroya, la faisant rouler au sol. Elle releva la tête, aperçut son ennemi à travers la visière tordue. Allait-il l'achever ?

Sentant la fin approcher, Krystel marmonna :


Maman... j'arrive...

Une larme unique roula sur la joue de l'Angélique, tandis qu'elle attendait sereinement la mort.

Citation:
14-10-2011 04:04 : Pupa vous a porté un coup d'épée. Vous avez été légèrement blessé.

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Ewaele
[Poitiers la cruelle suite]

La bataille se calmait. Elle n’avait plus d’ennemi en face d’elle et en profita pour prendre du recul sur le champ maculé de rouge, de corps animaux, humains et de débris d’armes… Son regard sondait ceux qui encore guerroyaient. Elle vit un colosse forcer un de ses frères à reculer par une série d’allonges, le chevalier pivota et enfonça le tranchant de son épée dans le dos de son adversaire, mais dans la manœuvre son bras droit avait été profondément entaillé.

Des hommes d’armes et des jeunes soldats surgirent de derrière elle, plusieurs chevaliers, en les apercevant, voulurent leur venir en aide et se mirent à crier de ne plus bouger, qu’ils partaient à la boucherie. L’un d’eux pourtant continua sa course, il eut à peine le temps de faire quelques foulées que l’ennemi était sur lui. Ses hurlements durèrent un bon moment, le temps pour les adversaires de le mettre au sol et de le massacrer avec leurs épées. Puis les cris cessèrent. Quand ces hommes s’écartèrent, la mâchoire d’Ewa se contracta en voyant le spectacle du corps ensanglanté. Comme il avait tenté de se protéger en les levants devant lui, ses bras étaient proprement déchiquetés. Des estafilades rouges lacéraient horriblement son visage et son corps était transpercé en plusieurs endroits… Elle eut un haut de cœur et, comme tous, peu importe leur camp, retourna prendre position. Ponantistes comme royalistes n’avaient gagné ni perdu du terrain lors de cet affrontement…

Comme après chaque bataille, elle sauta vite de sa monture pour faire le tour de ceux revenus des combats. Pour une fois elle avait pris la décision quand on l’avait apprêté, de porter des côtes de mailles et une armure en cuir épais pour ne pas que ses mouvements soient plus lents et surtout pour ne pas fatiguer trop vite comme cela avait pu être le cas lors des autres affrontements. C’est donc plus aisément qu’elle sauta au sol gardant son équipement sur elle. Son pas se faisait de plus en plus rapide au fur et à mesure qu’elle se rendait de groupe en groupe pour voir qui était de retour ou pas… Ses craintes et ses doutes commençaient sérieusement à l’envahir quand, ayant passé plus de la moitié des hommes présents, elle n’avait pas encore trouvé sa senestre… Si son pouls lui accélérait à cause de l’adrénaline qui commençait à monter, a contrario, elle avait l’impression que son cœur lui ralentissait de plus en plus… Pour finir par le sentir complètement compressé quand elle dût admettre qu’Enguerrand n’était pas parmi eux.

Sans vraiment réfléchir, elle se tourna vers le champ qui maintenant lui faisait face à la recherche d’un cavalier retardataire qui serait en train de les rejoindre… Elle se maudissait intérieurement de l’avoir abandonné. Son regard ne trouva que des chacals déjà baissés sur les corps, des videurs de poches, des voleurs de morts… Dans son dégoût, elle aurait aimé tous les pourfendre pour leur apprendre à respecter ceux qui avaient déjà rejoint l’autre monde. Elle réunit rapidement trois hommes d’armes afin d’aller faire un tour au milieu de cette ignominie… Elle savait que le temps lui était compté et qu’on leur avait demandé de regrouper déjà leurs affaires… Mais elle ne pouvait se résoudre à partir sans savoir. Rapidement, trop rapidement l’équipage parti donc visiter la zone mortuaire afin d’essayer de retrouver, l’espérait-elle, quelques hommes encore avec un souffle de vie et surtout son amant. Mort ou vif, car elle devait regarder la réalité en face, le pire avait pu arriver, mais elle ne voulait pas ne pas savoir et le laisser là dans la salissure et l’oubli.

Elle n’aurait su dire combien de temps ses recherche durèrent, pas assez à son goût cela était certain, deux de ses compagnons avait mis la main sur Walan le viennois et l’avait ramené afin qu’il se fasse soigner, apparemment d’une sale blessure à une jambe… Elle avait continué seule renvoyant le dernier auprès de ses frères et sœurs pour qu’il puisse prendre un peu de repos… Elle, elle se moquait de tout à présent. Une seule chose comptait, le retrouver. Elle dût pourtant face à cette course contre le temps, abandonner ses recherches, et faire machine arrière pour rejoindre les armées qui étaient prêtent à lever le camp. Dépitée, désabusée, elle dût se rendre à l’évidence. Lasse, la tête basse, elle ne répondit a aucune des demandes qui lui étaient faites… Comme un zombi sur son cheval elle s’apprêtait à suivre…


[Ailleurs]

Noir. Elle flottait dans le noir. Son corps était si léger. Jamais elle n’avait connu cette sensation. Elle tenta de lever les yeux vers le haut pour voir où elle se trouvait mais tout était noir. Elle ne ressentait plus rien. Elle rêvait peut-être ? Elle n’avait plus conscience de ses membres, comme s’ils s’étiraient à l’infini. Ses pieds disparaissaient, ses mains devenaient des points imperceptibles. Elle ne savait pas où elle se trouvait.
La nuit qui l’environnait était pourtant réelle, quasi palpable. Il lui semblait qu’elle flottait depuis une éternité, le temps, comme son corps, se dilatait. Aucune angoisse cependant ne l’étreignait. Le noir qui l’enveloppait était protecteur, comme s’il la nourrissait.

Ca recommençait. Une douleur fulgurante, traversa son cerveau, comme une aiguille brûlante qu’on lui aurait enfoncée lentement dans la tempe. Jamais elle n’avait enduré une telle douleur. Elle hurla…


ENGUERRANNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNND…

Sa tête était comme un étau, ses membres de plomb. Elle voulut crier mais aucun son ne sortit de sa bouche. Deux ombres apparurent devant elle. Elle ne distinguait pas leur forme, mais elle savait au fond d’elle qu’elles étaient vivantes. Leur présence même était insupportable. C’était peut-être ça l’enfer ? La douleur lui perça à nouveau le cerveau, son corps était devenu une prison de chair. On l’a frôla. Puis plus un bruit, le silence reflua. Un bruit strident vrilla son esprit quand elle eut l’impression que sa tête se détachait de ses épaules… On venait de lui administrer une gifle gigantesque qui l’a fit revenir à la réalité… Maintenant elle pleurait… Elle pleurait bêtement et simplement, vidée de tout, anéantie par ce qu’elle devait admettre et qui la rongeait depuis qu’elle avait laissé derrière elle Poitiers la cruelle…
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Enguerrand_de_lazare
Il n'était plus qu'un cadavre abandonné sur un champ de bataille, fruit de la fureur des hommes, piètre vision de désolation d'un carnage tout récent.
Les cris des agonisants couvraient à présent celui des corbeaux déjà tournoyant dans le ciel, les plus téméraires d'entre eux se risquant à débuter la picore.
Les premières et meilleures pièces étaient destinées aux plus rapides, ils le savaient parfaitement, habitués qu’étaient ces volatiles de ces charognardes ripailles. Et bien que le nombre des cadavres fut grand en ce triste matin, ils ne pourraient tous gouter à ces mets délicats que sont un œil encore chaud ou un morceau de langue pas encore desséché.

Quelques soldats hagards quittaient lentement les lieux, trainant parfois péniblement derrière eux l’un ou l’autre de leurs camarades. Ceux là avaient été laissés pour morts par les combattants, et s’étaient réveillés dans cet enfer, noyés sous les corps de ceux qui hier encore étaient compagnons ou ennemis mais qui partageaient à présent les mêmes peines et les mêmes souffrances.
Ils avaient vu la mort en face et n’arrivaient encore que péniblement à accepter le fait d’être en vie. Leurs yeux embrumés par la peur et la fatigue reflétaient encore les épreuves qu’ils venaient de traverser, leur âme pour nombre d’entre eux ayant tout juste réussi à ne pas franchir le passage vers le royaume des morts, réussissant à remonter le flot incessant des perdus, emportés par delà les limbes vers une éternité hasardeuse.

D’autres combattants de la veille arpentaient les lieux, quelque peu plus vifs que les précédents, bien qu’abasourdis d’épuisement, et pour certains revivant encore les épreuves passées. Ils étaient les rescapés de la bataille, revenus sur place au petit jour pour tenter de retrouver qui une amie, qui un aimant. Leurs regards désespérés allaient de cadavre en cadavre, oscillant entre espoir et découragement.
Parfois un hurlement de rage ou des sanglots de soulagement pouvaient se faire entendre en fonction des découvertes faites sous tel monceau de corps sans vie, au détour d’un creux de terrain ou d’un bosquet encore miraculeusement vivant.

Le dernier groupe enfin arpentant ces terres dévastées était celui des pilleurs et écorcheurs sans foi ni pitié, pratiquant la rapine et le détroussement de cadavres, activités détestables s’il en était, qu’ils avaient pour leur part érigé en art ultime.
Ils étaient de ces bandes qui de tout temps avaient discrètement suivi les armées en déplacement, sentant comme à nul autre pareil les effluves à venir de la mort, signifiant pour eux richesse et fortune.
Ils étaient de ces silhouettes furtivement aperçues à l’écart des campements, observant avec envie les troupes prêtes à se pourfendre, chiffrant et évaluant les richesses qui sous peu allaient leur être offertes par ce destin sans pitié.

Ils avançaient par petits groupes, certains organisés en bandes rapides et efficaces, d’autres composés uniquement de paysans des environs attirés là par l’attrait d’une richesse inespérée.
Ils progressaient en silence, tentant de rester inaperçus, espérant ne pas rencontrer de ces soldats revenus sur le champ de bataille qui ne manqueraient pas de les occire sans ménagement en les voyant détrousser sans vergogne leurs camarades.

Parfois un attroupement se faisait, lorsqu’un noble tombé la veille était identifié. Comme les noirs volatiles précédemment cités obscurcissant le ciel, c’était alors au plus rapide d’entre eux qui emporterait la pièce de choix, épée finement gravée, anneau d’or ou serti de pierreries, bourse bien remplie dissimulée au plus profond de l’armure du gisant, dans l’espoir d’une éventuelle capture et d’un rançonnement. Des rixes et échauffourées éclataient ça et là, mais sans attendre la nuée des pilleurs s’en allait rapidement vers nouvelle et juteuse cible, le malheureux débarrassé de tout ce qui avait quelque valeur en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire.
Ils étaient pire encore que les nuages de sauterelles s’abattant parfois sur les champs, n’hésitant pas à achever celui qu’ils avaient à tort pris pour mort, n’écoutant ni les suppliques ni les promesses de récompenses à venir. A une hypothétique fortune future, ils préféraient le gagne pain quotidien assuré et bien palpable.

Le chevalier agonisant pour l’heure était la victime de l’un de ceux là. Déjà ses pièces d’armure lui avaient été retirées, écartées sans ménagement de son corps meurtri, comme l’on ferait de la carapace d’un vulgaire crustacé arrachée avant d’en gouter la chair.
Il ne ressentait pour sa part plus ni douleur ni souffrance, tant il était profondément avancé sur le chemin de la mort. Son corps était violemment déplacé de gauche et de droite, pantin inanimé et désarticulé, soumis au bon vouloir et à la brutalité de son assaillant. Le sang continuait de couler de ses navrures, se répandant sur le sol déjà largement taché.

Le détrousseur n’avait toutefois réussi à trouver sur ce cadavre encore chaud que bien peu de valeurs. Il y avait bien longtemps que le licorneux, rompu aux combats et à leurs scènes de pillage, n’emportait plus avec lui quoi que ce soit qui aurait pu attirer envie ou concupiscence. Il chevauchait sans richesse, apparente ou soigneusement dissimulée, et tout ce qui avait valeur à ses yeux n’en était que symbolique : cette cape signe de l’appartenance à son ordre, cette épée à la licorne gravée, cet armet reçu lors de son intronisation. Rien pour lui n’équivalait leur prix sentimental. Pour d’autres cependant, il ne s’agissait là que de trophées sans aucune valeur marchande.
Le pillard l’avait à ses dépens bien compris et c’est de rage qu’il lui asséna un violent coup de pied sur le thorax, faisant basculer sur le côté le corps du chevalier. Crachant au visage du blessé, il avait alors rapidement quitté la scène, se dépêchant de rattraper le temps perdu, à la recherche d’un cadavre qui lui permettrait de pouvoir ce soir ripailler à foison et, qui sait, se payer une ou deux de ces filles de joie campant non loin d’ici, et destinées habituellement au repos du soldat.

Combien de temps était il resté allongé à moitié nu sur ce sol désormais glacé ? Des heures, probablement. Des heures à ne rien percevoir de ce qui l’entourait. Des heures à s’éloigner lentement du rivage de la vie, poursuivant son cheminement à mesure que ses blessures lentement finissaient de le tuer.
Il n’avait rien vu ni entendu de ce qu’il s’était passé ensuite. La voix grave et rocailleuse de l’homme qui s’était approché de lui :


Mais nom de Dieu, l’est pas mort ç’ui là !

Il n’avait pas non plus senti qu’on le soulevait vivement de terre pour le placer sur l’arrière d’une charrette.
Il n’avait rien perçu du cahotement du chemin parcouru, l’attelage se frayant péniblement passage au milieu des restes de la bataille passée.
Et lorsqu’enfin il avait été déposé sur une paillasse à même le sol, il n’avait rien ressenti de la chaleur de ce feu à ses côtés ni entendu les allers et retours des deux personnes qui maintenant s’affairaient à son chevet.

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Ewaele
[Première nuit suivant les combats de Poitiers la cruelle…]

On lui avait fait boire un liquide chaud et immonde, aidée à se défaire de sa carapace de guerre, on lui avait brossé les cheveux, lavé le corps… Mais qui ? Elle aurait été bien en mal de le dire. Elle ne se souvenait pas de grand-chose à part du mal qui la rongeait. Elle avait l’impression de devenir folle d’avoir perdu la moitié d’elle-même, elle se sentait vide… Si vide. Elle avait froid ! Ses souvenirs remontait à ce moment sous cette tente où sa senestre était contre elle, cette main sur ses côtes, le reste elle l’avait occulté… Elle ne comprenait pas, elle souffrait mais n’arrivait pas à savoir pourquoi une douleur la dévorait de la sorte. Son cerveau ne fonctionnait plus, comme s’il n’était plus irrigué. On l’avait aidé à se coucher et ses yeux s’étaient fermés…

[Rêves ou cauchemars ?]

Dans le ciel d'un noir d'encre virevoltait un oiseau. Les ailes largement étendues, il tournoyait autour de la lune, ses ailes d'un blanc immaculé scintillant dans la lumière de l'astre argenté. Porté par un courant invisible, il planait sans effort, glissait dans le noir pur de cette nuit sans étoile.

Ewa regardait l'oiseau. Elle n'avait pas conscience de son propre corps, elle ne savait pas si elle était assise ou couchée, mais elle voyait l'oiseau et c'était tout ce qui comptait. Elle observait son ballet aérien de loin, mais il lui semblait y prendre part en quelque sorte. Elle avait l'impression de sentir la lumière de la lune sur ses ailes, d'entendre le scintillement des étoiles invisibles, elle se sentait plus légère qu'une plume.

Et soudain elle était l'oiseau. Elle était sa buse blanche, se mouvant dans l'air glacé de la nuit. Elle battit deux fois de ses longues ailes immaculées, comme pour expérimenter son nouveau corps. Elle était sereine. Elle n'avait pas peur, comme dans ces rêves où l'inconcevable paraît naturel.
Elle ralentissait. La brise fraîche qui la portait était tombée, et une sorte de chaleur l'enveloppait à présent. Elle s'infiltrait sous ses plumes, alourdissant ses mouvements. La lune disparut, voilée par un masque brumeux. Une sorte d'étrange lumière diffuse, bleutée, se mit à flotter tout autour de l’oiseau. Elle se sentait portée par un courant différent, puissant et lourd à la fois. Chaque battement d'ailes était dur mais l'emmenait bien plus loin, bien plus haut. La lumière bleue s'intensifiait vers le haut.

La rousse dans l’oiseau monta, monta encore. Tout en bas, une masse informe, l’ennemi, affamés de bas instincts. En ligne et bien rangé, enfants de haine, par leurs affreuses obscénités et illuminés d’une foi inexistante. Elle se voyait elle sur ce champ de bataille. Elle portait un casque à peine forgé, il cachait ses longs cheveux roux. Une cotte de mailles lui serrait la poitrine, elle étouffait. Celle-ci était recouverte de son armure de cuir…

Elle claquait sa claymore aux glaives des guerriers. Elle exhortait à la charge, les cavaliers les fouettaient, les chevaux haletaient, partaient-ils à leurs pertes ?


[Réalité…]

Elle avait mal au crâne, on lui faisait boire en plusieurs fois un truc visqueux. Sa gorge lui grattait et elle cracha manquant s’étouffer. On lui essuya les quelques gouttes suspendues à ses lèvres gercées.

[Retour dans les limbes obscurs]

Une pluie de sang et d’agonies avait déjà souillé le recoin de paradis. Armée d’une épée et d’un bouclier, prête à une mort violente. Elle fonçait dans le tas sans savoir qui était qui, elle ne voyait que des squelettes infernaux qui s’étripaient et s’extirpaient. Une tâche de pourpre vint salir son visage fébrile. Elle essuya à plusieurs reprises ses yeux qui avaient été éclaboussés par le fluide sanguinaire. Devant elle, une montagne de cadavres qui ne faisait qu’augmenter. Et c’est dans un éclair de lucidité qu’elle vit ce qui lui avait giclé au visage… Une lame métallisée avait découpé le larynx de sa senestre, l’effluve de sang qui en ressortait, abîmait la hache de celui qui avait choisi d’être son bourreau. Elle détourna les yeux…

L’oiseau reprit de la hauteur pour d’un coup se laisser planer, essayant d’effacer toute trace de ce qu’il venait de se passer, comme si elle essayait à travers lui d’oublier… Sans s’en rendre compte il se retrouva pris au piège dans un tourbillon… Il tombait, tombait, ne pouvant pas battre des ailes… Elle tombait, tombait, sortant de ses visions nocturnes sans queue ni tête, qui ne faisait que trahir sa peur… La mort de l’homme qu’elle chérissait.


[Réalité…]

Un sursaut, elle se réveillait, sa tête tournait. Elle vomit, on lui maintenait la tête… Elle entendait partout autour d’elle des murmures, elle ne désirait qu’une chose tomber dans les limbes de ses désirs oubliés… Mais apparemment on en avait décidé autrement pour elle, en proie à une crise post-traumatique, de bonnes âmes avaient pris le contrôle sur son corps et son esprit…

[Plus tard…]

Le jour s’était levé et avec elle, une rousse au visage blanchâtre aux gestes mécaniques… On pouvait lire sur ses traits la nuit agitée qu’elle avait vécue, on pouvait lire dans ses yeux les tourments qui l’habitaient. Mais elle était debout, de retour parmi ses frères et sœurs… Elle n’avait plus parlé depuis son hurlement, aucun son n’était sorti d’entre ses lèvres. Elle tenait dans sa main un vélin, d’un pas lourd elle s’était rendue auprès du responsable de la fauconnerie voulant envoyer sa buse blanche en mission. Elle ne la laissait plus voler librement depuis que la guerre faisait rage, de crainte de la perdre. Mais là, elle n’avait pas le choix, elle avait un devoir à accomplir, même si ce dernier lui coûtait plus que sa propre vie…

Citation:
Marie,

Je n’aurai jamais les bons mots pour te dire ce qui va suivre et j’espère que tu me pardonneras d’être le porteur de ses nouvelles…
Lors du combat devant la ville de Poitiers, nous avons eu des pertes, Walan a été blessé mais de ce que j’ai pu en voir, avant qu’on ne quitte le campement, cela pouvait aller. Une de ses jambes a été touchée, mais pour être honnête je ne me souviens plus de laquelle. Je pense qu’il te donnera des nouvelles dès qu’il le pourra. Si je ne me souviens pas des détails ce n’est pas par manque d’intérêt à l’homme que tu aimes, mais plus parce que… J’ai failli… Je n’ai pas su être la dextre de celui qui est ton frère. Je ne sais pas où est Enguerrand, je ne l’ai pas retrouvé, je l’ai abandonné… J’ai fouillé le champ de bataille dans le temps qui m’était imparti, mais rien… Il n’est pas revenu parmi nous avant notre départ, je n’ai pas non plus retrouvé son corps… Je ne sais pas ce qu’il est advenu de lui Marie…

Excuse-moi…

Ewa.


Le vélin était souillé de ratures et de larmes, il était froissé, mais elle n’aurait pas pu faire mieux de toute façon… Elle accrocha tant bien que mal sa missive à la patte de son oiseau, puis ayant habillé son bras de son long gant de cuir, l’invita à venir s’y poser… Dans un mouvement vers le ciel, elle l’aida à prendre son envol. La buse ne se fit pas prier et dans un sifflement disparu dans les airs…
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Thargall
Les armées Ponantaises avaient déjà pris le large, laissant leurs blessés auprès des médicastres qui avaient pour mission de les remettre sur pieds au plus vite… Heureusement après les hurlements de la bataille, il n’y avait eu que très peu de blessés graves dans leurs rangs…

Au matin, avant leur départ pour la capitale poitevine, Gall c’était aventuré sous la tente où étaient prodigués les soins, pris comme volontaire il, avait apporté plusieurs dizaines de couvertures, le froid commençait à être cinglant. Il c’était réveillé eu matin avec le bout des doigts gelés, malgré le fait qu’il avait passé la nuit auprès de sa douce, elle blottie dans ces bras …
Il avait profité de sa présence ici, pour donner les dernières informations qu’il avait reçu aux blessés, histoire de les rassurer… il n’était qu’un simple soldat, mais il savait combien il était important de savoir que nos blessure n’avaient pas été vaines… d’ailleurs les Royalistes qui avaient élus campement au pieds des murailles de la Capitale Poitevine commençaient déjà à lever le campement d’après leurs éclaireurs.

Cette nuit ils reprendraient leur chasse aux lapins…


[Les Marais, Les moustiques… les Lapins]


La nuit arrive, les chariots sont déjà prêts, vêtements chauds sur le dos, il faisait plus frais encore chaque soirs.
La colonne se met enfin en marche, sous le couvert de la nuit, sous le silence, on aurait pu dire qu’un tremblement de terre se mettait en marche, les centaines de soldats Ponantais marchaient tel un seul homme à travers les marais, les chemises et les bottes étaient humides et lourdes, une humidité oppressante qui pouvait jouer sur le moral des troupes…
Et ça ne manquait pas de parler, les soldats parlaient parfois de rentrer chez eux, Gall lui tentait de les convaincre de rester, ils combattaient pour une cause commune. Pas pour l’attrait de l’argent ou même la gloire, ils combattaient la mégalomanie d’une Reyne qui envoyait ces troupes mettre à feux et a sangs ces sujets, il était temps d’y mettre fin…

Les discussions allaient bon train et ce n’était pas pour motiver les troupes qui étaient impliquées dans la guerre depuis plusieurs longs mois, Gall le savait ce n’était pas bon de mêler la fatigue a un moral en baisse. Ainsi le soldat de la légion commença à entonner un chant qu’il connaissait, et qui correspondait bien à l’armée dans laquelle il s’était engagé… bientôt quelques soldats reprenaient le chant.






La légion marche vers le front
En chantant nous vaincrons
Héritiers de ses traditions
Nous aussi nous marchons.


Nous sommes les hommes des troupes d'assaut,
Soldats de la Légion des Ombres,
Demain brandissant nos Drapeaux
En vainqueurs nous défilerons.

Nous n'avons pas seulement des armes,
Mais Sainte Boulasse marche avec nous
Ha, ha, ha, ha, ha, ha.
Car nos aînés de la Légion
Se battent là-bas, nous emboitons le pas.

Pour ce destin de chevalier,
Honneur, fidélité,
Nous sommes fiers d'appartenir
A ceux qui vont mourir.

Nous sommes les hommes des troupes d'assaut,
Soldats de la Légion des Ombres,
Demain brandissant nos Drapeaux
En vainqueurs nous défilerons.

Nous n'avons pas seulement des armes,
Mais Sainte Boulasse marche avec nous
Ha, ha, ha, ha, ha, ha.
Car nos aînés de la Légion
Se battent là-bas, nous emboitons le pas.

Fidélité est notre loi,
Lutter pour notre foi,
Notre fierté de chevalier
Notre honneur de soldat.

Nous sommes les hommes des troupes d'assaut,
Soldats de la Légion des Ombres,
Demain brandissant nos Drapeaux
En vainqueurs nous défilerons.

Nous n'avons pas seulement des armes,
Mais Sainte Boulasse marche avec nous
Ha, ha, ha, ha, ha, ha.
Car nos aînés de la Légion
Se battent là-bas, nous emboitons le pas.




Les voix des soldats résonnaient dans les Marais, et ainsi le désespoir, la lassitude disparaissait le temps d’un chant, un moment de fraternité et de respect. Ca mettait du baume au cœur, On entendait au loin résonner les voix des soldats des autres armées qui entamaient chansons militaires et chansons à boire. Le froids était d’un coup plus facile à supporter, les piqures de moustiques passait maintenant inaperçu et les sangsues semblaient maintenant de biens petits parasites face aux royalistes qui souillaient les terres du Ponant à travers tous les royaumes.

Soudain leur vision était plus claire, la plaine s’étendait devant eux … La Grande Cité, Poitiers la rebelle s’élevait face aux soldats. Sur les remparts flottaient encore les étendards de leurs alliés, et aucun campement au service de Nebissa en vue… sur les lieux, on pouvait voir les feux de camps fraichement éteints, les trace encore fraiches des troupes royalistes qui les avaient devancés…

Pas le temps à perdre, les colonnes ne camperaient pas aux abords de la ville pour le moment, ils chasseraient les lapins couronnés, quelques armées renforceraient la Capitale Poitevine, les autres continueraient la route …

Diantre, c’était repartis pour les moustiques, les sangsues et le froids, pressant le pas, il tenteraient de rattraper l’ennemi….





original tiré du chant de la légion étrangère: "La légion marche vers le front"

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Mariealice
[Chinon, quelques jours plus tard...]

Marie, toujours coincée en Touraine depuis sa dernière blessure, commençait à tourner comme un lion en cage. Elle avait appris pour Walan avant même la lettre d'Ewaele mais la lecture de celle-ci l'avait anéanti. Oh, cela ne s'était pas vu de prime abord et pourtant il y avait du monde autour d'elle vu qu'elle avait enfin eu l'autorisation de sortir et de se rendre en taverne. Elle avait appris depuis le temps le temps à masquer certaines choses mais elle avait quand même pâli et s'était retrouvée à boire cul sec deux verres d'un alcool du sud dont elle n'avait pas retenu le nom.

Plus tard Ewaele et elle se croiseraient, la première ayant perdu, temporairement ou pas, la possibilité de parler, la seconde refusant farouchement de croire que son dernier frère pouvait être mort. Il était sans doute blessé, peut-être prisonnier ou amnésique, ou autre chose encore mais pas mort. Et quiconque essayerait de lui dire qu'il valait mieux envisager le pire verrait alors ce que son prénom d'origine, Aella, pouvait signifier.

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Enguerrand_de_lazare
Longtemps sa vie n’avait tenu qu’à mince fil l’empêchant de définitivement sombrer dans le royaume des morts. Ce lien ténu et dérisoire avec mille fois menacé de se rompre définitivement, balloté et tiraillé qu’il était par les forces adverses luttant dans le corps et l’esprit du chevalier terrassé.

Les soins prodigués par celui qui l’avait recueilli avaient cependant peu à peu réussi à soigner ses profondes blessures. La respiration s’était lentement faite plus profonde. La peau de son corps, de prime parcheminée, comme rendue presque invisible et aussi fragile qu’une feuille d’automne reprenait peu à peu couleur.
Les plaies béantes commençaient lentement à cicatriser et par chance nulle infection n’avait réussi à prendre place dans les chairs meurtries.

Son soigneur avait passé, avec l’aide de sa compagne, nuits et jours à veiller son corps malade et affaibli. Ils n’avaient cessé de lui apporter réconfort, assistance et bienveillante attention, usant de tout leur art et de toutes leurs connaissances pour tenter de sauver celui qui était tombé.

Au cours de la troisième nuit de convalescence, le chevalier avait pu brièvement ouvrir les yeux. Il n’avait réussi qu’à péniblement discerner une silhouette floue et ondulante penchée à son chevet. Quelques mots réussirent à franchir la barrière de ses lèvres desséchées, sa bouche meurtrie ne laissant filtrer que quelques mots à peine audibles.


Licorne. Marie Alice. Ewaële.

Ces trois mots là furent les seuls audibles, le reste des paroles étant noyé dans des gémissements de douleur.
L’homme s’était alors retourné vers la femme qui partageait sa vie : sa condition l’avait conduit à recueillir cet homme là, retrouvé à moitié mort sur le champ de bataille non loin d'ici. Peut être était ce pour se racheter de quelque ancien et douloureux pêché ? Ou bien simple pitié d’une âme somme toute restée humaine et honnête ?

Car il avait été en un temps aussi lointain que reculé l’un de ceux que l’on disait chargés de mener le troupeau à bon port, insufflant les paroles divines à ses ouailles rassemblées, guidant le pêcheur comme l’âme en peine, rassurant celui qui doutait, morigénant celui qui avait fauté. Il avait été, en ces années perdues, curé d’une paroisse quelque part plus loin, dans le sud de ce Royaume de France.

Mais le destin et ses choix cruels avaient décidé de lui faire quitter ce droit chemin pour lequel il semblait de prime avoir été créé. L’appât de gains rapides lui avait fait vendre quelques messes et dérober objets précieux en l’église où il officiait. Dénoncé par l’une ou l’autre de ces charitables et bien pensantes âmes, il avait été exclu de cet Ordre auquel il avait juré de tout donner, et s’était retrouvé bien malgré lui amené à habiter cette modeste demeure perdue en la foret entourant la cité de Poitiers.

Ayant pris compagne, tant pour réchauffer sa couche que pour lui prêter main forte dans la culture des quelques maigres terres qu’il avait réussi à exploiter, il tentait tant bien que mal de survivre en ces années cruelles pour qui n’a que tout juste le gite et le couvert. Lui qui auparavant arborait forte trogne et visage rubicond n’était plus qu’une lame acérée au corps affaiblis par la faim.

Et c’est donc le cœur meurtri et l’estomac vide qu’il s’était résolu à aller arpenter ce tout proche champ de bataille, promesse de quelque meilleure pitance. Et c’est là, alors qu’il venait de détrousser un malheureux, pétri de honte et de remords, qu’il avait fait la rencontre de ce chevalier dans le besoin, profondément blessé, et sur le point de se faire détrousser et, se peut, occire.

Il avait alors fait promesse de lui porter secours, tentant peut être par là de racheter son âme qui, il s’en doutait, ne vaudrait à cette heure plus que fort peu lors du jugement divin.

Le chevalier ayant ressombré dans cette semi inconscience qui était son lot quotidien depuis son arrivée dans la masure, le couple s’était mis en demeure de retrouver la trace de celles qui avaient été par lui nommées.
La recherche ne fut pas aisée tant les routes et chemins de cette partie du Royaume étaient emplis de dangers, troupe arpentant les terres dévastées, maraudeurs pillant sans vergogne, chaque pas était autant de pièges au voyageur offerts.

Mais à force de questionnement, de recherche, d’obstination, la trace fut enfin retrouvée, et une lettre cachetée fut expédiée à celles qui, peut être, pourraient apporter leur aide au souffrant et, qui sait, lui donner enfin un nom.

Le couple alors, s’attelant avec plus de force et d’entrain encore, s’était remis à sa tâche, prodiguant les mille soins qu’un blessé demandait, attendant avec espoir réponse à leurs missives.

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