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[RP] T'es malade? Une saignée !

Marineblanche
Il fait froid, très froid.
Un hénissement de cheval.
Des pas qui approchent.
Une ombre terrifiante.
Il faut fuir.
Fuir.
L'ombre se rapproche....


Marine Blanche sursaute, le visage en sueur. La respiration est saccadée et le coeur tambourine dans son coeur. Elle regarde autour d'elle. Ce n'est qu'un cauchemars. Elle ramène sa couverture vers ses épaules en regardant Marc qu'elle n"a pas réveillé, fort heureusemsent. La gamine se dépêche d'ouvrir sa bouteille de calva et boit une grosse gorgée afin d'assouvir cette soif qui tiraillait sa gorge. Lentement, elle s'essuit la bouche à l'aide de sa manche.

La môme n'a pas besoin de poser sa main sur son front pour savoir si elle a encore de la fièvre ou non car elle a chaud, beaucoup trop. Cela fait plusieurs jours qu'elle est malade. Encore mais ce coup-ci la fièvre ne semble pas vouloir passer malgré les tisanes de Kay et ses courts repos. Pire encore, elle avait maigri. Si elle n'était pas en taverne en train de roupiller, elle était sous des couvertures en délirant presque ou en dormant. Ni Kay ni Marc ne savaient comment la soigner. Ce n'est que la veille que la Deswaard a parlé de la saignée.
Marine Blanche en avait entendu parlé, bien évidemment. Bien des médecins utilisent cette technique pour tout et n'importe quoi. Et sur n'importe qui. Des hommes, des femmes, des nourrissons, des vieillards, des femmes enceintes et même sur des soldats blessés sur le champs de bataille. Elle avait même odit que les moines en bonne santé se saignaient quatre fois par an.

La gamine est anxieuse car elle sait qu'elle peut y passer mais pas seulement. La femme qui va la soigner à l'aide de la saignée est Quiou Deswaard de Noldor. Marine Blanche en a peur quelque part même si elle préfère dire grâce à Kay qu'elle se méfie d'elle. Cette femme est trop imprévisible et trop terrifiante. Bref, la môme est rassurée que Kay vienne avec elle.

Marine Blanche se lève difficilement, essayant de garder les yeux ouverts afin d'éviter qu'elle sombre de nouveau dans un sommeil agité. Elle attrape sa besace où de la viande est conservé dans du sel avant de se diriger vers un petit lac lentement avec Roxy, son chien, qui la suit. Elle prend une grosse respiration en regardant l'eau. Peur de tomber dedans. Peur de se noyer. Peur que des "monstres" la piquent ou autre. Elle plonge la viande d'un coup dans l'eau avant de la ressortir en vitesse. C'est cru qu'elle mange cette viande pour prendre des forces pour la saignée. Elle relève ses manches afin d'observer ses bras. Vraiment sales. Un soupir. Faudrait peut-être qu'elle pense à les laver avant que la Deswaard lui fiche un coup de pieds aux fesses pour qu'elle aille se les laver. Elle plonge rapidement un bras puis l'autre. Elle les frotte avant de s'adosser contre un arbre pour que les frissons se calment. Le chien remue la queue en la regardant et elle le caresse doucement.

Elle se relève pour se diriger vers son abri improvisé où dort Marc et laisse Roxy se coucher sur lui.Un regard vers son stylet, hésitante. Finalement, elle décide de ne pas le prendre. Kay sera là donc elle ne risque rien. D'ailleurs, hors de question qu'elle aille dans la tente de Quiou sans elle. C'est les yeux cernés qu'elle se rapproche de la femme.


Zour Kay...Ca ne va pas du tout...On y va...?

Pas besoin de préciser.
Elle est au courant.
D'habitude, la gamine aurait sautillé et aurait demandé comment elle va mais elle ne va pas bien du tout. La fièvre est un peu plus forte, tellement que la Marine Blanche semble avoir aucune force. Ses yeux sont rougies.

La totale, quoi.

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Quiou
Il existe des soirées productives, constructives. Ce fut le cas, pour exemple, en ce qui concerne ce qui a bien pu se dérouler hier, en cette nuitée clairsemée, animée par une demande assurément amusante, trépidante pour une Teigneuse invétérée.

Point de grande révolution, guère d’agréable révélation, uniquement une petiote au mal bien ancré, ne mandant qu’un peu d’aide pour évacuer un excès d’humeur malavisé.
Réponse de la Deswaard intéressée et à la générosité qu’il ne faut plus prouver : une saignée !

Elle n’en avait nullement dormi de la nuit, du fait de la route à effectuer, premièrement, mais également à cause de ce trop plein d’énergie qui s’était emparé d’elle suite au déroulement bienveillant d’une annonce chaleureuse à souhait.

Ainsi, présentement engoncée en une riche vêture obombrée, vent matinal, froid et automnal venant animer sa chevelure préalablement torsadée, la Misanthrope, être controversé, grogne, non pas pour évacuer une colère sous-jacente, mais bien pour faire ressortir une joie latente.
Sentinelle de fer, elle garde l’ouverture de la tente qui lui est réservée, patientant après l’arrivée de la môme malade et désœuvrée.

La voila.

Juvénile proie que l’on mène à la potence, savamment escortée par une mercenaire fort peu enjouée. La petite condamnée se dirige, doucement, pesamment, non sans réticence, jusqu’à se présenter face au bourreau possédant un masque de neutralité calfeutré : la Terreur incarnée.
Quelle image mirifique et assurément des plus magnifiques pour qui assiste à la scène.


Il n’était que temps, j’ai failli patienter.

Et la Deswaard d’ouvrir la tenture, comme pour inviter ses hôtes à pénétrer en son antre dépravé, antérieurement préparé pour accueillir les événements de cette matinée. Y trônait dans un coin, un Galéran, présentement occupé à réchauffer un quelconque liquide éclairé, de l’eau, très nécessairement, au dessus d’un brasero décati, ayant beaucoup trop servi. Au centre, un semblant de couche, prête à être utilisée. De l’autre côté, une Damoiselle de Compagnie, pas plus âgée que la prochaine victime des méfaits de la Vicomtesse controversée.

Cette dernière, perpétuellement flegmatique à souhait, soupèse l’atmosphère, nez retroussé. Les gants, noirs, sans espoir, sont enlevés. Les manches, sombres, sont retroussées. Et, sans s’occuper l’ombre d’un instant de ses deux invitées, la voila qui trempe brièvement ses mains pâles, glaciales, en un broc d’eau prévu à cet effet. Sur la même tablée, au milieu de quelques piles de vélins chamarrés, se trouve un coffret, que la Deswaard s’attarde prestement à ouvrir, sans coup férir.
Le contenu, sanglant, laisse percevoir un poignard à la lame effilée, acteur même de nuits mouvementées. La Deswaard s’en saisi, aussi rapide qu’un animal aguerri, puis se retourne pour mieux faire face aux damoiselles.


Entamons les hostilités, si vous le voulez bien.
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Kayhan
[Vers l’abri de fortune des mioches]

Les gamins, c'est sur terre pour vous pourrir l'existence.

Voilà ce que pensait Kay habituellement sur le sujet. Si elle adorait Marine, à son grand dam elle devait l'admettre, ces derniers jours elle se disait plutôt que les gamins, c'est sur terre pour vous causer du souci. La p'tiote était malade, c'était évident. Des jours qu'elle promenait une mine de déterrée, alternant sueurs et tremblements. Les herbes infusées n'y faisaient rien. Les grogs non plus. Et les conditions de vie au campement, rudes en cette cette saison où on regarde arriver l'hiver, n'arrangeaient pas la mioche. On mangeait mal. On commençait à se peler les miches sous les tentes. L'hygiène était... Oui bon ça, tant l'une que l'autre ne faisaient pas de leur hygiène une priorité de toute façon en temps normal, donc...

La veille, dame Quiou, banquise ambulante que découvrait peu à peu Kay au fil du voyage, avait alors suggéré l'unique solution en vogue : la saignée. Promptement, la brunette avait opiné du chef. La saignée, c'est bon pour tout, c'est notoire. Aussi rapidement, elle avait commencé à se faire des cheveux, la brune : la dame semblait aimer un peu trop l'idée de saigner la mioche. Un goût prononcé pour les sévices corporelles, à n'en pas douter, concernant cette femme dont Kay avait compris au hasard des conversations qu'elle collectionnait les pouces.

Aussi, elle avait indiqué la veille à Marine qu'elle la veillerait pendant l'opération, et à dame Quiou que, quitte à calancher aussi, elles seraient trois à trépasser dans sa tente si la morveuse venait à claquer. Pas que ça l'amuse, à la brunette, mais elle avait promis de veiller à ce que Marine survive au périple, de préférence en en revenant dans le même état que lors de son départ de Bourges.

Un coup d'oeil au visage de la môme quand elle lui demande si on peut enfin y aller. Pas un mot de la brune. Visiblement, elle a pas le temps. Une main sur l'épaule de Marine, elle la conduit à la tente du dragon des glaces plus communément appelé dame Quiou.



[Tente de Quiou Deswaard de Noldor]

Kay paye rien qu'avec la gueule qu'elle affiche. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'est pas ravie d'être là. L'accueil est glacial, normal donc. L'ambiance est pesante. Et le cadre... le cadre est juste flippant. Pas le temps de saluer. On a visiblement affaire à une Quiou pressée. Déjà elle se prépare, devant une Kay muette, qui ne la lâche pas du regard, comme elle ne lâchera plus du regard le poignard dont se saisit la dame avec une célérité qui montre l'habitude. Instinctivement, la brune porte la main au pommeau de son fauchon, et se ravise, gênée.

M'erde... murmure Kay, entendant l'invitation à commencer la boucherie, et se disant que si le serpent dérape en saignant la môme, elle l'aura pas facile à l’estourbir.
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Marineblanche
Kay est silencieuse mais quand il faut y aller, il faut y aller.

Plus les pas avancent vers la tente de la Deswaard et plus, une boule prend place dans l'estomac de la gamine. Silencieuse, elle prie que la femme ait changé d'avis. Elle pourrait faire demi-tour et fuir mais elle ne veut pas. Question de fierté, même si au fond elle a peur, très peur. La môme craint que Quiou ne soit pas douce avec elle et qu'elle lui fasse très mal. Combien de fois la gamine a chuté et a pu voir naître un sourire en coin des lèvres de la Deswaard?

Peu importe, la petite fille se laisse guider par Kayhan. Ses yeux sont rivés sur le sol, pensive. Combien de fois elle a cotoyé la mort de près? Dans la rue? Dans sa vie d'avant? Pendant la guerre? Pourtant, elle avait toujours survécu. Pourquoi pas cette fois-ci? La femme ne la tuerait pas, elle en est certaine car il serait risqué qu'elle s'attire les foudres d'Eusaias mais est-ce qu'elle va hésiter à la faire souffrir? Marine Blanche aurait tendance à dire non.

Prise de frissons, la môme relève la tête pour apercevoir Quiou. Ainsi donc, elle n'a pas changé d'avis. Cela aurait été trop beau pour être vrai mais en même temps qu'est-ce qui est le plus important? Souffrir comme elle a toujours souffert et vivre ou rester avec sa fièvre et finir par mourir d'épuisement? La saignée, soit ça passe, soit ça casse. C'est un risque qu'elle veut prendre. La gamine regarde la Deswaard pour chercher quelque chose de rassurant ou quelque chose d'autre qui lui donnerait une bonne raison de fuir mais rien. Un visage neutre. Un visage qui la terrifie. La mioche ralentit le pas.


Chiabrena...L'a pas changé d'avis...Elle va m'charcuter la vieille...

Marine Blanche déglutit. Elle espère qu'elle n'a pas parlé trop fort car celle qui va avoir droit à la saignée, c'est elle.

Finalement, elle arrive au niveau de la femme. Terrifiée. C'est le mot. Réflexion de Quiou mais la gamine ne relève pas, ce qui n'est bien évidemment pas dans son habitude mais elle veut éviter de trop l'énerver, de lui donner une raison de lui provoquer plus de douleur. Marine Blanche rentre dans la tente, observant tout ce qui l'entoure. Le cadre est angoissant. Elle finit par poser ses yeux vers la Deswaard qui semble se préparer.

La gamine ouvre de gros yeux quand Quiou leur fait face avec le poignard à la lame éffilée avec une réplique des plus effrayantes. La petite fille semble, pendant un court instant, être prise de tétanie. Elle n'est pas une couarde. D'autres personnes sont passées par là, certaines sont mortes, d'autres sont en pleine santé. Elle prends une grande inspiration avant de retrousser ses manches pour laisser apercevoir ses petits bras maigres. Les deux car de toute façon, c'est la Deswaard qui va choisir le bras?

Un regard vers la couche. Silencieuse, elle va s'y coucher. Les bras sont posés le long du corps. Elle prend une grande respiration pour ne pas changer avant de regarder Quiou.


M'faites pas trop mal, hein...?

Elle se mordille les lèvres, nerveuse. Pourquoi est-ce qu'elle a sorti ça? La peur? Une petite once d'espoir? Elle n'en sait trop rien. D'un geste rapide de la main, elle sort sa médaille aristotélicienne pour la déposer sur sa poitrine. Geste anodin pour certains mais geste qui rassure la petite fille.

S'il vous plais...

Elle regarde Kay et esquisse un pâle sourire. Heureusement qu'elle est là.
Marine Blanche ferme les yeux, attendant que la Deswaard commence la saignée ou la torture...

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Alwenna
La veille, Alwenna dormait.
Ces temps ci fatiguée, préoccupée, elle était toujours un carnet à la main, fixait le papier, comme pour chercher l'inspiration, mais la main restait crispée.
Alors, elle rangeait.
Silencieuse, discrète, elle se faisait oublier, obéissait à la Deswaard, ne mangeait que peu, parlait rarement. Les journées se suivaient et se ressemblaient, pourtant en cette matinée, lorsque la Wolback se réveilla, on la pressa.
Il fallait s'occuper de faire des bandes de tissu, aider Galéran à préparer le cataplasme, et installer une couche au milieu de la tente. Habillée, coiffée, et rafraîchie, la Damoiselle de Compagnie s'affaira donc, réussissant à arracher au passage quelques informations, qui la menèrent à conclure qu'il s'agissait là d'une opération que l'enfant jugeait assez délicate. Cela concernait apparemment la rousse, qui ne tarda pas à arriver, accompagnée d'une brune rencontrée aussi en taverne, quelques fois.

Un sourire timide de la part de la jeune Bretonne les accueilla, et un regard avec une pointe de pitié se dirigea vers celle qui allait bientôt devoir subir la saignée.
Un, deux, trois pas en avant, la fillette se positionne aux côtés de Sa Sombritude.
Et elle se remet à observer.
Bête réflexe que celui ci, mais incontrôlable, tout doit être vérifié, chaque léger tremblement, chaque sueur perlant, tout est détaillé par les yeux sombres de la Montfort-Laval.

La malade s'allonge sur la couche, et plusieurs signes nerveux apparaissent, accompagnés d'une médaille aristotélicienne, ce qui laisse s'installer sur le visage pâle d'Alwenna un petit sourire amusé.
Un, deux, trois pas, elle s'accroupit auprès de Marine, et pose sa main droite sur son épaule, dans un geste réconfortant. Un nouveau sourire, différent, plus confiant, voulant transmettre de la force, se dessine, sourire qui se retrouve vite crispé, en se rendant compte que c'est la main sans pouce qui caresse machinalement le bras.
Les joues rouges, brusquement, le bras se retire, Lys se relève, et va vers Galéran, fixant le sol, patientant, prête.

Eh bien, qu'on la saigne !

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DTC, c'est classe.
Quiou
La proie, effroyablement affaiblie, inexorablement démunie, s’offrait à une Terreur flamande flegmatique à souhait, de quoi lui soutirer un grognement satisfait. Cela la changeait aisément de toutes ses quêtes et échauffourées, où l’on traquait, ombre parmi les ombres, la perle à trouver.

Ici, elle était allongée, offerte, presque inerte, prête à recevoir sa rossée : sa saignée.

Lame fuselée à la pointe élancée brandit avec une délicatesse, une fermeté toutes trouvées, la Deswaard toise ses deux invitées, tatillonne, soudain prise d’une subite envie de ne guère se précipiter, de laisser cette atmosphère pesante prendre un peu plus possession de l’espace libéré.

Enfin elle s’approche, elle s’accroche à sa façade de neutralité, pour le coup, pour ne guère révéler le maelstrom d’émotion qui, sans raison, nait en son giron.
Ainsi, manches retroussées, peaux d’ivoire révélées, les deux protagonistes de cette journée semble en la même situation, quoiqu’elle diffère, en vérité.

Dès lors, la Noldor s’adonne-t-elle à son sport favori : ordonner en faisant fi des attentes agaçantes de son entourage, de son équipage.


Ligaturez lui le bras au plus haut, Kayhan, et veillez à ce qu'elle ne bouge pas. Quant à vous, Alwenna, de la lumière, vérole…DE LA LUMIERE !

Les choses faites, la Misanthrope se saisit finalement à l’aide de sa funeste sénestre, non sans avidité, du bras gracile de la condamnée.
Tel un carcan qui assujetti sans le moindre compromis, les fins doigts aguerris de la Deswaard accomplie se referment et enserrent la juvénile chair, étalant ainsi l’emprise, la mainmise de « Sa Sombritude », comme à son habitude.

Et, sans même prendre connaissance des suppliques désœuvrées de la petite sauvageonne, la voila, qui yeux pétillants, enfonce lentement la pointe du poignard…

Première goutte de sang.

Mais la Teigneuse leur avait-elle dit, à tous, qu’elle n’avait jamais pratiqué de saignée et qu’elle n’y assistait, sur les champs de guerre, en les conflits armés, uniquement pour se satisfaire du liquide carminé qui y coulé avec une abondance assurée ?

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Kayhan
Elle a l'impression d'avoir emmené la mioche en offrande à quelque sombre déesse des anciens temps, la mercenaire. Et ça ne lui plait guère, elle qui se retrouve à la fois dans le rôle de commis d'un bourreau et de vigilante. Veiller à la santé de Marine lui impose pourtant ce compromis. Les compromis sont pas sa tisane.

Bordel cette môme m'en aura fait voir... souffle la brune échevelée qui n'arrive pas à se départir de sa gueule des sales jours.

Mais elle va obéir. Pour une fois sans broncher, ni renâcler. La Noldor n'est de toute façon visiblement pas du genre à s'interrompre pour un coup de gueule. La mercenaire ne craint pas la vue du sang. Elle traverse les guerres ces derniers temps au point d'avoir l'impression de n'en connaître qu'une seule. Changer de patron, de camp, lui importe peu. Elle défait donc sa ceinture pour garrotter bien haut le bras de l'enfant qui fut aussi il y a peu sa compagne d'épée, et serre le cuir autant qu'elle le peut sur cette allumette d'albâtre que semble être aujourd'hui le bras de Marine. L'idée de faire mal à la môme la répugne. Elle n'arrive pas même à la talocher quand pourtant elle le mérite bien. Quand elle l'ouvre trop. Quand elle déconne. Quand elle la fout dans la mouïse.

Elle souffle un peu, toujours raide dans ses bottes. Fugacement, encore une fois, la jeune mercenaire se dit qu'elle vieillit. Et mal, visiblement. Demain Marine peut tomber connement au combat. S'attacher n'est de toute façon pas une bonne idée. Et ses deux mains de se poser fermement à plat sur le thorax de l'enfant. Elle cherche à capter à nouveau le regard de Marine. Elle dissimule son inquiétude derrière un masque qu'elle veut vide d'émotion.

La môme, surtout tu n'te débats pas quoi qu'il arrive. Ça va aller.

Elle réprime une grimace. Les promesses comme celles-ci sont dangereuses, car elle ne dépendent pas d'elle, au final, et elle le sait trop bien. Son regard coule vers le sang qui commence à perler. Un grenat qui roule sur son lit d'argent. Son regard glisse ensuite vers Quiou. Les mots qui sortent sont francs. Le timbre reste neutre. Il ne s'agit pas d'une menace, ni d'un reproche. Pour la brune il s'agit juste d'une évidence.

Sans offense dame. J'vous l'rappelle juste au passage : la p'tiote doit y survivre. Ou alors aucune d'entre nous dans cette tente n'sra en vie demain pour regretter, sans doute.

Regretter quoi ? Et dans sa tête, la brune finit sa phrase :
Ni Marine pour regretter son choix,
Ni elle-même pour regretter de ne pas avoir réussi à la protéger,
Ni dame Quiou pour regretter d'avoir foiré sa saignée.


A n'en pas douter, la mort de l'une, accidentelle ou pas, conduirait les deux autres à s'écharper. Tout simplement.

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Marineblanche
Marine Blanche essaye de se détendre en respirant et inspirant profondément mais elle sent quelqu'un s'approcher d'elle. Ses yeux s'ouvrent et elle regarde Alwenna. Elle esquisse un sourire, touchée par son geste mais d'un coup, la fille aussi jeune qu'elle se crispe. Pourquoi? La gamine ne comprends pas pourquoi mais elle a pu sentir la main à quatre doigts, le pouce manquant. Est-ce la Noldor qui a coupé le pouce de sa Dame de Compagnie? La gamine ouvre de gros yeux. L'angoisse monte un peu plus. Elle va souffrir, elle le sent. Doit-elle partir? Elle aurait tendance à se dire que oui mais elle serait bien incapable de se relever et de partir en courant. Incapable de se dire qu'elle a fuit.

Cruelle Dame Quiou.
Un visage neutre. Beaucoup plus terrifiant que si elle avait affiché un sourire sadique. Marine Blanche est soumise à une avancée vers l'inconnu. Mort, douleur, angoisse. Voilà les mots qui raisonnent dans sa tête mais elle reste allongée, offerte.

La Deswaard ordonne et tout le monde semble s'exécuter. La gamine ne grimace pas quand elle sent la ceinture se serrer contre son bras et ne bouge pas. Elle ne cesse de se dire que Kay est là pour la protéger et que si ça tourne mal, elle sera là aussi. Elle s'en veut, au fond d'elle, de faire subir tout ça à la mercenaire. Elle aimerait lui dire mais elle est bien trop lasse. La fièvre et l'angoisse lui bouffent son énergie. La femme pose ses deux mains sur le torax de la petite.
Elle lève son regard vers Kay. Ne pas se débattre quoi qu'il arrive?


'ci...

Marine Blanche finit par sourire à la femme qui semble être une lumière dans toute cette ombre.

La môme sent le poignard s'approcher et par réflexe, elle se tend. La lame s'enfonce lentement dans son bras et la petite fille ne peut s'empêcher de laisser échapper un son de sa bouche.
Son de douleur?
Son d'angoisse?
Les deux? Sans doute.


Kay....Ze t'en prie...

Je t'en prie de quoi?
De ne pas énerver la femme qui tient la lame.
Et...

De rester là quoiqu'il arrive...

Marine Blanche serre les dents. Elle ne veut pas pleurer ni laisser échapper un nouveau son. Elle veut être grande et forte mais sa détermination tombe vite à l'eau quand elle voit le regard de la Deswaard. Le corps juvénile se tend beaucoup plus, sentant son bras trembler malgré elle. Jambe qui se tend et vient se placer au dessus de l'autre comme pour l'emprisonner mais il ne s'agit que d'un réflexe.
Sa respiration se fait plus saccadé, la tension monte et le coeur bat la chamade, comme s'il voulait percer l'enveloppe corporelle pour fuir. Les gouttes de sueurs perlent le long du front de la petite fille et elle frissonne. Les sueurs sont froides. Pire. Elles sont glaciales.
La nausée fait son apparition, aussi.

La jeune vaurienne sait très bien que le reste va être beaucoup plus difficile.


Seigneur...Venez moi en aide... Z'ai pas gouté tous les macarons qui existent chez Ella Durée...Ni toutes les sucreries...Il reste encore pleins d'monde que ze n'ai pas embêté...Pis aussi vu la vie d'm'erde que z'ai eu zusqu'à présent, z'avez interêt à ce que ze vive longtemps et que ze puisse m'rattraper...
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Alwenna
Aux ordres de Quiou, Alwenna s’exécute, avec précision, douceur, et grâce, la petite s'envole de bougie en bougie, allumant chacune d'entre elles, les déposant dans chaque coin de la tente, et une au milieu. La pièce ainsi éclairée, sa tâche terminée, l'enfant se tient droite, légère, à la gauche de la Deswaard, qui s'empare alors du poignard. Les yeux fixent la lame qui s'approche dangereusement du bras, et au moment ou la peau est transpercée, la respiration est retenue, et aux premières gouttes de sang, les sombres pupilles de la Damoiselle de Compagnie s'affolent.
Geste devenu maintenant presque habituel, les mains sont marquées de cicatrices à cause de ces fourbes ongles qui s'enfoncent dans les paumes de la jeune Bretonne, deux gouttes carmin s'échappent, lentement, difficilement, avant de disparaître en s'écrasant comme une goutte de pluie sur le sol. Le sang attire le sang.*
La Montfort-Laval souffrait, elle enrageait, elle observait cette scène d'un air dégoûté, méprisant, effrayé, les émotions se suivaient et ne se ressemblaient pas. Elle essayait de déceler la joie intense que la Maîtresse des opérations pouvait ressentir, et cela l'énervait encore plus. Penser qu'elle n'était plus son jouet, imaginer que la Reyne Noire aimait torturer une autre enfant qu'elle, elle en devenait folle. Étrange idée que celle-ci, néanmoins fatale, la petite aurait pu se couper l'autre pouce pour avoir un regard rempli de cruauté, de sadisme, de la part de la Noldor.


Elle te vole ta place.

Soudainement, cette voix qui persiste à torturer l'esprit d'Alwenna apparaît, faisant tourner instinctivement la tête de la concernée, cherchant d'où pourrait provenir ces paroles, et croyant apercevoir une ombre dans le fond de la tente, la môme se mit à fixer l'endroit.

Tu l'as lassé. Tu es ennuyante. Tu ne vaux plus rien. Tu n'es plus rien.
Tu mens ...

Petit murmure imperceptible que voici, la brune fillette serre les dents.

Fais lui peur. Elle deviendra vulnérable. Plus qu'elle ne l'est déjà. Quiou s'en désintéressera totalement. Fais moi confiance.

Le doute prend place, Lys se dirige lentement, avec hésitation, vers l'autre gamine. S'accroupit à nouveau, et la fixe longuement, d'un regard vide, absent, puis au bout d'un moment, alors que de l'autre côté du corps se trouvent les deux femmes, la bouche rouge écarlate s'approche de l'oreille recouverte de la chevelure de feu. Les doigts fins, glacés, retirent les quelques mèches, et avant d'esquisser un sourire faux, avec une pointe de malice, et d'aller s'asseoir sur une chaise non loin de là, la Wolback chuchote, assez doucement pour que seule Marine puisse entendre.

Vaut mieux mourir couvert de sang que de mourir dans un lit couvert de pisse**, tu ne crois pas ? Cesse d'implorer le Seigneur de cette façon, alors.

*William Shakespeare.
**Randall Wallace.

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DTC, c'est classe.
Quiou
Suppliques.
Litanies.
Avertissements.
Gémissements.

Tout s’enchaine, désordonné, sans même une once de clarté pour cet esprit dérangé. Non, la Deswaard n’y fait nullement attention. En effet, elle a entendu, mais pas nécessairement écouté.
C’est qu’elle est toute entière dévouée à ce filin à l’écrin rougeâtre à souhait, ce liquide carminé suintant en provoquant une douce mélopée, ce vin incarnat enflammé, enivrant et à l’odeur amer à souhait qui s’écoule divinement bien de la plaie provoquée par son propre poignard effilé.

Obsédée. Peut être l’est-elle présentement. Peut être s’amuse-t-elle simplement.

Ainsi, la lame aguerrie s’enfonce-t-elle un peu plus en le bras de la juvénile meurtrie. Et la Teigneuse, toute concentrée, ne voit pas l’Inaltérée, sa Wolback de Montfort-Laval, accomplir son manège de décérébrée, de folle à lier, de schizophrène effrénée.
C’est que, vérole, si elle l’avait constaté, elle aurait tout bonnement cessé ses présentes et sanglantes activités pour pouvoir veiller à ce que la petite amputée, à grand renfort de piques déplacées, daigne bien lui octroyer une crise dont elle avait déjà été spectatrice une fois par le passé et dont elle passait son temps à vouloir à nouveau enclencher ce processus déchainé.

Qu’importe, elle détache enfin ses prunelles claires, de jade, glaciales, du sang versé, pour mieux toiser les traits épuisés de la malade désœuvrée. La souffrance, la décadence s’y lisent aisément, inexorablement.


Alwenna, glissez en-dessous du bras une bassine, un quelconque broc usagé, pour recueillir le sang versé. Je ne saurais apprécier de voir ma piètre habitation salie par tant d’agitation. D’autant que nous devons désormais patienter qu’elle daigne bien vouloir perdre connaissance pour enfin arrêter.

Elle. Devenue objet, jouet en les mains de la Misanthrope tentée.

L’annonce avait été donc faite, d’une voix éternellement fade, froide, et, par la même occasion, la Reyne Noire s’attendait aisément à avoir brusqué les attentes de la mercenaire tendue, perdue.
Mais atteindre l’état d’inconscience, l’état de choc n’était-ce pas la règle d’or d’une bonne saignée ?
Autant donc s’attarder à jouer le jeu jusqu’au bout, qu’importe le coût.

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Kayhan
Kay finit par lâcher la grimace qu'elle retient depuis que Marine s'est allongée sur cette paillasse quand la petite voix de la mioche s'élève doucement dans un début de prière, d'abord à son attention, puis envers le Très Haut. La petite dégustait, c'était évident. Mais même encore dans ces moments là, elle arrachait à la trogne de sa vigilante un sourire en coin, crispé et ébranlé à la foi.

Ouais Marine. T'auras encore de longues années pour nous faire tous dev'nir fols.

La brune ne trouve rien à dire de plus, ni de mieux, et détourne le regard de son visage pour reprendre quelque contenance, puis toise brièvement la jeune fille dont elle sait qu'elle officie en qualité de dame de compagnie du dragon des glaces. Une fille pas désagréable, bien qu'un peu réservée à son goût. Et qui s'approche de la p'tiote pour retirer quelques folles mèches de son front. Pas de souci de ce côté là. C'est même un soulagement pour elle, de voir que Marine aura au moins une personne dans cette tente qui ne sera pas occupée soit à la torturer, soit à la coincer sur une paillasse. Elle note ce qu'elle pense être un geste d'apaisement. Bien sûr, la brunette n'entend pas le murmure venimeux que la jeune bretonne glisse à l'oreille de Marine. Bien sûr, à son sens, le danger ne vient pas de cette petite bretonne si effacée quand elle la croise qu'elle pourrait la croire faite d'eau plus que de sang.

La suite du programme est balancé comme un coup de trique par la Noldor. La brune plisse le nez, elle se prépare à dégarrotter l'enfant, puis se fige, et tourne une bobine courroucée vers l’acariâtre froideur qui se tient à ses côtés. Ses noisettes s'assombrissent lors qu'elle dévisage Quiou. Marine doit perdre connaissance ? Elle n'avait pas envisagé que cet état d’inconscience soit nécessaire. Un état qui versera à coup certain du mauvais côté si la vie de Marine s'écoule par trop longtemps de son bras... Et Kay de laisser filer entre ses dents serrées un juron de première bourre, et sans lâcher la Noldor du regard :


Si ses yeux s'ferment. Ça ira. Pas un instant j'veux entendre qu'son souffle s'arrête, par contre.

Elle laisse dans ses mains se détendre la ceinture faisant office de garrot, et son regard se reporte sur le thorax de l'enfant, secoué par des saccades pour l'instant. Et elle compte, dans sa tête la mercenaire, les secondes qui s'égrainent. Putain qu'il lui tarde de décarrer de cette maudite tente avec Marine dans les bras. En vie. Ce serait juste parfait...

Edit "coquillette"
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Marineblanche
Marine Blanche sourit en entendant Kay. Sa voix la rassure un peu. Elle ferme les yeux en attendant que ça passe quand elle entend la voix de Alweena. Ses mots lui glacent le sang, d'un coup. Elle cherche à comprendre la signification. Est-ce gentil? Est-ce méchant? Elle n'en sait rien mais ce qu'elle comprends par dessus tout, c'est le mot " mourir". Elle ne veut pas mourir, pas maintenant. Elle serre les dents pour ne pas céder à une crise de panique qui commence à pointer le bout de son nez.

La gamine ne regarde pas le sang couler ni personne d'autre. Elle fixe un point au hasard pour tenter de se calmer. Il le faut. La lame s'enfonce un peu plus. La gosse laisse échapper de nouveau un cri suivi d'un chouinement. Elle a mal. Elle est fatiguée. Elle lutte contre la crise de panique qui risque d'être violente mais elle commence à s'affaiblir un peu plus. Sa jambe qui s'était tendue contre l'autre se détend, non sans quelques spasmes, elle finit par se poser sur le couche. Marine Blanche cligne des yeux, lasse. Elle sent que la ceinture qui serrait son bras s'enlève tout doucement, pour son plus grand soulagement. Perdre connaissance? Est-ce ce trou noir qui l'avait envahi une fois et qu'elle avait chuté au sol sans qu'elle rende compte? Le perte totale de son corps et de son âme?

Pourquoi est-ce qu'elle a peur? Peut-être que la jeune bretonne a raison? Qu'il vaut mieux mourir maintenant? Sa machoire se resserre. Elle ne doit pas mourir. Elle a toujours survécu jusqu'à présent et elle veut encore vivre. Elle a subi bien pire ce qu'elle vit actuellement. Des géniteurs qui ne l'aimaient pas. Un géniteur qui la battait et qui lui faisait faire toutes les corvées qui pouvaient exister. Si elle l'avait affronté et si elle avait fugué, c'était pour vivre.
La rue, il a fallu qu'elle se batte pour avoir un peu de ripailles et pour la conserver. Elle avait dû supporter ses adultes qui considéraient les enfants vauriens comme des nuisiblle.
Elle a même commis le pire pour se nourrir.
Elle a...

Tout ça pourquoi? Pour vivre.

Intérieurement, ses pensées ne cessent de répéter " Tu ne m'auras pas, Tu ne m'auras pas." Qui tu? La bretonne? La Noldor? Ou bien la Mort? Elle ne sait pas. Elle est perdue.

Pendant de longues minutes, elle agonise.
Son coeur s'accélère. La tention descend. Sa peau devient encore plus pâle qu'elle ne l'est déjà. Sa respiration ralenti et devient plus profonde. Son regard change un bref moment avant que ses pupilles se dilatent. La fièvre descend et la nervosité disparait petit à petit. Marine Blanche ouvre sa bouche un court moment avant de la refermer et de regarder dans le vague.

Un vertige la prend. Sa tête tombe sur le côté, les yeux clos.

Trou noir.
Inconsciente.

Si la saignée est arrêtée, elle survivra mais seulement si son corps ne la lâche pas et si le Très Haut le veut.

La lutte peut commencer.

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Quiou
Sans coup férir, la lame se retire, de son charnier, de son chantier.
Sans coup férir, la Deswaard respire, sort de son état second, s’extirpe des bas-fonds, renonce à la tentation.

C’est qu’elle a suffisamment profité de la souffrance octroyée. C’est qu’elle se lasse prestement de son nouveau jouet.
Ainsi, poignard écarté, emprise, mainmise retirée, la Terreur se redresse sans paresse. La môme est inconsciente, esseulée en un lieu où l’on ne peut la sauver, et la Vicomtesse, de son côté, s’en fout, courroux apaisé, ayant retrouvé la paix.
Elle n’a de toute façon jamais effectué une telle activité dans le but que de sauver la petite Marine de son mal bien ancré. Elle avait humblement cherché à satisfaire des besoins sanglants à souhait, la chose avait été effectuée avec un grand succès.

Dès lors, la Noldor toise encore un bref instant l’enfant qui semble tranquillisée, quoiqu’un peu pâle en vérité. La plaie, béante, enivrante, ne recèle plus un seul attrait.


Galéran, le cataplasme, je vous prie.

Elle se recule, elle capitule, et la Teigneuse d’aller nettoyer ses mains ensanglantées, ses doigts glacés, en le broc usité. Les manches sont ainsi prestement remises en leur état initial, les gants, précédemment délaissé, sont ainsi à nouveau enfilé, et voici que la Deswaard, bien décidé, s’empare de sa pelisse de vair obombré.

Un bref temps d’arrêt alors qu’elle s’enlise à nouveau non loin du corps inerte et dépravé. La Misanthrope se signe avant que d’entamer un bref laïus, pas nécessairement pour prier l’âme de la condamnée, mais peut être bien pour veiller à se faire pardonner auprès d'une plus grande Divinité.


Flete perhorrete lugete pavete dolete flenda perhorrenda lugenda pavenda dolenda…*

Direction la sortie, où elle ira vociférer après quelques gens de sa propre mesnie.

Galéran, page émérite, s’exécute, s’approchant ainsi de la blessée et de son amie la mercenaire dévouée. Le cataplasme est prêt, adoncques tâche-t-il tant bien que mal de l’appliquer en ne manquant nullement de rajouter pour Kayhan, yeux affligés pétillants d’anxiété.


Vous devriez ficher le camp rapidement…Elle risque d’être de mauvaise humeur si elle vous voit encore là à son retour.

*Pleurez et prenez en horreur et déplorez et craignez et affligez-vous de ce que vous devez pleurer et prendre en horreur et déplorer et redouter et vous affliger…
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Kayhan
Elle ne quitte pas des yeux la poitrine de la merdeuse, qui se soulève. Un peu, pas beaucoup. De moins en moins pour tout dire. Et ce depuis des minutes qui lui semblent des heures. Et elle regarde pâlir la peau de Marine. Cette peau déjà laiteuse qui cette fois prend la teinte de la cire, et réprime une forte envie de la secouer. Juste pour vérifier qu'elle vit encore. Elle en aura réprimé des choses, la brune, dans cette tente aussi exécrable que l'est son occupante.

Enfin ! La Noldor enjoint à un guignol qui est son service de lui amener de quoi stopper l’hémorragie. Kay regarde le ballet de dame Quiou et de son sous-fifre sans puvoir rien faire. Elle sait tuer, mais pas soigner, et bout littéralement de savoir si la mioche va bien. En tous les cas elle ne se réveille pas...

Un sursaut, très léger. Tendue comme une arbalète, elle entend vaguement le conseil du gugus qui semble aux ordres de Quiou. Alors c'est donc terminé. Elle soupire et sans même jeter un oeil à celui-qui s'adresse à elle, prend l'enfant inerte dans ses bras. Kay est toujours étonnée du poids de Marine. Huit ans, bientôt neuf, et elle reste légère comme un sac de patates. Il faudra vraiment qu'elle veille à ce que la mioche mange correctement à l'avenir. Enfin, elle respire... Ca devrait aller. Faudra bien que ça aille.

Marine aussi défaite et pâle qu'un linge dans ses bras, la brune se tourne vers celle dont elle ne comprend pas si elle fut bourreau ou médicastre en ce jour. La connaissant, Quiou n'attend aucun remerciement. A ce qu'elle a pu constater, la noble dame a pris plus de plaisir que de tracas dans l'opération. Kay l'estime donc grassement payée pour ses services. Elle se contente d'opiner du chef, en guise d'au revoir, et s'engage par la toile soulevée faisant office de sortie.

Devant la tente elle s'arrête un instant pour regarder le ciel, lourd de grisaille, et respire un grand coup. L'air est lourd. Mais moins que dans l'antre de la Noldor. Elle sent une fine bruine se poser sur sa figure et sourit en coin. Elle espère ne pas avoir à refoutre un jour les pieds dans cette tente. Prions que la mioche ne tombe plus malade.

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Marineblanche
Petit corps inerte.
Sans conscience.
Juste un trou noir.

Le petit coeur de Marine Blanche continue de battre, sa respiration est toujours là mais il manque quelque chose. Sa conscience. Pourquoi ne peut-elle pas penser? Où sont passés ses sens tels le toucher, l'odorat, la vue, le goût et l'ouïe? La douleur n'est plus là aussi. Le Néant.

Il suffirait juste que le coeur arrête de battre et que la respiration cesse pour que son âme se détache de son corps pour rejoindre l'endroit où il sera décidé si elle doit aller à le Paradis Solaire ou sur l'Enfer Lunaire. Ou alors, le Néant restera sauf qu'elle ne se réveillera jamais. Pieuse, elle est certaine qu'il existe une autre vie après la mort. Pourtant son coeur lutte. Tout son corps ne semble pas vouloir la lâcher. Peut-être est-elle plus forte qu'elle ne le montre? Peut-être qu'elle a quelque chose qui la rattache à la vie. Des personnes? Des animaux? Après tout, les enfants ne sont pas comme les adultes. Les enfants savent considérer un animal comme un compagnon de jeu, comme un confident. Marc serait triste si elle mourrait. Kayhan ne l'accepterait pas pour ne citer qu'eux. Pourtant il est bien connu qu'on ne se rattache pas à la vie rien que par la seule volonté des autres.

Lutte petit coeur.
La Vie a besoin de toi.

Petit à petit, sa respiration devient normale. Son coeur commence à reprendre le rythme qu'il faut. La tention remonte doucement. Le corps fait son travail. La peau reste pâle mais il lui faudra du temps avant qu'elle prenne sa couleur légèrement rosée. Il manque quelque chose.

Prends de nouveau vie, complêtement.
Que puisse revenir le plus important.

Pourquoi veux-tu vivre Marine? Est-ce parce que tu n'as pas assez vécu de moments heureux? Pour ceux qui ont réussi à prendre une place dans ton coeur? Parce que tu as trop peur du Jugement du Très Haut? Peur d'aller sur l'Enfer Lunaire? Pourquoi veux-tu vivre Marine? Est-ce que tu comptes devenir quelqu'un d'autre? Ou continuer ta vie de petite vaurienne? Veux-tu voir d'autres villes? Veux-tu découvrir de nouvelles saveurs? Veux-tu continuer à souffrir? Veux-tu continuer à être heureuse? A moins que tu ne veuilles pas faire de la peine à ceux qui sont proches de toi? Est-ce tout cela à la fois Marine? Tu veux donc vivre...

Ainsi soit-il.

Une petite pluie fine attérit sur le front de l'enfant. Un contact. Elle est dans les bras de quelqu'un. Elle le sent. Ses lèvres s'entrouvent mais aucun son ne sort. Ses yeux s'ouvrent et se posent sur Kayhan. Tout s'est bien passé. Elle est envie. La mercenaire est restée avec elle et elle la porte dans ses bras. Il n'existe pas meilleur réconfort que la chaleur des bras d'une autre personne quand la conscience revient. Elle cligne des yeux, lasse. Il faut qu'elle se repose. Un doux sourire s'esquisse sur ses lèvres et pose sa main sur l'épaule de Kay pour la montrer qu'elle est revenue d'où elle ne sait où.

La tente est rejoint, Roxy faisant fête.
Un lourd sommeil vient prendre la petite fille lorsqu'elle est enfin couchée afin qu'elle puisse récupérer ses forces.
Cette fois-ci, elle ne fera pas de cauchemars à cause des angoisses et à cause de la fièvre.


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