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[RP fermé]Cours particulier en famille.

Suzan
Lasse de la vie, lasse de sa douleur, lasse de ses peines et de sa souffrance, l'angloise décida de s'aventurer au dehors, munie d'une canne qu'elle ne quittait plus désormais. Le poids du corps - bien que devenu frêle - se faisait insistant sur la longue branche de bois qui menaçait de céder d'un instant à l'autre.
Un pas.
TOC.
Un second pas.
TOC.

Le bras tremblait, ne supportant guère la pression exercée sur les os graciles. Mais l'angloise résistait aux assauts de la douleur, devenue esclave de sa dépouille et ne sachant comment y déposer en douceur une once d'âme pure. Le corps s'était vidé de toute sa substance, ne laissant que des débris que s'empressait de recoudre l'angloise lorsqu'ils flottaient non loin de sa portée. Lorsque le vent ne les emportaient pas..

Fatiguée de ses efforts pour se mouvoir, la jeune angloise se laissa choir sur un petit banc de bois avant de déposer la canne à ses pieds douloureux.
Son oeil tuméfié se promenait sur le visage fuyant des passants et des enfants jouant non loin d'elle qui ne se souciaient guère du lendemain et de son lot de malheurs. Suzan les enviait, elle qui avait été privée de son enfance, arrachée trop tôt, jetée dans un monde où la cruauté règne d'une main experte, imposant sa loi aux plus innocents.

Et son Angleterre.. Sa belle Angleterre qu'elle avait fuit à jamais afin de la reléguer au rang des souvenirs. Si elle avait su..
Le françois ne voulait plus se mêler au corps de l'étrangère, langue étrangère pour corps étranger. Son dernier cours en était la preuve irréfutable.. Mais il lui fallait faire l'effort. Faire l'effort de vivre en parfaite petite sujette du royaume de France. Et l'apprentissage du " bien dire" françois en était le commencement..

Avisant un jeune garçon à la vesture miséreuse, elle l'interpella, ayant un service à quérir.


Oh euh.. Le toi ! Huum, le demande du moi ? Le écu si le bon, toi ?

Suzan soupira devant l'air interloqué du gamin, autant choqué par son accent que par son visage tuméfié.. La main blanchâtre de l'angloise se perdit un instant dans les méandres du tissu de sa robe automnale avant d'en sortir un bel écu. Voyant que le regard de l'enfant se tournait à présent vers l'objet de convoitise, l'angloise poursuivit, d'un ton qui se voulait plus autoritaire :

Ce est le euh, de pour le toi. IF ! Euh, huum, le siii ? Le si toi le dis oh euh. Toi le dis Suzan Shelton le veut le professeur du bien dire françois ? Le toi pouvoir ? Le oui ?
Le toi venir ici le avec le professeur le want ? Euh, le veut ?


Et le gamin d'hocher de la tête, n'ayant pas tout compris, certainement, mais répétant que "Suzan Shelton cherche un professeur pour lui apprendre la langue du pays !" . Brave gosse.
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Constantin
Il était entré dans la vie religieuse car la vie réelle lui faisait peur. De toute sa vie, Constantin n'avait fait que fuir.

Mais bon voilà, il s'était retrouvé à Tours. Et Tours était assiégée. Et des gens étaient morts, emportant avec eux leurs peines, leurs amours et leurs joies. Il ne restait rien. Et on se battait pour quelques bouts de pains. Autant dire que le jeune novice crevait la dalle...

Il était installé en taverne, et regardait sa bourse, désormais bien remplie. Oui, il ne pouvait rien acheter, alors, il était riche. Mais à quoi sert l'argent quand on a le ventre vide et rien à acheter pour le remplir.

Alors, il buvait bière sur bière. Histoire d'oublier cette faim tenace qui lui trouait l'estomac. Installé à une table d'une taverne, il lisait les Saintes Lectures. Cela l'empêchait de réfléchir.

Sa vie, son passé et l'ordre de Soeur Camille : retrouver sa famille, pour essayer d'obtenir leur pardon.

Un gamin répétait à l'envie qu'il y avait une étrangère en ville, qui voulait une personne parlant le français. Le "bien dire françois", disait le gamin. Elle voulait apprendre. Constantin leva un sourcil. Les autres rejetèrent la proposition. Plus que la faim, la honte de ne point savoir ni lire ni écrire était un frein.

Saintes Lectures ou Saint Enseignement, peu importait la langue, ou bien la faim. Loin d'oublier ses engagements envers Dieu et l'Humanité Sa Fille, il se leva, et dit au gamin :


Mon fils, dis moi où se trouve cette femme.

Le gamin, trop content d'avoir servi à quelque chose, répliqua :

Vous me donnez quoi en échange ?

Constantin sourit, plissa les yeux et dit :

De la nourriture...

Aussitôt ce mot béni attira l'attention de toute l'assemblée. Il restait donc de quoi manger ?

...spirituelle.

Les yeux retournèrent immédiatement au vide des chopines de bière.Faux espoirs, mais le gamin ne s'y trompa pas.

C'est mieux que rien, dit il.

Et prenant la main du moine, il le mena à travers les rues, sous le pâle soleil d'octobre. Constantin rehaussa sa bure noire, serrée d'une corde blanche à la taille, et mit sa capuche. Aider son prochain c'était perdre l'envie de se servir soi même. Il se répétait cet adage, en boucle.
Un instant plus tard ils se retrouvèrent devant une jeune femme salement amochée. "La guerre frappe même les plus jolies, pensa le moine, avant de se corriger aussitôt."

Le gamin attendait toujours son lot de "nourriture spirituelle". Alors, Constantin lui dit d'une voix amusée.


Essaie de trouver, mon fils, la réponse à la question suivante : Dieu créa la vie, mais qui de la poule ou de l'oeuf vint en premier ?


Le gamin haussa les sourcils, et tourna les talons en marmonnant un vague "Foutaises..." Mais Constantin ne perdait pas son sourire.

Il le perdit quand il scruta un peu mieux la jeune femme. Ce visage lui était familier, pourtant d'aussi loin qu'il se souvienne il ne connaissait pas cette personne. Il remisa cette pensée dans un coin de son esprit entre "'J'ai faim !" et "J'ai très très faim ! Faut manger mon bonhomme !" et arbora de nouveau ce visage rieur et grave qui caractérisait les moines.


Le bonjour ma fille, vous souhaitez apprendre notre langue ?
Suzan
L'oeil plissé afin de le protéger du doux soleil d'automne, la Shelton observait les gamins qui s'amusaient près d'elle, tout comme une jeune mère l'aurait fait. Un frisson parcourut l'échine de l'angloise lorsque ses pensées basculèrent sur sa propre mère. Une mère qui s'était envolée lorsque l'enfant eut fini de jouer. Une mère qui n'avait guère sourit au moment des au revoir. Tiraillée entre souffrance et horreur ; souffrance due à la maladie, horreur de laisser sa fille en proie avec un père violent.

Mais déjà le gamin revenait, entraînant à sa suite un jeune moine ou prêtre. A vrai dire, Suzan ne connaissait que peu la différence et ne s'en souciait pas. L'attention de l'angloise se porta sur le jeune novice qui devait avoir une dizaine d'années de plus qu'elle.
Elle écouta attentivement les paroles de ce dernier, adressées au gamin qui guettait Suzan et l'écu qu'elle tenait toujours dans sa main. L'écu changea rapidement de possesseur, si discrètement que le novice n'eut peut être pas le temps de s'en apercevoir, que déjà le gamin repartait, avec sa nourriture spirituelle en plus.

La jeune angloise ne se leva pas du banc, espérant que le jeune moine ne lui en tiendrait pas rigueur. En revanche, elle l'engagea d'un simple signe de la main de s’asseoir à ses côtés.


Le bonjour ma fille, vous souhaitez apprendre notre langue ?

Et de répondre, avec son fort accent d'angloise exilée :

Le jour du bon. Le apprendre, euh, le oui. La langue le moi mal est. La mal mal mal..
Oh euh, ce est le écu ? De le pour le vous, le si le apprendre to moi.


Sourcil froncé.
Elle observait le moine de plus près à présent. Sans qu'elle ne puisse l'expliquer, il lui rappelait sa chère campagne angloise. Sa chère et regrettée campagne. Mais l'heure n'était pas aux regrets.


Suzan Shelton, le moi est. And you ? Oh euh sorry.. Le vous ?
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