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[RP] Dans la vieille bicoque délabrée en bordure du village

Aereldil
- C'est encore une journée froide sur les routes du Royaume... Cela fait des jours que je n'ai mangé à ma faim. Mon estomac me tiraille en tous sens, semblant crier, grogner même. Depuis que j'ai quitté Labrit, loin en Gascogne au sud-ouest, je cherche à éviter les villages au maximum en prenant à travers champs ou en passant par des endroits sauvages et dangereux pour une frêle vagabonde sans défense comme moi.

Il pleuvait en ce jour placé sous le signe d'un... nouveau départ, enfin, peut-être. Aereldil était une fille meurtrie dans son corps comme dans son âme, cela remontait à ses jeunes années alors qu'elle n'était qu'une enfant. Son propre père, un ancien noble déchu qui avait croupi dans les sombres cachots d'une austère prison Angevine, la força à servir d'agréable compagnie à des personnes souvent louches et peu recommandables à qui il devait nombre de piécettes sonnantes. Elle connut déjà à cette époque de nombreux sévices qui l'ont en partie détruite. Lorsque sa mère succomba à une maladie, elle dut la remplacer en tant que femme avec tout ce que cela impliquait, la pauvre jeune fille jura à ce moment de faire payer son père dans la vie comme dans la mort pour tout ce qu'il lui avait infligé durant son enfance gâchée. Enfant destinée à une vie noble et opulente qui finit dans la rue, abandonnée par ses gens, déchue de tous titres, son nom, Du Lorien, souillé et traîné dans la boue, chassée de sa ville par un Vicomte abusé par son vassal. Son père, le Baron Du Lorien, jeté en prison pour abus sur les taxes et autres vols à l'encontre de son seigneur, évadé puis livré à une vie de débauche avec sa femme et sa fille aidé en cela par des « amis » à qui il dut rapidement beaucoup d'argent.

Un jour où son père dépassé par les évènements, prit l'ultime décision de partir, quitter ce duché d'Anjou pour rejoindre des terres plus clémentes pour lui, fuir ses créanciers aussi loin que possible dans le fol espoir de leur échapper. Aereldil avait eu une fille de son père, Aeriana, une enfant non désirée ni par elle, ni par lui. La pauvre petite était traînée de campement en campement comme un fardeau en plus à supporter. Aereldil n'attendait que le bon moment pour se venger de son père, elle en était arrivée à ne penser plus qu'à cela jour et nuit, sa fille représentait le fruit immonde qu'elle avait dû porter pendant neuf horribles mois en elle, une souffrance et une souillure de plus, la pire, la plus abjecte de toutes. Cette fois, elle n'en pouvait plus, ce porc devait expier ses crimes et la mort seule serait bien trop douce pour sa peine. Il devait connaître des tourments éternels, jamais il ne reposerait en paix ! Un soir d'été, lors d'une belle nuit étoilée dans le ciel du Poitou loin de toute civilisation, elle mit son terrible plan à exécution.

Ils avaient établi un petit camp de fortune dans la région au sud-est du village de Saintes, une tente de mauvaise facture avec un des pans déchiré les protégeant au moins du vent. La route n'était pas loin, ils étaient situés en lisière de forêt, celle de Saintes pour être précis qui débouchait sur un grand champ sauvage qui offrait maintes cachettes de par son terrain accidenté et relativement privé de toute surface plane. La petite dormait paisiblement, le vieux Baron était dehors près du feu à ressasser tous ses problèmes comme chaque nuit depuis qu'ils avaient quitté l'Anjou. Aereldil était songeuse, c'était le moment de frapper, l'occasion rêvée ! Elle regarda une dernière fois l'enfant étendue, sa fille, sa douleur, sa damnation, son profond dégoût. Son idiot de père s'était enfin séparé de son poignard qu'il n'avait jusqu'à lors jamais quitté. Elle le trouva dans son sac parmi toutes les babioles inutiles qu'il avait emporté certainement pour tenter de les refourguer au premier crédule venu contre quelques piécettes bienvenues. Le saisissant, elle appliqua délicatement sa douce main maternelle sur la bouche de sa fille pour ne pas la réveiller avant de plonger la pointe émoussée d'un coup sec et féroce dans la poitrine de la pauvre enfant qui n'aurait jamais dû venir au monde. Un seul coup suffit, elle n'eut pas le temps de crier. Relevant son étreinte macabre d'un air soulagé, Aereldil sortit de la tente sans se retourner avec l'arme enduite de sang qui s'écoulait lentement par gouttes sur le sol terreux de la plaine comme pour nourrir ses entrailles desséchées qui réclamaient leur pitance très longtemps attendue. Le porc était assis sur une pierre plate aux côtés réconfortants du feu, il se tourna en entendant la jeune femme approcher en lui lançant des avances obscènes comme à son habitude. Aereldil souriait étrangement, elle ne souriait jamais en temps normal mais cela ne sembla pas sauter aux yeux du Baron qui ne remarqua même pas qu'elle dissimulait quelque chose dans son dos. Une fois à sa hauteur, elle se baissa sur ses épaules déposant une main sur l'une d'elles comme pour la masser. Elle y était, après tant d'années de souffrance, d'humiliation, elle tenait enfin sa revanche sur l'être qui avait fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui. La suffisance du Baron déchu ne lui permit pas de déceler que son plus grand péril venait de l'intérieur, il en était à ses derniers souffles, ses dernières obscénités, son heure était arrivée et le sourire jouissif de son bourreau était à la mesure de sa délivrance depuis longtemps espérée. Elle le saisit brusquement à la gorge l'enserrant de son bras avec toute la force de sa rage puis lui planta la pointe de son poignard dans l'abdomen rapidement avant qu'il puisse se dégager, un coup de taille qui ouvrit son ventre bedonnant en deux dans un hurlement de douleur perceptible à des lieues à la ronde. Il tomba à terre en avant, ses tripes à l'air sur le sol gisant dans ce qui devint bientôt une marre de sang d'un rouge presque pourpre, reflétant toute la pourriture fermentée de nombreuses années de dépravation. De tout ce qui lui passa par la tête en cet instant, sans doute dans un sursaut d'orgueil, le pauvre bougre se demanda pourquoi et comment elle avait pu faire une chose pareille après tout ce qu'il avait bien fait pour elle et sa fille. Il était à l'agonie mais ce n'était pas fini pour autant, Aereldil voulait qu'il sente, qu'il perçoive tout le mal qu'il avait pu lui faire. Il leva la tête jusqu'à elle mais fut bien tôt ramener face contre terre d'un coup de pied écrasant donné sur son dos. S'ensuivit une torture cruelle faite avec détermination et sans aucune âme, Aereldil n'en avait plus, perdue dans sa souffrance, jubilant dans son rôle de tortionnaire impitoyable. Elle prit un malin plaisir à couper les doigts de son père, hurlant de douleur dans la plaine, un à un jusqu'à ce que mort s'en suive du fait de sa blessure première qui l'avait vidé de son sang durant plusieurs longues minutes qui parurent une éternité.

Elle l'avait fait, enfin il poussa son dernier soupir dans cette plaine à jamais témoin de cette barbarie sanglante qui abreuva la terre d'une souillure impie. Elle resta longuement là à contempler la dépouille mutilée de son père, du porc qui avait abusé d'elle depuis l'enfance. Elle avait l'impression de se sentir un peu mieux maintenant, un poids en moins à peser, mais ce n'était que le début en ce qui le concernait. Il devait payer ses horreurs par delà la mort ! Point de tombeau pour lui, point de sépulture aristotélicienne, il n'avait pas droit à tout ceci, il sera maudit pour l'éternité. Le manche du poignard ensanglanté fut serré très fort, elle était emplie de haine, une haine féroce envers lui, envers tous ceux de son espèce. D'un geste léger, elle posa un genou à terre puis vint l'autre. Les cheveux du cadavre furent empoignés avec force et à l'aide de gestes vengeurs et sadiques, elle arracha la tête du malheureux comme on sciait un arbre. Son regard était sombre, très dur, elle ne montrait aucune faiblesse, aucun remord, rien n'émanait plus d'elle que de la rage et de la rancoeurs. Son oeuvre morbide achevée, elle brandit la tête par les cheveux vers le ciel en lançant d'une voix forte qu'il ne trouverait jamais le repos auprès d'Aristote, que le Sans-Nom le torturerait pour l'éternité. Elle passa la nuit couchée à côté du corps sans vie de sa fille puis au petit matin, la tête mutilée du père fut rangée dans son sac, enveloppée d'un tissu sous plusieurs couches.

Aereldil avait peur, elle était seule maintenant, frêle, sans défense et totalement démunie. Mais cela ne dura pas, il fallait regagner la population pour tenter de survivre et trouver un coin pour s'installer. Son courage pris, tout doute évaporé, elle avait enfin la vie qu'elle cherchait depuis tout ce temps. Elle gagna Bordeaux en Guyenne où elle fit une rencontre qui allait une fois de plus bouleverser son existence malheureuse. Un homme du nom de Marxton, juste Marxton, qui cherchait une fille pour un travail de vendeuse sur le marché de la ville. La pauvre était totalement inexpérimentée et ne vit pas le coup venir. En fait, cet homme appartenait à une bande de brigands à la petite semaine qui voyant cette pauvre femme égarée, s'était mis en tête de la vendre comme esclave au marché de Bayonne en Gascogne plus loin dans le Sud. C'est ainsi qu'elle fut une fois de plus embarquée dans une galère dont elle était la victime. La bande comptait trois hommes et une femme totalement délurée qui se vendait à ceux qui recherchaient un peu de bonne compagnie contre rémunération bon marché. Aereldil passa également entre les mains des trois bandits à tour de rôle ce qui la rendit encore plus furieuse intérieurement, elle qui commençait à se dire qu'elle était vouée à cela pour le restant de ses jours. Le groupe prit la route pour Labrit, faisant un petit détour pour le plaisir. La tête tranchée était restée dans le sac que ces simplets n'avaient fouillé qu'en surface ne trouvant rien d'intéressant, lui laissant à disposition. A Labrit, ils s'étaient installés dans la cave d'une vieille maison qu'ils connaissaient bien à première vue, peut-être était-ce là une de leurs planques. Ce soir là, deux des ravisseurs quittèrent le repère avec Bianca, la femme du groupe ne laissant qu'un gardien seul avec Aereldil qui vit là une chance de s'évader. Elle sauta sur l'occasion en prenant l'idiot du village par sa plus grande faiblesse. Elle l'attira à elle avec ce qu'elle savait faire de mieux, le crétin portait une dague à sa ceinture qu'elle avait bien entendu repéré. Ce fut très simple pour elle de se saisir de l'arme pendant qu'il était perdu dans son long cou oubliant tout le reste. Puis, pendant qu'elle l'embrassait avec vigueur comme elle ne l'avait jamais fait auparavant, la lame glissa d'un coup puissant dans son ventre suivit d'un coup de taille vers la gauche pour l'éventrer comme son père dans un cri de douleur perçant mais cette fois-ci, elle plongea directement sa main dans ses entrailles fumantes pour lui arracher les tripes avec bestialité provoquant sa mort dans d'atroces souffrances. Il gisait au sol, la scène avait un air de déjà vu, comme si l'histoire se répétait inlassablement, elle tenait ses intestins dans sa main pleine de sang. Coupant les derniers morceaux encore attachés à l'estomac, elle mit tout dans son sac, gardant la dague pour se défendre et pour manger... les tripes. Elle aura faim durant son voyage. En voulant partir, un livre posé sur une petite table attira son attention. Les pages étaient reliées par un cuir noir, le titre « La tombe » était gravé en rouge illustré par un pentagramme possédant un crâne en son centre. Sans même l'ouvrir, elle le rangea dans ses affaires avant de s'enfuir. Mais où aller à présent ? Labrit et sa région n'étaient pas sûrs, elle serait sans doute pourchassée. Le Sud ne lui disait rien du tout, elle prit alors la direction du Nord...

Il pleuvait alors qu'Aereldil marchait avec faiblesse, clopinant presque sur la route menant au village de Castillon, elle était entrée en Périgord. La route suivait un grand fleuve qui donnait sur le petit village au loin, le traversant en faisant face à une immense forêt. La jeune femme ne quittait pas des yeux le toit de l'église qui dominait la plaine en se disant qu'elle ne pourrait aller plus loin, que se serait sa destination pour le moment. Le temps déciderait du reste, si la route devait se poursuivre ou non, mais elle devait s'installer et l'endroit lui plaisait. Le paysage était agréable à observer, certainement encore plus beau lorsque le soleil brillait au zénith. La pluie réveillait les senteurs des arbres, de la terre et des plantes alentours mais cette humidité avait atteint ses os fragiles, elle était frigorifiée, tremblante et affamée. Elle devait trouver refuge dans ce village avant de pouvoir travailler pour correctement s'y installer en espérant qu'elle ne tombera pas une fois de plus sur des gens comme ceux qu'elle avait connu auparavant. Les portes étaient passées, certaines personnes allaient et venaient en courant pour échapper au flot inquisiteur qui pouvait traverser le tissu le plus épais. Aereldil trouva le repaire du Tribun sans tarder, elle ne fut pas très bonne impression au premier abord, prêtant plus à la pitié qu'autre chose, vêtue de haillons déchirés en de nombreux endroits comme une mendiante, un visage aux traits tirés et fatigués. Ses yeux étaient en partie cachés par une capuche elle aussi déchirée, elle ne semblait pas vouloir croiser les yeux de la femme en face d'elle qui lui posait des questions avant de lui attribuer une petite maisonnette abandonnée en bordure des murs du village en contrepartie de journées de travail à la mine plus loin sur la route ou à l'église du coin. La mendiante s'efforça d'être le plus poli possible, ses jeunes années avaient été marquées par un début d'éducation assez stricte qui lui aura au moins permis d'apprendre à lire et à parler aux gens.

L'endroit en question paraissait austère et vieillot, mais c'était une aubaine pour une fille comme elle qui n'avait plus rien à part ses vieux haillons odorants et son sac souillé. La maisonnette était une bicoque délabrée avec des trous dans la toiture qui laissaient désespérément l'eau envahir une partie de la pièce. L'intérieur était composé d'une simple salle contenant une paillasse faisant office de couchette dans un des coins heureusement au sec, une petite commode cassée mais pouvant encore servir ainsi qu'une petite table carrée au centre avec une chaise en bois pourri qui se casserait certainement à la première tentative de repos fessier. Bien sûr, tout ceci recouvert d'une poussière coriace. La jeune femme n'eut rien à dire, trop contente d'être au sec. Elle ôta ses haillons détrempés laissant apparaître une silhouette élancée, fragile et maigrelette portant des traces de fouet sur le dos ainsi que des cicatrices sur les cuisses et des marques de brûlure sur les bras en plusieurs endroits. Les guenilles furent essorées et déposées sur la table pour sécher, la demoiselle tout juste vêtue d'un pagne s'allongea sur la paillasse avec une vieille pomme dans la main lui restant de son voyage en pleine nature. Elle croqua dedans à pleines dents, affamée qu'elle était puis finalement, s'assoupit éreintée.
Aereldil
La lumière du jour rayonnait dans un coin de la pièce alors qu'Aereldil ouvrait les yeux lentement, comme après une nuit agitée, éprouvante pour l'esprit. La maison était silencieuse mis à part le bruit lancinant des gouttes d'eau qui, tombant des trous dans la toiture, venaient s'écraser au sol dans la flaque qui s'était formée avec le déluge de la précédente journée. La jeune démunie s'était assise en tailleur sur sa paillasse, observant sa demeure austère et les rayons du soleil qui perçaient les carreaux sales de ses fenêtres aux boiseries pourries par l'humidité et sans doute les termites en ressassant les trois meurtres horribles qu'elle avait commis quelques jours auparavant. Son visage était fermé, ne laissant transparaître aucune émotion palpable, les yeux dans le vague revivant l'instant où elle prit la vie de son père qui agonisait à ses pieds gisant dans son propre sang. Un spectacle terrible qui aurait traumatisé n'importe quelle autre femme naïve ne connaissant pas la vie dans la rue. La lueur au fond de ses yeux sombres n'était pas éteinte, on pouvait toujours ressentir la douleur qu'elle avait éprouvé depuis toutes ses années, la rage qui l'animait était bien là, se demandant comment lui faire payer encore plus. Ce n'était qu'une escalade de violence qui ne mènerait plus à rien étant donné que la victime n'était déjà plus. Elle en finit par se lever d'un bond comme sous l'emprise d'une colère implacable mais soudainement, ses traits faciaux se relâchèrent, ses muscles se détendirent, ne laissant plus qu'une jeune personne légèrement courbée par les épreuves de la vie qui semblait être ailleurs et perdue. Elle avait faim, tellement faim en ce nouveau jour, dans ce nouveau village qui espérait-elle serait un peu plus tranquille que les précédents. Passant la porte grinçante, elle se couvrit les yeux de son bras à la vue de cette lumière agressive qui venait soudain l'envelopper de sa chaleur réconfortante. Elle regarda autour d'elle après un bref moment d'acclimatation oculaire mais fut prise de stupeur en voyant qu'elle était en petite tenue, totalement dépourvue de linge ! Elle rentra vite se vêtir de ses fidèles guenilles déchirées sans oublier sa capuche de même facture qui cachait de longs cheveux noirs sales. A ce propos, elle avait envie d'un bain à l'eau claire du fleuve, aussi froid qu'il pouvait être en cette période de l'année, peu lui importait.

Dehors, la journée était déjà bien entamée. Les villageois déambulaient à droite et à gauche au loin vers le centre de la bourgade semblant s'affairer à d'importantes tâches. Aereldil se promenait autour de sa demeure en ruine, chose qu'elle n'avait pas pu faire hier. Il y avait une charrette cassée dans un coin du petit terrain lui appartenant, enfin, si on pouvait appeler ça comme cela. L'herbe envahissait le tour de la maison, certaines plantes grimpantes avaient pris position le long des murs Nord et Ouest. Il y avait des pots de fleurs brisés en partie contre le mur à côté de la porte d'entrée, vestige d'une vie passée. Elle se demandait qui avait bien pu vivre ici avant elle, ainsi en retrait au calme près des murs protecteurs, étaient-ce des gens comme elle n'aimant pas trop la foule ? Ou peut-être des vieilles personnes qui souhaitaient être tranquille pour finir leur existence en paix. Deux arbres se dressaient derrière la bicoque, leur feuillage bruissait au gré de la légère brise qui soufflait de temps à autre. Devant, près du chemin qui menait vers la place publique, on trouvait des poteaux de bois nus qui servait sans doute autrefois à tenir un grillage ou une barrière quelconque. Le reste n'était que petits débris de bois étalés ici et là.

La visite du propriétaire étant terminée, la vagabonde aux haillons en lambeaux prit la direction toute tracée du fleuve non loin de son repaire pour enfin y prendre un bain qui n'aurait vraiment rien d'un luxe. Sur place, elle s'efforça de trouver un coin pas trop en vue pour ne pas être observée mais ceci fut difficile étant donné la géographie des lieux. Il y avait un petit recoin à demi caché par un monticule tout près de la porte du village, elle n'eut pas trop le choix mais ceci était périlleux car l'eau était froide en ce moment. La pointe de son petit pied effleura la surface claire du cours d'eau qui oscilla faiblement comme si un petit caillou l'avait heurté à faible allure. Elle voulut se raviser mais finalement, domptant son appréhension avérée, elle glissa lentement dans l'eau jusqu'à y être immergée au niveau des genoux en tremblotant, saisie par la température automnale, ayant au préalable quitté ses frusques pour les garder bien au sec. Le soleil était encore assez chaud et il aidait grandement la besogne. Elle tentait de se décrasser un peu en usant de mouvements rapides et puissants, se frictionnant pour essayer d'en terminer le plus vite possible en un minimum d'effets secondaires désastreux. Il ne fallait pas qu'elle tombe malade, sans le sous, c'était du suicide. L'eau la purifia autant que faire se pouvait puis elle sortit en hâte, frigorifiée qu'elle était. On peut dire qu'à ce moment, elle apprécia que le soleil l'inonde de sa bienveillance tout en se secouant les puces pour tenter de se réchauffer le plus vite possible. Espérant que personne ne l'aurait vu, elle passa de nouveau ses habits de fortune tout en ce remémorant le livre qu'elle avait subtilisé à ses ravisseurs. Un ouvrage inquiétant, la couverture était sans équivoque, il s'agissait certainement de sorcellerie, ou d'un texte traitant du sujet. Dans tous les cas, cet écrit devait rester secret ! Elle devait maintenant trouver de quoi manger, son estomac criait famine à chaque minute qui passait, il ne lui restait que quelques piécettes sur elle, pas assez.

Elle remontait la route en direction du marché sur la place du village s'efforçant de rester en retrait pour ne pas attirer l'attention, mais certains villageois n'hésitaient pas à la dévisager en voyant l'état de ses vêtements, cela prêtait au rire pour les uns, au dédain pour les autres, ou encore à la pitié de certaines dames ou vieilles dames dont l'une lui donna une petite pièce par charité. Son visage était fermé, elle ne sourit légèrement qu'à la femme de bonté accompagnant cela de remerciements sommaires. Ce n'était pas la première fois qu'elle devait mendier, mais cela la répugnait de se faire mal voir dès son arrivée dans ce nouveau chez elle. Mais la chance était au rendez-vous ce jour là, elle obtint assez d'écus pour pouvoir s'acheter du bon pain tout frais de chez le boulanger du coin. Enfin elle mangerait bien, puis ensuite cela irait mieux, elle travaillerait. Le marché était une grande place composait de nombreuses tentures qui dissimulaient différents produits locaux, la mendiante allait de tente en tente, se rincer l'oeil même les deux devant chaque étalage de nourriture, il y en avait partout ! Elle avait une faim de loup mais devait se raisonner, pas de vol ici, elle devait s'intégrer à la population. Après quelques minutes de déambulage par ci par là avec des yeux exorbités à la vue de tous ces trésors culinaires, communs pour la plupart mais précieux pour une personne affamée comme elle l'était depuis ces derniers jours, elle tomba nez à nez avec une boulangerie, ce qu'elle cherchait. Une belle bâtisse à l'abri de la poussière de la rue qui affichait une jolie pancarte décorée avec des peintures de pains et autres plaisirs donnant à eux seuls faim. En entrant, elle fut autant émerveillée qu'une petite fille qui se retrouverait entourée de poupées de chiffons faites avec les plus beaux tissus. Une longue table présentait différentes coupes de pains, des longs, des courts, des larges, des ronds bref, il n'y avait que l'embarras du choix ! Il y avait aussi plusieurs sortes de pâtisseries toutes plus ragoûtantes les unes que les autres mais Aereldil ne devait pas perdre la tête. Après une rude lutte intérieure pour savoir quel genre de pain elle allait prendre, le choix se porta sur le rond. Le boulanger la regardait avec amusement, enfin une personne agréable se disait-elle.

De retour chez elle, un petit festin eut lieu sur sa paillasse usée. Elle prit tout son temps pour déguster chaque miette de ce merveilleux petit pain qui fit d'elle la plus heureuse des femmes durant ce court instant où ses papilles depuis longtemps en sommeil à cause de ce qu'elle avait dû ingurgiter pendant ses longs jours de voyage se réveillèrent en s'affolant. Mais bientôt la noirceur de son âme damnée reprit le pas sur l'enthousiasme de la faim apaisée. Elle tourna alors la tête vers son sac qui reposait dans un coin de la pièce, songeant qu'il fallait trouver un endroit pour y déposer le souvenir macabre de son père avant que les asticots n'apparaissent et ne l'envahissent. C'était le livre qui l'intéressait pour le moment, elle le sortit du morceau de tissu dans lequel il avait été enveloppé. Puis, bien installée sur sa paillasse, elle le feuilleta d'abord rapidement. La couverture était flexible un peu comme un carnet de notes plutôt qu'un vrai livre en dur. Aux premiers abords, c'était un amalgame de textes obscurs mélangés à des dessins et autres diagrammes ou encore pictogrammes ésotériques annotés. Il était clair qu'il s'agissait là d'un ouvrage traitant de sorcellerie portant sur la mort et sur les morts eux-mêmes.


- Quel coup du sort ! se dit-elle interloquée.

C'est peut-être la réponse à sa vengeance contre son père, ce livre lui permettra espère-t-elle, de le maudire pour l'éternité quel qu'en soit le prix.


- Mais comment ces imbéciles ont fait pour entrer en possession d'une telle chose qui enverrait au bûcher quiconque la détiendrait ? se demanda-t-elle.

La réponse à cette question n'avait en somme que peu d'importance, son enlèvement fut finalement une aubaine pour la pauvre fille totalement engloutie par sa haine envers celui qui l'avait détruite. Elle reprit l'ouvrage à sa première page. Il était question de comprendre l'épisode de la mort, de comprendre ce que devenait une âme une fois séparée du corps avant de rejoindre le Très-Haut. Selon l'auteur répondant au nom de Julius Corentius surnommait Xarxès, fidèle serviteur de la Lune Noire, Grand Prêtre du sanctuaire de la Chair, Prophète du Sans-Nom, une âme n'était pas obligée d'aller à la rencontre de Dieu. Elle pouvait rester parmi nous sous différentes formes généralement non visibles, non perceptibles par le commun mais il était possible de la convoquer pour diverses expériences à vocation divinatoire par exemple ou encore pour entrer en communication avec le plan des ombres. Aereldil n'avait jamais entendu pareilles choses, ni même la moindre histoire se rapprochant un tant soit peu de ceci hormis peut-être de fantômes comme tout le monde. Intriguée de plus en plus, excitée même, elle se plongea plus avant dans ce dangereux livre. Cette sorcellerie avait un nom, la nécromancie, possédant plusieurs branches ou voies ainsi que plusieurs pratiques. L'adepte était appelé nécromancien ou nécromant selon les régions du monde et s'adonnait à de nombreux rituels sur des cadavres ou des ossements pour invoquer la force ténébreuse des défunts à diverses fins pas toujours mauvaises. Dans l'imaginaire collectif, un nécromancien était capable de réveiller une armée de serviteurs morts-vivants, cela était bien évidemment totalement faux, un mort était mort, un cadavre ne pourrait jamais se mouvoir de nouveau. Par contre l'état de zombie était avéré, il s'agissait là d'une possession par un esprit malin du corps d'une personne vivante que le nécromancien aurait pu invoquer. Le démon possesseur lui obéissant en échange de divers services, car ces derniers étaient restés parmi nous pour accomplir une tâche ou parce qu'ils n'avaient jamais accepté leur sort. Les septiques seraient légions parmi les mortels mais la grande Eglise Aristotélicienne elle-même reconnaissait l'existence de ces phénomènes parfois terrifiants, la confrérie des exorcistes le savait mieux que personne. Mais la nécromancie existait déjà bien avant l'avènement de l'Eglise qui la condamna comme toutes les autres formes de sorcellerie. Ces pages traitaient de la voie de la Lune Noire, pratiquant une nécromancie axée sur la démonologie, l'étude de la mort et les malédictions. Le grand Xarxès prétendait pouvoir convoquer la Créature-Sans-Nom en personne, elle qui n'était qu'une ombre, pour se nourrir de sa malice et ainsi devenir lui-même une liche lors de sa mort prochaine, stade ultime que recherchaient tous nécromanciens de la Lune Noire pour rejoindre le royaume des ombres afin d'y connaître une éternité sans pour autant quitter ce monde. Il était fait état de trois Grands Prêtres de la Lune Noire qui avaient réussi cette ascension devenant par la même les Grands Guides de la voie que le Grand Prêtre convoquait lors des grands conseils. Aereldil s'interrogeait lisant ceci mais semblait totalement absorbée, se révélant une passion soudaine, elle qui avait ôté la vie, d'après ces écrits elle pourrait convoquer l'âme défunte de son père pour s'en servir ou la maudire comme bon lui semblerait. Une perspective intéressante, c'était bien tout ce qu'elle cherchait depuis le début. Elle se disait qu'il y avait des adeptes, des sanctuaires, un ordre existant depuis des millénaires, tout cela était donc bien réel de façon mesurée certes mais réel, les fantômes existaient dans l'esprit de chaque individu.

La journée était presque arrivée à son terme, les lueurs du soleil tendaient vers l'extinction, elle avait trop attendu, elle rangea donc son précieux livre en sécurité pour se mettre en route vers le bureau qui s'occupait des mines. La Tribun lui avait conseillé d'essayer les mines et également l'église pour commencer à s'intégrer dans la vie du village et surtout pour gagner un peu d'argent dans l'optique prochaine d'acquérir une véritable propriété avec une terre à cultiver. Cette perspective était très alléchante pour elle qui avait été forcée de vivre parmi les rats depuis son enfance, retrouver un peu de dignité, celle-là même qu'on lui avait volé il y a longtemps. Elle se hâta donc avant la tombée de la nuit, demain, elle irait pour la première fois dans une mine même si cela serait très éprouvant pour une si frêle créature n'ayant presque que la peau sur les os en ces temps difficiles.
Aereldil
- Tu crois vraiment pouvoir m'échapper même après ce que tu as fait petite sotte ?
- Que ? Que fais-tu ici papa ?!
- C'est monsieur le Baron pour toi, misérable catin !

Une lourde baffe fut portée à la joue de la jeune femme qui faillit en tomber à la renverse sous la force exercée avec une rage vengeresse. Aereldil se retint au mur derrière elle se faisant plaquer sans ménagement contre celui-ci la mettant dans une situation de soumission sans issue possible.

- Non ! Tu es mort ! s'écria-t-elle désemparée.
- Mort ? Hahaha ! fit-il d'un rire sarcastique et rauque.

La pauvre était toute retournée d'assister à une scène pareille, comment pouvait-il être là en chair et en os, prêt à la battre encore une fois... ou pire. Les yeux écarquillés, elle était coincée sans solution, perdue telle une enfant terrorisée qui cèderait à la panique bien loin de la femme meurtrière qu'elle avait pu être. Il la regardait avec dédain et fureur, on pouvait lire l'envie de lui faire payer ses actes avec une cruauté sans égale, les yeux rouges enflammés semblant lui consumer l'âme. Elle se sentait brûler de l'intérieur, sa peau commençait à fondre sous son regard plein d'effroi, cela ne pouvait se terminer ainsi.


- Comment as-tu osé me faire ça à moi ?! envoya-t-il d'un ton furieux et inquisiteur.
Ton propre père ! Celui qui t'a élevé et qui a tout fait pour toi, petite ingrate ! Tu m'appartiens !

A ces mots, la faible lumière vacillante de la pièce froide sembla s'éteindre peu à peu laissant place à une pénombre oppressante avant que le corps en face d'elle ne s'enflamme soudain dans un ricanement sinistre d'outre-tombe s'étendant pour l'absorber dans une chaleur infernale qui liquéfia même ses os sous des cris stridents de douleur insoutenable...

- Ahhhhhhhhhhh !!! hurla-t-elle en se redressant d'un bond sur sa paillasse en pleurs avec une respiration haletante et un regard glacé de peur, une peur qui transperçait les tripes.

La jeune femme resta un long moment tétanisée par ce cauchemar terrible avant de se calmer doucement en se voyant seule chez elle, sa maison éclairée par une lumière chaude venant de l'extérieur lui permis de reprendre ses esprits assez rapidement par la suite. Son père la hantait chaque nuit depuis quelques jours maintenant mais ce rêve là était différent, plus dur, semblant plus réel, plus terrifiant que les précédents. Elle en finit par se demander si ce n'était pas la tête restée avec elle qui pourrait être la cause de se malaise grandissant. Elle voulait s'en servir pour le maudire mais cela semblait finalement se retourner contre elle. Plusieurs jours avaient passé, elle travaillait maintenant, la mine était difficile mais elle s'y était acclimatée malgré son dos qui la faisait souffrir. Le plus dur étant de charrier la pierre jusqu'aux charrettes, la lourdeur du chargement était fatigante pour tout le corps. Les autres mineurs se demandaient pourquoi une jeune femme toute maigre comme cela venait dans un endroit pareil mais elle n'était pas la seule, d'autres courageuses étaient là, toutes ensembles pour aider leur comté et bien entendu surtout pouvoir manger à leur faim. C'était des moments amicaux malgré qu'elle y soit pas bien habituée, elle qui vivait toujours seule un peu à l'écart du monde mais elle trouvait tout de même bienfaisant de rentrer à sa demeure la nuit tombée pour retrouver le calme serein qui lui manquait durant la journée. Elle avait également fait connaissance avec la paroisse du village pendant deux jours consécutifs où elle avait participé à l'entretien quotidien du lieu comme remplacer les bougies hors d'usage, le placement des reliques ecclésiastiques qui auraient été déplacées pour une raison ou pour une autre afin que tout soit prêt pour la future messe. Elle était même allée faire une quête auprès des habitants du village qui ne furent pas tous conquis par la chose, peut-être aussi à cause de sa tenue déchirée pensant qu'elle se servait de l'Eglise pour son propre compte. Dans tous les cas, elle pouvait enfin manger à sa faim chaque jour depuis qu'elle était devenue active au sein de son village et cela lui faisait le plus grand bien. Elle n'était pas encore allé en taverne mais ce jour ne tarderait sans doute pas trop histoire de rencontrer des personnes dans un autre cadre que le labeur et ainsi se mêler un peu mieux à la population qu'elle côtoyait chaque jour à un endroit ou à un autre.

C'était une douce matinée en ce mois automnal, on pouvait entendre le chant des oiseaux au dehors tandis que des chevaux marchaient au pas ou trottinaient non loin de là sur la route menant à la sortie du village de temps à autre. La belle ne sortait que rarement, presque uniquement pour aller travailler en ce moment. Si elle n'avait plus faim, sa soif de connaissance était à son paroxysme en ce qui concernait la nécromancie et elle buvait chaque mot qu'elle pouvait lire dans le mystérieux livre dérobé chez les bandits à Labrit. Elle avait progressé dans le récit qui était en fait les notes du Grand Prêtre destinées à tous les adeptes de son sanctuaire situé dans les forêts du duché de Touraine. Il se disait que la Lune Noire était composée de quatre cercles obscurs, la Chair, l'Esprit, la Mort et la Nuit. Le cercle de l'Esprit était centré sur la divination par les morts qui consistait à convoquer l'âme d'un défunt afin de lui demander quel serait le futur sachant que l'on prêtait aux morts le don de voyance car ils étaient délivrés des chaînes du temps et se mouvaient en dehors de ce dernier. Ils étaient passés maîtres dans l'art de l'invocation des animas. Le cercle de la Nuit était expert dans le domaine de la démonologie, ils convoquaient et se servaient des démons à des fins malveillantes comme la possession, on disait que certains d'entre eux se faisaient posséder pour gagner encore plus de pouvoir, pour ne faire qu'un avec ces créatures auxquelles ils vouaient un véritable culte. C'était la pratique la plus dangereuse, qui laissait aux démons tout loisir de faire le mal. Celui de la Mort était singulier par contre, ses adeptes avaient pour but de mourir pour devenir eux-mêmes des animas, des fantômes. Ils tendaient vers la forme de l'ombre pour se délier de la matière et de la mort elle-même. Les jeunes adeptes étaient les garants des sanctuaires et des codes du cercle, quand le moment était venu après plusieurs étapes, les anciens se suicider lors d'un rituel macabre. Autant dire que ce cercle avait le moins d'adeptes et leur nombre ne cessait de décroître, il ne restait aujourd'hui qu'une poignée d'entre eux qui tentaient de préserver la mémoire de leurs aînés passés depuis longtemps dans le plan des ombres.

Il était également fait état d'un texte de l'Eglise Aristotélicienne sur les démons. Ce texte était consigné dans ce carnet comme résumé de ce que l'on pouvait croiser comme créatures démoniaques dans notre monde.

L'Eglise Aristotélicienne a écrit:
L'effluve du mal. par charles B.

J'ai approché le mal en tant qu'un des rares théologiens à en avoir eu le courage et la force de ne pas y sombrer. J'ai analysé nos textes sacrés, nos textes apocryphes et même certains écrits hérétiques enfermés dans les tours de mon abbaye.

J'ai découvert l'effluve du mal, elle a une odeur mélangeant le soufre et la pourriture, elle ne contient aucun relent agréable auquel se rattacher, car l'effluve du mal est comme le mal lui-même, l'absence totale de bien.
On trouve cette odeur les nuits de pleine lune autour des marais qui reflètent l'enfer sur terre, on la retrouve dans les profondeurs où la divine lumière ne parvient pas, on la retrouve également auprès des suicidés qui se sont enfermés pour renoncer au cadeau de la vie, on la retrouve encore sur les champs de bataille quand le fer a pris le pas sur le verbe.

J'ai pourtant voulu affronter cette odeur pour étudier les créatures qui représentent le mal à nos yeux. J'ai lu les rapports des exorcistes pour comprendre ce que sont les démons qui parfois se cachent parmi nous, j'ai croisé mes lectures et j'en tire des conclusions qui au jour d'aujourd'hui, à l'approche de l'an mille, pourraient me conduire au bûché.

Ma première conclusion est que les démons sont en vérité des âmes qui ont refusé d'emprunter la route vers leur jugement et se sont détournés de la voie tracée par le Créateur pour la race des humains. Ils ne sont liés en rien aux sept princes démons, gardiens des enfers.

A) Type et but des démons terrestres.

Les démons terrestres sont donc des âmes qui, restées sur terre, veulent continuer à y survivre en possédant un corps humain. J'ai pu déterminer qu'il en existe 4 grandes catégories.

1) Le démon passionnel. Le Type Egocentrique. (centré sur son ego)

Le démon Egocentrique pense que Dieu n'a aucun droit sur lui et veut continuer à vivre sa passion sur terre à travers le corps possédé. Il utilise en général tous les moyens pour prendre du plaisir, que ce soit par la luxure, le vol, ou encore l'assassinat de ceux qui lui ont nui dans le passé.

2) Le démon Mordide. Le type Thanatoquester (chercheur de mort)

Le Thanatoquester est réputé très dangereux par les exorcistes, il refuse de se faire juger car il trouve injuste d'être mort alors que d'autres méritent cent fois plus de mourir que lui. Il force durant ses délires sa victime à tuer tous les êtres qui lui sont chers. Finalement, il pousse sa victime à l'acédie et jusqu'au suicide. On dit qu'à chaque fois qu'il réussit à pousser le possédé au suicide, le Thanatoquester augmente sa force par l'expérience, mais aussi en prenant une partie de l'énergie de l'âme qu'il a contrôlée.

3) Le démon vengeur. Le type Tisirhée (flot de la vengeance)

Il a refusé de se faire juger avant d'avoir pu obtenir vengeance, et part généralement en conséquence après avoir eu sa vengeance. Toutefois il est parfois confondu avec les démons de la mort car il a tendance à faire augmenter la mortalité autour de lui.

« Ira furor brevit est ; animum rege, qui, nisi paret »
(La colère est une courte folie : maîtrisez vos passions ; si elles n'obéissent pas, elles commandent).

4) Le démon de l'acédie. Le type Laetitiacata (de laetitia (joie) et cata (en bas)

Réputé peu dangereux par rapport aux autres démons, il passe de corps en corps pour amener la tristesse et l'acédie, et pousse occasionnellement les gens au suicide. Il a pour but principal de détourner les hommes de la lumière car il ne l'a pas lui-même trouvée de son vivant.

5) Le fantôme, ou Anima anxiosus, ou Poltergeist

Classé souvent comme démon, on pourrait pourtant dire que le fantôme est un pré-démon, puisqu'il n'a pas pris possession d'un corps. On ne peut donc pas à proprement parler d'exorcisme, même s'il est souvent préférable de le faire fuir pour éviter justement qu'il ne devienne réellement un démon "possesseur". Ce sont généralement des exorcistes débutants, voire de simples prêtres qui dans un premier temps les combattent. Les manifestations des fantômes sont diverses, mais généralement seul ceux qui veulent les entendre peuvent les entendre et ont l'impression de les voir. Il existe des cas où des témoins disent avoir vu des anima anxiosus agir sur la matière en déplaçant des objets, mais il s'est pratiquement toujours avéré que c'était un des témoins lui-même qui avait agi consciemment ou inconsciemment pour déplacer l'objet. L'anima anxiosus, pour se faire entendre ou voir, agit en fait directement sur notre âme comme s'il effectuait une mini possession. Les choses sont vues alors un peu comme dans un rêve, où le vrai et l'imagination sont mélangés.

B) Les autres créatures terrestres

Les 3 lois naturelles

Les trois lois qui régissent les réactions des créatures sont « la soumission à l'humain, le besoin de se reproduire et le besoin de se nourrir ». Si l'équilibre entre les trois lois est respecté, la créature garde sa place dans la création. Parfois, le besoin de se nourrir n'est cependant pas satisfait, certaines créatures passent outre une des deux autres lois et peuvent se retourner vers leur progéniture et leurs semblables, soit dans des cas encore plus rares vers l'humain. C'est pour cette raison que les animaux sauvages, moins proches de l'humain que les animaux domestiques, peuvent occasionnellement attaquer et dévorer des humains. Ce n'est donc pas du à une cause démoniaque, ni même à une punition divine, qui fait que les loups tuent parfois des voyageurs isolés : c'est plutôt une rupture de l'équilibre des trois lois de la vie animale. La vie végétale n'étant pas soumise à ces lois, lorsqu'il y a déséquilibre, la vie végétale s'arrête simplement.

Les autres démons terrestres

D'après mes recherches, il semble qu'il n'y ait pas de trace confirmée et irréfutable de l'existence de créatures démoniaques terrestres, ni même simplement de créatures surnaturelles, autres que les âmes égarées dont j'ai parlé précédemment. En revanche, il n'y a pas d'explication simple de certains événements qui se sont produits par le passé. Dogmatiquement parlant, et en étant croyant, on ne peut admettre que des créatures de Dieu puissent se détourner de la loi de Dieu puisqu'elle n'ont pas reçu le libre arbitre. L'arbre suit le cycle qui est le sien, comme le fait le cochon, la vache ou le mouton. Pourtant des circonstances extrêmes peuvent entraîner des réactions extrêmes. C'est ainsi que, malgré l'obligation faite à la création d'être soumise à l'humanité, certaines créatures de la création se retournent contre nous lorsqu'il y a déséquilibre dans les 3 lois de la nature.

Vampire, garou et autres créatures démoniaques.

Ces créatures démoniaques hantent nos superstitions, mais n'ont pas de réalité tangible. Si elles existaient, elles seraient soumises aux 3 lois et ne seraient pas soumises au libre arbitre comme l'humain l'est naturellement.
Ce sont donc en fait des humains qui n'ont plus leur raison, c'est une forme d'hérésie peu répandue où l'humain renie jusqu'à sa propre humanité, la plupart du temps après avoir été soumis à une possession démoniaque, ou bien étant encore possédé. Il a été prouvé que lors des possessions, si le combat entre l'âme résidente et l'âme démoniaque est violent, des modifications physiques peuvent survenir. C'est de là que viennent les légendes parlant de créatures polymorphes comme les loup garous. Les vampires sont probablement en réalité des humains devenus fous et possédés par des démons de type Laetitiacata qui fuient tellement la lumière divine qu'il ne sortent que la nuit, et recherchent tellement à retrouver leur humanité qu'il tentent de prendre celle des autres en buvant leur sang.

A noter que la douleur mental peut donner une vive douleur physique et ainsi transformer quelque peu le corps. On a vu ainsi des personnes ayant une pilosité accrue, ou des dents plus saillantes suite à une infection. Bref il n'existe donc de nos jours que deux sortes de créature terrestre : les humains et les créatures soumises aux humains.

c) la notion de diable et la Créature sans nom.

La seule créature n'étant pas liée aux lois de la création est la Créature sans nom. Pourtant, la plupart des théologiens s'accordent pour dire que c'est une allégorie pour représenter la part de doute qui est en nous, et que, si effectivement elle a bien existé, elle a dû finir seule et même mourir après sa rencontre avec Christos. (cf. Vita de Christos, chapitre 5 « Aussitôt, la créature sans nom, qui rampait à ses côtés, disparut, le laissant aux portes du désert. ») D'aucuns disent qu'elle erre encore, mais étant unique et sans pouvoir, elle doit vivre dans la peur de l'humanité. Certains l'appellent « le malin » pour nous rappeler que son seul pouvoir est d'être particulièrement doué pour nous faire admettre comme juste ce qui ne l'est pas.



Restait le cercle de la Chair, celui dont il était question dans ce livre. Celui-ci était porté sur l'étude de la mort dans le but de devenir une liche une fois l'heure du trépas naturel venu et sur les diverses malédictions. La liche était l'âme d'un défunt qui errait entre le plan des ombres et le nôtre éternellement. Une chose que les Aristotéliciens ne pensaient pas possible, eux et leur vision étriquée de la vie dans sa globalité. Xarxès et ses disciples tentaient de percer ce secret, les trois Grands Guides que seul le Grand Prêtre avait vu d'après ce qui était indiqué dans ses notes ne souhaitaient pas révéler leur secret, ce dernier devant s'acquérir seul au terme d'une vie de recherche. Ces trois liches n'apparaîtraient que lors des grands conseils entre les Grands Prêtres de la voie comme Archiprêtres du cercle de la Chair. Dans ses écrits, le grand Xarxès était sur le point de devenir une liche, son heure approchait, il était âgé de cinquante-cinq années lors de l'écriture de ce livre. Aereldil se demandait s'il était toujours en vie à l'heure actuelle, ce livre avait dû souvent changer de main et depuis un certain temps. Peut-être essayerait-elle de trouver le sanctuaire un de ces jours. La seconde partie était plus intéressante pour elle dans l'immédiat, le sujet portait sur les malédictions et c'était précisément ce qu'elle recherchait ardemment. Elles étaient multiples et pouvaient prendre plusieurs formes. Il y avait les malédictions de la chair, celles de l'esprit et celles des enchantements. La pratique de la chair servait à maudire une personne vivante ou une personne morte voyant son cadavre profané. L'esprit était une forme plus dangereuse de malédiction parce qu'elle faisait appel aux démons pour se réaliser, on les convoquait afin qu'ils possèdent une personne et la conduisent à sa perte dans la damnation éternelle. La malédiction des enchantements n'était autre que celle des objets de la vie quotidienne que pouvait porter une personne, par exemple un bijou ou un vêtement. Un mauvais esprit était lié à l'objet en question par un rituel faisant que toute personne le portant ou le possédant se retrouvait hanté en permanence et parfois même dans ses rêves. C'était incroyable comme ce livre était tombé à point nommé, peut-être que la chance avait enfin tourné pour elle après toutes ses années à attendre son heure sans broncher d'un poil. Cet ouvrage interdit la passionnait au plus haut point depuis l'instant où elle l'avait ouvert, comme si le livre lui-même possédait un quelconque pouvoir d'incitation au péché et à la profanation du sacré, enfin, du sacré pour l'Eglise Aristotélicienne et ses acolytes uniquement. Pour les nécromanciens de la Lune Noire, rien n'était sacré, la faim justifiait les moyens d'atteindre leur but d'éternité libéré des chaînes mortelles et des lois du Très-Haut. Ils oeuvraient dans ce sens quand ils n'étaient pas entrain de tourmenter les vivants ou les morts, ou commandités pour le faire. Ils vivaient généralement dans un sanctuaire isolé du reste du monde pour des raisons évidentes de persécutions intensives de la part des autorités religieuses ainsi que d'autres groupes comme les Templiers. Certains vivaient et pratiquaient seuls dans des endroits propices à cela comme les cimetières ou les cryptes abandonnées sous les édifices religieux. Ceux-là n'avaient pas besoin de chercher loin leur matière première nécessaire à presque tous les rituels.

Aereldil, en lisant tout ceci, s'était persuadée que son père la hantait bel et bien dans son sommeil pour se venger en gardant une certaine emprise sur elle cherchant sans doute un moyen de l'amener à la folie ou au suicide. Est-ce vraiment cela ou simplement une invention de son esprit perturbé que ce mystérieux ouvrage impie venait alimenter de façon perfide ? Elle semblait totalement sûre d'elle en tout cas et ceci allait déterminer la suite de sa vie, et de son funeste destin possible dans un futur incertain suivant ce qu'elle allait devenir au fil des âges. Quand on la voyait lire, n'importe quelle personne aurait pu affirmer qu'elle était comme littéralement envoûtée par les mots qui s'imprimaient dans son esprit faisant presque d'elle une adepte accomplie. Elle ne devait plus perdre de temps, il fallait qu'elle aille visiter le cimetière du village ainsi que l'église pour tenter de voir s'il était possible de s'introduire dans les catacombes de celle-ci afin de s'imprégner totalement de l'atmosphère lugubre du lieu où elle pourrait mettre en oeuvre la malédiction de son père pour qu'il cesse enfin de la hanter et pour qu'il ne trouve jamais le chemin du Soleil, ainsi elle aurait la vengeance qu'elle cherchait à obtenir. Mais l'heure ne prêtait pas à cela pour le moment, la journée avait bien avancé et il était temps pour elle de se rendre une fois de plus à la mine se trouvant un peu plus loin sur la route en dehors du village alors que l'après-midi commençait son cycle quotidien. Elle devait également passer au marché pour faire l'acquisition de sacs de maïs qui lui serviraient de pitance pour ce jour.
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