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[RP] Mer... Père... Mercenaire

--Abel_hindley



[ Tu seras bon mon fils ]


- Sur les terres des long bow -


Hindley... De toutes les choses que l'on ne choisit pas, la famille fait partie du Panthéon. Son prénom est Abel, car "le Tout-Puissant mérite que la Sainte Histoire soit perpétuée par le biais de ses enfants". Brave père... Non pas le curé, le daron voyez ? Non ?
Un homme brave, d'une gentillesse attachante, un dévouement familial méconnu, bridé aux papiers sacrés, accompagné d'une femme au foyer très aimante, sérieuse et pieuse. Ah un beau tableau... Vraiment. Jusqu'à l'arrivée du bambin. Un garçon. Ô joie, la femme avait fait tout le boulot, mais le mari remercia le Divin de lui être si généreux pour un être si misérable.

Le petit Abel ne pouvait cauchemarder pire. Et pour cause... Il ne pût rester plus longtemps chez ses anglois de parents, lui le jeune bandit, amateur de sensations fortes et d'aventures. Une seule solution, la fuite. D'une certaine manière, le jeune homme avait pu se soustraire aux contraintes habituelles, comme un humain emprunte la voie de l'église. Il fit de l'eau son élément, son domaine, sa boite à souvenirs, son défouloir... Sa vie. Le british se décida donc à découvrir mondes et merveilles par-delà la Mer et l'Océan, en bon marin, petits boulots à terre ou larcins, selon l'offre et la demande.

Évidemment, quand aurait-il pensé que la vie sur bateau n'est pas si belle que le contremaitre lui avait dit ? De bonnes leçons de vie malgré tout, essayer de ne pas être pris pour une poire, et prendre des mornifles un peu partout, le temps de se faire aux lois de la Fougueuse. Aussi belle et calme qu'une femme repue, aussi impitoyable et sévère qu'une lame plantée en plein cœur. Le courage s'apprenait petit à petit, surtout lors de situations critiques...

Comme ce jour maudit.




[ Tu seras présent mon fils ]


- Normandie, un port en été -


Six ans sont passées depuis la nouvelle. Lui le sec aux yeux noisettes et cheveux courts châtains, amateur de croupes fraiches de joie et de bonnes flasques, comme de pêches en côtes normandes : une petite chose à assumer. Une fille... Oh il n'avait rien choisi bien au contraire, du haut de ses quinze ans, pas loin de l'autre d'ailleurs. L'anglais s'était vite tiré vers le premier bateau prêt à partir. Lui aux ordres d'un marmot ? Jamais.

Il n'aurait pas dû lâcher ce dernier mot d'ailleurs. Des mois sans lettres à cette gentille brune aux beaux yeux verts, engrossée par ses graines... Puis un an. Le bébé naquit... Toujours rien. Deux ans... Rien ne vint. Trois... La maman s'y fit et porta plus que son attention au petit être.
Puis arriva ce fameux anniversaire des cinq printemps, à la grâce de la brise marine. Marin sans fierté et plus carré, cicatrices bien dégoutantes sur le dos. Preuves qu'à force de fouetter la viande, on fait rentrer n'importe quoi.
Abel osa revoir celles qu'il avait tant délaissé. Ambiance.


Je suis...

Baffe. Colère bien visible dans ces yeux-là.

Dé...

Baffe. Il ne l'avait pas volé. Désolé ?! Les excuses ne valent rien, sauf les actions !

Par...

Baffe. Car jamais deux sans trois, et que ça détend. Pour autant, la maman ne lâcha pas le morceau si aisément.

Tu t'occuperas de cette fille !

Pourquoi suis-je ici déjà moi...?

Beh...

Regard noisette à cette môme inconnue de l'équipage. Enfant d'ailleurs plus qu'interloquée "bizarrement"; Maman ne doit pas user de la main souvent.

Comment...

Alara.




[ Tu seras responsable mon fils ]


- Un an plus tard, Normandie, un port en été, comme toujours -

Ou pas. La descente de bateau est vertigineuse.


Elle est morte.

Un instant de flottement... L'esprit refuse la réalité. Le corps tremble d'effroi. Non, elle n'a pas le droit ! Pas maintenant !

Q...Q...Et...

Désolé Abel... Ton fils n'a pas survécu aussi.

C'EST IMPOSSIBLE ! IL EST UN HINDLEY !!! C'EST UN CORIACE, UN CRÈVE-CŒUR, COURAGEUX, COMME... Comme son p...


Les mots se perdent dans un étranglement. Allais-tu dire Papa ? Toi qui commence à peine à comprendre ton rôle, qui n'a vu que quelque fois ta propre petite ? Tu n'es même pas un Père, juste... Un fantôme. Une admirable brume qui a pris un revers puissant de la médaille du Destin.
Calme toi... Réfléchis. Pas de whisky frelaté maintenant... Ou bien si... Trois goulées de la flasque.


O-où... Où est... Où est ma fille...?

Le compère n'hésite pas à emmener le british retrouver son sang trop longtemps mis de côté. Et malgré les pensées toutes plus ténébreuses les unes que les autres tout le long du chemin, le silence pesant, les yeux embués de la perte d'une âme autant admirée qu'aimée... Là, dans ce salon où les bottes usées de l'anglais ont fait craquer le parquet de temps à autre, où réside le visage le plus blanc et perdu d'un enfant...

Alara...

L'étreinte n'attend pas. Doigts d'artisan jouant avec les mèches couleur onyx, tête infantile ramenée sur une épaule qui se veut rassurante et éponge, deuxième main veillant à caresser le dos avec le peu de tendresse qu'il reste au marin rodé.
Il le jure dans un murmure...


Dis...

Aujourd'hui...

Tu veux voir l'Océan avec moi ? Maman...


Ce sera le plus beau jour de la vie de sa princesse.

Maman m'a fait promettre de t'y emmener.

Même s'il faudra un peu mentir.



*** Child in time de Deep Purple ***
Alara
[C'est beau l'innocence ...]

~ A cinq ans ~

Dis m'man, c'comment un pôpa ?

Un visage angélique encadré de deux couettes aux anglaises brunes, retenues par de petits rubans verts. Vert tout comme l'émeraude des deux immenses iris curieux et pétillants de joie de vivre.

La gamine qui avance vers ses cinq ans, regarde sa mère avec tout le sérieux de son âge, une légère moue barrant ses lèvres si souriantes en temps normal. La petite voisine, Aloïs, avait encore houspiller la jeune Alara, se moquant d'elle car elle n'avait pas de père. Et comme à son habitude la petite brunette est rentrée à la maison, les yeux rougis et les joues mangées par des rivières salées. Son petit corps frêle secoué de spasmes. Elle reste donc là, à attendre la réponse maternelle qui tarde à arriver.

Alors la mère s'éloigne, s'assoit sur le grand fauteuil près de la cheminée et invite la petite à grimper sur ses genoux. Cette dernière ne se fait pas attendre et vient se caler au creux des bras aimants et ensuite se laisse bercer au son de la voix douce et apaisante.
Elle lui raconte mille et une choses merveilleuses sur son père, inventant, pour la préserver, tout un conte. Un père parti loin sur la mer pour y servir une Princesse ... Tout ce que des oreilles d'enfant rêvent d'entendre ... Bien que tout ne soit que mensonge ... Mais tout est si beau avec la douceur infinie d'une mère.


Quelques semaines plus tard, le jour de ses cinq ans. Des coups frappés à la porte, une voix inconnue, puis sa mère qui crie. La petite se faufile et observe à demi effrayée de voir sa mère devenir furie. C'est ça l'amour des grandes personnes ? Le petit corps tremble devant les noisettes curieuses qui la fixent. La voix maternelle essoufflée tranche, redevenant douce.


Voici ton père ma Puce.

De toute sa naïveté le visage s'illumine d'un sourire radieux, le petit corps s'arrache du sol pour se jeter dans les bras paternels, qui n'en ont que le nom.

P'pa ! P'pa ! Est-ce qu'elle est belle la Princesse de ton bateau ? Et .. Et c'est grand comment la mer ?

Et le père incrédule de fixer son hôtesse pendant que la môme sautille en tirant le pan de sa chemise. Début des liens qui se tissent ...



~ A six ans ~

Depuis son retour, le père va et vient entre chaque voyage, chaque boulot plus ou moins long. Les éclats de voix entre lui et la mère ont laissé place à d'étranges grognements, la nuit tombée. La petite reste silencieuse, prostrée dans son lit attendant que ça passe. Et au petit matin il repart, partageant que de rares moments avec la môme qui lui voue un culte sans faille, entretenu consciencieusement de contes fantastiques. C'est vraiment bizarre l'amour chez les grands ...
Le ventre de sa mère s'arrondit depuis quelques mois. Un bébé. Petit frère ? Petite soeur ? Dieu seul le sait.
Et puis un jour tout bascule. Sa mère se tord de douleur, on lui dit que le bébé va arriver, elle reste en retrait et laisse les grands faire ... Deux jours et deux nuits de cris, d'attente et puis plus rien ... Le silence lourd de sens pour les adultes mais inconnu pour la petite.


Elle est où m'man ?
Elle est partie au ciel mon Ange ...

Les deux billes vertes fixent la voisine sans comprendre le sens réel des mots.

Mais c'est quand qu'elle r'vient ?

Silence.

Les jours passent, le mutisme s'est installé, les émeraudes vides et tristes fixent l'horizon à travers la fenêtre et guettent la moindre voilure, espérant son retour.
Alors quand la porte s'ouvre, qu'elle entend sa voix, c'est comme une seconde naissance. Elle se jette dans ses bras, laissant filer les torrents salés qu'elle retient depuis des jours. Le petit corps convulse et s'abandonne. Pour la première fois, il se fait aussi doux que ne l'avait été sa mère, la cajole, la câline ... Et une promesse faite qui regonfle le coeur meurtri. La douleur est éphémère à cet âge là.


Et on verra les dauphins ?

Les larmes sont essuyées dans un revers de manche pour laisser place à un sourire qui ferait fondre n'importe quel sans coeur.
Petite menotte qui se glisse dans la pogne rugueuse pour se laisser emporter vers un géant des mers. Bois rutilant, lustré, la voilure d'un blanc éclatant, claquant dans la forte brise estivale, chargée d'embruns et de mille et un parfums.

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Realized by the best !
--Abel_hindley



[ Tu seras attentionné mon fils ]


- Bientôt au cocon aquatique -


Un instant l'ex-anglois est interloqué face à ce sourire enfantin. Voile sur la tristesse et la peur ou réelle joie ? Les enfants sont-ils si habiles dans l'art de la tromperie ou un rien peut faire une très grande différence chez la pureté naïve...?

Et on verra les dauphins ?

Père on te demande. Pourquoi faut-il aussi qu'elle ait toujours des questions où il se doit de chercher une réponse convenable...

Hé bien... S'ils veulent bien nous rencontrer p'tite brune. C'est qu'ils sont timides les bougres !

Pogne droite digne d'un bucheron qui vient rassurer les cheveux de jais. Signe très commun chez lui pour signifier à la môme que c'est la fin des palabres. Parfait pour se sortir d'un traquenard infantile, si si... Les minots adorent les colles.


On y va ?


- Notre vraie Mère -

Mozeur ?


Soupir. Le jeune châtain garde le sourire... Pas le moment de flancher. Le plus beau jour t'as dit, le plus beau jour. Faux sourire.

C'est presque ça. Mother. Ça veut dire maman. Ce sera notre voilier... A nous. Hey !

Pas même le temps de lui expliquer quelques règles que la brunette s'échappe de sa main pour sauter dans la coque. Le père grommelle, le marin sourit en coin. Alors tu réponds à l'appel hein... A l'instant, le british apprend que sa propre chair peut se comporter sans le savoir comme le paternel. Pourvu que cela n'aille pas trop loin... Dis-moi que tu as pu lui faire rentrer de la sagesse dans le crâne douce femme.

Bien matelot... Mais même si tu dois faire dix sorties avec moi, un : tu ne te sépares pas de mes bras. On n'est pas sur une caravelle brunette. Deux : tu dois toujours m'écouter, sinon je te balance par dessus-bord.


Le regard est dur, mais soyons francs, il n'oserait jamais.

Et troiiiiiiiiiiiis... Ne-touche-à-rien !


Ça devrait le faire. De toute manière, ce n'est qu'une petite bicoque, même si les travaux entrepris ont semblé une éternité pour le marin. Enfin... L'en faut peu pour être heureux. Elle reste sage, c'est déjà une bonne nouvelle. Abel brise le dernier lien à la lourde terre, après minutieuse vérification des cordages et du bois. Pas le moment d'apprendre à la p'tite à nager.
Les rames font leur bout de chemin jusqu'à ce que l'instinct lui dicte que le vent est assez en poupe. Une plume en son creux, l'ex-anglois se prépare à éclater sa joie silencieuse :


Et pendant qu'on y est Alara... Te prends pas la bôme en plein front. Quand le vent change de sens, on change avec lui presque à genoux, car c'est notre meilleur ami... Ou ennemi. Je bouge, tu bouges, à moins que tu préfères un gros bâton qui fait des grosses bosses.

L'avertissement a l'air d'avoir assez touché l'esprit de la fille aux émeraudes qui s'empresse d'accepter de jouer la coordination. On ne cachera tout de même pas que le pater attend avec une once d'impatience que sa propre fille apprenne à ses dépends la douleur de l'échec. Avec ça, il aura la certitude qu'elle ne refera plus la même erreur, mais le dos rond à cette nature.

L'après-midi est avalée aussi aisément qu'un grain de sable par une vague gloutonne. Souvent, Abel se surprend à avoir quitté le monde pour son mutisme, les âtres de la vie tournées vers un astre bien paresseux, ce dernier attiré comme une abeille à sa ruche, son duvet, son immensité aqueuse. Et quand l'esprit reprend sa vivacité, le jeune père peut apprécier de voir la jeune âme faire elle aussi son voyage imaginaire, avec toujours la même question... Qu'y a-t-il aux tréfonds des eaux, ou bien là où se couche la lumière salvatrice toute d'orange vêtue ?
Malgré les minutes rêveuses, les premières leçons s'enchainent sans complexe, et la môme doit s'obliger à prendre conscience de sa fragilité face à la Reine des eaux et le Roi des vents. Nous ne sommes que des coquillages ma puce... Rien d'autre. Les braver, c'est tenir tête à la mort ; Et après les hommes... Ces illustres sont les plus rancuniers.

Ce n'est que sur de retour au port, et les pieds foulant à nouveau la protectrice, que le langage des signes disparait complètement, par une voix fluette.


Tu... Tu pars pas hein ?

Le châtain s'oblige un croissant rassurant, suivi d'un index faussement sévère.


Si tu me promets une chose Alara !


Le vert des yeux féminins prend une teinte peureuse, puis surprise, alors que les doigts du british dénouent les liens qui maintenaient les couettes.


Voilà. T'es bien plus jolie comme ça.


*** Maribrengaël de Stone Age ***
Alara
[L'amour d'un père est plus haut que la montagne.]

Sa petite menotte dans la pogne de son père, la brunette trottine derrière lui en longeant les quais du port. Le deux mirettes vertes toutes grandes ouvertes devant le spectacle grandiose de la vie marine. Elle ne sait plus où donner de la tête, tant il y a de choses à voir et découvrir. Elle ne prête d'ailleurs même plus attention à la réponse paternelle concernant l'animal roi des océans. Ni même à l'enseignement rudimentaire de la langue paternelle, répétant les mots par automatisme sans réelle application pour bien faire.

Elle s'imprègne de tout ce que ses émeraudes peuvent enregistrer du regard, la bouche entrouverte d'émerveillement. Alors quand ils s'arrêtent devant un ponton, face à une grosse coquille de noix, l'excitation l'emporte. Et telle une anguille, elle glisse et se faufile hors de portée d'autorité pour monter abord à la manière d'un pirate des mers.

Première leçon de vie à bord !


Bien matelot... Mais même si tu dois faire dix sorties avec moi, un : tu ne te sépares pas de mes bras. On n'est pas sur une caravelle brunette.

Les mots effleurent à peine les oreilles enfantines pendant que les doigts malicieux courent sur le bois déjà bien marqué par la vie marine.

Deux : tu dois toujours m'écouter, sinon je te balance par dessus-bord.

Oh ! Une voix ! Arf, il a pas l'air ravi le père ... Mais la découverte est tellement plus attirante ! Et la brune de passer de bâbord à tribord, faisant légèrement tanguer l'embarcation. Les petites mains curieuses furetant sur tout ce qui passait à bout de doigts.

Et troiiiiiiiiiiiis... Oups .. Le ton monte ... La petite tête commence à rentrer dans les épaules ... Ne-touche-à-rien ! Léger sursaut tandis que les mains se glissent dans le dos à la façon d'un : "C'pas moi !"
Puis une légère moue réhaussée d'un papillonnement de cils.


Okay Dad ...

Léger haussement de sourcil du père. Ben ouais, au bout du compte, ça rentre l'air de rien dans la petite caboche aux airs inattentifs.

Finalement décidée à ne pas fâcher l'autorité, elle s'assoit de bonne grâce et observe sans rater une miette, de tous les gestes effectués par la main professionnelle du père. Enfin celui-ci coupe le cordon avec la Terre, puis en quelques coups de rames, les premières sensations inédites provoquent un sourire béat sur le visage angélique.


Ouiiiii !!!!

L'enthousiasme a déjà effacé la première remontée de bretelles, alors quand la voile se déploie, claque au vent avant que celui-ci ne la prenne pour tirer le bateau, l'extase est à son comble pour le petit mousse à couettes. Elle hoche la tête aux dernières recommandations du Capitaine, trouvant même très amusant de jouer ainsi avec le vent.

[L'amour d'une mère est plus profond que l'océan.]

L'air iodé, les embruns qui ensalent le corps. Le roulis de la coque de noix aux airs de grand vaisseau dans les yeux de la gamine. Les vagues qui s'écrasent doucement contre le bois. Autant d'éléments enchanteurs qui lui rappellent de temps à autres, de ci une caresse maternelle, de là un murmure au creux de l'oreille, comme les soirs où elle avait droit à une comptine dont sa mère avait le secret.

Et toutes ces odeurs, ces couleurs ... Elles les appréhendait mieux maintenant, se souvenant des descriptions féériques qu'elle en avait eu. Maman ... Tout autour d'elle, elle ressent sa présence, cette aura réconfortante. Ils sont tous les deux dans leur propre monde, dans cette autre dimension que l'immensité aquatique apporte. Comme deux bulles de savons qui se rencontreraient, le père fait partager son monde à celle qui est devenue véritablement sa fille. Lui enseignant, lui inculquant de façon la plus sérieuse et ludique possible, la confiance et la crainte de cette Mère, celle du monde.

La journée touche à sa fin, le soleil va bientôt tirer sa révérence et les paupières commencent à piquer sous l'effet du sel.
La peur s'installe, celle de la séparation, mais le père rassure. Avant d'imposer un dernier souhait en cette journée bien remplie.


Voilà. T'es bien plus jolie comme ça.

Les boucles jais retombent en pluie sur les épaules épuisées et le petit corps vient se lover contre la cuisse masculine, s'y accrochant comme à une bouée. A bout de force, telle une poupée de chiffon, elle est alors soulevée et emmenée vers un repos bien mérité, peuplé de rêves magiques ...
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Realized by the best !
--Abel_hindley



[ Tu seras sincère mon fils ]


- Un lit, une fille, les colles / Acte I -


Il est drôle de regarder une fille avec son pater... Sauf quand tu entres dans le rang à ton tour. Pourtant, ce n'est pas que les journées ne se passent pas bien. Pourquoi faire ? Les enfants ont ce don de te faire perdre la tête quand il faut. Genre le soir, sur le pieu, quand la fatigue empli ton corps salé fourbu, mais que les lèvres de ta gamine n'ont pas fini de jouer aux questions qui tuent.

Dis P'pa ... Pourquoi qu'elle est partie M'man ? Pis elle est où ?

Les muscles se tendent sous l'emprise de la colère et de la tristesse. Ça commence... Fallait bien qu'elle vienne cette phrase. Mais si jeune... Respire Abel...

Maman... Est ce qu'on t'a dit quelque chose sur elle ?

Les noisettes européennes viennent à la rencontre des émeraudes dignes de la famille maternelle, avec la plus grande douceur qu'il puisse se permettre dans son état.

On m'a juste dit qu'elle était partie au ciel ... Pourquoi qu'elle m'a pas emmené avec elle ? Et pis elle r'viendra non ?

Évidemment. Tu voulais qu'ils racontent quoi au bout de môme sinon un conte. Mais les sujets comme ça, plus ça dure, plus ça fera mal quand on donnera les détails. Orage dans un crâne flingué. Un père se doit d'être le plus calme dans les pires des situations. Un garde-fou... Un roc. Relâche toi Abel, il faut lui dire, avec les bons mots, pour que la douleur soit instructive. Car oui, même les malheurs ont leur bon côté. Et le marin croit en ces leçons, bien qu'on veuille le plus souvent les oublier, ou les mettre de côté jusqu'au prochain coup...

Tu peux me promettre d'écouter tout ce que je vais te dire ?

Oui P'pa !


Alea jacta est...

Maman... N'a pas réussi à donner la vie à ton petit frère. Il est né mais comme beaucoup d'autres il n'a pas ouvert ses yeux. Tu entendras beaucoup d'histoires tristes comme ça.

Ne quitte pas ses iris.

Il arrive que même la maman n'ouvre plus les yeux, car c'est très très douloureux de mettre au monde un bébé. Et... C'est ce qui est arrivé à notre belle.

Les doigts de bucheron jouent avec quelques filins de jais.

Maman ne nous quittera jamais. Elle ne nous a pas abandonné. Elle est en paix et elle sourit de nous voir tout les deux. Elle nous regardera tout les jours, jusqu'à ce que nous aussi on la rejoigne. Et jusqu'à ce qu'on s'envole, Maman veut que nous vivons le plus longtemps possible...

La suite...? T'en as pas. En fait tu es devant un mur c'est ça ? Non non ne me dis rien... En fait tu as la plus grosse frousse de ta vie. T'as peur que ta chair te fuit juste maintenant... Ou qu'elle te déteste. Tu n'attends que ça hein ? Qu'elle réponde du bas de ses six printemps...

C'est d'ta faute ! M'man elle aurait pas eu c'bébé si t'étais pas r'venu !

Les petits poings tambourinent le torse du paternel. Les noisettes fixent les joues de pêche dévastées par les torrents de perles de souffrance. La petite n'avait rien demandé, mais on lui a déjà enlevé une moitié, et ses rêves. L'enfance prend un coup. La maturité va venir trop vite... Et ce sera au dernier et rude pilier de faire face. Malgré tout, le british reste là sans rien dire, plaqué par les derniers mots, incapable de bouger quoi que ce soit, de détourner le regard.

Et ce n'est que lorsque la tempête se calme, s'épuise, se résigne à la fatalité d'une voix fluette...


Pardon P'pa ...

Fébrile, le corps adulte vient comme par automatisme rasséréner cette petite chose que l'on nomme enfant ; Cette force inconnue qui vainc même le plus strict et le plus muré des hommes. D'une voix mal éclairée, les âtres laissent couler deux rivières.

C'n'est rien. C'n'est rien. C'n'est rien...

Il s'essouffle, étreint le petit bout de vie, perd le combat de l'homme rassurant. La fille apprend que même un papa souffre... Et il suffit de quelques mots.

J't'aime P'pa ... Comme que M'man elle voudrait ... Qu'elle soit fière d'moi ...

Juste cela, et la nuit devient tendre, le temps n'existe plus. Il ne dira pas non plus ces deux mots, même si une jolie petite brune voudrait ardemment les entendre. Abel n'a jamais été doué avec ce genre de paroles. Les actions... Voilà de quoi juger la qualité humaine ! Alors le jeune britannique prie... Un jour peut être le fruit des entrailles d'un marin et d'une rebelle comprendra les actes passés du pater... Et même... Les futurs.


- Un lit, une fille, les colles / Acte II -

Il y a des questions délicates :


C'quoi la différence entre les femmes et les filles ? En quoi que c'est pas pareil ?

A ce type, une solution très efficace :

Il est tard il faut se coucher.

Enveloppez votre petite dans vos bras sans prendre attention aux grognements, et osez croire qu'elle oubliera le plus longtemps possible ce sujet. Les doigts dans le nez messieurs, vous vous rassurez et lui fermez le clapet, tout bénef'. Votre puce sera protégé des beaux garçons.

Mais euh ... Comment qu'on sait qu'on a un bébé dans le ventre ?

Ou pas... Blanc de paroles qui dure, dure...

Un bébé...

Soyons francs.

Il faut que tu... Hum... Que tu sois une femme déjà. Et que tu fasses l'amour avec un homme. Et si plus tard tu vomis sans raison, y a une chance que tu ais un bébé. On dit en-ceinte.

Ou un polichinelle dans l'tiroir, à vous de donner une note plus ou moins humoristique à cette merveilleuse nouvelle. Aïe, la brunette fronce les sourcils, ça sent mauvais.

Et comment qu'on fait l'amour ? Et pis comment que je vais savoir si je suis deviendue une femme ? Quand je n'aurais plein de muscles moi aussi ?

S'il vous vient par ce jour, chers parents, l'envie d'acheter une masse, c'est tout à fait honorable, vous êtes humains.

Hé biennnnnnnnnnnnnnnnnnnnn, je te le dirais quand tu seras attiré par les garçons et que tu seras devenu une femme, donc tu as encore six ans devant toi au moins...

Pourquoi faut-il qu'elle grimace maintenant...

C'long ...

Ne pas l'étrangler, ne pas l'étrangler ; Oui se pincer l'arête du nez, joli coup.

Dis P'pa ? Est-ce que ça fait mal l'Amour ?


Respire, respire... Inspire par le nez... Expire par où tu peux.

Déjà sois pas si pressée foutre dieu ! Ensuite... L'Amour, quand c'est bien fait, ça ne fera que du bien.

Ah .... long silence Alors pourquoi que ... Tu l'aimais très fort alors M'man ?

Vous pouvez commencer à vous poser la question cruciale : madame et/ou monsieur crient-ils trop fort ?

C'est à dire...?

Parce que quand que tu étais à la maison, ben m'man elle avait t'jours le sourire l'matin au réveil !


Oui parents, les enfants peuvent aussi vous rassurez sur vos... Performances. Enfin la prochaine fois, faites des murs plus larges et mettez le loquet à la porte...


- Une fille, l'argent, le parrain -

Ce soir là, l'enfant est puni. Chambre d'abord scellée, la brune s'est finalement endormie sur des pleurs saccadés. Le pater lui s'est accaparé sa flasque préférée, juste pour oublier, oublier qu'il restera quelque part un produit masculin Hindley.
Dans deux jours, le jeune homme devra partir... Et il sait qu'il ne pourra jamais faire accepter une gosse pareille sur une coque. Et laisser cette fille sensible sans contact à part le couvent des sœurs... C'est la déprime assurée pour tout le monde. Déjà qu'il n'a pas pu supporter chaque passage en Église... Le british n'ose pas imaginer le résultat pour sa propre chair emprisonnée entre quatre murs.

Les jambes alourdies trainent jusqu'au port, à la recherche de la seule personne en qui il a confiance pour se débrouiller à faire d'un enfer une place acceptable. En taverne, le britannique trouve enfin le châtain frisé du coin, l'ado de la pègre. La gueule d'ange qui a une sacré descente.


B'soin d'toi Henry.

C's'ra bien l'première Abel.

Et la seule. Ça te dit d'être parrain ?

Sonne bien.

Alors t'es engagé p'tit merdeux...


Sans le savoir, l'adolescent à la douzaine venait d'accepter d'avoir une gamine à garder à l'œil, pour chaque absence du père qui doit ramener le blé à la maison, aussi longtemps qu'il le faudra. Il s'était fait avoir par le mot. Malin l'Henry, mais Parrain, c'est trop classe pour dire non à son âge ingrat.


*** Morgane de Toi de Renaud ***
Alara
[Il est grand, il est beau et c'est mon père.]



~ Un lit, un père et des questions \ Acte I ~

Apprendre, découvrir et apprivoiser.

Les trois mots d'ordres d'une gamine dont la vie commence à changer du tout au tout.
Trois préceptes qui s'appliquent tout autant à l'élément aquatique, qui berce ses longues journées de marin en herbe, qu'au patriarche qu'elle découvre au fil des jours.
Cet autre, celui qui lui a donné son sang. Celui qui va faire d'elle une Hindley, une vraie.

Le soir, dans l'alcôve qu'ils se forment dans la chambre qui fut celle de feue sa mère, ils discutent. Nouveau couple, atypique lié pas le complexe d'Oedipe.
Alors comme la veille, une première question tombe, à la fois innocente et dérangeante. La joie d'avoir des enfants ...


Dis P'pa ... Pourquoi que t'es parti si loin avec la Princesse au lieu d'rester à la maison ?

Mine dubitative du père qui laisse un moment de latence pour réfléchir, peser ses mots afin de les rendre accessibles aux petites oreilles enfantines.

La Princesse ... Silence. La Princesse est très capricieuse mais paie bien ses hommes. L'argent est très important tu sais Alara, sans lui tu ne peux pas manger, ni boire, ni dormir dans un lit, ni t'amuser.

Pas très doué le paternel pour inventer des histoire féériques qui vous transportent dans un mondes de froufrous et de paillettes ... Mais c'est LE père, LA référence, alors on passe outre et on boit ses paroles jusqu'à plus soif. Les deux billes vertes s'illuminent de malice et d'émerveillement.

Alors c'pour gagner plein d'sous que t'es parti loin ? Plein d'sous comme ceux d'un trésor ?
Hé bien... Tu sais au début... J'avais très peur. Je ne voulais pas être père... Déjà que le mien n'est pas dans mon coeur, alors tu vois... Moi être un bon papa, je trouvais que j'allais faire plus de mal que de bien. Alors oui, j'ai fui, j'ai fait une très grosse erreur, je n'ai pas voulu réfléchir aux conséquences. J'ai pensé seulement à ma vie.

Le mensonge fait parfois plus mal que la vérité, Abel le sait, alors il se livre avec douceur à celle qui est de sa lignée.
En face le petit nez se fronce, mine dubitative, se demandant de quoi il parle.


Peur d'être mon P'pa ? Mais j'suis une gentille p'tit fille moi ... Alors pourquoi que tu as peur ? Pis t'es un vrai P'pa vachement fort !

Voilà ce qu'est un père dans les yeux d'une môme. Le meilleur, le plus fort, le modèle ! Et lui, en bon père, essaie de se justifier face aux deux mirettes émeraudes, sondeuses d'âme.

Tu sais j'ai beaucoup changé en cinq ans. Etre père, c'est une très grosse responsabilité, on ne peut plus faire tout ce que l'on veut, car ton enfant doit passer avant toi. Et moi... Plus jeune... Je ne voulais qu'être libre comme les mouettes. Quand je suis revenu, je venais à peine de comprendre que j'ai été très méchant envers toi et maman. Alors... Je... Hé bien... J'suis là.

Les mots se bousculent dans la petite caboche aux mèches brunes et, du haut de ses cinq ans, la jeune Alara essaie de comprendre. Mais comme tous les enfants à cet âge là, lorsque les phrases sont trop longues, on n'en retient que la fin.

Mais maintenant t'es plus méchant ? T'es avec moi puisque M'man elle est partie .... Léger silence. Dis P'pa ? C'est comment une île ? C'est vrai que y a des trésors dessus ? Ou comment sauter du coq à l'âne avec un naturel déconcertant.

Le père se livre alors dans une description succincte, mais avec un détail qui a son importance, les "Trésors". Alors la gosse s'emballe par avance, rêvant déjà de chasse au trésor, de coffre et mille et une autres choses qui font pétiller les iris verts.

Ce soir là, la petite rêvera de grands voyages et de merveilles, calmement endormie et calée dans les bras d'un père un peu dépassé.





~ Un lit, un père et des questions \ Acte II ~

Une autre journée terminée, pleine d'aventures et d'enseignements pour la petite brune aux grands yeux verts. Le teint s'est légèrement hâlé à passer les journées entières sur le petit voilier. La gamine, aux abords timides, prend de plus en plus d'assurance, copiant le modèle paternel.
L'heure est venue au repos et au tête à tête quotidien.
Quelle sera la question d'aujourd'hui ?


Dis P'pa ... Où qu'c'est que je vais habiter maintenant ? T'sais si la Princesse elle veut que tu r'partes loin ? J'vais v'nir avec toi dis ? Blanc ... Tu ne te plais pas ici ?

Les deux grandes mirettes de jade fixent le père. Regard implorant de chien battu abandonné sous la neige.
J'veux rester avec toi P'pa ... S'tu pars je vais être toute seule ... Et j'aurais plus de P'pa, ni de m'man ... Et alors la méchante Aloïs, ben elle va encore s'moquer d'moi ... Larmes qui montent aux yeux, sans qu'elle ne baisse le regard.

La corde sensible ... Si petite et déjà elle en joue à la manière d'une virtuose. Comment ne pas fondre ?
Alors il lui explique qu'il lui apprendra à se défendre à bon escient, que cela est possible sous certaines conditions, enfreignant un peu les préceptes maternels.
Et c'est là qu'on s'enfonce dans le mensonge, promettant l'impossible ...


Je ne t'abandonnerais pas une seconde fois Alara... Je l'ai promis. Rassurée, la petite tête aux boucles jais, se pelotonne contre le torse et sombre dans le sommeil, terrassée de fatigue. Bénie soit la mer...





~ Un lit, un père et des questions \ Acte III ~

Que serait un marin sans savoir nager ? C'est cela qu'Abel va enseigner à sa fille en ce quatrième jour d'enseignement.
Une crique à l'abri du vent, une mer d'huile pour mettre en confiance. Appréhender l'élément aquatique, à prendre à flotter, à faire le bouchon, à se laisser bercer la la masse liquide ... Lui toujours près d'elle immergé à ses côtés.
Ce n'est qu'en regagnant la rive qu'elle vit les lacérations dans le dos paternel alors que celui-ci changeait de chemise... Regard furtif et curieux, sans mot ... Cela viendrai plus tard, le soir avant le sommeil ...


Dis P'pa ... C'quoi les marques que t'as dessus le dos ?

Oh... Tu as... Large grimace. Ce sont des cicatrices ma belle... Des marques qui ne disparaissent pas sur ta peau. Regard émeraude interloqué, première rencontre avec la cruauté des hommes.
Elles partiront jamais, jamais d'la vie ? Mais comment que tu as fait pour en avoir ?

Quand tu rencontres quelqu'un et que tu vois qu'il a beaucoup de cicatrices ça peut vouloir dire plusieurs choses :
Soit c'est un guerrier depuis de très longues années.
Soit cette personne a eu une vie très difficile.
Soit elle ne sait pas se défendre.
La vie de marin Alara... C'est une vie d'homme. J'ai eu ces marques comme d'autres... Car il y a des capitaines... Plutôt impressionnants parfois.


Hochement de tête approbateur associé à une mine perplexe. Bien qu'elle n'ait pas tout saisi, la gamine, n'ira pas plus loin dans son questionnement cette fois-ci. Bien trop impressionnée par les sillons boursoufflés qui orneront à vie le dos paternel.
Le petit corps se blottit dans la douce chaleur du corps protecteur. Un baiser sur le front et enfin le calme pour Abel.

Le calme avant la tempête ...




~ Un père, le mensonge et un nouvel ami ~

La veille, la dispute. Violente et rude. Disparition du paternel pendant la nuit, laissant la gosse seule au profit de l'alcool salvateur.
Le maigre lien tissé les jours derniers s'amenuise comme peau de chagrin. Tant d'effort pour ça ...
Sans qu'elle ne le sache, ce soir là sera le dernier soir en compagnie du père. La promesse ? Du vent ...
Alors il la traine dans l'autre monde des ports, celui des tavernes. Les rires gras, le brouhaha ambiant, les bagarres.
La petite suit son père comme son ombre, accrochée à sa jambe comme une sangsue.
Une table déjà occupée par un gamin, déjà grand lui. Le père soulève la plume et la dépose sur la table. Présentations :


B'jour M'sieur. Un rire accueille la politesse de la môme.
M'sieur... Doit pas avoir trop d'différence. T'as quel âge mini Hindley ? Six petits doigts se dressent alors fièrement pour appuyer la voix assurée de celle qui pense être déjà une géante.
Six ? Vache t'as pondu ça Abel...? Cachotier !
Va pas trop loin gamin, si tu veux pas avoir la honte de la fessée... Quoique ca me détendrais...
J'suis pas un oeuf ! Eclat de rire des deux hommes devant la spontanéité puérile. Une moue boudeuse barre maintenant le visage enfantin. Le second degré on connait pas encore à six ans ..
Les bras se croisent alors sur la poitrine, les yeux se rivant sur le sol crasseux.

L'aime bien ta gosse.
Tombe bien morveux, parce que vu qu'elle a la moitié de ton âge, et qu'elle a une tête d'oeuf comme la tienne... Clin d'oeil à la chair de son sang. Bin tu t'occuperas d'elle quand j'serais pas là.

Et la la petite brune se rebiffe, hurlant au mensonge, à la calomnie ! Le paternel tente de lui faire la morale, le expliquant le bien fondé de sa décision, mais autant se heurter à un mur. Aucune parole ne trouvera grâce aux yeux de la môme.
Moment que choisit Henry pour en détourner l'attention, l'emmenant au dehors pour une fabuleuse découverte ...
Sauf que la furie ne l'entend pas de cette oreille et tambourine tant qu'elle peut le pauvre adolescent qui n'aura la paix que sous la menace de la jeter à la baille. Et après réflexion, le calme revient.


Waouh ...

Les paupières papillonnent devant le spectacle féérique du jeu de lumières lunaires et aquatiques. Long silence contemplatif que l'ado finit par briser.

'Coute Alara... C'pas que ton daron t'aime pas ou veux t'quitter. S'il peut... T'serais la première à embarquer 'vec lui. Mais chez nous, c'pas pareil, c'est... Trop dur pour une p'tite comme toi. Même moi à mes six printemps on v'lait pas d'moi.
Faut que... T'comprennes que sans des sous, on peut pas manger. Et t'papa bin il veut qu'tu sois bien. T'comprends ? Faut qu'il parte pour qu'tu grailles. Sinon t'vas partir aussi.
Comme... Comme t'maman.


Les paroles font lentement le chemin dans la caboche avant qu'une voix chevrotante n'abdique : J'veux apprendre ... Pour que quand p'pa r'viendra, j'sois prête et la prochaine fois j'partirai avec lui ...

Un pacte est scellé, il sera son nouveau guide en l'absence du chef de famille. Henry raccompagne la petite chez elle, devenant même pour l'occasion un poney de course que les petite bottes éperonnent avec vigueur.

Ceci n'est qu'un début.

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Alara
[La musique la plus extrême est le silence de la bouche aimée. *]

L'heure fatidique approche.

Ils sont loin les rires de la veille au soir, loin cette joie commune qui animait la fille, le père et le fils d'adoption. Tout cela avait duré jusque tard dans la nuit, assez pour que la mini Hindley tombe de sommeil et soit ramenée par les bras d'un père aimant au cœur déchiré.
Qui aurait cru cela il y a encore quelques mois ...

Le petit corps avait été déposé précautionneusement sur le lit et recouvert d'une couverture chaude.

Mais maintenant au petit matin, ce petit corps était ceint d'angoisse.
Peur de voir ce père partir pour ne jamais revenir ...
Et alors que la respiration régulière à ses côtés la rassure, elle ne peut s'empêcher de venir se blottir au creux de l'épaule large. Petit animal craintif qui se love dans la douce chaleur protectrice. Et le temps passe lentement, jusqu'à ce que la lumière du jour fasse son œuvre.

Collation matinale prise dans un lourd silence ... Gêne pour l'un, d'avoir à abandonner ce qui désormais compte le plus pour lui. Reproche pour l'autre, face à ce mensonge éhonté d'abandon. Comment peut-il lui faire cela ?
La petite bouche rageuse est scellée en une moue qui barre le joli petit minois.

Les affaires sont emballées et la chambre désertée. Henry les retrouve sur les quais et Alara se jette dans les bras de ce grand frère d'adoption.
LUI au moins sera là pour veiller sur elle !
Le nez enfoui dans le pull d'Henry, elle ne verra pas le sourire attendri d'Abel devant ce tableau idyllique à ses yeux.

Le trio arpente les quais jusqu'à la passerelle du navire qui va embarquer le père. Malgré la colère qui la ronge, la mini Hindley est ébahie par la taille du vaisseau. Beaucoup, beaucoup plus grand que la petite coquille de noix sur laquelle elle avait navigué ...

Prévenant le père s'accroupit à ses côtés, la serrant fort dans ses bras et lui chuchotant au creux de l'oreille une nouvelle promesse, celle de l'emmener avec lui à son retour.
Pour seule réponse, il récolte un regard noir et inquisiteur qui le fait éclater de rire malgré son cœur qui se serre. D'une main, il vient ébouriffer le jais sauvageon. Pas un mot de plus, il s'éloigne puis se retourner vers le jeune "couple", le visage défait.


J'te déteste ! Et le petit corps se jette contre la cuisse d'Henry. Ce dernier l'enveloppe d'un bras protecteur, faisant signe à Abel qu'il peut y aller.
Le marin pose alors le pied sur la passerelle, il est trop tard pour reculer.

Et puis c'est le départ, les amarres sont largués, le grand vaisseau prend la mer ... Toujours cachée, Alara ne daigne même pas tourner la tête. Henry reste immobile, puis au bout de longues minutes, il la pousse gentiment et lui dit :
Regarde, on dirait qu'il vole.

Les deux billes vertes curieuses quittent enfin leur repaire et le spectacle qui se joue devant elle l'émerveille ...
Les voilures ont été dépliées comme les ailes d'un grand oiseau. Leur blanc éclatant tranchant sur l'azur de l'horizon. Majestueux volatile au milieu du ballet aérien des mouettes rieuses et, qui poussé par le vent, devient de plus en plus petit ...


Daddy ...

Des larmes silencieuses roulent sur les joues de la petite tandis que le regard reste fixé sur l'horizon. Le cœur meurtri de ne pas avoir entendu ces deux mots salvateurs ...
Une fois le bateau disparu, Henry prend la main d'Alara et l'entraine vers ce que sera sa vie pendant de longs mois.


* Gerardo Diego

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[ A trop couver l’œuf... ]



- ...Il n'en sort qu'un vilain petit canard -

L'esprit marin détient un tout autre aperçu sur la vie. Tout va trop vite de retour sur terre... Le temps n'a plus la même obsession une fois voguant au royaume de Poséidon. Il y a tant d'occupation, sur ce bois assailli de toute part, que Chronos joue de son pouvoir, mystifiant l’œil des hommes de l'Océan, ces derniers croyants alors dur comme fer les journées plus courtes qu'un solstice d'hiver...
C'est dire le nombre de fois où le père Hindley fût surpris de la croissance de sa chair... Peu importait de se ressasser toujours le même refrain, les tréfonds de sa coquille d'âme n'étaient jamais prêt à assumer le vide que devait ressentir sa fille durant l'absence du dernier guide familial. Bien que la petite ne fût pas seule à être confrontée à la dure loi du couvent, jamais le pater n'eût une confiance tranquille en ce jeune parrain filou. On connait la chanson : Fais ce que je dis, pas ce que je fais. Et plus les lunes s'écoulaient, plus l'anglois ne se laissait abuser des faux espoirs. Alara touchera du bois aux multiples combines des bas-fonds par les magouilles d'Henry. Et il le faudrait bien... Si le bout de brune voulait se forger un caractère digne d'entrer en ce monde particulier.

Dès lors, il ne fit aucun doute au jeune rosbif, qu'un jour, les sœurs veuillent se débarrasser du vermicelle, qui débutait déjà assez mal à respecter cette sainte prison. Il devra préparer le prochain carrefour du chemin de sa descendance. Faire accepter une gamine à bord... Comme si cela ne suffisait pas de garder sa propre place d'équipage.
Révélation apparue - comme quoi la caboche gardait un tantinet de clairvoyance après une belle partie de vie aromatisée aux gnons dans la gueule - , le père Hindley joua silence et profil bas, histoire de grappiller une once de respect et de responsabilité de la part des plus gradés. A chaque arrivée et veille d'escale au port normand, l'anglois se laissa tenter par la douce compagnie de la liqueur. Sacrifiant deux soirées aux côtés de son sang, le marin était au moins certain de garder son avantage à la gueule de bois ; Du moins jusqu'au revers de médaille…


Le sel a creusé la jeunesse. Sur son visage au teint halé, autrefois illuminé d'un éclat impatient de retrouver l'aventure, ne reste plus qu'un mur de pierre ponce, habile à calmer quelques ardeurs des plus lâches. Mais encore loin de détenir le trophée de sale gueule, un calme étrange semble s'être emparé des noisettes, pourtant encore pleines d'immaturité il y a à peine quelques années.

Les larmes du ciel tombent lentement pour venir s'écraser sur le dos fatigué de la mère Gaïa. Ces longs filaments offrent à toute forme de vie un rafraichissement de taille... Et tandis que la nature chante les louanges de la pluie, la majorité des Hommes râlent sans fin la venue de cette perturbatrice. D'autres sourient à l'alliée qui leur rendra richesse et pérennité ; Et les derniers fixent, sans conscience du temps alentour, un point au hasard à l'horizon, dans l'espérance qu'une personne, pensée ou idée ne viennent les délivrer de leur cage spirituelle.

De ce dernier lot, l'anglais reste face à la demeure des femmes de foi, mouillé jusqu'aux os, comme statue de pierre peu inquiète de son sort. Les sombres poches sous ses yeux témoignent elles-mêmes de son envie de faire demi-tour. Ne serait-il pas mieux dans sa caille, à ronfler sans penser au moment présent, happé par les enivrantes effluves, vide de ses déboires, grâce à cette nuitée arrosée plus que de raison ? La tentation le fait presque dormir sur place, pion lancinant sur l'échiquier de l'éveil... Mais le corps le rappelle à l'ordre et celui-ci finit d'instinct à trouver abri dans l'une des nombreuses maisons de l'Unique. L’accueil est aussi tempéré que la gerbe diluvienne au dehors:


Il était temps... Votre fille est une peste que nous ne pouvons plus accepter.

Le couperet tombe plus vite qu'il ne l'avait prévu. De la fatigue naît la colère, ravivée des quelques souvenirs d'antan de son propre passage chez les nonnes :

J'vous permets pas d'l'insulter, pie rabajoise. D'toute manière, j'viens la reprendre... Vot' taudis nous as assez séparés.

D'abord offusquée, la quinquagénaire voilée fait tourner sept fois sa langue en son antre, par respect des lieux, avant de laisser s'évaporer une raillerie étouffée qui vient rebondir sur les murs saints, gardiens des quelques jeunes âmes ayant élu domicile :

C'est vous qui l'avez "abandonné" à nos soins.

Le marin ne réfléchit plus. Les bras fuselés au gré des bourrasques maritimes viennent plaquer férocement contre la froide pierre le frêle et vierge corps, les pupilles dilatées entre fin de soirée et rage. La position reste la plus inconfortable de longues secondes avant qu'Abel ne daigne relâcher l'âge d'or effrayé. La voix siffle :

J'vous ai pas graissé la patte pour vot' avis, vieille peau. V'savez rien d'ma famille. 'Pouvez déjà être heureuse d'pas avoir la guigne d'un accident. L'marché est dangereux... Le Très-Haut peut pas être partout à la fois.
Ma fille... Maintenant.


La menace trouve rapidement son efficacité à la vitesse d'avancée vers la cellule du trésor le plus précieux du pater. Une porte s'ouvre, la tenancière s'efface, et la force de persuasion anglaise s'envole... Comme toujours, il n'en revient pas des changements incessants du physique de sa perle. Mais cette fois-là, la métamorphose semble plus l'affecter que d'ordinaire. Est-ce l'âge ou bien les prunelles vertes qui parlent le mieux ? Il ne sait qu'en répondre :

J’espère que t’as l’pied marin.

Le ton est posé, saupoudré d’un sourire, lui professionnel dans l'art de cacher ses vérités. Dans sa tête, une seule peur l'anime : que cette fille qu'il ne reconnait plus refuse la promesse tenue.



*** Roulette de System Of A Down ***
Alara
La petite fille a grandi en effet.
Elle ne regarde plus son père avec des yeux admiratifs.
Il prend un coup de vieux le pauvre homme ;
il descend de son piédestal. *


Une pièce austère dans une grande bâtisse guère plus avenante. Une silhouette s'active en des gestes lents et méthodiques, comme pour ralentir le temps qui passe. Retarder l'inévitable échéance.
La veille, elle avait été informée de son retour, mais surtout de son désir de la reprendre.
Comment osait-il ? Lui qui n'était désormais qu'un étranger à ses yeux.

Il s'en était passé des choses depuis leur dernière rencontre. De l'eau avait coulé sous les ponts ...

Flashback.

Peu à peu l'été s'était retiré au profit de l'automne. La petite brunette suivait désormais Henry comme son ombre, apprenant de lui, le bon comme le moins bon.
Cela s'étendait des menus travaux agricoles pour gagner quelques piécettes, aux vols à l'étalage les jours de marché. Le savoir survivre en toute circonstance.

Mais il vint le jour fatidique où Henry dû la conduire au couvent, selon les volontés d'Abel. Pour lui une jeune fille devait recevoir une "bonne" éducation. Encore une erreur d'appréciation. Au second jour, elle avait trouvé le moyen de fuguer pour retrouver son "père" de substitution.

Quelques heures de bien-être, rassurantes, avant le retour douloureux et les sanctions ...
Pas une semaine ne se passe sans qu'elle n'échappe à la surveillance des sœurs totalement dépassées par la caractérielle gamine.

Les saisons passent irrémédiablement. L'hiver et ses batailles de boules de neige ou les combats de boue. Le printemps et les retours aux baignades malgré l'eau glacée, ainsi que les escalades dans les cerisiers pour les orgies de cerises. L'été et ses sorties en bateau de pêche à l'insu d'un capitaine, qui une fois en mer se retrouve avec une bande de mômes et qui ne peut que leurs transmettre son savoir. L'automne et la couleur changeante des arbres, le goût à la fois sucré et acide des pommes, qui, plus tard, deviendront cidre dont la "bande à Henry" s'enivre, planquée dans la cave d'un père peu regardant.

C'est à ce rythme cadencé que la Hindley grandit et devient un vrai garçon manqué. Rebelle et bagarreuse, elle termine souvent aux côtés des employés du couvent pour effectuer les tâches ingrates, mais qu'importe, tout cela ne fait que la renforcer mentalement comme physiquement. Et ce ne sont pas les très rares passages du père qui arrangent les choses ...

Du haut de ses douze ans maintenant, elle dépasse les autres filles d'une bonne tête. Ses longs cheveux de jais, bien souvent emmêlés, retombent désormais au creux de ses reins.
Ses épaules carrées, par les heures à nager à contre courant sous la surveillance et les encouragements d'Henry, la rende "impressionnante pour une fille".


Faut que tu prennes de la force Mini-Hindley, ça sera ta survie quand ton daron reviendra te prendre.

Et pour seul réponse, un haussement d'épaules, un semblant de manque d'intérêt avant de replonger dans l'écume pour une nouvelle lutte contre la mer.

Au fond d'elle, elle sait qu'Henry dit vrai, en même temps, il y a cette petite voix qui lui dit qu'Il ne reviendra jamais ...

Et pourtant ...


En ce matin de giboulées de mars, un courrier inattendu arrive. Il est revenu et Il vient la reprendre, l'arracher, même, à Henry qui est devenu tout pour elle. A cela, elle a fomenté un plan ...

Dernier vêtement fourré dans son sac avec humeur, avant que la lourde porte ne s'ouvre sur un homme qu'elle peine à reconnaitre. Il avait tellement changé ... Ce visage marqué, ces quelques filins d'argent parsemés dans ses cheveux ...


Daddy !

Évanouie la colère qu'elle contenait et qu'elle comptait lui cracher à la figure. Devant ce regard fier et pétillant, elle avait baissé les armes, laissant son instinct familial reprendre le dessus. Et quand les paroles sont lâchées avec ce sourire de défi, limite moqueur ... La marque des Hindley.
Elle avance vers lui avant de le dépasser, feignant de l'ignorer, mais tout en le frôlant consciencieusement pour lui murmurer :


J'sens qu'tu vas être étonné ...

Accent des gamins de la rue, bien loin du standard de l'établissement auquel elle tourne le dos sans aucun regret.

Henry nous attend où tu sais.

Sans un mot de plus, elle s'éloigne d'un pas décidé, forçant le père à trottiner pour la rattraper et se mettre à sa hauteur.

Petit poisson deviendra grand ... Surtout dans un monde de requins.


* Geneviève Bersihand - Extrait de Les Filles et leurs pères

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[ Adolescence... ]



- ...Surprenante -

Les cloches sonnent. Pas seulement celles de la sainte bâtisse, mais aussi leurs jumelles de la joie et de l'espoir. Alara ne lui en veut pas. Elle ne le hait point. Angoisses et peurs sont balayées par un vivifiant ouragan de bonheur, éponge délicieuse soignant chaque blessure antérieure, remontant les années sacrifiées à la survie face à la première Mère de l'Homme. Balivernes que toutes ces couleuvres fabriquées grâce à l'argile de ses soucis, elles disparaissent aussi sereinement que le rythme effréné qu'avait pris son battant durant un temps qu'il ne souhaite plus se remémorer. Aujourd'hui est jour de fête, un câlin symbolique prêt à accueillir la chair qui s'avance enfin... Pour le frôler.

Arrêt temporel.

La gamine n'est plus de ce monde. Il faut dire adieu à la douceur et candeur de l'enfance, friande d'amour et de gestes, pour accepter que le monde change pour tous. Il n'y avait pas que les yeux qui lui ont foutu le trouillomètre à zéro finalement... Mais aussi la carrure de la tourterelle. Ouais, un piaf. Elle roucoule la mésange, apporte son lot de surprises et de renaissance.

Henry attend où il sait ?

Minute papillon de lumière, tu serais pas en train de me flouer par hasard ? Elle est où l'arnaque du siècle ? Ça pue la langue de la commère vendant sa pêche de la semaine. Pas frais le poisson. Changement de programme sans l'avertir ? La bonne blague... Vous vous fichez éperdument de moi ma fille. L'embrouille, je veux entendre le sale coup de votre arrogante bouche. Si fait, parait que je dois être surpris très prochainement. Tiens donc ! La réponse je veux...... De suite...... Regarde mes yeux bordel......

Mais où elle va ?


Hey !


Sa môme le fait cavaler un chouilla. Un grognement monte doucement en gorge. Non mais déjà qu'elle arrive à lui couper le sifflet par son aisance digne d'une comédienne italienne, c'est un peu - vraiment beaucoup - trop... Maintenant lui pique l'envie de claquer cette paire de fesses, sûrement pas assez rouges de claques à son goût. Peut être va-t-elle, une fois dehors, comprendre qu'il la fixe avec un assez grand intérêt pour s'arrêter, et pouvoir enfin éteindre la bougie de la curiosité qui flambe dangereusement.

Abel aime les plans suivis à la lettre.

La miss Hindley semble avoir un tout autre point de vue. Ça ne passe pas. Le pater fait une moue à la mode "tu te fous de ma tronche" sans une once de honte, mais garde son calme afin d'éclairer au plus vite cette sombre affaire... Du moins jusque devant le plus grand traquenard des vices que le marin ait pu connaitre : la taverne.

Moins de finesse.

La brunette entre sans attendre, ce qui excite, à la limite du supportable, les nerfs déjà à vif du père qui s'attend au pire. Pour couronner le tout, sa flasque est vide, laissant place à l'attitude du blasé devant trop d'évènements surprises. Sans élixir, il ne peut tenir. L'entrée au royaume des lourdes effluves finit de l'achever physiquement, au point qu'il s'asseye sans retenue sur une des chaises de la table de l'ultime vérité. Le Parrain lui fait face, un sourire ne disant rien qui vaille au pauvre ère tentant vainement de lutter contre la fatigue d'une veille arrosée.


Accouche Henry, c'est quoi la nouvelle ?

Beh... Alara t'as pas dit ? J'vous rejoins. On va être les maîtres des flots Abel, pour sûr.


Ainsi l'adolescente avait caché à son père la présence du filou à bord pour la suite. Pourquoi tant de secret pour une nouvelle aussi... Simple ? Tout aurait été bien plus tranquille pour lui si cette bouche en cœur avait craché le morceau. Tant de silence l'interroge, lui font lever un sourcil, et froncer un autre. Y a une anguille dans une botte d'algues... Le rosbif en est certain.

Alara. M'expliques pourquoi l'a fallu que je découvre ça maintenant ? Mmmmh ? Parce que j'espère que ce n'est pas une idée de clandestin ; Que le contremaitre est au courant sur le fait que le bleu revient faire du service... Sinon j'promets que l'parrain filera aussi droit que les coups de fouets qui vont arracher la peau de son foutu dos.


*** High Hopes de Pink Floyd ***
Alara
Le père est un miroir dans lequel la petite fille puis l'adolescente,
peut discerner les prémices de la femme qu'elle deviendra. *


D'estoc et de taille, la petite Hindley frappe.
Narguer pour mieux ignorer. «Je suis comme tu m'as forgée.»

Elle sent sur elle le regard courroucé de ce père qu'elle défie impunément. Narquoise dans le moindre de ses gestes. Elle marche, fière, sans même se retourner alors qu'il la hèle. «Cours toujours tu m'intéresses.» «Ça c'est le revers du bâton Abel.»

Elle continue son chemin, fière comme un i, le pas vif et assuré. Et elle n'a pourtant que douze ans ... Un sourire en coin s'esquisse alors qu'il grogne de mécontentement.
«Tu vas payer pour ce que tu m'as fait. Menteur !»

Le lieu du "combat" se profile devant eux. Les quelques marches sont gravies avec la souplesse d'un félin.
Elle se glisse juste derrière Henry, alors que le père se laisse lourdement tomber sur une chaise.

Le combat peut commencer ... Les émeraudes rencontrent les noisettes, plus sombres que dans ses souvenirs, pour la seconde fois de la journée.

Duel au sommet.

Premier coup porté.
Une main fine et assurée se glisse sur l'épaule d'Henry. Seul soutien qu'elle ait eu ces dernières années. «Pas comme toi !»

Puis le regard se fait inquisiteur et lourd de reproches. «Comment as-tu osé me mentir ?» «Où étais-tu, toi, pendant ce temps là ?»
Elle se redresse même, arrogante, délicieusement hautaine et sûre d'elle.

«N'est-ce pas ce que tu voulais qu'elle devienne, Abel ?»

En face le regard semble totalement dérouté ... Alors comme pour couper cours à la provocation, il tourne son intérêt vers celui qui avait eu toute sa confiance. A tort ou à raison.

Et le verdict tombe comme une chape de plomb. Le morveux, qui lui aussi avait grandit, allait être de la partie ...
Les noisettes remontent sur les émeraudes altières. «Tu croyais quoi ? Que moi aussi j'allais abandonner ceux qui comptent pour moi ?»

Les deux Hindley se toisent un long moment avant que la digne fille de son père daigne enfin lui répondre.
Continuer ou céder aux pulsions infantiles de retrouver la chaleur de ses bras aimants ? Elle a choisit.


J'suis pas comme toi ... J'abandonne personne derrière moi ... J'suis pas une menteuse, j'ai qu'une parole, pas comme toi ...

Second coup, sournois et violent.
Le ton est volontairement acerbe, bien plus qu'elle ne le voudrait même.
Lui faire mal, comme il l'avait fait souffrir.


L'contremaître sait qu'il vient. l'avait b'soin de bras. Il a pas craché dessus.

La voix est ferme et posée, preuve d'un parfait contrôle de soi, malgré l'ouragan qui soufflait intérieurement. Elle devait tenir bon et lui prouver qu'elle avait les épaules pour cette nouvelle aventure.

Son reflet au féminin au même âge ... «Qu'est-ce que cela fait de se voir dans le miroir, Abel ?» «La chair de ta chair est-elle à la hauteur de tes espérances ?»

La tavernière sans même avoir été mandée, dépose un verre sur la table, adressant un clin d'œil au père abasourdi.


Ça fait plaisir de te revoir Abel.

Un petit remontant qui tombait à point nommé.

* Geneviève Bersihand - Extrait de Les Filles et leurs pères

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[ Adolescence... ]



- ...Arrogante -

Un godet, oui. Son sauveur. Les oreilles sifflent dangereusement... Le manque du vice de pilier de taverne, surement, ou serait-ce la colère ? Faut voir. Il s'en fiche pas mal en fait. Ses yeux noisettes sont emprisonnés dans une cage éthylique, le temps de retrouver un autre éclat... La potion miracle est avalée cul sec, lui arrachant assez de bouffée de chaleur pour affronter la petite trempe qui lui fait face.

Des baffes. Il adorerait. Les deux bien alignés, droits comme des i, et le bras qui joue le pendule d'un unique tic-tac sévère, clair, net, précis. Leurs joues alors brulantes leur rappelleront jusqu'à la fin de leur existence une leçon simple. Mais ce serait trop facile, ou pire, inefficace. Non, la punition n'a pas lieu d'être... Leur choix se chargera de leur arrogance. Après tout, n'avait-il pas été pareil à quelques détails près ? Comme tout les petits bleus ?

Abel rit à pleins poumons. Décontenance à coup sûr ce qu'aurait pensé la chair de son sang. Ah elle croyait le reluquer se morfondre devant ses émeraudes haineuses, pour le plaisir de voir se dépêtrer un père... Elle va être servie.


Assieds-toi.

La paluche bucheronne présente aimablement à l'adolescente la chaise la plus proche du camarade des quatre cent coups, étrange contraste couplée à la dureté des deux billes européennes qui fixent leurs jumelles. L'ordre est là, évident pour le corps féminin, qu'il suit sans sourciller.

Bien, j'suis heureux de constater qu'même chez les nonnes, tu ais pu apprendre une base.

Frémit-elle de fureur à ce moment précis ? Le british l'espére.

Henry reprend du service, et toi Alara, tu vas l'suivre, en bon grumete.

Un sourire narquois se laisse doucement dessiner sur le visage bourru du marin anglois.

Vu comme t'es habile à user d'mots plus acerbes les uns qu'les autres... J'imagine qu'Henry t'as déjà mis au courant de tout ce qui t'attend. C'est évident ! Je devrais être surpris ! A l'bonne heure... J'aurais donc pas à m'occuper de t'expliquer, vu qu'd'habitude j'suis en charge d'la bleusaille.

La bouche finit de s'étirer pour revenir à sa position initiale, seules les deux sèches mains venant se croiser puis se caler aux creux de chaque coude.

J'suis fier d'voir qu'ma fille est d'jà capable d'se débrouiller avec les responsabilités et les règles du bord... Henry est un sacré cachotier, bourré de qualités f'nalement.

Le rosbif stoppe d'avance la tentative de prise de parole du parrain.

Dans c'cas, j'vous conseille de déjà vous présenter sur la caravelle Alizée... On appareille demain, à l'aube, du commerce avec les espagnols. Filez, y a t'jours du maille sur un navire.

Mais...

C'te ressemble pas de discuter c'que te demande un ainé, Henry... Allez, du vent.


Si une môme veut faire sa grande - gueule - , laissez-la apprécier le revers de sa connerie. Avec un peu de chance, elle aura peut être un soutien plus tard... Ou pas. Tout de même, ce n'est pas comme si personne n'était au courant de ces phrases : à cinq ans, tu es un héros ; à dix ans, un papa pique (comprenez strict) ; à l'adolescence, un vrai con qui ne comprend rien à rien. Bien content d'avoir tiré mon coup tiens... Elle est où ma liqueur ? GERMAINE !!! J'suis à sec.


*** Ce que l'on s'aime de Tryo ***
Alara
Ose rêver.
Ose essayer.
Ose te tromper.
Ose avoir du succès.
Vas-y.
Je te lance un défi ! *



Le verre est avalé d'une traite. Mais la réaction tarde à venir ... Silence.

Et puis c'est le rire tonitruant du Hindley qui s'élève, au point que les plus proches de la tablée se retournent pour voir de quoi il en retourne.
Elle encaisse ce premier coup sans sourciller et obéit malgré elle à l'ordre paternel, prenant place aux côtés d'Henry. Vague réminiscence de ce qu'elle est. La fille.

Les paupières se plissent sur l'émeraude rageuse. Moquerie ou réel compliment ? Va savoir ... Elle n'en reste pas moins fière, le menton altier, preuve qu'elle ne le craint point. Elle écoute impassible le laïus du père.
«Bien sûr que je sais ce qui m'attend ! Qu'est-ce que tu crois ?!»

Mais aux derniers mots, elle ne peut réprimer une légère grimace de contrariété ... Celle là, elle ne l'avait pas prévu ... Et pour sûr que le Hindley allait faire payer à sa progéniture, l'affront qu'elle osait lui faire.

Il sait qu'il a fait mouche et prend ses aises face aux deux garnements. Profitant au passage pour asséner un coup bas à Henry. Ce dernier, sanguin comme à son habitude, prêt à mordre, se fait bien vite rabrouer, l'obligeant à se renfoncer dans le fond de sa chaise.

Les ordres fusent déjà. Mise dans le bain directe, sans détour. Tentative de rébellion ? Et voilà le Henry renvoyé dans ses bottes.
Cette fois c'est un sourire amusé qui étire doucement les lèvres de la jeune fille. «Quel pleutre tu fais Henry ... »

Elle repousse sa chaise et saisit le poignet d'Henry.


Tu as entendu les ordres d' "Abel" ? Allons-y ...

Abel ... Comme ce prénom sonnait étrangement à ses lèvres. Tellement ... Impersonnel.
Prendre de la distance et faire fie de son sang. Elle allait faire ses preuves, lui montrer qu'elle n'avait pas besoin de son soutien, ni même de sa pitié ... Certainement pas !


A d'main Abel ... Et n'traîne pas trop dans l'coin ...

La voilà moralisatrice maintenant ... Ça aussi, elle allait sans doute le payer ... Un peu plus, un peu moins ...
Elle tire Henry vers la sortie, direction les quais pour ce qu'allait être leur vie durant de longs mois.


L'accueil est on ne peut plus rugueux, à l'image du Capitaine rustre et braillard. Leurs paquetages déposés dans ce qui allait être leur lieu de repos, commun à tous ... Ils sont déjà mis à pied d'œuvre pour le chargement des vivres et les menues réparations des voiles poisseuses gorgées de sel.
C'est perclus de courbatures et au milieu de la nuit que les deux adolescents iront de coucher dans leurs lits de fortune - entendre par là les hamacs suspendus sentant la sueur- pendant que le Hindley senior profitera d'une nuit dans la couche douillette de la Germaine ...

Ce n'est qu'à son arrivée à bord au petit matin, qu'il aura une remarque du Capitaine.


Y'a d'la bonne bleusaille Abel ! Mais ç'manque un peu d'endurance !

*Kingsley Ward

_________________

Realized by the best !
--Abel_hindley



[ Famille et Travail... ]



- Mouche dans le potage -

La coupée est montée à la limite du boiteux. Pas frais le bestiau. La bile joue avec sa gorge à de trop nombreuses occasions. Le visage affiche une mine palote et dédaigneuse au moindre bonhomme qu'il croise une fois sur le pont. Le regard occupé à zieuter sa démarche, l'anglois a besoin de quelques secondes supplémentaires pour capter le message du pacha. Toujours aussi énergique le matin celui-là, bien sa veine... Abel fait face à la supériorité dans un sourd grognement, cachant tant bien que mal les remontées gastriques qui lui retournent les boyaux.


Et qui sont les heureux élus des matinales...?

Un sourire bien moralisateur que trouve le maitre d'équipage chez le Capitaine.

Mais vos deux frais gardons Hindley... Si je n'ai pas à douter d'leurs compétences que vous m'avez vanté, j'suis impatient de le remarquer.

L'inconvénient de ce grade est sa fragilité. Au moindre homme plus avisé que sa poire aux yeux du commandement, il reviendra dans la grande famille... En attendant d'avoir eu assez d'expérience pour un tout autre métier. La tête s'incline légèrement en signe de soumission. Il fallait donc jouer des coups de triques avec les adolescents, sans surprise, un moyen comme un autre de se mettre ou remettre dans le bain.

Des sentiments ? Aucun. Les dents du fond qui baignent peut être... Tout au plus, il se sentira moins sur le qui-vive une fois l'épisode passé. Mais avant, une toilette s'imposait, histoire de paraitre plus... Sérieux.

On vous évitera par contre la description de l'acte sanitaire qui suit. La science n'ayant jamais été notre force, surtout sur les multiples bouquets de composition des glaires.

Nettoyé de fond en comble, ragaillardi par les souvenirs d'hier, le bourru cherche à son allure la tête des deux nouveaux grumetes, les jeunes âmes trop fragiles d'âge à qui l'on confie les plus basses et dégradantes tâches en tout temps, si faciles à remplacer au moindre pet de travers... La rue grouille de marchandises.


HENRY, ALARA ! Magnez vos c*** bénis ici !

La bleusaille l'emmerde déjà. Commence bien la fille. Des bâtons dans les roues qu'elle veut... Elle va apprendre la vie du bord. Les règles primaires... Dont une en particulier.

Les merdeux, on les envoie pleurer dans les jupons de leur mère... Ou à la baille.

Les noisettes furieuses passent d'une paire d'yeux à une autre. Surtout une qui n'a toujours pas compris. La beigne ne tarde pas, les phalanges de la dextre rencontre la tendre viande de la joue féminine la plus proche, le genou sénestre va quand à lui sonner l'estomac de l'Henry, sans retenue.

Ceux qui veulent me ch*** dans les bottes, je leur brise l'entrejambe pour l'arrogance. Ici, vot' respect vaudra plus que vos p'tites gueules de grumetes. Foutez vous ça dans l'crâne et écoutez les plus anciens, ou rentrez chez vous avant d'faire connaissance aux bizutages des teignes.


Ça c'était pour hier ma fille... Tu voulais voir ce qu'avait ton père dans le froc, c'est commandé. Es-tu satisfaite ? Ou juste trop bête pour vouloir une nouvelle volée ? Viens, je t'attends. Bienvenue dans le monde marin brunette...

V'v'donnez pas assez au maille, alors sortez vous les doigts du c**, c'lair ? L'Capitaine veut voir c'que z'avez dans l'ventre, alors nettoyez-moi ce pont... La douleur c'est c'qui vous rappelle que vous êtes en vie, petits c***, alors appréciez-là chaque jour. Des r'vendications p'tete ? Ou deux paires de guiboles qui foncent pour le plaisir d'un bois frais ?

Nouvel aller retour des âtres furibondes sur les deux adolescents. Le rosbif attend la colère d'iris qui osera le fixer de la part de l'un ou l'une. Ça le rendra jouasse pour une deuxième mi-temps. Qu'est ce qu'on peut être claffi d'ego à cet âge...
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