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[RP ] Graines de Comminges au vent d'automne.

Kachina
Il lui fallait de l'air, du souffle, du vent jouant dans ses cheveux.
C’est ce qu’elle avait dit avant de partir.

Avant que la brune refuse de la suivre.
Pas encore, pas maintenant, pas comme ça, pas avec ceux là.

Et depuis, que la précieuse rousse les avait suivis, Kachi se prenait à compter. Comme un rituel........ un envoutement .
Six poutres toujours au Père Siffleur qui ne s’appelait plus comme ça.
Cinq chopes jetées au feu .
Une danse et quelques chansons.
Trop peu d'écus laissés dans les coffres....

Et une chaine de montagnes qui se perdaient à l’horizon.

Quelque part, là derrière, il y avait Lhyra.

Foutu Soleil, qu’avait pas assuré, qu’avait pas vu , pas compris, pas su.
Pourquoi les hommes ne comprenaient jamais rien aux donzelles, corne de bouc ?
Pourquoi les rendaient-ils reines , si c'était pour les laisser plus gueuses qu’avant.

Le printemps et l’été avaient vu s’enflammer les yeux de la Compteuse, puis l’astre avait pâli, s’était fait attendre , et le ciel de Lhyra s’était teinté de gris. Elle s’était faite plus rare, négligeant les jeux à la rivière où elles aimaient laver leur linge , jupons retroussés sur leurs jambes nues……….

Et voilà, qu’la drôlesse s’était amourachée d’un Roy qui n’en n’était pas un. Oubliant ses amis de naguère, faisant voler au vent mauvais ses cheveux de flammes .
Avait –elle compté chaque lieue qui les séparait d’eux ?
Avait –elle souri lorsqu’un ou deux corbeaux volaient au dessus d’elle ?

Frémissait-elle à cet instant contre la peau d’un marchand de mots, un Roy des voleurs ?
Où bien , regardait-elle , songeuse, tomber la nuit sur les montagnes ?

Pourquoi les femmes, quittaient toujours tout pour le premier brigand venu ? On croyait plus au prince charmant par ici pour sûr.
Et un aventurier vous faisait plus rêver que le premier nobliaud au pourpoint de velours .

Mais de là, à se perdre dans les grelots des chausses d’un baladin…………qu'avait même pas un mantel sombre....


Misère !!! Tout foutait l'camp dans c'royaume !

- Lhyra ! Sale traitresse, c’est fou, c’que tu me manques !
- J’espère au moins , que le drôle t’emporte haut , qu’il te fait toucher les étoiles………….
Sinon…………..Tu vas m’entendre……
- Et n’oublies pas ta promesse…….


La brune referma la croisée, et moucha la chandelle, s’étendit sur sa couche.

Une Compteuse manquait à Saint Bertrand , et des dizaines et des dizaines de feuilles mortes recouvraient les chemins……

Les chemins………..Qu’elle aussi prendrait bientôt….


Lhyra
Quelque part, sur les routes.

Blottie contre un arbre, Lhyra étudie la valse lente des étoiles. Une filante pour un vœux de passage. A peine murmuré, à peine effleuré du bout des doigts. Imprononçable, niché au plus profond de son cœur. Elle s'est éloignée de la ville, du campement, des tavernes, et savoure la douceur de cette nuit. Seuls sa respiration et le chant d'un hibou trop bavard viennent perturber les alentours.
Quelques questions éludées aujourd'hui, balayées du revers de la main, d'un soupire, d'un changement plus ou moins habile de conversation. Prendre le pli de l'oubli. Passer à autre chose. Les laisser dans l'ignorance. Tous. N'en avoir jamais parlé à quiconque, ne jamais en parler à personne. Ils ne changeront pas cela. Ils ne changeront pas Lhyra. Elle est comme ça. Il n'y a rien à ajouter.
Faire le compte de la journée, des quelques jours passés avec eux. Deux disputes, une réconciliation. Un mariage. De nombreuses déclarations d'amour. Quelques poils roux et une lune pleine. De nombreux verres. Plus un écu. De la force par centaine. Des questions par dizaine. Le pourquoi du tu, du il, des poutres, des surnoms. Leurs sourires indulgents, leurs soupires. Souvent.
Les bras le long du corps, ses mains nichées entre ses cuisses relevées et serrées, son regard se perd dans le lointain.
Elle est épuisée. Agréablement épuisée. Le temps passe une vitesse folle depuis eux. Il était temps qu'elle fasse une halte, une pause. Qu'elle retrouve son souffle, ses idées sombres, sa douleur. Ne jamais se perdre complètement pour ne pas dériver. Cela serait si facile pourtant de juste... Se laisser aller.
Un bâillement déforme son visage, tandis qu'elle accueille l'engourdissement avec plaisir. Elle rêve d'une bonne couche, de draps propres, d'un oreiller. D'un autre. Elle s'étire et s'allonge sur l'herbe froide. Ses doigts parcourent machinalement la terre humide. Songer aux noms donnés, d'autres à ajouter à sa liste: Le Fol, Vilaine et son Atrackpé, Ronsson, Bavard, Apoilafa, Cap'taine... Un nouveau monde, un nouvel univers. Songe aux mots qu'il lui a fait parvenir en taverne. A la folie furieuse de son amour de Fol. Elle sourit. Doucement.
Est-il normal qu'elle songe à lui, que son coeur s'accélère lorsqu'elle le voit? Est-il normal d'éprouver des sentiments pour un homme alors qu'elle sait pertinemment qu'elle ne pourra cesser d'aimer son Soleil? Qu'à chaque chevelure couleur blé qui pénètre en taverne, elle se fige, cherche, guette pour voir si c'est Lui. Et pourtant se maudire de ne pas aller retrouver le Roy dans sa roulotte pimpante et flambant neuve alors qu'elle en crève d'envie.

Ah comme elle voudrait que son Corbeau soit là pour lui parler d'amour, de Lui, et de L'autre. Des deux. Du blond et du brun. De leurs différences, leur folie respective. De ses propres battements de cœur. De ses souffles qui s'accélèrent, et de la peine qui la cloue violemment en cet instant. De cette douleur intense qui lui brise le cœur. Se réfugier quelques secondes, pour la première fois, dans les bras de son amie, et verser toutes les larmes amères et glacées qu'elle n'a pu sortir depuis...Chat....
Lui avouer que son astre lui manque cruellement, qu'elle n'arrive plus à reprendre son souffle depuis qu'il n'est plus là, . Lui dire qu'elle voudrait aimer le Fol comme le blond, mais qu'elle a peur qu'il souffre comme elle souffre encore. Et savoir, savoir si ce quelle ressent en cet instant est normal? En aimer deux... En découvrir un, alors qu'elle voudrait oublier l'autre....

Raconter à son oiseau. Les décrire, tous. Lui parler des secondes de silence d'une Ronsson qui passe du rire à l'absence en peu de temps. Lui parler de celui qui perturbe le sourire de la brune. De celui qui aime celle ci mais qui apprécie d'avoir quelques nouvelles de SBC, qu'elle le lui refuse par jalousie. Parce que son chez elle lui appartient.
Lui parler du brun fraîchement marié, celui qui a le plus de mal à accepter sa différence. Expliquer à sa brune ce qu'il est. Lui dire combien, oh combien elle le respecte. Et raconter au Corbeau, lui raconter sa femme, Vilaine. Celle qui a fait en sorte que Lhyra aujourd'hui soit là. La forte et drôle Vilaine. Et murmurer tout bas à l'oiseau que la brune lui fait penser à son Corbeau...
Et lui parler de lui. De sa folie. De ses phrases rocambolesques qu'il use pour charmer la Compteuse. De son rire, de ses réparties, de son sourire timide, du rouge qui monte aux joues.
De sa vie. De la leur.

Se renseigner sur la sienne. Lui avouer qu'elle lui manque. Tout comme Patate, Corbette ou Malta. Que chaque pas qu'elle fait, elle les fait pour eux. Qu'elle songe à grandir pour qu'ils soient fiers d'elle. Qu'ils sont à jamais sa famille. Lui parler de sa vie à elle. De son petit. De ce qu'elle compte faire.
Et ensemble, à regarder les étoiles, parler des projets d'avenir, des futurs verres et des rires qu'elles partageront.

Une larme glisse lentement de son oeil, dessine son nez, se niche derrière sa narine. Elle se redresse, il sera bientôt l'heure de ranger le campement pour reprendre la route. Alors y aller. Non sans un dernier regard vers les étoiles. Se demander si la roulotte est ouverte. Si elle osera. Se douter que non...

Se contenter d'aller retrouver les braises endormies....

_________________
Andrea_
Droit devant, direction.. le passé

Trop, de choses à penser, de monde en taverne, de calcul pour un butin de toute façon trop maigre, de temps pour penser, de ...

Les journées passent et ne se ressemblent pas, Andréa ou La Colombe comme elle aimait se faire appeler, aimait cette vie de bohème.

A la voir aujourd'hui, personne ne pourrait croire qu'un jour, elle a voulu une maison, un champs et des enfants, un mari... Difficile à croire que cette petite bonne femme à la langue bien pendue a été un jour plus ou moins soumise.

Elle parlait beaucoup, n'avait pas trop de mal à respecter les gens, leurs opinions, ne cherchaient pas à imposer les siennes. Son problème à vrai dire c'était juste les gens intolérants. Les gens à la langue bien plus pendue que la sienne, qui faisaient une généralité de toute une catégorie de personne. Et y en avait eu dans cette satanée ville. Et il y a ceux qui touchent comme un loup blessé qu'elle aurait défendu bec et ongles, qui "aboyait" pour sa femme mais que la colombe respectait. Pour elle on n"'aboit" pas quand on suit son instinct.

Le doux parfum de l'intolérance...Il sent bon, mais a un gout amer. Et si la colombe a un défaut - mais elle n'en a pas qu'un pour le plus grand plaisir de tous- c'est qu'elle déteste l'injustice... Piailler derrière pour mieux lêcher devant elle ne supportait pas.Assumer...

Assumer ses valeurs, se battre quoiqu'il en coûte, garder la tête haute, n'écouter que soi et faire fi de tout le reste.

Faire fi aussi de la parole de son homme, qui ne supporte pas une roussette en taverne. Une roussette qui parle, peu, qui rougit, parfois, qui compte, toujours. Qui parle d'elle à la troisième personne et qui donne des surnoms à tout le monde. La belle n'avait pas ronchonné - sinon elle se serait fait appeler Ronsson- quand Lhyra l'avait affublé de " Vilaine".

Vilaine... Elle l'était sûrement un peu la Colombe... Pourtant, lorsqu'elle a vu dans quel état ils étaient nos futurs tourtereaux lorsqu'ils se croisaient...
Le Roy, surnommé bien vite Le Fol par la roussette, rougissait à chaque regard et était comme habité par un esprit... philosophique. Ah il avait de l'inspiration, d'ailleurs la Colombe avait toujours été étonnée de le voir si doué.
Lhyra, sans surnom puisque " Lhyra c'est Lhyra", comptait -jusque là tout va bien- et rougissait, elle souriait parfois...
La Colombe, sérial marieuse, puisqu'elle avait déjà tenté entre sa jolie et le fumeur de coussin avait pris les choses.
Dès le soir même elle avait tenté de rester mais y avait rien a faire, son homme et le roy/Fol s'étaient mis à deux et... en brave toutou elle avait suivi.

Mais ceux qui la connaissent savent bien que ça n'allait pas se passer ainsi Gniark gniark gniark... De bon matin, alors que tout le monde dormait elle avait pris plume, fusain, parchemin et, armée jusqu'aux dents elle s'était isolée pour écrire à la compteuse.Patience...

De la patience.... chose qu'elle n'a pas. Le jour de la distribution elle devait être.. ailleurs, à une autre distribution du genre... de râlattitude...
OH ! on ne juge pas, on ne peut pas être partout, et comme elle est un brin faignasse... elle avait été au plus rapide.
De la patience, et un peu d'huile de coude aussi... Lhyra allait arriver dans un groupe déjà uni, serait entourée de gens qui se connaissaient bien et vivaient ensemble depuis un moment déjà, avec un gaucher au top de sa forme en mode " ronchon on" et surtout...
Surtout Lhyra aurait quitté ses amis, ses repères. La Colombe en avait déjà démasqué certains, faut dire que c'est pas forcément facile de savoir qui sont Corbeau, Corbette, Patate, Maltav et.. Soleil... Un astre qui la laissait pensive, un astre qui la troublait au plus profond d'elle même... Comment lui dire qu'on n'oubliait jamais un tel amour... Qu'on se contentait d'ouvrir un nouveau chapitre de sa vie a défaut de pouvoir effacer le premier...

Il lui fallait des repères, alors, comme ce qu'elle verrait en premier en arrivant ça serait les tavernes...
Construire une taverne et en faire le tour. Se l'approprier pour tout y noter, de quoi rassurer la nouvelle venue, six poutres -comme chez Malta- dix-sept lézardes dans le mur, huit chaises, cinq toiles d'araignées mais un seul octopode, trois tables, une étoile...

La Colombe n'avait rien caché à la compteuse. Ils étaient brigands. Oui et alors?
Oui ils aimaient plaisanter, chanter entre eux ce qu'on ne chanterait jamais à des enfants, boire à en être saouls, profiter des instants tous ensemble, savourer en couple les petits déjeuners, s'enîvrer d'eux même.
Ils aimaient l'excitation du métier, les partages sous forme de marché géant, les beuveries qui précédaient, celles qui suivaient...

N'en déplaisent aux autres... La jalousie, la colère... ne les atteignent pas. Lorsque les gens comprendront que seule l'indifférence blesse...

Ils aimaient VIVRE.
Amblypyge
Il parait que lorsque l’on entend trois fois son croassement , c’est présage de mort…
Un oiseau de mauvaise augure, le corbeau.
Et pourtant, pourtant…
Kachina, Kachina, Kachina………..
Femme parfaite aux yeux de tous.
Belle.
Intelligente.
Sauvage.
Brune.
Toujours belle.
Kachina, Kachina, Kachina………..

Ambly ne veut pas la détester mais c’est plus fort qu’elle.
Elle voit bien, le silence. Ce silence qui s’installe chez son brun quand il entend parler de SBC. Silence suivit d’une foule de questions qui lui brûlent les lèvres. Elle, elle voulait que ce soit sur sa peau que ses lèvres brûlent…
Ses cheveux noirs, son regard…… Ah…….. Ce regard! Ténébreux, pénétrant, troublant. Il est si sombre et pourtant c’est son soleil à elle. Celui qui la fait sourire jusqu’aux oreilles. Celui qui lui a fait oublié Son Louis. Dieu qu’elle l’aimait son Artiste! Ce peintre qui l’avait dépeint , nue, un soir d’automne… et les frissons qui avaient parcourus son corps quand celui-ci avait prétexté vouloir goûter le grain de sa peau…
Owen… Un frisson encore plus grand.

La Corneille, un oiseau de malheur?

Mais…… La vie est belle

Il est là près d’elle et il la tient, fort, sa main. Jamais seule.
Elle lui avait couru après mais il la suit maintenant, elle la brigande.

Et ses amis…

Sa Colombe qu’elle avait vu prendre son envol. Elle est devenue belle et rebelle. Plus jamais soumise. Elle aimerait parfois lui rappeler ce qui est arrivé à Icare à vouloir voler trop haut …
Sa Colombe, elle l'aime.

Track, hédoniste capturé, Atrackpé. Impulsif. Fonce bille en tête. Silencieux ces temps ci. Elle aimerait le revoir comme avant, un peu.

Le Roy, poète. Imaginatif. Théâtral. Chanteur. Rougissant. Buveur. Amoureux...

Lhyra. Un petit rayon de soleil qui se pointe innocemment dans leur groupe. Sage. Compteuse. Rougissante. Buveuse. Amoureuse? Elle l'aimerait. Elle aimerait égoïstement la garder avec eux.

Aga, le mi-roux. oléééé. Réservé. Franc. Impulsif. Avare. hophophop.

Le rouge, son écuyer comme il se dit. Il avait été là après la disparition de Louis et il la suivait n'importe où, sans poser de questions. Peut être un peu trop près parfois? Voyeur!

Ils sont beaux. C'est pas toujours facile... mais ils avancent, ensemble, toujours, libres. Fouler les grands comme les petits chemins, un régal.

La vie est belle.
Thea_
(Saint-bertrand)

La brune avait pesté contre ce portier qui l'avait éjecté si loin de la taverne ,qu'elle n'avait pas réussi a revenir pour dire au revoir a Lhyra ,pour lui dire qu'elle lui manquerait ,pour lui dire qu'elle l'aimait pars-que tout simplement Lhyra était Lhyra et qu'il n'y avait qu'une seule Lhyra .

Elle était rentrer chez elle et attrapé un parchemin pour écrire a Andrea comme Lhyra le lui avait demandé ,étrange d'ailleurs que Lhyra ne sache toujours pas écrire ,elle qui jouait si bien avec les mots ,qui savait compter comme personne ,mais personne n'avait appris a Lryra a écrire ,peut-être bien qu'elle ne le voulait pas après tout .

Alors elle avait écrit se demandant si Lhyra serait bien avec eux ,si il fallait la laisser partir pour voir comme elle le lui avait dit .

Voir quoi? Le Roy? Les autres?Voir si elle oubliera son Soleil?

Le Roy ,elle l'avait croisé a lectoure ,étrange surnom et la brune n'avait pas aimé ,elle c'était demandé si c'était encore un qui voulait qu'on lui face des courbettes ,de belles révérences et l'appeler sa grandeur ou autre nom de pacotille nobliotte que la brune n'aimait pas .Mais elle n'avait pas eut le temps de le connaitre plus ,mais une chose était sur c'est que Lhyra rougissait quand elle pensait a lui

Les autres ? Elle en avait croisé certain pas tous ,ils étaient bien trop nombreux et ils avaient filé en douce dans la nuit avec la caisse de la mairie ,elle en appréciait certain d'autre moins ,mais ce qui comptait c'est que Lhyra soit heureuse .

Qu'elle arrive a oublier son Soleil ?non impossible ,la brune savait qu'on ne pouvait oublier ,même en partant loin en fuyant tout ,il est impossible d'oublier ceux qu'on aime ou qu'on a aimer .

Une chose est sur ,Lhyra avait envie d'aller voir,il fallait la laisser partir vers d'autre chose plus belle ,la brune le souhait pour Lhyra la compteuse...

_________________
Kachina
Place de l’église , Saint Bertrand, Armagnac .

Ils vont partir, c’est décidé.
Reprendre la route, chevaucher dans la nuit.
Ensembles.
Encore une fois, aller voir si ailleurs l’herbe est plus verte. Vers de nouveaux visages, de nouvelles rencontres.

Cœur impatient, Kachi a commencé à charger la chariotte , compté les précieux fûts d’armagnac et de cervoise de Touc.
Cœur serré à l’idée de ceux qu’elle laisse ici.
Ne pas y penser….Aller de l’avant…


Ce soir, ils se sont rassemblés, sur cette place où traine encore la charrette de Joran, celle qu’Arthur a choisie comme terrain de jeu, allez savoir pourquoi !

Ils veulent encore goûter à la joie d’etre ensembles.
Insatiables , ils en veulent encore, en redemandent. Des rires et des chants, des danses et de l'ivresse.
Dans les paniers se cotoient quelques fouaces, un jambonneau au foin, un agneau cuit au miel et des cruches d’hypocras.

Il fait doux pour la saison en ce dimanche d'octobre de l'an de grâce 1459.
La nuit est belle. Feu de joie sur la place. On y grille les châtaignes.
La louve a retiré sa coiffe de paysanne et laissé ses cheveux défaits pour une fois.
L’heure est à l’irraison. Celle que leur a appris une compteuse amoureuse durant la belle saison.
Hier soir en taverne, le diâcre leur a donné une leçon sur le plaisir, qu’ils ont tous pour une fois, écouté religieusement…Aristote, tes voies sont impénétrables, parfois…..
Ils en ont tous retrouvé le sourire.

Les silhouettes se découpent dans la nuit à la lueur des torches. Dansantes et rieuses. Les regards s'accrochent, et se prennent. Se promettent pour certains...

Ici point de pavanes , trop graves et trop sérieuses.
C’est la carole qu’on danse côte à côte, le regard pétillant. Mains sur les hanches et allure fière…….alors que de leurs sabots, ils frappent le sol en cadence.


- Prenons la vie comme elle vient !

Cette nuit, on ne dormira pas. On danse….On boit…………On célèbre la Vie, l'Amitié . On aime …..
Lhyra
Hier... Aujourd'hui... Demain?

Ça lui semblait remonter à un siècle...

Il y a un an... Saint Bertrand de Comminge. Un jour d'hiver. Un jour comme celui ci. Une après midi douce, une brise légère venant caresser doucement une mèche perdue dans le vent. Le regard sombre. Les yeux éteints. Et de nombreux frissons dans l'échine. Le nez légèrement rougie par le froid. Vêtue de guenilles, perdue. Arrivée saugrenue qui n'est pas passée inaperçue. Celle de Lhyra. De ses ombres. De son Charivarit.
Celle d'un autre monde auquel personne ne veut jamais se frotter. N'a jamais voulu. Ne voudra sûrement jamais. Un univers différent dans lequel chaque homme ressemble à un autre. Où les couleurs ne sont pas telles que nous les connaissons. Un monde en clair obscur avec quelques rayons de soleil pour venir parfois éclairer tout ça.
Pousser la porte d'une taverne et laisser entrer avec le courant d'air la compteuse et ses manies. Ses tics. Ses tacs. Ses tocs. Intouchable. Inégalable. Une folle que la folie refuse même d'accueillir auprès d'elle. Jusqu'à présent ils l'avaient tous rejetés. Elle s'attendait à la même chose ici. Pourtant quelques heures après qu'elle se fut assise dans un coin à l'ombre, comptant encore et toujours les poutres, Il est arrivé. L'a aperçu. Et s'est approché. Il lui en a fallu du temps. Du temps elle lui en a laissé. A lui comme aux autres d'ailleurs. Pour enfin devenir la compagne de celui qu'elle nommera à jamais Soleil.
De ses mains douces et agiles, il a façonné la glaise, créant l'image de la Lhyra d'aujourd'hui. Plus sûre d'elle, des autres. Optimiste. Joyeuse, folle et acceptée auprès de la plus Grande de Toutes. Il lui a donné son amour. Elle lui donna sa vie. Il la soulagea, la caressa, l'aima, lui apprit à accepter son corps, celui de l'autre. Elle même, autrui. La blessa également. La quitta pour de nouveaux horizons. Elle le suivit. Accro, condamnée à l'aimer à vie. Il se rendit compte de son erreur. Ouvrit ses bras. L'attrapa. La fit danser, valser, voler. Lui demanda de l'épouser. Elle accepta.
Et puis...

Aujourd'hui. Sous un arbre.
La nuit a été longue et cruelle. Son cœur brisé à nouveau. Il la réclamait. Il la demandait. L'aimait. Ne l'avait pas oublié. Celui resté trop longtemps en retraite pour quelques obscures raisons. Celui dont elle pensait ne plus jamais avoir de nouvelles. Soleil.
Le menton posé sur ses genoux, ses mains foulant la terre, le visage tourmenté. Lhyra est là. Amoureuse. Déchirée en deux. Le Fol d'un côté. Le Soleil de l'autre. L'hier et l'aujourd'hui. Devant faire un choix pour le demain.
Se souvenir de la réaction du brun, qui incrédule lui avait lu le courrier du gaucher lui parlant d'un Soleil voulant retrouver sa Lhyra. Ironie du sort. Elle s'était mise en retraite quelques temps plus tôt. En était ressortie pour tomber nez à nez avec le Fol et sa troupe. Les avait suivi. Quelques temps après, Soleil se réveille à son tour, pour tomber lui aussi nez à nez avec ses nouveaux amis. Destin?
Elle avait alors du parler au Fol du blond, du mariage qui aurait du avoir lieu, de celui qui l'avait ramené à la vie. Ne lui avoir pas parlé d'avant. Mais ça c'est une autre histoire...
Il avait encaissé. Avait tenté de la convaincre. Elle ne pouvait pas choisir. Pas comme ça. Pas sans l'avoir revu. Le groupe, ses amis à SBC ne pouvaient pas rentrer en compte dans la balance non plus. Ce choix elle se le devait à elle même. A eux aussi.
Elle avait prit son fou follet dans ses bras, lui avait dit qu'elle l'aimait. Il lui avait enfin avoué que lui aussi. Quelques larmes versées. Deux cœurs déchirés. Au loin, un troisième devait l'être aussi. Elle n'avait pu se résoudre à dormir comme à l'habitude avec lui. Il avait accepté. Cette nuit, il a dormi dehors. Lui sous les étoiles. Elle dans la roulotte. A se tourner, se retourner, marcher toute la nuit. Souvent, souvent elle a pensé ouvrir la porte, le chercher, le retrouver pour se blottir contre lui. Lui dire qu'elle ne pouvait vivre sans lui. Qu'elle l'aimait. Mais pouvait-elle vivre sans Soleil? Elle l'ignorait. Elle l'avait trop aimé pour ça... Elle lui devait la réflexion. Alors elle se promis de ne pas craquer, ni pour l'un ni pour l'autre tant qu'elle n'aurait pas enfin prit de décision.

Qui du Poète, qui du Soleil. Qui fera son lendemain....

Sur son tronc, elle songe à son Corbeau. Qu'elle pouvait lui manquer maintenant... Elle aurait tant besoin de ses conseils, de leurs longues conversations dans la taverne de Malta...


_________________
Maloeil
Aimer, être aimé, idée volage et futile, ridicule et faible, destructive et destructible.

Nectar gluant, collant, écoeurant par trop de miellerie. Aliénation suprême de la raison, régresseur universel.

Aimer, être aimé, puissance sans limite ni frontière, éclatante et rassurante, ciment de toute chose.

Feu brûlant, plaisir humide, douceur sublime, magnifique par sa pureté. L'Épanouissement par excellence, bonheur.

Deux visions de deux êtres, navrante de trop de partialité. Trop complexes pour être vraies.

Tout est simple, le Roy Soleil s'est levé un matin après s'être reposé longtemps, laissant en tout confiance son royaume à sa vie tranquille. Heureux, il part en quête de sa Reine, celle qui l'a fait Roy, celle qu'il a fait Reine. Il ne la trouve pas. Patient, il attend son retour en toute quiétude.
Hélas, ce qui vient à lui n'est pas ce qu'il espérait, en lieu et place de sa magnifique Reyne rouge s'annoncent à lui les innocents messagers du malheur. Sa Reyne ne l'est plus, elle est partie au bras d'un autre Roy, laissant là un Soleil mourant dont l'éclat se ternit indéniablement jusqu'à s'éteindre.

Il n'y a plus de lumière, plus de couleur, le monde est mort, le Roy n'est plus et personne ne le pleure.

L'espoir renaît de ses cendres dit on, mais ce n'est que l'odeur froide du désespoir qui échappe du brasier, là où la braise de la colère n'a rougeoyé que pour s'éteindre sous la pluie du malheur.

Là où la vie éclatait n'est plus qu'un désert vide et froid. Même l'irraison a quitté la bataille, celle là qui avait autre froid mené bien des combats est partie à son tour, emmenant avec elle l'ivresse qui pansait les blessures.

Alors ne restent que les souvenirs, et de ceux qui forcent les jambes à se mouvoir, à suivre sans décider une direction désignée. L'esprit vit au passé quand le corps marche au présent, mais cela ne sait durer longtemps.
Le Roy se cache dans son dernier donjon, défendu par les erreurs et les regrets, habité par les défaites et les échecs. Il se nourrit de son propre mal et s'apprête à livrer sa dernière bataille.
Bisac
[ Dans les escaliers d'une auberge, au petit jour.]

Les marches de l'escalier de l'auberge grinçaient sous ses pas. A chaque pas, il se demandait si l'édifice n'allait pas s'effondrer.
Un instant, il sourit devant de telles pensées infantiles.

Deux .... trois ....quatre, il avalait les marches une par une. Sans courir, sans se hâter, sans ne rien dévaler. Rien ne le pressait, il n'avait rien à faire de particulier, juste penser à payer l'aubergiste.

Dans la grande salle de l'établissement, quelques bougies éclairaient d'une faible lueur la pièce. Bisac regarda un instant la flamme vacillante d'une bougie sur le point de mourir. Cette petite bougie lui rappelait St Bertrand. Une flamme, une lumière, de la chaleur mais qui petit à petit perdait, par des gouttes de cire, son âme et son attrait.
Il garderait au fond de lui, une pensée, un attachement sincère pour cette fière cité du Sud Ouest du Royaume.

Aymé déposa quelques écus sur le comptoir, de quoi payer le gîte, le couvert et l'abris pour sa monture.

Poussant la porte de la batisse, le froid de novembre l'accueillit. Il grimaça, de la buée s'échappait de ses lèvres. Aymé alla prendre sa monture. Une jument azélane, robuste et de bonne facture. Sa besace solidement attachée sur le dos de l'animal, Bisac grimpe sur le quadrupède et d'un coup de talon, lance le cheval au pas.

Les sabots claquent sur le pavé de la cité Périgourdine. Le soleil tarde encore à pointer son museau. Enveloppé dans une lourde cape, il traverse la ville. Aux portes, les gardes le dévisagent, ils ne disent rien, que peuvent-ils dire ?
L'ancien magistrat n'a rien d'un brigand... Il en a croisé assez pour savoir que le vice, l'avidité et le crime se lient sur leur visage. Marqués à vie par leur existence coupable et meurtrière.

La terre a remplacé les pavés, nous sommes sur la route désormais. Il prend la direction de Tulle, le comté du Limousin. Peut-être une petite halte à Limoges...

Dans ses bagages, la dernière lettre de sa tendre amie Kachi est rangée, au chaud.
Petite pensée pour ses compatriotes, qui comme lui ont quitté le sud ouest.
Il ne sait s'il les reverra un jour, qui sait .... le hasard fait bien les choses, nous nous reverrons un jour ou l'autre comme dirait l'autre...

La brume du petit matin est tombée, s'enfonçant dans le léger brouillard, juché sur une jument au trot, il s'éloigne, inéxorablement, de son tendre fief commingeois ...

_________________
Kachina
[ Comté de Toulouse ]

La vie est ainsi faite.
Elle vous mène et vous entraine et ses desseins sont la plupart du temps impénétrables.
Vers le beau ou le gris, vous ne le savez jamais par avance.
Il suffit souvent de lui faire confiance, de se laisser glisser pour que tout se mette en place.

Kachi longe les berges de la Garonne, les yeux fixés sur le bâteau amarré.
Il fut un temps où tous ensemble, ils avaient fait ce rêve. Partir loin, sur les mers.
Ils se croyaient les rois du monde.
Ils avaient tort.

L’amitié se meurt sans nourriture. Si elle persiste, c’est parfois plus fort alors.

Le ciel est gris et tout déjà annonce l’arrivée prochaine de l’hiver.
Les chemins seront de moins en moins praticables.
Les nuits seront glaciales.
Et chaque pas, les conduira vers l’inconnu.

La louve sourit .
Elle n’a pas peur.
Elle les connait. Ils sauront faire face.... s’adapter.
La plupart sont des Comminges, les autres en ont la fougue et l’audace. L'inconscience aussi peut-être. Qui sait ?

Ils ont appris depuis peu à voyager léger, se contentant de peu.
C'est ça aussi être libre.
Oubliés les tracasseries, les manigances, les médisances.
Ils ont réappris le plaisir de la meute, des lendemains incertains , du cœur qui bat plus fort.
Ils ont tous retrouvé leur joie de vivre.
Même le loup s’est fait moins taciturne. Il les entraine vers de nouveaux rêves. Plus fous…

Le vol d’un corbeau dans le ciel, dessine sur ses lèvres un sourire tendre.
Celui-ci suivra le bâteau quand il descendra le fleuve jusqu’à la mer.
Comme le messager sacré qu’il est, il indiquera aux marins la direction de la terre la plus proche.
Mais Corne de bouc, où est donc la compteuse ?

Les feuilles mortes crissent sous ses bottes.
Elle n’a pas pris de bain depuis Agen, se contentant d’une toilette sommaire le soir dans la chariotte et la brise a emmêlé ses cheveux lui donnant une allure de sauvageonne.

Les journées s’écoulent à chercher du bois pour le feu, poser quelques pièges qui fourniront la viande pour le repas.
Et puis la visite de la ville, les tavernes aux noms inconnus.
Elle se surprend à chaque fois en entrant à vérifier le nombre de poutres.
Lhyra lui manque.
Touc lui manque et tous les autres partis ailleurs sur les chemins………..Aymé, Khiel, Dolm et tant d’autres.
Les taxes pleuvent en Armagnac, sans discernement aucun. On taxe de la même façon, les produits de base et les produits finis, ceux de luxe et ceux du quotidien.
Les missives reçues sont alarmantes.
Mais il lui faut aller de l’avant. Les dés sont jetés.

Pourquoi voudrait –on toujours être ici et ailleurs ?
Elle donnerait cher à cet instant pour se chauffer au coin du feu au Père Siffleur qui ne s’appelle plus comme ça, de toute façon.

Mais un à un défilent dans sa tête les images des amis de voyage.
Tous ils ont retrouvé l’allure fière et le faucon de Mertin, Espoir vole haut dans le ciel alors qu’ils chevauchent tous.
Elle sait qu’ils ont fait le bon choix

Choisir, perdre pour retrouver, quitter pour vivre autre chose….
Ainsi va la Vie.
Suffit de lui faire confiance.
Elle sait toujours où elle nous mène.
Et pour l’instant, c’est au vent léger de novembre, qu’elle les emporte tous….

Advienne que pourra. Yep !
Maloeil
Il ne saurait se dire qu'il n'a pas essayé, il ne saurait se convaincre de n'avoir tout tenté.

Ho qu'il aimerait se dire que c'est encore sa faute, qu'il peut encore se rattraper, mais à chaque pas s'assène avec plus de force l'amère vérité. Le Roy a perdu jusqu'à son dernier donjon, d'ailleurs il n'est même plus Roy. Ce qu'il est? Quelle importance?

Que faire quand les regrets eux mêmes ne savent être assez douloureux?

La mort elle même n'a plus la saveur de la délivrance, rien ne se montre, rien que l'amère vérité.

La vérité.

"La vie est une putain" lui a-t-on dit, capable d'offrir le plus grand des plaisirs mais aussi de te trancher la gorge sans aucun remord. La putain sait reprendre.

S'il fût un rêve qui devait tourner au cauchemar, ce serait bien celui ci, un vieil écho de rire, une musique qui s'efface. Mais un chant résonne encore: "1… 2… 3… 4… 5…" Entêtante comptine qui a de quoi rendre fou.

Mirael se noie, son propre sang l'étouffe et il voudrait s'en vider. Comment avoir froid quand on ne connait plus la chaleur? Comme crier quand on a plus d'air? Comment mourir quand on en a plus la force?

Combien de lames vont encore venir déchirer son coeur sans le tuer? Pourquoi la souffrance ne cesse pas comme l'amour a su le faire? Mirael se demande comment ses pieds le portent encore, pourquoi est-ce qu'on le force encore à être.

Il a nagé à contre courant, il est remonté jusqu'à la source, puisant dans ses forces pour l'atteindre, hélas, elle ne saurait être détournée à nouveau. Elle le repousse de toutes ses forces, le rejetant au plus loin sans jamais s'arrêter. Il est de ceux qui se sont suffisamment approchés du Soleil pour se brûler les yeux, mais pas assez pour en mourir.




Que faire?



Rien.
Thea_
( Comté de Toulouse )

Elle marche devant le port et s'avance jusqu'au quais ,il est la devant elle ,avec trois mats ,magnifique bateau majestueux,peu de monde devant les quais ,il ne partira surement pas ce soir

La brune regarde le nom :L'intrépide
Le capitaine surement ne craignait pas les attaques ,peut être un pirate ,elle ne savait pas
Elle pensa soudain a Mirael qui rêvait d'en possédé un a lui ,ou était-il ?avait-il toujours ce rêve ?

Elle aussi avait un rêve ,monter un jour dans un bateau avec celui qu'elle aime et tout ses amis de Saint-bertrand ,faire un petit voyage ,pas besoin d'aller au bout du monde ,elle voulait juste sentir le s vagues frapper sur la coque du bateau ,respirer l'air marin ,se sentir aimer et partager un moment unique entre amis

Elle resta la un long moment avant de faire demi tour ,ce rêve n'était pas encore pour maintenant

Elle devait chevaucher ce soir et suivre les roulottes

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Lhyra
Parce que avoir le choix n'a rien de bon....


Penchée en avant, la main crispée sur le mur de la taverne, le corps secoué de spasmes elle tente de reprendre son souffle, mais les sanglots l’en empêchent et la malmènent sans relâche. Soudain, son corps lâche, elle s’effondre. Le chignon s’est défait tandis qu’elle s’est précipitée un peu plus tôt, et quelques mèches rousses se collent au front humide de la renarde. Ses yeux pleurent, ses joues inondées ont perdues toutes couleurs tandis que quelque part dans la nuit il s’éloigne d’elle à jamais…

Lorsqu’elle avait poussé cette porte, elle était loin de s’imaginer ce qui l’attendait. Du choc qu’elle ressentirai en le voyant assis seul devant un verre, sans elle à son bras, sans bague à son doigt. Le poignard s’est alors figé dans son cœur pour le traverser de part en part, brisant un morceau d’elle-même qu’elle doutait retrouver un jour…

Les doigts enfoncés dans la terre, martelant le sol de ses poings, elle ne cesse de se repasser la scène en boucle. Leurs retrouvailles, la douleur dans ses yeux, la grimace de l’homme trahit et blessé qu’il lui a servi sur un plateau de plomb. Et aussi son cœur bondissant, le souffle court tandis qu’il s’approche d’elle. Son visage, son sourire, la tristesse à peine masquée, l’or de ses cheveux. Son odeur sauvage, un rien boisée et la braise dans ses yeux. Les souvenirs qui reviennent, remontant sur sa peau, le long de ses cuisses, dans le creux de ses reins, léchant son échine et se fixant sur son sein. Plongeant au plus profond d’elle, à la naissance de tout, pour lui rappeler combien elle avait pu l’aimer du début jusqu’au bout. Craquer à nouveau, s’imaginer avec lui encore. Pouvait-elle seulement, seulement faire un effort ? Lui pardonner ? A nouveau ? Et reprendre là où ils en étaient à rester, tout recommencer à zéro….
Elle…

Elle retient un hurlement, et se laisse glisser complètement à terre, le visage effleurant la poussière. Pourquoi est elle dans cet état là ? Un homme non loin d’elle n’attendait plus que sa Lhyra…. Elle aurait du être heureuse. Ce trait là était définitivement tiré, elle pouvait passer à autre chose, retrouver les draps de son Fol, calmé, qui n’avait plus aucune envie incendiaire… Et pourtant…

Elle avait failli craquer, plusieurs fois ce soir là. Ses arguments étaient les bons, sa main sur sa joue aimante avait retrouvé sa place, son regard avait retrouvé ses yeux, et son sourire se dessinait à nouveau sur ses lèvres. Elle aurait tant voulu se perdre dans ses bras, échanger avec lui un dernier baiser, qu’il comprenne, qu’il sache qu’elle l’aimait encore. Qu’elle l’aimait de tout son corps, bien plus que ce qu’elle ne l’avait imaginé.
Et puis… Elle voulait le remercier. De tout ce qu’il lui avait apporté. De ce qu’il avait fait d’elle. Sans lui… Elle n’aurait pas vécu tout cela. Sans lui… Sûrement n’aurait elle-même pas eu de vie… Elle se sentait redevable. Et coupable. De le voir si malheureux. Brisé. Anéanti. Elle ne s’en relèverait jamais.

Pourtant elle avait fait son choix.

Deux Roy en duel. Elle aimait deux Roy. Celui de l’Irraison, celui de la Folie. Si proche pourtant. Si semblable. Mais en rien comparable pour autant.

Elle aurait dû être heureuse, sous les étoiles tandis que la tiédeur de la nuit, inhabituelle en cette saison, la recueillait en son sein. Elle avait choisi. Son Fol. Et juste lui. Lui qui, fou de la perdre, avait incendié leur roulotte, leur hérisson, une ville. Celui qui ne pouvait, n’arrivait à vivre sans elle. Celui qui n’aurait jamais réussi à s’en remettre. Elle l’avait choisi en parti pour ça. Parce que de deux maux, elle préférait le moindre. En parti seulement. Et puis parce que tout comme l’avait fait autrefois Soleil, il s’était attaqué à la glaise restante et avait lui aussi commencé à la façonner. Grâce à lui, elle était plus libre, plus forte qu’avant. Comme si quelques chaînes supplémentaires avaient rendues grâce sous le génie du Fol poète. Elle était heureuse avec le brun et l’aimait du plus profond de son cœur. Il était son lendemain, elle le savait, l’avait toujours su. Elle ne pouvait se résoudre à le quitter, à le perdre pour de bon. Alors oui. Elle avait choisi. Et savait que c’était le bon.

Mais qu’il est dur… D’assumer pareil acte. Aimer et faire du mal en même temps. A prêt tout chaque guerre menée aujourd’hui n’était-elle pas dictée par l’amour ?

Recroquevillée sur le sol, une douleur lancinante déchire son ventre tandis qu’elle gémit de douleur. Elle n’y arrivera pas. Elle ne pouvait accepter de le perdre. Mais n’avait pas le choix. Alors pendant quelques minutes, quelques heures, tandis que son brun dormait paisiblement dans la taverne, elle murmura le nom de celui qui s’éloignait d’elle pour toujours, priant qui voudrait bien l’entendre de prendre soin de lui et de lui rendre le bonheur qu’elle lui avait volé…

Ca n’est que bien plus tard, dans la nuit, qu’elle se releva, comme anesthésiée, les yeux secs, le cœur lourd, un arrière goût amer dans la gorge, et qu’elle rejoignit son brun qui, se réveillant un peu, l’accueillit dans ses bras pour se rendormir contre elle. Se nichant contre lui, inspirant son odeur, elle comprit, que dans un cas comme dans l’autre, imparfait serait son bonheur. Il lui faudrait du temps… Bien plus de temps que ce qu’ils penseront tous. Mais elle arrivera à masquer tout ça… Bientôt. Pour l’heure, épuisée d’avoir tant pleurée, elle ferma les yeux, et c’est sur l’image du Soleil quittant sa vie, qu’elle s’endormit, songeant au malheureux.



_________________
Kachina
[Quelque part en Languedoc]



Il y a le fleuve, et il y a les bâteaux.
Et la brune passe des heures sur les berges à regarder foncets et autres merveilles emmitouflée dans sa cape de peau retournée.

Elle n'oublie pas ses Comminges.
Les montagnes paraissent juste un peu plus lointaines chaque jour dans son souvenir. Toujours aussi belles, pourtant.
Ses amis de là bas, eux, elle les garde au chaud.
Elle n'oublie jamais rien de ce qui est important, la louve.

Simplement, elle a pris goût à cette vie, d'errance et de chemins à prendre au gré du vent, au gré des envies de chacun.
Elle ne sait plus rien des intrigues de cour, dans ces comtés qu'elle traverse.
Et c'est bien comme ça, elle est légère et libre.
Plus forte de jours en jours.

Elle ne regarde plus en arrière, ne veut pas songer à son ami au Père Siffleur qui se bat contre des moulins à vent.
Elle n'espère plus qu'il les rejoigne. Trop têtu et trop fier.
Encore un ....
Misère...........
Ainsi sont les hommes du sud, parait ....

Du bout de sa botte , elle envoie plus loin une pierre plate, qui roule et finit sa course dans le fleuve avec un léger flop...
Pierre qui roule.......
C'est ce qu'ils sont devenus tous, des pierres qui roulent.......
Et c'est fou comme elle aime ça.

Des visages défilent dans sa tête.
Celui d'un ami pour qui elle n'a pas su trouver les mots qui consolent. Un astre brisé la dernière fois qu'elle l'a vu. Incomplet...
Celui d'une femme aux cheveux roux, qui compte ailleurs, les poutres d'autres tavernes. Morbleu, la compteuse lui manque . Sa folie lui manque.
Pourquoi faut-il toujours que les hommes nous prennent et nous emportent ailleurs....

Ses pensées glissent jusqu'à sa soeur.
Théa change doucement, plus sombre, plus aventureuse aussi.
Plus fière aussi, et corne de bouc, plus vilaine, la gueuse.
Plus belle...

Ils vont continuer encore et encore.
D'autres villes, d'autres visages. D'autres rencontres. Il y en a eu déjà et des belles, même si éphémères et fugaces......
Quelques retrouvailles même.
Retrouvailles..........La louve songe à une promesse non tenue...

Mais déjà ses yeux quittent le cercle laissé dans l'eau par la pierre, reviennent sur les bâteaux...........
Sourire..........
Un. Deux. Trois bâteaux.......
Elle compte, la brune.
Et toi Lhyra, où es tu ?
Comptes tu jusqu'à sept dans le ciel chaque nuit ?
Kachina
[Lyonnais - Dauphiné ]

L'alcool coule dans sa gorge, lui réchauffant le coeur et l'âme.
Elle regarde par la fenêtre crasseuse de ce bouge de Lyon, où elle a pour un instant posé ses affaires.
Elle a mangé un peu de ce brouet sans saveur que lui a servi l'aubergiste et elle se revoit savourant le cassoulet d'un éternel râleur dans une taverne animée et joyeuse.
Un ménestrel joue de la viôle, elle se laisse bercer par la musique.

Et l'armagnac vient encore une fois la réchauffer, tiré de sa gourde qu'elle porte à sa bouche.Ventre Dieu, mais les réserves s'amenuisent....

L'hiver arrive et ils cheminent toujours.
La mission précédente à été une réussite. Même si ça n'a pas été sans mal.
Elle a aimé ce voyage sur le Rhône, même si il a un autre goût depuis qu'elle sait que le gitan a été attaqué sur la même rivière, sur un bâteau semblable.

Elle ne veut plus compter les jours, les lieues qui l'éloignent de son village.
Un jour ensemble, ils ont changé les règles, ils ont choisi la route.
Et la route les a pris, mieux que la plus habile des maitresses. Elle les a changés. Tous...
Elle les a rendu plus orgueilleux, plus fous.
Ils se sont aguerris , habitués au froid, à se nourrir de peu. Ils ont appris l'envie et l'essentiel. Ils sont plus forts.

Elle a beaucoup aimé Vienne, ils ont fêté leur réussite, livré le précieux colis à destination.
On leur avait prédit une ville ennuyeuse et froide, ils ont fait de magnifiques rencontres dans l'ambiance festive des tavernes de là bas.
Comme quoi faut jamais écouter ce qu'on raconte...
Charmant et discret, Charles a tenu parole. Distribué les gains.

Toutes ces rencontres, tous ces visages .
Quand ils arrivent , les regards se teintent de méfiance. Ils sont nombreux, et quelque peu envahissants.
Souvent poussièreux , décoiffés mais toujours l'allure fière.
Mais au fur et à mesure des chopes qu'on vide ensemble, les visages s'adoucissent , les épaules se détendent. Et les nuits se font belles.

La louve sort un instant de ses pensées, pour suivre des yeux sans broncher, la querelle qui oppose deux hommes imbibés d'alcool pour une histoire de femme. Elle les regarde se battre , la main glissant discrètement à sa cuisse, cherchant la présence rassurante de la dague qui ne la quitte plus.
Elle a appris à rester aux aguets, toujours.

Son autre main défroisse le parchemin lu et relu.
La compteuse lui a donné des nouvelles par l'intermédiaire du Roy.
Elle va bien. Elle rêve d'une robe jaune, et elle trouve son plaisir la nuit dans les fourrés. Lhyra......

Il faudrait qu'elle écrive à Ana. La blonde manque à Joran. Elle le voit à son regard qui s'assombrit quand on parle de sa soeur , de son neveu.
Lui dire qu'on est toujours aussi pauvre, que nous n'avons toujours ni titre, ni écus, et qu'on s'en fout............comme de notre première paire de braies.
Lui dire que l'ennui ne fait pas partie du voyage et que jamais, oh grand jamais, on ne s'est senti aussi vivants. Lui parler de ce rêve aussi..................

Mais la journée s'avance.
Elle va devoir aller cueillir les derniers fruits de la saison avant les premières gelées. Et il y a les chevaux à soigner.
Décembre et là, bientôt les premiers frimas. Il va falloir dégotter des vêtements chauds, ....

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