Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Chambre Mortuaire de Marguerite de Volpilhat

[RP] Silence

--L_alchimiste
Un lourd silence s’était installé dans le lieu.


























Silence noir. Les ténèbres. Paupières closes. Tout avait commencé là. La peau d’Elissa qui s’était bouffie ; grise, plus que blanche. L’eau, c’était pareil : la vie de Margot avait commencé en noir. Le tétanos d’Alionor. Thanatos. L’obscurité, un phare que l’on perd. Constant, toujours noir. Aucun espoir. Perdue. C’était avant de trouver Dieu. Le charbon, la Cathédrale de Narbonne en flammes. Les murs noircis, les poutres brûlées. Calcination. Mort de Dieu. Phénix.




Silence blanc. Elle avait toujours été en blanc. Blanc pour Elissa et mort-eau. Pour Apolon et mort-fer. Pour Ayla et mort-air. Pour sept Ysengrin et mort-feu. Elle n’avait jamais été si chair qu’en blanc.
Presque toujours. A trois trop courtes périodes de sa vie, elle n’avait pas porté le blanc.
En enfance, en douceur. Quand Elissa vivait.
Les quelques jours de bonheur auprès de Valandil ; avant de savoir, pour Louis. Avant de savoir sa prison.
Après la naissance de Jaime. Comme son aïeul. El Desdichado. Le petit Jaime aussi était déshérité. Au fond, c’était un Appérault ; et il était aveugle. Il n’avait rien pour lui. Elle avait porté la couleur, oui…
Mais le blanc, plus que tout. Les pétales de la Marguerite. On ne les aurait pas imaginés autrement. Elle restait bloquée là. Vitriol. Elle ne comprenait pas. Vitriol. Elle avait peur. Vitriol. Constant… Lui avait peut-être compris. Lui seul, peut-être. Parce qu’il avait toujours pensé autrement. Parce que la harpe disait autre chose. Ses doigts, c’était le langage du monde.
Névrose.
Vitriol. Il fallait décaper le monde. Lessivation. Concentrer les couleurs. Réduction. Dieu en blanc. Dieu-Lumière.







Silence rouge. Le sang. Bleu. Bleu roi. Crime, horreur, folie ! Le cercle.
Le sang d’un roi immortel. Incompréhension. Terreur. L’infini. Colère et courage. Vie et mort. Passion et interdit. Désir. La couleur du désir. La flamme.
Léviathan. La peur. Elle cherchait le rouge qui les dirait tous. Lui seul pouvait s’appeler le rouge. Elle l’avait perdu. Elle était perdue. La flamme. Fuite.
Ce n’était pas le carmin.
Ni l’amarante.
Ni l’Andrinople.
Ni le magenta.
Le Roi est mort, vive le Roi ! Le cercle.
Carotide vive. Sang séché. Toujours le Roi. Son sang. A elle. Incandescence.
Désir d’inceste. Le sang de vie à mort, et mort, toujours vif. Le tout. Dieu-Monde.

Erreur. Ce rouge innommable avait un nom. Terreur.

Toute sa vie, elle avait craint le Tout. Ne pouvant nommer ce rouge, cherchant Le Rouge, et sans nom, le croyant Sans Nom – il était le Très Haut.
L’épée sur son front avait couronné cette conclusion. Morte. A son tour. Elle suivait tous ceux qu’elle avait pleurés.
Morte d’avoir compris. Enfin. D’avoir compris que c’est jusqu’au cœur de sa ferveur qu’elle avait oublié Dieu. Qu’elle l’avait perdu. Qu’elle s’était perdue.
Dieu-Mort. Dieu-Lumière. Dieu-Monde. Dieu-Tout. Dieu-Unique. Dieu rouge.







Silence or. Le silence est toujours d’or. Elle gisait, là. Âme calcinée. Corps lavé. Chevelure incandescente. Des flots de blanc dans son habit mortuaire ; la cire de l’embaumement, les fils d’or et sa couronne. Son auréole. Irait-elle au paradis solaire ? Elle en avait rêvé, de cet
aurum potabile.
Dans le silence de la chambre mortuaire. Les flammes semblaient immobiles ; elles retenaient leur souffle.

Elle était descendue au plus profond d’elle-même, pour trouver ce noyau insécable, sur lequel elle pourrait bâtir un être neuf ; une nouvelle personnalité. Elle avait cherché l’Œuvre, l’Œuvre du Très Haut. Elle l’avait trouvée. Elle l’avait payée de sa vie.


Nul qui la regardait sur son trône de mort, figée dans une sérénité factice, à côté de son fils, n’aurait imaginé qu’elle était morte de la main de l’homme qu’elle aimait.


RP écrit par LJD Marguerite
Polstephie
Blanc... Le Blanc.

Le blanc du silence dans ce lieu.

Le blanc du linceul.

Le blanc de son visage, yeux clos.

Et le blanc de la silhouette qui s'avance pour lui rendre un dernier hommage.

Qui aurait pu croire que le blanc pouvait revêtir tant de nuances ? Qui aurait pensé qu'un jour Paula Estèva le porterait pour
Sa Petite Baronne ?

La Comtesse était blanche. Et elle avançait vers la Vicomtesse dans sa blanche parure... Le temps suspend son vol. Reste un instant d'éternité.


...


Ainsi, lorsqu'elle avait apprit où aurait lieu l'exposition publique du corps de Marguerite, Paula n'avait pu contenir ses larmes. Toute l'eau de son corps avait coulé par ses yeux désormais sans éclat, et même plus encore. Quand enfin elle avait pu se ressaisir, elle s'était préparée, seule.

Revêtir la chainse de lin, la cote de soie nacrée, la ceinture neige, le brocart opalin du surcot.
Passer à son cou la croix occitane émaillée de vert.
Déposer le voile virginal sur ses cheveux, couvrant également son visage. Le ceindre d'une couronne simple d'orfèvrerie.
Attacher à la fine ceinture le poignard, les bourses de cuir lacté.
Et pour une fois, une seule fois depuis qu'elle l'a, ne pas porter la fibule Rosépienne.


Une fois prête elle s'était fait conduire auprès d'Elle.


Elle avait hésité un instant, sur le seuil. Puis elle avait soupiré et avait franchi le temps qui la séparait de son Amie. Alors elle avait pu l'admirer dans ce carcan laiteux...

Elle avait rapidement délaissé le bras de son Epoux et s'était approché de son Âme-mie, de son Amie. Et elle avait saisi sa main, lentement, avec douceur. Enfin, la Comtesse avait soulevé le voile qui masquait ses traits, révélant un visage aux traits ravagés par la tristesse, dévasté par les larmes et dont la pâleur n'avait d'égal que le teint de la Défunte lui faisant face.

Elle s'était alors penché et avait déposé sur le front de Celle qu'elle avait tant Aimé, de Celle qu'elle Aimait tant, un baiser emplie de tout ses sentiments, un baiser d'Adieu.

Et puis elle avait passé sa main sur le front de son Amie, ce front si pâle bordé du feu de ses cheveux. Et elle avait alors songé à cette quête du Rouge. Cette insensée quête du Rouge. Alors elle avait su ce qu'elle devait faire...


La Comtesse avait alors retiré la couronne ceignant son front, ôté le voile qui était sien et l'avait laissé tomber au sol... connaissant le même destin que tous les rubans de Pol. Sa chevelure libérée de l'étau de maille qui l'emprisonnait était descendue en cascade dans le creux de ses reins. Puis elle avait porté la main à sa ceinture et en dégagea le poignard à la garde ciselée si finement. Et, alors qu'une larme avait roulé de son œil à sa joue pour s'insinuer dans son cou et descendre infiniment, la jeune mère avait porté l'arme à elle.


Prends... Ceci est mon Rouge. Ce Rouge qui te fit défaut et qui, désormais, toujours t'accompagnera...

Alors elle avait tranché ... la mèche qu'elle tenait entre ses doigts, à ras du crâne. Mais cela ne suffisait pas. Alors l'Amie avait séparé une autre mèche de sa tête, puis une autre... Et toutes les boucles de cuivre avait rejoint les premières...

Lorsqu'enfin elle avait épuisé le rouge qui était elle, elle avait senti ses forces la quitter et avait chancelé. Mais elle s'était reprise en puisant sa force dans celle qui avait caractérisé Marguerite. Elle avait alors rassemblé ses cheveux épars sur le corps de Sa Petite Baronne et les avait tressés, presque méthodiquement. Et, ainsi entremêlés, elle les avait glissés entre les mains de son Âmie.

Alors seulement elle s'était autorisé à lui murmurer ses Adieux... Tête nue, sans plus aucun apparat, dans une simplicité réelle... Elle était alors restée pour veiller
Sa Morte...
_________________
Legueux
Perdu dans ses pensées.


Printemps.

Nature Emeraude comme disent les teutons. Sinople.

liberté, honneur

Un sourire amer.

joie, santé, espoir... Le sourire disparait.




Printemps

Ciel Saphir. Azur

fidélité, persévérance, loyauté

Tout elle.



Printemps

Soleil Topaze. Or

noblesse, intelligence, vertu, pureté.

Tout elle

Croix occitane.

Tout elle.




Printemps.

Ame Diamant. Sable.

Humilité, Renaissance.

Une boule dans la gorge.

Tristesse.



Printemps

Deuil perle. Argent.

Netteté, Sagesse.

Scintillement d'une lame.

Retour à l'unité.

Deuil.

Yeux humides.



Printemps.

Fleur Rubis. Gueule

désir de servir sa patrie, amour

Tout elle

Email du Languedoc

Tout elle

Fleur d'Oc... Tranchée disparue

La larme finit par s'échapper.

Sang. vie. feu.

Pourtant honnie.


Couleur des boucles qui s'amoncèlent sur ses restes...




Mais...

Doucement il vient derrière son épouse enserrer de ses mains les avant bras de celle qui a perdu plus qu'une amie.
_________________

Le grand père était un aigle, le fils un faucon, le petit fils, un vrai.
Catalina_constance
Veillée funèbre, suite d'un jour funeste, une journée sans nuit ou peut être d'une nuit sans pouvoir espérer le levée du soleil un jour.
Jour sombre, tragique... meurtrier.
La petite est d'humeur calme.

Qui a bien put prendre la décision de leur enlever la vie, qui a commit l'irréparable, maintenant la jeune rousse se pose la question, sans cesse.
Sans cesse, ça oui elle à le temps de se torturer l'esprit chaque minutes qui passent, chaque jours... On le lui en a dit de trop ou pas assez, décision subtil, obscurci par le fait que le temps met parfois trop de temps à passer et que la fillette reste dans sa chambre, seule si seule!
Elle tente d'analyser la situation: de nouveaux visages, l'hostel qui se remplit et se vide à la fois, on lui parle de courriers à envoyer à chaque coin du royaume et de temps de chose.
Qu'elle ne comprend décidément pas!
Les événements la dépassent.
Est ce ainsi que le très haut remercie les sujets de son royaume ceux qui tant de fois ont prêché sa parole.
Petit à petit la peur s'installe en elle, adviendra-t-il la même chose de tout ceux qui sont fait d'os et de chair? est ce que ceux qui l'entourent encore finiront eux aussi dans des marres rouges, tachés de ce qui est le symbole de la fin d'une vie?

Aujourd'hui c'est la dernière fois, qu'elle la verra mais dans d'autres circonstance que la dernière fois, belle, propre les traits qui seront surement bien plus reposés mais de la même manière que la dernière fois il manquera la présence, Margot ne sera pas vraiment la, ses mains seront froide et elle sera toujours aussi livide.
On l'avait préparé sans qu'elle ne hausse un sourcil sans qu'elle ne dise mot. On ne lui demandait plus rien de toute manière, mais surtout tout lui échappé, tout, la moindre explication, le moindre détail, même la signification de ce qu'elle pouvait voir.
Comme si chaque objet qu'elle tentait de tenir entre ses mains tombaient ou glissaient...
Comprendre que sa sœur ne se relèvera pas mais en réalité sans en être vraiment sur...
La peur et l'incompréhension de la situation, du futur, de la mort...
Qu'adviendra-t-il?
Et pourquoi elle, sœur de sa sœur, sœur de son frère, tante de son neveu pourquoi ne l'a t-on pas emmené?

On la mène la ou on expose le corps, sans rien le lui expliquer de plus, que devra-t-elle faire?
Une fois de plus être la spectatrice de quelques choses sur la quels elle ne peut mettre le doigt?
Une vérité si... subtile.

Ses mèches s'enroulent les une autour des autres, rouge tranchante sur sa peau blême, les yeux fermés, l'enfant se lève sur la pointe des pieds pour mieux la voir.
Mieux contempler l'image, la dernière image qu'elle aura d'elle.
Elle lève les yeux vers Paula qui est la aussi, elle ne décèle pas tout à fait ses pensées, mais les enfants ont ça, ils ressentent sans savoir mettre un nom dessus un sentiment, une humeur, une sensation...

Et c'est alors que se produit pour Catalina l'horrible, le tellement triste, le tout simplement beau...
Le petit écureuil contemple le reflet de ces mèches qui tombent, sur le cœur de sa sœur, et le sien de cœur se serre.

Des visages ravagés, comme maintenant les cheveux de la douce Comtesse, et elle prit les yeux vitreux, les lèvres tremblotante à celui qui l'entendra, désespérément qu'on lui rende Marguerite, qu'on lui rende la Dame d'Alanha et que plus personne ne s'en aille ainsi...

Plus jamais...

_________________


*Regarde le ciel, pour savoir si sa Margot et Reginhart sont bien la haut avec les anges.*
Maelie
La nuit avait été longue.
Tournant, se retournant sur sa couche, l'indécision l'empêchant de plonger dans un sommeil réparateur dont elle aurait eu grand besoin.
Voila quelques jours* maintenant que le Languedoc vivait, comme anesthésié par la nouvelle : Marguerite était morte. La fleur d'Oc s'était fanée.

Elle se retourna à nouveau, levant les yeux vers la fenêtre, notant les premiers rayons du soleil qui venaient déjà caresser le rebord de sa fenêtre. Serrant les lèvres et les poings, elle songea que le monde lui paraissait injuste : soleil, pourquoi te lèves-tu sur un tel jour ?

On l'avait informée, la veille, que le corps de la Fleur serait exposé, comme il se devait, à la foule pour un dernier hommage. Son devoir, mais aussi son besoin profond, lui dictait de s'y rendre.
Pourtant, elle avait peur. Dieu, qu'elle avait peur ! Peur des visages éplorés et striés de larmes ou de douleur, peur d'affronter l'incompréhension de ces gens, qui attendaient d'elle, du Conseil, des réponses qu'ils n'avaient pas...
Et plus que tout, elle tremblait de terreur à l'idée de devoir supporter la vision du deuil de Cristòl.

Elle ferma vivement les yeux, comme pour chasser l'image qui s'imposait à elle. Elle savait combien Marguerite avait été précieuse à Cristòl, bien qu'elle se douta, dans sa naïveté, qu'elle n'en connaissait encore que supperficiellement les tenants et aboutissants. Quelque chose - peut-être l'instinct féminin ? - l'avertissait, lui hurlait qu'il en serait ainsi, et cela lui déchirait le coeur.

On frappa à la porte.


Il est l'heure, meuna pichonetta....
La voix étouffée de sa mère, au travers de la lourde porte en bois sculptée. Maëlie se retourna dans son lit, comme une enfant capricieuse, recouvrant sa tête de ses draps. A travers le tissus, elle entendit la porte s'ouvrir pour laisser entrer sa mère. D'une main douce mais ferme, elle tira sur les draps, forçant Maëlie à affronter le jour levant.

Allons, ma grande... Ca va aller... Viens, il est temps.

Comme si elle n'attendait que cela, Maëlie se leva, brusquement décidée, et commença sa toilette, dans une succession de gestes mécaniques. Son regard, vide et incrusté dans un visage d'une neutralité morbide, fixait le néant devant elle sans sourciller. Derrière ce regard, les pensées s'organisaient, comme d'habitude maintenant : certaines se retrouvaient impitoyablement rangées dans un coffre de moins en moins vide, au creux de sa mémoire, d'autres se superposèrent, à force de volonté... Devoir, respect, honneur.

Une demi-heure plus tard, elle lissa calmement sa robe simple, d'un blanc immaculé, ceintrée à la taille d'une simple chaine d'argent, bouclée d'une broche en bois, qui soulignait ses formes d'une façon qui la fit légèrement grimacer. Son buste était élégamment souligné par un sage décolleté sur lequel reposait la croix du Languedoc offerte par Actarius, ainsi qu'un autre petit médaillon qui ne la quittait jamais. Elle tendit le bras pour attraper la capeline de cuir qui lui servait à tous ses déplacements : il était évident au premier coup d'oeil que Maëlie n'avait pas encore les moyens de tenir son rang comme elle le devait, mais elle faisait de son mieux. Ses cheveux noirs étaient simplement retenus par un cercle d'or, couronne qu'elle ne mettait que très rarement et qui lui semblait peser un poids invraisemblable pour un si petit objet.
Un coup d'oeil à sa mère, qui hocha la tête d'un air satisfait, et elle sortit, ramenant sur sa tête la capuche de son vêtement.


De longues heures plus tard, Maëlie arriva enfin sur le lieu de l'exposition funèbre. Elle dessella et confia son cheval à son garde, celui qui était devenu son ombre depuis quelques mois. Rabattant sa capuche, et se recoiffant d'un geste inconscient, elle s'avança d'un pas lent. Le tableau qui s'offrit à elle la figea de stupeur : devant elle, penchée sur le corps de Marguerite, elle vit la silhouette blanche et frêle de Paula Esteva, le bras levé tranchant dans ses cheveux de feu. Les yeux écarquillés, Maëlie tourna la tête pour comprendre ce qu'elle voyait, observer ce qui l'entourait. Elle tomba sur une jeune fille qu'elle ne connaissait pas : était-ce elle, la survivante ? Une boule se coinça dans la gorge de la jeune femme, tandis que son regard se posait à nouveau sur le tableau à la fois terrible et beau qui se déroulait devant elle. Au bout de quelques instants -quelques heures? quelques jours? -, le Comte du Gévaudan, que Maëlie n'avait même pas vu jusqu'alors, s'approcha et prit son épouse dans ses bras.

Battant des paupières, Maëlie tenta de chasser ce flou humide qui envahissait sa vue contre son gré. Elle fit un pas, puis deux, et tomba à genoux, mains pressées l'une contre l'autre, comme en prière, les larmes s'écrasant sur ses doigts blanchis, le visage levé vers l'éternelle endormie. Elle était belle... Maëlie creusa ses souvenirs pour trouver une image d'elle encore en vie. Quand donc s'étaient-elles croisées? Ah, ça lui revenait... Lors des funérailles de Dòna Esme de la Voulte. Cruelle redondance.
Chaque mort tailladait un peu les vivants, prélevant son tribu sur ceux qui avaient eu le bonheur de connaître et de partager la vie des disparus.
Pour la première fois, Maëlie se sentit personnellement touchée par ce deuil, quoique pour des raisons qu'elle se refusait à admettre.

Oh, Marguerite... Marguerite ! Vous ne partez pas seule dans la mort, en ce jour... Non, vous ne partez pas seule.



*pour une question de cohérence, je considère que la mort de Marguerite est toute récente, et que nous sommes encore au temps de l'ancien conseil.
Edit aurtograf'

_________________
Douanière de Lodève, Grand Chambellan du Languedoc
Avocate du Barreau du Languedoc

Fenêtre sur le monde...
Polstephie
Mais...

Une voix qu'elle connaissait et qui interrompait ce qui lui semblait si naturel. Ce don d'elle-même à Celle qu'elle Aime. Alors deux bras puissants l'entourèrent de tendresse pendant qu'à genoux devant Son Âme-Mie elle priait pour son Salut.

Et toujours ce Silence Blanc autour d'elle, qui la laissait seule au monde finalement.


Pensée fugace :


L'on n'est jamais aussi seul qu'au milieu des autres...



Elle ne s'était jamais éloignée, mais pourtant la Blanche Comtesse revint à elle en cet instant où la chaleur d'un Amour Pur l'entoura de nouveau. Il restait bien froid pourtant en cet instant. Bien trop froid pour la réchauffer pleinement. Son coeur était mort et le resterait. Elle est morte et le restera. Et jamais plus elle ne revivra.

Alors seulement, peu à peu, le flou qui l'entourait s'estompa. Les formes redevinrent des visages et Paula n'y vit que des Amis. Son Petit Ecureuil, la Dame de Lauzières, son Epoux... et la plus Belle d'entre toutes : Margot.




Marguerite, Ma Fleur d'Òc. Pourquoi m'as tu laissée en vie ? Je comprends mieux tes tortures désormais. Et elles seront miennes je le crains. Héritage que tu n'aurais sans doute pas voulu me léguer.


Marguerite, Ma Marguerite. Ma Fleur d'Òc, Mon Âme-Mie. Ma Soeur, Ma Fille... Mon Âme-Aimante... Jamais tu n'auras su et c'est sans doute mieux ainsi.


Marguerite, Ma Marguerite. Ma Fleur d'Òc, Mon Âme-Mie. Je t'ai Aimée dès le premier instant...


Marguerite, Ma Marguerite. Ma Fleur d'Òc, Mon Âme-Mie. Tu fus ma Vie. Je serai ta Mort.



Pensées affolantes. Lourdes de sens en ce silence cacophonique. Silence qui ne sera pas brisé par elle. Elle regarda Sa Petite Baronne et laissa ses lèvres formuler sa dernière pensée sans que le son ne franchisse leur barrière.

Tête nue, elle pria encore et encore pour le Salut de l'Âme de Celle qui avait tant fait pour le Languedoc. Faisant fi des possibles allées et venues. Décidée à l'accompagner jusqu'au bout...

_________________
Actarius
Des visages connus, dissimulés cependant par le voile d'une déchirante tristesse et à l'arrière, tapi dans l'ombre d'un pilier, un seigneur, un vassal, un ami. Ses mots n'avaient guère de valeur, son aide n'avait guère de sens. Il n'était rien, rien en comparaison de ces visages connus. Son rôle s'amenuisait au fur et à mesure du silence des uns et des autres. Il se sentait presque mis à l'écart, éperdument seul dans cette enceinte sacrée. Sa peine était différente. La mort, il la connaissait. Il l'avait côtoyé au combat, l'avait vu, froide, dans le regard éteint d'un frère.

Il demeurait là impuissant et solitaire ses iris plongées nonchalamment dans les scènes tragiques qui se jouaient au-devant. Il demeurait là comme un vassal inutile, les bras croisés, appuyé contre ce pilier divin. Elle avait fait de lui un noble, elle lui avait accordé ce que le Languedoc lui avait refusé, elle était bien plus qu'une suzeraine et elle gisait non loin, étendue, belle et mystérieuse comme elle l'avait toujours été pour lui. Exposée, entourée et aimée et lui dans l'ombre, seul et ignoré.

Quelque chose se brisa en son coeur. Il ne put se résoudre à gagner la lumière, elle n'était plus pour lui...

Un murmure, un souhait s'échappa dans un souffle... "Bon voyage ma bien-aimée suzeraine"... Ce fut tout.

L'étranger s'éclipsa. Son hommage, il le garderait en lui, sur le bout des lèvres jusqu'à la fin de son existence.

_________________
Cristòl
C'est au milieu de la supplique de Paula qu'arriva le Vicomte de Fenouillèdes, et il sentit derrière lui quelqu'un qui s'en allait, quelqu'un dont il n'avait pas eu le temps de voir la silhouette. L'air était pesant, son coeur, affolé, par tant de blanc, par tant d'émoi silencieux, et les mots si blancs, si clairs, purs et désespérés de Paula.

Des mots qu'il aurait pu prononcer.
Il s'avança, et il portait le noir, noir du deuil bourguignon, noir de son costume hospitalier, noir si cher, mais noir de la nuit dans laquelle ce décès l'avait plongé. Le noir même ne lui allait pas si mal, mais en d'autres circonstances.
Dans cette chambre funéraire, il ne faisait qu'accentuer la raideur de ses traits, la profondeur de ses cernes, cernes de fatigue, cernes de pleurs inavouables, mais si aisément avoués, par un simple regard ! C'était trop d'amour qu'il avait contenu pendant de si longs mois, et qui éclatait désormais qu'il était, irrémédiablement, impossible.

Rien ne servait désormais d'ajourner le mariage avec Loreleï, dans l'espoir pécheur du décès de Louis. Margot était partie la première, elle avait trouvé le moyen de briser ses chaînes... Quelqu'un le lui avait donné, en vérité. Et il faudrait la venger, et oublier, oublier ces mois d'amour frustré, oublier l'autre Margot aussi, la Meldoise, qu'il étreignait dans la pensée coupable de sa Fleur d'Oc...

Les femmes étaient en blanc, pour Margot, qui l'avait toujours porté. La liliale tristesse des souveraines, et les deux femmes qu'il chérissait désormais le plus se trouvaient là, et la jeune sœur, trois ectoplasmiques copies de la si froide, de la si blanche Marguerite !
Il n'avait pour elle été rien d'autre qu'un filleul aimant, qu'un ami de chaque seconde, qu'une ombre dans son sillage, si loin que fût son corps, car Cristòl voulait que leurs âmes allassent à deux... Bizarre amant, qui n'attendait rien, oh dieu rien ! Sinon un regard, sinon un message, un "Je t'aime" même si c'était impossible de plus...

Le narrateur même ignore quels mots trouver, car un autre les a si bien tournés, que tout serait terne, sous sa plume.

    Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal :
    « Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon mérite ? »
    — Sois charmante et tais-toi ! Mon cœur, que tout irrite,
    Excepté la candeur de l’antique animal,

    Ne veut pas te montrer son secret infernal,
    Berceuse dont la main aux longs sommeils m’invite,
    Ni sa noire légende avec la flamme écrite.
    Je hais la passion et l’esprit me fait mal !

    Aimons-nous doucement. L’Amour dans sa guérite,
    Ténébreux, embusqué, bande son arc fatal.
    Je connais les engins de son vieil arsenal :

    Crime, horreur et folie ! — Ô pâle marguerite !
    Comme moi n’es-tu pas un soleil automnal,
    Ô ma si blanche, ô ma si froide Marguerite ?


Et les feuilles d'automne tombaient, les cheveux de cuivre de Paula, et la pluie annonciatrice des grands froids, ces larmes qui n'épargnaient personne, pas même cet homme, ce Chevalier au coeur triste.

Il s'agenouilla, tout à côté de Maëlie, et joignit silencieusement les mains, tendu vers le Très Haut et sa Sainte, de toute son âme.


_________________
Les Fleurs du Mal, LXIV, « Sonnet d'automne », Baudelaire, 1857.
_________________
Polstephie
Et chaque jour, la Comtesse était revenue.

Et chaque jour, elle s'était agenouillée à en user les tissus de ses robes et à en écorcher ses genoux.

Et chaque jour, elle avait prié, veillant son Âmie, La veillant Elle.

Et chaque jour lui avait fait prendre conscience...



Et puis le temps était venu, où il avait fallu sceller cette image, où il avait fallu laisser partir la
Fleur d'Òc. Et ce fut un jour blanc, en vérité, que le jour où son corps fut enfermé dans une geôle de plomb.

Du plomb pour conserver les pétales fragiles d'une Fleur désormais fanée et qui bientôt se décomposerait.
Du plomb parce que essentiel dans une partition Alchimique.

Paula assista bien évidemment à ce moment. Seule, même si le monde était là finalement. Seule, parce qu'il ne pouvait en être autrement. Regarder les Autres aurait signifier accepter de voir le Temps passer, s'échapper, filer... Et ainsi sans doute, accepter de la voir disparaître un peu plus. Et cela, cela elle en était incapable.

Et la chape de plomb fut coulée, la Fleur à l'intérieur déposée, le Rouge et Celle qui l'avait enfin trouvé fondus en une seule entité.


Le dernier hommage de la Comtesse avant qu'on ne scelle le coffre-fort fut, une fois réellement seule avec la Blanche Marguerite, d'oser ce baiser de la Vassalité refusée, ce Baiser de Paix, symbole d'une acceptation muette, d'une réponse silencieuse à une question jamais posée.



Alors vint le temps où le cercueil fut exposé. Une quinzaine de jours durant, le peuple put rendre encore hommage à Celle qui, un peu trop précipitamment, les avait quitté et s'était libéré de sa cage...


Alors vint le temps où les dernières volontés furent connues et respectées. Deux de ses Amis Aimants pour Maîtres d'Œuvre ainsi qu'un Petit Écureuil et une Étoile.


Alors vint le temps où son Cœur fut arraché. Et pour l'Éternité, maintenant, il reposera en Paix. Dans la Crypte des Illustres.


Et enfin, vint le temps où Corps et Cœur furent prêts... La Messe allait être dite.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)