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[RP] Dessine-moi un mouton

Davia
Rp déplacé ici depuis la Gargote tourangelle pour facilité de post.

[Chinon, Auberge La Chopinette, petit matin]

Il faisait beau ce matin là lorsque Davia se réveilla. L'auberge où elle avait élu domicile n'était autre que celle de l'hospitalier à qui elle avait demandé si elle pouvait passer la nuit avec lui. Comportement honteux s'il en est! Une jouvencelle ne demande pas à un homme de deux fois son âge si elle peut "dormir" avec lui!
Et puis, dormir, dormir... C'était passer une nuit de torture que de dormir avec lui, mais après la première nuit, elle lui avait demandé si elle pouvait rester une seconde et l'hospitalier - bon prince ou pervers - avait fini par accepter à la grande joie de la tourangelle.

J'ai seize ans et je suis amoureuse.

Amoureuse... comme par hasard d'un hospitalier, comme par hasard il avait deux fois son âge, comme par hasard, elle était complètement folle de lui. C'était partit d'une plaisanterie douteuse pour faire croire à sa marraine et à son oncle gascon qu'elle allait épouser le soldat.
Blague douteuse? Elle en profitait pour s'asseoir sur ses genoux, glisser des baisers dans son cou, etc. Ah les privilèges de fausses fiançailles!

J'ai seize ans et j'ai les hormones qui me travaillent.

En manque d'affection Davia? Nooon! Si peu! Cela faisait des mois qu'elle essayait de tourner la page depuis le départ de son ancien fiancé, des mois, mais sans franc succès puisqu'elle ne cessait de penser à lui et qu'au final, la blessure restait ouverte.
Et puis, il y avait des signes avant coureur. Une épée et un bouclier brisés, et cet homme là, qu'elle ne pouvait plus quitter des yeux, qu'elle voulait pour elle - égoïste, va! - malgré quelques petits obstacles qui semblaient insurmontables...

J'ai seize ans et je perds un peu la tête

Donc, elle avait déjà passé deux nuits avec lui, tout contre lui, habillés, bien sûr, petits vicieux! on vous voit venir, tout de suite! Et là, elle était tranquillement installée, près de l'âtre ravivé, vêtue d'une grande chemise la recouvrant jusqu'au mollet, une pelisse sur les épaules.
Elle fit la grimace, massant son épaule endolorie. Et sortit ses derniers cours du séminaire qui dormaient depuis le commencement de la guerre. Soupire.

J'ai seize ans et je n'en fais qu'à ma tête.

Oui, mais finalement, elle avait fini par fourrer son nez un peu partout, espérant mettre de l'ordre dans ses affaires, avant de tomber sur une liasse de quelques parchemins enluminés.
Héraldique: études des armoiries, science des blasons et bla, bla, bla.Rêveuse, elle imaginait son hospitalier vêtu de son tabard, si merveilleux sur un fond de guerre sanglant et lui, si beau, si brave, si...

J'ai seize ans et...

Accoudée à la tablée, parmi les parchemins d'héraldique, elle avait trouvé un bout de vélin vierge et d'une plume appliquée, elle traçait les pleins et les déliés: Saint-Jean...
Le "saint" gardait toute la sobriété d'une caroline classique, mais le J du Jean s'envolait dans un délirium calligraphique d'une gothique élancée, de même que la suite des noms qu'elle écrivait, rêveuse, papillonnant dans ses pensées.


[Modo Aldraien
Bonjour, merci de citer la source de votre titre.
Bon jeu.]

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Fallgor
La vie de Charles était comme celle des nombreux autres gens d'armes et membres des Ordres Royaux : horriblement compliquée. Vie de famille inexistante ou presque, diète obligatoire, blessures au combat, cas de consciences réguliers … Mais il faisais partis de ce groupes de personnes persuadés que ce sacrifice était utile voir nécessaire à certains combats. En plus de cela, il se battais par tradition familiale, c'est dire s'il avais de la pression de toute part ! Mais encore une fois, ils étaient nombreux dans son cas.

Cependant durant ces traversées du désert, il rencontrais des oasis. Des havres de paix et de tranquillité où coulais de petits courts d'eau rafraichissants et cristallins, des palmeraies à l'ombre desquelles il aimais se reposer de l'agressive lumière, se vautrer littéralement dans un égoïsme partagé qui ne lui ressemblais pas. Mais il devais toujours repartir un jour en mission. Chaque jour remettre ses engagements à l'épreuve, c'était ainsi qu'il vivais.

Mais je digresse. Vous auriez dût m'arrêter franchement … Bref, je commence. Et éteignez vos portables. Prêt pour le plongeon ?



Charles étais jeune. Il étais entouré d'une forêt épaisse sur un terrain escarpé et en pente. Ses racines avaient cela de plaisant, on y trouvais des montagnes comme des plaines, les arbres omniprésents laissaient le vent transporter leurs effluves chargées de sèves de conifères et de feuillus, mélangées à l'iode de la mer et à l'odeur de la terre, sa terre, chargée de poussière. Il marchais tranquillement comme à son habitude, profitant de la fraicheur durant une journée au soleil écrasant. Il marcha jusqu'au bord d'une crevasse dans le sol de la foret, formant une petite clairière où le soleil dardais de ses rayons chaque parcelle de son corps, et ce malgré les vêtements. Ce soleil écrasant l'embourbais dans une lourde apathie, ses pas se faisant plus lent car l'effort pour soulever son corps se faisais plus compliqué à mesure qu'il essayais de regagner l'orée du bois. Il suais et fermais les yeux, concentrant tout ses efforts à mettre un pas devant l'autre. En rouvrant les yeux, sa foret avais changé d'aspect, la terre étais devenue rouge carmin et le ciel s'était voilé, comme si le soleil s'était fait chasser d'un coup par la lune. N'en pouvant plus, il tomba en avant, les paumes à plat contre le sol, ses genoux supportant une parti du poids de son torse. Et malgré le départ des rayons agressifs du soleil, le poids ne s'enlevait pas de ses épaules, de tout son corps, comme si ses muscles étais devenu acier.
Il se senti tirer en arrière vers la gorge sombre derrière lui, comme une épingle par un aimant, le poids continuais de l'harasser, et le vent de se lever fortement, transportant dans un souffle la poussière carmin et des pierres de petite tailles. L'un de celle-ci lui arriva droit sur la cuisse gauche, et il se laissa tomber rouler sur le dos à cause de la douleur aigu que cela lui avais provoquer. Tout d'un coup plus de friction contre son dos, mais toujours ce poids sur son torse, l'empêchant d'inspirer convenablement. Tout d'un coup il se rappela un détail. Pourquoi il étais venu ici lui étais encore inconnu, mais cela avais un rapport avec … sa besace ! Il ne la sentais plus à son épaule ! Et pour cause, elle flottais au dessus de lui et avais même eu l'arrogance d'accrocher un des sordides rayons de lumière froide qu'irradiais la lune.
Puis ce fut la chute. Tout le poids disparu alors qu'il quittait tout. Ses possessions, sa terre, sa réalité, pour s'enfoncer dans les ténèbres presque palpables autour de lui. Mais même au fond du puit aux bords escarpées, il pouvais voir les étoiles.


[Chinon, Auberge La Chopinette, petit matin]

J'ai trente ans, et je me sent vieux.

Charles se réveilla avec un bref réflexe musculaire, propre au rêveur au sommeil léger subissant dans ses songes une attaque physique. Mouvement discret si quelqu'un pouvais être aux alentours, mais assez violent pour l'arracher brutalement à ce rêve … Il cligna des yeux pour s'habituer aux rayons du soleil et se replacer dans l'espace. Lumière froide de l'hiver naissant, clocher au son qu'il reconnaissais. Chinon. Il étais donc bien dans la chambre qu'il avais loué avec son maigre bas de laine. On lui en avais fais un très bon prix, mais il savais que c'était déjà un luxe par rapport à ses frères et sœurs d'armes. Sa jambe lui faisais mal, irradiant une douleur sourde et continue. Le matin étais pour lui une sorte de torture, car ses blessures le rappelais toujours à la réalité. Il glissa ses jambes lentement sur le rebord du lit et se redressa sans bruit, les coudes sur ses genoux, son visage un instant dans ses mains. Son corps le rappelais à l'ordre, et il se sentais vieux.

J'ai trente ans, et mon cœur martèle ma poitrine.

Relevant doucement la tête, il reprend lentement ses esprits. L'âtre froid lui faisais face, lui rappelant la dernière vision de son rêve. Il détourna les yeux en voyant quelque chose bouger au coin de son cône de vision, et sourit doucement en reconnaissant Davia de dos, habillé simplement pour la nuit. Il n'osais imaginer ce que penserais les gens s'ils savaient qu'elle avais passer deux nuits avec lui. Sans rien faire bien sûr, il voulais simplement l'avoir prêt de lui. Il étais heureux qu'elle lui ai demandé, car après les retrouvailles pleines de tendresses et de rires, il avais senti poindre des francs sentiments pour la jouvencelle. Et dire qu'il l'avais connu bébé … Elle étais devenu une magnifique jeune femme, et il pensait que sa défunte mère serais très fière d'elle. Qu'elle sois ici, prêt de lui, l'emplissais d'une grande plénitude. Il avais promis de la protéger il y a de cela plus de dix ans, et c'est maintenant qu'il la retrouvais pour accomplir sa promesse. Et bien plus encore. Il la regardais tendrement, voyant la plume bouger au fil des mouvements de poignets de Davia, et son cœur martelais sa poitrine.

J'ai 30 ans, et j'ai froid.

Il se leva sans bruit et passa le gant qu'il ne quittait quasiment que pour dormir à sa main gauche, cachant ses stigmates bien personnelles et son majeur manquant. Curieux de ce que faisais Davia, il s'approcha doucement, le plancher craquant sous son poids et sous sa démarche encore lourde de sommeil, et glissa une main sur son épaule, regardant ses mouvements de poignets.
Mouvements précis et fluides, sans hésitation. Un vrai poignet de personne habituée aux armes. Le mouvement de la plume calligraphique le ravissais, conjugué au à son crissement sur le parchemin. Il observa ce qu'elle traçais avec tant d'application. Saint-Jean. Double style typographique représentant bien sa propre dualité. De l'œil de l'initié il observa les nuances qu'elle appliquais aux pleins et déliés. Puis il glissa sa main sur la sienne et lui déposa une douce bise sur la joue.

- Tu as l'air d'avoir des prédispositions pour l'écriture et l'enluminure, Davia. Et tu sais que tes mouvements m'en apprennent sur toi, manier une plume est comme manier une épée. Tout est question de rythme et de tension.

Le petit discours inaugural de la journée étant terminé, il posa son regard sur ses yeux clairs et lui sourit doucement.

- As-tu déjà essayé le dessin ? C'est comme la calligraphie mais avec un sens aigu de l'observation. Te connaissant, cela devrais te plaire. Par contre il faut savoir rester calme et ne pas trop bouger !

Il rit doucement et lui dépose un léger baiser sur le nez puis vas ouvrir la fenêtre en grand, la fraicheur de matin lui donnant le petit coup de fouet qu'il lui manquais pour être totalement réveillé.

D'autant plus qu'il n'avais pas sa chemise.

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Davia
Elle sursauta. La brune tourangelle n'avait pas entendu Charles se réveiller, ni même se lever, toute plongée qu'elle était, un peu rêveuse, à s'amuser avec le tracé fin des lettres.

La main sur son épaule la fit frémir et lorsqu'elle sentit ses lèvres sur sa joue, elle ferma les yeux un court instant qu'elle aurait voulu éternel. La plume s'était suspendue dans les airs, le "n" se mourrait dans une courbe alambiquée, inachevée.

Elle l'écouta sans mot dire. Elle aimait ces instants simples passés avec lui. La guerre semblait si loin alors. Le temps leur était compté, mais elle en faisait fi, savourant chaque minute. Elle rougit du compliment qu'il lui fit. Des prédispositions? Vraiment? Elle leva un sourcil interrogateur vers le Warenghien. Sa comparaison avec le métier des armes lui plaisait et lui parlait aussi.


Le dessin? Hum...

Elle dodelina de la tête. Elle n'y avait jamais pensé. Chez les soeurs, on lui avait appris beaucoup, elle avait notamment étudié le trivium* et une ébauche du quadrivium** mais le dessin, pas vraiment, et elle n'était pas certaine du tout d'être prédisposée pour cet art là. Mais les yeux rivés sur Charles, papillonnant, elle hocha la tête.

Je devrais peut-être essayer, mais pas certain du tout que j'y arrive, surtout s'il ne faut pas bouger! Parfois j'ai du mal à rester en place.

Elle lui sourit alors qu'il l'embrassait sur le bout du nez et se retourna légèrement, le contemplant dans toute sa splendeur. Peut-être était-il vieux, mais elle le voyait beau. Beau dans toute sa maturité. Le torse ainsi dévoilé, faisant rougir un peu plus les pommettes de la jouvencelle qui, gourmande, se délectait du spectacle, ses yeux détaillant son dos, chaque cicatrice qu'elle pouvait apercevoir ou deviner dans le contre-jour du soleil doux et blanc du matin d'automne. Elle passa sa langue sur ses lèvres autant parce qu'elle les avait sèches que parce que son imagination lui suggérait des idées peu aristotéliciennes. Elle n'était plus la jeune fille pure et innocente d'autrefois. Son souffle se fit plus saccadé, un peu honteuse, elle finit par détourner son regard et se leva vivement pour mettre une bûche dans l'âtre et se donner bonne contenance.

Je vais peut-être m'y essayer pendant mon temps libre. Mais j'aurais bien aimé que tu m'apprennes.

Pirouette-cacahuète! Davia ou l'art de noyer le poisson. Ou l'art de faire du gringue avec innocence! Allez savoir!

Tu sais faire toi, non?

Elle se retourna à nouveau, avec vivacité et plongea ses azurs dans les yeux profonds de l'hospitalier, l'air de dire: dis tu veux encore passer plus de temps avec moi? Allez dis oui!

J'ai seize ans et je suis encore une petite fille.


*Trivium: A l'époque médiévale, l'une des deux divisions des sept arts libéraux, celle-ci correspond aux "arts de la parole" et se compose de la grammaire, de la rhétorique et de la logique.

**Quadrivium: Autre division qui comprend l'ensemble des quatre sciences mathématiques dans la théorie antique : arithmétique, musique, géométrie, astronomie, reprise à l'époque médiévale.

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Fallgor
Charles s'était accoudé à la fenêtre, un léger frisson lui parcourant le dos. La fraicheur matinale s'enroulait autour de lui, glissais sur sa peau nue piquetée de poils hérissés, chassant de son esprit les dernières réminiscences de son rêve. Il regardais rapidement dehors la ville qui commençais à s'éveiller, le marché qui commençais à se monter, les gardes de la ville fatigués de leur ronde nocturne. Bottes et charrettes se répondaient en écho, le son provenant de plusieurs cotés. Il aimais voir ainsi une ville commençant à grouiller, c'était d'ailleurs ce qu'il aimais dans Paris malgré les inconvénients qu'il y avais à vivre prêt l'un de l'autre sur la plus petite place possible.
Mais malgré l'observation rapide qu'il faisais à l'extérieur, il sentait la présence de Davia derrière lui, l'intensité de son regard sur lui. Et il souriais légèrement en se disant que la guerre ne faisais pas fleurir que des fleurs gangrenée. Il se retourna bien vite vers une vision plus plaisante et s'approcha de l'unique tabouret de la chambre sur lequel il avais posé sa chemise, la pris et la passant nonchalamment sur ses épaules sans la fermer tout en regardant faire la douce Davia. Ainsi, elle voulais qu'il lui apprenne. Une demande à peine voilée pour la conserver auprès de lui. Mais elle n'aurais pas eu besoin de cela pour qu'il le veuille, car il s'était déjà habitué à sa présence, et pour rien au monde il ne voudrais qu'elle sois autre part qu'à ses cotés en cet instant. Il lui souriais tendrement, plongeant avec délectation dans ses yeux clairs.


- Ma chère Davia, je serais on ne peux plus heureux de t'apprendre le dessin. Mais sache que c'est un art que l'on ne maitrise pas immédiatement ... qu'il faut plusieurs années pour en maitriser les plus subtils procédés.

Manière de dire qu'ils allaient devoir se revoir souvent, durant longtemps. Il se délectais déjà de leurs rencontres futures, de cette certitude perdurant dans le temps. Et voilà que son cœur se remettais à battre contre sa poitrine. Légère pause alors que son esprit vagabondais à toute allure en imaginant les lieux dans lesquels ils pourraient dessiner ensemble, prêt l'un de l'autre.

- L'un des plus grand intérêts du dessin, c'est que cela ne demande que très peu de moyen. Trouve un support sur lequel dessiner, et un morceau de charbon ou n'importe quoi, et te voilà fin prête à te lancer. Parce que l'outil le plus important, tu le porte toujours sur toi, ce sont tes belles prunelles claires.

Légère pause, la regardant dans les yeux.

- Si tu veux je te donne le premier cours dès maintenant, tu m'avais l'air prête avec tes beaux dessins de lettres. Par quoi voudrais-tu commencer, douce Davia ?

Il lui sourit tendrement. Tout étais sujet à servir de modèle dans sa vision des choses, et le monde étais emplis de sujets intéressants.

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Davia
La tête posée dans ses mains, elle le regardait faire, heureuse et amoureuse. Un peu trop peut-être. Si bien que lorsqu'il l'appela "douce", elle sentit un frisson lui parcourir l'échine. Cet homme lui faisait, décidément, un effet terrible. Ou alors il fallait qu'elle arrête de se goinfrer de gingembre, ou alors elle pouvait encore lui sauter dessus. C'était peu protocolaire, ça allait à l'encontre de tous ses principes, sans compter que c'était totalement indécent de sa part, mais après deux nuits passées dans ses bras, l'indécence, elle en était loin et ses principes, quand on a vu certains de ses amis mourir, d'autres être à deux doigts de la mort, on les révise un peu et on se rend compte que parfois, il faut un peu profiter.

Mais, revenons à nos moutons et à notre Warenghien si tentateur pour la jouvencelle de seize printemps qui se trouvait là. Dessiner, donc, avec lui, oh ouiiii! Et plus encore! Hum... Pas obsédée pour deux sous, la jeune fille! Je vous avais prévenus, ses hormones la travaillent. Elle plissa son nez, fixant le bras de son ami, attrapant finalement sa main gantée, jouant avec ses doigts.


Hum, disons que... je pensais.

Elle pensait à son blason, à la courbe des ailes... Fall était un ange. La courbe des ailes, le torse viril, sa main caressant ses cicatrices...

Davia!!!

Oui, oui...

Elle lui sourit en rougissant, se mordillant nerveusement les lèvres, pressant ses doigts contre les siens.

Ton blason, Saint-Jehan! Je pensais dessiner ça.

Qui a dit que quand on était amoureuse on ne ramenait pas TOUT à l'être aimé? Obsessionnelle et compulsive la jeune Corsu, elle en voulait encore!

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Fallgor
Un esprit amoureux, voilà un bon sujet d'étude. Charles trouvais fascinant que Davia lui demande s'ils pouvaient commencer l'apprentissage par quelque chose d'aussi simple que son blason. Et il trouvais d'autant plus fascinant que lui n'ai pas du tout pensé à cela, alors que c'est tout de même son métier. Mais il faisais clairement une séparation entre le dessin et l'art héraldique, bien qu'il puisse faire les connections. Des cadres de règles et de rigueur pour mieux laisser parler la créativité, mais le support et l'utilisation était clairement différents.
Quand il pensais dessin, il voyais plutôt dessin d'observation, par exemple des bâtiments, ou des vues qu'il trouvais belles durant ses voyages, les gens qui passaient … Mais un blason au final, ce n'était pas une si mauvaise idée, et cela lui permettrais de lui apprendre quelques petites choses.

Il serrais doucement la main que Davia avais glisser dans la sienne, regrettant légèrement que ce sois sa main ganté, ne pouvant ressentir avec autant d'intensité le contact de sa peau contre la sienne. Mais il passa bien vite outre ce détail, le cuir étant assez fin pour tout de même pouvoir apprécier la douce pression, la jeune femme jouant avec ses doigts. D'autant plus qu'il la regardais elle en cet instant, ses paumettes rougissantes, ses lèvres doucement torturées. Il ne dit rien durant un instant, perdu dans sa contemplation, puis lui sourit tendrement et acquiesça.


- Mon blason dis-tu … Eh bien, si tu le souhaite Davia. Tu choisi quelque chose qui n'est pas si simple tu t'en rend bien compte ?

Il leva sa main pour l'approcher de ses lèvres et lui fit un doux baisemain, relevant ses yeux vers elle.

- Mais vas pour la paire d'ailes.

Il l'entraina vers la table en souriant, le feu dégageant une douce chaleur dans la pièce, la rendant plus agréable à mesure que la discussion* allais bon train. Il lui présenta le tabouret en souriant et lâcha délicatement sa main pour aller fermer la fenêtre qui, maintenant, ne faisais que lui provoquer une gêne. Il n'étais plus question des ténèbres et du froid. Il était le petit centre chaud autour duquel se pressait toute la vie de ce monde,** et il comptais profiter de ce bonheur simple.
Il s'approcha de Davia et sortit un parchemin vierge de sa besace et lui dépose un doux baiser sur le front. Il alla vers l'âtre, choisi précautionneusement deux morceaux de charbon encore froids puis revins vers la table, et vers sa belle jouvencelle. Il les posa sur la table et tira vers celle-ci une petite malle qui contenais quelques affaires, et s'assit dessus, en face de Davia. Il posa ses avants-bras sur le rebord de la table en souriant.


- Tout d'abord Davia, permet-moi de te souhaiter la bienvenue au premier cours de l'écureuil grognon.

Il rit doucement et tailla les morceaux de charbon avec sa dague, pour qu'il y ai un coin qui puisse servir à dessiner, s'épousseta les mains légèrement et approcha la feuille de lui.

- Ce que tu dois savoir, ma tendre Davia, c'est que dans le dessin, il faut savoir construire, lui dit-il avec un léger sourire. Comme pour un bâtiment pour lequel on commence par les fondations. En dessin, cela s'appelle aussi la construction. Ainsi, pour dessiner une paire d'ailes, voici ce qu'il faut faire.

Il commença par faire un simple rectangle, et fit une pause en regardant Davia, un sourire au lèvres. Non, ce n'était pas tout, mais il aimais la taquiner. Aussi il rebaissa les yeux vers le rectangle et le découpa à coup de traits droits légers, pour former une esquisse cubique de la pair d'ailes.



Souriant, il la regarda pour voir si elle voyais où il voulais en venir et surtout si elle ne le regardais pas comme un illuminé. Oui oui, ça allais devenir un beau dessin, je vous jure.


* Qui à dit jeu de cache cache ? Toi là, dans le fond ...
** Fight Club

Ah et pour le croquis, un peu d’indulgence je fais ça a la souris pour soucis techniques !

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Davia
Elle frotta ses pieds l'un contre l'autre pour les réchauffer. Elle ne savait pas vraiment si c'était difficile où pas, totalement néophyte sur le sujet. Elle regarda Charles, intriguée et lorsqu'il lui fit un baise-main, ses yeux se mirent à briller et ses joues, à s'empourprer un peu plus.

Confortablement installée, elle ne perdait pas une miette de ses mouvements. Suivant sa démarche alourdie par sa blessure encore récente. Elle plissa son front. L'écureuil grognon? C'était quoi ça! Son nouveau sobriquet, mignon remarque... Ecureuil grognon... Elle fit un sourire d'ange à son soldat, dévoilant ses petites dents.


C'est moi écureuil grognon?? Oh! Mais Charles! Je suis pas grognon! Tu es mon soleil, j'ai la joie au coeur quand tu es près de moi!!

Et qui a dit qu'être amoureuse rendait fleur bleue? Si peu! Si peu! Elle papillonna des cils et se concentra à nouveau sur ce qu'il disait. Intriguée, elle se pencha un peu plus sur ce qu'il dessinait, son visage proche de celui du Warenghien. Elle sourit et le regarda à nouveau, ravie.

Oh ben ça va! ça n'a pas l'air si compliqué que ça! En fait c'est comme une trame? Ici tu mettras les ailes, là la sorte d'étoile et puis en bas, le truc en dessous des ailes.

Davia, où la maîtrise de la science héraldique!

Et tu t'appuies sur la trame pour que ce soit pareil d'un côté et de l'autre? C'est ça?

Elle leva un sourcil, plongeant ses yeux dans ceux de Charles et frotta son bout de nez froid contre sa joue, souriante.

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Fallgor
Charles souriait doucement à Davia. Oui, sur le papier, le dessin ce n'étais pas plus compliqué que de suivre une trame. Mais toute la difficulté est de justement bien faire cette construction, de bien respecter les proportions, à faire en sorte de dessiner harmonieusement. Alors qu'elle frottais son nez contre sa joue, un frisson le parcouru. Peut-être que lui faisais beaucoup d'effet sur la jouvencelle, mais il n'y a pas à dire, elle savais tout autant y faire. Ces petites touches d'affections étaient un véritable ravissement, et il les savourais toutes pleinement comme si c'était les dernières. Il glissa une main sur sa joue doucement en la regardant tendrement dans les yeux puis lui déposa un léger baiser sur les lèvres en réponse à sa réplique sur l'astre solaire, non sans frisonner une nouvelle fois.
Puis il repris doucement ses esprits pour réfléchir aux paroles de son amour. Un truc en dessous des ailes, une sorte d'étoile ? Ah oui, l'enté et la croix de Saint-Jean, elle parlais du blason complet, et non pas uniquement de la paire ailes. Il sourit doucement.


- Nous n'en sommes pas encore à dessiner le blason entier, ma tendre Davia. Pour l'instant, je t'explique comment structurer tes dessins, pour qu'ils soient justes et réalistes. Pour que tu puisse exprimer tout ton talent ensuite.

Charles sorti une miche de pain de sa besace et éventra la croute d'un coup de dague, puis en pris de la mie qu'il roula et compressa entre ses doigts. Pendant ce temps, les yeux sur son ouvrage, il repris la parole en lui jetant de petits regards tendres, pensant que le baiser risquais fort de l'avoir déconcentrée, mais qu'il fallait aussi se définir des priorités dans la vie. Davia en était devenue une.

- Et c'est moi l'écureuil, un surnom qu'on m'a donné quand j'étais en Gascogne à l'époque où ta mère était encore parmi nous. Et c'est moi qu'on à qualifié de grognon un peu plus tard, les années passant. Et cela, lui dit-il en lui montrant la boule de mie au creux de sa main, vas servir à atténuer les traits de construction.

Sitôt dit sitôt fait, il passa délicatement la mie de pain pour absorber le trop plein de poussière charbonneuse puis frotta un peu plus vigoureusement pour qu'on ne les vois plus beaucoup. Puis, reprenant son morceau de charbon, il utilisa les traits atténués pour dessiner une version un peu plus avancée du dessin.



- Tu vois Davia ? C'est déjà mieux ainsi non, il ne manque plus qu'à d'affiner un peu la forme et à ajouter quelques détails et ça sera parfait, lui dit-il en souriant. Pour le combat, tu apprend des postures, tu t'entraine à réagir vite. Eh bien c'est pareil pour le dessin. Se reposer sur des bases, puis trouver le meilleur geste. Mais il faut que les bases soient le mieux maitrisées possible pour qu'à force, tu n'ai même plus à y réfléchir.

Petite pose, lourde de doux regards. Il pris sa main dans la sienne, la non ganté.

- Facile non ? Alors à toi. Si tu veux essayer de dessiner autre chose, je te laisserais faire tout en de guidant.

Et il sera tendrement sa main dans la sienne.

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Davia
Etait-ce un baiser? Avait-elle rêvé? Elle ne tenait plus et lui lança un regard de braise, les yeux brillants de tout ce qu'elle ressentait pour lui. Savait-il à quel point tout s'embrouillait dans sa tête? Ses principes, ses erreurs passées, sa peur de devoir repartir trop vite, le fait de redouter que cet amour ne soit qu'une parenthèse de quelques jours, trop vite écoulés.

Elle poussa un profond soupire et le regarda en lui souriant, toute surprise et ravie qu'elle était de ce tendre baiser à peine effleuré. Elle tenta de se concentrer à nouveau et ce n'était pas facile.

Il parlait de talent. Pas sûr qu'elle en ait du talent, mais bon, pourquoi ne pas essayer! Elle regardait avec intérêt ce qu'il faisait avec la mie de pain. Etrange pratique, plutôt amusante! Elle en prit un bout qu'elle se mit à mâcher.

Elle se figea, pâlissant légèrement à l'évocation de sa mère et aux explications qu'il lui donnait sur son surnom. Agnia, cette mère biologique qu'elle avait à peine connue si ce n'est au travers d'une étonnante correspondance. Plus jeune, elle l'avait détestée, se sentant abandonnée par celle qui l'avait mise au monde, alors elle s'était réfugiée dans les bras de sa mère adoptive qui, pour elle, était devenue sa mère, la vraie, la seule.

Pourtant, elle savait qu'il y aurait toujours un grand vide dans sa vie, une partie d'elle-même relié à cette femme qui l'avait mise au monde et qu'elle ne connaîtrait jamais vraiment.
Cependant, elle soupçonnait Charles d'avoir aimé sa mère et peut-être même que sa mère avait aimé celui qui, aujourd'hui, faisait battre son coeur.

Elle le regarda, chassant toutes les questions qui l'assaillaient, sourit et regarda le dessin qu'il accomplissait.


Ce n'est peut-être pas aussi facile qu'il y paraît et je ne suis pas certaine de bien savoir "construire", mais pourquoi ne pas essayer en effet!

Elle sourit, ajoutant avec malice.

Mais bon, moi je les ferais bien ailleurs les dessins!

Riant, elle attrapa un charbon, ouvrit la chemise de l'hospitalier, qui n'était pas complètement fermée, et se mit à y dessiner une trame, puis à tenter une ébauche des ailes.

Comme ça c'est bien?

Faisant mine de réfléchir, le charbon sur le menton, se barbouillant la figure avec, elle fit une moue boudeuse.

Hum... je serais plus à mon aise sur tes genoux!

Et voilà la blanche qui ne put s'empêcher de rire, s'attendant clairement au refus de venir ainsi, jouer avec le feu.

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Fallgor
Charles voyais bien son regard.
Ce regard qui le transperçais, d'une telle intensité, d'une si belle couleur. S'il avais été un tas de neige, il aurais très surement fondu. Ah mince c'est vrai que c'est lui son soleil … Bon eh bien, disons que c'est un tas de neige, d'accord ? Il voyais bien l'effet qu'avais provoqué ce léger baiser, achevé aussi vite qu'il avais commencé, douce torture qu'il lui avais administré, tout autant dur pour le bourreau que pour la suppliciée. Il lui était tout autant compliqué de ne pas lui sauter dessus pour lui donner un franc baiser passionné au point que la tête leur en tourne. Mais il savait se tenir et il ne voulais pas brusquer les choses entre elle et lui, aussi il préférais ce rythme. Car plus on se cherche, mieux on se trouve.
Apparemment la jeune femme avais aussi de l'enthousiasme à la tâche, se montrant soucieuse d'appliquer la leçon. Mais il fut très surpris quand elle lui écarta sa chemise pour dessiner directement sur son torse. Drôle de pratique et assez originale ! Mais en même temps, légèrement troublante. Elle lui dessinais tout de même une paire d'ailes, sa paire d'ailes, directement sur sa peau. Mais il saluais l'initiative créative.
Abordant les genoux, il sourit largement.


- Ma chère Davia, tu as tous les droits de venir sur mes genoux tu sais. Cela fait plusieurs années que tu y a droit, je ne vois pas pourquoi maintenant tu ne pourrais plus. Bon hm par contre … Cela vas être compliqué pour te corriger, mon cou n'est pas assez long pour avoir une bonne vue sur ton dessin. Remarque c'est une très bonne idée, et je te met déjà une bonne note pour la créativité.

Il lui sourit doucement, ouvrant ses bras pour qu'elle puisse s'installer sur ses genoux. Une fois fait il posa nonchalamment ses bras sur ses hanches, puis la laissa terminer son dessin tranquillement, non sans lui jeter des regards tendres, assortis de petits sourires ou se petits rires quand la pointe du charbon le chatouillais.

- Le support te convient-il, ma douce ? Ce n'est pas aussi lisse qu'un parchemin à cause des cicatrices. Oh et … Fait attention où tu met tes doigts après avoir manipulé du charbon.

Il lui sourit, essayant de ne pas trop bouger. Puis il ria doucement de la voir barbouillée de noir. Il humecta légèrement son pousse de salive et lui enleva les traces noires qui tranchaient tant avec son magnifique teint pâle.

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Davia
Elle riait, mêlant son rire à celui de Charles. Doux rires d'un temps d'insouciance, moment de grâce loin des champs de bataille, du sang, des cris, des larmes. Elle riait et lui lançait des regards espiègles. Parenthèse de douceur dans ce monde de brutes.

L'élève s'appliquait à son dessin, même si au fond, il n'était pas très très réussi. La langue glissée entre ses lèvres, elle traçait cette fameuse paire d'ailes, son autre main ne put s'empêcher de se poser sur le torse du support, et tandis que la dextre travaillait à un dessin réussi, autant que possible, la senestre elle, se perdait dans des caresses qu'elle faisait presque malgré elle, mue par son instinct. Instinct primaire ou instinct primate. Elle le désirait, elle l'aimait et le regard brillant qu'elle lui lançait de temps à autre était sans équivoque.

Lorsqu'il humecta ses doigts de salive et qu'il effleura son menton et son visage marqué par les traces noires, elle frémit. Emoi de jouvencelle? Désir de femme? Elle en aurait presque oublié sa leçon. Dans un murmure, elle soupira:


Charles...

Le temps leur était compté et à nouveau ses questions, ses doutes, ses peurs, l'assaillaient. La guerre allait les séparer, irrémédiablement et peut-être même la mort. Alors?

Alors, elle fit ce que jamais elle n'aurait cru faire un jour, elle oublia tout et fermant à demi les yeux, happa ses lèvres tendrement dans un baiser sensuel et doux. Tant pis pour les principes, à la guerre, comme à la guerre.


[Deux jours plus tard, sur un nuage. Petit matin, même lieu]

Féline, la blanche s'étirait dans un lit chaud aux effluves de tendresse et d'amour. Sourire aux lèvres, rêveuse, elle se blottit contre le torse nu de son amant dans un soupire de plaisir. Son épaule était presque rétablie et sous peu, elle reprendrait le combat auprès de ses soeurs blanches. Mais, elle avait encore un peu de temps. Un peu de temps pour savourer son bonheur.

Amoureuse, amante, heureuse... elle se sentait comblée. Une paradoxale sensation de bonheur alors que le monde se déchire. Fourrant son visage dans son cou, elle frotta sa joue contre la barbe de son amant, lâchant un petit grognement de plaisir.

Elle se redressa légèrement, contemplant la chambrée. Les parchemins gisaient là, abandonnés. De même, le grand baquet où ils avaient pris leur bain et ou, doucement, elle l'avait découvert.

Elle se pressa contre lui, qui émergeait péniblement de son sommeil, et l'embrassa avec volupté.


Hmm... bonjour Charles!

Elle était sienne. Paisible. Sans raison apparente, elle éclata d'un rire cristallin, caressant amoureusement son torse.

Oh! Je t'ai volé tes ailes, mon ange!

Ses doigts s'agitaient sur la peau tendre, suivant le renflement des blessures, marques du temps, des guerres, des souffrances inscrites dans la chair de celui qu'elle aimait.

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Fallgor
Dire que Charles n'avais pas désiré cet instant étais mentir, comme vous avez pu le lire plus haut. Elle lui lançais des regards voilant à peine ses pensées et il les voyais, ne la lâchant pas des yeux alors qu'elle appliquais consciencieusement la leçon. Alors qu'elle glissais sa main sur son torse, le dessin lui était totalement indifférent, captant chacun de ses regards intenses sans en rater un seul car à chaque fois qu'il sentait son désir à travers ses yeux, son cœur s'accélérait sous le charbon qui lui laissais des sillons de poudre noire sur sa peau meurtrie. Puis il frémis pour de bon quand elle prononça son nom en un souffle, les poils de sa nuque se dressant, ses bras se refermant sur ses hanches doucement. Alors qu'elle approchais son visage du sien il fit de même, sentant son désir pour cette jeune femme éclore d'un coup, se déferlant en lui tel un ras de marée. Alors que leurs lèvres se scélaient il fermât les yeux pour mieux l'apprécier et le lui rendis passionnément. Et pour ses principes, cela faisais un certain temps déjà qu'il savais les tempérer selon les situations.

- Davia …, lui répondit-il sur le même ton doux, les paroles ayant échappé à ses lèvres entre-ouvertes.

Il l'aimais, il avais juré de la protéger et de l'épauler … Il y aurais assurément façon de tout faire à la fois. Ses mains glissaient sur son dos pour atteindre sa nuque, intensifiant ce baiser tant attendu, se laissant submerger par le bonheur que cela lui donnais. A cet instant, pour rien au monde il n'aurais voulu quitter ses bras, ne plus sentir sa peau …


[Deux jours plus tard, enveloppé dans un nuage. Petit matin, même lieu]

Il dormais toujours de son sommeil plus ou moins agité. Celui de cette nuit ne manquais pas à l'appel, à cela prêt qu'il lui étais agréable, chose incroyable au possible, Davia jouant le rôle de nymphe sortant de l'eau. Dans toute sa beauté impudique elle lui tendais une main qu'il pris doucement, puis qu'elle posa sur son torse.

Ses yeux s'ouvrirent doucement, sentant le tendre contact contre son torse. Il l'enserra contre lui d'un geste lent et protecteur, lui caressant la nuque. Il était dans son cocon de tendresse et d'amour, son oasis égoïste, et elle étais à la fois sa protection et son réconfort contre l'agression latente de la guerre, qui les attendais tous deux derrière la fenêtre les séparant du froid de l'hiver naissant. Il lui déposa un léger baiser sur les lèvres, appréciant ces moments tous simples de tendresse.


- Bonjorn mon amour.

Il clignais des yeux, s'habituant à la lumière du petit matin, les senteurs de leurs ébats ne l'entrainant pas vraiment vers un réveil actif, dans la douce chaleur de ses bras et des draps les recouvrant. Puis vint le petit rire cristallin qui le fit sourire à son tour, donnant à son esprit un appuis sur la réalité de la situation. Non ce n'étais plus un rêve, il l'avais bien avec lui dans ses bras, c'était bien elle qui l'embrassais, c'était bien à elle qu'il caressais le dos, ses doigts effleurant ses fesses doucement pour revenir se poser au creux de ses reins.

- Mes ailes dis-tu ? Je t'en ai donner une, pour que nous puissions voler ensemble, voilà tout.

Il lui sourit tendrement, une mains sur celle explorant ses blessures. Puis il la regarda plus sérieusement dans les yeux, le cœur battant plus fort, serrant maintenant la main dans la sienne.

-Sais-tu quand nous allons devoir partir, mon cœur ? J'ai entendu dire que les gens d'armes prêts à reprendre du service vont devoir le faire rapidement … Et maintenant que tu est en parfaite santé …

Il laissa la fin de sa phrase s'échapper pour ne pas avoir à le prononcer. Et les revoilà devant l'un des sacrifices auquel ils vont inévitablement devoir faire face, mais qu'il ne veux rendre tangible en le prononçant. Il baissa les yeux doucement, s'égarant sur ce corps si récemment découvert, et déjà arraché.

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Davia
Cambrée contre lui, le visage enfoui au creux de son cou, caressant de temps à autre cette barbe qu'elle aimait tant, la jeune blanche roucoulait. Elle mêlait ses doigts aux siens, lui lançant des petits sourires charmants.

Mais l'instant de grâce se figea. Un nuage passa dans les yeux gris bleus. Voler, ils allaient en avoir besoin pour supporter l'attente, l'absence, la distance, la guerre, la peur, la mort.

Elle hocha la tête, sérieuse. Elle était redevenue blanche et lui, hospitalier, gens d'armes avant tout.

L'absence n'est rien si le coeur aime assez et fait fi de tout. Jusqu'à présent, elle ne s'était pas souciée ni de sa réputation, ni du poids de sa famille, ni même de la guerre ou des contraintes liées à son ordre et elle comptait bien continuer de la sorte.

Elle lui sourit donc tendrement s'installant sur lui, telle l'amazone qu'elle était devenue, posant ses mains sur son torse et le regardant.


Le départ est proche, mais peu importe. Je te garde dans mon coeur et les retrouvailles n'en seront que plus douces. Je sais que le Très-Haut nous protège.

Elle ondula sur lui, langoureuse et féline, se penchant tout en piquant son cou de petits baisers de velours. Elle était confiante en l'avenir, quel qu'il soit.


[Le lendemain, aube rouge sur Chinon]

Le rituel de ce matin là ressemblait à tous les autres dans la vie d'une guerrière. Tout d'abord, la bande de lin qui oppresse la poitrine et l'écrase afin de la faire disparaître. Puis, la chemise ample, consciencieusement lacée, les braies fermement attachées, les bottes d'un cuir étincelant.

Ensuite, la cotte de maille, lourde, la protection contre l'arme qui pourrait lui ôter la vie. Elle fit la grimace alors que le poids retombait sur ses épaules.
Enfin l'armure, spalières, heaume. Elle était devenue femme de fer, acier reluisant pour contrer l'ennemi.
Blanche sans armes, ni épée, ni bouclier, c'est avec un coeur un peu lourd qu'elle reprenait ce chemin où elle goûterait encore souffre et sang.

Elle détestait les adieux et, bien qu'ayant savouré cette ultime nuit dans les bras de son amant, elle avait quitté la chambrée tôt, le laissant à ses rêves qu'elle espérait doux, pour se vêtir et s'équiper loin de lui et de l'envie de rester contre son corps brûlant.
C'était ainsi, pas de regard en arrière, aucun regret, juste l'espoir d'un retour prochain, de tendres retrouvailles.

Alors que sa lance quittait la ville, elle jeta un dernier regard sur l'Auberge qui avait abrité leur amour, bientôt lui aussi serait sur pied et, avec un peu de chance, ils se rejoindraient pour combattre côte à côte.

Elle esquissa un sourire. Même hantée par la mort, la vie était belle, délicieusement belle.



"Ce qui distingue l'homme de la bête, ce n'est pas l'intelligence, c'est la faculté d'espérer." André Kédros
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