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[RP] The tale of sir Cassian *

Cassian_darlezac
« De l’inestimable et admirable Duchesse de Bourgogne à son chouchou. Bla bla bla… espère que tu vas bien… blablabla… coups de latte qui se perdent… blablabla… caisses vides… blablabla… époux radin… blablabla… seulement six nouvelles robes… blablabla… marauds et sent-la-pisse… blablabla… Dijon assiégée… blablabla… requiers aide… blablabla… temps froid… blablabla… forcée de sucer des cailloux ou presque… blablabla… hydre… blablabla… raclures de fond de culotte… blablabla… levée de ban… blablabla… je t’attends. »

C’est dans la grande salle de Digoine, entouré d’homme de son père, que le jeune Cassian parcourait en diagonale la missive qu’il venait de recevoir de leur suzeraine, la Duchesse régnante en personne. Au fur et à mesure de la lecture, sa figure trahissait l’effort de concentration que l’exercice lui requérait. Décidément il n’entendrait jamais rien à ces inepties toutes féminines. Ne pouvait-elle point aller directement au but ? Certes la duchesse Angélyque était une grande Dame mais elle n’en restait pas moins une bonne femme. Lui quand on lui parlait de chose telle que « sucer » ou encore de « fond de culottes », il s’esclaffait bêtement et ne cherchait pas y découvrir un sens caché. Or c’est peu ou prou les seuls mots qu’il avait retenu de la lecture. Ne restait qu’à se faire aider. Un regard intrigué se glissa alors vers les hommes présent quand la question vint à ses lèvres : « Hum… L’un d’entre vous entend-t-il quelque chose à ce ramassis d’informations oiseuses ? »

Contre toute attente c’est un jeune homme d’environs son âge, tout juste majeur donc, qui lui apporta la réponse tant attendu. Pourtant le bougre ne payait pas de mine, sa face blafarde et anodine, accompagné des bafouillages qui s’extirpaient de sa lippe chaque fois qu’il prenait la parole, avait toujours contraint le jeune Digoine à le regarder d’un œil moqueur. Et pourtant… « Il m-m-me semble… si v-v-votre tr-tr-trépidante Seigneurie le p-p-permet ? » Elle le permit, aussi poursuivît-il. « Il m-m-me semble di-disais-je… » Un bâillement sonore s’extirpa alors de la bouche du jeune Paon, voulant signifier par là qu’il ne resterait pas à écouter l’ignare bafouiller bêtement toute la journée. « S-s-sa Gr-grâce semble l-l-laisser entendre que Di-di-di-di… », bégaya l’autre avant se faire enfin interrompre. « Digoine ? Tudieu le drôle ! Et que dit-elle donc à propos de Digoine ? Accouche donc, par Aristote, accouche ! Aurais-tu été fini à la pisse ? ! », questionna excédé celui qui pour l‘instant était le seul maître des lieux présent. « Nu-nu-nullement mon s-s-seigneur. Di-dijon point Di-digoine s-s-semble ass-ssiégée. Elle de-demande donc une aide mil-militaire. » Une fois sa laborieuse explication terminée le bègue respira un bon coup, tandis que l’intrépide lorgnait la missive incrédule.

« Palsambleu ! Mais c’est que tu sembles dans le vrai, le drôle ! Va, je sais reconnaitre l’homme perspicace que tu es. Te voilà nommé Sénéchal ; tu dirigeras les troupes pour l’assaut à venir ! », non loin de là un homme, que dis-je, un colosse, une colline, une montagne tout en masse et en muscle, se racla bruyamment la gorge, couvant l’intéressé d’un regard incrédule et courroucé. Le bègue, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’en semblait pas moins désappointé. « M-m-m-moi ? ! M-m-mais je-je ne s-su-suis qu’un s-s-simple p-page, je-je n-n’p-peux… » « Paix l’ami ! », répliqua le jeune presque seigneur. « Ce n’est guère pour dire des stupidités que je vous ai nommé Sénéchal. Vous n’êtes plus un idiot à présent, si ? Nenni ? Alors décampez ! Allez préparer nos hommes ! Cette discussion me rends las, la messe est dite ! »

* La geste de Messire Cassian
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Cassian_darlezac
Tandis que la salle se vidait peu à peu, seul le colosse précédemment énoncé et l’intrépide blondinet demeurait. Des explications se devaient d’être données et ce rapidement mais l’adolescent ne savait par où commencer. Devait-il réellement s’expliquer ? N’était-il point le maître des lieux ? Son regard fureta au-dessus de la large table. Qu’il est ardu de diriger ! Ainsi, autant pour amorcer la conversation que pour fuir ses responsabilités, une simple constatation franchit ses lèvres. « Pardieu ! Il est tant que ses chandelles soient changées si ne nous voulons point finir la journée dans le noir le plus complet. » La réponse ne se fit guère attendre. Un large poing s’abattit sur la vaste table, tant et si bien qu’il cru un instant que celle-ci allait s’affaisser. « La peste soit de vos chandelles, gamin ! Êtes vous fol ? Que me vaut l’injure d’être démis en faveur d’un idiot ? Et se rendre aussitôt à Dijon ! Par la malepeste, quelle idiotie ! » Le jeune homme ne sourcilla pas, on lui devait au moins cela, quelque soit les remontrances il s’avachissait jamais devant ses hommes. « Vous êtes un homme de ma sœur Lamontagne, celle-ci vous y avait nommé après le départ de Volkmar, les temps ont changé, à moi de placer mes pions. »

Ciel ! Le colosse le regarda incrédule, se passerait-il bêtement de son meilleur élément pour une stupide question d’égo ? Mais il eut à peine le temps de se ressaisir que déjà Blanc-Combaz fils poursuivait.
« Il me faut quelqu’un pour me protéger sur le champs de bataille, or l’on dit de vous que vous maîtriser la bâtarde mieux que quiconque. Vous ne pourrez commander et protéger à la fois… » Là était en effet le nœud du problème, le jeune homme se savait déjà bien peu habile à la base et ces derniers mois il avait passé bien plus de temps à dormir qu’à s’entraîner. « Couardise que cela ! », tonna l'accusateur ; « Nullement ! », geignit l’accusé. Il y avait des fois où il se sentait vraiment enfant, dès fois où il aurait aimé que le respect fut chose innée, que seul son nom fasse courber les têtes, or il n’en courbait qu’une partie. Pour courber les autres il se trouvait désemparé, tant il avait lui-même peu confiance en ses capacités.

« Oh que si ! »
, poursuivit le géant. « Notre pauvre Duc pleurerait bien à vous voir là vous passer du meilleur d’entre nous pour la simple raison que vous mouillez vos braies à l’idée de vous battre. Êtes-vous une pucelle en sus d’être un gamin, gamin ? » « Nullement ! », répéta l’autre avant de empresser de préciser : « Tous connaissent mon intrépidité, il est évident que leurs épées se tourneront vers moi en priorité, voilà tout. » L’excuse était foireuse et un rire gras ébranla le colosse. « Ah ? Et cette réputation vous vous la fîtes tout en ronflant sur votre paillasse je suppose ? »

Le bougre par son impertinence lui fit aussitôt songer à Volkmar. Serait-il possible que sa sœur s’avère aussi doué que son père dans le choix de ses hommes ? Il grimaça. Griotte n’était qu’une bonne femme, une bonne femme et rien d’autre. A part son père, lui seul était à même de commander comme il le fallait, du moins tentait-il de s’en persuader. Mais plus le temps passait, plus il se voyait obligé de constater qu’elle avait su bien gérer le Vicomté ; plus le temps passait, plus il la jalousait. « Je n’ai point fait que dormir, l’andouille ! Je… je… je gageais également par exemple ! Tient, n’est-ce point toi que j’ai dépouillé en gageant que la grosse Lulu est encore plus poilue que le plus poilu d’entre vous ? ! »

Lamontagne poussa un profond soupire. Lui ? Parier sur des stupidités pareil ?
« Non point gamin, non point. Il aurait été question de la taille de votre asticot à la rigueur. J’aurai pu parier que le môme de la Madeleine est encore mieux fournit que vous, mais tout comme pour la Lulu cela frôle l’évidence… » Ni une ni deux le Blanc Combaz s’empourpra. « Comment ? ! Lui ? Héhé… Impossible ! Il n’a pas même dix ans… »

Un sourire marqua le visage du colosse au moment de la réponse. « Et alors ? L’on parle dans les châteaux petit, l’on parle même beaucoup... Bon on va la faire cette stupide guerre ou vous avez décidé d’attendre que ça pousse ? »
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