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[RP] Tout va très bien Madame la Marquise...

Cassian_darlezac
[Le 17 Novembre, Paris]

« Tout va très bien, Madame la Marquise,
Tout va très bien, tout va très bien.
Pourtant, il faut, il faut que l'on vous dise,
On déplore un tout petit rien :
Un incident, une bêtise,
La perte de votre matière grise,
Mais à part ça, Madame la Marquise,
Tout va très bien, tout va très bien.»


C’est en chantant, qu’aux premières lueurs de l’aube, un cortège -composé de cinq cavaliers aguerris et d’un adolescent richement vêtu- arriva enfin dans les rares quartiers visitables de la capitale. Là encore la puanteur demeurait présente et bien que la fatigue se fasse ressentir, le jeune homme ne put, une fois la chanson terminée, épargner ses compagnons d’une bonne blague grivoise. « M’est d’avis que la m*rde de la Marquise empeste encore plus que toute celles que nous avons jà pu renifler ! Qui tient le pari ? Fernand ? Cela expliquerait peut être pourquoi la bougresse passe ses journées à serrer les fesses ! » Histoire de ne pas trop le décevoir ses hommes éclatèrent d’un rire morose. Le voyage les avait épuisés autant que le froid.

Pourtant, quand il avait reçu la lettre de l’Epine la veille, rien ne laissait penser qu’il prendrait la route le jour même. Sa première réaction ayant été de s’exclamer qu’il n’irait pas, qu’il n’était guère à sa disposition et que ce serait lui faire trop d’honneur. Ce n’est que quand la molasse, son précepteur, avait soumis l’idée que se devait être ce qu’elle l’escomptait et qu’elle lui avait surement fait sa demande par politesse, que le jeune Paon avait finalement décrété qu’ils plieraient bagages avant le coucher du soleil. « Voilà qui fera lui les pieds à cette bêcheuse, elle a écrit Blanc-Combaz miniature, regardez ! Tudieu miniature… Alors même que je suis à présent bien plus grand qu’elle ! » L’un de ses hommes, il fallait toujours s’entourer d’au moins un bon flagorneur, n’avait pas manqué d’opiner aussitôt. « Sa trépidante Seignerie ne peut pas laisser cet affront impuni, quand bien même il s’agirait d’une marquise ! » La décision était donc prise, il irait.

Ils durent encore déambuler quelques heures dans la capitale avant de trouver enfin l’hôtel de Nemours et c’est alors qu'il s'apprêtait à frapper à l’huis que tout exciter il s’exclama : « Gravez bien mes braves la tête de l’orgueilleuse quand elle aura le déplaisir de voir la mienne. C’est là un des plus grand plaisir de la vie que pouvoir indisposer pareille gourdasse ! » Ils rirent encore pour la forme, puis se turent quand le butoir fut prit en main et que les coups commencèrent à résonner.
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Clemence.de.lepine
Par malheur, ce jour là, elle était présente. Elle renvoyait tout juste le maître-queux de Nemours à qui elle avait donné quelques directives quant à l'organisation du banquet qui suivrait le mariage. Ils ne s'étaient pas entendus sur le nombre de plats, l'un jugeant les exigences de l'autre trop coûteuses par rapport au budget qu'on lui avait alloué. Et puis, plus de plats nécessiterait plus de serviteurs, plus d'écuyers tranchants, plus de cuisiniers, et que franchement, on était à ce jour trop largement en sous effectifs pour pouvoir prévoir vingt-cinq plats différents. Sans compter le bois, dont il faudrait user pour préparer ces plats, et le bois, ma Dame, le bois comme tout, le bois a augmenté, la faute à la guerre, et oui ma Dame, les vivres aussi ont augmenté, et les épices, car vous voulez gingembre et cannelle ? Fort bien, fort bon, fort cher. De la couleur ? Tout à fait ! Grâce au safran ? J'approuve, mais le safran vient de loin, tous comme les fruits exotiques, oui. Pièces montées ? Quel genre ? Châteaux, navires... ? Servir un paon et un faisan décorés ? Bien sûr ! Décorés avec quoi ? Cher, cher ma Dame, comme le vin, du Chablis ? Voyez avec votre suzerain, mais la guerre...

Ce n'est pas vous qui tenez les comptes, si ? Voyez avec l'intendant. En attendant, sortez de là et faites ce qu'on vous dit !


Et elle était là, en train de maugréer que la guerre ne devait pas être une excuse à tous les abus, que les abus, justement, c'était elle qui les déterminait, et qu'elle avait envie d'abuser pour ce fameux banquet, qu'on ne lui ôte pas ce plaisir, au moins.

Cassian de Blanc-Combaz est ici.
Qui ça ?
Cassian de Blanc-Combaz est ici.
Je ne sais pas de qui il s'agit.
Cassian de Blanc-Combaz est...
Je ne le connais pas !
Je pense que vous faites erreur.


Vous êtes insolent. On ne vous demande pas de penser. Sortez.

Il sortit, et elle gagna les fenêtres. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Elle l'avait convié par politesse, pensant qu'il ignorerait sa gentillesse toute feinte. Elle avait déjà bien trop de problèmes à régler pour qu'un autre vienne se greffer à ses bottes. Qu'il disparaisse, rentre chez lui, et la maudisse mille fois sur le chemin du retour, si cela lui chantait. Mille fois maudite, elle devait déjà l'être, alors... Elle aurait peut être dû lui faire dire qu'elle était sortie, car tel qu'elle le connaissait – car en vérité elle le connaissait – il était bien capable de rameuter la rue entière en s'entendant refuser l'accès. Provoquer les gardes et le malheureux valet en duel, peut-être, entrer de force en défonçant quelques vases et éventrant plusieurs tapisseries.

Mais non : elle avait préféré, tout de go, annoncer que celui qui la demandait lui était tout à fait inconnu. C'était, en quelques sortes, un suicide habilement manœuvré, à n'en point douter. Les mots lui sortaient de la bouche de façon irréfléchie de plus en plus souvent, et pour son plus grand déplaisir. La nervosité, sans doute.


Mademoiselle de L’Épine ne vous connaît pas. Au revoir Monsieur, et bon séjour à Paris.

Et les portes claquèrent au nez du jeune Blanc-Combaz, sans autre forme de procès.
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Cassian_darlezac
Ils ne durent pas attendre bien longtemps devant la porte avant de se faire rembarrer tel des malpropres. Le Blanc-Combaz en resta tout d’abord coi, les yeux écarquillés et la bouche béante, il lorgnait le butoir dans l’incompréhension la plus totale. La garce ! Non. Elle n’aurait pas osé ? Rha ! La chienne ! La peste soit des bonnes femmes ! Garce ! Garce ! Garce ! Et chienne aussi ! Se fut l’intervention d’un de ses hommes qui le sorti de sa torpeur. « Bon. M’est d’avis qu’nous reste plus qu’à lever le camps, on s’trouvera ben une p’tite auberge cossue pour s’requinquer et on r’part demain, non ? » Le bougre fut alors foudroyer du regard, tandis que le jeune, resplendissant et intrépide Paon burgonde grinça : « Non point ! Tous assis bougres d’andouille ! »

Comme pour montrer l’exemple il trempa sans rechigner le derrière à même la ruelle, humide, souillée et puante. « Asseyez-vous c’est un ordre ! Ah ! La garce ! La chienne ! Elle croit que je m’en irai comme ça ? ! Mais que nenni, que nenni ! Que nenni l‘Epine, m’entends-tu ? ! » Comme prit de folie il fit alors de grands moulinets avec ses bras, gueulant ses ordres de manière exalté alors que les cinq autres s‘asseyaient. « Sortez la charcutaille, sortez le vin, beugler chansons grivoises à tue-tête, ce jour nous faisons ripaille ! »

« Ripaille ? Ici votre trépidante Seigneurie ? Si ce n’est votre bougresse, n’avez-vous point peur que ce soit le guet qui vienne nous chercher ? »
« Qu’ils viennent s’ils le souhaitent, nous aurons bien assez le temps de l’indisposer avant et c’est là mon bon plaisir du moment. »

Sur ce les provisions pour le retour furent donc déballées. Trônait là une petite dizaine de bouteilles de Montre-cul, des saucissons, du jambon à l’os, sans compter le cuissot de chevreuil faisander et autres joyeusetés. Le repas fut donc attaquer tandis que blagues grivoises et rires gras fusaient aussi surement que le vin descendait. L’idée ? Faire le plus de bruit possible pour que la Marquise ne put ignorer leur présence. Elle les entendrait peut-être peu, mais rien que de le savoir devant sa porte la ferait rager, ça il en était certain. Bientôt viendrait d’ailleurs les chansons paillardes pour couronner le tout, si on ne les délogeait pas avant.
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Clemence.de.lepine
Elle aurait bien fait une sieste d'une heure ou deux, mais impossible, avec ces braillements ! Elle se serait bien accordée une séance de lecture, mais même chose, les cris et les rires sonores du Blanc-Combaz et de sa bande ne lui laissaient jamais de répit ! Malgré la petite cour séparant l'hôtel particulier de la rue, malgré ses efforts à les ignorer, malgré le fait qu'elle parlât à voix haute pour étouffer les vocalises extérieures... Est-ce qu'à un moment donné, quelqu'un se déciderait à le déloger de là ? Est-ce qu'il faudrait que ce soit elle qui donne l'ordre de les expédier ailleurs ? Avait-elle besoin qu'on lui ruine sa journée, et son audition en prime ?

Il suffit d'une chanson paillarde de trop pour que Clémence n'y tienne plus. Irritée, elle dévala l'escalier la menant au rez-de-chaussée, le cuir de ses poulaines martelant furieusement chaque marche, risquant la glissade et la chute à chaque pas. Ouvrant les portes de la bâtisse, elle s'arrêta sur le seuil et commanda l'ouverture de celles donnant sur la rue. Et elle les vit, elle le vit, affalé, sourire aux lèvres, heureux, sûrement, de son petit numéro pitoyable.

Après avoir inspiré une bonne bouffée d'air - plus ou moins - pur, elle traversa la cour d'une démarche tranquille, la mine affable, les pommettes hautes, à trop forcer son sourire.


Cassian ! Quelle bonne surprise ! Le ton doucereux, notre Marquise est aux anges.

...

Difficile, de feindre l'allégresse, quand tout son être lui clamait de l'assaisonner de tous les surnoms absurdes qui lui passaient par la tête. Quand elle aurait voulu lever elle-même la main pour lui tatouer l'empreinte de ses cinq doigts sur une de ses joues, et même les deux.


Pas vraiment champêtre, votre pique-nique. Et puis, la rue est étroite, vous êtes un peu dans le passage, là.
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Cassian_darlezac
Il est surprenant de voir que quelque soit sa fatigue, l’homme met toujours la même ardeur à festoyer ; ainsi les bouteilles avaient-elles été rapidement et goulument bues et la charcutaille déchiqueté avec entrain. L’ivresse commençait même à se faire sentir, arrivait à présent l’heure des chansons paillardes. Voilà comment, dans cette ruelle plutôt paisible et fréquentable du vieux Paris, on put entendre toutes sortes d’horreur. Une à une les fenêtres des appartements adjacents s’ouvrirent sous les vindicatives des autochtones aussi décontenancés, qu’excédés.

Branle-bas de combat !

Dans les habitations tous s’activaient : l’on enfermait les pucelles dans les caves en leur bouchant les oreilles, suppliait les vieux de se taire quand ceux-ci -se rappelant leur prime jeunesse- reprenaient en cœur les refrains grivois, l’on revenait enfin, armé de pots-de-chambre, invectivant plutôt deux fois qu’une Blanc Combaz et compagnie. Mais qu’à cela ne tienne, le jeune audacieux continuait de plus belle, allant même jusqu’à entonner une rengaine de son cru. Rengaine que ses hommes entendaient souvent et qu’ils accueillaient toujours avec incompréhension et indulgence, puisqu’elle ne pouvait qu’être liée à l’inexpérience du jeune homme.

*Parenthèse narrative faites pour vous par nous même : nous prions nos chers lecteurs -qu’ils soient loués sur terre comme au ciel- de nous excuser la retranscription d’une pareille horreur, mais celle-ci nous parait, hélas, nécessaire pour étayer notre présent écrit. Reprenons donc en vous recopiant ci-dessus ce que notre jeune jouvenceau beuglait à qui voulait l’entendre : *


« Les gnons, les gnons, les gnons,
Ca fait noircir les yeux,
Les femmes, les femmes, les femmes,
Ca fait noircir la…
 Marquise ? ! »

Interrompue par l’arrivée de son hôte, l’adolescent ne put en premier lieu que rougir et bafouiller vaguement. Certes, il avait fait tout cela pour qu’elle daigne enfin sortir de son trou, mais morbleu, choisir un moment pareil pour se ramener, celui-là même où il se donnait en spectacle, quelle indélicatesse ! En plus il avait parlé de « noircir la… » devant elle, Aimbaud ne le lui pardonnerait jamais ! S’en était fini de lui, même son père le trouverait ignoble ; jamais plus on ne le surnommerait le gentilhomme, ni même le délicat…

Une fois passé les premiers émois, il put finalement retrouvé raison. D’un on ne l’avait jamais nommé le délicat et de deux c’était l’Epine qui était responsable de tout cela. Pardieu ! C’était elle l’indélicate qui lui avait fermé la porte au nez. C’est donc la mine boudeuse qu’il reprit enfin la parole, laissant celle-ci se transformer en sourire moqueur au fur et à mesure de son monologue :


« Ah… Vous voilà enfin Marquise… L’on m’avait dit que vous m’aviez oublié -oublié vous vous rendez-compte ?- aussi voulais-je vous rafraichir la mémoire ! Ravi que de voir que vous avez retrouvé vos esprits. Soit dit en passant, je ne vous savais point si taquine ! J’eus été une bonne femme que j’aurai pu m’en formaliser, sachez le… Mais installez-vous donc, voilà qui est oublié ! Vous êtes une brave fille malgré tout et nous n‘attendions que vous. »
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Clemence.de.lepine
Les bras croisés sur sa – maigre – poitrine, elle le contemplait d'en haut, tant qu'il n'était pas debout et qu'elle le pouvait encore. Elle oscillait entre la décision de le planter là à nouveau et de s'enfermer à double tour dans ses appartements sans demander son reste, et celle de l'assassiner au vu et au su de tous, dont la majorité sûrement se mettrait à applaudir son initiative salvatrice. La deuxième solution étant somme toute peu vraisemblable, lui restait la première, qui pourtant était tout aussi faiblement réalisable. A peine le dos tourné, il se remettrait sans aucun doute à beugler – mais peut-être qu'un mouvement de foule (mal)heureux s'accorderait alors à le piétiner, faisant charpie de sa langue qui ne pourrait plus jamais se mettre à articuler inepties de ce genre.

L'issue se trouvant dans la parole et le compromis, elle n'avait plus qu'à lui prêter assez d'intérêt pour qu'il la laissât tranquille ensuite.


M'installer avec vous ? Au milieu de cette fange puante ? Vous vous perdez, Blanc-Combaz. Je n'ai aucune envie de vous rejoindre et vous vous en doutez fort bien.

Elle colla un sourire amène sur son visage. Mais il suffisait de remarquer le battement agacé de son pied pour douter de sa sincérité.

Vous auriez pu prévenir de votre arrivée, avant de cogner à ma porte. J'aurais alors pu me préparer à votre venue et vous aurais accueilli avec un peu plus de... sympathie.

Non pas. Elle se serait juste arrangée pour s'enfuir ailleurs, et qu'il trouve ici portes closes.

Vous manquez de civilités. Le gronda-t-elle dans un soupir las. Et vous me faites pitié, quand je vous vois là baignant dans la crasse. Entrez.

Et elle s'effaça, les invitant à pénétrer dans l'enceinte de la cour. Le but étant de les soustraire le plus rapidement possible à la vue des passants. Elle n'avait aucune envie que l'on se mette à parler sur elle et sur les individus grossiers qui faisaient le siège devant chez elle. Elle entretenait avec soin sa réputation.
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Cassian_darlezac
Un instant il fut tenté de la laisser là. Il serait si facile et si jouissif de refuser son invitation et de rentrer aussitôt en Bourgogne. Tudieu, oui, que cela serait plaisant ! Il s’imaginait déjà la tête de la Marquise quand il lui annoncerait. « Non point. Je ne souhaite guère vous déranger plus longtemps, vous revoir m’aura ravi, bonne journée à vous. » La bougresse n’y comprendrait rien et le maudirait donc d’autant plus.

Mais non. Il ne pouvait pas se le permettre, sans quoi ses hommes l’assassineraient surement sur place. C’est donc lentement qu’il entreprit de se relever avant de prendre la parole.
« Si sa Magnificence insiste… Je ne voulais guère vous déranger plus longtemps, mais soit… entrons donc ! » C’est ainsi qu’il se retrouva, après avoir franchit l'enceinte, dans la vaste cour de l’hôtel de Nemours. D’un regard il parcourut rapidement les lieux, s’attarda sur l’architecture extérieur et manqua de pousser un juron. Mazette ! On était loin des taudis et bouges infâmes qu’ils avaient put apercevoir jusque là. A côté même l’appartement parisien dans lequel il avait vécu avec maman paraissait ridicule.

Ce fut pourtant avec une certaine nonchalance qu’il exprima son ressenti :
« Moui… coquet… Je comprends que vous puissiez vous terrer ici avec tant de hargne. Cela dit vous êtes injuste ! » Un regard faussement attristé fut alors adressé à la maîtresse des lieux, tandis qu‘elle le rejoignait. « Vous me donnez des cours de civisme lors même que c’est vous qui me fîtes attendre dehors, et ce sous de fallacieux prétextes ! 
Quant à vous prévenir… vous n‘y pensez pas ! Car pendant que vous folâtrez à Paris, l‘on se meure en Bourgogne Marquise ; les pillards ont envahis les rues, trucident les enfants, massacrent les récoltes, transforment les ignares en hérétiques, s‘emparent des caisses... Ils menaceraient encore Dijon si je n’étais pas intervenu !
Alors le vélin on le garde pour les affaires importantes, point pour parler futilités, mariage ou que sais-je… Tenez ! Je n‘ai même plus de quoi me vêtir, le prix du tissu a flambé aussi surement que je grandissais. Dieu soit loué, j‘ai sur nos terres quelques médiocres tisserandes qui tacheront de rapiécer comme elles le peuvent mes plus belles tenues. Ah… j‘ai peine à vous le dire, mais j‘ai peur que le témoin de Monsieur votre promis se voit dans l‘obligation de faire bien pâle figure le jour de vos mis au fer… »


Le tout fut énoncé de manière fort théâtrale, beaucoup de mensonges sur un fond de vérité. Qu’à cela ne tienne, il suffisait de zieuter la bâtisse pour voir que la Marquise avait des tunes. Bref, qu’elle aboule l’oseille !
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Clemence.de.lepine
Vous avez fini votre petit numéro ?

Elle l’avait soigneusement écouté débiter son lot de sottises, les mains sur les hanches, la mine absorbée, absolument captivée, poussant quelques « oh ! » expressifs, quelques « ah ! » éloquents, à mesure qu’il progressait dans son monologue extravagant. Son attention avait bien décru, à cause de cette accumulation d'hyperboles et de fanfaronnades, et elle s’était finalement contentée de hocher la tête au rythme de ses mots. Il avait de l’imagination, c’était bien la seule qualité qu’elle pouvait lui accorder sans discuter. Ses mensonges étaient trop gros pour paraître tout à fait vrais, mais quant à savoir si son souhait premier était d’être cru… Un paon ne désirait rien tant que parader, crâner, se faire remarquer, en somme.

Et maintenant, elle le regardait, ne sachant réellement si elle devait lui rire au nez ou s’arracher les cheveux pour les piétiner ensuite dans un accès d’impatience.


Non mais si vous êtes venu jusqu’ici pour me réclamer l’aumône, vous pouvez repartir tout de suite et en profiter pour vous enfoncer le doigt dans l’œil jusqu’au coude !


Tandis qu’elle lui mimait le geste d’un large mouvement du bras, une idée fusa, qui la fit rire, si bien qu’il paraissait évident qu’elle se gaussait du jeune homme.


Je peux vous proposer une chose, cependant.
Le ton dramatique qu’elle prit la força à interrompre subito ce rire qui gonflait joliment ses pommettes. Se penchant vers Cassian, mine grave, sourcils froncés, la main en barrière près de sa bouche afin de simuler le secret et contrecarrer les oreilles indiscrètes, elle lui souffla distinctement :

Vous avez besoin d’argent ? Je vous offre salaire contre services : vous seriez mon bouffon personnel.


Se reculant, elle le toisa d’un air railleur et s’empressa d’ajouter à voix haute :

Et bien quoi ? On ne sait jamais si vous jouez l’idiot ou si vous l’êtes vraiment. Vous seriez parfait : à chaque bêtise dite, je vous offrirai vingt écus. Vous deviendrez rapidement un homme riche, croyez-moi.

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Cassian_darlezac
Quelques ricanements à peine étouffés s’élevèrent de la maigre suite du Blanc-Combaz, saluant l’épineuse comparaison que les oreilles indiscrètes avaient su entendre. Voilà bien longtemps que ses hommes ne se gênaient plus pour se moquer de lui, plus ou moins ouvertement. Quand ça lui déplaisait il ne manquait alors pas de le leur faire remarquer d‘une manière ou d‘une autre. Or ça ne lui déplut guère ; le vin aidant il se sentait l’âme conquérante.

Son petit numéro... Tiens donc ! Elle ne le pensait pas capable de sauver la Bourgogne ? Baste ! Lui s’imaginait déjà triomphant, acclamé par les badauds, porté aux nues, promu sauveur de l’humanité toute entière. Il voyait par mont et par vaux, être érigées des statues à son effigie, l’on s’inspirait de son corps pour confectionner des fontaines jusques aux Flandres. La Marquise elle-même ne manquerait pas d’orner sa cour d’un bronze portant son nom ; le vit recouvert d’une délicate feuille de vigne, elle soulèverait celle-ci tous les soirs dans un soupir inconvenant.

Qu'importe les quolibets, les rêves deviennent vite réalité pour qui n’agit pas.

Il bailla, frissonna ostensiblement ; il faisait froid, l’Epine parlait trop. Il répondit donc.


« C’est cela Marquise, c’est cela… Quoique j’aurai peur d’être un bien triste plaisantin ! Enfin, tout bouffon exige pitance pour effectuer correctement son travail. Ainsi, si vous cessiez un peu de bavasser et que vous nous meniez au chaud pour nous servir quelques amuse-gueule, je gage que vous aurez ensuite le temps de jacasser autant qu’il vous plaira, non point ? Et pensez donc à commander cette nouvelle livrée si c‘est en fou que vous voulez me voir le jour de vos noces. Il serait certes distrayant mais fort indécent que je m‘y pointe le gourdin fouettant l‘air ! D’autant qu’il y aura surement quelques pucelles dans l'assistance… Yolanda ou… votre cousine, je suppose ? »

La dernière interrogation n’était bien sûr pas anodine. Isaure serait là, il ne pouvait en être autrement. A quoi ressemblait-elle à présent ? Griotte l’avait décrite devenue pustuleuse... Était-ce encore le cas, ou était-elle toujours aussi désirable que dans ses lointains souvenirs ?
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