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[RP] L'âme ponceau

--Coquelicot_


Coquelicot.
Ardeur fragile qui tient sur une frêle tige.
Coquelicot.
Comme ses lèvres, comme son sang qui palpite en elle avec violence.
Coquelicot.
Qui ne demande qu’à être cueilli dans la certitude cruelle d’un avenir à s’étioler violacé et amer.
Et pourtant la main, fine, blanche, continue sa course vers une fatalité inéluctable.
Les mots s’enfuient de la plume, inscrivent sa crainte de son encre noire.
Insaisissables inquiétudes qui se plient sous l’écriture soignée et hésitante.

Le pli est déposé de nuit au bureau du tribun, là où le destinataire le trouvera à coup sûr.
Le poing se serre. Cette lettre sera sa perte et elle le sait.



Citation:
Messire Salveo,

Farce de la vie que voici. Me voilà noircissant une missive des plus étranges, elle l’est pour moi, elle le sera pour vous.
Sous mes doigts glissent les mots que je ne saurais vous dire en face.
Tant leur fracas dans ma bouche m’assourdirait d’une cruelle vérité.
Je ne sais pas l’expliquer, ni comprendre qu’à l’ombre d’un jour anodin, mon regard ayant croisé le vôtre l’espace d’un instant si fugace, il s’en soit lié. Et pour la première fois pour moi, Messire, vous avez existé.
Cela ressemble à une maladie qui déroute mes pulsations internes, à un venin qui me ronge la nuit, un vin qui m’engourdit les sens.
Vous me plaisez.
C’est dérangeant, et pourtant, oui pourtant, à la fois si grisant.
Ne croyez pas, Messire, que je sois rompue à ce genre d’exposition aux sentiments, ni à ce genre de lettre. Je suis moi-même étonnée d’avoir recours à ce moyen pour attirer piètrement votre attention.

Je ne sais pas si je peux espérer quelques réponses à cet étrange courrier mais si l’envie s’en fait ressentir, déposez votre mot sous une lourde pierre devant chez-vous.

Coquelicot je serai pour vous.



...
Salveo
Levé à l'aurore. Une botte enfilée, puis l'autre.
Le petit rituel que s'imposait Salveo après chaque nuit remontait à ses plus anciens souvenirs où, jeune bambin encore sous la houlette de parents autoritaires, il dut quitter à la hâte la maison familiale sans s'être chaussé, après qu'un feu se déclarât dans les faubourgs de Marseille, provoquant l’hystérie collective des habitants du quartier, et dont l'évacuation peu coordonnée le congratula d'une écorchure sérieuse.
Depuis ce traumatisme enfantin, ses attributs de cuir ne traînaient jamais loin de sa couche et assuraient à leur propriétaire un sommeil paisible.

Hasard ou coïncidence ? Le jeune Montalbanais avait décidé la veille de profiter du logis mis à disposition du tribun, jouxtant le bureau public de l'office populaire. Aussi, après avoir satisfait sa manie matinale, fut il surpris de constater la dépose soigneuse d'une lettre au seuil de la porte.
A sa vue, il craignit le pire : énième provocation, menace, ou tissu d'insultes ; sans conviction, il décacheta le pli, mais le contenu, au contraire, fut loin de contenir pareilles vilénies.


- « Cela ressemble à une maladie qui déroute mes pulsations internes, à un venin qui me ronge la nuit, un vin qui m’engourdit les sens. »

Lire à voix haute, il ne fallait pas moins que ça pour souligner sa stupeur.

- « Vous me plaisez. »

A chaud, il accusa le coup et pensa la blague orchestrée par Archybald mais les nombreuses relectures trahirent une calligraphie féminine, peu ressemblante à celle de son duc.

- Une véritable déclaration ...

D'amour, était ce le mot juste ? Sa balourdise le fit cogner une chaise tandis qu'il déambulait dans la pièce et lui permit de reprendre ses esprits : non, de ce sentiment il n'était pas, juste une passion sibylline. Fallait il pour autant décevoir celle qui eut le courage de se dévoiler à un homme dont elle connaissait si peu ? Point.
Armé d'une plume et d'encre, il entreprit de donner réponse à son admiratrice, et dans une discrétion des plus affables, de respecter scrupuleusement les conditions posées à la poursuite de l'échange épistolaire.


Citation:
Joli Coquelicot,

Je ne sais rien de vous mais vos mots furent si touchants qu'ils me forcent à ne pas feinter l'ignorance d'un aveux aussi sincère.
En vérité, j'ai d'abord cru à la plaisanterie moqueuse tant mes ennemis sont nombreux ici, toutefois, ce tableau réaliste de ces sentiments qui vous habitent me laisse songeur et, je le confesse avec peine, flatté.
Une telle considération à mon égard me surprend d'autant plus que ma réputation n'est pas enjolivée par des gentillesses ; nombreux sont ceux qui parlent de moi comme une âme damnée, un roquet au service d'un puissant, un ambitieux sans probité. Seriez vous de celles qui font fi des quolibets dégradants et des rumeurs puantes, capables de séparer le bon grain de l'ivraie, prêtes à défendre la franchise quand on y voit un mensonge ? Si tel est le cas, soyez assurée de ma bienveillance la plus extrême.

En espérant en apprendre plus sur vous,
Salveo.

_________________
Salveo de Louvelle
Secrétaire d'état de Guyenne
«Rien n’est plus mobile, plus léger que la multitude » T.-L.
--Coquelicot_



Passent, défilent les secondes et les heures de la journée avec une lenteur presque douloureuse.
L’espace diurne du temps devient un véritable mouroir à espérance où les craintes subliment l’attente.
Et s’il ne répondait pas ? Ou pire ! S’il répondait et qu’elle en soit déçue ?
Que la nuit vienne et la délivre de cette appréhension, que l’obscurité se fasse complice à son crime…
D’aimer ?
Rien que cette pensée l’effraie brutalement.
Avait-elle été déjà prise au piège de la sorte ?
Pas à son souvenir, pas comme ça…

A peine tombées les premières heures nocturnes, à vesprée, le Coquelicot s’enhardit à retourner quelques pierres prometteuses d’une poignée de mots en guise de seul trésor.
Elle est bien imprudente, à tout moment Salveo peut rentrer, la surprendre.
La lettre est là. De s’en saisir et disparaître au plus vite.

L’impatience la ronge, elle doit se faire violence pour n’ouvrir le pli qu’une fois arrivée à demeure.
La main tremble, le cœur cogne lorsque bien à l’abri elle entame sa lecture.
« Joli Coquelicot ».
Ou comment la plonger toute entière dans le chaos.

La réponse ne tarde pas et avant mâtines, se retrouve glissée sous le même caillou.



Citation:
Messire Salveo,

Pourquoi cet émoi me gagne pour quelques mots, juste parce qu’ils sont vôtres et que désormais ils sont miens ? Vous avez donné suite à ma lettre, agréablement de surcroit, me laissant entrevoir des « peut-être » auxquels je ne sais s’il est possible de croire.
Il est bien certain que je connais peu de choses sur vous en définitive et que j’entends ce qui se dit mais je suis de ces personnes qui se forgent opinons de soi-même et qui n’accordent guère de crédit sur les « on-dit » à la bouche du tout-venant même si parfois les gens pensent le contraire. Voyez, les rumeurs n’épargnent personne.
Tout ce que je sais, c’est que mon âme toute entière tend à se découvrir à vous et que cela m’effraie. Et ce désir d’être au plus près de vous qui ne me quitte plus, qui envahit mes jours, dévore mes nuits et me piétine avec cette violence que j’ai rarement connue.
Est-ce cela le sentiment ? Comment se pourrait-il que mon esprit abandonne toute raison alors que je n’ai même pas éprouvée vos lèvres ? Est-ce possible ? Ou bien croyez-vous que je tourne folle ?
Les questions et les doutes m’assaillent, je vous l’ai dit messire qu’à ce jeu là, je ne suis pas rompue.

Dans l'attente presque impatiente de vous relire, je reste votre dévouée.

Joli Coquelicot, un peu vôtre.



...
Salveo
Le temps d'une longue réflexion à choisir l'avenir à donner à cet étrange échange que déjà, tard dans la nuit, la lettre fut écrite, profitant de l'accalmie dans les prérogatives de son auteur pour devenir existante.
Balancés sans déguisement, les mots se suivaient, percutants, et trouvèrent, dans le sillage de leur élaboration, l'abri rugueux d'une pierre humide.


Citation:
Joli coquelicot,

Êtes vous de celles prêtes à pardonner aux fautes de leurs aimés ? Car je vous ai négligé, je le reconnais, et rien n'est plus dangereux qu'une femme esseulée.
Depuis mon accession au poste de gouverneur, je n'ai même pas daigné répondre à votre lettre qui, porteuse de confidences et bienveillances, m'a laissé pantois sur les sentiments à accorder à de telles déclarations.

Dona, je vous le dis : je puis facilement me cacher sous des prétextes fallacieux d'emploi du temps mais ne peux pas négliger l'importance du trouble qui m'habite dans ce long mutisme.

Quitte à se laisser abandonné à la dévotion, voici la nouvelle que j'apporte : j'ai été séduis par une autre fleur, belle et mordante, attirant inexorablement le regard par sa couleur flamme. Mais, à la tentatrice je n'ai pas cédé, à vous je suis resté, fidèle.

Dona, dîtes moi, quelle folie me pousse à agir ainsi ? Quelle passion me force à demeurer vôtre quand l'inconnu saborde même l'idée d'une histoire commune ?
Serait ce l'instinct qui m'aveugle la raison ?

Cette situation n'est pas tenable, je désire vous voir.

Salveo.


Peu confiant sur la réception de la missive, le maire préféra croire en l’opiniâtreté de sa destinataire de ne pas se lasser d'une réponse qui se voulait tardive, voir inexistante au yeux de la belle.

_________________
Salveo de Louvelle
Secrétaire d'état de Guyenne
«Rien n’est plus mobile, plus léger que la multitude » T.-L.
--Coquelicot_



L’âme ponceau d’émois, s’éclot le petit coquelicot…
Le désir de lui écrire guide sa main, guide ses mots avec maladresse, empressée par l’urgence du sentiment.
Elle use encore de Coquelicot dans sa volonté de bien scinder la raison de son attachement.
Pour elle, tout est clair, limpide… il sait.



Citation:
Pourquoi pareille folie me fait encore vous écrire de la sorte, veuillez pardonner l’audace dont je fais preuve en ce matin du 25 décembre, il se trouve que j’éprouve le besoin de vous voir instamment.
Mes nuits sont insomnies, agitée tant je suis la proie du doute, tant j’essaie de me raisonner mais quand vous êtes le sujet de mes questions nulle raison ne peut me soustraire à ces sentiments et je m'y plie. Docile.
La période ne s’y prête guère, j'en suis bien consciente et pourtant je vous le mande, il faut que nous nous rencontrions en toute discrétion, je dois apaiser ce qui engourdit mes pensées, je dois vous parler.
Je vous prie, accédez à ma requête.

Logez-vous toujours dans les appartements mis à disposition par la mairie ? Ou bien avez-vous autre adresse à me confier, je m’y rendrai armée de mon seul courage dès ce soir s’il est possible.
Par contre, il serait plus avisé de bien clore vos volets et que toutes lumières soient éteintes, à cette seule condition je me montrerai.

Dans l’attente de votre réponse.

Pour vous uniquement,
Coquelicot.


___________________
Pavot à l'ardeur fragile...
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