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Ça détale dans l’Dédale !

Aniki
[Un jour comme tant d’autres, sur la grand place du marché du Dédale, dans les bas fonds de Gifu …]



Il était là depuis le matin, tentant en vain de refourguer un sabre sous couvert de son commerce, trop peu lucratif, de champignons. Jusque là rien de passionnant, pas de client. Enfin, rien de passionnant … jusqu’à ce qu’elle débarque, de nulle part avec sa petite robe et ses grands cheveux noirs pour, tout de suite attirer son attention …
Elle était maline c’était évident, en plus d’être douée et drôlement déterminée. Telle une anguille elle se faufilait, habilement, les yeux grands ouverts, scrutant scrupuleusement le moindre détail sur chaque passant. Cela faisait déjà quelques minutes qu’il l’observait, amusé, et le petit numéro durait ainsi depuis déjà un bon moment quand, tout à coup, son regard changea. Elle venait tout juste de repérer exactement ce qu’elle cherchait, à savoir, une bourse, juste un peu plus vulnérable que les autres …
A pas feutrés elle s’approcha, sans jamais du regard lâcher sa proie. Puis parvenue à bonne distance elle s’élança, en braillant, comme si elle était poursuivit par toute une horde d’autres enfants se chamaillant. Ensuite elle percuta le pauvre bougre qui, évidement, ne se rendit absolument compte de rien …

La mine radieuse, elle s’éloignait du lieu du crime quand, malheureusement pour elle, elle passa trop près d’Aniki qui aussitôt la saisit par le bras.


Joli travail tu te débrouilles bien !

La fillette se mit aussitôt à se débattre en hurlant mais, d’un mouvement brusque, sans le moindre ménagement, le jeune berger la tira derrière son étale, loin des regards indiscrets.

Tais-toi ! … Pis donne moi ça …

Il lui arracha la bourse des mains.

T’es plutôt douée tu sais … Mais … Si tu veux continuer à faire ça ici … Tu vas d’voir travailler pour moi …

D’une main, à l’aveuglette, il préleva une bonne moitié du contenu avant de lui rendre les miettes de son butin …

C’est cinquante, cinquante … Tu fais c’que t’as à faire … Tous les jours … Moi j’te protège et j’couvre tes arrières …

Un sourire aux lèvres, lentement, il relâcha son emprise sur la petite main. Son regard suffirait amplement à la dissuader de s’enfuir, il en était certain …
--Kikumi


Pendant une demi-seconde elle regarda sa main, celle dans laquelle se trouvait ce que l’autre avait daigné lui laisser. Puis ses grands yeux remontèrent sur le visage d’Aniki pour le fixer de son air triste et dépité.

Cinquante, cinquante ? …

Elle lui projeta la vieille bourse et le reste des pièces en pleine face ...

Compte la d’ssus, trou du c** !!!

Avant de déguerpir aussi vite que lui permettaient ses courtes jambes. Elle bifurqua dans une ruelle, passa sous un porche et escalada un muret. Elle se retrouva alors dans une autre ruelle qu’elle dévala le plus vite possible pour, finalement, trouver refuge sous un vieil escalier rouillé et là … Ouf ! … Elle pu enfin souffler …

Cinquante, cinquante … Pfffff, s’prenait pour qui c’baka ?
Pis c’était qui d’ailleurs ? … Sûrement pas un lézard, l’avait pas vu d’tatouage …

En tout cas il l’avait bien roulé aujourd’hui. Avec le contenu de cette bourse, elle aurait eu de quoi se nourrir durant les trois prochains jours, peut être quatre. Au coin de ses yeux, une larme perla. En attendant, elle n’avait plus rien et … toujours aussi faim …


Puis son instinct, sans doute convaincu par les incessants encouragements de son estomac, finit par reprendre le dessus sur ses émotions et, les yeux rouges et les joues encore humides, elle se décida enfin à sortir de sa cachette.

Un peu plus tard, tout près de là. Elle se jetait discrètement sous l’étale d’un poissonnier et parvenait à y chiper un gros poisson chat. Peut être allait-elle devoir le manger cru mais au moins, pour ce soir, elle avait son repas …
--Risu



Finalement le quartier mal famé dont on lui a parlé n'est pas si difficile que ça a trouvé. Grimée comme une femme de mauvaise vie, elle pense qu'ainsi elle ne craint rien, qu'elle passe inaperçu. Et puis, pense t-elle encore, sa petite taille lui permet de se faufiler partout et de se faire discrète.

La jeune fille traverse une première ruelle, faiblement éclairée par des lanternes au dessus des portes. L'odeur nauséabonde lui fait plisser le nez. Ses zori collent au sol, son kimono traine dans la boue.. Risu grimace de dégoût, se demande si elle a bien fait de venir ici. Surtout la nuit.. Son côté aventurière ou plutôt fonceuse finira par lui jouer un mauvais tour et elle espère que ce ne sera pas aujourd'hui et pas dans ce quartier..

Elle croise un groupe de soulards et s'écarte vivement du chemin. Mince... Aller par où ? Dans quoi s'est elle fourrée encore tss.. Bon trouver Aniki déjà.. Si elle savait où chercher déjà... Punaise si les siens savaient où elle est...
--Fumio


Le groupe de soulards passe puis s’éloigne mais, brusquement, l’un d’entre eux se retourne et la dévisage de la tête au pied.

Dites les gars … L’avez déjà vu celle là ?

En tout ils sont trois, et tous l’observent, telle une vulgaire marchandise exposée aux clients.

Non, t’as raison … Z’ont fait rentrer d’la viande fraiche on dirait … Hé ! Hé !

Tous trois s’approchent, un sourire carnassier aux lèvres. Ils approchent si près qu’ils peuvent maintenant la toucher. L’un deux attrape son visage et l’oblige à lui faire face …

Hé … L’est pas vilaine la p’tite …

Pendant qu’un autre, du creux de la main, décide de tâter ses fesses …

Les trois gloussent, fantasmant déjà sur la suite …




C’est ce moment que choisit Fumio pour, de l’autre coté de la ruelle, sortir de l’obscurité.

Dans bien des cas, il aurait poursuivit son chemin, laissant à ces misérables larves tout loisir de punir l’intruse. Celle-ci est chanceuse, il a détecté chez elle un petit quelque chose. Il est encore incapable de dire quoi, mais il a du flair et ce petit quelque chose vaut de l’or, il le sait déjà.


Quand il traverse, les autres le repèrent et s’reculent aussitôt de quelques pas, reflexe de survie. L'animal est connu par ici. Il est même chez lui …

Alors les gars, on veut s’offrir du bon temps ?

Fumio s’approche, passe son bras chaleureusement autour du cou de l’imprudente, puis son regard froid se pose dans le sien …

Ton premier soir et tu les rends déjà tous fous … ça promet …

Puis, reportant son attention sur les trois autres …

Allez les gars ! Sortez vos kobans ! … À moins que, comme d’habitude vous soyez encore tous fauchés, bande de dégénérés !!!

Tirez vous de mon territoire !!!


Les saoulards s’exécutent, sans demander leurs restes. L’étreinte autour des épaules de Risu se ressert alors que la main de Fumio se referme autoritairement sur son poignet …

Quant à toi petite trainée … Crois pas qu’tu peux racoler comme ça sous mon nez … Suis-moi !!! …

Il l’entraine de force dans un recoin de la ruelle, un recoin sombre et étroit, puis sa main s'abbat sur son visage, une première fois …
--Risu



La jeune fille écarquille les yeux, soudain envahit par la peur. L'homme lui tient le visage, l'autre lui tate les fesses. Risu se débat, rouge de honte et de colère.

- " Non mais Oh !! Bats les pattes ivrogne !"

A peine s'est-elle exprimée en criant, qu'un homme arrive, un sauveur ! Il l'a prend par l'épaule, et soudain, la jeune fille comprend dans quel merdier elle s'est fourrée. Le groupe se carapate dans la ruelle, et son "sauveur" l'entraine dans une impasse sombre et on ne peut plus glauque. Quand il lui parle, elle est trop estomaquée pour l'affronter, mais quand il lève la main sur elle et qu'elle se retrouve à genoux dans la boue, elle plisse les yeux, pince ses lèvres et le regarde d'un air furibond, tout en se tenant la joue.

- " Mais ça va pas non !!!! Je vous interdis de me toucher, sale rat ! "

Elle grogne et se redresse, le menton levé, une perle de sang sur sa lèvre supérieure. Mais elle n'en mène pas large la jeunette. Elle a la tête qui tourne, partagée entre incrédulité, peur et colère. Que va t-il lui arrivé maintenant.. L'homme la regarde l'oeil mauvais, prêt à la frapper de nouveau.

- " Ne vous avisez pas de recommencer... Je ne suis pas une... une.. putain, je ne cherche pas de clients.. je visite !. "
--Fumio


Une visite ... ici, dans ce quartier pourri, à cette heure tardive de la nuit … Fumio éclate d’un rire gras. A-t-il l’air si stupide ?

D’un geste brusque, il la repousse, le dos de Risu vient heurter violemment le vieux mur crasseux.


Te fous pas d’moi ! Pour qui tu travailles ? Qui t’envois ?

Une nouvelle fois, son bras s’élève au dessus d’elle, mais cette fois se retient. Dans ce métier il faut savoir prendre soin de la marchandise et celle là, dans l’avenir, pourrait se révéler être une pouliche de premier choix …

Empoignant le col de son kimono, il l’attire vers elle, puis colle son nez sur le sien. Avant tout il doit savoir ... Est-elle assez sotte pour venir ici d'elle même ou ... Est-elle le mauvais présage annonçant l'arrivée imminente d'un concurrent ?


Pour la dernière fois sale chienne !

T’es sur mon territoire … Pour qui tu travailles ? Qui t’envois ?
--Risu
Il ricane le bougre. Risu a envie de lui arracher les yeux. Elle ouvre la bouche pour l'injurier quand il la pousse brutalement contre le mur. Le souffle coupé, une douleur qui se fait lancinante dans le dos..

Elle n'a pas le temps de se ressaisir qu'il lève de nouveau le bras. Risu ferme les yeux, protège son visage d'un bras plié, attendant le coup.. L'homme l'empoigne et ils se retrouvent nez à nez. La jeune fille émet un gémissement en essayant de se dégager .


Pour la dernière fois sale chienne !

T’es sur mon territoire … Pour qui tu travailles ? Qui t’envois ?



Kuso ! Doit-elle prier les kamis pour qu'ils lui laissent la vie ? Vite inventer quelque chose..
Une histoire qui tient debout.. Quelque chose qu'il pourrait craindre.. Mais quoi, qui ?

Reprenant peu à peu ses esprits, elle plonge les yeux dans les siens et ose le tout pour le tout.


- " Je ... Je suis ici en... en mission.. Vous m'étranglez là... Si je meurs, vous mourrez. Le matou n'apprécierait pas qu'un autre que lui me touche .. "

Plus les mensonges sortent comme ils viennent, plus elle prend de l'assurance. Elle lit la surprise dans ses yeux. Risu se plaque une moue ironique sur le visage et arrête de se débattre.

- " Aimeriez-vous que votre tête finisse sur un pic... ? "
--Fumio


Le matou ? Quel matou ? … Il a beau chercher il ne voit pas. Le Dédale appartient aux lézards et à Tsuba …

Là il comprend qu’une nouvelle fois, pour sauver sa tête, elle se paie la sienne. Il pense d’abord à frapper mais …


Une tête sur un pic ?

Il éclate de rire.

Ton idée me plait, et puis … Faut bien qu’t’apprennes le métier …

D’un mouvement brusque il agrippe sa tignasse puis, lui tirant les cheveux, la force à s’agenouiller …

Hé ! Hé ! … Ta première mission poupée !
--Risu




Voilà... Comme on dit, elle se retrouve en mauvaise posture. Mais la jeune fille a toujours une porte de sortie.. Un petit truc à elle, bien personnel. Un instrument qui en cet instant va lui profiter..

A genoux devant l'homme, elle en profite pour glisser une main dans son bas tout en levant les yeux vers son visage. Elle ramène son bras pendant qu'il laisse tomber son hakama et esquisse un sourire. La lame froide trouve le chemin seule, sans que le regard de Risu ne baisse d'un pli. Retenant l'envie qui l'étreint de lui faire ravaler ses mots, elle lui lance :


- " Ne bougez pas, vous pourriez vous couper.. "
Megu
Les rues du Dédale étaient plongées dans le noir sombre de la nuit. Des groupes d'ivrognes ou de voleurs trainaient dans le quartier, les uns étant le repas et les autres étant les rapaces.

Megu avançait, pieds nu, dans les ruelles sales. Elle comptait y rejoindre Aniki pour la nuit, après sa longue journée. Ses pas étaient calmes et son regard sombre acéré pour ceux qui approcherait de trop près. Ses armes blanches cachées sous son kimono étaient elles aussi bien présentes.

Alors qu'elle passait devant une ruelle plus sombre encore que les autres, des coups et des voix se firent entendre. Curieuse, Megu bifurqua. Aniki pourrait encore attendre quelques minutes...

La scène qui s'offrait à ses yeux faisait partie d'une scène quotidienne du Dédale. Une jeune femme se faisant agressée par un homme; l'homme possédant les quelques ruelles et bicoques alentour. Mais la jeune, plutôt vive, venait tout juste de retourner la situation à son avantage. Malgré cela, l'homme représentait toujours une menace, même si la femme devait se sentir victorieuse.


Hey ! cria-t-elle sans aucune discrétion à l'homme qui, quelques secondes auparavant, tenait la jeune fille par les cheveux.

Campée sur ses deux jambes, elle attendit qu'il relève la tête, son regard sombre le fixant alors droit dans les yeux.

Prit entre deux feux, Megu se demanda alors qu'elle serait la réaction de la raclure.

_________________
--Fumio


Ne bougez pas, vous pourriez vous couper..
Hey !


D’un coup tout se met à se bousculer sous la caboche du voyou, le regard de la trainée, le regard de l’autre, la déplaisante sensation du métal froid remontant le long de ses cuisses pour venir honteusement menacer sa fierté …

Pourtant, étrangement, son visage ne tarde pas à retrouver son aplomb.
Dans sa main droite, une lame scintille. Hé oui, lui aussi a ses petites manies. Sinon, comment aurait-il fait pour survivre jusqu’ici ?


Pas mal poupée … Tu f'ras une bonne gagneuse maintenant ... Sois raisonnable et range ton jouet …

Un bref regard en direction de l’autre donzelle. Il la connaît celle là, une fille du coin, intouchable, une proche de Tsuba. Puis son attention se reporte sur la première toujours plus menaçante.


D’accord les filles, vous savez c’qu’on va faire ?

Ses deux mains remontent légèrement en l’air, évident signe de soumission …

Elle s’est bien défendue alors … Chacun rengaine ses armes et ... J’vous laisse partir …

Disons qu’on est quittes !



Fumio doit être l’homme le moins religieux du Dédale, ou même de Gifu, un des plus courageux aussi. Pourtant en cet instant, chose que depuis des années il n’avait faite, espérant ainsi éviter l’affrontement l’enjeu étant bien trop grand, en cet instant, en silence et avec la plus grande des ferveurs, il prie ... Il prie pour qu’elles acceptent …
--Risu


Risu retient un soupir de soulagement. oui bah vous avez beau montrer votre courage, des fois, à l'intérieur c'est plutôt la peur qui vous étreint. Et avec ça une folle envie de vous enfuir mais.. impossible. Surtout quand l'autre a du répondant.

Impossible ? Non, car une âme charitable vient vous tendre une main secourable en poussant un " Hey " digne des princes de contes pour enfants. La jeune femme tourne la tête vers celle qui vient à son secours et se redresse quand l'homme prononce ces derniers mots :


Elle s’est bien défendue alors … Chacun rengaine ses armes et ... J’vous laisse partir …

Disons qu’on est quittes !


L'aventurière adresse un salut doublé d'un sourire reconnaissant à la jeune femme qui sort de l'ombre et répond.

- " Non on n'est pas quitte.. Je garderais un bon souvenir du Dédale.."


Elle assène un violent coup de zori dans l'intelligence de l'homme qui lâche sa lame et qu'elle s'empresse de récupérer. Risu recule de quelques mètres, se rapprochant de son ange gardien du soir, se penche vers elle et d'une voix assez forte pour que l'homme entende, dit :

- " Arigato pour votre aide, san .. Que proposez-vous ? On se le fait ? Je pense qu'il a besoin d'une bonne leçon .."
--Fumio


Ouch …

Saleté de kamis … Sont jamais là pour lui …

Agenouillé dans la boue, plié en deux par la douleur inondant son bas ventre, il les fixe l’une après l’autre, d’un regard subitement bien plus doux …
--Takara


Fuumiiioooooo …

Fuumiiioooooo …



Une voix stridente retentit dans la nuit. Celle de Takara, une des plus anciennes pouliches de Fumio qui, n’ayant pas connaissance de la scène se déroulant tout près, peste en elle-même contre son homme et ses retards si fréquents. Il sait pourtant pertinemment que ça la met hors d’elle …


Fuumiiioooooo …

Fuumiiioooooo …



A l'intérieur elle peste, certes, pourtant dehors ne sort que de petits piaillements, comme ceux qu'émettrait un oisillon fraichement tombé du nid ...


Fuumiiioooooo …
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