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Info:
Le dispensaire St Hildegarde créé par l'Archidiaconesse Feuillle.

[RP - le Dispensaire Sainte Hildegarde ]

Feuilllle
Le jour se levait, une pâle journée luisante de feuilles rousses et mouillées posées sur le sol : novembre chassait définitivement l’été, et la terre entamait le lent processus de régénération de ses forces végétales en transformant en humus fertile tout ce qui devait l’être.
Repos et ressourcement…




… Feuilllle se tenait dans la première salle (elle que l’on nommerait sans doute ultérieurement « accueil »,) fraichement nettoyée du nouvel Hostel-Dieu, souriante : elle attendait son évêque Monseigneur Yut, heureuse d’avoir mené à bien la surveillance de ce grand chantier qu’est la création d’un Hospital de la Charité. Monseigneur était passé régulièrement sur les lieux, lui ayant confié cette lourde responsabilité ; elle avait à l’époque accepté difficilement, mais à présent que le travail était terminé, une saine tranquillité reposait son esprit.

Sans doute bénirait-il l’édifice…

… Les grands bâtiments s’élevaient au cœur du Diocèse du Mans, frôlant l'Huisne, (ce qui faciliterait la tâche des lavandières, des jardiniers et des gens d’écuries) cernés par la chapelle et son petit espace dédié au cimetière, le moulin, et les jardins déjà bien développés. Elle avait eu raison de faire préserver quelques magnifiques arbres qui ombrageraient agréablement l’été les pèlerins, orphelins, miséreux et convalescents…
… Les Maitres d’Œuvre étaient repartis depuis plus d’un mois, ainsi que tous les compagnons bâtisseurs divers – architectes, charpentiers, maçons, serruriers, tailleurs de pierre, ébénistes, sculpteurs, peintres, vitriers, forgerons, fondeurs et forgerons, jardiniers, etc…
Tout devenait calme.


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Déjà le Clergé investissait les lieux ; l’Aristotélisme, dont le patrimoine ecclésiastique s’étendait régulièrement, rappelait à tous sa présence et la puissance de la Foy dans toutes les villes du Royaume.
Fondé par l'Église, le Dispensaire Sainte Hildegarde serait évidemment administré par l’évêque du Mans. Il était à présent solidement bâti et s’intégrait au paysage harmonieusement : Manceaux et Mancelles détaillaient avec bienveillance et fierté, au hasard de leur pas, le grand édifice religieux.



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Vieillards et enfants abandonnés, malades et infirmes trouveraient ici compassion et soins qualifiés. Le voyageurs pourraient s’y reposer, les érudits y étudier et apprendre.
A tous, l’asile temporaire ou à long terme démontrait s’il en était encore besoin que la Charité Aristotélicienne offrait ici la concrétisation spirituelle et cléricale de la notion de charité et d’altruisme.

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Feuilllle
… Elle attendait Monseigneur, plongée dans la lecture d’un parchemin, notifiant une Ordonnance Royale vieille du siècle dernier (Mai 1397) -était-elle toujours en vigueur ?* se demandait Feuilllle en frissonnant désagréablement, fixant des yeux une procédure, à force de Loi, de la Constitution Royale.
Elle n’en avait encore jamais entendu parler.


Celle-ci concernait les Blasphémateurs , et les peines qu’ils encouraient : pilori de plusieurs heures plus un mois de prison au pain et à l’eau la première fois, fer chaud sur la lèvre supérieure jusqu'à ce que les dents paraissent la deuxième fois, fer chaud sur la lèvre inférieure à la troisième fois, fer chaud sur les deux joues à la quatrième. Pour la dernière peine, on leur coupait entièrement la langue, ainsi ils ne pourraient plus jamais blasphémer, c'est-à-dire prononcer des mots à l’encontre Du Créateur et de Ses Œuvres, ou de celle de l’Église Aristotélicienne.
Quelques autres vélins attendaient les apothicaires, barbiers et médicastres, qui devaient prendre leurs fonctions hautement humanitaires dans la semaine. Ils étaient destinés aux trois grands blessés de guerre qu’on leur avait amenés, inconscients, hier au soir en charrette. Pour l’un d’eux, Feuilllle le savait, l’issue serait fatale. Et il n’était pas baptisé.
En attendant une femme possédant des notions médicales s’occupait de ces hommes, ainsi que d’une femme grosse, très faible et sous-alimentée ; sans doute accoucherait-elle bientôt, car son ventre était tendu, mais l’enfant ne serait sans doute pas viable. Elle gémissait faiblement sur sa couche, espérant une « délivrance » qui ne saurait tarder.
Ils étaient maintenant tous confiés aux bons soins du dispensaire, sous le regard Du Très-Haut.

-*Il est à craindre de voir leur nombre augmenter rapidement*,
songeait-elle douloureusement.

Un bruit de convoi lui fit relever la tête, des chevaux piaffaient au dehors. L’air encore doux permettait l’entrebâillement des fenestrons, et elle reconnut avec plaisir la voix de Monseigneur.
Elle sortit de sa torpeur glacée, (toute exaction lui paraissait barbare et elle ne les approuverait jamais au fond de son cœur, tout en sachant qu’elle n’avait aucun droit de s’élever contre ces actes), posa promptement les papiers sur un pupitre agencé dans un angle de la pièce, *- je les porterai et rangerai à la salle des archives lorsque nous y passerons* et sortit sous la porte cochère pour recevoir l’administrateur du Dispensaire.

Monseigneur arrivait.

Elle devrait dès ce matin lui faire visiter les locaux, et voir avec lui certaines modalités de fonctionnement.
Ils en auraient probablement pour quelques heures, mais c’était nécessaire. Elle somma le Moine Porte-clefs d’ouvrir, et se tint debout juste devant les grands vantaux du lourd portail de chêne sculpté de fresques religieuses, et carrosse et attelage furent menés rapidement vers les écuries par les palefreniers vigilants.
Elle tenait entres ses mains le Plan des locaux du Dispensaire Sainte Hildegarde, bien roulé et protégé dans son étui de peau brune cirée.


« - Bienvenue Monseigneur Yut, je suis ravie de vous dire que tout est enfin terminé, nous avons même commencé à investir les divers locaux, excepté la Chapelle, qui attend votre bénédiction. J’ai donc interdit toute pénétration en son sein pour l’heure. Mais voyez donc : la proximité géographique de notre Cathédrale abrite fort heureusement l’humble clocher de cette petite chapelle, et son ombre étend une aile protectrice sur lui. Vous n’auriez su trouver meilleur endroit pour établir ce Dispensaire, mon Frère. Et le fatras de masures originellement installé ici entachait notre Capitale. Je dois vous dire que j’ai eu un peu de mal à dénicher de meilleures habitations pour les familles qui s’étaient posées à cet endroit, mais tout est en ordre actuellement. »

Elle le laissa observer tranquillement en reprenant son souffle, et se tut avant de continuer ses explications, car il avait sans doute des choses à dire.
Elle lui sourit.

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Yut
L’Évêque arriva, et on le fit entrer dans le Dispensaire. Sœur Feuille l’attendait. Il lui fit un grand sourire, puis l’écouta attentivement. Il était heureux que tout était enfin prêt, et que dans les plus brefs délais ceux qui en avaient besoin pourraient bénéficier de soins en ce Dispensaire. C’était grand, et très propre.

Voilà qui est fort bien. J’irai donc faire la bénédiction de la Chapelle sous peu. Pour le reste, je vous remercie, ma sœur.

Le jeune Prélat avait hâte de commencer la visite de l’établissement, pour y voir tous les recoins de cet hospice, pour y admirer tout le travail fait.

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«Tout homme est disposé à accepter un prix, même pour ce qu’il espère ne jamais avoir à vendre. »
Feuilllle
Elle le guida en continuant ses explications :

« - Un groupe de Sœurs est arrivé ce matin pour les premiers soins, qui hélas, affluent de toute part, mais elles ne sont pas infirmières, et nous n’avons point encore de médicastre, bloqué au front avec l’enlumineur de la bibliothèque. Par contre la section orphelinat est vide, les enfants sont soient retenus ailleurs ou trop mal en point pour arriver jusqu’ici. Peut-être ne savent –ils pas non plus que le Dispensaire est ouvert : il faudrait dépêcher des Annonceurs mais c’est compliqué en ce moment, et je n’ai point trouvé le temps d’agir pour cela.
Nous manquons de préparateurs de médications aussi, et les cuisines tournent au ralenti, par manque de cuisiniers. Cependant divers villageois viennent à tour de rôle aux fourneaux et un des boulangers et des bouchers du Mans se sont mis à notre service. Ils font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont. »


Elle fut interrompue par l’arrivée de leur livreur apiculteur, dont les ruches avaient donné, et elle dirigea vers la salle de tri. Elle savait qu’ils manquaient de miel pour les pansements et nettoyer les plaies, et de cire à chandelle. Ce matin déjà elle avait compté les réserves et s’était inquiétée de l’insuffisance des denrées et de bouche et d’éclairage. Heureusement, la petite chapelle avait sa propre réserve. Et les bougies cléricales n’avaient rien à voir avec le suif ou la graisse, qu’ils consommaient avec parcimonie, les heures de travail coïncidant avec le jour comme dans toute institution religieuse.
Cependant, elle avait tenu à ce que les médicastres et Sœurs aient toujours de bonne chandelles bien brillantes pour exercer, et cela même durant la nuit, et même pour les soins donnés à leurs ennemis blessés, qui sans leurs armures, redevenaient leur frères, de simples Enfants du Très-Haut.

Elle soupira, épuisée : un Hostel-Dieu, ou Hospital de la Charité, devait fonctionner le plus possible de manière quasi-autarcique, de manière à ne point perdre ni temps ni écus, à l’aide de dons et de bénévolat, et surtout du soutien spirituel et fonctionnel de l’Église ; mais les besoins étaient renforcés par la guerre toute proche, une guerre qui n'en finissait pas!

« *Certes l’ambition du projet était importante »*, se disait-elle pour faire disparaitre sa fatigue et sa lassitude, et oublier qu’elle avait pensé ne jamais pouvoir un jour en venir à bout, « *mais jusqu’où pouvait-on aller avec l’aide Du Très-Haut ? Et le Dispensaire était enfin érigé… »*

Feuilllle, les yeux cernés mais l’esprit enfin en paix, devait superviser les réserves en cas d’encerclement d’une armée ennemie, commander et vérifier chaque jour les envois, contrôler leur fraîcheur, évaluer les besoins futurs tandis qu’elle pouvait encore se procurer le nécessaire, quoique difficilement, en quantité et qualité correctes…
Une multitude de personnes devaient en temps normal s’occuper de tout cela, mais, il en manquait plus de la moitié du fait des frontières fermées. Les miséreux étaient nombreux, les malades ou blessés françois ou étrangers - ils se devaient d'octroyer leurs soins à tous, afflueraient dans un proche avenir – n’était-ce point là la Vocation du Dispensaire Sainte Hildegarde? Mais le personnel soignant était encore absent, et beaucoup de Volontaires étaient en défense ou à l’armée.

Elle revint vers Monseigneur ; il observait la cour intérieure, déjà fréquentée à cette heure : de l'unijambiste encadré par ses compagnons aux groupes de Clercs , des Dames soigneuses aux livreurs, du soldat blessé aux palefreniers, tous avaient quelque chose à faire dans l'enceinte de la bâtisse Du Très-Haut.


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Elle attendit un peu : peut-être avait-il des questions?
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Yut
Il semblait donc, d'après les explications de Soeur Feuilllle que le Dispensaire était prêt, même s'il restait encore quelques points à peaufiner. Et ces petits points devaient être peaufinés au plus vite. Il réfléchit, regardant dans le vide durant quelques instants. Il finit par lui prendre les épaules avec un sourire.

Ma Soeur, je vous suis infiniment reconnaissant pour tout le travail que vous avez effectué. Si vous avez besoin de quoi que ce soit pour le Dispensaire, vous n'avez qu'à me le demander.

Celle-ci partit ensuite. Le Prélat parcouru quelques couloirs, jetant son regard dans quelques salles ici et là. Il s'arrêta ensuite un peu, observant par une fenêtre toute l'activité qu'il y avait à l'extérieur. L'Archidiaconesse revint.

Je vais aller bénir la Chapelle. Pour l'instant, tout est beau pour moi et je n'ai aucune question. Alors allons-y.
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«Tout homme est disposé à accepter un prix, même pour ce qu’il espère ne jamais avoir à vendre. »
Esquimote
L’annonce de la trève, lui laissait le temps de vaquer à d’autres occupations que la défense du village. Notamment récupérer quelques savons d’Alep fabriqués par le Maitre savonnier, Nadim, aux thermes.

Durant son apprentissage elle avait également confectionné de la teinture alcoolique qui serait probablement bien utile à Feuille au dispensaire.

Depuis quelques temps elle avait mit de coté des chutes de tissus,qui auront leur utilité pour effectuer des bandages ou nettoyer des plaies.

Le tout chargé dans la charrette, elle prit la route vers le Mans.

Les portes étaient grandes ouvertes. L’attelage pénétra au pas dans la cour. Elle observa tout ce petit monde qui grouillait et s’affairait.

Quelques sœurs, qui oeuvraient auprès des malades. Elles étaient bien méritantes, ne recevant bien souvent que jérémiades et rebuffades.
A un moine venant à elle

Hola mon brave, pouvez vous quérir la responsable de ce lieu Dame Feuillle ?

J’arrive de Laval et j’amène des linges , qui une fois effilés pourront servir de Charpie, ainsi que des onguents pour nettoyer les plaies.



Le moine partit en quête de Dame Feuille, elle laissa son regard parcourir le lieu.
La cour, de forme rectangulaire, comportait un puits en ferronnerie. Elle donne vue sur les différents bâtiments aux toits en tuiles vernissées.

Diantre, comment cette femme trouve-t-elle l’énergie pour réaliser toutes ces tâches. Elle est vraiment admirable.

Depuis l’éboulement de l’hôpital, le Maine avait grand besoin d’un tel établissement. Nous ne pourrons jamais remercier Feuille de toute son implication pour nos villageois.

Et dire qu’elle n’en sera même pas remerciée. C’est à se décourager de donner de son temps sans compter.

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By esquimote at 2009-11-26
Feuilllle
Monseigneur était reparti, appelé vers de plus hautes fonctions semblait-il...
Parfois l'imprévu rattrapait la réalité, pensait-elle dubitativement.

... Il n'avait point eu le temps de bénir la Chapelle.
Son carrosse fila à grand train vers de plus chaudes régions, emportant avec lui tout un flot d'actions et de sensations diverses. Il aurait tant de travail à organiser qu'elle eut une pensée encourageante envers lui.


Il fallait la comprendre : elle était restée à l'aider quand elle pouvait partir, à sa demande, et à présent elle supportait très mal le fait qu'il s'en aille si vite et de manière impromptue! Cet "abandon" l'enchaînait encore quelques temps au Maine plus surement qu'une corde de potence !


Elle laissa glisser les Plans à terre, mais les releva bien vite ainsi que la tête, défiant de son regard embué les nuées qui s'amoncelaient au dessus du Maine... Et sans doute ailleurs : la période le voulait ainsi.
Ce fut pour apercevoir Esquimote qui arrivait joyeusement, avec une charrette emplie de bandages et de tissus aseptisés apparemment, puisque bien enveloppés.

Elle se rua littéralement vers elle, passant des larmes au rire et du rire aux larmes de soulagement, s'exclamant :


"- C'est le Ciel qui t'envoie, pour sur!
Et ta teinture et les savons feront des merveilles sur les plaies infectées."


Feuilllle ouvrit une outre récemment livrée, sans même se dire que ce qu'elle prélèverait manquerait forcément un jour à un plus démuni qu'elle, sortit sans hésiter une corne à boire et la remplit jusqu'à ras bord, éjectant même quelques gouttes mordorées sur leurs vêtements.
Elles burent toutes deux de concert une excellente liqueur d'Armagnac, avec délectation, distillée à la perfection.
Sans doute une légère ivresse ne ferait point de mal : le Dispensaire était monté, et bien qu'il ne fut point prévu originellement qu'elle s'en occupât, il faudrait bien le faire vivre, à présent qu'il était là !

Une des volontés de Monseigneur étant de partager ce dispensaire, elle en arrangea l'ouverture principale comme il le fallait.

Puis elle transcrivit en étranger une affichette, conformément au désir de trêve ambiant :


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Feuilllle
Toutes deux penchées sur les plans en salle d’accueil, Esquimote et Feuilllle suivaient du doigt les divers accès aux différents lieux du dispensaire. L’archidiacre en expliquait les diverses étapes de la construction à son amie.

… L’édifice de pierres et de poutres était fortement imprégné de l’architecture religieuse, naturellement, et chaque porte d’accès était ouverte, bien que surveillée.
L’orientation du Dispensaire avait été étudiée avec soin : il fallait qu’elle alliât le fonctionnel au spirituel : au Sud, la Grand-Place du Mans et sa Cathédrale, le cœur battant de la ville, rythmé par le son des cloches ; à l’Ouest, des étals bordaient Sainte Hildegarde, et ceux-ci longeaient de multiples habitations et échoppes de ville. Le Nord donnait sur l’Huisne, et la ville continuait encore derrière la rivière, enjambée par un solide pont habité. A L’Est, la chapelle et son cimetière, eux-mêmes bien encadrés et la ruelle adjacente, plus calme que celle de l’ouest, menait vers les champs et le moulin appartenant au Clergé.

Un peu plus loin, des greniers du dernier étage ou du clocher de la petite chapelle, le regard pouvait apercevoir un fouillis de toits plus ou moins entretenus, puis la grande forêt…

L’entrée principale à auvent du Dispensaire donnait sur la ville, presque en son cœur, en face de la Cathédrale, dont l’ombre de sa rose des vents surélevée de la Croix aristotélicienne semblait indiquer de sa pointe le Dispensaire, aux alentours de la mi-journée.
Par cette énorme porte cochère, les visiteurs pénétraient sur une cour entièrement dallée, arborée légèrement de végétation basse sur ses quatre bords, et dotée dans sa partie N.E. d’une fontaine vive. La grande vasque ronde offrait une eau claire et fraiche, et pouvait alimenter par deux conduits de pierre souterrains écuries et cuisines. Initialement une source sourdait à cet endroit, et le fontainier l’avait judicieusement canalisée et incluse dans les plans. Son doux bruit de cascade frémissait en tout temps.

La cour elle-même était entourée d’un abri de pierres balisé de colonnes, cernée par les locaux sur tous ses bords, à la manière d’un cloître. Diverses portes intérieures, plus ou moins interdites aux gens de passage, ouvraient de ce côté sur les multiples locaux à deux étages, auxquels on accédait par de grands escaliers situés aux quatre coins du bâtiment.
Vu de la Grand-Place, l’aile ouest menait aux écuries bien paillées, et à une salle d’aumônes, aménagée de tables et de bancs;

L’aile gauche présentait son Accueil et Informations, et les bureaux administratifs : archives, puis la bibliothèque, qui commençait à être bien fournie. Un copiste devait s’y trouver à demeure, mais personne ne se penchait pour l’heure sur le pupitre bien achalandé de plumes, grattoirs et d’encres diverses, offertes gracieusement par un Noble du Mans, ainsi que plusieurs parchemins et vélins de qualités différentes.
Les bâtiments de gauche étaient réservés aux salles communes temporaires (certains convalescents pourraient du reste y vivre quelques temps,) aux cuisines et à la lingerie.

Le fond était la partie hospitalière proprement dite : un bureau de médicastre, des chambrées, cloisonnées pour ralentir les épidémies, une stalle attribuée aux gardes malades, une pièce d’opérations réservée aux barbiers-chirurgiens, bien calfeutrée pour éviter que les cris des pauvres patients ne terrorisassent tout le monde !

L’on préparait potions et onguents à l’apothicairerie et à l’herboristerie, situés dans la partie Est du contexte, puis c’était la chapelle, dotée de pauvres Objets du Culte, Feuilllle n’ayant pu se procurer que le minimum durant cette sombre période ; cependant ils étincelaient, bien frottés par les Vagabonds qui travaillaient régulièrement à l’église pour cinq écus la journée, (cela leur procurait une certaine reconnaissance, et la considération des citoyens).
Ils trônaient sur l’autel de pierre, sobre et orné d’un vase qu’elle n’avait pas eu le temps de fleurir, aux côtés du Livre des Vertus. La petite chapelle était accolée à son cimetière et par quelques jardinets de petites surfaces plantées d’herbes rapidement cueillies en cas de besoin urgent.

Feuilllle fit remarquer à Esquimote le discret passage qui reliait une salle mortuaire vers la chapelle, pour une préparation et un transport des corps discrets vers la chapelle …

Il faut dire que l’architecte s’était arraché les cheveux, (quoique sa calvitie précoce ne lui en fournisse que de bien rares spécimens) pour respecter les impératifs spirituels de construction religieuse de la petite demeure Du Très-Haut en relation avec les possibilités du terrain !


L’étage, de même surface et de même forme que le rez- de- chaussée, était réservé davantage aux installations plus longues, et les salles communes y étaient nombreuses : dortoir de l’orphelinat, salle commune de l’hôpital, de l’asile, quelques salles de gardes et chambres de hauts fonctionnaires disponibles en cas de besoin, et même un réfectoire commun alimenté par un remonte-plate rustique mais large et fonctionnel ; lesquelles salles résonnaient encore de cet écho spécifique au vide, et sentaient toujours la chaux insuffisamment sèche, malgré les grandes cheminées activées par les ouvriers pour en faciliter le durcissement par évaporation.
La réserve de paille et de foin, que l’on remplissait de l’extérieur par un système d’élévateur à poulie, possédait une trappe d’ouverture interne, ce qui permettait d’y laisser tomber ce qu’il fallait de fourrage quand il y avait besoin.

Le dernier étage, des soupentes toutes en énormes poutres solides, devenaient les greniers indispensables à tout édifice important : ceux-ci seraient classiquement utilisés pour les étendages des linges et la déshydratation des plantes médicinales et alimentaires, ainsi que pour engranger le grain et les réserves sèches (cochonnailles).

Les caves quant à elles serviraient autant de garde-manger que pour placer tonneaux et barriques de vins, cidres et bières, mais le Dispensaire avait peu l’usage de ces dernières denrées. Cependant certaines boissons alcoolisées pouvaient entrer dans la confection de quelque pharmacopée…




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--Damemahaut


... Penchée sur les plans que lui avait confié Feuilllle, elle releva la tête sur un bruit inhabituel : un groupe de mioches s'ébattait sans complexes dans la grande cour, livrés à eux-mêmes puisque tous les adultes ou presque étaient à la célébration du mariage d'Esquimote et d’Elendillefin en Cathédrale.

Dubitative, vaguement intriguée, elle les observa un moment, des fenestrons donnant sur l'intérieur : ils semblaient tous calmes, mais aurait voulu être une mouche pour entendre ce qu'ils se disaient, car ils avaient l'air fort concentrés!
Elle reconnut certains des enfants, ceux de Laval t de Mayenne en tout cas ! Elle les avait rencontrés lors de son arrivée en Maine.

"- Mais pourquoi ne sont-ils pas à l'office? Auraient-ils échappé à la vigilance des diaconesses et de leurs parents, par hasard ???
Et que préparent-ils!!!"


Elle savait d'expérience qu'un regroupement d'enfants n'était jamais anodin, surtout si celui-ci n'était pas à la place prévue au juste moment par les adultes!
heureusement, ils paraissaient tous en bonne santé! Et plein de cette énergie spécifique aux gamins excités à l'idée d'entreprendre quelque chose!


*Las! Il vaut décidément mieux aller y voir de plus près! Et rapidement! Ils ont du se réfugier ici pour être à l'abri des regards connus.*

Elle rangea plans et ordonnances, cédules, décrets et autres paperasses qu'elle avait étalées pour mieux les étudier.
Elle retint un rire, se rappelant ses frasques enfantines dans un village qui l'épiait particulièrement plus par curiosité amusée que par envie de la reprendre car elle n'avait jamais manqué d'imagination à ce niveau et en avait entrainé plus d'un dans le passé à la punition!
Mais quelles parties de plaisir...

Elle était inconnue de la plupart des Mainois et les enfants ne se méfieraient point d'elle, visage enfoui sous un capuchon de moine qu'elle avait récupéré dans un coin, et houppelande usagée...
Elle se munit de seaux, et d'un pas décidé se dirigea vers la fontaine, là où les enfants discutaient parfois de façon véhémente...
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--Lesmioches
Colin, solide gaillard de 12 ans et incontestablement chef de bande :
"- Non ! Vaut mieux faire comme j'ai dit!

Constance, jeune damoiselle de 11 ans et des brouettes...
"- Mais ça va être difficile, on n'aura pas le temps! On va se faire pincer!"

Colin, à Maurin, bambin débrouillard de 7 ans :
"- Va voir où ils en sont à l'église, vite et te fait pas voir!"

Il y court d'une traite, encastre son petit visage chafouin dans l'entrebaillure des vantaux, puis revient dare-dare, essoufflé :
"- Y z'en sont à l'homme au lit seulement. C'est le début ça hin?"

Éclat de rire des plus grands...

Germain, condescendant : (il a quelques mois de moins que son copain Colin)
"- Homélie Petit, Homélie! Tu ne sais pas ça encore?"

Blanche, 11 ans, légèrement moqueuse :
"- Voui normalement c'est le début, on en encore le temps. On t'a vu?"

Maurin : "- Ch'crois pas."

Hermance, surnommé Grelot car il en a toujours dans ses poches, un gamin déluré de 9ans (il a le rythme en lui et veut devenir troubadour et jongleur quand il sera grand) :
"- Ben vaudrait mieux pas! Pi faut faire gaffe à la diaco, elle a des yeux partout!"

Colin, ricanant :
"- Elle nous trouvera po! Elle saura pas qu'c'est nous! On a le temps ! On file chez le père Fauchon et on s’y met tous. Pi elle a pas dû nous voir sortir avec le monde.

Maurin : "- Mais elles vont faire du bruit ! Ça va leur faire mal ? »

Colin : « - Pas si on fait doucement ! Non de toute façon j’en ai déjà en réserve que j’ai ramassé dans les cuisines du château. Qui a la graisse de mouton ?»

Nicolas : « - J'l'ai po sur moi. Ça sentait trop le suint, j’lai mis dans une vessie de porc et laissé dans un trou près de la cathédrale. On voit rien, y’a un gros caillou dessus, c’est mon père qui l’avait envoyé à ma mère à son anniversaire. »
Constance : « - Bonne idée. On s'ra pas repéré par l'odeur comme ça. On récupèrera l’outre en même temps que Clo. Elle va pas s‘en apercevoir ta mère ? »

Nicolas : « - Penses-tu ! Elle a oublié depuis longtemps ! »

Blanche : « - Toute façon, tu le reposeras quand on aura pu besoin. »

Tancrède et Germain , 10 et 12 ans , acquiescent d’un hochement de tête.

Aude, sœur de Clothilde et de Mélisande, respectivement 9ans et demi, 12ans e et 11 ans :

"- Mais où est Clothilde?"

Melisende, d'une moue dédaigneuse:

"- Pffffff ! Elle s'est habillée en rose et bleu, belle comme une comtesse, elle a préféré rester à l'église pour voir toutes les belles robes! Suis sure qu'elle en perd pas une miette! Elle doit s'être faufilée près de l'autel, j'te parie!"

Colin, renfrogné car secrètement amoureux de la Belle Clotilde, l'air de rien :

"- Pff! Perte de temps! T'ira la chercher tout à l'heure ta sœur, faut qu'elle vienne, elle est prévue dans le plan! "

Colin ne veut pas manquer une occasion de briller aux yeux de la Belle Clothilde, facétieuse elle aussi à ses heures...

Aude hoche la tête positivement en ajoutant gravement :
"- Oh elle va venir, elle m'a dit qu'elle voulait juste faire "dazier" un gars!
Bon mais je sais bien qu'elle s'arrange toujours pour voir les belles houppelandes, piquer un ruban à Mère ou faire une dentelle avec tous les bouts de fils de la maison!"


Colin, blême :
"- Elle t'a dit qui comme gars?"

Aude, hochant négativement la tête cette fois :
"- Nan ça elle veut rien dire!"


Mélisende, frustrée :
"- Ouais, on a beau la suivre, elle nous déjoue toujours, notre ainée! C'est une maligne!"

Nicolas, presque 12 ans, malin, observateur et taquin, regard déjà égrillard et murmurant à l'oreille de Colin :
"- T'en pince pour elle hin?"

Colin, l’œil mauvais, chuchotant aussi ; mais s’il pouvait il hurlerait :
"- Tais -toi, toi! Te mêle po d'ça! J’te dis rien pour ta Thiphaine !"

La dénommée en question, Thiphaine, 11 ans, pour l’heure est fort occupée à se mirer le museau dans la fontaine…

Nicolas, regard noir et aussi agressif que son copain :
« - T’a rien à dire sur elle ! Touche po ! »

Les deux garçons se collètent un peu…

Tancrède, le guetteur incontesté de la bande :
"- Gare vous deux, au lieu de vous harponner! V’la du monde qui vient!"

Les deux antagonistes se regardent, ferment leurs visages à toute expression, tient ! Manquerait plus qu’un adulte vienne foirer les plans à cause d’une dispute de rien et fouiner dans leurs affaires !

« - C’est qu’des filles, » chuchote Nicolas à Colin, pour ne pas être entendu des autres.
« - T’as raison, ça vaut pas l’coup d’s’mettre mal pour ça ! » rétorque aussi bas Colin.


D'une connivence parfaite, l’ensemble des Mioches se met en rond et la bande s'abaisse par à-coups, pour « faire-semblant », jouant avec application une partie de "croche-bille" à l’aide de petits cailloux ronds bien opportuns, sortis comme par magie des poches.

Ils ont des physionomies innocentes, on leur donnerait de l’Aristote sans confession...
--Damemahaut
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Dame Mahaut arrive nonchalamment vers le puits, sourire aux lèvres...
Durant tout le temps du dialogue, les plus grands porteront plusieurs fois les seaux remplis, de la fontaine à l’auvent, qu'ils videront dans une auge à bœufs. Ils sont robustes et complaisants, comme toujours dans les villages. Le travail ne leur fait pas peur.
Ils ont entre 7 et 12/13ans : les plus jeunes sont inévitablement avec leurs parents, et après environ 12 ans, qu’ils soient paysans ou nobles, ils sont tous considérés comme des adultes.
Ils sont de toute classe sociale.
Apparemment, il ne manque que la petite Marla dans cette joyeuse équipée très diversifiée…


"- Et bien bonjour Enfants! J'espère que vous m'aiderez à porter mes seaux pleins dans l'entrée! Mais que faites-vous ici? Je pensais que tous les enfants étaient à la célébration du mariage?


Le Chœur des Anges :

« - Oui bien sur Dame ! On va vous aider ! »

Aurèle, 11ans et demi, dit l'Erudit tellement il sait de choses à force de lire, ment avec un parfait aplomb (on sent son expérience en la matière…) et ajoute avec gravité :


"- Non on n'est point d'ici, on attend nos parents qui sont à la Sénéchaussée pour des laissez-passer. »


Dame Mahaut avise le groupe de chérubins qui traine aux côtés des plus grands, se chamaillant et riant sans vergogne : six à huit moufflets dont l’âge s’étage entre sept et neuf ans. Ils jouent non loin de là, à un jeu gymnique bien de leur âge, le court-bâton. Les plus grandes, à qui l’on apprend la vigilance et la responsabilisation très jeune, les surveillent tout en suivant les conversations.

Dame Mahaut : « -Et bien vous êtes nombreux ! Combien de familles ?


Aie ! Une question imprévue… les plus âgés s'examinent, leurs regards farouches et déconcertés s'interrogent. Vivement, deux d’entre eux réagissent au même moment. Dommage que ce ne soit point des réponses identiques !

Colin : « - Cinq ! »

Grelot : « - Six ! »

Aurèle, ton très affirmatif, devant le visage interrogatif de la Dame :


« Six, si l’on veut bien admettre la différence d’un remariage après veuvage Dame.
Et vous Dame? Qui êtes-vous ? »


Il veut vraiment changer de sujet de conversation et placer l’intérêt ailleurs ! Aurèle, bien qu’aussi à l’aise devant duperie et mensonge de toute sorte autant qu’il est bon compagnon, - et c’est un excellent compagnon… laisse échapper un soupir : il sent bien sans pouvoir se l’expliquer qu’il ne faudrait pas que sa famille apprisse cela ! Et puis, là il y a été un peu fort! Il le voit bien aux visages horrifiés de ses amis. Pensez : inventer un remariage !
Dans le dos de la Dame il montre une expression navrée et laisse retomber ses bras, en signe d’excuse.
Il sourit très vite dès que celle-ci, suspicieuse, se retourne.


Dame Mahaut a vu les regards entre enfants et n’est pas née d’hier, même si ce qu’ils racontent est possible : avec tant d’étrangers dans le Comté actuellement, il est difficile de savoir qui est avec qui !!!
Mais elle ne les croit pas. Elle respecte simplement leur secret en songeant :
*-Les enfants de nos jours ont peu de temps libre. Qu’ils en profitent ! Ma foi ils loupent l’office et cela n’est vraiment pas bien, mais bon…*


Cela la fait rire, elle devine sans peine que les parents ne les ont pas beaucoup surveillés ![/i]


Du côté des enfants, on trouve que la Dame a de curieux soubresauts de poitrine, et elle se cache le bas du visage dans son bras relevé ; peut-être est-elle atteinte de phtisie et qu’elle veut le cacher ! Pourtant elle a l’air alerte et solide. Ils s’écartent un peu : il n’y a guère de médicastres encore dans la région.

Elle explique en souriant, voyant l’écart des galopins, en devinant la cause car s’il est une chose que tout parent inculque de force dans les têtes de leur progéniture, c’est bien de s’éloigner des cracheurs, considérés comme dangereux pour la santé !

« - Je suis Dame Mahaut, non non, je ne suis pas pestiférée ! Je viens de loin pour aider au dispensaire et je suis une amie de Feuilllle. Vous la connaissez ?



Une petite intervient, minois mignon et avenant :

« - Eh, faites aussi les passes t'orales ??? Vous savez ze sais po combien de temps on reste, on pourra pitêtre po ! Ze p... AïeeeeeeeeYEUUUUUUUUUUU !!!
--Azeem
Azeem, afin de ne pas troubler de sa présence en tant que sarrazin, était resté non loin du parvis de la cathédrale. D’ici il ne pourrait râter la sortie des nouveaux épousés.

Adossé au
grand chêne, il remarqua quelques bambins épier par le vantail de la cathédrale.

Hmmm que font donc ces galopins… je ne les ai point vus arriver. M’ont l’air d’épier les bourses des invités de la noce..

Les bambins partirent en courant et azeem avait décida de leur emboiter le pas. C’est dans la cour du dispensaire qu’il se retrouva un peu surprit.

Près d’un puit, une dame héla les bambins. Elle semblait leur demander de l’aide pour porter ses seaux. Hésitant sur la conduite à tenir.. Un homme à la peau basanée tel que lui, armé d’un cimeterre risquait pour le moins d’effrayer les bambins. Certains Lavallois, où des visiteurs du chantier des thermes le connaissait, mais ici…

Il décida d’entrer dans la cour

Courbant le buste, une main sur le cœur Salam Aleykoum Dame.
J’ai pour nom Azeem et je suis du lointain pays d’orient que l’on nomme l’Egypte.
Dites-moi est-ce coutume chez vous que les bambins épient les cérémonies d’épousailles ?
Ohhh ils n’ont rien fait de mal je vous assure, enfin pas encore !

--Damemahaut
Citation:
AïeeeeeeeeYEUUUUUUUUUUU !!!


Ça, c’est un coup de sabot bien senti pour la gaffe ! Aurèle a stoppé l’hémorragie des mots à temps, car la dame n’est point sotte et pourrait s’apercevoir qu’ils mentent tous : s’ils connaissent Feuilllle et ses pastorales, c’est qu’ils sont d’ici tout de même !

Alors que Mahaut se penche avec compassion vers la pauvrette ( elle soulève un peu la houppelande, voit un bleu énorme fleurir sur le mollet peu charnu de la fillette,) un Étranger arrive, surprenant par sa vêture et couleur de peau, qui semble plus marquer son contraste avec la neige environnante.
Les mignards le regardent, médusés : ils observent la différence sans à-priori , c'est une des qualités de leur enfance.


Citation:

"- Salam Aleykoum Dame.
J’ai pour nom Azeem et je suis du lointain pays d’orient que l’on nomme l’Egypte.
Dites-moi est-ce coutume chez vous que les bambins épient les cérémonies d’épousailles ?
Ohhh ils n’ont rien fait de mal je vous assure, enfin pas encore !"


*" Ce doit être un Sarrasin*, pense immédiatement Mahaut, qui n'en n'a jamais vu, mais qui connait leur existence et un peu leurs usages par son amie, qui elle, en bien connu un dans son enfance : l’Ermite qui a tant instruit la petite Feuilllle de l'époque.

Touchée de l'intérêt que cet homme tient aux enfants Mainois, elle porte sa main vers son cœur puis son front, et la dirige d'un geste affable et léger vers lui, l'accueillant en souriant :

"- Messire, vous êtes le bienvenu ici, mais j'espère que nulle blessure ou mauvaise santé ne vous entravent. Vous venez de si loin...


Elle songe aux océans, aux terres qu'il lui a fallu parcourir pour venir jusqu'ici. Dans un tout petit et anodin village de France.

"- Ces enfants ne sont point méchants, je vous le confirme ; juste un peu facétieux et bien entendu, ils ont quelquefois les secrets de leurs âges."


Elle les regarde avec indulgence. Mais la petite sœur se plaint, dit qu’elle a mal et une larme perle au coin de ses paupières : le coup asséné a été trop rude, le garçon impulsif n'a pas appris encore à doser sa force.
Dame Mahaut se tourne vers l'homme, les yeux plissés de rire ^^ ; une complicité d'adulte qui n'échappe point aux enfants... Elle gronde Aurèle :


« - C’est vraiment sauvage et très mal ce que tu lui as fait ! Vraiment ! Comment peux-tu traiter ta jeune sœur ainsi ? Toi qui devrais la protéger vu ton ainesse ! Oui oui, ta sœur ! Je vois bien votre ressemblance ! »


En effet, celle-ci ne fait même aucun doute : même broussaille couleur d’ambre et de miel, yeux bleu- sombre bien arqués, nez en trompette et menton volontaire…

« - Pourquoi as-tu fait cela ? »


« - J'ai po fait exprès Dame !"

De fait elle réalise qu'il a l’air malheureux de son geste trop brutal. Mahaut décide de ne pas insister. Certes ils sont menteurs et préparent un mauvais coup, et ils sont d’ici puisqu’ils connaissent l’archidiaconesse, et aussi ses pastorales !
Bah ! Les bandes d’enfants de tout temps ont joué sur le dos des adultes. En général, ça ne va pas bien loin. L’occasion fait le larron comme on dit, et ceux là n’ont pas l’air bien méchant.
Elle se réjouit déjà du moment où elle s’entretiendra avec Feuilllle, après la célébration ; elle se doute qu’elles riront bien toutes deux. Mais il ne faudrait tout de même pas qu’ils se fassent mal, aussi c’est d’une voix féroce qu’elle leur dit, puisque l’abreuvoir est plein. D’ailleurs elle n’en avait nul besoin, c’était un prétexte pour les interroger un peu.


« - Il va falloir être sage, un jour de mariage ! Sinon vous risquez bien tous d’être grondés d’importance et de travailler plus que de coutume ! »


Les enfants, penauds, baissent le nez…


Puis elle se tourne vers la Petiote, radoucie :

« - Allons Fillette, comment t’appelles-tu et tu as quel âge ? »


La gamine renifle, déjà consolée sous le léger massage de la Dame, le majeur et l’auriculaire gauches dans la bouche. Elle en a vu d’autres avec ses frères, et elle en rajoute pour se faire câliner un peu.

« - Z’ai presque 7 ans, z'm’appelle Agnès Dame. »

Deux doigts baveux sont retombés sur le vêtement fripé. Il lui manque une dent à la mâchoire du haut.


« - C’est un très joli prénom. Viens, je vais te passer un peu de pommade de racine d’arnica, tu auras moins mal ensuite. Suis- moi à l’herboristerie. Allons Aurèle accompagne nous, et sois gentil avec ta sœur.
Restez ici vous autres, et surveillez-moi les animaux en l’absence des palefreniers, partis se sustenter un peu."


Elle se tourne alors vers l'homme, riant, mais lui chuchote bas sa première phrase, de manière à ce que les Barbouillés ne l'entendent pas :


"- Pour vous répondre, Messire, non ils sont normalement cloisonnés aux offices, si je puis dire, quand il y en a. Mais aujourd'hui la célébration religieuse a déplacé pas mal de monde, et ils en ont profité pour s'échapper. Il ne risquent du reste pas grand chose, nos plus grands sont habitués à garder les plus jeunes, et ils sont relativement fiables niveau sécurité. : les accidents sont fort rares."

Puis plus haut :

"- Nous accompagnerez-vous jusqu'à l'herboristerie Messire? Ou préférez-vous surv... Euh tenir compagnie à tous ces Marmousets ?"


La vingtaine de gamins, penaude, se regarde consternée, ils sont tous très embêtés : ils ne désiraient point se faire remarquer ! Manquait plus que ça : un grand Sire qu'ils ne connaissent même pas qui se pointe en plus de Dame Mahaut!

*Et pis, il a une grande et drôle d'épée!
Pensent peu rassurés les plus jeunes...*
*Vrai, l'hostilité des adultes envers les enfants ne cessera donc jamais !*
réfléchissent les plus âgés.

Silencieux, ils rongent tous leur frein de charrette...
--Azeem
De tous les Comtés, les Duchés, les enfants étaient bien les mêmes. La joie de vivre !

Arborant un sourire, il se plia en deux, la main sur le cœur.


Non Dame je vous regracie, je retourne prestement à la cathédrale.
Feuilllle


Le grand homme reparti vers la cathédrale, les gamins se tiennent tranquilles, qui sur la margelle de la fontaine, qui sur un rebord verdoyant de la cour.

Dame Mahaut file vers l'herboristerie, accompagnée de deux enfants, l'une trainant la jambe, l'autre tapant rageusement dans tout caillou minuscule qui a le malheur de se trouver devant ses sabots.
La dame ne compte pas rester à l'intérieur longtemps sans surveiller cette troupe énergique et fantaisiste de bambins livrés à eux-mêmes!
Aurèle attend sagement assis dans un coin, boudeur. de temps il marmonne quelque chose d'inintelligible pour tout autre que lui dans sa trogne d'enfant frustré, et cela fait sourire dame Mahaut.
La petite se laisse soigner sans broncher ; de fait l'arnica a tôt fait de la soulager.


La Dame n'est plus en vue, mais ils savent qu'il faut faire vite! Et réunir le "clan", car c'est bien connu, un groupe est toujours plus assuré s'il est complet.
Sur un signe de Colin, Aude file vers l'église, bien décidée à ce que Clothilde les rejoigne : il est temps qu’ils partent !


Lorsque Mahaut revient avec Aurèle et Agnès, ils discutent sans malice. Le trio est tout sourire.

La dame leur offre a chacun un bonbon au miel, et les remerciements fusent. Les petites mains peu nettes et de plus en plus poisseuses piochent les confiseries inattendues dans sa grande main ouverte pour l’offrande.


Germain, se léchant avec application des paumes tâchées et sucrées :


« - Hum, c’est régalicieux ! »

Mahaut leur lance joyeusement, après s’être rincé les mains à la fontaine discrètement :

« - Allez les « Nomades », débarbouillez-vous visage et menottes, et filez ! Je vous ai assez vu trainer ici, allez jouer plus loin ! Un hospital n’est pas un terrain de jeu !»


Ils courent tous, sans s'éparpiller, et leurs cris sont aussi libres que les ailes des oiseaux. Les grands empoignent les plus petits, et ils s’empressent de s’éloigner, soulagés, d’un lieu qu’ils croyaient désert.

Ils se dirigent vers la place centrale.

Ils ont eu si peur d’être retenus par cette Dame !

De la cathédrale sortent vivement deux fillettes : Clothilde et Aude. La bande de « Drôles » est au complet.


Dame Mahaut rit bien fort en retournant à l’accueil.


Les palefreniers sont de retour : ils apprécient l’aide improvisée. Ils ne sauront jamais qu’ils la doivent à une bande d’enfants dépenaillés ou bien vêtus, mais tous complices et très amis.
Et… à l’imagination débordante !

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