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[RP] A l'aube, à l'heure où blanchit la campagne...

Artheos
RP privé ! Demande obligatoire à moi pour éventuellement vous trouver un rôle Bon jeu et bonne lecture !





A Dieppe, le travail était difficile à trouver. Des salaires d'esclavagistes à quatorze voire treize, une mine d'or où il fallait se présenter dès le matin pour oser espérer avec une pioche et un payement correct... mais Arthéos se levait tard ses derniers temps. Peut-être était-ce dû à sa blessure récente et aux mauvaises nuits blanches qu'il avait passées aux côtés du médecin qui tentait vainement d'apaiser le mal. Les larmes s'étaient échappées à plusieurs reprises de ses yeux bleus qui n'aspiraient qu'à la joie de vivre. Pourquoi tant de souffrances ? Il n'était même pas noble, il n'avait jamais fait de mal à personne ! Il n'avais jamais tué une mouche ou une abeille, dont d'ailleurs il adorait le mystérieux trajet de fleur en fleur. L'abeille était libre, elle volait, dans le sens du vent, se souciant seulement de sa colonnie, ignorant les hommes pour peu qu'ils n'aient pas un bouquet de fleurs fraîches en main ! L'abeille devait travailler, en quelque sorte, elle était proche d'Arthéos. Tous les deux agissaient pour d'autres, à qui ils obéissaient et devaient le respect. Y avait-il des nobles chez les abeilles ? Un jour peut-être le saurait-il... mais pour l'instant, faute de travail financièrement acceptable, le valet avait écouté sa maîtresse et s'était rendu à la pêche. Chaque jour il ramenait un poisson, qu'il mangeait. Si Ana.Lise l'avait vu avec une canne à pêche, il imaginait ses rires et son doux visage sourire une fois la bête hors de l'eau.

Malheureusement, Arthéos sentait que le rire ne viendrait plus jamais. Sa duchesse était triste, fatigué et ne sortait que rarement de sa chambre à l'auberge du Calva Dieppois. Elle avait demandé à son domestique de ne pas s'inquiéter pour elle. Il avait dit oui. Néanmoins, il espérait la voir en ville, parler avec elle en taverne. La seule fois où ils s'aperçurent, Ana.Lise lui expliqua énormément de projets. Le départ de Champagne, une nouvelle vie, contre toute attente. Arthéos avait souri. Les mots ne l'avaient guère convaincu. Pourtant il n'avait rien dit le valet, son sourire valait toutes les peines et les joies du monde. Tantôt festif, tantôt timide, tantôt triste, malheureux, amusé, satisfait. Jamais moqueur.

"Vous êtes le valet d' la dame brune ?
- Sa Grâce de Sedan, oui.

Il arrivait que certaines personnes l'interpellent en taverne. Tout le monde savait plus ou moins que le jeune attendait sa duchesse. Tous se demandaient si elle existait vraiment. On se moqua même du fantôme inexistant qu'Arthéos recherchait. Triste et blessé, il se retirait, silencieux, une larme sur sa joue rougie par le froid. Les larmes ne se glaçaient pas. Elle venait du coeur, et celui d'Arthéos bouait. Il s'inquiétait.

"Vous d'vez savoir qu'elle est partie, v'là... euh... cette nuit.
- Vous faites erreur, nous voyageons ensemble.
- On dirait qu' c'est la fin du voyage.

Cette réplique tourmenta Arthéos au plus profond de lui. Ana.Lise ? Partie ? Sans une lettre pour lui ? Partie où ? La fin du voyage... qu'allait-elle entreprendre ? Non, c'était impossible. Il quitta la taverne et si dirigea vers l'auberge municipale. Les volets de la fenêtre où il la voyait parfois regarder au loin, solennelle, étaient fermés. Elle devait probablement dormir. Il devait être la fin de l'après-midi. Il n'y croyait pas. Lentement, il monta les escaliers menant aux chambres. Il ne voulait pas la déranger. Le valet toucha la porte. Il laissa glisser sa main si douce, malgré les épreuves quotidiennes, mais il la retira bien vite quand une épine vint le blesser. Décidemment.

Arthéos savait qu'elle était derrière cette porte. Cela ne ressemblait pas à sa maîtresse que d'oublier quelqu'un, encore moins son homme de peine, son confident, son... son ami... Bien que l'amitié entre un noble et un domestique pourrait être très controversée et mal vue... Mais Ana.Lise n'était pas de ces gens qui jugeaient sans savoir. Ne comprenant pas tout, Arthéos se colla contre le mur du couloir et se laissa glisser jusqu'à atteindre le sol. Assis à côté de la porte, il attendait que celle-ci s'ouvre et laisse apparaître la duchesse.

Triste, perdu, confus, le jeune homme sortit un mouchoir que la duchesse avait brodé sur lui. Sur le tissu figurait un beau A en lettre majuscule. Que signifiait-il à cet instant ? L'initiale du domestique pour lequel la maîtresse avait cousu ? Ou l'initiale de la maîtresse à laquelle le valet pensait, inexorablement ?

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Deedee


[Dispensaire de Dieppe – un matin si froid… trop froid]

Il y a des jours, des matins que l’on ne voudrait jamais voir arriver. Des jours tristes et froids comme ce matin de décembre où la neige venait recouvrir la campagne d’un épais manteau blanc et surtout, glaciale. C’était d’habitude une saison qui réchauffait le cœur de la Baronne. Une saison où elle aimait se promener dans cette neige, l’entendre crisser sous ses pieds, entendre les rires de ses enfants s’en donner à cœur joie, mais cette fois, cette fois la jeune femme s’était contenté de voir la neige s’amonceler dans les rues de Dieppe depuis la fenêtre de sa chambre du dispensaire.

Tout juste remise de cette mauvaise rencontre qui l’avait cloué au lit des jours durant, Adeline ne sortait pour ainsi dire pas. Préférant rester au chaud dans cette masure qui lui servait de refuge ne faisant le chemin que de son lit au grand fauteuil près de la cheminée et du grand fauteuil à son lit. Et ainsi emmitouflé au coin du feu, la jeune femme pouvait réfléchir aux quelques dossiers qui lui arrivait régulièrement et recevoir les quelques visiteurs qui osait passer la porte du dispensaire. Elle s’était d’ailleurs étonné plus d’une fois de ne pas revoir sa chère duchesse, son amie, sa complice des jours de pluies. Elle avait appris par la Bert qu’elle l’avait conduit jusqu’ici, la laissant entre de bonnes mains avant de repartir. Repartir… mais pourquoi n’était-elle pas revenue la voir ? Elle ne pouvait pas être repartie sans lui dire au revoir, c’était tout simplement impossible…

-Baronne ? Un message vient d’arriver pour vous.
-Un message dis-tu ?
-Oui oui, une jeune dame avec un bébé est arrivée et l’a déposé avant de repartir aussitôt.
-Mais pourquoi ne l’as-tu pas fait entrer pour que je la rencontre ? Ce n’était pas la Duchesse de Sedan au moins ?
-Et bien… non, non ma Dame… Enfin… je ne pense pas. Mais elle était pressée, un bateau à prendre qu’elle avait dit…


Adeline secoua la tête, légèrement inquiète tout de même. Qui pouvait bien être pressé au point de délivré un message de la sorte et partir ? La missive dans la main elle s’installa néanmoins auprès de la cheminée pour profiter de la clarté de la flamme et de sa chaleur et commença la lecture du dit message, si important….

Citation:
Très chère Adeline,

Si vous lisez ces quelques lignes c’est que Eliette est venue vous remettre mon dernier courrier… Oh ne faites pas vos gros yeux tous ronds mon amie, il est temps pour moi de tirer ma révérence. Je sais que vous aurez du mal à comprendre mon geste, vous qui êtes mère avant d’être femme mais je n’avais pas le choix Adeline, vraiment pas… J’ai connu la souffrance lorsque mon époux a voulu en finir avec mon fils et moi, je ne lui laisserai jamais le choix de recommencer.

Mais avant toute chose, avant ce départ que je vais entreprendre il faut que vous sachiez que vous avez été la meilleure des amies. Vous m’avez recueilli, pris soin de moi, enchanté ma vie durant mes quelques mois à vos côtés sans compter ce que vous avez fait pour mon fils, merci chère amie précieuse, merci sincèrement de tout. Vous savez Adeline, j’ai trompé mon mari à plusieurs reprises et j’ai souffert de cet amour que je donnais aux autres mais aujourd’hui mon coeur appartient à quelqu’un que je chéris du fond du coeur. Malheureusement, cette personne a fait souffrir tant de gens autour de lui. Vous entendrez parler de lui prochainement. Il s’agit de Brylastar, l’ancien chambellan de champagne. Il sera bientôt accusé de trahison et mourra pour avoir donné les siens et fomenter des plans contre le DR et la reyne. Je ne peux vivre sans lui Adeline, mon coeur se déchire de savoir qu’il va être exécuté et même si il est félon à la couronne, plus rien ne me rattache à ce monde s’il n’en fait point parti.

Mon amie, je vous en conjure, ne soyez pas triste pour moi. J’ai vécu et aimé comme je l’entendais et si ce soir je m’apprête à fermer les yeux définitivement, sachez que je garde en mémoire que les meilleurs moments de ma vie avec mes amis. Je suis heureuse Adeline, véritablement heureuse et mon bonheur je vais le partager avec mon fils et cet homme merveilleux jusqu’à la nuit des temps.

Mon amie, Arthéos est encore en Normandie, à Dieppe pour être exact, je l'y ai laissé moi-même. Voudriez-vous prendre soin de lui pour moi ? Il m'est très cher et je crains que le pauvre garçon ne retrouve aucune une maison à sa valeur sauf si vous le prenez vous-même sous votre aile...

IIl est temps maintenant pour moi de vous laisser. Mais avant cela, j’ai une dernière faveur à vous demander Adeline. Vous êtes celle qui saura quoi faire… Vous trouverez ci-joint un pli à faire remettre à ma cousine dans les plus brefs délais. Serait-ce trop vous demander que de lui faire parvenir ? Désormais, je garderai un œil de là haut toujours dans votre direction et celle de vos enfants. Soyez-en certaine douce amie et ne pleurez point Adeline. Au contraire, souriez à la vie et faites qu’elle soit toujours belle à vos côtés, vous le méritez.


Avec toute mon amitié, sincère et éternelle.
Ana.


La lecture de la missive ne fut pas aisée, et la jeune femme dut s’y reprendre à plusieurs fois pour lire et relire certain passage devenu trouble par les larmes qui inondaient ses yeux prêts à se laisser glisser le long de ses joues pale. Elle avait du mal à comprendre, du mal à réaliser. Comment ? Pourquoi ? Ca ne pouvait pas être ainsi, ça ne pouvait pas être possible ?
Et pourtant… pourtant les mots étaient couchés sur ce parchemin, criant de vérité, hurlant une détresse qu’elle n’avait pu soulager. Son amie était partie… Emportant avec elle ses rêves, ses rires et sa douceur… Ana…
Partie… D’avoir trop aimé, trop espérée. Elle si fragile sous les apparences qu’elle se donnait, elle si chétive malgré la force qu’elle dégageait… Ana était partie…

Adeline eut du mal à se contenir, du mal à ne pas laisser éclater son chagrin et sa peine imaginant la souffrance de sa jeune amie. La surprise de la nouvelle passer c’est une vague de colère qui submergea son cœur et la baronne envoya valser tout les objets poser en trophée sur le haut de sa cheminée.
Enragée ! En colère après tout le monde, après tout ceux qui lui avait fait du mal, et en colère après elle même de n’avoir pas été là…. Peut être qu’elle aurait pu, peut être qu’elle aurait su, peut être que…
Peut être que tout cela n’aurait rien changé finalement.

Et la colère laissa place à la tristesse, la douleur, et les larmes retenue jusque là finirent par trouver leur chemin sur les joue de la Baronne qui se laissa tomber dans le fauteuil submergé par le chagrin.
Elle était partie…



[Il pleure dans mon cœur….]

La rivière de larme avait fini par se tarir et Adeline s’était relevée songeant à cette amie qui n’aurait pas accepter qu’elle se mette dans un état pareil. Combien de fois lui avait-elle répéter de vivre et de sourire à la vie. Même dans sa dernière lettre, elle avait pensé à elle, penser a des mots capables de la secouer.
Adeline s’était donc relevé, et avait pris la direction de l’Auberge où la duchesse avait dû loger de longue semaine durant. Elle devait respecter ses dernières volonté, trouver cet ami sur qui elle devrait veiller, mais surtout, s’assurer qu’elle n’avait rien laissé là bas, dans cette chambre, pour rien au monde elle n’aurait voulu que la mémoire de la duchesse ne soit bafouer.

-La duchesse de Sedan ? M’enfin tous l’monde veut la voir c’pas possible ! Si ça vous amuse d’voir une chambre vide, j’veux bien moi.

La baronne n’avait pas prêté attention aux jérémiades de l’aubergiste et sans attendre elle avait gravit les marches menant à l’étage le cœur battant et les jambes tremblantes. Que trouverait-elle là-haut ? Et si tout cela n’était qu’une mauvaise plaisanterie ? Et si elle fermait les yeux un instant, peut être la verrait-elle apparaitre sortant de sa chambre et lui sourire, si belle et si…. Fragile…
Trop fragile…
Adeline fit un pas dans le couloir menant aux chambres avant de fermer les yeux. Sa main valide s’appuya contre le mur un instant essayant de se rappeler, son visage… son rire… son…


-Ana…

Ce fut un simple murmure qu’elle laissa échapper ouvrant les yeux de nouveau pour apercevoir… un jeune homme, assis contre le mur. Elle s’approcha alors de lui, doucement, il semblait attendre, perdu, plonger dans ses pensées, ou ses souvenirs, mais si loin de Dieppe actuellement.

-Je peux vous aider ? Vous…. Vous attendez quelqu’un ? demanda alors la Baronne d’une voix encore tremblante par l’émotion et les sanglots coincé et douloureux.


Lettre publié avec l'accord de la joueuse d'Ana.Lise...

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Artheos



A quoi pensait-il, le jeune homme du peuple ? Pensait-il à quelque aventure ou quelque souvenir ? A vrai dire, tant de pensées circulaient dans la tête d'Arthéos. Jamais il n'avait imaginé qu'un homme puisse tant réfléchir. Et pourtant. C'était toujours dans les pires moments de sa vie. Les dernières fois qu'il avait pensé, c'était pour sa blessure, c'était pour son professeur et son curé, c'était Elyaelle. Aujourd'hui la suite logique s'achevait lourdement. Depuis combien d'heures attendait-il, assis devant cette porte de misère ? Le plus difficile fut de ne rien entendre de l'autre côté : pas un bruit, pas un murmure. Mais où était-elle passée ? Arthéos commençait à douter de tout ce qu'elle fut pour lui. Avait-elle été sincère quand elle l'appelait son ami, quand elle affichait ses projets ou quand ils échangeaient leurs lettres du chagrin ? Toute cette tristesse et ces doutes blessèrent profondément le valet. Peut-être ne le supportait-elle plus et qu'elle l'avait abandonné au fin fond de la Normandie pour qu'il ne la gêne jamais plus, pour qu'il ne revienne jamais à Chaumont... Une larme perla indubitablement sur la joue du jeune homme. Larme qu'il essuya de son mouchoir brodé. Tout ce qu'il était devenu, il le devait à sa duchesse. Elle l'avait autrefois sauvé du froid et recueilli en sa mesnie. Personne n'avait eu cette gentillesse. Une seule personne, la bonté incarnée, les crocs des autres loups près à déchiqueter au moindre premier faux pas. Quelle rumeur ne circula pas sur eux ! On les avait dit amants ! Alors qu'Arthéos ne connaissait rien à l'amour. Tous ces nobles, il le savait, énervaient Ana.Lise qui se disait différente d'eux, car elle était partie de rien. Parti de rien, Arthéos était comme elle.

Une voix. Ana.lise ? Non, différente. Réelle ou irréelle ? La réponse était difficilement existante vu l'état du valet. Ses pensées s'effacèrent. Ses yeux bleus qui reflétaient d'ordinaire le calme de la mer, n'étaient plus qu'un océan ravagé par une tempête, et bougèrent en cherchant autour de lui. Une dame, jolie et triste, s'approchait de lui. Il ne parvint pas à comprendre le sens de ses questions mais il hocha toutefois la tête. Aux accoutrements de cette dernière, Arthéos se leva durement et défroissa un peu ses vêtements. C'était une noble, à n'en point douter. Et malgré ses émôtions, l'Etiquette devait être respectée. Si elle n'était pas de sang noble, elle était bourgeoise. Mais les gens de bonne famille qui pleurent sont rares et ne s'affichent pas devant le Peuple. Qui était-elle ? Que lui voulait-elle ?

Plutôt sur la défensive, Arthéos était résolu à ne laisser entrer personne déranger sa maîtresse. Il inclina la tête, croisa les mains le long de son corps et parla d'une voix douce, secoué par quelques tremblements :

"Je... j'attends Sa Grâce de Sedan... je... je suis son valet...

Il sourit tristement à l'inconnu et patienta. L'usage voulait qu'on respecte un noble jusqu'à ce qu'il tourne le dos. Arthéos sentait néanmoins une extrême gentillesse émaner de la dame aux sanglots. Mais on avait toujours plus ou moins pitié des gens en détresse. Aussi fallait-il s'en méfier. Malheureusement, il n'en avait pas le coeur. Arthéos savait au plus profond de lui, qu'Ana.Lise n'était pas à l'intérieur. Aussi, il laissa tout le loisir à l'inconnue de profiter de la chambre qu'elle venait peut-être de louer. Mais où irait-il ? Que devait-il entreprendre ? Ciel ! C'est une terrible épreuve que tu envoies une fois de plus sur le plus doux de tes dévoués. Pourquoi ? C'est injuste ! L'injustice semble le pouvoir du destin ! La fatalité rattrapait toujours Arthéos, quelque chemin qu'il prenait. Parfois le valet prenait de l'avance sur elle ; et il payait deux fois plus. Autant être immédiatement enseveli. Qui regretterait sa fin après tout ? Personne ! Il fallait bien s'y résoudre. Pas un seul homme ne se souviendrait de son passage sur terre. A quoi poursuivre, si on lui prenait à chaque fois ceux qu'il chérit ? Ana.Lise... où êtes-vous, ma dame ?

Il rencontra les yeux humides de la belle dame et détourna aussitôt le regard. Un domestique qui fixait un noble faisait acte de défi et ne méritait rien d'autre que le châtiment. C'était ce qu'il avait appris autrefois, c'était ce qu'il avait oublié avec Ana.Lise...

A quel passé devait-il se fier ?

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Deedee


"Je... j'attends Sa Grâce de Sedan... je... je suis son valet...

Les mots vinrent frapper sa poitrine comme une flèche reçue en plein cœur. Son valet… Son ami… La duchesse… Et aussitôt les larmes refirent surface noyant ses prunelles, sa gorge se noua et Adeline dut faire face, une fois de plus, se contenir, ne pas se laisser aller… Elle lui avait promis. Déglutissant avec peine la jeune femme fit un pas vers le valet, elle devait lui parler, ouvrir la bouche et lui parler. Elle devait lui dire que la duchesse ne reviendrait plus, lui dire qu’elle était partie pour un endroit bien meilleur, elle devait lui dire…. Mais comment annoncé une telle nouvelle ? Les mots se mourraient dans le fond de sa gorge, prisonnier des sanglots qu’elle ne voulait laisser sortir.

-Ar…. Artheos ? Vous êtes bien Artheos ? Finit-elle par laisser sortir dans un mince filet de voix.

Oui c’était lui, ça ne pouvait être que lui, qui donc pourrait être aussi dévoué pour attendre et attendre sans faiblir sa maitresse, Ana ne parlait pas de lui comme un valet, comme un simple domestique, c’était bien plus que cela, bien plus. Et Adeline le comprenait, en voyant là cet homme attendant simplement…. L’impossible.
Mais comment lui dire….

Le voyant détourner le regard, la baronne fit un dernier pas vers lui et lui tendit sa main valide. Au diable les convenances entre la noblesse et la roture, au diable tout ce qui se disait, au diable les préjugé, la jeune femme ne voyait là qu’un homme en peine, comme elle. Un homme a qui elle allait apprendre qu’une personne chère venait de quitter ce monde, comme elle l’avait appris elle même, et dans ces moment là, quel différence y avait-il entre noble et domestique ?


-Je.. Je suis… Je suis Adeline de Courcy, une amie de… de…

Les mots restaient coincés dans la gorge, refusant de sortir. Pris au piège par ses sanglots, ses larmes qu’elle refusait de laisser sortir, mais pourtant…. Pourtant elle devait lui dire.

-Une amie de la duchesse…elle me... elle me parlait souvent de vous…

Un léger sourire se dessina sur les lèvres tristes de la Baronne au souvenir des paroles de son amie. Voir ses yeux qui s’illuminait lorsqu’elle lui parlait de lui, entendre son rire lorsqu’elle évoquait quelques unes de leur aventure, Adeline ne pouvait oublier, tout comme elle ne pouvait oublier ses derniers mot, couché sur cette lettre qu’elle portait sur elle, tout contre elle. « Prenez soin de lui… Il m'est très cher»
Oh Ana… Très chère Ana… pourquoi avez-vous fait cela, pourquoi nous avoir abandonné… Et sans le vouloir, sa vue se brouilla de nouveau, secouer par l’image de la duchesse qui venait se superposer à celle du Valet debout devant elle. Non, elle ne devait pas se laisser aller a son chagrin, non elle ne devait pas, elle devait être forte, à l’image de son amie qui avait tant et tant souffert sans jamais sourcilier, elle devait elle aussi se montrer forte comme elle lui avait promis et pour cet homme en face d’elle qui semblait déjà bien miner par l’attente et l’absence de ces nouvelles.

Adeline releva la tête, déglutissant avec difficulté et fit les derniers pas qui la séparer de la porte de cette chambre. La main toujours tendu vers le Valet, elle parvint à articuler quelques mots supplémentaires tentant de le mettre en confiance.


-Arthéos…. Vou… voulez vous entrer ? Je vais demander a l’aubergiste de nous porter quelque chose de chaud, vous devez être transi de froid a rester là. Et puis je… je dois vous parler… de la Duchesse… d’Ana.Lise…Arthéos…

La Baronne baissa la tête. Dur… C’était terriblement dur. Comment pourrait-elle lui dire ? Comment pourrait-elle le convaincre ? Mais elle ne pouvait le laisser là….
Doucement, elle poussa alors la porte de la chambre… vide. La jeune femme ferma les yeux un instant et dégluti une nouvelle fois avec peine avant de se tourner vers le jeune homme, la main toujours tendu, dans un geste simplement amical, loin des convenances, loin des protocoles, loin du monde cruel qui les entourait.

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Artheos



Arthéos ? Oui c'était peut-être lui. Il n'en était plus tellement certain à vrai dire. Une ombre n'a pas d'identité, comme elle n'a pas de présence. Seuls les sentiments obscurs la subjugaient. La colère, la tristesse, le chagrin, la nostalgie et toutes les mélancolies. Loin du réel, le valet parvint à se poser une autre question, tellement pertinente : comment connaissait-elle son nom ? Avait-il bien entendu ? Avait-il vu ses lèvres s'entrouvrir avec difficulté pour l'appeler ? Il n'était pas encore totalement fou. Qui était-elle ? La réponse ne tarda pas. Adeline de Courcy... voilà qu'il se souvenait. Ana.Lise avait voulu le confier à cette baronne quand ils étaient séparés, l'un en Normandie l'autre en Artois. Malheureusement, il n'eut pas le courage d'aller à sa rencontre. Et aujoud'hui, elle était en face de lui. Une amie de la duchesse. Elles étaient bien rares les personnes qui pouvaient prétendre à cette amitié. Aussi Arthéos douta-t-il. Pourtant, Adeline disait qu'Ana.Lise lui parlait souvent de lui. Il sourit. C'était bien son genre. Tellement contente d'avoir trouvé sa perle rare.

Alors Arthéos tenta de lever les yeux sur la baronne. Elle tendait sa main vers lui. Oh ! Qu'elle devait être douce cette main ! Mais elle lui semblait si lointaine, si intouchable, qu'il ne fit aucun mouvement pour l'attraper. Non, c'était déconvenu. Alors devant son silence, Adeline passa devant lui. Son idée était très claire : entrer dans la chambre. Son bras toujours tendu qui n'aspirait qu'au domestique. Commander quelque chose de chaud. Transi par le froid. Tous ces détails frappèrent Arthéos en plein coeur : c'était exactement de cette façon qu'il avait rencontré sa duchesse. Un jour d'hiver, il devait y avoir un ou deux ans, le temps s'emballait dans ses yeux, assis dans la neige, Ana.Lise l'avait repéré et lui avait offert une soupe et du vin, avant de l'embaucher. Elle l'avait sauvé ce jour-là. Et voilà que tout réapparaissait. Tout finissait comme tout avait commencé. Cette tristesse mélancolique arracha une larme au valet.

Entrer dans la chambre de la duchesse ? Oh ! Le matin oui, pour lui apporter son petit-déjeuner. Qu'est-ce qu'il aimait la réveiller avec la bonne odeur du pain et un peu de lait chaud, sur un plateau. Lui se levait tôt pour qu'elle ne manque de rien. Les fruits... elle en raffolait. Il sourit... Entrer dans cette chambrer impliquait une certitude : celle qu'Ana.lise n'était plus là. Et il ne voulait pas s'en rendre compte. Elle ne pouvait pas l'avoir abandonné. Mais Adeline attisa sa curiosité. La baronne devait lui parler de la duchesse. Tout restait à supporter. Le pire ? Arthéos l'avait déjà envisagé et ne l'envisageait pas.

La porte s'ouvrit. Les volets étaient fermés. L'obscurité régnait mais la lumière de l'auberge ne laissait apparaître aucun doute : la chambre était vide. Les doutes d'Arthéos s'accentuaient de plus en plus. Cette disparition, la tristesse de la baronne ; il était arrivé malheur à Ana.Lise. C'était une chose certaine. Dès qu'elle voyageait, elle avait des soucis. Par combien de fois avaient-ils rencontré des brigands tous les deux ? Ah ! Tristesse. La jolie main de la baronne. Arthéos vint l'effleurer, tremblant, avant de s'en saisir. Elle était douce, oui, évidemment. Ce contact le rassura infiniment. Il n'était pas seul. Il n'était plus seul.

Alors, il entra dans la pièce avec Adeline de Courcy, serrant ses doigts. L'odeur de la duchesse imprégnait encore les lieux. Combien de temps était-elle restée ici ? A pleurer, à penser, à rêver, à décider... Sans lâcher la baronne, Arthéos alluma une bougie. Il ne voulait pas ouvrir les volets pour respecter sa duchesse. Une flamme dans le vent. C'était toute la vie d'Ana.Lise. La pluie dans les montagnes, le vent dans les feuilles. Elle était passée. Oh ! Qu'elle est fânée la fleur, père ! Le temps est assassin, mon fils. Comme la fleur, comme la flamme, comme le fou Stoïcien, Ana.Lise s'en était allée sans se plaindre, sans jeter un cri. La beauté était fragile, la douceur se brisait aisément. Les méchants l'avaient bien compris.

"A... Ana.lise n'est plus ?...

Arthéos s'y était fait. Non, pas tout à fait. Devant la triste mine d'Adeline, il avait immédiatement su.

"Elle s'est fânée comme elle a vécu et souffert... comme la neige au soleil... sans un mot... en silence...

Il lâcha la main de la baronne et s'assit lourdement sur le lit de la chambre. Ses mains essayaient tant bien que mal d'essuyer les larmes qui s'écoulaient abondamment de ses perles bleues. Il regarda Adeline et ne sut pas quoi ajouter. Il avait déjà tout dit, tout résumé la triste vie de cette fleur délicate, belle, fragile et éphémère : la Ana.lise.

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Deedee


Lorsque la main du jeune Valet se glissa dans la sienne, Adeline ne put s’empêcher de la serrer, doucement, mais suffisamment pour s’imprégner de ce contact… Rassurant. Rassurant autant pour lui, en qui elle voulait donner confiance, que pour elle… rassurant de s’accrocher a une présence, une chaleur qui vous rappelle cette être chère partie bien trop vite.
La main d’Artheos dans la sienne, la jeune femme avait l’impression de sentir la présence d’Ana.Lise à ses cotés, encore un peu, juste une peu... Elle esquissa un sourire, pour la forme, pour rassurer Artheos, l’encourager aussi, lui montrer que la vie n’était pas si noir même si… même si dans le fond, son cœur était triste, vide, hurlant de douleur noyé par les larmes mais il était hors de question qu’elle laisse tout cela se voir au grand jour. Elle avait promis, s’était juré même de respecter les dernières volontés de son amie, ses derniers mots couchés dans la peine sur ce parchemin qu’elle gardait précieusement contre son cœur.
Une promesse…

Prenant une profonde inspiration la jeune femme poussa la porte de cette chambre et pénétra dans cette pièce, témoin silencieux des heures de tristesses de la Duchesse. Adeline s’arrêta un instant, sentant son cœur se serrer de plus bel, sentant les larmes monter au bord de ses prunelles prêt à reprendre leur chemin déjà tout tracé sur les joues. Et si… et si elle avait été là plus tôt ? Et si elle était restée avec elle ? Et si elle l’avait accompagné ? Et si…. Et si… Il y aurait tellement de chose a changé, a refaire, mais serait-elle parvenue à l’aider, à ranimer le feu de la vie qui s’éteignait en elle ? Bien malgré elle Adeline connaissait déjà la réponse.

Sans quitter sa main Artheos alluma une bougie, éclairant ainsi faiblement la pièce la sortant un instant de ses sombres pensées. Adeline balaya le regard autour d’elle, découvrant ainsi le dernier passage de la duchesse. Sur la chaise reposait encore son châle, sur la table de travail sa broderie laisser là à l’abandon. Adeline fronça les sourcils, de nombreux effet de la duchesse était encore là, comme si elle avait du les abandonner pour s’enfuir au plus vite… Et poussant un long soupire elle senti a peine la main du Valet quitter la sienne, se dirigeant machinalement vers cet ouvrage qu’elle revoyait encore entre les mains d’Ana, appliquée à porter chaque point sur le tissus.
De sa main valide, elle caressa l’étoffe, suivant du doigt la ligne si fine de la rose dessinée dessus. Le travail était si précis, si minutieux que la rose en devenait parfaite. Si belle, elle se tenait là sur cette étoffe, semblant s’ouvrir vers la lumière, exposant son cœur à la douceur de la vie, cette rose… complètement en contradiction avec ce que devait ressentir la Duchesse et pourtant…

Serrant sur sa poitrine la broderie d’Ana, Adeline se tourna vers Artheos qui avait laissé échapper quelque mot quelque instant auparavant. Elle regarda un instant, glissant son regard de l’étoffe au valet et du valet à l’étoffe.
Fanée… Ana.Lise s’était fanée, comme cette rose s’était épanoui…

-Une fleur cueillit trop tôt ne survit pas longtemps… Même si on la garde dans le plus beau des vases.

Adeline avait prononcé ces quelques mots avec difficultés, posant de nouveau son regard sur l’étoffe. Comme une rose, Ana elle même avait résumé sa vie sur ce tissus, gravant a jamais ce qu’aurait du être sa vie. Une fleur magnifique, éclatante, vivante et belle, c’est ce souvenir qu’elle avait voulu laisser. Comme ses dernières paroles « sourire à la vie » comme cette rose qui souriait à la vie…

- Elle s’en est allée, mais elle a laissé son image a jamais… Regardez.

Doucement, Adeline fit quelque pas vers le jeune homme et se mit à sa hauteur, brisant ainsi toute les barrières réglementaires qui pouvaient exister encore. Elle voulait juste le rassurer, lui montrer que la Duchesse avait pensé à lui, à eux, lui montrer qu’elle serait toujours là, qu’elle était toujours là avec eux. Alors doucement, elle déplia l’étoffe pour la poser sur les genoux du Valet, déployant ainsi devant ses yeux l’image de cette rose si parfaitement dessiné. Elle leva la tête et croisa son regard rempli de larme.

-Vous la connaissiez très bien n’est ce pas ? Alors vous devez savoir qu’elle n’aimerait pas vous voir ainsi…
Artheos….


Elle avait murmuré le prénom du jeune homme, déglutissant avec peine, sentant elle aussi les larmes entraver sa voix, formant cette boule douloureuse dans le fond de la gorge. Par Aristote qu’il était difficile de parler, difficile de ne pas succomber au chagrin une fois de plus. Trop… C’était tout simplement trop…
Adeline se mordit alors les lèvres, soutenant le regard du Valet pour y trouver une quelconque réaction…

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Artheos



Arthéos se morfondait. Il serait resté des jours, des semaines ici, sur ce lit, à dépérir, s'il avait été seul. Il aurait succombé à la soif, à la faim, qu'importait vraiment ! Tout son monde s'écroulait. Où était Ghost ? Où était Flavien ? Envolés, comme le vent sur la neige à peine et délicatement posée, qui fait chavirer les flocons vers d'autres lieux. Oh ! Qu'elle n'aurait pas aimé le voir ainsi la duchesse ! Mais c'était plus fort que lui. Il avait beaucoup pleuré pour ses mentors, il pleurait encore plus pour sa protectrice, celle qui l'avait sauvé. Adeline s'écarta de lui. S'en allait-elle ? Dieu ! Elle avait bien raison... Le chagrin du valet était tellement puissant et inconsolable. Il n'eut pas un regard pour la baronne. Elle disparut simplement de son champ de vision et il ne chercha même pas à savoir où elle fut passée. Le monde est cruel et méchant, on le lui avait toujours enseigné ; pourquoi donc s'obstinait-il à vouloir le sentir beau, rayonnant et miraculeux ? C'était l'espoir d'un jeune fou. Car il n'y en avait jamais eu, de l'espérance. Jamais. Seule régnait la fatalité d'une mort assurée. Alors, pourquoi s'obstiner ? Après tout, plus vite trépasserait-il, plus vite rejoindrait-il sa maîtresse : c'était là tout ce qu'il désirait.

Des mots, une phrase, une voix le sortit de ses songes. C'était Adeline. Elle n'était pas partie : elle était là, juste sur sa gauche. Par surprise, il détourna le regard vers elle. Souffrait-elle au même point que lui ? Il en doutait mais il la savait sincère. La confiance se lisait dans le plus profond des yeux. Et les perles de la baronne brillaient d'une ténèbre hurlante et d'une tempête chagrinée. Elle parlait bien, la jolie et triste dame. Son image ? Que voulait-elle dire ? Alors elle revint vers lui et s'agenouilla devant lui. Oh, qu'il n'aimait pas cette situation. Son sens aiguisé de la noblesse et la roture lui assurait de se méfier. Mais de quoi ? N'étaient-ce pas les nobles, après tout, qui fixaient les lois de la bienséance et de l'Etiquette ? Si l'un d'eux venaient à les rejeter, alors tout était différent. Il n'en était pas moins qu'Arthéos semblât gêné par l'approche de la baronne. Cette dernière déposa sur ses genoux un morceau d'étoffe. C'était une rose. Quelle merveille. Il resta longuement à parcourir les traits de ses doigts tremblants. Il sentait Ana.Lise à travers les courbes de ses dessins. Il la reconnaissait bien là. C'était un souvenir merveilleux. A qui avait-elle voulu laisser cette fleur ? L'avait-elle au moins fait volontairement ? Qui sait... Les lèvres du valet s'entrouvrirent :

"Je... j'aimerais que cette rose soit... notre souvenir, à tous les deux... afin que jamais nous n'oublions...

Ses yeux croisèrent ceux de la baronne dans une infinie douceur. Qui l'eût cru ? Comment avait-il pu parler ainsi à une noble ! Comme si seigneur et esclave pouvaient avoir des choses en commun ! Il s'en voulut d'avoir prononcé ces mots. Aussi, baissa-t-il les yeux. Il serra le morceau d'étoffe et l'enveloppa dans sa main, avant de le glisser dans une des poches de son manteau trop petit pour lui. Ses yeux tristes s'efforcèrent de ne plus verser de larmes. Il releva le regard.

"J'aimerais qu'on s'en aille...

Il n'attendit pas plus. Il se leva du lit, évita soigneusement la baronne et franchit l'encadrement de la porte. Néanmoins, quelque chose sembla le bloquer. Il s'arrêta net et baissa la tête. Il se tourna lentement vers la baronne.

"Mais où aller ?... Je n'ai plus personne... Je ne souhaite plus servir Ghost, je crains de trop apercevoir la duchesse dans ses regards... de plus... il est l'instigateur de bien des maux d'Ana... je ne pourrais... je ne saurais...

Ses yeux fondirent sur la baronne. Le souvenirs revenaient à lui. Les terribles secrets de Ghost, ses fabuleuses machinations, ses colères monumentales, son amour éternel ; tout d'un être détestable aux yeux du pauvre valet qui le considérait presque comme l'assassin d'Ana.Lise, tellement il fut possessif. Arthéos tortilla ses mains, très gêné, désorienté et perdu.

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Deedee


A genoux devant le jeune Valet, Adeline restait accrocher a son visage, guettant sa réaction. Elle avait vu le désespoir et la tristesse dans son regard, elle avait vu la méfiance et l’incertitude mais comment cela pourrait-il être autrement lorsque l’on venait de perdre le seul être sur terre capable de vous influer la force et la volonté nécessaire pour affronter le monde ? Ana était partie, envolé comme les étoiles aux premières lueurs de l’aube, laissant là, deux orphelins…. Inconsolable.
Oh certes, elle n’avait connu Ana que très peu de temps, mais cette jeune femme avait su toucher son cœur, la Duchesse avait su voir ce qu’elle cachait a tous, sous les allures qu’elle se donnait, sous se masque qu’elle affichait, Ana avait le seule à véritablement voir, et comprendre. De quelque mots, quelque regard une profonde amitié était né, malheureusement trop vite…. Séparé… Elle souffrait la Baronne, une fois de plus elle avait l’impression d’affronter une sombre tempête, une fois de plus elle avait l’impression qu’Aristote se jouait à la voir souffrir, Ana avait été là lorsque sa petite étoile s’était éteinte, elle avait été là pour lui relever la tête et l’empêcher de sombrer, alors oui, aujourd’hui elle voulait faire de même pour Artheos, l’empêcher de sombrer, comme le lui avait demandé la duchesse…Pour elle, pour lui, pour eux…

-Oui Artheos, ce sera notre souvenir, Ana était cette rose, inflétrissable, une rose… Eternel. Et c’est ainsi qu’elle doit le rester dans nos mémoires.

Elle avait répondu d’un ton calme et posé, regardant le jeune valet en souriant, observant alors sa réaction. Elle le sentit gêné, mal à l’aise, sans doute encore touché par l’émotion ou simplement par sa présence, aussi Adeline baissa la tête à son tour avant de se relever, ne voulant pas l’embarrasser d’avantage. Elle lança un dernier regard dans la pièce, ramassant un châle restée là, et surtout une petite couverture de laine, qui avait certainement du servir plus d’une fois à envelopper Sigebert. Le cœur de la Baronne se serra d’avantage en pensant a ce petit bout d’homme, innocent et ignorant des tournent de sa mère, petit prince qu’elle revoyait rire sous les chatouilles et câlin de la Duchesse ou de sa nourrice… Inconsciemment elle serra la couverture contre sa poitrine, réprimant un sanglot avant d’être tirer de ses souvenirs par les paroles d’Artheos

"J'aimerais qu'on s'en aille... "

Elle le regarda un instant avant de réalisé qu’il partait. Artheos s’en allait, comme cela, sans un autre mot, sans un regard. Le cœur de la Baronne se mit à battre violement et une angoisse incontrôlable s’empara d’elle. Non ! Il ne pouvait pas partir, pas maintenant ! Pas comme ça ! Il ne pouvait pas la laisser seul ici, non… Il ne pouvait pas la laisser seule…. Tremblante, elle fit un pas avant de le voir lentement s’arrêter et se retourner pour s’adresser de nouveau a elle.
Immédiatement c’est un vent de soulagement qui glissa sur la jeune femme, elle ne pouvait s’imaginer maintenant se retrouver seule dans cette chambre, elle ne pouvait imaginer non plus cet homme loin d’elle, bizarrement, elle avait l’impression que l’image et le souvenir d’Ana s’éloignerait a jamais d’elle…

Elle plongea alors son regard dans celui du jeune Valet, les yeux brillant, larmoyant de ce torrent de larme qui n’arrivait plus à couler, qu’elle ne voulait plus laisser couler désormais, elle l’écouta un instant et trouva la force de sourire, soulagé.

-Ana voulait… Ana voulait que je prenne soin de vous Artheos. Mais je ne veux rien vous imposer, je comprendrais.. Cependant…

Elle baissa la tete un instant en poussant un léger soupire, puisant en elle la force que son amie savait si bien lui insuffler et continua :

- Je ne vous obligerais d’aucune façon que ce soit de retrouver le Duc de Sedan, mais je ne vous obligerais pas non plus de rester si vous ne le voulait pas. Artheos… ma porte vous est ouverte aujourd’hui, ma maison sera la votre.
Je n’ai pas grand-chose à vous offrir, mais mon domaine, ma famille pourront être votre si vous le désirez. Et moi…. Votre amie…


Elle avait murmuré les derniers mots, dans un souffle ne voulant pas brusquer les choses, mais elle les avait dites, enfin. Et sans attendre de réponse la Baronne se dirigea vers la porte à son tour, prête a partir. Il était temps maintenant. Temps de tourner la page, de continuer la route et de faire ce que la duchesse voulait absolument qu’ils fassent tout les deux. Vivre. Vivre et faire de cette vie une merveilleuse aventure. Et il y avait tant et tant à faire maintenant….

Elle s’arrêta un instant à la hauteur du jeune homme et regarda la pièce une dernière fois avant de porter son regard vers Artheos.

-Artheos ? Me suivrez vous ?

Elle avait posé une ultime question, attendant maintenant de voir ce pas se faire et continuer son chemin veillant sur lui comme la Duchesse veillait sur eux…

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