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Nobles ou bas, les instincts parlent

--Madame.


[Après l'Orangeade Marquisale, retour Instinctif.]


Jehanne était sortie de chez elle après avoir fermé la porte sur leur invité. Elle n'eut pas besoin de s'excuser de sa prochaine absence auprès de son époux, celui-ci, sitôt Thuf parti, était retourné s'enfermer dans sa cave. Avec ses vêtements propres,*sic*.
La Baronne, quant à elle, était allée changer de tenue dans ses appartements, passant une robe plus simple et plus chaude, qui ne craignait rien de l'extérieur. Ceci fait, elle sortit dans la nuit froide, la minuit approchait, elle se devait d'être discrète, comme chaque soir. Direction l'Hydromélide, sa taverne attenante au bordel. L'avantage étant que les portes n'étaient pas proches, chacune dans une ruelle différente.
Une fois dans sa chambre, elle changea de tenue, encore, pour passer sa cuirasse de Madame, cuirasse bien légère qui ne protégeait somme toute que son visage. Elle devait faire vite, le portier allait arriver, bientôt, à moins qu'il ne soit déjà là. Elle le saurait quand elle arriverait en bas.

Changement de chambre par la porte maquée de tentures, changement de lieu, de bâtiment, d'ambiance. Elle quittait le lieu où tout était fait pour l'Amour, et entrait dans l'antre de la luxure. Reposant le rideau, elle file à l'étage supérieur, prévenant les filles que finalement... Ils n'ouvrent pas ce soir, elles peuvent dormir encore. Non, elles ne doivent pas descendre.

Quant à elle, l'appel des escaliers se faisait plus fort encore, elle dévala les marches, vite. Oh, c'est qu'elle avait des raisons d'être pressée, depuis le début du dîner, elle était sur des charbons ardents, et arrivait le temps d'éteindre le feu qui la frustrait depuis quelque temps déjà. Elle approcha de la porte, ralentissant le pas, voulant paraitre, encore un peu, maitresse de ses envies. Elle n'alluma nulle chandelle, non, se contentant d'ajuster sa capuche, encore, et d'ouvrir la porte, était-il là ?
Thufthuf
[Après l'Orangeade Marquisale, retour Instinctif(s).]

Après avoir pris congé de ses hôtes du soir (mot qu'il aimerait passer au pluriel, cela va sans dire), notre boiteux s'était dirigé vers son lieu de travail. Il avait marché avec toute la hâte que lui permettait son état, autant à cause du froid que des promesses échangées durant les discussions silencieuses avec la Baronne.

Maintenant assis près du feu, porteur d'une tenue grenat griffée Cianfarano, une bouteille d'Hydromel spécial Madame, une coupe de fruits et deux verres posés sur la table, il attend. En totale désobéissance aux ordres de sa patronne, il a laissé la porte fermée, refusant l'entrée aux éventuels clients et est donc seul dans la grande salle à peine éclairée par les flammes dansant dans l'âtre.

Déclic d'un loquet, la porte près de la cheminée s'ouvre en silence, un pied passe la porte, nu. Habituellement, les nobles petons sont habillés de chausses hautes et moulantes, qui mettent encore plus en valeur ses cuisses laissées nues. Viennent ensuite un mollet, un genou, une cuisse cachée par l'habituelle cape longue et le reste du corps. Et la capuche, toujours. Sourire amusé du portier. Joueront-ils encore longtemps?
--Madame.

[ Brûlante, non loin de l'âtre ]

Jouer... Madame adorait ça, et Delta aussi... Ce jeu du chat et de la souris qu'ils entretenaient depuis plusieurs semaines déjà, au point qu'on pouvait se demander qui était le chat et qui était la souris. Rôles échangés tour à tour, fiertés féroces, incapables de lâcher prise... Mais ce soir il y avait eu révélation... Elle avait eu connaissance de son nom, il avait pu plonger dans ses yeux...

Aucun mot échangé à ce propos, l'aveu fut muet, solide, franc. Dès lors qu'elle avait lu le doute dans ses prunelles, elle ne s'était plus cachée. Langage du corps, langage de l'envie trop longtemps contenue, et la voici qui arrivait. La porte se referma en silence derrière elle, tour de clef, hors de question que les filles les dérangent, curieuses comme elles étaient, attendant l'inéluctable, le jour où, enfin, le portier se perdrait dans la toison de la patronne. Sauf qu'ils ne leur offriraient pas ce spectacle, pas ce soir, ce soir n'était qu'à eux.

Ils savent, et pourtant elle garde la capuche, même là, alors qu'ils ne sont que les deux seuls âmes présentes dans ce lieu. Elle sourit à cette idée, tandis qu'elle prévenait les filles qu'elles pouvaient prendre du repos, il fermait la porte à la clientèle désabusée par tant de malchance. Tant pis, elle s'en fichait, c'était leur soir. Le soir de la découverte de leurs corps déjà connus, le soir...

Un pas après l'autre, pieds nus glissant sur le pavé froid jusqu'à gagner le tapis épais près de l'âtre, un sourire, léger, sur les lèvres. Pour l'heure, elle l'ignore. Enfin, l'ignorer... Elle ne voit que lui, un grain de raisin se glisse entre ses lèvres encore riches de leur fard de Baronne, éclate en bouche, diffusant sa saveur sucrée, éliminant la sécheresse acquise lors de la marche rapide qui l'a menée ici. Deux coupes emplies, l'une tendue, l'autre gardée, et Madame prend place. Assez proche pour qu'il la touche s'il se penche, assez loin pour qu'il puisse l'observer à l'envi. Même banquette, chacun à un bout.

La cape glisse, la matronne est assise sur le côté, une jambe bien couverte par un pan, l'autre nue, jusqu'en haut de la cuisse, libre, au côté du siège. Ce ne sera ni la première, ni la dernière fois qu'il la verra, mais elle veut lui faire savourer chaque instant, chaque (re)découverte. Ce soir, elle ne porte rien sous sa cape.

Sa voix, moqueuse, s'élève dans le crépitement des flammes.


- Vous êtes ponctuel. Votre soirée s'est bien passée ?
Thufthuf
[Sur la banquette... Beaucoup trop loin]

Se dévoiler, elle l'avait fait. Et bien fait. Tout au long du repas, elle n'avait eu de cesse de provoquer son invité, employé et futur amant. Ses pieds étant aussi agiles que son esprit inventif, elle avait pu pousser ThufThuf jusque dans ses derniers retranchements alors qu'il se devait de rester sérieux un maximum. Plusieurs fois il lui avait demandé, via leurs échanges de regards, de se calmer. Et la réponse n'avait jamais varié: toujours plus de provocation. A tel point que s'il n'avait été assez maître de lui-même, une tache sur ses braies l'aurait empêché de sortir de table le moment venu.

De même qu'il a fermé la porte principale peu de temps auparavant, Madame verrouille celle du couloir. Les voici seuls dans l'antichambre de la luxure, à l'aube d'une nuit qui s'annonce aussi intense et lascive que la danse des flammes dans l'âtre. Au crépitement des bûches viennent se mêler le frottement des pieds sur le tapis, le bruit discret d'un grain de raisin qui éclate, l'écoulement de la liqueur dans les verres puis, finalement, celui d'un corps féminin creusant sa place dans la banquette.

Depuis qu'elle est là, leurs regards n'ont cessé de se poser sur l'autre. Il l'observe, la détaille encore, toujours, et même si elle a gardé sa capuche, il sait qu'elle fait de même. Ses lèvres sont restées celles de la Baronne, alors que son corps est redevenu celui de Madame. Verre en main, il ressent toujours le doux frisson qui l'a parcouru quand leurs doigts se sont croisés, frôlés. A la voir ainsi assise, presque offerte, le gardien des lieux sent ses braies se déformer pour la énième fois de la soirée et continue de la détailler. La jambe est si impudiquement offerte qu'il a presque envie de se jeter sur elle sans préavis ni déclaration de guerre. Mais l'instant a été trop attendu pour ne pas le savourer. Et puis, la nuit est à eux. Ou ce qu'il en reste.


La soirée ne fut pas de tout repos, rapport au repas très épicé. Mais je ne la regrette pas. Et la vôtre?

Une main se tend, glisse sous la capuche, frôle une joue, glisse entre quelques mèches de cheveux et vient se refermer sur une nuque qu'elle connaît par coeur. Parcourue des dizaines de fois, sans jamais un geste de sa propriétaire pour se dérober, comme si elle avait su qu'il ne ferait rien qu'elle n'accepterait pas. Mais, ce soir, les doigts osent, et c'est avec délectation et douceur qu'ils poussent le lourd capuchon vers l'arrière, laissant le visage féminin se dévoiler peu à peu, à si faible vitesse qu'il serait aisé à sa propriétaire de l'arrêter.
--Madame.

[ Sur une banquette, beaucoup moins loin. ]

Presque offerte... pourquoi "presque" ? Elle est offerte, totalement, de corps en tous cas, son cœur est pris. Toujours est-il qu'elle ne songe pas à son amant à cet instant précis, non, ses pensées sont tournées vers l'homme qui lui fait face, toutes. Offerte, de l'extrémité de la chevelure au bout des orteils, entière, à prendre sans répit, sans attendre, malgré sa voix qui s'élève, moqueuse, faisant durer encore les choses.

Il entre dans son jeu, il répond, calme, sans que leurs yeux ne se quittent, sans se toucher encore...


- Un doux encas...

Sourire, mutin encore, sur ses lèvres peintes, elle observe l'homme, encore, attendant qu'il ose, qu'il avance, qu'il...

Il ose, du moins sa main, geste presque devenu une habitude, celui de la main qui s'en vient brûler sa nuque, sensation d'ordinaire associée à la frustration qui lui enserre les tripes. Elle le laisse faire, passive, ce soir, ils auront ce qu'ils veulent tous deux depuis longtemps, une nuit, leur nuit.

La matronne se fait jeune fille, presque timide en cet instant solennel, elle retient cette pulsion qui la ferait se jeter sur lui, difficilement. Cette retenue rend son corps entier frémissant, sans doute perçoit-il la tension sous la chair tendre...

Pour l'heure, le tissu glisse, lentement, trop lentement, elle le laisse faire, redécouvrir ce visage qu'il a vu toute la soirée durant, le découvrir en un autre lieu, un autre temps. Outre le dîner passé et tout ce que se sont dits leurs yeux, elle sait que ce geste, symbolique, lui confère, presque, une victoire sur elle. À cette idée, ses billes s'assombrissent légèrement, le sourire se fait plus franc, elle stoppe la chute, écartant le pan déjà ouvert sur sa cuisse, dévoilant son bras, son côté, un sein et un ventre laiteux. L'épaule, seule, encore, la tatouée, l'abimée, restent masquées. La capuche encadre son visage, dévoilant son regard pétillant, elle chuchote, pour ne pas troubler la mélodie des flammes.


- Ne savez vous donc pas déjà ce qu'il y a dessous ?

Fierté, quand tu nous tiens...

Elle se redressa quelque peu puis pencha vers lui, une bonne moitié du corps couverte encore, les yeux dans les siens, prête à venir cueillir ses lèvres.
Thufthuf
[ Sur une banquette, de plus en plus proches.]

La nuque a beau être connue, avoir été arpentée tant et tant de fois, sa redécouverte est toujours un plaisir. Tout comme le fait de la sentir frémir sous ses doigts, noter la chair de poule qui ourle sa peau, sentir sur lui son souffle chaud et maintenant irrégulier.

Quelques instants de magie, puis les yeux apparaissent enfin, brillants, bleus comme la nuit. A ce moment, le sourire se fige, une main féminine retient la chute finale, comme pour le frustrer de sa "victoire". En contrepartie, lui offre un autre spectacle, tout aussi connu mais ne manquant pas de délice. La chair diaphane se dévoile, laisse apercevoir un sein galbé, des côtes saillants juste ce qu'il faut, un ventre à l'ombilic provoquant, une cuisse à la chair généreuse. Un véritable appel à la luxure, un ode au plaisir à venir.

Lâchant leurs jumelles océanes, les billes marron glissent sur la moitié de corps qui s'offre à elles. La dextre quant à elle, passe sous la cape, à la rencontre de la hanche restée cachée, s'y promène avec une douceur calculée tandis que ses lèvres font mine de répondre à leurs homologues.


Si fait... Mais je n'ai qu'une parole... Et sans ne veut pas dire avec...

Dérobade de dernière minute, canines plantées délicatement dans un cou aussi pâle que la lune, capuchon brusquement arraché, cascade corbeau libérée.
--Madame.

[ Sur une banquette, de moins en moins loin.]

Il a gagné... Il a gagné ! Les paupières se plissent un instant, court, le temps pour le capuchon de tomber totalement tandis que les dents viennent s'enfoncer dans la fine chair de son cou. Elle les clôt, ses paupières, elle les clôt pour savourer l'instant, pour savourer cette avancée sans retour, ce moment qu'ils attendent tous deux depuis quelques semaines déjà.

Point de professionnelle, ce soir, juste l'instinct qui la guide, juste l'envie, le désir palpable, la frustration à oublier, là, ce soir.

Son visage et sa chevelure sont dévoilés... Et alors ? Toute fierté bue, elle le repousse contre la banquette, elle le repousse pour mieux venir vers lui, plonger à nouveau dans ses pupilles, s'y perdre le temps de rompre le contact afin de s'emparer de sa bouche, s'emparer de lui, sa proie.

Est-elle Madame ce soir ? Ou une femme qui se laisse aller, qui s'offre, prend, possède... prête à se faire posséder... Nulle Baronne, nulle matrone, juste... juste elle, et lui, et leurs corps qui ne demandent qu'à se lier, là, maintenant, tout de suite.

À se demander qui a gagné, au final...
Thufthuf
[Sur une banquette. Soudés.]


Les vainqueurs? Les corps et les sens. L'essence des êtres. Les êtres de chair.

L'une sur l'un maintenant, dominante après avoir été dominée. Mais dominés, ils le sont toujours. Par leur désir, par leurs corps qui ont pris le contrôle de leur esprit. Le premier contact est violent. Baiser fougueux, gémissements assourdis, dents qui s'entrechoquent. Caresses fébriles, lui sous la cape, sur le dos, découvre. Sent la chemise qui s'ouvre, la peau qui s'agite sous le frisson, les mains féminines encore froides de la longue promenade qui se posent dessus.

Ce soir, il n'est pas le portier de Madame, elle n'est pas la Madame du portier. Ils sont deux amants qui se trouvent, se retrouvent. Corps en mouvement, souffles exhalés, sons étouffés. Essence d'hêtre qui se consume dans l'âtre, crépite, flammes bien pâles à côté de celles qui les habitent.

Sous elle, savoure, ne lui ôte pas sa cape, pas encore. Se noie dans ses yeux plus qu'il ne l'a jamais fait dans leurs bains. Rouille qui se dilue dans la nuit. Libère ses lèvres, enfin, après un long, très long moment. Sourit, taquin, coquin.


Bonsoir, Jehanne Audisio von Gobseck.
--Madame.


[Sur la banquette, à côté, sur la table, contre le mur, ailleurs, ici, partout... ]


"Madame Jehanne Audisio von Gobseck" aurait-il dû dire, elle le bâillonne de ses lèvres brûlantes, cherchant à apaiser le feu qui la dévorait, qui les dévorait tous deux... en vain. Les choses s'accélèrent, les mains fébriles se joignent, les bassins se soudent... À cet instant précis, plus rien n'existe que leur envie, tangible, solide, et cet assouvissement qui viendra bientôt...

*****
Le reste de nuit, si court fut-il, fut bien utilisé... Les désirs par trop exacerbés ne trouvèrent aucun repos, aucun sauvetage dans la perte l'un en l'autre... Toujours ils reprenaient, encore et encore, folie que ces corps attendaient depuis trop longtemps, impossibles à rassasier...

Ils se perdirent l'un en l'autre, l'un sous l'autre, l'autre sous l'un... devant derrière, nuit de folie... Un rire étouffé, derrière la porte ne les interrompit pas, la matinée continua au même rythme que la nuit, encore, jamais totalement satisfaits...

Les narrateurs vous auraient bien décrit tout cela, raconté, à deux voix, à quatre mains, tout ce qu'ils se sont dit, toutes ces choses qu'ils se sont faites, oui... Mais il parait qu'il est des yeux chastes et des âmes par trop sensibles pour lire ce qui se passe entre ces deux amants affamés... La narratrice s'est lassée des diverses suppliques/attaques (rayez la mention inutile) et demande aux lecteurs de lui pardonner cette absence de réponse, ce n'est pas qu'elle n'a rien à dire, bien au contraire, mais...
Et si elle avait envie de jouer, elle, la narratrice ? Si ce n'était qu'un jeu finalement et qu'elle avait envie de dire qu'elle n'en a cure ? Et si... Si c'était le cas, elle reprendrait...
*****

Elle se noie également, le rejoint aux tréfonds de leur dialogue sans parole, quand il parle, elle le bâillonne de ses lèvres, soudant son bassin au sien, la cape toujours présente, ne couvrant plus guère que ses mains à lui qui se perdent sur son dos, ses reins, sa croupe... Autant de places à l'épiderme exacerbé qui éveille - si c'est possible - encore plus les sens de la baronne...

Un murmure, rauque, vient se perdre dans une oreille après libération buccale...
"Delta"...

Aujourd'hui, elle n'est que Delta, la femme qui aime les hommes, la femme amoureuse d'un absent qui cherche à se perdre dans les bras d'un autre, une femme qui veut s'oublier, oublier qui elle est, oublier sa souffrance, en faire un plaisir, assouvir ce désir qui lui brûle les entrailles...

Difficile travail, mais elle s'y essaie, du corps, l'âme étant l'appartenance d'un autre...
Thufthuf
[Partout, donc. Mais d'abord sur la banquette.]

Baillon de chair et de feu, bien incapable de faire taire quoi que ce soit. Surtout pas un désir exacerbé depuis si longtemps. Des semaines se sont écoulées depuis leur première rencontre, le premier bain, les premières caresses. Si leurs bassins se soudent, le fer lui se dresse, de plus en plus, lui extirpant un gémissement qui résonne dans leurs bouches.

La cape glisse, enfin. Elle pend, inutile, aux bras de la baronne maquerelle. Sa peau pâle est le réceptacle parfait aux jeux d'ombres créés par leurs mouvements et ceux des flammes de l'âtre. Ses courbes entièrement dévoilées continuent d'onduler sur lui, sous ses mains agiles qui se promènent, se faufilent, curieuses comme si c'était la première fois. Comme si? Non, c'est bien la première fois. Jusque là, elles s'étaient limitées aux frontières de l'obscurité dont la cape nimbait le corps de Madame.

Le baillon disparaît, le libère en provoquant un grognement qui couvre presque le son rauque qui lui emplit l'oreille. "Delta" Un nom de plus, un secret supplémentaire. Lui s'en moque. Sa seule envie, c'est de posséder cette femme qui le provoque depuis si longtemps, cette procuratrice de plaisir pour les autres alors qu'elle lui refusait le sien. Refuser? En fait non. Mais les conditions de son obtention ne satisfaisaient pas le portier. Mais ce soir, enfin, elle sera sienne, et il sera sien.

Lui reste ThufThuf. Aucune envie de s'oublier, ni de se perdre, juste d'assouvir un désir cuisant. Un désir motivé seulement par son instinct et ses phéromones. Son amour est promis à une autre. Point commun entre eux, seuls les corps parlent. Et ils parlent bien. Profitant qu'elle lui offre son cou, y pose la bouche, aussi sauvage que le sont leurs corps qui se cherchent de plus en plus frénétiquement.
--Madame.

[Sur la banquette, tout d'abord, donc...]

La cape pend, inutile, indépendante du corps, délacée, tissu froissé qui ne demande qu'à s'échapper. Echappée réussie, une main blanche est venue l'attraper et la lâcher au sol... oubliées les barrières, Delta est nue, totalement, offerte, ouverte... Ses mains fébriles fières de leur première victoire sur vêtement abandonné, viennent s'occuper, sûres de leur geste, des tissus couvrant cet amant d'un soir, et d'autres, peut-être... Délaçant ce qui doit l'être, s'invitant sous les tissus...

Le fer est à nu, saisi, tourmenté par ces mains expertes... Nul professionnalisme, ce soir, juste l'envie qui les consume, elle est prête à être marquée, brûlée du fer ardent, une fois, deux fois, plusieurs... Trop longtemps qu'il le lui promet, trop longtemps qu'ils ne font que s'effleurer, s'effeuiller sans jamais passer à l'acte, môssieur voulait voir ses yeux.

Et il les voit, ou les verrait plutôt, s'il n'était si occupé à planter ses dents dans la chair tendre de son cou, s'il n'était si intensément chargé de la déguster... Les mains de la Brune ne lâchent pas la chose prometteuse, ce soir, il ne s'agira pas que de caresses, ce soir, enfin, elle pourra s'oublier un peu...

Elle se redresse, un peu, vient s'installer sur lui, sans le libérer, sans lui ôter la bouche de son cou, ses propres mains frôlant son intimité, lorsqu'elles le lâchent enfin, lui, elle se cambre, s'offrant mieux aux lèvres gourmandes, dévoilant mieux son tatouage barré d'une cicatrice, la lueur du feu ne cache rien...

Ils se frôlent, elle ne l'invite encore, faisant planer encore cet instant où ils se consument à "distance"... Bientôt, là, tout de suite, maintenant... Pas encore...
Thufthuf
[Sur la banquette, sous l'amante...]

La chemise épaisse atterrit au sol, rejoint la cape. Parures inutiles, désuètes, sans vie. Entre eux, la chaleur grimpe encore, à mesure que les caresses se font plus précises, plus proches, plus pressantes. Le fer est chauffé à blanc, le sang porté à ébullition. Les lèvres glissent sur la peau offerte, se font moins gourmandes, effleurent seulement le dessin qui couvre l'épaule, en suivent les contours, embrassent la vieille blessure.

Seuls les flammes qui crépitent et les soupirs et gémissements des deux futurs amant ponctuent le silence qui emplit la pièce. La danse lascive se poursuit, les jambes laiteuses se posent sur la toile rugueuse des braies, le bosquet entretenu contre la forêt vierge, le fourreau sur l'épée. Presque.

Nouvelles ondulations féminines, grognements masculins suivi d'un coup de reins, mains (im)posées sur les hanches d'albâtre. Bassins soudés, souffles coupés, soupirs. Quelques longues secondes d'immobilité, de silence. La bouche quitte l'épaule, les regards se croisent, les corps se remettent en mouvement. Doucement d'abord. Les mains calleuses quittent leur position, repartent explorer une croupe qui ne semble demander que ça. Sourire, soupirs.
--Madame.

[ Sur lui, autour de lui... Sur la banquette, toujours. ]


Les peaux se découvrent, à nues, se (re)découvrent, leurs touchers, leurs goûts, oui, ils se goûtent du bout des doigts, de l'épiderme, se dégustent, se bâfrent... Gourmands devant l'éternel enfin libérés devant un banquet après une longue grève de la faim...

La bouche de Thuf explore l'épaule droite de la matrone, bien souvent cachée par trop de tissu à son goût... Elle s'attarde, légère, jouant sur le tatouage, sur... sa cicatrice. Les yeux de Delta s'ouvrent grands, surpris, puis se referment... Profiter de cette insolite caresse, cette cicatrice fait partie de son être, elle doit l'accepter, et la sensation n'en est que plus douce...

Enfin... les mains calleuses - ah bon ? Elle n'en perçoit rien, la femme à la peau douce, elle n'est sensible qu'à leur volonté, leur chaleur - brûlantes apposées sur ses hanches il entre dans le vif du sujet, fourreau de chair brûlant qui accueille l'épée chauffée à blanc. Temps d'adaptation, d'acceptation de l'un en l'autre, corps qui s'acceptent, plongée dans les regards soudés...

Ils ne jouent plus, pas comme tout à l'heure durant le dîner, non. Ils ne sont que deux corps qui mettent à l’œuvre ce que leurs imaginations ont créé tout ce temps où ils se sont cherchés pour mieux s'ignorer... Madame avait son capuchon.

Plus de faux semblants, ils savent ce qu'ils veulent, le plaisir des corps, des sens, l'apogée de longues semaines de préparation mentale...


- Enfin !

Souffle-t-elle alors qu'il s'engage, prend place, s'installe... Les corps reprennent conscience de leur existence autour de cette liaison des ventres, les muscles commencent à bouger, un peu, doucement, tendres ? Presque... Madame est gourmande, s'en vient saisir les lèvres tandis que les mains du portier s'en viennent saisir sa croupe...

Morsure se fait, un peu, pas trop... Sons étouffés par les bouches liées...
Thufthuf
[Sur la banquette, sous l'amante. Mais pas que.]

Enfin, oui. Lui ne dit rien en ce moment, bâillonné par la noble bouche. Gémissement étouffé alors qu'elle plante ses dents blanches dans le carmin de sa lèvre, geste qui appellent vengeance. Si la jambe est presque morte, les bras sont forts encore, et le corps féminin se voit soulevé, puis relâché. Bruit mat de la croupe retombant sur les braies, absence du souffle de la baronne de sa bouche, signe du battement de cœur manqué. Si elle peut être gourmande, il sait être féroce. Et, après la quasi tendresse des (re)trouvailles, les instincts ont repris le dessus.

Mis en appétit, mord lui aussi, un rien plus fort qu'elle. S'il n'est le maître en temps normal, il entend bien profiter pleinement de sa victoire de ce soir. Pour que le renversement de situation soit complet, il bascule, profitant toujours de la surprise de sa compagne. La banquette, heureusement, est aussi longue que profonde. La blancheur de la peau de celle qui l'occupe maintenant pleinement tranche sur le grenat sombre du tissu tout autant qu'elle contraste avec le teint hâlé de ThufThuf qui, au dessus d'elle, sourit. Puis grogne à nouveau alors que, conscience reprise, sa compagne a replongé les dents, dans son cou cette fois, déclenchant une nouvelle vengeance sous forme d'une ondulation appuyée.

Les deux amants ne manquent ni d'armes, ni de volonté. Et c'est dans une violente tendresse, accentuée à chaque nouvelle contre attaque, que se déroule la première passe (d'armes). Soupirs, grognements, gémissements et autres sons des corps qui s'unissent les accompagnent, rythment la joute des corps et des esprits. Un seul vainqueur: le plaisir.
--Madame.

Sur la banquette, sur... sous lui.

C’est qu’il se rebelle l’employé ! Il lui rend bien ses gestes, initiateur d’investigations profondes… Le souffle se bloque, le cœur s’arrête, rien qu’un instant. Suffisant pour qu’il prenne l’initiative, bien assez pour qu’il prenne les choses en mains. L’employé maitrise sa maitresse. Loin de certains clients l’ayant déçue par leur pleutrerie, qui n’osaient pas, qui la laissaient faire… C’est que c’est la patronne ! ça impressionne…

Il la mord, fort. On pourrait croire qu’il la maintient de ses dents pour qu’elle ne bouge pas tandis qu’il inverse les positions. Elle n’abandonne pas la lutte, pas de suite, pas encore. Elle veut voir, connaitre, savoir, que va-t-il oser encore ? Risquer ?

Il lui sourit, le fou ! Ainsi il s’amuse ? Soit, elle va le lui faire payer. Elle sort les dents, mord à nouveau, pas rageuse, non, mais presque. Juste une envie de lui rappeler qui commande ici… Ondulation poussée… Qui commande, tiens, bonne question.

Il se venge… Il se venge de l’attente, il se venge de ses crocs, il se venge de la capuche trop longtemps gardée, les venge de l’attente imposée… Par lui ! S’il avait accepté qu’elle ne l’ôte pas… La vengeance n’en est que meilleure. Qu’il se venge, encore, longtemps, quelques heures, d’autres fois… Pourquoi pas ? Parce que ça ne serait pas une bonne idée, elle le sait.

Elle ne pense qu’à ce qu’ils vivent… Ne pense pas vraiment, en fait, vit. Pour l’heure elle vit, subit, se cambre. Doigts qui s’ancrent dans un dos en plein effort, y laissant leur marque… Discrétion ? Pour quoi faire ? Elle n’y songe pas, pas un seul instant. Non, là, elle profite.
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